Pesticides et effets sur la santé
I. Pathologies neurologiques et atteintes
neuropsychologiques
2021
| ANALYSE |
5-
Troubles anxio-dépressifs
Les troubles anxio-dépressifs : quelques repères
). Il
est estimé que 4,4 % de la population mondiale, soit 300 millions de
personnes, sont atteintes de dépression et cette prévalence serait
en hausse de 18 % entre 2005 et 2015, particulièrement dans les pays
à plus faibles revenus. Près d’une personne sur dix en France
déclare avoir vécu un épisode dépressif dans l’année précédente
(Léon et coll., 2018
). Le taux de prévalence national, qui
était stable entre 2005 et 2010, est en hausse de 1,8 % entre 2010
et 2017 et il est deux fois plus élevé chez les femmes (13 %
versus 6,4 % chez les hommes) et les inactifs. Une étude
qui reposait sur les données de 2010-2014 en France, a rapporté que
plus de 1,3 million de personnes ont été prises en charge pour les
troubles d’anxiété pendant cette période (Chan Chee et Badjadj,
2018
).
L’anxiété était le diagnostic principal dans environ 90 % des cas,
et les auteurs ont montré une augmentation significative des recours
aux soins pour l’anxiété de l’ordre de 3,6 %.
)
ainsi que leur association avec le statut socio-économique et le
secteur d’activité (Delézire et coll.,
2019
).
Les résultats de plusieurs enquêtes, menées depuis 2010, ont montré
qu’entre 4 et 5 % des adultes ont eu des pensées suicidaires au
cours de la dernière année (Delézire et coll.,
2019
). La
prévalence est plus élevée chez les femmes et les inactifs, et est
fortement associée au fait d’avoir subi un épisode dépressif récent
(OR = 8,3 et 6,6 respectivement chez les hommes et les femmes).
). Les pensées suicidaires sont un facteur
de risque majeur du suicide accompli. Dans la population française,
le taux de mortalité par suicide est de 15,8 pour 100 000 personnes
avec un taux 3 fois plus élevé chez les hommes (OMS,
2012
), ce
qui représente environ 9 000 décès par an (Léon et coll.,
2019
). Le
risque de mortalité par suicide chez les agriculteurs exploitants en
France, évalué entre 2008 et 2010, est supérieur d’environ 20 % à
celui de la population générale, et pour les hommes, il varie selon
l’âge, la région d’exploitation et la surface cultivée (Gigonzac et
coll., 2017
).
L’exposition aux pesticides n’a pas été évaluée dans les études
décrites ci-dessus, mais elle est considérée comme un facteur de
risque pour les troubles de santé mentale (anxiété, dépression) chez
les agriculteurs (Khan et coll.,
2019b
).
).Résumé et conclusions de l’expertise collective
Inserm
de 2013
).
Celles-ci présentaient certaines limites méthodologiques en raison
d’effectifs souvent restreints, d’une hétérogénéité dans la
définition des troubles, et de l’existence de facteurs de confusion.
En particulier, en milieu agricole, d’autres facteurs comme
l’isolement social ou des difficultés économiques pouvaient
également expliquer les troubles. En dépit de ces limites, les
études publiées convergeaient vers une plus grande fréquence de
troubles anxieux et dépressifs chez les personnes exposées aux
pesticides, aussi bien dans les suites d’intoxications aiguës, que
pour des expositions modérées mais prolongées. Par ailleurs,
plusieurs études suggéraient un lien possible avec des tentatives de
suicide, sans qu’il soit réellement possible d’affirmer le rôle
spécifique des pesticides. La synthèse évoquait l’existence
d’arguments biologiques en faveur d’un possible effet de certaines
substances au niveau du système nerveux central, telles que des
perturbations des niveaux de la sérotonine, un neuromédiateur jouant
un rôle important dans la régulation de l’humeur, expliquées par des
expositions à certains pesticides, comme les organophosphorés.Nouvelles données épidémiologiques
).
Sur les 221 articles identifiés sur ces critères, 22 ont été
retenus, correspondant à 3 études longitudinales, 9 études
transversales, 5 études cas-témoins et 5 études écologiques. Onze
études traitaient du risque de dépression et quatorze de suicides.
