II. Approches par pathologies
2019
| ANALYSE |
15-
Pathologies ostéo-articulaires
). L’ensemble des pathologies ostéo-articulaires arrive en seconde position des principales causes de handicap dans le monde. Le poids de ces pathologies est particulièrement important dans les pays à revenus élevés d’Asie, d’Europe Occidentale, d’Océanie et d’Amérique du Nord (Global Burden of Disease Study, 2016
).
). La prévalence globale des pathologies ostéo-articulaires dans la population française adulte était de 27,7 %. Les deux pathologies ostéo-articulaires présentant les prévalences les plus élevées étaient la lombalgie commune (12,5 %) et l’arthrose périphérique (12,3 %), devant les cervicalgies (6,8 %), les déformations rachidiennes (5,5 %), les rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC, 3,5 %) et l’ostéoporose (1,9 %) (Palazzo et coll., 2014
).
). Si l’on considère le nombre d’années de vie vécues avec handicap, les performances de la France la plaçaient au 3e rang pour la prise en charge de l’arthrose périphérique, au 5e rang pour celle des cervicalgies, mais seulement au 13e rang pour celles de la lombalgie commune et des autres pathologies ostéo-articulaires (Murray et coll., 2013
).
). Pour les pathologies ostéo-articulaires, les auteurs ont conclu à un bon niveau de preuve dans l’arthrose du genou et la lombalgie subaiguë et chronique, à une efficacité probable dans l’arthrose de hanche et la spondylarthrite ankylosante, à l’absence de preuve suffisante dans les cervicalgies, les douleurs d’épaule et la polyarthrite rhumatoïde (PR) et à l’absence d’efficacité dans la lombalgie aiguë (Smidt et coll., 2005
). Néanmoins, depuis 10 ans, la méthodologie des essais d’intervention non pharmacologique a fait des progrès considérables (Boutron et coll., 2008a
et 2003
) et les interventions proposées ont beaucoup évolué. Ces dernières tiennent mieux compte du fardeau du traitement et incluent désormais des modalités thérapeutiques innovantes qui visent à améliorer l’adhésion des patients aux programmes structurés d’exercices et d’activité physique non spécifique (Aitken et coll., 2015
) et à rendre les interventions testées moins invasives et plus facilement transposables à la vie quotidienne.Activité physique et rachialgies chroniques
Lombalgie commune
). Son incidence varie de 60 à 90 % et sa prévalence est de 5 %. Aux États-Unis, 1 adulte sur 4 rapporte au moins 1 épisode de lombalgie au cours des 3 derniers mois (Deyo et coll., 2006
). La lombalgie commune est le plus souvent classée et traitée en fonction de la durée d’évolution des symptômes, de la présence ou non de symptômes radiculaires et de la présence ou non d’anomalies anatomiques ou radiologiques concordantes. En fonction de la durée d’évolution des symptômes, on distingue la lombalgie aiguë (< 4 semaines), subaiguë (de 4 à 12 semaines) et chronique (> 12 semaines) (Qaseem et coll., 2017
). Dans la majorité des cas, un épisode de lombalgie aiguë se résout spontanément et ne nécessite pas de recours au médecin (Carey et coll., 1996
). Chez les patients qui consultent, la douleur, le handicap et les capacités à travailler s’améliorent le plus souvent au cours du 1er mois (Pengel et coll., 2003
). Dans 85 % à 95 % des cas, les symptômes disparaissent en moins de 3 mois (Frymoyer et Cats-Baril, 1991
). Toutefois, les symptômes peuvent se chroniciser dans 5 à 15 % des cas et 1 patient sur 5 rapporte alors la persistance à 1 an de limitations d’activité (Von Korff et Saunders, 1996
). La lombalgie chronique est la cause la plus fréquente de handicap et d’arrêt de travail. Après 6 mois d’évolution, environ 10 % des patients lombalgiques chroniques sont en arrêt de travail (Waddell, 1993
). Ces cas sont responsables de 60 à 80 % des coûts liés à la lombalgie : les coûts directs sont liés à la consommation médicale alors que les coûts indirects sont représentés par les arrêts de travail et la perte de productivité au travail. Le pronostic fonctionnel de la lombalgie chronique est sombre, puisque la probabilité de reprise du travail est de seulement 50 % après 6 mois d’arrêt de travail, de 25 % après 1 an et quasi-nulle après 2 ans (Poiraudeau et coll., 2007
). En France, les coûts directs (consultations médicales, frais d’hospitalisation, traitements médicamenteux, kinésithérapie, frais de réadaptation et de matériel orthopédique) sont estimés à 2,7 milliards d’euros par an, ce qui représente environ 1,5 % de l’ensemble des dépenses annuelles en France (Fassier, 2011
).
). Différentes modalités d’APA ont été évaluées, dont les principales sont les programmes structurés d’exercices, les programmes multidisciplinaires de réentraînement à l’effort (RAE) et les activités physiques non spécifiques telles que le Tai Chi, le yoga, le Pilates et la marche.
). La comparaison a été faite avec des groupes qui recevaient : un placebo de l’intervention (ou sham), aucun traitement avec une liste d’attente pour la chirurgie (wait-list), des soins usuels (définis comme des soins laissés à la discrétion du médecin traitant) ou une autre intervention non pharmacologique. La douleur, la fonction, le retour au travail et les effets indésirables à court (≤ 6 mois) et long (≥ 1 an) termes ont été étudiés. Les effets du traitement étaient classés en fonction des différences moyennes standardisées (DMS) calculées et réparties en trois catégories : faibles pour une DMS entre 0,2 et 0,5, modérés pour une DMS entre 0,5 et 0,8 et larges pour une DMS > 0,8 (Chou et coll., 2017
) (tableau 15.I
).Exercices
: une revue systématique publiée en 2010 sur les effets des exercices dans la lombalgie chronique à court, moyen et long termes (37 ERC) (van Middelkoop et coll., 2010
), une revue systématique publiée en 2010 sur les effets des exercices sur la capacité à travailler (23 ERC) (Oesch et coll., 2010
) et une revue systématique publiée en 2013 sur les effets des exercices de contrôle moteur (16 ERC) (Bystrom et coll., 2013
). Chou et coll. ont identifié 51 ERC supplémentaires. Les deux revues systématiques de 2016 du groupe Cochrane sur les exercices de contrôle moteur (Macedo et coll., 2016
; Saragiotto et coll., 2016
) et celle de 2010 sur l’intérêt des exercices en prévention des récidives de lombalgie (Choi et coll., 2010
) n’ont pas été incluses dans le travail de Chou et coll.
