Fêter une nouvelle année, c’est prendre le temps de regarder l’année précédente avec quelques distances pour mieux appréhender l’année à venir. Mais c’est tout d’abord remercier les centaines de nos collègues francophones qui soutiennent cette aventure qu’est le maintien d’un espace d’expression francophone biomédical de haut niveau, par leurs contributions, allant des frontières de la biologie, de la biophysique et de la biologie des systèmes et de leurs modélisations jusqu’aux sciences humaines et sociales. Merci également à nos experts relecteurs, merci à leur fidélité, à leur capacité à veiller à l’exactitude scientifique et au didactisme des textes soumis.
Fêter une nouvelle année, c’est aussi saluer le comité éditorial de la revue pour son investissement, toujours renouvelé et bien souvent contributif par des textes éclairants, que ce soit au travers de forums, revues et commentaires qu’au travers des passionnantes chroniques génomiques de Bertrand Jordan ou des textes remarquables de nos « jeunes pousses » de la série Partenariat médecine/sciences – Écoles doctorales – Masters, formidablement organisée, coordonnée et animée par Laure Coulombel. Ce partenariat, qui s’inscrit dans la durée, a permis à la revue de nouer des liens solides avec des universités parisiennes, l’université Pierre et Marie Curie (Sorbonne Université), l’université Paris – Saclay, ainsi qu’avec l’université Lyon 1. Il vient de plus de s’enrichir d’une collaboration très importante avec l’Association Médecine/Pharmacie Sciences (AMPS), qui rassemble 200 à 300 étudiant(e)s des double cursus médecine-sciences et pharmacie-sciences, parmi lesquel(le)s, j’en suis certain, se trouvent de futur(e)s étoiles de la recherche biomédicale de notre pays. médecine/sciences poursuivra par ailleurs son soutien aux journées de l’école doctorale biologie-santé de l’université de Lille, soutien qui récompense la meilleure présentation de ces journées en ouvrant ses colonnes à l’écriture d’une Synthèse par le/la lauréat(e).
Bravo enfin à tous nos éditorialistes de l’année 2017 qui ont, toujours avec brio, présenté les défis auxquels la médecine et la recherche biomédicale sont confrontées : la vaccination en péril, l’écoute de la voie différente des patients, l’intégrité scientifique, la maltraitance des enfants, la place des chercheuses dans le monde de la recherche biomédicale…, pour ne citer que quelques-uns d’entre eux. Que soient ici remerciés tous ces lanceuses et lanceurs d’alerte éditoriale qui nous rappellent qu’il n’y a jamais d’évidence, que rien n’est jamais acquis, même au pays de Louis Pasteur et Claude Bernard, qui nous indiquent que comprendre, expliquer et agir sont un droit et une nécessité, tout en nous créant des obligations éthiques toujours plus importantes. Remercions également le SPEPS (Syndicat de la presse et de l’édition des professionnels de santé) qui a récompensé pour la troisième année consécutive l’un de nos Éditoriaux publié en 2016 d’Arnold Munnich, un texte brillant sur la compréhension de la génétique moléculaire par l’opinion, souvent limitée par notre propre incapacité à bien nommer les choses ou plutôt, comme l’écrit celui-ci, notre capacité à « mal nommer les choses » [1].
L’année 2017 a vu également la cristallisation de ce mouvement sourd et inquiétant de remise en cause de la parole scientifique. Ne nous y trompons pas, derrière l’opprobre politicien surréaliste jeté sur les scientifiques, se cache la vieille idée que, finalement, il ne sert à rien ou à pas grand-chose d’étudier notre monde physique, chimique et vivant. La marche pour les sciences, courageusement lancée par nos collègues scientifiques américains, dont notre revue s’est faite l’écho, a réaffirmé que « la science est un processus et non un produit, un outil de découverte qui nous permet d’approfondir et d’affiner sans cesse notre connaissance de l’Univers ». C’est aussi pour cela que médecine/sciences existe, pour nous rappeler que, face à ces dénis et ces fausses affirmations, pour ce que sont les sciences, pour ce que sont nos métiers, nous nous devons du bon usage du scepticisme à leur égard, comme l’a si bien rappelé Marie Gaille, dans son récent et très bel Éditorial [2].
