Immunité innée antivirale : Rôle des mécanismes Toll-dépendants et Toll-indépendants
Résumé
Jusque récemment, l’immunité adaptative, et plus particulièrement les cellules T cytotoxiques, étaient considérées comme les seuls éléments essentiels dans la défense de l’hôte contre les infections virales. Des données récentes, qui ne remettent toutefois pas en cause le rôle crucial de ces cellules dans ces mécanismes, ont également mis en lumière les fonctions primordiales des cellules de l’immunité innée, macrophages, cellules dendritiques, cellules Tγδ et cellules natural killer (NK), dans la lutte antivirale. En effet, il est maintenant clairement établi que ces cellules sont capables de détecter la présence d’agents infectieux de façon très précoce, par l’intermédiaire de récepteurs spécifiques pour des molécules produites au cours d’infections virales, mais aussi bactériennes, fongiques ou parasitaires. L’engagement de ces récepteurs active alors plusieurs cascades de signalisation qui aboutissent à la mise en place extrêmement rapide de systèmes de défense très efficaces. Par ailleurs, les cytokines synthétisées et libérées au cours de cette première phase de la réponse immunitaire sont essentielles à l’activation des cellules de l’immunité adaptative, qui permettront une lutte spécifique et l’établissement d’une mémoire immunologique contre l’agresseur. Parmi les récepteurs de l’immunité innée antivirale, les récepteurs de la famille Toll (TLR, Toll-like receptors) ont été particulièrement étudiés, et certains d’entre eux sont clairement impliqués dans la défense contre les infections virales. Cependant, de nouvelles molécules, impliquées dans des mécanismes de défense immunitaire antivirale « TLR-indépendants », ont été mises en évidence très récemment et font l’objet d’études approfondies. L’objectif de cet article est de synthétiser les données actuelles concernant la reconnaissance des infections virales par les mécanismes TLR-dépendants et TLR-indépendants, et l’induction de la réponse innée qui en résulte. Until recently, adaptive immunity and cytotoxic T cells were considered as the only essential components of the antiviral defence arsenal. Additional data that do not rule out the crucial role of these cells in the clearance of viral pathogens have, however, recently emerged. They indicate that innate immune cells such as macrophages, dendritic cells, γδ T cells as well as natural killer (NK) cells play a primordial role in this mechanism. It is now well established that innate immune cells can detect various pathogens (bacteria, viruses, fungi or parasites) very rapidly and respond to their presence through the activation of specific receptors. Once activated, these molecules trigger several signalling cascades that culminate in the establishment of very potent defence mechanisms. In addition, cytokines produced during this initial response are essential for the activation of the adaptive immune response which will add specificity and memory to the system. Among the innate immune receptors, attention has focused on the Toll-like receptors (TLR) and many reports indicate that some of the TLRs are clearly involved in defence against viral pathogens. However, new molecules, acting independently from any TLR, have recently been discovered. They define a second antiviral pathway which is presently the subject of intense research. In this article, we will review the role of the different molecules involved in each pathway within the framework of innate antiviral defence.
Pour citer ce document
Georgel, Philippe ; Bahram, Seiamak ; Immunité innée antivirale : Rôle des mécanismes Toll-dépendants et Toll-indépendants, Med Sci (Paris), 2006, Vol. 22, N° 11; p. 961-968 ; DOI : 10.1051/medsci/20062211961