). En revanche, pour la lombalgie chronique, les exercices apportaient une réduction de la douleur au temps de suivi le plus proche, comparés à l’absence d’exercices (19 ERC, différences moyennes pondérées sur 100 [DMP] 10,00 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % [1,31 à 19,09]), mais pas d’amélioration de la fonction (17 ERC, DMP sur 100 : 3,00 ; IC 95 % [0,53 à 6,48] (Chou et coll., 2007
). Dans une revue systématique plus récente dont les critères étaient plus stricts, les exercices, comparés aux soins usuels, permettaient d’obtenir une réduction de la douleur (2 ERC, DMP sur 100 : -9,23 ; IC 95 % [-16,02 à -2,43]) et une amélioration de la fonction (3 ERC, DMP sur 100 : -12,35 ; IC 95 % [-23,0 à -1,69]) en fin de traitement mais aussi à long terme pour la réduction de la douleur (2 ERC, DMP sur 100 : -4,94 ; IC 95 % [-10,45 à -0,58]) et pour l’amélioration de la fonction (3 ERC, DMP sur 100 : -3,17 ; IC 95 % [-5,96 à -0,38]) (van Middelkoop et coll., 2010
). Les exercices permettaient de réduire l’incapacité à travailler à long terme (environ 12 mois) (8 ERC, odds ratio [OR] 0,66 ; IC 95 % [0,48 à 0,92]), mais pas à court terme (Oesch et coll., 2010
).Tableau 15.I Efficacité et tolérance de l’activité physique dans la lombalgie commune : principaux résultats de la revue systématique la plus récente
|
Auteur, année
Méthode
|
Pathologie
|
Effectifs
|
AP
|
Comparateurs
|
Critères de jugement
|
Tolérance
|
|---|---|---|---|---|---|---|
|
RS des RS+MA des ERC
|
Lombalgie
– aiguë : < 4 semaines
– subaiguë : 4 à 12 semaines
– chronique : > 12 semaines
|
3 RS+MA
1993 à 4 138 patients
|
Exercices : 122 ERC
RAE : 44 ERC
Tai Chi : 2 ERC
Yoga : 14 ERC
|
Placebo
Absence de traitement
Soins usuels
Autre intervention non pharmacologique sans AP
|
Douleur
Fonction
Retour au travail
EIND
À court terme : ≤ 6 mois)
À long termes : ≥ 1 an
Effets du traitement classés en fonction de la DM
– faibles : DMS de 0,2 à 0,5
– modérés : DMS de 0,5 à 0,8
– larges : DMS > 0,8
|
Pas d’EIND grave
Exacerbation des symptômes préexistants
|
|
Efficacité (résultats des RS)
|
||||||
|
Exercices vs pas d’exercices
Lombalgie chronique
Douleur à court terme : DMP sur 100 (IC 95 %) 10,00 [1,31 à 19,09]
Fonction à court terme : DMP sur 100 (IC 95 %) 3,00 [0,53 à 6,48]
Exercices vs soins usuels
Lombalgie aiguë et subaiguë
Douleur : pas de différence
Lombalgie chronique
Douleur à court terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -9,23 [-16,02 à -2,43]
Douleur à long terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -4,94 [-10,45 à -0,58]
|
ECM vs exercices généraux
Lombalgie chronique
Douleur à court terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -7,80 [-10,95 à 4,65]
Douleur à moyen terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -6,06 [-10,94 à 1,18]
Fonction à court terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -4,65 [-6,20 à -3,11]
Fonction à long terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -4,72 [-8,81 à -0,63]
RAE vs soins usuels
Lombalgie chronique
Douleur à court terme : DMS (IC 95 %) -0,55 [-0,83 à -0,28]
Douleur à long terme : DMS (IC 95 %) -0,21 [-0,37 à -0,04]
|
RAE vs kinésithérapie
Lombalgie chronique
Douleur à court terme : DMS (IC 95 %) -0,30 [-0,54 à -0,06]
Douleur à long terme : DMS (IC 95 %) -0,51 [-1,04 à -0,01]
Fonction à court terme : DMS (IC 95 %) -0,39 [-0,68 à -0,10]
Fonction à long terme : DMS (IC 95 %) -0,68 [-1,19 à -0,16]
Tai Chi vs absence de Tai Chi
Lombalgie chronique
Douleur à court terme : DM sur 10 (IC 95 %) -1,3 [-1,9 à -0,7]
Fonction à court terme : DM selon le RMDQ (IC 95 %) -2,6 [-3,7 à -1,1]
|
||||
|
Fonction à court terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -12,35 [-23,0 à -1,69]
Fonction à long terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -3,17 [-5,96 à -0,38]
Incapacité à travailler à long terme : OR (IC 95 %) 0,66 [0,48 à 0,92]
ECM vs intervention minimale
Lombalgie chronique
Douleur à court terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -12,48 [-19,04 à -5,93]
Douleur à long terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -13,32 [-19,75 à -6,90]
Fonction à court terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -9,00 [-15,28 à -2,73]
Fonction à long terme : DMP sur 100 (IC 95 %) -6,64 [-11,72 à -1,57]
|
Fonction à court terme : DMS (IC 95 %) -0,41 [-0,62 à -0,19]
Fonction à long terme : DMS (IC 95 %) -0,23 [-0,40 à -0,06]
Retour au travail à long terme : OR (IC 95 %) 1,04 [0,73 à 1,47]
RAE vs absence de RAE
Lombalgie chronique
Douleur à court terme : DMS (IC 95 %) -0,73 [-1,22 à -0,24]
Fonction à court terme : DMS (IC 95 %) -0,49 [-0,76 à -0,22]
Retour au travail à long terme : OR (IC 95 %) 1,87 [1,39 à 2,53]
|
Yoga vs soins usuels
Lombalgie chronique
Douleur à S24 : VM (ESM) -18,9 (2,52) vs -4,4 (2,08) sur 100 points
Douleur à M6 : VM (ESM) -15,7 (3,25) vs -2,7 (2,25) sur 100 points
Fonction à S24 : VM (ESM) -8,3 (1,82) vs -2,3 (1,09) sur le score ODI sur 100
Fonction à M6 : VM (ESM) -7,0 (2,17) vs 0,4 (1,44) sur le score ODI sur 100
Yoga vs ETP
Lombalgie chronique
Douleur à court terme : DMS (IC 95 %) -0,45 [-0,63 à -0,26]
Fonction à court terme : DMS (IC 95 %) -0,45 [-0,65 à -0,25]
Fonction à long terme : DMS (IC 95 %) -0,39 [-0,66 à -0,11]
|
||||
AP : activité physique ; DM : différence moyenne ; DMP : différence moyenne pondérée ; DMS : différence moyenne standardisée ; ECM : exercices de contrôle moteur ; EIND : effets indésirables ; ERC : essai randomisé contrôlé ; ESM : erreur standard de la moyenne ; IC : intervalle de confiance ; M : mois ; MA : méta-analyse ; ODI : Oswestry Disability Index ; OR : odds-ratio ; RAE : réentraînement à l’effort ; RMDQ : Roland Morris Disability Questionnaire ; RS : revue systématique ; S : semaine ; VM : variation moyenne.
). Les effets des exercices de contrôle moteur ont aussi été comparés à ceux d’exercices plus généraux. Les exercices de contrôle moteur permettaient d’obtenir une réduction de la douleur à court terme (6 ERC, DMP sur 100 : -7,80 ; IC 95 % [-10,95 à 4,65]) et à moyen terme (3 ERC, DMP sur 100 : -6,06 ; IC 95 % [-10,94 à 1,18]) sans que ces effets se maintiennent à long terme, et une amélioration de la fonction à court terme (6 ERC, DMP sur 100 : -4,65 ; IC 95 % [-6,20 à -3,11]) et à long terme (3 ERC, DMP sur 100 : -4,72 ; IC 95 % [-8,81 à -0,63]).
). Comparés à l’absence d’intervention, les exercices permettaient une réduction du taux de récidives de lombalgie à 1 an (rapport des taux 0,50 ; IC 95 % [0,34 à 0,73]) et du nombre de récidives de lombalgie à 1,5 à 2 ans (DMS -0,35 ; IC 95 % [-0,60 à -0,10]) avec un niveau de preuve modéré, et une réduction du nombre de jours d’arrêt de travail dans les 1,5 à 2 ans suivant l’épisode lombalgique initial (DM -4,37 jours ; IC 95 % [-7,74 à -0,99]) avec un niveau de preuve faible. Les résultats concernant l’intérêt des exercices réalisés pendant l’épisode de lombalgie pour prévenir les récidives étaient discordants (Choi et coll., 2010
).Programmes multidisciplinaires de réentraînement à l’effort
). Le syndrome de déconditionnement à l’effort survient après 4 à 6 mois d’inactivité physique. Il associe une perte de mobilité rachidienne, une réduction des performances musculaires et des répercussions psychosociales. Les programmes multidisciplinaires de RAE associent exercices spécifiques, activité physique non spécifique, éducation thérapeutique (ETP) et prise en charge psychosociale et visent à restaurer la situation physique, psychosociale et socioéconomique des patients lombalgiques chroniques, en les impliquant dans une démarche active de soins.
) et trois ERC supplémentaires. La prise en charge multidisciplinaire permettait d’obtenir une réduction de la douleur à court terme comparée aux soins usuels, à l’absence de prise en charge multidisciplinaire ou à la kinésithérapie (Kamper et coll., 2014
). La prise en charge multidisciplinaire permettait aussi une amélioration de la fonction à court terme (tableau 15.II
).