Cinq études trouvaient un lien entre les intoxications aiguës par
des pesticides et la dépression, avec des niveaux de risque allant
d’un doublement à un quintuplement, alors que les études portant sur
les expositions chroniques trouvaient des risques plus faibles.
L’analyse concluait à l’existence d’un lien observé dans diverses
populations, qui nécessitait d’être confirmé par des études plus
larges et prospectives. Une seconde revue a été publiée en 2014,
portant sur le rôle des organophosphorés dans les atteintes
neurologiques chez l’être humain. Elle a inclus 24 articles publiés
entre 1980 et 2014, portant aussi bien sur des déficits cognitifs
que sur des troubles neuropsychiatriques (Takahashi et Hashizume,
2014
).
Compte-tenu de l’hétérogénéité des effets retenus, cette revue ne
permet pas d’apprécier spécifiquement le rôle des organophosphorés
dans les troubles anxio-dépressifs.
).Troubles anxio-dépressifs et intoxication aiguë
par des pesticides
, voir en fin
de ce chapitre) sont venues compléter la littérature existante
relative aux troubles anxio-dépressifs pouvant survenir dans les
suites d’une intoxication aiguë par des pesticides. On dénombrait
auparavant 7 études sur cette question, dont une s’appuyait sur un
suivi longitudinal de 3 années et mettait en évidence un lien entre
les expositions aux pesticides et les symptômes dépressifs chez des
agriculteurs du Colorado (Beseler et Stallones,
2008
).
). La population (1 748 répondants) a été
identifiée dans l’ensemble de la Grande-Bretagne à l’aide de listes
de syndicats et d’associations (effectif total : 18 958 personnes)
et les participants ont répondu à un questionnaire sur l’activité
professionnelle et sur des symptômes de dépression, la démence, la
maladie de Parkinson et les neuropathies. Concernant la dépression,
un risque multiplié par 10 a été mis en évidence chez les personnes
ayant été prises en charge pour une intoxication par un pesticide
(OR = 10,0 ; IC 95 % [4,8-20,8]). Cette association n’était pas
retrouvée chez les personnes ayant manipulé des pesticides sans
avoir subi d’intoxication. L’existence de troubles somatiques
n’expliquait pas les résultats obtenus.
). Parmi eux, 197 étaient considérés comme
présentant une dépression à partir des résultats aux tests. Le
risque de dépression apparaissait plus élevé chez ceux qui
rapportaient un antécédent d’intoxication professionnelle par un
pesticide (OR = 1,61 ; IC 95 % [1,10-2,34]), plus encore quand la
description des symptômes liés à cette intoxication la classait
comme modérée ou sévère (OR = 2,81 ; IC 95 % [1,71-4,63]). Ces
troubles n’étaient pas associés avec l’exposition cumulée au cours
de la vie. Un lien était observé plus spécifiquement avec les
herbicides, et en particulier avec le paraquat.Troubles anxio-dépressifs et exposition chronique
aux pesticides
, voir en fin de ce chapitre).Études transversales
). Dans ce même pays, mais dans un
contexte de production de café, un lien fort a été mis en
évidence entre les symptômes dépressifs, mesurés par l’échelle
de Beck (score au-delà de 10) et l’exposition aux pesticides,
directe ou indirecte, chez 220 travailleurs. Les ouvriers
exposés au glyphosate et à au moins un autre pesticide avaient
un risque multiplié par 5 de présenter un score élevé de
symptômes dépressifs (Conti et coll.,
2018
).
). En parallèle, l’activité anti-acétylcholinestérasique
sanguine a été mesurée. Les résultats montraient une fréquence
significativement plus élevée de troubles psychiatriques dans le
groupe exposé (en particulier dépression avec risque suicidaire
et dépression diagnostiquée par un médecin) et un lien
significatif entre l’importance des symptômes et la chute de
l’activité anti-acétylcholinestérasique mesurée dans le sang.
Cependant, les groupes de cette étude n’étaient pas strictement
comparables concernant l’âge et le niveau d’études.
