Pesticides et effets sur la santé
I. Pathologies neurologiques et atteintes
neuropsychologiques
2021
| ANALYSE |
4-
Troubles cognitifs
), environ
40 études épidémiologiques avaient été identifiées explorant le lien
entre pesticides et cognition, un processus cérébral complexe impliquant
notamment la mémoire, l’attention, le jugement, la compréhension et le
raisonnement. Les études avaient été catégorisées selon leur schéma
méthodo-logique (études transversales, longitudinales, méta-analyses) et
en fonction du caractère aigu ou chronique de l’exposition. Les
résultats sont présentés selon ce même schéma avec un résumé des données
précédentes et la présentation et l’analyse des nouvelles données
publiées depuis 2013, soit 15 publications (tableau 4.I
, voir en fin de ce chapitre).Exposition aiguë aux pesticides : études transversales comparant des personnes intoxiquées (ou fortement exposées) à des personnes non intoxiquées
). La
définition des intoxications aiguës a pris en compte la présence de
maladies infectieuses concomitantes dans ce pays, comme le
paludisme, pouvant entraîner des manifestations générales ou
neurologiques. Quarante et un travailleurs (soit 16 % de
l’échantillon) avaient eu un ou plusieurs épisodes d’intoxication
aiguë considérés en lien avec les pesticides. Leur risque de
rapporter 4 symptômes ou plus au questionnaire neuro-comportemental
Q16 utilisé pour l’évaluation cognitive était doublé (OR = 2,15 ;
IC 95 % [1,01-4,58]), et le risque était également plus élevé chez
les travailleurs présentant une exposition cumulée plus importante,
qu’ils aient ou non un antécédent d’intoxication aiguë.
). Pour rappel, dans la précédente
expertise, dans un sous-échantillon de cette cohorte, le lien entre
les expositions et les déficits neurocomportementaux montrait des
incohérences en fonction des tests et des matières actives
considérées (Inserm, 2013
). Les auteurs montrent un lien entre les
épisodes d’exposition accidentelle aux pesticides, sans distinction
précise sur les matières actives ou familles chimiques, et une
diminution des performances sur certains tests neurocomportementaux
(Starks et coll., 2012
). Les agriculteurs ayant déclaré avoir eu
au moins une fois dans leur vie une forte exposition accidentelle
ont pris plus de temps à achever deux tests portant sur l’attention
visuelle et la vitesse motrice, et ont obtenu des scores équivalents
à ceux de personnes plus âgées de 3,9 ans dans la population
étudiée.
).
Sur la base de leurs réponses, 121 ont été classés dans le groupe
des applicateurs intoxiqués au cours des 12 derniers mois.
Quatre-vingts agriculteurs appariés sur leurs caractéristiques
sociodémographiques, lieu de résidence et habitudes de vie ont été
choisis comme population de référence. Les deux groupes ont été
interrogés sur leurs expositions et comparés sur leurs performances
à la batterie de tests neurocomportementaux de l’OMS (Organisation
mondiale de la santé). Des altérations cognitives ont été mises en
évidence chez les agriculteurs intoxiqués (ralentissement des temps
de réaction, déficits de mémoire, perte de coordination), ainsi que
des troubles de l’humeur (augmentation des sentiments de colère,
d’hostilité, de dépression, d’anxiété et de tension ; diminution de
l’activité). Ces altérations étaient également observées en lien
avec le nombre d’années de travail en agriculture, posant la
question de l’implication des expositions chroniques dans les
troubles neurocomportementaux observés chez les personnes
intoxiquées.Exposition chronique aux pesticides : études
transversales comparant des personnes exposées de manière chronique
à des personnes non exposées
).
).
).
Les sujets ont complété des tests neurocomportementaux et ont été
évalués pour le syndrome de stress post-traumatique, la dépression
majeure et la « maladie multi-symptomatique
chronique »1
. Les vétérans les plus exposés aux pesticides, en
combinaison avec des niveaux faibles ou élevés de pyridostigmine,
ont montré des détériorations dans les domaines cognitifs suivants :
vitesse de traitement de l’information, attention, mémoire, humeur.
Les résultats étaient statistiquement significatifs dans les
analyses prenant en compte les pathologies mentionnées ci-dessus
comme facteurs de confusion, confirmant que l’exposition aux
pesticides contribue de manière indépendante aux troubles des
fonctions cognitives et de l’humeur. Certains pesticides ont été
plus clairement mis en lien avec les effets, à savoir le dichlorvos
dans l’attention et la vitesse de traitement de l’information, le
lindane et le méthomyl dans les troubles de l’humeur, le lindane et
le bendiocarbe dans les troubles du langage et le diazinon dans les
capacités visuo-spatiales.