Tableau 15.II Prise en charge multidisciplinaire comparée aux différents types de prise en charge (Kamper et coll., 2014
)
|
Type de prise en charge
|
Efficacité
| ||
|---|---|---|---|
|
Douleur
|
Fonction
|
Retour au travail
|
|
|
Soins usuels
|
à court terme
9 ERC, DMS -0,55 ;
IC 95 % [-0,83 à -0,28]
à long terme
7 ERC, DMS -0,21 ;
IC 95 % [-0,37 à -0,04]
|
à court terme
9 ERC, DMS -0,41 ;
IC 95 % [-0,62 à -0,19]
à long terme
6 ERC, DMS -0,23 ;
IC 95 % [-0,40 à -0,06]
|
à long terme
7 ERC, OR 1,04 ;
IC 95 % [0,73 à 1,47]
|
|
Absence de prise en charge multidisciplinaire
|
à court terme
3 ERC, DMS -0,73 ;
IC 95 % [-1,22 à -0,24]
|
à court terme
3 ERC, DMS -0,49 ;
IC 95 % [-0,76 à -0,22]
| |
|
Kinésithérapie
|
à court terme
12 ERC, DMS -0,30 ;
IC 95 % [-0,54 à -0,06]
à long terme
9 ERC, DMS -0,51 ;
IC 95 % [-1,04 à -0,01]
|
à court terme
13 ERC, DMS -0,39 ;
IC 95 % [-0,68 à -0,10]
à long terme
10 ERC, DMS -0,68 ;
IC 95 % [-1,19 à -0,16]
|
À long terme
8 ERC, OR 1,87 ;
IC 95 % [1,39 à 2,53])
|
). En revanche, il n’y avait pas de différence sur ce dernier paramètre par rapport aux soins usuels. Dans la lombalgie aiguë ou subaiguë, deux ERC rapportent des observations semblables (Eisenberg et coll., 2012
; Gatchel et coll., 2003
).
). En France, le taux de reprise du travail après un programme de RAE se situe entre 65 et 70 % (Jousset et coll., 2004
). Trois facteurs sont particulièrement prédictifs d’un retour et d’un maintien du patient dans son travail : 1/ l’objectif de retour au travail, 2/ l’intention de retour au travail et 3/ l’attente quant au retour au travail. Ces 3 facteurs correspondent à ce que les auteurs anglo-saxons désignent sous le terme « d’attachement du patient à son travail et à son employeur avant l’accident de travail ». L’intention de ne pas retourner dans l’emploi qui précède un accident du travail est un facteur de risque négatif quant à l’efficacité des programmes de RAE. De même, les patients qui expriment un faible espoir de reprise du travail adhèrent moins aux programmes de RAE que ceux qui expriment un espoir réel. L’adjonction de procédures de « facilitation » de la reprise du travail comme le temps partiel ou l’aménagement des activités professionnelles pourrait améliorer ces résultats (Krause et coll., 1998
; Lambeek et coll., 2010
; Schonstein et coll., 2003
). Les employés à qui un programme de « facilitation » est proposé ont deux fois plus de chances de reprendre le travail que ceux à qui il n’est pas proposé, et leur nombre de jours d’arrêt de travail est divisé par plus de deux.Tai Chi, yoga, Pilates et marche
). Ils ont inclus respectivement 160 et 320 patients et ont montré que le Tai Chi permettait de réduire la douleur à la fin du programme, comparé à l’absence de traitement ou à l’absence de Tai Chi (différence moyenne (DM) sur 10 -1,3 ; IC 95 % [-1,9 à -0,7]) (Hall et coll., 2011
). Le 1er ERC montre également une amélioration de la fonction (DM selon le Roland Morris Disability Questionnaire [0-24] -2,6 ; IC 95 % [-3,7 à -1,1]) à la fin du programme (Hall et coll., 2011
). Une autre revue systématique (Kong et coll., 2016
) a inclus 2 ERC supplémentaires en langue chinoise évaluant l’efficacité du Tai Chi à 24 (Song et Gao, 2008
) et 28 (Qing, 2012
) semaines. Les résultats de ces études ont montré une réduction de la douleur dans le groupe Tai Chi à la fin du traitement (DMS -0,81 ; IC 95 % [-1,11 à -0,52]) (Kong et coll., 2016
).
) : 10 ERC (1 056 patients) qui avaient été inclus dans une revue systématique publiée en 2013 (Cramer et coll., 2013
) et 4 ERC supplémentaires. Comparée aux soins usuels, la pratique du yoga permettait de réduire la douleur à 24 semaines (variation moyenne [erreur standard de la moyenne] -18,9 [2,52] versus -4,4 [2,08] sur une échelle visuelle analogique de 100 points) et à 6 mois (-15,7 [3,25] versus -2,7 [2,25]) et d’améliorer la fonction à 24 semaines (-8,3 [1,82] versus -2,3 [1,09] sur le score Oswestry Disability Index sur 100) et à 6 mois (-7,0 [2,17] versus 0,4 [1,44]) (Williams et coll., 2009
). Comparée aux exercices, la pratique du yoga était associée à une réduction de la douleur et à une amélioration de la fonction. Les effets observés étaient faibles et n’étaient pas toujours significatifs (Aboagye et coll., 2015
; Nambi et coll., 2014
; Sherman et coll., 2005
; Sherman et coll., 2011
; Tekur et coll., 2012
). Comparée à l’ETP, la pratique du yoga était associée à une réduction de la douleur à court terme (5 ERC, DMS -0,45 ; IC 95 % [-0,63 à -0,26]), mais pas à long terme, et à une amélioration de la fonction à court terme (5 ERC, DMS -0,45 ; IC 95 % [-0,65 à -0,25]) et à long terme (4 ERC, DMS -0,39 ; IC 95 % [-0,66 à -0,11]) (Cramer et coll., 2013
). Dans sa revue publiée en 2017, le groupe Cochrane a inclus 12 ERC (1 080 patients) et a trouvé des résultats proches de ceux de Chou et coll. (Wieland et coll., 2017
). Comparée à l’absence d’exercices (9 ERC ; 810 patients), la pratique du yoga permettait une amélioration faible à modérée de la fonction entre 3 et 4 mois (DMS -0,40, IC 95 % [-0,66 à -0,14]) et à 6 mois (DMS -0,44, IC 95 % [-0,66 à 0,22]) et faible à 12 mois (DMS -0,26, IC 95 % [-0,46 à -0,05]) ainsi qu’une amélioration de la douleur entre 3 et 4 mois et à 6 et 12 mois, sans que le seuil de variation considéré comme cliniquement significatif (15 mm sur une échelle de 0 à 100) soit atteint. Le risque d’exacerbation des lombalgies était plus élevé dans le groupe pratiquant le yoga (6 ERC, différence de risque 5 %, IC 95 % [2 % à 8 %]). Comparée à la pratique d’exercices (4 ERC ; 394 patients), la pratique du yoga ne permettait pas ou peu d’amélioration de la fonction à 3 mois (DMS -0,22, IC 95 % [-0,65 à 0,20]) et à 6 mois (DMS -0,20, IC 95 % [-0,59 à 0,19]), mais une réduction de la douleur à 7 mois (DM -20,40 sur 100, IC 95 % [-25,48 à -15,32]). Il n’y avait pas de différences concernant les effets indésirables (3 ERC, différence de risque 1 %, IC 95 % [-4 % à 6 %]). Enfin, lorsque la pratique du yoga était associée à la pratique d’exercices puis comparée à la pratique d’exercices seuls (1 ERC, 24 patients), elle ne permettait pas ou peu d’amélioration de la fonction à 10 semaines (DMS -0,60, IC 95 % [-1,42 à 0,22]) ou de la douleur (DM -3,20 sur 100, IC 95 % [-13,76 à 7,36]). Les auteurs ont conclu que la pratique du yoga comparée à l’absence d’exercices permettait une amélioration faible à modérée de la fonction à 3 et à 6 mois, avec un niveau de preuve faible à modéré (Wieland et coll., 2017
).
). Comparée à une intervention minimale, la pratique du Pilates permettait une réduction de la douleur à court terme (< 3 mois) (7 ERC, DM -14,05 sur 100, IC 95 % [-18,91 à -9,19]) et à moyen terme (entre 3 et 12 mois) (2 ERC, DM -10,54 sur 100, IC 95 % [-18,46 à -2,62]), et d’améliorer la fonction à court terme (5 ERC, DM -7,95, IC 95 % [-13,23 à -2,67]) et à moyen terme (DM -11,17, IC 95 % [-18,41 à -3,92]). Les données des 4 ERC comparant la pratique du Pilates aux exercices n’ont pas pu être analysées dans une méta-analyse en raison de leur grande hétérogénéité. Seuls deux ERC ont évalué les effets indésirables : un ERC n’a pas trouvé d’effet indésirable et 1 ERC a rapporté seulement des effets indésirables mineurs (Yamato et coll., 2015
).
