2021


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Communications

Conséquences sanitaires
des expositions aux retombées
nucléaires dans l’environnement

Roland Masse
Académie des technologies
Les retombées d’explosions nucléaires mettent l’Homme en contact avec différents radionucléides résultant de la fission de l’uranium et du plutonium. Ces produits de fission provoquent une exposition externe qui est de courte durée au moment du passage aérien du panache et de longue durée après leur dépôt au sol. Ils peuvent en outre être inhalés et ingérés, la voie de transfert transcutané restant toujours minoritaire dans le cas des contaminations environnementales. L’importance relative des voies aériennes et digestive varie en fonction des radionucléides mais dès que leur période est suffisamment longue la voie digestive est largement prépondérante. La remise en suspension des retombées et l’impact possible par voie d’inhalation est à considérer dans le cas des radionucléides insolubles, en particulier émetteurs alpha, néanmoins les taux de remise en suspension se sont révélés toujours très faibles en Polynésie (CEA, 2007renvoi vers) et n’ont pas constitué un facteur de risque significatif dans les zones de tir du Kazakhstan (Semioshkina et coll., 2006renvoi vers).

Principaux produits de fission issus des essais nucléaires

Les produits de fission sont multiples ; ils couvrent une grande partie du tableau de Mendeleïev, mais seuls quelques-uns présentent un intérêt pour l’évaluation des risques sanitaires. L’impact des autres est négligeable, soit que leur abondance relative soit trop faible, soit qu’ils aient des périodes physiques trop courtes pour que leurs retombées aient un impact mesurable ; leur contribution se limite alors à l’exposition externe provoquée par le passage du panache.
Parmi les produits de fission importants, l’impact de l’iode-131 est toujours déterminant dans les retombées précoces ; pour ce radionucléide, la voie d’inhalation contribue significativement à l’exposition à côté de celle de la chaîne alimentaire qui devient très majoritaire pour l’enfant quand la chaîne de distribution du lait n’est pas maîtrisée.
Dans le cas des retombées plus tardives, les radionucléides les plus significatifs pour l’évaluation du risque varient avec la nature du tir et le délai entre l’explosion et les retombées. Dans le cas de la Polynésie française (CEA, 2011renvoi vers), ils sont présentés dans le tableau Irenvoi vers pour les îles Tuamotu et Gambier, avec leur importance relative dans l’ensemble de la radioactivité totale de l’air retrouvée sur les filtres.

Tableau I Importance relative des radionucléides les plus significatifs pour l’évaluation du risque (ensemble de la radioactivité totale de l’air retrouvée sur les filtres ; îles Tuamotu et Gambier, Polynésie française)

65Zn
137Cs
106Ru
60Co
90Sr
95Zr
43 %
26,6 %
15,4 %
6,7 %
6,3 %
2,0 %
Les mêmes produits de fission sont également présents dans les autres atolls mais en proportion légèrement différente.
Ce sont les mêmes produits de fission qui sont retrouvés dans les constituants de la chaîne alimentaire terrestre. Pour les produits de la mer, d’autres radionucléides deviennent importants en raison de phénomènes de bioconcentration dans les poissons et mollusques, en particulier césium-144, cobalt-57 et cobalt-58, ruthénium-103.
Ce spectre des radionucléides est un peu différent de celui de l’accident de Tchernobyl où les iodes et les césiums sont à l’origine des doses délivrées aux populations. Néanmoins, de nombreux autres radionucléides y sont détectables, dont des isotopes du strontium, du plutonium et des transuraniens qui ne contribuent que très marginalement aux doses délivrées (UNSCEAR, 2008renvoi vers).