).
Cette étude transversale met en évidence des scores inférieurs aux
seuils établis dans la population de référence aussi bien pour les
personnes directement exposées que pour les riverains de zones
traitées dans les analyses prenant en compte le niveau d’études.
). Un test mesurant les fonctions
exécutives (Digit Symbol Substitution Test) a été administré
aux 644 participants et leurs performances sont apparues abaissées
pour les niveaux les plus élevés de 6 organochlorés mesurés dans le
plasma, en particulier le p,p’-DDT. En revanche, il n’était pas mis
en évidence de lien avec la mesure de métabolites urinaires de
certains organophosphorés et pyréthrinoïdes. Les auteurs mettent ce
résultat en parallèle d’études récentes ayant montré un lien entre
les organochlorés plasmatiques et la survenue de démence – voir le
chapitre « Maladie d’Alzheimer ». Dans la même étude NHANES, un
autre sous-échantillon a été étudié, incluant 700 personnes
volontaires âgées de 20 à 59 ans, dont la fonction cognitive a été
évaluée à l’aide de 3 tests neurocomportementaux (temps de réaction,
Symbol-Digit Substitution, Serial Digit Learning),
et chez qui 12 métabolites urinaires de pesticides ont été mesurés.
Ces métabolites dérivaient de plusieurs insecticides, notamment des
carbamates, du lindane, d’organophosphorés (parathion,
chlorpyrifos), du para-dichlorobenzène, du
trichlorobenzène... Il n’a pas été mis en évidence de détérioration
des performances en lien avec les niveaux des métabolites urinaires,
une amélioration était même observée avec le dérivé du
para-dichlorobenzène et avec le pentachlorophénol (Krieg,
Jr., 2013
).
).
).Exposition aiguë ou chronique aux pesticides :
études de suivi avant/après et études de
cohortes
). Pour les 614 personnes du premier suivi de cette cohorte, un
index cumulé d’exposition aux 34 organophosphorés ayant été
autorisés en viticulture en France a été calculé à l’aide de la
matrice culture exposition PESTIMAT et d’algorithmes basés sur des
études de terrain (PESTEXPO), incluant des caractéristiques des
travailleurs, des exploitations, des tâches (y compris la
ré-entrée), des cultures, des équipements de protection et du
matériel. Ces indicateurs ont été mis en lien avec les résultats à
9 tests neurocomportementaux. Les scores cumulés d’exposition aux
organophosphorés ont été montrés associés aux performances
cognitives, en particulier à la mémoire de travail et la vitesse de
traitement de l’information mais sans montrer une relation
dose-effet. Le lien le plus fort était observé avec le mévinphos.
Par ailleurs, le déclin des performances au Mini-Mental State
Examination (MMSE) entre l’inclusion et le suivi à 4 ans
apparaissait plus net chez les personnes exposées.
).
Quatre cent trente personnes de 60 ans et plus à l’inclusion,
riveraines de zones traitées, ont été incluses dans les analyses.
Elles ont été suivies tous les 12 à 15 mois entre 1998 et 2007 avec
la passation du MMSE modifié et, pour un sous-échantillon, une
batterie de tests neurocomportementaux, un avis clinique spécialisé
sur l’état de la cognition (normale, légèrement altérée, ou
démence), et le cas échéant une analyse des causes de décès. Par
ailleurs, divers biomarqueurs métaboliques et de l’inflammation ont
été mesurés. Plus de 200 participants vivaient à moins de 500 m
d’une zone traitée par un des 24 organophosphorés enregistrés par le
système californien, et 50 ont été considérés comme très exposés
avec un nombre moyen de 6 organophosphorés appliqués près de leur
zone de résidence. Les auteurs ont mis en évidence un déclin au MMSE
chez les personnes très exposées aux organophosphorés, et une
survenue plus précoce de la démence et du décès. Par ailleurs, les
expositions aux organophosphorés apparaissaient associées au niveau
d’adiponectine, suggérant un possible dysfonctionnement métabolique
en lien avec les organophosphorés.
).