). Seules 4 études ont été incluses : deux ERC (Mirovsky et coll., 2006
; Torstensen et coll., 1998
), une étude de cohorte (Joffe et coll., 2002
) et une étude cas-témoins (Taylor et coll., 2003
). Trois études ont suggéré que la pratique de la marche permettait une réduction de la douleur avec un niveau de preuve faible à modéré.Recommandations des sociétés savantes
) :
) ;
) ;
).
), on peut regretter qu’elles proposent un traitement à « taille unique », individualisé uniquement sur la durée d’évolution des symptômes et une approche thérapeutique graduelle plutôt que globale. Les recommandations de l’American College of Physicians ne tiennent pas suffisamment compte des dimensions biologique, psychologique et sociale de la lombalgie, des facteurs de mauvais pronostic fonctionnel, des facteurs de risque de désinsertion sociale et professionnelle ou encore des facteurs environnementaux et personnels qui peuvent affecter le fonctionnement des patients souffrant de lombalgie. Or, tous ces facteurs nécessitent une évaluation clinique et instrumentale très précise afin de personnaliser au mieux le traitement.Cervicalgies communes
).
) (tableau 15.III
). Au total, 27 ERC (3 005 patients) publiés jusqu’en mai 2014 ont été inclus. Les patients présentaient des cervicalgies aiguës (< 30 jours), subaiguës (entre 30 et 90 jours) ou chroniques (> 90 jours). Les cervicalgies pouvaient être en rapport avec un syndrome Whiplash (traumatisme cervical en coup de fouet), un syndrome myofascial, une arthrose cervicale, des céphalées cervicogéniques ou une névralgie cervico-brachiale. Les principaux critères d’évaluation ont été la douleur, la fonction, la qualité de vie et les effets indésirables à la fin du traitement (< 1 jour), à court terme (< 3 mois), à moyen terme (entre 3 mois et 1 an) et à long terme (> 1 an). Les exercices ont été classés en 10 catégories :Tableau 15.III Efficacité et tolérance de l’activité physique dans la cervicalgie commune : principaux résultats de la revue systématique la plus récente
|
Auteur, année
Méthode
|
Pathologie
|
Effectifs
|
AP
|
Comparateurs
|
Critères de jugement
|
Tolérance
|
|---|---|---|---|---|---|---|
|
Cochrane RS+MA des ERC
|
Cervicalgies
– aiguës : < 3 mois
– subaiguës : 3 mois à 1 an
– chroniques : > 1 an
Causes ou syndromes
– syndrome Whiplash
– syndrome myofascial
– arthrose cervicale
– céphalées cervicogéniques
– névralgie cervico-brachiale
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27 ERC
3 005 patients
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1. RM de la région cervico-scapulothoracique et des MS
2. Entraînement en endurance de la région cervico-scapulothoracique et des MS
3. RM et étirements du cou, des épaules et de la région scapulothoracique
4. RM et exercices de stabilisation de la région cervico-scapulothoracique
5. Chi Gong
6. Exercices respiratoires
7. Entraînement physique global
8. Étirements seuls
9. Exercices avec feedback avec synchronisation de pattern
10. Recouplage oculo-cervical
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Placebo
Absence de traitement
Un des exercices inclus dans l’activité physique étudiée mais sans le reste de l’activité
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Douleur
Fonction
Qualité de vie
Satisfaction du patient
Perception globale du patient
EIND
À la fin du traitement
À court terme : < 3 mois
À moyen terme : 3 mois à 1 an
À long terme > 1 an
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EIND : autorésolutifs
Céphalées
Douleurs du cou, des épaules ou du thorax
Aggravation des symptômes préexistants
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Efficacité (résultats des MA)
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RM de la région cervico-scapulothoracique et des MS
Douleur à la fin du traitement : DMS -0,71 ; IC 95 % [-1,33 à -0,10]
RM et étirements du cou, des épaules et de la région scapulothoracique
Douleur à la fin du traitement : DMS -0,33 ; IC 95 % [-0,55 à -0,10]
Fonction à la fin du traitement et à court terme : DMS -0,45 ; IC 95 % [-0,72 à -0,18]
RM et exercices de stabilisation de la région cervico-scapulothoracique
Douleur et fonction à moyen terme : DMS -14,90 ; IC 95 % [-22,40 à -7,39]
|
||||||
AP : activité physique ; DMS : différence moyenne standardisée ; EIND : effets indésirables ; ERC : essai randomisé contrôlé ; IC : intervalle de confiance ; MA : méta-analyse ; MS : membres supérieurs ; RM : renforcement musculaire ; RS : revue systématique.
).
).Canal lombaire rétréci
). D’un point de vue anatomique, le rétrécissement du canal lombaire peut survenir sur un canal constitutionnellement étroit et/ou dépendre d’un facteur compressif extra-canalaire. Ce dernier peut se situer en avant du sac dural : protrusion ou hernie discale ; latéralement au sac dural : protrusion ou hernie discale foraminale, arthrose zygapophysaire ; ou en arrière du sac dural : hypertrophie des ligaments jaunes. Le CLR peut rester asymptomatique pendant plusieurs années. Lorsqu’il devient symptomatique, les signes cliniques les plus évocateurs sont des douleurs lombaires et/ou radiculaires des membres inférieurs, qui apparaissent et s’aggravent à la marche et sont classiquement soulagés par les positions en flexion lombaire et à l’arrêt de la marche. Ces symptômes correspondent au syndrome de claudication radiculaire et/ou lombaire neurogène (Tomkins-Lane et coll., 2016
). La réduction progressive du périmètre de marche sans douleur a un retentissement fonctionnel majeur et provoque une dégradation de l’autonomie des patients et de leur qualité de vie. Il n’existe pas de critères consensuels de diagnostic ni de recommandations nationales ou internationales concernant le traitement du CLR (Lurie et Tomkins-Lane, 2016
). Les exercices spécifiques les plus fréquemment effectués par les patients ayant un CLR symptomatique sont les exercices de renforcement musculaire des muscles stabilisateurs du rachis lombaire (23 %) et les exercices d’assouplissement (18 %). Les exercices spécifiques les plus fréquemment proposés par les kinésithérapeutes sont les exercices d’assouplissement (87 %), de stabilisation (86 %), de renforcement musculaire (83 %) et de mobilisation articulaire (62 %) (Tomkins et coll., 2010
).
). Au total, 21 ERC publiés jusqu’en juin 2012 (1 851 patients) ont été inclus dans la revue systématique : 12 ERC ont évalué des traitements médicamenteux (6 la calcitonine, 1 la méthylcabaline, 1 la prostaglandine, 1 la gabapentine et 3 les infiltrations épidurales), 5 ERC ont évalué des approches mixtes associant des mesures médicamenteuses et non médicamenteuses et 4 ERC ont évalué un programme de kinésithérapie comportant des exercices (Goren et coll., 2010
; Koc et coll., 2009
; Pua et coll., 2007
; Whitman et coll., 2006
). Le traitement conservateur était comparé à un placebo, à une absence de traitement ou à une chirurgie lombaire. Les patients étaient suivis entre 1 semaine et 6 ans. Les principaux critères étudiés étaient la capacité à marcher, la douleur, la fonction et la qualité de vie en fin de traitement (< 1 semaine après la fin du traitement), à court terme (entre 1 semaine et 3 mois), à moyen terme (entre 3 mois et 1 an) et à long terme (> 1 an) (Ammendolia et coll., 2013
). Parmi les 4 études qui ont évalué un programme d’exercices, aucune n’a mis en évidence d’amélioration de la capacité à marcher. Les effectifs inclus étaient faibles (29 à 68 patients), les preuves considérées de niveau très faible à faible et la méta-analyse des données n’a pas pu être réalisée (Goren et coll., 2010
; Koc et coll., 2009
; Pua et coll., 2007
; Whitman et coll., 2006
). Comparés à l’absence de traitement, les exercices amélioraient la douleur radiculaire et la fonction à court terme (45 patients) (Goren et coll., 2010
). Pour ces critères de jugement, la marche sur tapis n’avait pas un effet supérieur au vélo d’appartement (68 patients) (Pua et coll., 2007
). Le programme d’exercices supervisé par un kinésithérapeute améliorait la douleur, la fonction et la qualité de vie comparé à un programme d’exercices à domicile associé à un traitement par diclofénac (29 patients) (Koc et coll., 2009
). Enfin, l’association de thérapie manuelle, d’exercices et de marche permettait une amélioration globale à court terme, comparée à l’association d’ultrasons (sham), d’exercices et de marche (Whitman et coll., 2006
). Seuls deux effets indésirables ont été rapportés dans le groupe exercices : une exacerbation des symptômes préexistants (Pua et coll., 2007
) et une angine de poitrine (Koc et coll., 2009
).