), a été ré-analysée en utilisant une autre approche pour
l’évaluation des troubles psychiatriques (Harrison et Mackenzie
Ross, 2016
). En plus de deux échelles calculant des scores de dépression
et d’anxiété sur la base de questionnaires complétés par les
participants, le classement des sujets a été réalisé à l’aide
d’une grille d’examen clinique, considérée comme la référence
pour ce diagnostic. Les auteurs trouvent un lien entre
l’exposition aux pesticides et les scores de dépression et
d’anxiété sur la base de la déclaration des patients, mais ne
retrouvent un lien avec le diagnostic clinique que pour
l’anxiété.
).
). L’étude a inclus des adultes (de 30 à 55 ans), mariés,
actifs, non fumeurs et n’ayant pas participé à des travaux
agricoles au cours de leur vie. La distance entre les champs et
les lieux de résidence des sujets (moins ou plus de 200 mètres)
a été évaluée par un enquêteur, et ce paramètre a servi de proxy
pour l’exposition aux pesticides agricoles. Par ailleurs, une
évaluation de paramètres neurologiques a été réalisée : TMT
(Trail Making Test), mesure du seuil vibratoire,
mesure de la vitesse de conduction nerveuse, symptômes
neurologiques. Une version modifiée de la CES-D (Center for
Epidemiologic Studies-Depression Scale) a également été
proposée aux participants. Après ajustement sur de nombreux
facteurs individuels, les analyses montraient, chez les
personnes résidant à proximité des champs traités, une élévation
du seuil vibratoire, un ralentissement au TMT (partie B), mais
pas de différence de la vitesse de conduction nerveuse, de
l’auto-déclaration de symptômes neurologiques et des items
relatifs à la dépression.
). Seuls les individus ayant travaillé en agriculture ont été
retenus (n = 567). Quatre-vingt-trois patients ont mentionné une
dépression (33 hommes et 50 femmes). Une association a été mise
en évidence entre l’utilisation d’herbicides et l’existence
d’une dépression (HR = 1,93 ; IC 95 % [0,95-3,91]), devenant
significative lorsque cette utilisation dépassait 19 années
(HR = 2,31 ; IC 95 % [1,05-5,10]) ou en prenant en compte le
nombre d’heures d’exposition. Les herbicides les plus fortement
associés étaient les carbamates, les dinitrophénols et l’acide
picolinique. Aucune association n’a été observée avec les
fongicides ou les insecticides.Études longitudinales
; Beseler et coll.,
2008
;
Beseler et Stallones, 2008
). Au sein de cette même cohorte, des
analyses longitudinales ont depuis été menées, portant sur les
cas incidents entre l’inclusion et le suivi à 12 ans, d’une part
chez les hommes (Beard et coll.,
2014
)
et d’autre part chez les femmes (Beard et coll.,
2013
).
Douze années après l’inclusion dans la cohorte, un entretien
téléphonique mené en 2005-2010 et comportant des questions sur
la dépression, a permis de classer les 21 208 hommes éligibles
pour les analyses selon l’existence d’une dépression
diagnostiquée par un médecin avant l’inclusion (n = 306), à
l’inclusion et au suivi (n = 315) ou au suivi seulement
(n = 371) (Beard et coll., 2014
). L’existence d’une dépression chez les
hommes a été associée, de manière statistiquement significative,
avec l’utilisation de fumigants ou d’organochlorés, de phosphure
d’aluminium, de dibromure d’éthylène, de 2,4,5-T, de dieldrine,
de diazinon, de malathion et de parathion. Une relation avec
l’index cumulé au cours de la vie était observée pour le
dibromure d’éthylène, le captane et le lindane. Une association
forte était observée avec un antécédent d’intoxication,
principalement dans le groupe signalant une dépression à
l’inclusion (OR = 4,2 ; IC 95 % [2,7-6,6]) mais également dans
celui rapportant des symptômes à la fois à l’inclusion et au
suivi (OR = 2,5 ; IC 95 % [1,4-4,4]). L’analyse de la dépression
chez les femmes (n = 16 893) a été réalisée de la même manière
après un suivi de 12 années, en considérant les cas incidents
(n = 1 054), et en prenant en compte l’utilisation de pesticides
par la femme elle-même ou par son conjoint (Beard et coll.,
2013
).
