Les Cahiers du Comité pour l’histoire de l’Inserm, N°5
Imagerie médicale, XIXe- XXIe siècle. Recherche, santé et industrie

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Depuis les premières utilisations des rayons X jusqu’aux évolutions les plus récentes menant à l’imagerie multimodale, l’imagerie médicale a constitué un axe de mutation décisif pour la médecine. Il s’est trouvé naturellement au cœur du colloque organisé en septembre 2022 par le Comité pour l’histoire de l’Inserm. Son programme a été construit en étroite collaboration avec André Syrota, ancien Président-directeur général de l’Inserm et membre de notre comité. Le colloque se tint au cœur de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, dans l’amphithéâtre de l’Institut du Cerveau qui soutint cet événement et pour lequel Sorbonne Université, l’un des organismes de tutelle de l’ICM, comme l’Inserm, et l’UMR Sirice furent partenaires..

Notre réflexion préliminaire se fondait sur un constat : le faible engagement initial de l’Inserm dans les recherches portant sur les nouveaux dispositifs d’imagerie (ce qui a pu être le cas pour des organismes similaires à l’étranger). Au fil du temps, pourtant, l’imagerie est devenue plus qu’un « outil » pour les chercheurs et, dans un continuum que souligne le concept de « techno-sciences », les projets de l’Inserm ont nourri les avancées de l’imagerie médicale, tout autant que les nouveaux outils lui ont permis d’avancer avec une instrumentation innovante. Autre point de départ : « voir » l’intérieur du corps – sans méthode intrusive – a rapidement redéfini le rapport des soignants et celui des patients à la santé. L’avancée des technologies questionne le statut du médecin, sa place dans le dispositif et, pour les évolutions les plus récentes – l’intelligence artificielle par exemple –, le rôle même du spécialiste dans le diagnostic. Enfin, l’imagerie médicale recouvre des disciplines et des métiers divers et le domaine présente des dimensions multiples. Les enjeux sont économiques et sociaux (coût et accès aux équipements, politique industrielle), éthiques (place du médecin dans le diagnostic, accès aux données), culturels (rapport à l’image, banalisation des hautes technologies), scientifiques (quelles relations entre ingénieurs, informaticiens et chercheurs en biomédecine). Les dernières innovations soulignent l’importance du soutien à apporter dans la longue durée au développement des technologies, que l’on parle des dernières performances de l’imagerie par ultrasons ou des technologies numériques et des jumeaux numériques. .

Ce cinquième numéro des Cahiers du Comité pour l’histoire de l’Inserm rend compte des trois axes principaux développés lors du colloque : la recherche, l’industrie et la santé. Rendant compte des discussions riches et fournies, ce numéro permet de comprendre comment la recherche en imagerie médicale, initialement localisée dans les domaines éloignés de ceux de l’Inserm comme le nucléaire, l’informatique ou l’électronique, a fini par converger avec les objectifs de l’Institut. Conformément à la mission confiée à notre Comité, ce nouveau numéro adopte une approche historienne susceptible d’éclairer les questions du temps présent. La perspective chronologique est large s’étendant depuis le début du XXe siècle à nos jours et les approches spatiales multiples, combinant le spectre national, les circulations internationales et le développement de pôles régionaux.

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