) (tableau 15.IV
). L’addition d’autres modalités thérapeutiques à un programme d’exercices a été analysée à partir des résultats de deux études (Goren et coll., 2010
; Koc et coll., 2009
) et n’apportait pas de bénéfices sur la douleur (DMS sur 100 -12,7 ; IC 95 % [-26,4 à 1,0]), sur la fonction (DMS sur 100 -2,2 ; IC 95 % [-3,7 à 8,1]) ou sur les capacités de marche à court terme (DMS pour le temps de marche 48,0 secondes ; IC 95 % [-192,3 à 324,8] et DMS pour le temps de marche sans douleur -13,5 secondes ; IC 95 % [-144,5 à -117,5]) (Macedo et coll., 2013
). À 2 ans, la chirurgie avait un effet supérieur à la kinésithérapie pour réduire la douleur (DMS sur 100 13,7 ; IC 95 % [0,5 à 26,8]) et améliorer la fonction (DMS sur 100 5,0 ; IC 95 % [0,9 à 9,2]), mais pas sur les capacités de marche (Macedo et coll., 2013
).
). Le travail aérobie en flexion lombaire sur bicyclette ergométrique pourrait également réduire les symptômes douloureux liés à l’ischémie relative de la queue de cheval (Iversen et coll., 2003
; Kitzman et coll., 2013
). Dans deux études pilotes ouvertes, qui ont inclus respectivement 29 et 54 patients âgés présentant un syndrome douloureux lombaire, un programme d’entraînement en flexion lombaire sur bicyclettes ergométriques permettait de réduire la douleur et d’améliorer la qualité de vie à 3 mois (Iversen et coll., 2003
) et retarder le recours à la chirurgie (Nord et coll., 2015
), mais pas l’aptitude aérobie ou de marche à 4 mois (Nord et coll., 2015
).Activité physique et arthrose périphérique
; Hochberg et coll., 2012
; McAlindon et coll., 2014
). Selon les recommandations 2014 de l’OARSI (Osteoarthritis Research Society International), l’APA constitue même la pierre angulaire du traitement de l’arthrose. Elle est recommandée chez tous les patients arthrosiques, quels que soient le stade ou la localisation de la maladie et les comorbidités associées (McAlindon et coll., 2014
). Les traitements non pharmacologiques de l’arthrose incluent les exercices à sec et aquatiques, les exercices de renforcement musculaire, la perte de poids, le self-management, l’ETP, les interventions biomécaniques (McAlindon et coll., 2014
) et la réalisation d’une activité physique régulière (Brosseau et coll., 2014
; Hochberg et coll., 2012
; McAlindon et coll., 2014
; Vignon et coll., 2006
). Le traitement a pour but d’améliorer la mobilité articulaire, la force musculaire, la souplesse, les performances aérobies et la proprioception (Rannou et Poiraudeau, 2010
). Il existe de nombreuses modalités d’exercices (Nelson et coll., 2014
). L’intensité des exercices peut être élevée, modérée ou faible (Regnaux et coll., 2015
). La quantité et la magnitude du travail réalisé (résistance, fréquence, durée et progression), les caractères supervisé ou non supervisé et communautaire ou hospitalier des exercices sont également des paramètres importants de la prescription thérapeutique (Regnaux et coll., 2015
).Tableau 15.IV Efficacité et tolérance de l’activité physique dans le canal lombaire rétréci : principaux résultats de la revue systématique la plus récente
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Auteur, année
Méthode
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Pathologie
|
Effectifs
|
AP
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Comparateurs
|
Critères de jugement
|
Tolérance
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|---|---|---|---|---|---|---|
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RS+MA des ERC, EC et cohortes
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CLR
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5 ERC
2 EC
1 cohorte
2 design mixte
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Kinésithérapie
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Comparateur sans kinésithérapie
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Douleur
Fonction
Qualité de vie
Marche
À court terme : 2-3 semaines
À long terme : 2 ans
|
Non analysée
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Efficacité (résultats de la MA)
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||||||
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Exercices seuls vs exercices + autres modalités à court terme
Douleur : DMS (IC 95 %) -12,7 [-26,4 à 1,0]
Fonction : DMS (IC 95 %) -2,2 [-3,7 à 8,1]
Temps de marche : DMS (IC 95 %) 48,0 s [-192,3 à 324,8 s]
Temps de marche sans douleur : DMS (IC 95 %) -13,5 s [-144,5 à -117,5 s]
Exercices vs chirurgie à 2 ans
Douleur : DMS (IC 95 %) 13,7 [0,5 à 26,8]
Fonction : DMS (IC 95 %) 5,0 [0,9 à 9,2]
Distance de marche : DMS (IC 95 %) -51,0 m [-1 336,9 à 1 234,9 m]
|
||||||
AP : activité physique ; CLR : canal lombaire rétréci ; DMS : différence moyenne standardisée ; EC : essai contrôlé ; ERC : essai randomisé contrôlé ; IC : intervalle de confiance ; MA : méta-analyse ; RS : revue systématique.
Arthrose du genou (gonarthrose)
). D’autres types d’exercices, tels que le travail aérobie et les exercices de proprioception, peuvent aussi avoir un intérêt (tableau 15.V
).Exercices à sec
). Au total, 54 ERC ont été inclus dans la revue systématique. Les exercices à sec permettaient une réduction de la douleur (44 ERC, 3 537 patients, DMS -0,49 ; IC 95 % [-0,39 à -0,59]), une amélioration de la fonction (44 ERC, 3 537 patients, DMS -0,52 ; IC 95 % [-0,39 à -0,64]) et de la qualité de vie (13 ERC, 1 073 participants, DMS 0,28 ; IC 95 % [0,15 à 0,40]) à la fin du traitement. La réduction de la douleur se maintenait entre 2 et 6 mois après la fin du traitement (12 ERC, 1 468 patients, DMS -0,24 ; IC 95 % [-0,35 à -0,14]), de même que l’amélioration de la fonction (10 ERC, 1 279 patients, DMS -0,15 ; IC 95 % [-0,26 à -0,04]). Le risque de sortie d’étude n’était pas différent entre les 2 groupes (45 ERC, 4 607 patients, OR 0,93 ; IC 95 % [0,75 à 1,15]). Huit ERC ont rapporté des effets indésirables, les plus fréquents étaient une exacerbation des symptômes préexistants ou des lombalgies attribuées aux exercices. Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté. Les programmes individuels étaient plus efficaces que les programmes de groupe ou à domicile (Fransen et coll., 2015
).Tableau 15.V Efficacité et tolérance de l’activité physique dans la gonarthrose : principaux résultats des revues systématiques les plus récentes
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Auteur, année
Méthode
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Pathologie
Effectifs
|
AP
|
Comparateurs
|
Critères de jugement
|
Efficacité
|
Tolérance
|
|---|---|---|---|---|---|---|
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Cochrane
RS+MA des ERC
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Gonarthrose
54 ERC
3 537 patients dans la MA
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Exercices
à sec
|
Absence d’exercices à sec
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Douleur
Fonction
Qualité de vie
EIND
Perdus de vue
À la fin du traitement
À moyen terme : 2 à 6 mois après le traitement
À long terme > 6 mois
|
Douleur à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,49 [-0,39 à -0,59]
Douleur à moyen terme : DMS (IC 95 %) -0,24 [-0,35 à -0,14]
Fonction à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,52 [-0,39 à -0,64]
Fonction à moyen terme : DMS (IC 95 %) -0,15 [-0,26 à -0,04]
Qualité de vie à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) 0,28 [0,15 à 0,40]
|
Nombre de sorties d’étude :
OR (IC 95 %) 0,93 [-0,75 à 1,15]
EIND
– exacerbation des symptômes
– lombalgies attribuées aux exercices
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|
Cochrane
RS+MA des ERC
|
Gonarthrose
Coxarthrose
6 ERC
620 patients
|
Exercices intenses
|
Exercices moins intenses
|
Douleur
Fonction
EIND
Perdus de vue
À la fin du traitement
|
Douleur : DM (IC 95 %) sur le score douleur à 20 pts de WOMAC -0,84 [-1,63 à -0,04]
Fonction : DM (IC 95 %) sur le score fonction à 68 pts du WOMAC -2,65 [-5,29 à -0,01]
|
Nombre de sorties d’études : faible
EIND : Peto OR (IC 95 %) 1,72 [0,51 à 5,81].