Les auteurs ne mettaient pas en évidence de lien entre la
dépression et l’utilisation de pesticides au cours de la vie (en
oui/non ou en prenant en compte un index cumulé), et cette
absence de lien était également montrée en considérant l’usage
de pesticides chez les conjoints pour les femmes n’ayant pas
utilisé elles-mêmes de pesticides. En revanche, les femmes ayant
un antécédent d’intoxication aiguë par un pesticide étaient plus
fréquemment dépressives. La prise en compte d’un traitement
antidépresseur dans la définition de la dépression ne modifiait
pas ces résultats.
).
Le score de santé mentale élaboré à partir de leurs réponses
était associé négativement à l’utilisation de phénoxyherbicides,
mais ne montrait pas de lien avec d’autres substances, notamment
avec les organophosphorés. La prise en compte d’un antécédent
d’intoxication aiguë ne changeait pas les résultats. Dans un
sous-échantillon de la population, un croisement a pu être
réalisé avec les bases de l’Assurance maladie. Il montrait une
faible cohérence entre les prises en charge pour raisons
neuropsychiatriques et les déclarations des personnes. Dans cet
échantillon, un lien fort était observé entre une prise en
charge hospitalière pour des troubles neuropsychiatriques et une
exposition de plus de 35 ans aux phénoxyherbicides.
).
). Dans cette cohorte, les agriculteurs étaient contactés par
téléphone chaque trimestre pour donner des informations sur
leurs activités professionnelles, leurs expositions et leur état
de santé – notamment leur humeur – soit à 10 reprises au cours
de l’étude. Un quart des personnes ont rapporté une humeur très
dépressive et ont été classées dans le groupe « dépression ».
Une association était mise en évidence entre l’usage des
pesticides et la « dépression » (OR = 1,27 ;
IC 95 % [1,06-1,53]), qui n’était pas modifiée par la prise en
compte d’autres paramètres associés à la dépression, à savoir
les antécédents de blessure, le stress (qui multipliait le
risque de dépression par 3) et avoir un autre emploi non
agricole.Suicide et exposition aux pesticides
, voir en
fin de ce chapitre).
).
Celles-ci étaient rapportées chez près de 5 % des personnes. Un lien
était observé avec un antécédent d’intoxication aiguë par un
pesticide, atteignant un triplement de risque pour plus d’un
épisode, et plus marqué chez les personnes ayant été hospitalisées
lors de cet épisode (non significatif mais p de
tendance = 0,001).
).
).
Une surmortalité par suicide est observée à la fois en lien avec le
métier d’agriculteur et avec le fait de résider dans une région où
la culture de tabac est présente. Ce résultat évoque le rôle
possible des pesticides d’une part et de la culture de tabac d’autre
part, possiblement en lien avec des intoxications à la nicotine.Conclusion
Tableau 5.I Études épidémiologiques portant sur le lien entre intoxication aiguë par des pesticides et troubles psychiatriques
|
Référence
Pays Type d’étude |
Population étudiée
|
Définition de la maladie
|
Fréquence et durée
d’exposition
|
Méthodes d’estimation de
l’exposition
|
Tiers facteurs
|
Résultats et commentaires
|
|---|---|---|---|---|---|---|
|
Agriculteurs (95 % hommes) actifs en
1970 en Grande-Bretagne, âgés de ≥ 13 ans en
1957
74,8 % résidents d’Angleterre Identification à partir de listes de syndicats et associations (n = 18 958) dont 4 635 décédés et 1 748 répondants éligibles |
PHQ-9 depression severity score
≥ 10
Questions sur démence, Parkinson, maladies neurologiques |
83 % ont élevé des moutons (46 %
> 31 années).
81 % ont trempé des moutons. 75 % ont manipulé les produits. 3 % pris en charge pour intoxication |
Questionnaire sur les tâches
Nombre d’années de travail avec des moutons Classement en 4 groupes selon histoire intoxication aiguë et/ou manipulation de pesticides |
Âge, sexe, région,
tabagisme
|
Association forte entre l’existence
d’une intoxication aiguë et la
dépression
OR = 10,0 [4,8-20,8] Pas de lien pour la dépression avec la simple manipulation sans intoxication (mais lien avec Parkinson et neuropathie) |
|
|
Agriculteurs, hommes
Questionnaires en face à face Inclusion en 2011 n = 1 895 |
Échelle de dépression gériatrique
(GDS-15) score ≥ 8
|
Principale culture : riz (43 %), puis
les légumes et les fruits
Nombre de jours médian d’exposition au cours de la vie : 129 |
ATCD d’intoxication aiguë en 2010.