Toxicologie des radionucléides et estimation des doses d’exposition

On ne dispose que de peu d’évaluations toxicologiques directes des radionucléides chez l’Homme, en dehors de l’uranium chez les ouvriers métallurgistes, du radon chez les mineurs d’uranium, du radium-226 chez les miniaturistes de cadrans lumineux et également, en milieu médical, du radium-224 chez les patients traités pour spondylarthrite et du thorium chez les patients traités au thorotrast, un produit de contraste radiologique qui n’est plus en usage.
Ces données permettent cependant, en matière de contamination interne alpha, de tester la cohérence du système de calcul de doses retenu à partir des mesures individuelles d’activité incorporée (Harrison et coll., 2003renvoi vers). Le taux de cancers observés dans les populations concernées n’est pas incompatible avec celui qu’on attendrait d’une exposition homogène du corps entier aux mêmes doses dues aux expositions de rayonnements pénétrants comme celles délivrées à Hiroshima et Nagasaki.
De même, dans le cas des contaminations internes à l’iode-131 la comparaison avec les données acquises après irradiation externe pour raisons médicales confirment la cohérence de l’approche dosimétrique en matière d’induction de cancers de la thyroïde (Veiga et coll., 2016renvoi vers).
Le calcul de dose après contamination paraît ainsi l’indicateur d’exposition-effet clé pour l’évaluation des conséquences sanitaires : « un rad reste un rad qu’il soit délivré par voie externe ou par voie interne » rappelle Newell Stannard (Stannard, 1988renvoi vers). Ceci met au second plan le problème de la toxicité chimique des contaminants. En fait, seuls les radionucléides à très longue vie comme l’uranium naturel ou le technétium posent ce problème et, dans ce cas, la toxicité chimique de l’élément domine souvent la radiotoxicité. Ce n’est pas le cas du plutonium, souvent considéré comme affecté d’une forte toxicité chimique alors que c’est pour l’isotope 242 de période physique de 376 000 ans qu’une toxicité chimique s’exprime, mesurable par la production d’un stress oxydant (Métivier, 2010renvoi vers). La toxicité chimique du plutonium-239, de période inférieure de plus d’un ordre de grandeur, est entièrement masquée par sa radiotoxicité. Plus généralement pour la très grande majorité des produits de fission, les quantités pondérales capables d’atteindre l’Homme sont de l’ordre de grandeur du nanogramme, bien au-dessous des quantités où pourrait s’exprimer une toxicité chimique1 . C’est en particulier vrai pour le césium-137 pour lequel une charge corporelle de quelques centaines de Bq correspond à des masses pondérales d’une fraction de nanogramme, diluées dans les 10 μg de césium stable du corps humain. Il est hautement improbable que ces quantités puissent avoir un effet toxique particulier sur le muscle cardiaque comme cela fut revendiqué (Bandazhevsky et Bandazhevskaya, 2003renvoi vers) et c’est ce que confirme l’observation épidémiologique (Jourdain et coll., 2018renvoi vers).
L’évaluation de la dose délivrée par les contaminations internes des populations est cependant loin d’être une démarche simple. Dans le cas des retombées environnementales de produits de fission, on ne dispose pas de mesures anthroporadiamétriques, ou de mesures d’excreta suffisantes, et des scénarios d’exposition sont nécessaires pour passer de la concentration dans l’air, l’eau et la chaîne alimentaire aux valeurs d’incorporation. C’est une première source d’incertitudes. Pour les retombées des explosions nucléaires aériennes sur la Polynésie française, ces scénarios ont fait l’objet d’un audit international (IAEA, 2010renvoi vers).
Le calcul de dose fait lui-même l’objet de réévaluations constantes par la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) depuis 1959. Les dernières modifications font l’objet de la publication 137 de la CIPR (ICRP, 2017renvoi vers) pour le milieu professionnel. Dans cette approche sont rassemblées les données expérimentales et épidémiologiques disponibles sur le comportement biologique des radionucléides inhalés ou ingérés ou transférés par passage cutané. L’ensemble est modélisé pour décrire, sous forme de modèles simples, le transfert vers les organes, les temps de rétention et les voies d’excrétion. Les valeurs retenues sont traduites en termes de doses efficaces exprimées en Sv par Bq inhalé ou ingéré. L’influence de l’âge doit être prise en compte (ICRP, 1995renvoi vers), incluant le passage de la mère au fœtus (ICRP, 2001renvoi vers).
La complexité de la démarche de ce calcul de dose impose le recours à des simplifications : la taille, le volume et le poids des organes sont définis chez l’homme standard (ICRP, 1975renvoi vers). Différents paramètres de biocinétique ne sont pas personnalisés mais résultent de modèles, comme le modèle pulmonaire prenant en compte des classes de solubilité et de tailles de particules (ICRP, 1994renvoi vers). Enfin, l’évaluation de la dose efficace est obtenue à partir de la somme des doses absorbées dans chaque tissu et organe, pondérées par un facteur simplifié, identifiant la part du risque que représentent chaque organe et tissu dans le risque génétique et cancérigène total d’une exposition homogène du corps entier à la même dose (ICRP, 2007renvoi vers).
Il est bien évident que ces approximations faites pour les besoins de la radioprotection du public et des travailleurs mutualisent des valeurs individuelles qui peuvent différer nettement de celle de l’homme standard. Elles sont entachées d’incertitudes qui peuvent être réduites lorsqu’on dispose des données biocinétiques individuelles, comme le recommandent les publications de la CIPR. Néanmoins, à l’échelle individuelle, une marge d’erreur peut encore être importante. Il a pu être établi que la répartition des doses internes dues à la contamination par le strontium environnemental pouvait être décrite par une relation log normale avec un écart-type géométrique de 2 à 2,5 (UNSCEAR, 2017renvoi vers). En matière d’évaluation du risque, le logiciel NIH-IREP2 couramment utilisé dans le monde anglo-saxon pour la caractérisation du risque individuel de cancer attribuable, utilise le concept de « credibility limits » pour couvrir au mieux les biais et les sources diverses d’incertitude : la prise en compte du 99e centile des valeurs possibles, diffère parfois d’un ordre de grandeur des valeurs moyennes au 50e centile.
Ainsi, les risques sanitaires d’une exposition à un mélange de produits de fission pour une population peuvent être évalués à partir de la dose correspondant à l’exposition interne et externe mais il peut y avoir doute sur l’importance de l’incertitude qui lui est associée. Les possibilités de validation de l’approche dosimétrique pour un ensemble de populations exposées aux retombées des produits de fission sont limitées. Plusieurs sources cependant peuvent y contribuer par les données du suivi à long terme : des survivants de Nagasaki, des résidents de la vallée de la Techa et de ceux de la région de Semipalatinsk, comme ceux des résidents affectés par l’accident de Tchernobyl bien que le temps écoulé depuis l’accident soit plus court.