Aucun EIND grave attribuable au programme d’exercices intensif
|
|
Cochrane
RS+MA des ERC
|
Gonarthrose
Coxarthrose
13 ERC
1 190 patients
|
Exercices aquatiques
|
Absence d’exercices aquatiques
Soins usuels
ETP
Attention sociale
Appels téléphoniques
Liste d’attente (wait-list) pour la chirurgie
|
Douleur
Fonction
Qualité de vie
EIND
Perdus de vue
À court terme
|
Douleur : DMS (IC 95 %) -0,31 [-0,47 à -0,15]
Fonction : DMS (IC 95 %) -0,32 [-0,47 à -0,17]
Qualité de vie : DMS (IC 95 %) -0,25 [-0,49 à -0,01]
|
Aucun EIND grave rapporté
|
|
RS+MA des ERC
|
Gonarthrose
9 ERC
1 982 patients
|
RM
|
Absence de RM
|
Douleur
Fonction
Qualité de vie
Qualité de la marche
M3 et M12
|
Douleur : DMS (IC 95 %) -0,68 [-1,23 à -0,14]
Fonction : pas de différence
Qualité de vie : pas de différence
Qualité de la marche : DMS (IC 95 %) -0,39 [-0,59 à -0,20]
|
Non rapporté
|
|
RS+MA des ERC
|
Gonarthrose
9 ERC
696 patients
|
RM isocinétique
|
Absence de RM isocinétique
Absence de traitement
RM isométrique
Exercices aérobies
|
Douleur
Fonction
À la fin du traitement et > 1 an
|
RM isocinétique vs absence de traitement ou RM isométrique
Douleur : DMS (IC 95 %) 1,218 [0,899 à 1,54]
Fonction : DMS (IC 95 %) sur l’indice algo-fonctionnel de Lequesne 1,61 [0,40 à 2,81]
Fonction : DMS (IC 95 %) sur le score fonction du WOMAC 0,58 [0,04 à 1,11]
RM isocinétique vs exercices aérobies
Douleur : pas de différence
Fonction : pas de différence
|
Non rapporté
|
|
RS+MA des ERC
|
Gonarthrose
11 ERC
1 553 patients
|
Exercices aérobies
|
Absence d’exercices aérobies
|
Douleur
Fonction
Qualité de vie
Handicap psychologique
État de santé perçu
Vitesse de marche
|
Douleur > S26 semaines : DMS (IC 95 %) -0,21 [-0,35 à -0,08]
Fonction < M3 : DM (IC 95 %) sur le score fonction du WOMAC -15,4 [-24,8 à -5,92]
Fonction M12 : pas de différence
Qualité de vie : DMS (IC 95 %) -0,21 [-0,37 à -0,04]
Handicap psychologique : pas de différence
État de santé perçu : pas de différence
Vitesse de marche < M3 : DM (IC 95 %) -0,11 m/s [-0,15 à -0,08 m/s]
Vitesse de marche M12 : DM (IC 95 %) -0,11 m/s [0,17 à -0,05 m/s]
|
Non rapporté
|
|
RS+MA des ERC
|
Gonarthrose
4 ERC
247 patients
|
Exercices de proprioception
|
Absence d’exercices de proprioception
|
Douleur
Fonction
Marche
|
Douleur : DMS (IC 95 %) 0,71 [-1,31 à -0,11]
Fonction : pas de différence
Marche : pas de différence
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Non rapporté
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|
RS+MA des ERC
|
Gonarthrose
3 ERC
167 patients
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Tai Chi
|
Absence de Tai Chi
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Fonction
Douleur
Handicap
|
Fonction à M3 : DMS (IC 95 %) -0,44 [-0,88 à 0,00]
Douleur : pas de différence
Handicap : pas de différence
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Non rapporté
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|
RS+MA des ERC
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Gonarthrose
Coxarthrose
27 ERC
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AP à sec, hors programmes d’exercices
arts martiaux : 6 ERC
Marche : 9 ERC
Exercices de conditionnement : 12 ERC
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Absence d’AP à sec
Absence d’intervention
Intervention minimale
Soins usuels
|
Douleur
Fonction
Performances physiques
TM6
Temps de montée des escaliers
EIND
|
Arts martiaux
Fonction à M3 : DM sur le score fonction du WOMAC (IC 95 %) -9,56 [-13,95 à -5,17]
Marche
Douleur : pas de différence
Performances physiques : pas de différence
Fonction à M6 : DM sur le score fonction du WOMAC (IC 95 %) -10,38 [-12,27 à -8,48]
Exercices de conditionnement
Fonction à M6 : DM sur le score fonction du WOMAC (IC 95 %) -3,74 [-5,70 à -1,78]
TM6 à M6 : DM (IC 95 %) 42,72 m [27,78 à 57,66 m]
Escaliers à M18 : DM (IC 95 %) -0,49 s [-0,75 à -0,23]
|
10 cas de douleurs musculo-squelettiques ou d’exacerbation des symptômes préexistants
6 chutes dont 3 traumatiques
21 EIND graves et 2 décès, aucun n’a été attribué à l’intervention
|
AP : activité physique ; DM : différence moyenne ; DMS : différence moyenne standardisée ; EIND : effets indésirables ; ERC : essai randomisé contrôlé ; ETP : éducation thérapeutique ; IC : intervalle de confiance ; M : mois ; MA : méta-analyse ; N-Z : Nouvelle-Zélande ; OR : odds-ratio ; RM : renforcement musculaire ; RS : revue systématique ; S : semaine ; TM6 : Test de marche de 6 minutes ; WOMAC : Western Ontario and McMaster Universities Arthritis Index.
). Au total, 6 ERC ont été inclus dans la revue systématique (620 patients). Les programmes plus intensifs permettaient une réduction de la douleur (DM sur le score douleur à 20 points du Western Ontario and McMaster Universities Arthritis Index [WOMAC] -0,84 ; IC 95 % [-1,63 à -0,04]) et une amélioration de la fonction physique (DM sur le score fonction à 68 points du WOMAC -2,65 ; IC 95 % [-5,29 à -0,01]) à la fin du traitement. Toutefois, la pertinence clinique des effets observés était discutable, la qualité des études faible et les effets observés ne se maintenaient pas à long terme. Le nombre de perdus de vue a été faible et aucune différence d’effets indésirables n’a été rapportée entre les 2 groupes (Peto OR 1,72 ; IC 95 % [0,51 à 5,81]) ni d’effet indésirable grave attribuable au programme d’exercices d’intensité élevée (Regnaux et coll., 2015
).Exercices aquatiques
). Au total, 13 ERC (1 190 patients) ont été inclus dans la revue systématique. Les exercices aquatiques ont été comparés à des soins usuels, de l’ETP, de l’attention sociale (social attention), des contacts téléphoniques ou une liste d’attente (wait-list) pour la chirurgie, en l’absence d’exercices aquatiques. La durée moyenne des programmes d’exercices aquatiques était de 12 semaines. Ces programmes avaient un effet bénéfique, à court terme, sur la douleur (12 ERC, 1 076 patients, DMS -0,31 ; IC 95 % [-0,47 à -0,15]), la fonction (12 ERC, 1 076 participants, DMS -0,32 ; IC 95 % [-0,47 à -0,17]) et la qualité de vie (10 ERC, 971 patients, DMS -0,25 ; IC 95 % [-0,49 à -0,01]). Ces effets n’ont pas été évalués à moyen ou long termes. Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté (Bartels et coll., 2016
).Exercices de renforcement musculaire
). Au total, 9 ERC ont été inclus dans la revue systématique (1 982 patients). Les exercices de renforcement musculaire permettaient une réduction de la douleur (DMS -0,68 ; IC 95 % [-1,23 à -0,14]) et une amélioration de la qualité de la marche (DMS -0,39 ; IC 95 % [-0,59 à -0,20]) à 3 et 12 mois, mais pas de la fonction ou de la qualité de vie (Wang et coll., 2012
).
