Le réovirus de mammifères : un virus « orphelin » contre les cancers humains
Résumé
Depuis quelques années, plusieurs études ont montré que certains virus peuvent détruire des cellules cancéreuses, tout en épargnant les cellules normales. Un des exemples récents de virus « oncolytique » est celui du réovirus de mammifères dont la réplication dans les cellules infectées est normalement bloquée par l’activation de la protéine kinase cellulaire PKR. En revanche, la transformation cellulaire par activation du protooncogène Ras inhibe la PKR, ce qui permet la réplication virale et entraîne la destruction des cellules infectées. Les études réalisées in vivo dans différents modèles murins de tumorigenèse ont révélé que l’infection locale par les réovirus entraîne la régression des tumeurs. De tels virus oncolytiques pourraient donc représenter une voie thérapeutique de certains cancers. Different viruses possess « tropism » that allow them to infect one or few specific cell types. In the last few years, the idea that some viruses could destroy cancer cells, while sparing normal cells, has been proposed. In parallel with the development of genetically engineered viruses, naturally oncolytic viruses are also considered in cancer therapy. Some viruses, such as mammalian reovirus, are interfered in their replication by the cellular protein kinase PKR. However, cell transformation by an activated Ras protooncogene can inhibit PKR. Mammalian reoviruses infect humans without an associated disease (« orphan » virus), suggesting a possible therapeutic application. It has, in fact, been shown that tumor regression through reovirus infection could be achieved in murine models. Studies are under progress to apply similar procedures in humans, since numerous human cancers harbor an activated Ras.
Pour citer ce document
Lemay, Guy ; Le réovirus de mammifères : un virus « orphelin » contre les cancers humains, Med Sci (Paris), 2002, Vol. 18, N° 12; p. 1282-1286 ; DOI : 10.1051/medsci/200218121282