Évaluation des conséquences sanitaires des populations exposées à différentes sources de rayonnements ionisants

Cancers

Survivants de Nagasaki

Les enseignements de Nagasaki (Yokota et coll., 2018renvoi vers) sont importants car ils témoignent directement des conséquences possibles des retombées de la bombe avec ou sans contribution de l’exposition externe. Dans l’étude de Yokota et coll. (2018renvoi vers), ont été comparés pour des résidents de moins de 30 ans au moment du bombardement : un groupe non exposé de 1 443 sujets, un groupe exposé aux retombées seules (pas d’exposition au flash) de 610 sujets dont la dose est estimée entre 170 et 350 mSv, un groupe exposé au flash à proximité de l’hypocentre de 2 180 sujets dont la dose est entre 3,0 et 273,1 mSv et un groupe exposé au flash à distance de l’hypocentre de 1 014 sujets pour lesquels la dose se situe entre 1,9 et 20,9 mSv. Un excès de nodules thyroïdiens a été observé dans le groupe exposé aux retombées seules, mais seul le groupe exposé au flash à proximité de l’hypocentre montre un excès significatif (p : 0,02) de cancers fatals par rapport au groupe témoin. Bien que la puissance de l’étude soit faible, elle permet d’éliminer un rôle majeur de la contamination non prise en compte dans le calcul de dose pour l’induction des cancers. Cette donnée est confirmée par l’étude des conséquences des retombées de la pluie noire sur Hiroshima et Nagasaki (Sakata et coll., 2014renvoi vers).