Sévérité définie à partir des symptômes ≤ 48 h
après utilisation : sévères (paralysie, syncope)
ou modérés (diarrhée, vomissements, dyspnée,
vision floue, paresthésie, douleur poitrine,
troubles de la parole)
Prise en charge : aucune, automédication, hospitalisation Pesticides en cause |
Âge, sexe, revenus, statut marital,
niveau d’études, alcool, tabagisme, santé perçue,
IMC, caractéristiques du travail
|
197 agriculteurs avec un score de
dépression élevé
Élévation du risque de dépression si histoire d’intoxication professionnelle OR = 1,61 [1,10-2,34] Lien avec la sévérité de l’intoxication. Si modérée ou sévère OR = 2,81 [1,71-4,63] Pas de lien avec la durée cumulée d’exposition Association avec les herbicides, en particulier le paraquat |
ATCD : antécédents ; CES-D : Center for Epidemiologic Studies-Depression Scale ; GDS : Geriatric Depression Scale ; IMC : indice de masse corporelle ; PHQ : Patient Health Questionnaire. Les intervalles de confiance donnés sont les intervalles de 95 %.
Tableau 5.II Études épidémiologiques portant sur le lien entre exposition chronique aux pesticides et troubles psychiatriques
|
Référence
Pays |
Population étudiée
|
Définition de la maladie
|
Fréquence et durée
d’exposition
|
Méthodes d’estimation
de l’exposition |
Tiers facteurs
|
Résultats
et commentaires |
|---|---|---|---|---|---|---|
|
Études transversales
|
||||||
|
220 hommes volontaires, 18-65 ans,
ouvriers agricoles
Région de production du café Robusta |
Beck Depression Inventory (BDI ;
21 items appréciant les symptômes
dépressifs)
Dichotomisé (seuil = 10) |
Glyphosate 77 %
Flutriafol, cyproconazole, thiaméthoxame |
Questionnaire
|
Âge, statut marital, groupe ethnique,
niveau d’études, statut économique, alcool,
tabagisme, santé perçue, maladie
chronique
|
Exposition aux pesticides en général
est associée aux symptômes dépressifs (pas le
glyphosate seul, mais en association avec les
autres molécules) OR = 5,5 [1,2-25,9]
Lien également entre les symptômes et le tabagisme, la santé perçue et les maladies chroniques |
|
|
Résidents en 2011-12 d’une municipalité
où le tabac est cultivé ; âgés ≥ 18 ans et parlant
portugais (n = 869)
|
Self Reporting Questionnaire
(SRQ-20 ; seuil = 8)
Troubles mentaux et symptômes dépressifs rapportés |
72 % exposés aux pesticides dont 33 %
avant l’âge de 15 ans
28 % malades après utilisation de pesticides 14 % utilisent des EPI |
Période de culture et de récolte du
tabac
Intoxications aiguës Historique agricole et d’exposition aux pesticides EPI |
Sexe, âge, niveau d’études, couleur de
peau, insécurité alimentaire, maladies
chroniques
Dépendance ou abus d’alcool, tabagisme Cotinine urinaire |
Avoir été intoxiqué, risque de
dépression ou trouble mental :
OR = 2,6 [1,6-4,3] Doublement de risque de troubles rapportés avec les alcools aliphatiques et les Pyr Lien avec dinitroaniline et sulfonylurée pour expositions longues |
|
|
Éleveurs de moutons, 18-70 ans d’âge,
exposés aux OP, actifs ou retraités, ayant changé
ou arrêté pour cause médicale (n = 127)
Non exposés : policiers (n = 78) Critères inclusion : ≥ 5 ans exposition aux OP < 1991, pas d’ATCD d’intoxication aiguë, neuro, alcool |
Hospital Anxiety and Depression
Scale (HADS)
Beck Anxiety (BAI) and Depression (BDI) Inventories-rmesurant l’anxiété et la dépression, rapportées par les individus Évaluation SCID (la référence pour ce diagnostic) |
> 20 ans d’exposition en moyenne, et
dernière exposition remonte en moyenne à
10 ans
|
Exposition professionnelle par trempage
des moutons
Calendrier professionnel, caractéristiques de l’exposition : fréquence et durée Calcul du nombre de jours au cours de la vie |
Évènements de vie stressants au cours
des 12 derniers mois
Santé physique perçue Niveau d’études, sexe, QI Ajustement sur âge, dépression, anxiété |
Association entre les scores de
dépression et d’anxiété (HADS ou BDI) et