). Au total, 9 ERC (696 patients) ont été inclus dans cette revue. Les exercices de renforcement musculaire ont été comparés à une absence de traitement, des exercices de renforcement musculaire isométrique ou des exercices aérobies. Comparé à l’absence de traitement ou aux exercices de renforcement musculaire isométrique, les exercices de renforcement musculaire isocinétique avaient un effet bénéfique sur la douleur (DMS 1,218 ; IC 95 % [0,899 à 1,54]) et contribuaient à l’amélioration de la fonction (DMS sur l’indice de Lequesne 1,61 ; IC 95 % [0,40 à 2,81] et DMS sur le score fonction du WOMAC 0,58 ; IC 95 % [0,04 à 1,11]) à la fin du traitement et après 1 an. Aucune différence n’était observée par rapport aux exercices aérobies (Coudeyre et coll., 2016
).
). Elle comparait l’efficacité dans la gonarthrose des exercices de renforcement musculaire (répondant à la définition de l’American College of Sports Medicine) à d’autres types d’exercices. Les exercices de renforcement musculaire augmentaient la force musculaire des extenseurs du genou (DMS 0,448 ; IC 95 % [0,091 à 0,805]), mais n’amélioraient pas la douleur ni la fonction. La méta-régression a indiqué qu’une augmentation de 30 à 40 % de la force musculaire des extenseurs du genou était nécessaire pour obtenir des effets bénéfiques sur la douleur et la fonction (Bartholdy et coll., 2017
).Exercices aérobies
).
ont évalué les effets de la marche en tant qu’intervention thérapeutique dans différentes pathologies ostéo-articulaires (gonarthrose, lombalgie chronique et fibromyalgie). Au total, 17 ERC ont été inclus dans la revue systématique dont 12 ERC sur la gonarthrose. La méta-analyse a inclus les 17 ERC, sans analyse en sous-groupe en fonction de la pathologie, et montre que, par rapport à des groupes contrôles ne pratiquant pas de marche ou pas d’exercices, la marche réduisait la douleur à court (DM -5,31 ; IC 95 % [-8,06 à -2,56]) et à moyen termes (DM -7,92 ; IC 95 % [-12,37 à -3,48]), mais pas à long terme, et améliorait la fonction à court (DM -6,47 ; IC 95 % [-12,00 à -0,95]), moyen (DM -9,31 ; IC 95 % [-14,00 à -4,61]) et long termes (DM -5,22 ; IC 95 % [-7,21 à -3,23]) (O’Connor et coll., 2015
).Exercices de proprioception
).
Activité physique non spécifique à sec (Tai Chi, marche, exercice
de conditionnement)
).
). L’activité non spécifique à sec a été comparée à l’absence d’intervention, une intervention minimale ou les soins usuels. L’activité physique non spécifique a été classée en 3 catégories : activités physiques récréatives sous la forme d’arts martiaux comme le Tai Chi/Baduajin (6 ERC), marche (9 ERC) et exercices de conditionnement associant travail aérobie, renforcement musculaire et assouplissements (12 ERC). Les programmes structurés d’exercices à sec et aquatiques n’ont pas été inclus dans la revue systématique. Les arts martiaux permettaient une amélioration de la fonction à 3 mois (3 ERC, DM sur le score fonction du WOMAC -9,56 ; IC 95 % [-13,95 à -5,17]). La marche ne permettait pas de réduction de la douleur ni des performances physiques, mais une amélioration de la fonction à 6 mois (2 ERC, DM sur le score fonction du WOMAC -10,38 ; IC 95 % [-12,27 à -8,48]). Les exercices de conditionnement permettaient une amélioration de la fonction à 6 mois (3 ERC, DM sur le score fonction du WOMAC -3,74 ; IC 95 % [-5,70 à -1,78]) et des performances physiques (3 ERC, test de marche des 6 minutes, DM 42,72 m ; IC 95 % [27,78 à 57,66 m] à 6 mois et 2 ERC, test du temps de montée des escaliers, DM -0,49 s ; IC 95 % [-0,75 à -0,23] à 18 mois). Les effets indésirables les plus fréquents étaient la survenue de douleurs musculo-squelettiques ou l’exacerbation des symptômes préexistants (10 cas rapportés) et les chutes (6 cas rapportés dont 3 traumatiques). Au total, 21 effets indésirables graves et 2 décès ont été rapportés au cours des ERC, mais aucun n’a été attribué à l’intervention (Fernandopulle et coll., 2017
). Les auteurs ont conclu à un niveau de preuve faible de l’efficacité de l’activité physique non spécifique à sec, sur la fonction et les performances physiques à court et moyen termes, dans l’arthrose des membres inférieurs. Il n’a pas été montré d’effet clair sur la douleur.
). Au total, 60 ERC (8 212 patients) ont été inclus dans la revue systématique (44 ERC sur la gonarthrose, 2 ERC sur la coxarthrose et 14 ERC mixtes), qui permettait d’évaluer 12 interventions. L’analyse séquentielle montre que dès 2002, les données de la littérature étaient suffisantes pour affirmer les bénéfices des exercices par rapport à l’absence d’exercices dans l’arthrose des membres inférieurs. Pour la réduction de la douleur, quel que soit le régime d’exercices, ces derniers étaient plus efficaces que l’absence d’exercices. La taille de l’effet la plus importante était observée pour les exercices aquatiques de renforcement musculaire et d’étirement (DMS -1,17 après ajustement ; IC 95 % [-2,38 à 0,04]). Une intervention mixte associant renforcement musculaire, étirements et exercices aérobies était également plus efficace que l’absence d’exercices, pour l’amélioration de la fonction (DMS -0,57 après ajustement ; IC 95 % [-1,17 à 0,03]) (Uthman et coll., 2013
).Arthrose de hanche (coxarthrose)
). Les exercices permettent de réduire le coût médical direct par patient, avec un risque minimal d’effets indésirables, en comparaison de l’absence d’exercices (Tan et coll., 2015
). Dans la revue systématique de Hernandez-Molina et coll. publiée en 2008
, 9 ERC (1 234 patients) ont été analysés, dont 7 ont inclus des patients ayant une gonarthrose ou une coxarthrose. La douleur a été évaluée pour le groupe réalisant les exercices, et comparée à celui sans exercice. La taille de l’effet des exercices sur la douleur a été estimée à -0,46 (IC 95 % [-0,64 à -0,28]), avec des évaluations réalisées entre 6 et 26 semaines (médiane de 8 semaines) et des programmes d’exercices dont la durée allait de 6 à 52 semaines (Hernandez-Molina et coll., 2008
).