Résidents de la vallée de la Techa

L’épidémiologie des résidents de la vallée de la Techa contaminés par le rejet à la rivière locale de 100 PBq de produits de fission de 1949 à 1952 auxquels se sont ajoutés 70 PBq lors de l’accident de Kysthym en 1957, a fait l’objet d’un effort significatif de caractérisation des expositions (UNSCEAR, 2017renvoi vers).
Un spectre représentatif des rejets est rapporté dans le tableau IIrenvoi vers pour les expositions les plus anciennes (Burmistrov et coll., 2000renvoi vers). Pour les périodes ultérieures, le strontium-90 devient progressivement le marqueur environnemental prépondérant.

Tableau II Distribution des radionucléides dans les rejets dans la Techa de 1949 à 1952

89Sr
90Sr
137Cs
95Zr
103-106Ru
144Ce +TR
8,8 %
11,6 %
12,2 %
13,6 %
25,9 %
26,8 %

TR : Terres Rares.

Il en résulte une exposition hétérogène due à la fixation dans l’os des éléments ostéotropes : strontium, cérium et autres Terres Rares (TR), et également zirconium, qui irradient plus spécifiquement les préostéoblastes (à l’origine d’ostéosarcomes) et la moelle osseuse (à l’origine des hémopathies malignes). Le césium contribue quant à lui à une exposition homogène, tandis que le ruthénium et les phases insolubles des précédents exposent essentiellement le tube digestif et les tissus voisins.
La reconstruction dosimétrique des expositions a fait l’objet d’une revue détaillée en 2009 (UNSCEAR, 2017renvoi vers). Après la révision de la dose externe et de la modélisation propre à chaque voie de contamination, les données ont été confrontées avec les mesures anthroporadiamétriques (celles de milliers de données d’autopsies donnant accès à la charge osseuse en différents contaminants, celles de milliers de mesures par résonance paramagnétique électronique sur l’émail dentaire permettant une approche directe de la dose, et celles de résultats de dosimétrie biologique à partir des mesures des mutations chromosomiques stables [FISH]).
Avec ces données, mais avec une marge d’incertitude qui reste élevée, l’excès de risque relatif (ERR) pour les cancers solides (2 % de cancers attribuables) chez les 29 730 sujets retenus dans l’étude des résidents de la vallée de la Techa (UNSCEAR, 2017renvoi vers) se situe à 0,061 par 100 mSv en mortalité et 0,077 par 100 mSv en incidence corrigée pour le tabagisme. Ces valeurs pour l’ensemble de la population sont compatibles avec celles de l’ERR de mortalité par cancer de 0,47/Sv chez les survivants d’Hiroshima et Nagasaki exposés à l’âge de plus de 30 ans atteignant 70 ans (Preston et coll., 2003renvoi vers) et celles d’incidence, évaluée à 0,64/Sv chez les femmes et 0,20/Sv chez les hommes (Grant et coll., 2017renvoi vers).
L’évaluation de risque se fonde sur la dose moyenne de 0,035 Gy à l’estomac censée représenter la dose moyenne significative pour l’induction tumorale dans les tissus (UNSCEAR, 2017renvoi vers). Cette moyenne cependant masque une importante hétérogénéité de répartition tissulaire (Degteva et coll., 2000renvoi vers) que l’on ne peut relier à l’excès de cancers par site par manque de puissance de l’étude. Les cancers les plus fréquents sont chez l’homme ceux du poumon, de l’estomac et de l’œsophage et chez la femme de l’utérus (corps et col), de l’estomac et du sein. L’ensemble des cancers croît avec l’exposition mais seuls les cancers de l’œsophage et de l’utérus répondent à une relation dose-effet (UNSCEAR, 2017renvoi vers).