Divers tests neurocomportementaux ont été administrés aux
participants afin d’apprécier notamment l’orientation (MMSE), la
mémoire verbale et non verbale, divers domaines du langage, les
capacités de visuo-perception, l’attention, la rapidité d’exécution,
les capacités motrices... Le diagnostic de démence reposait sur des
critères internationaux et conduisait à une exclusion des présentes
analyses. En plus de nombreux facteurs potentiellement associés aux
troubles cognitifs, l’histoire professionnelle était recueillie
ainsi que les divers usages de pesticides rapportés par les
participants, afin de catégoriser en oui/non : i) la
résidence dans une zone de traitements pesticides, en précisant si
cette résidence avait ou non duré plus de 20 ans,
ii) l’application de pesticides dans le jardin, et
iii) l’application professionnelle sur des champs. À partir
des données de 1 397 participants, une baisse des performances
cognitives – à l’exception de la mémoire – (fonctions exécutives,
perception visuo-spatiale, domaines du langage et de l’attention)
était mise en évidence chez les personnes vivant à proximité de
champs traités, même après exclusion des personnes exposées aux
pesticides professionnellement ou par le jardinage. Il n’était pas
mis en évidence de lien entre la cognition et l’usage de pesticides
dans le jardin ou les traitements pesticides agricoles (mais ces
deux catégories d’exposition étaient moins représentées).
).
Berent et coll. ont mené une étude prospective sur une année
incluant 53 ouvriers de l’industrie de production du chlorpyrifos et
60 ouvriers d’une entreprise de production de film alimentaire
plastique, tous soumis à des tests neurocomportementaux validés. Les
auteurs n’observaient pas d’effet des expositions au chlorpyrifos
sur les capacités cognitives sur cette courte durée de suivi.Exposition chronique aux pesticides : revues de la littérature
). Une
nouvelle revue et deux méta-analyses ont été publiées depuis
2012.
). Trente-trois articles publiés entre 1975
et 2014 ont été retenus et parmi eux 24 ont été considérés comme de
qualité intermédiaire à haute sur la base d’un score prenant en
compte le schéma d’étude, la taille de l’échantillon, la mesure de
l’exposition, la mesure de l’effet et le contrôle de facteurs de
confusion, et attribué par consensus entre 6 des co-auteurs. Sept
types d’effets ont été considérés : la mémoire, les compétences
motrices, la rapidité de traitement de l’information, les capacités
verbales, l’intelligence, l’atteinte cognitive mesurée par le MMSE,
les changements morphologiques du cerveau. Seulement 9 articles
n’ont pas observé de lien entre les organophosphorés et les
performances cognitives (contre 24 observant un lien). Les auteurs
soulignent le grand nombre d’études ayant mis en évidence un lien
entre une baisse des performances neuropsychologiques et
l’exposition chronique aux organophosphorés chez les agriculteurs,
mais remarquent que peu d’études ont utilisé des biomarqueurs
d’exposition et que les études, utilisant des tests très variés,
n’ont pas toutes évalué les mêmes domaines cognitifs.
). À noter qu’une autre méta-analyse
portant sur les effets des organophosphorés a été publiée la même
année par Ismail et coll., mais seulement 7 articles ont été retenus
en commun entre ces deux publications (Ismail et coll.,
2012
). Les
conclusions sont néanmoins convergentes, soulignant une association
significative entre l’exposition chronique aux organophosphorés et
les performances cognitives, et plus spécifiquement un effet sur la
mémoire de travail et l’attention, la vitesse psychomotrice, les
fonctions exécutives, et les capacités visuo-spatiales.
). Les études retenues devaient être
épidémiologiques, avoir étudié au moins un organophosphoré, explorer
des effets chroniques, avoir un groupe de référence, avoir utilisé
un test neuro-psychologique utilisé par au moins deux autres études,
rapporter les moyennes et déviations standard des résultats aux
tests dans les deux groupes et être publiées en français, anglais ou
allemand. Vingt-deux études ont été retenues entre 1965 et 2010,
fournissant 32 résultats pour 1 758 sujets exposés et
1 260 référents, et concernaient 26 tests. Au total, les analyses
ont confirmé que les études montraient un abaissement des
performances cognitives et motrices chez les personnes exposées aux
organophosphorés, plus cohérentes dans le domaine de la mémoire et
de l’attention. Une relation durée-effet était mise en évidence dans
les analyses réalisées au niveau agrégé aussi bien que dans celles
réalisées au niveau de l’individu. Sur la base des données
disponibles, il n’était pas possible de conclure sur les risques
chez les femmes et chez les adolescents.Conclusion
Tableau 4.I Exposition aux pesticides et troubles cognitifs
|
Référence
Pays |
Population étudiée
|
Définition de la pathologie
|
Paramètres d’exposition
|
Méthode d’estimation de
l’exposition
|
Facteurs d’ajustement
|
Résultats
Discussion |
|---|---|---|---|---|---|---|
|
Exposition aiguë aux pesticides :
études transversales
|
||||||
|
256 hommes ayant appliqué les
pesticides au moins au cours des 12 derniers mois
dans 3 systèmes agricoles, identifiés à partir
d’une liste de coopératives syndicales
Petites fermes intensives (n = 5), grandes fermes sous serres (n = 9 dans 2 zones), grande ferme de plein champ (n = 1) |
Questionnaire neurocomportemental
Q16 (fatigue, mémoire, palpitations,
concentration...)