L’année passée fût également pour médecine/sciences la production de deux numéros thématiques : l’un sur les « matériaux pour la médecine de demain », où un voyage au pays des textiles qui soignent et des impressions 3D en médecine régénératrice et ingénierie tissulaire vous a été proposé ; l’autre sur « l’autophagie », le repas endogène des cellules, une « grande bouffe » où leur survie est en jeu. Un nouveau numéro hors-série « Les cahiers de myologie », a été également publié, témoignage de l’importance que notre revue attache à la compréhension de pathologies complexes et à leurs traitements. 2017, année de découvertes qui ont fait reculer les frontières de nos connaissances, saluées dans médecine/ sciences par la publication d’excellentes nouvelles, comme celle portant sur la face cachée du poumon producteur de plaquettes et réserve de progéniteurs sanguins, et de synthèses remarquables, comme celles portant sur la prééclampsie, une maladie sévère de la grossesse, sur la revalidation (réhabilitation ou réadaptation) physique par entraînement cognitif grâce à la réalité virtuelle, sur le don de cytoplasme et les mutations de l’ADN mitochondrial, sur des prédateurs bactériens hors du commun, capables de tuer leurs congénères Gram négatif, sur l’implication de rétrovirus endogènes humains dans la schizophrénie, sur l’impact du chômage sur la santé… pour ne pas être exhaustif ! Autant de sujets passionnants et divers, allant de la virologie à la neurologie, de l’épidémiologie à la santé au travail.
Mais pourquoi citer autant le contenu de médecine/sciences, vous direz-vous ? Outre le fait que c’est une manière de remercier les milliers de lectrices et lecteurs qui nous font l’honneur de lire et parcourir notre revue (avec une moyenne mensuelle de téléchargements des articles entiers – « full-text » - de 72 045) et de les inciter à explorer plus encore nos sommaires, c’est également pour annoncer que médecine/sciences, la revue de l’Inserm publiée par EDP Sciences, est désormais accessible en open access à tous nos lectrices et tous nos lecteurs dès sa mise en ligne, dans sa quasi intégralité. Tous les articles dont l’auteur de correspondance est rattaché à des institutions françaises ayant adhéré à l’accord national signé entre EDP Sciences et le consortium national pour le monde académique, Couperin (Consortium unifié des établissements universitaires et de recherche pour l’accès aux publications numériques)1 (https://www.edpsciences.org/fr/national-open-access-deal-in-france) seront désormais en open access, ce qui contribuera, du moins peut-on l’espérer, à la diffusion rapide dans le monde francophone des dernières découvertes biomédicales, ainsi que des discussions et débats que suscitent ces avancées. Mais nos lectrices et lecteurs pourront évidemment continuer à s’abonner pour recevoir cette élégante revue qu’est médecine/sciences, appréciant ainsi, qui dans un train ou un métro, qui dans un avion ou à son bureau et pourquoi pas chez elle/lui, la qualité de ses textes et de son iconographie, souvent utile aux enseignants-chercheurs qui nous lisent, aux étudiants à la recherche de regards synthétiques, voire esthétiques, sur des voies de signalisation, des interactions cellulaires et moléculaires ou d’imagerie de qualité. Et pour cette nouvelle année ? Outre la découverte renouvelée des tweets de médecine/sciences (https://twitter.com/ms_MedSci), nos lectrices et lecteurs pourront lire en 2018 d’excitantes nouvelles et synthèses, de passionnants forums, repères, et chroniques génomiques, tout en se délectant des contributions de nos « jeunes pousses ». En préparation également, un numéro thématique sur la e-médecine, qui présentera et discutera les bouleversements qu’introduit l’utilisation des objets connectés et de l’intelligence artificielle dans les pratiques médicales et l’offre de soins et dans la redéfinition des métiers de la santé au premier rang desquels le métier de médecin. médecine/sciences poursuivra également ses efforts pour le développement d’un site web encore plus attrayant, avec en particulier la mise en ligne d’une série d’interviews de scientifiques et médecins, et, après avoir complété son comité éditorial en 2017, va se doter d’un cercle de correspondants scientifiques à l’étranger pour être toujours plus près des découvertes biomédicales et des innovations technologiques. 