La fixation du strontium et des éléments ostéotropes dans l’os, et le surcroît de dose délivré au côlon par les radionucléides insolubles, conduisent respectivement à un excès d’ostéosarcomes et de cancers du côlon, excès non prévisible à partir de l’expression de dose moyenne à l’estomac. Néanmoins l’exclusion de ces tumeurs ne modifie pas de manière significative la valeur de l’ERR exprimée en fonction de la dose moyenne (UNSCEAR, 2017renvoi vers).
L’expression de la dose moyenne ne permet pas non plus de caractériser le risque de leucémies. La dose significative est la dose moyenne à la moelle de 0,42 Gy. Elle conduit à un excès de 47 % de cas attribuables parmi les 72 leucémies hors leucémies lymphoïdes chroniques et à un ERR de 0,22/100 mGy sous l’hypothèse de linéarité. Bien que le nombre de cas recensés dans les tranches d’âge jeunes soit faible, l’intervalle de confiance laisse la valeur compatible avec un ERR de 0,79/Gy (Hsu et coll., 2013renvoi vers) pour l’incidence de leucémies chez les survivants d’Hiroshima et Nagasaki (âgés de plus de 30 ans au moment de l’explosion et atteignant l’âge de 70 ans).
En résumé, l’épidémiologie du groupe de la Techa ne remet pas en cause l’évaluation du risque global de cancer à partir des doses moyennes délivrées par la contamination interne : la dose moyenne reste un indicateur approprié du risque de cancer. Il n’y a pas d’effet délétère spécifique à la contamination en dehors des incertitudes propres à la variabilité individuelle affectant l’accumulation et la répartition des doses aux organes. Contrairement aux données des survivants d’Hiroshima et Nagasaki où l’ERR pour les cancers diminue avec le temps passé depuis l’exposition, les valeurs d’ERR semblent croître avec le temps chez les résidents riverains de la Techa. Cet effet pourrait être attribuable à la chronicité de l’exposition. Il n’apparaît pas cependant que cette chronicité nécessite la prise en compte d’un facteur d’atténuation dû au faible débit de dose pour caractériser le risque de cancer.
Le niveau de dose moyen de 0,42 Gy à la moelle est élevé et laisse présager des effets de perturbation homéostasique chronique des différentes lignées médullaires. Dans quelle mesure cette altération modifie la réponse générale à la radio-induction de cancers est une question qui mérite d’être posée. Cependant, les données de mortalité par cancers d’une cohorte constituée dans une région voisine après l’accident de Kyshtym, cohorte exposée essentiellement aux ostéotropes cérium-144 et strontium-90, ayant accumulé une dose moyenne à l’estomac de 28 mGy et 78 mGy à la moelle osseuse, fournit une valeur très comparable d’ERR (0,057/100 mSv) malgré une exposition moyenne nettement plus faible que la cohorte de la Techa. Ceci sous l’hypothèse de linéarité, mais la relation dose-effet dans cette cohorte est bien décrite par une fonction quadratique ce qui atténue l’ERR à 100 mGy à 0,013 (Akleyev et coll., 2017renvoi vers).
On ne dispose pas de données précises permettant de caractériser l’influence de l’âge pour la radiosensibilité à l’exposition interne. Une valeur élevée d’ERR pour les cancers a cependant été obtenue pour l’exposition postnatale de jeunes résidents dans le cadre d’étude de l’exposition in utero (Krestinina et coll., 2017renvoi vers). Toutefois, aucun effet n’a pu être attribué à l’exposition du fœtus à une dose moyenne de 4 mGy aux tissus et de 30 mGy à la moelle. La sensibilité du fœtus est également faible dans les cas des survivants d’Hiroshima (Preston et coll., 2008renvoi vers). L’exposition in utero est cependant associée à un excès d’hémopathies malignes au-dessus de 80 mGy dans une cohorte mixte de résidents de la Techa et d’enfants des travailleurs de Mayak (Schüz et coll., 2017renvoi vers).