Score dichotomisé en fonction de la médiane (4 symptômes) Intoxication : exposition et ≥ 3 symptômes dans les 48 h, en l’absence de maladie chronique (infectieuse notamment) avec arrêt de travail |
Production de fleurs, fruits, légumes,
coton
Durée d’emploi de 3,1 ans chez les sujets intoxiqués et 4,5 chez les non intoxiqués Même exposition journalière dans les deux groupes mais exposition annuelle plus élevée chez les intoxiqués et tendance à une exposition cumulée plus élevée |
Score dérivé de l’algorithme de l’AHS :
intensité, EPI, fréquence et durée des
applications pour estimer les expositions
quotidiennes et annuelles et une exposition
cumulée
|
Consommation de khat, âge, durée
d’emploi, niveau d’études, tabagisme,
alcool
|
41/256 applicateurs intoxiqués (16 %),
parmi lesquels 32 % travaillaient sous serre avec
des épisodes multiples
Intoxication attribuée une fois sur deux au profénofos (un OP), puis endosulfan et morpholine Davantage d’applicateurs ayant présenté ≥ 4 symptômes chez les intoxiqués (63,4 % versus 43,7 %, p = 0,02) Risque d’avoir ≥ 4 symptômes si intoxication OR = 2,15 [1,01-4,58] |
|
|
Agricultural Health
Study
Applicateurs de pesticides hommes résidant à moins de 150 miles d’un centre où les tests étaient réalisés (n = 693) Exclusion si antécédent d’intoxication aiguë, AVC, SLA, Parkinson, dégénérescence maculaire, hypothyroïdie, diabète, sclérose multiple, alcool > 41 verres/sem. Sur-représentation des utilisateurs d’OP |
8 tests neurocomportementaux de la
batterie Neurobehavioral Evaluation System
(informatisé) et un test manuel (pour la dextérité
et la coordination motrice fine)
|
~ 23 % des sujets ont déclaré avoir eu
au moins une forte exposition
accidentelle
|
Définition d’évènements fortement
exposants : incidents ou situations ayant conduit
à une exposition individuelle aux pesticides
inhabituellement élevée au cours de la vie
professionnelle (avec ou sans prise en charge
médicale)
Événements rapportés aux 3 phases de l’étude |
Âge, taille, niveau d’études, état de
résidence, alcool, tabac, caféine, trauma crânien,
antidépresseurs, autres neurotoxiques, EPI,
exposition cumulée aux pesticides, acuité
visuelle, test de lecture
|
Lien entre les expositions
accidentelles et 2 des 9 tests : DSST (attention
visuelle) et la Séquence A (attention visuelle et
vitesse motrice)
|
|
|
Participants : ≥ 18 ans ayant utilisé
des pesticides agricoles dans les 12 derniers mois
en 2009-11 (n = 1 490)
Exclusion : SLA, Parkinson, dégénérescence maculaire, prise de médicaments SNC 121 sujets intoxiqués par un pesticide (exclusion des intoxications volontaires et professionnelles non agricoles) 80 sujets non intoxiqués, appariés sur lieu de résidence, sexe, âge, niveau d’études, années de travail, tabagisme, alcool, et condition physique générale |
Neurobehavioral Core Test
Battery de l’OMS
|
~ 33 années de travail en agriculture
pour les 2 groupes
Les insecticides sont les plus utilisés (84 %) |
Questionnaire sur 66 symptômes
d’intoxication par pesticides. Intoxication si ≥ 2
symptômes dans les 24 h après
traitement
|
Déficits neurocomportementaux dans
plusieurs domaines chez les sujets intoxiqués :
troubles de l’humeur, vitesse de réaction, mémoire
court terme et coordination
Déficits également identifiés en lien avec le nombre d’années de travail en agriculture |
||
|
Exposition chronique aux
pesticides : études transversales
|
||||||
|
Étude pilote sur volontaires (hommes et
femmes, 18 à 55 ans). Exclusion si alcool, drogue,