l’exposition
Lien moins clair avec la dépression en utilisant l’évaluation clinique, mais persistance du lien avec l’anxiété |
|
|
140 ouvriers agricoles ≥ 18 ans
habitant ≥ 6 mois dans la région
Récolteurs des légumes dans des zones traitées Non exposées : 100 personnes habitant en zone urbaine |
MINI test
|
OP utilisés dans la région : malathion,
dicofol, parathion, chlorpyrifos, phosmet,
azinphos-méthyl, méthamidophos
|
Mesure de l’inhibition de l’AChE
plasmatique, immédiatement après
prélèvement
|
Différences d’âge, de niveau d’études
et de statut marital entre les
2 groupes
|
Dépression + risque suicidaire 31,4 %
des exposés (versus 8 %)
Dépression avec diagnostic médical 14,3 % des exposés (versus 3 %) Chute de l’AChE, d’autant plus marquée que les troubles sont importants |
|
|
Recrutement à partir des foyers :
éligibles si travail agricole
n = 1 071 foyers
1 855 individus entre 18-55 ans, dont 918 femmes et 937 hommes |
General Health Questionnaire
GHQ-12 en face à face
|
74 % ont plus de 7 ans d’expérience en
agriculture
32 % de migrants agricoles |
Questions posées seulement aux
hommes :
Avoir appliqué des pesticides Avoir des troubles lors de l’application |
Âge, sexe, taille du foyer, niveau
d’études, langue, nombre d’années en agriculture,
résidence urbaine/rurale, maladies chroniques,
santé générale, niveau économique...
|
Problème de santé mentale chez 32 %.
Risque élevé chez les hommes exposés aux
pesticides :
OR = 1,8 [1,1-3,2] Idées suicidaires chez 2 % des hommes et 3 % des femmes Autres facteurs associés chez les hommes : situation économique, être migrant, mauvaise santé perçue, maladie chronique, ATCD de traumatisme |
|
|
57 volontaires issus d’un système de
surveillance sanitaire, lors d’une visite à
l’hôpital, âgés de 30 à 55 ans, mariés, actifs,
non-fumeurs et n’ayant pas travaillé en
agriculture
|
Test cognitif : Trail Making Test
(TMT-A/B), vitesse de conduction nerveuse,
seuil vibratoire, symptômes neurologiques, échelle
de dépression adaptée de la CES-D
|
19 résidaient à plus de 200 m, et 38 à
moins de 200 m.
Pesticides utilisés dans la région : carbamates, OP, Pyr |
Distance entre la résidence et les
champs (plus ou moins de 200 m) utilisé comme
proxy de l’exposition aux pesticides
|
Âge, sexe, IMC, pression sanguine,
revenus, métiers, composition du foyer
|
Après ajustements, chez les exposés :
élévation du seuil vibratoire, ralentissement au
TMT-B, mais pas de différence dans les symptômes
neurologiques, la vitesse de conduction ou les
items de dépression
|
|
|
Participants d’une étude sur la maladie
de Parkinson, identifiés en 1998-2000
Analyse restreinte aux cas (n = 177) et témoins (n = 390) ayant travaillé sur des exploitations |
Traitement ou hospitalisation pour
dépression
Âge lors de l’épisode dépressif |
Fréquence d’exposition aux familles
d’herbicides : carbamates : 6 %, dinitrophénols :
18 %, acide picolinique : 11 %
|
Histoire professionnelle
Entretien détaillé sur usages de pesticides par un médecin du travail Pesticides pour le jardinage Analyse des familles de pesticides pour les agents identifiés chez > 5 % des personnes non dépressives |
Sexe, maladie de Parkinson, niveau
d’études, tabac, trauma crânien avec perte
connaissance
Histoire d’AVC et utilisation de pesticides pour le jardinage Stratification sur la période : < 1971, 1971-80, 1981-94, > 1994 |
83 dépressifs (33 H, 50
F)
Herbicides/dépression OR = 1,93 [0,95-3,91], plus marqué en restreignant aux seuls témoins ou aux hommes. Effet durée et nombre h Risque x3 pour les herbicides carbamates, dinitrophénols et acide picolinique Pas de lien avec les I et F |
|
|
Études
longitudinales
|
||||||
|
Inclusion 1993-97 et suivi en 2005-10
avec un questionnaire incluant la
dépression
Applicateurs, hommes (n = 21 208) dont 1 702 avec un diagnostic de dépression |
Diagnostic par un médecin à l’inclusion