Résidents de Semipalatinsk

Moins de données validées (UNSCEAR, 2017renvoi vers) sont disponibles concernant le site de Semipalatinsk, au Kazakhstan, où 18 000 km2 furent contaminés de 1949 à 1962 par 111 essais nucléaires dans l’atmosphère. La reconstruction dosimétrique suit un protocole assez comparable à celui conduit pour la Techa (Stepanenko et coll., 2006renvoi vers) et les résultats sont encore incomplets (Grosche et coll., 2015renvoi vers). Le niveau d’exposition externe moyen est élevé, de l’ordre de 500 mGy dans le village de Dolon, auxquels s’ajoutent les conséquences d’exposition aux iodes, césium, strontium ; la part des transuraniens est très faible, celle de l’uranium est plus élevée (Stepanenko et coll., 2006renvoi vers). Les premières synthèses en matière de radio-cancérogenèse (Bauer et coll., 2005renvoi vers) chez 19 145 résidents, suivis de 1960 à 1999, faisaient état d’une augmentation de cancers caractérisée par un ERR de 0,81 par Sv. Les cancers du poumon, de l’estomac et du sein et de l’œsophage chez la femme apparaissaient les plus dose-dépendants. Des corrélations écologiques mettaient également en évidence une augmentation de tous les cancers, dont les leucémies et cancers du cerveau, chez les enfants résidents les plus proches du site par rapport aux résidents plus éloignés (Zaridze et coll., 1994renvoi vers). Dans les études plus récentes (Land et coll., 2008renvoi vers), la reconstruction dosimétrique a été appliquée à l’évaluation de la cancérogénicité des retombées sur la thyroïde des résidents âgés de moins de 20 ans au moment des essais. Les doses externes variaient entre 0 et 0,65 Gy et les doses internes (iode-131 : 91 %, iode-133 : 9 %) de 0 à 9,6 Gy. L’EOR (Excess Odd Ratio) a été évalué à 0,74 par Gy pour les deux sexes réunis, ce qui est faible mais compatible avec les données observées dans les groupes exposés aux rayonnements ionisants selon d’autres modalités (UNSCEAR, 2008renvoi vers ; Veiga et coll., 2016renvoi vers). L’étude suggère en outre qu’irradiation externe et interne agissent indépendamment et que l’efficacité biologique de l’irradiation interne était de 0,33 fois celle de l’irradiation externe.

Résidents proches de Tchernobyl

L’accident de Tchernobyl a contaminé de larges territoires et a eu pour conséquence rapide une augmentation des cancers de la thyroïde chez les résidents exposés aux retombées avant 18 ans. Au total en 2016, plus de 11 000 cancers de la thyroïde ont été observés3 dans les groupes les plus exposés. Toutefois seule une fraction de ces cancers est désormais considérée imputable à l’irradiation subie dans une population maintenant adulte, alors que le bilan 2008, incluant 6 848 cas, était en grande partie imputable à l’exposition (UNSCEAR, 2008renvoi vers). Les valeurs d’ERR/Gy varient notablement selon les auteurs et les groupes témoins utilisés mais restent compatibles avec celles de l’exposition externe. Les valeurs d’EAR (Excess Absolute Risk) sont beaucoup plus stables et se situent au-dessous de celles déduites de l’exposition médicale (UNSCEAR, 2008renvoi vers). En dehors des cancers de la thyroïde chez le jeune, il n’existe pas actuellement de données validées établissant un excès de cancers attribuables aux retombées de l’accident de Tchernobyl dans les populations exposées.