maladie psy, trouble ou traitement neurologique,
gauchers
Exposition directe : travailleurs agricoles utilisant des OP ou tâches au contact des cultures pendant ≥ 3 ans (n = 32) Exposition indirecte : riverains de zones traitées mêmes zones pendant ≥ 3 ans (n = 32), exerçant métiers manuels (construction, services) Non exposés : résidence hors zones agricoles n = 38 |
7 tests administrés par la même
neuropsychologue : test global (MMSE), mémoire,
attention, capacités visuelles, fonctions
exécutives
Proportion de personnes en dessous du seuil établi pour chaque test par rapport à la référence des personnes non exposées |
Région de viticulture et culture
d’agrumes
Chlorpyrifos utilisé par ~ 50 % des travailleurs agricoles Exposition directe : en moyenne 14 ans Exposition indirecte en moyenne 16 ans |
Questionnaire sur les
expositions
Pas de mesure biologique |
Âge, sexe (% de femmes plus élevé dans
l’exposition indirecte), niveau
d’études
|
Expositions les plus élevées sont
associées à des baisses de performances pour
pratiquement tous les tests : atteinte des
fonctions exécutives, de la fluidité verbale, et
des mémoires visuelle et auditive
Effet également observé pour ces mêmes fonctions dans le groupe indirectement exposé |
|
|
Unité de prévention du paludisme
chargée de la démoustication (mars-août
2015)
Hommes, 18 à 60 ans, sachant lire et écrire Exclusion si antécédents neurologiques Exposés : 30 applicateurs Non exposés : 32 personnels administratifs |
Batterie de tests neurocomportementaux
explorant la mémoire, mémoire court terme,
l’attention, fonctions exécutives, vitesse motrice
et coordination
Questions sur des symptômes neurologiques : O/N et fréquence |
Utilisation de Pyr de type II
(γ-cyhalothrine, deltaméthrine) à l’intérieur des
logements, de larvicides (diflubenzuron,
méthoprène, pyriproxyfène) dans les zones de
reproduction des insectes, et de Pyr de type I
(bifenthrine, bioalléthrine) ou II (cyphénothrine)
dans les zones extérieures
Expérience d’application : 8 ans en moyenne. 5 jours par semaine et 6 heures par jour |
Mesure de la BuChE sanguine : peu de
différence entre les deux groupes
|
Prise en compte du niveau d’études et
la consommation de khat (33 % des personnes de
cette région en mâchent)
|
Symptômes neurologiques plus fréquents
chez les applicateurs (vertiges, tremblements,
perte d’appétit...)
Performances abaissées à 6 tests pour les applicateurs, en particulier pour les fonctions exécutives et la vitesse motrice |
|
|
Sous-échantillon de l’étude NHANES ;
personnes de 60 à 85 ans entre 1999 et 2004
(n = 633)
|
Test cognitif DSST (explore les
capacités visuo-spatiales et la vitesse motrice,
met en jeu les fonctions exécutives)
|
Mesure des OC sériques suivants :
p,p’-DDT ; p,p’-DDE, trans-nonachlore,
oxychlordane ; heptachlore époxyde,
β-HCH
Rapportés aux lipides sanguins Dosage urinaire de 5 métabolites d’OP et 1 métabolite de Pyr |
Âge, sexe, race/ethnie
Niveau de PCB |
Lien entre les performances aux scores
et le niveau d’OC, plus marqué pour le p,p’-DDT
(baisse de 9 points au score dans le dernier
quartile et risque multiplié par 6,5 au-delà du
95e percentile)
Pas de lien clair avec les pesticides non persistants (OP et Pyr) |
||
|
Sous-échantillon de l’étude de
biosurveillance NHANES : personnes de 20 à 59 ans
(n = 700)
|
Test de réaction simple,
Symbol-Digit Substitution, Serial Digit
Learning
|
Dosage urinaire de 12 métabolites de
carbamates, lindane, organophosphorés,
para-dichlorobenzène...