et au suivi (avec précision de la mise en place
d’un traitement)
Âge de la dépression |
Intoxication aiguë
Exposition cumulée à 50 pesticides oui/non et nombre de jours au cours de la vie (quartiles) Catégories : I, H, F, (fumigants) 6 familles : phénoxys, triazines, carbamates, OC, OP, Pyr |
Âge, État de résidence, niveau
d’études, statut marital, nombre d’enfants,
alcool, tabagisme, diabète, taille de
l’exploitation, port d’EPI, nombre de visites
médicales dans l’année écoulée, utilisation de
solvants
|
206 cas prévalents à l’inclusion, 315 à
l’inclusion et au suivi et 371 au suivi
seulement
Association positive entre dépression et certains pesticides : fumigants, OC, phosphure d’aluminium, dibromure d’éthylène, 2,4,5-T, dieldrine, diazinon, malathion, parathion. Relation avec l’index cumulé pour dibromure d’éthylène, captane, lindane. Lien avec les intoxications aiguës |
||
|
Inclusion 1993-97 et suivi en 2005-10
avec un questionnaire incluant la
dépression
Épouses d’applicateurs (n = 16 893) dont 1 054 avec un diagnostic de dépression |
Pas de lien entre la dépression
incidente et l’exposition aux pesticides (oui/non
ou cumulée)
Lien entre la dépression et l’intoxication aiguë par un pesticide Femmes n’ayant jamais utilisé de pesticides : lien avec l’utilisation de carbamate par l’époux Pas de changement si on ajoute la prise d’un traitement à la définition de la dépression |
|||||
|
Cohorte A : inscrite dans une
association agricole en 1983
(n = 1 348)
Cohorte B : identifiée auprès des instances agricoles en 2002 (n = 1 078) |
Questionnaire sur les maladies
diagnostiquées par un médecin : dont 12 symptômes
neuropsychiatriques
Score de santé mentale élaboré à partir des symptômes Croisement avec les bases de données de l’assurance maladie codes CIM-9 : 290-312 et CIM-10 : F00-F69 pour un sous-échantillon |
> 90 % d’utilisateurs de
pesticides
2,4-D ou MCPA : > 90 % ; Pyr : 16 % ; carbamates : 24 % ; OP : < 50 % |
Questionnaire sur des produits
commerciaux : 26 I, 48 H, 25 F avec les
durées
Base de données sur les matières 1981-2003 Intoxication par un pesticide Utilisation de pesticides au cours du mois écoulé |
Âge, sexe, niveau d’études
|
¾ des agriculteurs signalent ≥ 1
symptôme (34 % se réveillent fatigués, 27 %
troubles de mémoire, 27 % crampes)
Lien score santé mentale et phénoxyherbicides (OR 1,75 à 2,09) selon la durée. Pas de changement avec les intoxications aiguës Assurance maladie : 1/3 ont une prise en charge psy. Peu de lien avec les symptômes déclarés. Association forte hospitalisation psy et exposition > 35 ans aux phénoxys 20rv2(OR = 9,71 [0,85-111,39]) |
|
|
Agriculteurs
Questionnaires en face à face Inclusion en 2005-08, suivi en 2008-12 (exclusion des cas prévalents de dépression) n = 2 151 |
CES-D
Échelle de dépression gériatrique (SGDS) (seuil : 8) |
Algorithme AHS pour intensité (tâches,
matériel, EPI)
Durée en nombre de jours/an et années ATCD d’intoxication Pesticides pour le jardinage |
Âge, sexe, statut marital, niveau
d’études, revenus, alcool, tabac
|
115 cas de dépression incidents en
2,8 ans
Plus de cas incidents parmi les exposés, en lien avec le score durée x intensité (OR = 2,2 [1,3-3,8] dans la catégorie haute) et avec les ATCD d’intoxication (OR = 5,8 [1,8-18,9]) |
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Agriculteurs volontaires, contactés par
le Ministère de l’Agriculture pour une étude
d’intervention
n = 257 |
Entretien téléphonique trimestriel :
expositions professionnelles, accidents, maladies,
dépression (humeur rapportée fortement ou très
fortement dépressive)
Questionnaire professionnel et examen de santé annuel |
Données sur les activités sur la ferme,
incluant les usages de pesticides, répétées à
chaque entretien (soit 10 fois)
|
Âge, niveau d’études, alcool, tabac,
santé perçue
|
Un quart des agriculteurs classés