Effets autres que le cancer

Le risque de transmission héréditaire d’affections radio-induites n’est pas établi chez l’homme (UNSCEAR, 2001renvoi vers). Cette observation a été étendue à l’absence de mise en évidence de transmission des maladies polygéniques multifactorielles usuelles chez les enfants de survivants d’Hiroshima et Nagasaki (Tatsukawa et coll., 2013renvoi vers).
La possibilité de transmission héréditaire en F1 de mutations des minisatellites a été cependant retenue chez les enfants de Tchernobyl, de la vallée de la Techa et de Semipalatinsk. La reproductibilité de ces observations est cependant faible (Bouffler et coll., 2006renvoi vers), ce pourrait néanmoins être un marqueur inconstant de la contamination radioactive des populations bien qu’il ne soit pas avéré en F2 à Semipalatinsk (Dubrova et coll., 2002renvoi vers). Les conséquences sanitaires de la transmission héréditaire de ces mutations ne sont pas connues.
Il n’apparaît pas que le niveau de contamination interne ait été associé chez l’homme à un excès de malformations congénitales, ni chez les résidents de Tchernobyl (WHO, 2006renvoi vers) ni chez les enfants exposés dans la vallée de la Techa (Kossenko et coll., 1994renvoi vers ; Akleyev et coll., 2017renvoi vers). En particulier, les effets sur le système nerveux central observés à dose relativement faible chez les survivants d’Hiroshima ne sont pas retrouvés dans le cas des contaminations internes même si certains déficits cognitifs ont été rapportés chez les enfants de Tchernobyl et chez les enfants norvégiens fortement exposés aux retombées (Verreet et coll., 2016renvoi vers).
La prise en compte des effets non ciblés de l’irradiation (Kadhim et coll., 2013renvoi vers) explique le caractère récurrent d’excès de maladies cardiovasculaires dans différentes populations exposées aux rayonnements ionisants (Little et coll., 2012renvoi vers), notamment par une action spécifique auto entretenue de production de stress oxydant dans les cellules endothéliales (Kadhim et coll., 2013renvoi vers). Cet excès est présent chez les liquidateurs (Little et coll., 2012renvoi vers) mais non établi dans les populations de Tchernobyl exposées à plus faibles doses. Aux expositions plus élevées chez les résidents de la Techa (35 mGy au muscle en moyenne) correspond une augmentation dose-dépendante de la mortalité cardiovasculaire après un délai de 15 ans (Krestinina et coll., 2013renvoi vers), alors que cet excès n’est pas apparent chez les résidents de l’est Oural affectés par l’accident de Kyshtym (Akleyev et coll., 2017renvoi vers) ni chez ceux de Semipalatinsk (Grosche et coll., 2011renvoi vers). Il se peut que l’excès de maladies cardiovasculaires soit plus influencé par l’irradiation homogène des tissus que par l’exposition hétérogène due à la contamination interne, comme cela a été observé chez les travailleurs de Mayak exposés au plutonium (Azizova et coll., 2010renvoi vers).
L’induction de cataractes à des niveaux de doses inférieurs au Gy chez les liquidateurs de Tchernobyl (Worgul et coll., 2007renvoi vers) a été l’un des arguments importants pour abaisser la limite annuelle de dose au cristallin à 150 mSv. Des observations pédiatriques d’opacités cristalliniennes sous-capsulaires localisées ont été faites chez quelques résidents de Tchernobyl (UNSCEAR, 2008renvoi vers), mais les niveaux de dose n’ont pu être précisés et la signification de ces observations est incertaine. Il n’a pas été observé d’induction de cataractes à faible débit de dose chez les résidents de la Techa pour les expositions inférieures à 0,3 Gy (Mikriyukova et Akleyev, 2017renvoi vers). Les observations faites dans les territoires contaminés ne se distinguent pas des autres sources d’information concernant l’induction de cataractes.
Le terme de « syndrome d’irradiation chronique » a été utilisé pour décrire des symptômes peu spécifiques affectant 940 résidents de la Techa exposés en général à plus d’1 Gy par an (Kossenko et coll., 1998renvoi vers). Il s’agissait de troubles de l’hématopoïèse associés à une défaillance immunitaire et, dans un certain nombre de cas, d’asthénie et de troubles neurologiques, cardiaques et gastriques. Il s’y ajoutait des signes plus spécifiques de l’exposition osseuse au strontium-90 : ostéalgie, troubles de l’ostéogenèse, et ostéomyélofibrose. Le nombre de victimes réelles de ce syndrome a fait l’objet de débats (Kossenko et coll., 1998renvoi vers). L’évolution des signes fonctionnels était réversible lorsque l’exposition diminuait au-dessous de valeurs seuils mais l’hypoplasie médullaire et les lésions du système nerveux persistaient durablement (Akleyev et coll., 2012renvoi vers). Cette pathologie est spécifique à la Techa, sans doute en raison des hauts niveaux d’exposition au strontium-90, au cerium-144 et au césium-137. On n’en retrouve pas trace dans la cohorte voisine affectée par l’accident de Kyshtym (Akleyev et coll., 2017renvoi vers) pour laquelle la morbidité et la mortalité générale ne se distinguent pas de celles de la population témoin. Une dégradation générale de l’état sanitaire a été observée dans les territoires affectés par l’accident de Tchernobyl. Ses causes ont été attribuées dans le rapport général de l’OMS de 2006 à une dégradation générale des conditions de vie, à la pauvreté, aux carences et aux pollutions diverses dont ont souffert les populations (WHO, 2006renvoi vers). L’absence de relation entre l’exposition aux produits de fission et les constatations sanitaires et les doses reçues élimine la possibilité d’une relation causale.