|
Pas d’ajustement
|
Pas de lien de manière
générale
Amélioration des performances avec des métabolites du para-dichlorobenzène (2,4- et 2,5-dichlorophénol) et le pentachlorophénol (dérivé du lindane) |
||
|
Personnes âgées de 70 ans et plus en
population générale (n = 989)
Inclusion 2001-04 Suivi à 75 puis 80 ans 75 cas incidents de trouble cognitif ou de démence dont 44 sur la période de suivi où le poids a été contrôlé (entre 75 et 80 ans) |
Diagnostic de troubles cognitifs,
depuis des troubles légers jusqu’à la démence
réalisé par une équipe spécialisée
|
Dosage sérique de 5 OC à l’inclusion :
p,p’-DDE, trans-nonachlore,
hexachlorobenzène et trans- et
cis-chlordane (les chlordanes, détectés
chez < 10 % des sujets, non retenus dans les
analyses)
Score global OC basé sur des classes de distribution pour les composés PCB mesurés |
Sexe, niveau d’études, tabagisme,
exercice physique, alcool, IMC, diabète,
hypertension. cholestérol,
triglycérides
|
Risque de troubles cognitifs chez les
plus exposés (> 75e percentile)
stratifié par changement de poids :
Poids stables : HR = 8,7 [1,0-77,6] ; poids stables ou gains : HR = 11,6 [1,4-92,6] ; perte de poids : pas d’association Une association persiste entre OC et troubles cognitifs chez les plus exposés n’ayant pas perdu de poids. |
||
|
Exposés : 187 horticulteurs (16 à
80 ans)
Non exposés : 187 personnes ne travaillant pas en agriculture, résidant dans le même village et appariées sur âge, sexe et niveau d’étude Exclusion des sujets avec maladie chronique, traitement médicamenteux, radiothérapie, alcool, drogues, compléments anti-oxydants, expositions à d’autres produits toxiques |
Mesure de la cognition avec le
Subjective Neurocognition Inventory
(version iranienne) et de la santé mentale avec le
General Health Questionnaire-28
|
Prélèvements sanguins hebdomadaires
pour glucose, nitro-urée, cholestérol,
triglycérides, créatinine, HDL, ASAT, ALAT,
phosphatase alcaline
|
Fréquences de l’anxiété, de l’insomnie
et de la dépression sévère plus élevée chez les
exposés. De plus, rapidité psychomotrice,
attention, mémoire verbale et non verbale,
fonctions spatiales et initiative/énergie
abaissées chez les travailleurs
exposés
Perturbations métaboliques (en particulier du glucose) également observées |
|||
|
Sous-population d’une cohorte de
vétérans / guerre du Golfe
Personnels de médecine préventive ou applicateurs de pesticides ayant complété le questionnaire en 1997-8 sur les usages de pesticides pendant la guerre (n = 159) Exclusion si alcoolisme, drogue, trauma crânien, maladies neurologiques empêchant l’usage d’un ordinateur |
Tests neuro psychologiques (en
aveugle) : intelligence générale, langage,
capacités attentionnelles fonctions exécutives,
fonctions psychomotrices, facultés
visuo-spatiales, mémoire court terme,
humeur
Transformation des résultats aux tests en Z-scores et sommes par domaine Mesure des troubles psychiatriques par le DSM-IV et CAPS |
Usage de pesticides répulsifs sur la
peau et l’uniforme, pièges et appâts, et
antiparasitaires sur soi ou sur les
prisonniers :
DEET (formulation à 75 %) ; OP : dichlorvos, malathion, diazinon, azaméthiphos, chlorpyrifos ; C : méthomyl, propoxur, bendiocarbe ; OC : lindane ; Pyr : perméthrine, d-phénothrine |
4 groupes d’exposition en croisant
exposition haute ou basse aux pesticides et haute
ou basse au pyridostigmine (prévention armes
chimiques)
Exposition élevée aux pesticides : signes d’intoxication, application ≥ 2 fois (avec ou sans EPI), présence lors d’applications (≥ 2 fois), au moins une semaine dans des locaux traités, s’être traité avec du DEET ≥ 30 fois Exposition élevée à la pyridostigmine : ≥ 6 comprimés ou symptômes lors de la prise |
Âge, sexe, niveau d’études
Stress post-traumatique Maladie chronique multi-symptomatique Dépression majeure |
Forte exposition aux pesticides et
pyridostigmine associée à des déficits dans 4
domaines cognitifs : vitesse de traitement de
l’information, humeur, attention,
mémoire
Associations les plus marquées : Attention et vitesse de traitement de l’information (dichlorvos), troubles d’humeur (lindane et méthomyl), langage (bendiocarbe et lindane), capacités visuo-spatiales (diazinon) |
|
|
Personnes ≥ 50 ans dans deux
communautés Malu (rurale) et Wuliiqiao
(urbaine)
n = 7 900 |
Entretien en face à
face
MMSE |
Réponses au questionnaire : usage de
pesticides oui/non
|
IMC