dépressifs
Exposition aux pesticides associée à la dépression : OR = 1,27 [1,06-1,53] Autres facteurs associés à la dépression : antécédent de blessure, stress (multiplie le risque par 3) et avoir un autre emploi non agricole. Pas de changement de l’association avec les pesticides en ajustant sur ces facteurs |
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AHS : Agricultural Health Study ; ATCD : antécédents ; BDI : Beck Depression Inventory ; CES-D : Center for Epidemiologic Studies-Depression Scale ; DSM-IV : Diagnostic and Statistical Manual of Psychiatric Disorders ; EPI : équipement de protection individuelle ; F : fongicide ; HADS : Hospital Anxiety and Depression Scale ; H : herbicide ; I : insecticide ; MCPA : acide 4-chloro-2-méthylphénoxyacétique ; MINI : Mini International Neuropsychiatric Interview ; OP : organophosphoré ; OC : organochloré ; Pyr : pyréthrinoïdes ; SCID : Structured Clinical Interview for DSM-IV. Les intervalles de confiance donnés sont les intervalles de 95 %.
Tableau 5.III Études épidémiologiques portant sur le lien entre exposition aux pesticides et suicide
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Référence
Pays |
Types d’études
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Population étudiée
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Définition de la maladie
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Fréquence
et durée d’exposition |
Méthodes d’estimation
de l’exposition |
Tiers facteurs
|
Résultats et commentaires
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|
Cohorte prospective
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Idées suicidaires à partir de la
question « au cours de l’année écoulée, avez-vous
pensé à vous faire du mal ou à mettre fin à vos
jours »
Questions complémentaires en cas de réponse positive Dépression mesurée avec le GDS-15 (score > 8) |
Principale culture : riz
|
92 (4,7 %) agriculteurs ont eu des
idées suicidaires au cours de l’année
écoulée.
Lien entre les idées suicidaires et l’intoxication modérée ou sévère, ou suscitant une prise en charge hospitalière OR = 2,48 [1,26-4,91] Triplement du risque si > 1 intoxication (non significatif mais avec p de tendance = 0,001) |
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Cas-témoins
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Cas : tentatives suicide par pesticide,
identifiées à l’hôpital. État mental stable pour
l’étude (n = 43)
Témoins : résidents d’un village à même distance de l’hôpital, apparié sur âge et sexe (n = 43) |
Score d’impulsivité (Barratt
Impulsivity Scale) et d’agressivité
(Agression Inventory)
|
Exposition aux OP et
symptômes
|
Cas : rapportent plus de symptômes
d’exposition aux pesticides (compatibles avec OP)
et davantage d’exposition
professionnelle
Scores d’agressivité et d’impulsivité plus élevés chez les cas |
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Étude écologique
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Comparaison des taux de mortalité selon
les caractéristiques des villes : nombre
d’exploitations, présence de la culture tabac,
part de la culture tabac, part d’exploitations
produisant du tabac et utilisant des
pesticides
|
Données de mortalité entre 1996 et 2005
(codes CIM-10 : X60-X84) (n = 122 036 décès dont
15 671 agriculteurs)
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Région de production de
tabac
|
Données du recensement agricole de
2006
|
OR de l’ordre de 3 pour la mortalité
par suicide pour les agriculteurs
Risque doublé pour les agriculteurs dans des villes produisant du tabac Risque accru pour les non-agriculteurs dans les villes produisant du tabac |
ATCD : antécédents ; CIM-10 : Classification internationale des maladies, 10e révision ; GDS : Geriatric Depression Scale
Références
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