Problèmes particuliers propres à la contamination interne
et conclusion

Un débat a agité le monde de la radioprotection dans les années 1970 concernant le risque particulier que pourrait représenter l’inhalation de « particules chaudes » (Tamplin et Cochran, 1974renvoi vers). Le problème était de savoir si les doses délivrées aux seules fractions du tissu irradiées par des émissions peu pénétrantes, comme celles des émissions alpha, étaient des indicateurs fiables de risque de cancer. Cette hypothèse suggérait que le risque croissait avec l’hétérogénéité de la répartition de dose pour une même dose moyenne au tissu. En fait, les résultats expérimentaux ont été diamétralement opposés à cette proposition (Lafuma, 1978renvoi vers ; Charles et Harrison, 2007renvoi vers). Il reste néanmoins qu’un risque particulier de nécrose locale (peau, voies aériennes supérieures, tube digestif) peut être associé aux « particules chaudes » les plus radioactives libérées dans l’environnement (Charles et Harrison, 2007renvoi vers) ; toutefois, cette éventualité demeure exceptionnelle.
Finalement, la position des autorités de régulation du risque radioactif (ICRP, NCRP)4 a été de confirmer la robustesse de la démarche d’évaluation de la dose moyenne à l’organe, ou de différents tissus à risque qui le composent, comme les bronches, les bronchioles et l’interstitium dans le modèle pulmonaire et l’endoste et la moelle osseuse pour l’incorporation des ostéotropes. C’est une conclusion qui vaut pour l’ensemble des observations faites dans les territoires contaminés par les retombées des essais nucléaires.
Marginalement, le problème des expositions non uniformes pose la question de la signification de la dose à l’échelle des cibles biologiques. Exprimer la dose aux cellules et molécules à risque est une tendance rationnelle qui fait l’objet de la microdosimétrie mais il n’a pas encore été possible d’en déduire un indicateur fiable d’effets sanitaires in vivo. Ce constat doit être fait même lorsque que les rayonnements sont très peu pénétrants comme ceux des émetteurs Auger et bêta (IRSN, 2010renvoi vers). Soit qu’on manque de données soit que les effets non ciblés soient déterminants, la dose moyenne est le bon indicateur de risque. Il peut cependant être envisagé de pondérer l’efficacité d’un rayonnement peu pénétrant comme le rayonnement bêta du tritium lorsqu’une fraction importante de la charge contaminante est incorporée dans l’ADN (Müller, 2010renvoi vers). Cette question peut se poser pour quelques produits de fission comme le zinc 65 présent (en très faible quantité) dans l’ADN et émetteur de rayonnements Auger de faible parcours mais on manque de données pour en apprécier les conséquences.

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