Niveau d’études, sexe, âge, métier, statut marital, alimentation, tabac, alcool, ATCD personnels et familiaux, médicaments... |
Pas de différence globalement
Plus de femmes avec atteinte cognitive en milieu rural Lien entre l’atteinte cognitive et une histoire d’utilisation de pesticides OR = 4,68 [1,27-17,21] |
||
|
Exposition chronique aux
pesticides : études longitudinales
|
||||||
|
Ouvriers 18 à 65 ans sachant lire, pas
de trauma crânien avec perte de connaissance > 20
min, pas de conflit avec Dow, pas de difficulté
pour appliquer le protocole. Participation contre
rémunération
Exposés : ouvriers d’une usine de production de chlorpyrifos (n = 53) Non exposés : ouvriers d’une usine de fabrication de film plastique alimentaire tirés au sort (n = 60) Inclusion et suivi à 1 an |
Examen clinique et interrogatoire sur
des troubles neurologiques, dans le passé, à
l’inclusion et au suivi à 1 an
Évaluation cognitive par un neuropsychologue : test de vision des couleurs, test de Folstein (mental status measure), Word memory test. Batteries de tests informatisées (CANTAB, CogniSyst) Score pour chaque domaine de cognition (T-score) Estimation de la consommation d’alcool |
Durée moyenne d’exposition
professionnelle au chlorpyrifos : 9,7 ans (0,1 an
chez les non exposés)
TCPγ : exposés : 192,1, non exposés : 6,2 µg/g créatinine (p < 0,001) BuChE min : exposés 0,75, non exposés 0,88 (p < 0,001) |
Estimation de l’exposition cumulée au
chlorpyrifos depuis le début de l’emploi, basée
sur des prélèvements d’air historiques à
différents postes de travail
Mesure moyennée de l’excrétion urinaire TCPγ au cours de l’année de suivi (4 nuits) rapportée à la créatinine Mesure de BuChE mensuelle et AChE à l’inclusion et au suivi |
Âge, sexe, niveau d’études, fatigue au
moment du test, capacités générales, motivation,
alcool, stress (professionnel, familial,
financier, santé et social)
|
Résultats meilleurs chez les exposés à
l’inclusion pour la mémoire verbale
(p < 0,01)
Pas d’effet lié au temps entre l’inclusion et le suivi : amélioration des performances dans les 2 groupes Niveau d’études légèrement plus élevé dans le groupe exposé Les auteurs mentionnent de nombreux conflits d’intérêts avec la firme Dow. L’étude a été financée par la firme. |
|
|
Étude PHYTONER
Affiliés ≥ 20 ans à la MSA, âgés de 40 à 55 ans à l’inclusion, employés ≥ 1 000 h/an, exposés aux pesticides (directement ou indirectement) et non exposés (n = 917) à l’inclusion et n = 650 au suivi Inclusion en 1997-98 1er suivi en 2002-03 2e suivi en 2010-11 Analyses sur 614 personnes du 1er suivi |
9 tests neurocomportementaux
administrés par une neuropsychologue : échelle
globale de cognition (MMSE), mémoire visuelle,
vitesse de traitement de l’information, mémoire
épisodique, inhibition
Dichotomisation des résultats en considérant les 25 % des valeurs les plus basses comme abaissées Analyse de l’évolution des performances à l’inclusion et au suivi |
Non exposées (n = 171)
Exposées (n = 443) : 336 à au moins un OP (traitement et/ou ré-entrée) 59 ayant eu une intoxication Durée moyenne d’exposition : 31 ans 11 OP avec des expositions non négligeables dans la cohorte : azinphos, chlorpyrifos, déméton, diéthion, fénitrothion, malathion, méthidathion, mévinphos, parathion, phosalone et quinalphos |
Estimation des expositions à 34 OP à
l’aide de la matrice culture-exposition
PESTIMAT
Niveaux d’exposition : calcul avec un algorithme basé sur les caractéristiques du travailleur, de l’exploitation, des tâches réalisées, des EPI et du matériel (PESTEXPO) Estimation de l’exposition en ré-entrée : contact pendant 2 jours avec les vignes Score global : exposition directe et indirecte sur la période 1950-2003 |
Niveau d’études, sexe, âge,
alcool
|
Score cumulé d’exposition aux OP
associé à l’abaissement des performances
cognitives, en particulier pour la mémoire de
travail et la vitesse de traitement. Lien le plus
fort avec le mévinphos
Déclin au cours du temps plus marqué pour le MMSE chez les personnes exposées |
|
|
Étude HELIAD
Personnes ≥ 65 ans à l’inclusion en 2011 tirées au sort sur des listes municipales n = 1 397 participants inclus dans les analyses |
Tests neurocomportementaux administrés
par des neuropsychologues, évaluant l’orientation
(MMSE), la mémoire, le domaine du langage, la
motricité
Transformation en Z-score et définition de quartiles Exclusion de démences |
227 (16 %) ont résidé près de champs
traités.