2018, c’est en particulier la révision de la loi de bioéthique du 11 juillet 2011, révision où seront débattus des sujets aussi complexes que les recherches sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires, l’édition du génome humain, rendue possible grâce notamment à la technique CRISPR-Cas9, les techniques d’assistance médicale à la procréation et leur utilisation sociétale, les dons d’organes et les implants tissulaires, mais aussi l’utilisation des neurosciences et de l’imagerie cérébrale pour mieux connaître le fonctionnement cérébral. Questions complexes que notre revue abordera dans les mois à venir. 2018 sera probablement également l’année de toutes les gloires et de tous les dangers pour les biothérapies, dont les efficacités cliniques ont redonné espoir à nombre de patients, notamment en oncologie, avec la confirmation d’une efficacité à long terme des anticorps anti-points de contrôle de la réponse immune pour un nombre significatif mais encore restreint d’entre eux, et avec l’utilisation remarquablement efficace des fameux CAR-T, ces lymphocytes T au ciblage redirigé, dans diverses pathologies tumorales hématopoïétiques. Dangers car leurs coûts représentent de formidables défis à relever et à penser pour les chercheurs en bio-économie pour une prise en charge adéquate de ces nouvelles thérapies par les assurances maladies à travers le monde, qu’elles soient publiques ou privées. Dangers, car leur efficacité et leur toxicité restent des points d’interrogations importants dans de nombreux cas. médecine/ sciences s’efforcera don d’apporter des regards lucides et pertinents sur ces sujets brûlants. Enfin, et heureusement, souhaitons que 2018 soit une année pour la recherche et ses actrices et acteurs, celle mêlant intelligence et hasard, haute technologie et artisanat, analyse de données en masse et exploration de modèles expérimentaux parfois si simples que l’on se demande comment nous-même n’y avions-nous pas pensé ! Souhaitons que 2018 soit une année de grandes découvertes, fondamentales ou translationnelles, une année où l’intersection de disciplines aussi variées que la microbiologie, l’immunologie, la neurologie, l’étude du métabolisme et des sources énergétiques de nos cellules, normales ou pathologiques, conduira à un regard nouveau sur notre monde vivant.
Une très bonne année donc à nos auteurs et lecteurs, ainsi qu’aux membres de l’équipe de médecine/sciences, son rédacteur en chef adjoint, Thierry Jouault, son adjointe à la rédaction Annie Molla, venus de laboratoires de l’Inserm et responsables de l’élaboration des Synthèses et des Nouvelles, au prix d’un travail méticuleux et passionné, son secrétaire général de rédaction, François Flori, qui, au sein d’EDP Sciences, assure avec un professionnalisme admirable la sortie de chaque numéro, exercice de haute voltige, parfaitement maîtrisé, tout en contribuant également à son contenu. Que soient ici remerciés également Suzy Mouchet, pont essentiel entre la revue et l’Inserm, ainsi que Martine Krief, directrice éditoriale et Jean-Marc Quilbé, directeur des Éditions EDP Sciences, indispensables soutiens éditoriaux de notre revue. Enfin, merci à Laure Coulombel et à Hervé Chneiweiss qui continuent à s’investir en tant que conseillers scientifiques de la revue, pour leur regard éclairé et éclairant sur le développement de médecine/sciences.