141 (10 %) ont traité leur jardin. 166 (12 %) ont traité professionnellement. |
Auto-déclaration de l’exposition par
les participants : résidence dans une zone traitée
(moins ou plus de 20 ans), Usages professionnels
sur les cultures. Usages dans des activités de
jardinage
Recueil de l’histoire professionnelle |
Niveau d’études, âge, sexe,
hypertension, diabète, maladie cardiaque, statut
socio-économique, activité physique
|
Abaissement des performances cognitives
chez ceux qui ont résidé près de champs traités,
significatif dans le domaine du langage (pas
d’atteinte de la mémoire), même en excluant ceux
qui ont appliqué professionnellement des
pesticides et/ou jardiné
|
|
|
Étude SALSA sur le vieillissement des
Américains d’origine mexicaine de la vallée
Sacramento
Inclusion en 1998-99 de Latino-Américains ≥ 60 ans (n = 1 789) Suivi tous les 12 à 15 mois jusqu’en 2007 Analyse restreinte aux riverains de zones agricoles, non dément à l’inclusion et ayant eu au moins une évaluation neurocomportementale (n = 430) |
MMSE modifié
Dans un sous-échantillon : batterie SENAS avec des tests de mémoire sémantique verbale et non verbale, attention verbale, abstraction verbale, capacité visuo-perceptive Avis d’un neurologue ou neuropsychologue : cognition normale, limitée mais sans démence, démence (vasculaire ou Alzheimer) Analyse des causes de décès (135 patients) Mesure de différents marqueurs d’effet : IL6, TNFα, adiponectine, homocystéine, leptine... |
20 % ont travaillé en agriculture au
cours de leur vie
223 participants vivent à moins de 500 m d’une zone traitée par au moins un des 24 OP, dont 111 au-dessus de la médiane d’au moins l’un d’entre eux et 50 considérés comme très exposés avec un nombre moyen de 6 substances OP |
Système californien d’enregistrement
des pesticides
Utilisation d’un SIG pour expositions à l’adresse de résidence Calcul des expositions à 24 OP, jusqu’à 5 années avant l’inclusion (94 % résidaient à la même adresse) : quantité dans un rayon de 500 m autour de l’adresse Dichotomisation par rapport à la médiane pour chaque substance Décompte du nombre de pesticides au-dessus de la médiane dans la zone de résidence. Même décompte pour les pesticides non OP. |
Âge, sexe, diabète, métier agricole ou
non, niveau d’études, résidence urbaine ou rurale,
IMC
|
Déclin au MMSE était associé avec la
résidence à proximité de zones fortement traitées
par des OP, de même que le temps de survenue de la
démence (n = 41) et le décès
Niveaux d’exposition aux OP associés à un biomarqueur métabolique (adiponectine), mais pas aux marqueurs de l’inflammation |
|
* : deux articles publiés dans des revues différentes mais qui rapportent des résultats similaires ; AChE : acétylcholinestérase ; ALAT : alanine aminotransférase ; ASAT : aspartate aminotransférase ; β-HCH : isomère β du héxachlorocyclohexane ; BuChE : butyrylcholinestérase ; C : Carbamates ; CAPS : clinician-administered post-traumatic stress disorder scale ; DSM-IV : diagnostic and statistical manual of mental disorders, 4th edition ; DSST : digit symbol substitution test ; EPI : équipement de protection individuel ; IMC : Indice de masse corporelle ; MMSE : Mini-Mental State Examination ; NHANES : National Health and Nutrition Examination Survey ; OC : organochloré ; OP : organophosphoré ; Pyr : Pyréthrinoïdes ; SENAS : Spanish English Neuropsychological Assessment Scales ; SIG : système d’information géographique ; SLA : sclérose latérale amyotrophique ; TCPγ : 3,5,6-trichloro-2-pyridinol, métabolite chlorpyrifos et du chlorpyrifos-méthyl. Les intervalles de confiance donnés entre parenthèses sont les intervalles de 95 %, sauf si indiqué différemment
Références
•
→ Aller vers SYNTHESE