) (tableau 15.VI
). Des groupes de patients pratiquant des exercices à sec ont été comparés à des groupes ne pratiquant pas d’exercices. Au total, 10 ERC ont été inclus et la méta-analyse a été réalisée sur 9 ERC (549 patients), dont 5 ont inclus exclusivement des patients ayant une coxarthrose (419 patients). Les exercices à sec réduisaient la douleur (DMS -0,38 ; IC 95 % [-0,55 à -0,20]) et amélioraient la fonction (DMS -0,38 ; IC 95 % [-0,54 à -0,05]) à la fin du traitement. La réduction de la douleur se maintenait de 3 à 6 mois après l’arrêt du programme d’exercices (5 ERC, DMS -0,38, IC 95 % [-0,58 à -0,18]), de même que l’amélioration de la fonction (5 ERC, DMS -0,37 ; IC 95 % [-0,57 à -0,16]). Il n’y avait pas de bénéfices démontrés sur la qualité de vie (3 ERC, DMS -0,07 ; IC 95 % [-0,23 à 0,36]) à la fin du traitement. Le risque de sortie d’étude n’était pas différent entre les 2 groupes (7 ERC, différence de risque 1 % ; IC 95 % [-1 % à 4 %]). Seules 5 études sur 10 ont rapporté des effets indésirables, avec 1 à 2 cas d’exacerbation des symptômes préexistants dans le groupe exercices (Fransen et coll., 2014
).Tableau 15.VI Efficacité et tolérance de l’activité physique dans la coxarthrose : principaux résultats de la revue systématique la plus récente
|
Auteur, année
Méthode
|
Pathologie
|
Effectifs
|
APA
|
Comparateurs
|
Critères de jugement
|
Tolérance
|
|---|---|---|---|---|---|---|
|
Cochrane RS+MA des ERC
|
Coxarthrose seule : 5 ERC
Coxarthrose et gonarthrose : 5 ERC
|
10 ERC
549 patients dans la MA
|
Exercices à sec
Exercices de RM
Exercices aérobies
Mobilité articulaire
|
Placebo
Absence de traitement
Intervention sans exercices
|
Douleur
Fonction
Qualité de vie
EIND
À la fin du traitement
À plus long terme (3-6 mois)
|
↗ symptômes préexistants
|
|
Efficacité
|
||||||
|
Douleur
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,38 [-0,55 à -0,20]
à plus long terme : DMS (IC 95 %) -0,38 [-0,58 à -0,18]
Fonction
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,38 [-0,54 à -0,05]
à plus long terme : DMS (IC 95 %) -0,37 [-0,57 à -0,16]
Qualité de vie
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,07 [-0,23 à 0,36]
|
||||||
APA : activité physique adaptée ; DMS : différence moyenne standardisée ; EIND : effets indésirables ; ERC : essai randomisé contrôlé ; IC : intervalle de confiance ; MA : méta-analyse ; RM : renforcement musculaire ; RS : revue systématique.
Arthrose des mains
).
), Kjeken et coll. ont rapporté 3 ERC évaluant la combinaison d’exercices et d’autres modalités thérapeutiques (Boustedt et coll., 2009
; Stamm et coll., 2002
; Wajon et Ada, 2005
) et 3 ERC évaluant les exercices seuls (Garfinkel et coll., 1994
; Lefler et Armstrong, 2004
; Rogers et Wilder, 2009
). Les auteurs ont conclu à un faible niveau de preuve de l’efficacité des exercices spécifiques de la main sur la douleur et le gain de mobilité articulaire (Kjeken et coll., 2015
).
) et comparées à l’absence d’intervention, un placebo ou une autre intervention (tableau 15.VII
). Au total, 7 ERC publiés jusqu’en septembre 2015 ont été inclus dans la revue systématique. La douleur, la fonction et la mobilité des doigts ont été les principaux critères étudiés. Les exercices permettaient de réduire la douleur (5 ERC, 381 patients, DMS -0,27 ; IC 95 % [-0,47 à -0,07]), d’améliorer la fonction (4 ERC, 369 patients, DMS -0,28 ; IC 95 % [-0,58 à 0,02]) et un gain de mobilité des doigts (4 ERC, 369 patients, DMS -0,36 ; IC 95 % [-0,58 à -0,15]) à la fin du traitement. En revanche, le niveau de preuve était considéré comme faible en raison de nombreux biais dans les études incluses. Les exercices étaient très hétérogènes en termes de dose, contenu et nombre de sessions supervisées. Seuls 3 ERC ont rapporté des effets indésirables et des perdus de vue attribuables au traitement. Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté. Le risque d’effets indésirables, essentiellement de rares inflammations des articulations et des douleurs des mains, semblait plus grand dans le groupe exercices (3 ERC, risque ratio (RR) 4,55 ; IC 95 % [0,53 à 39,31]), de même que le nombre de perdus de vue (RR 2,88 ; IC 95 % [0,30 à 27,18]), mais cet effet n’était pas significatif. Les bénéfices sur la douleur, la fonction et la mobilité articulaire ne se maintenaient pas à moyen et long termes. L’adhésion au programme d’exercices était de 78 % à 94 % de la fréquence recommandée de sessions d’exercices.Tableau 15.VII Efficacité et tolérance de l’activité physique dans l’arthrose des mains : principaux résultats de la revue systématique la plus récente
|
Auteur, année
Méthode
|
Pathologie
|
Effectifs
|
AP
|
Comparateurs
|
Critères de jugement
|
Tolérance
|
|---|---|---|---|---|---|---|
|
Cochrane RS+MA des ERC
|
Arthrose des mains
|
7 ERC
381 patients dans la MA
|
Exercices à sec
Exercices de RM
Mobilité articulaire
Stabilisation articulaire
Combinaison d’exercices
|
Placebo
Absence de traitement
Intervention sans exercices
Soins usuels
|
Douleur
Fonction
Mobilité des doigts
EIND
Perdus de vue
À la fin du traitement
|
Pas d’EIND grave
Inflammation des articulations
Douleur des mains
EIND : RR (IC 95 %) 4,55 [0,53 à 39,31]
Perdus de vue : RR (IC 95 %) 2,88 [0,30 à 27,18]
|
|
Efficacité (résultats de la MA)
|
||||||
|
Douleur
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,27 [-0,47 à -0,07]
Fonction
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,28 [-0,58 à 0,02]
Mobilité des doigts
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,36 [-0,58 à -0,15]
|
||||||
AP : activité physique ; DMS : différence moyenne standardisée ; EIND : effets indésirables ; ERC : essai randomisé contrôlé ; IC : intervalle de confiance ; MA : méta-analyse ; RM : renforcement musculaire ; RS : revue systématique ; RR : risque relatif.
Activité physique et rhumatismes inflammatoires chroniques et connectivites
).Polyarthrite rhumatoïde
; Gaujoux-Viala et coll., 2014
; Gossec et coll., 2006
). Les données de la littérature sont de bonne qualité et ont été synthétisées dans 7 revues systématiques (Baillet et coll., 2010
et 2012
; Cramp et coll., 2013
; Hammond et Prior, 2016
; Han et coll., 2004
; Hurkmans et coll., 2009
; Verhagen et coll., 2015
) (tableau 15.VIII
).
). Les interventions moins spécifiques telles que le renforcement musculaire global ou le travail aérobie à sec ou en balnéothérapie montrent des effets plus inconstants, dont l’amplitude est faible à modérée sur la douleur, la force musculaire, la fonction globale et la qualité de vie (Baillet et coll., 2012
; Baillet et coll., 2010
; Cramp et coll., 2013
; Hurkmans et coll., 2009
). Il n’existe pas de preuve d’efficacité du Tai Chi (Han et coll., 2004
). Il n’a pas été rapporté d’effets indésirables significatifs, notamment d’évolution structurale plus rapide ou de recrudescence des douleurs ou des signes d’activité de la maladie chez les patients faisant de l’activité physique.Spondylarthrite ankylosante
). Les données de la littérature sont de bonne qualité et ont été synthétisées dans plusieurs revues systématiques (Dagfinrud et coll., 2008
; Liang et coll., 2015
; Regnaux et coll., à paraître
; van den Berg et coll., 2012
).Tableau 15.VIII Efficacité et tolérance de l’activité physique dans la polyarthrite rhumatoïde : principaux résultats des 7 revues systématiques de la littérature
|
Auteur, année
Méthode
|
Pathologie
Effectifs
|
AP
|
Comparateurs
|
Critères de jugement
|
Efficacité
|
Tolérance
|
|---|---|---|---|---|---|---|
|
RS des ERC
Pas de MA
|
PR
3 ERC
665 patients
|
Exercices à sec pour les mains
Supervisés ou non supervisés
12 à 52 semaines
|
Soins usuels
|
Douleur
Fonction
Qualité de vie
Mobilité des doigts
Force des doigts
Force de préhension
Activité de la maladie
Dérouillage matinal
IA et IS
Fatigue
|
Douleur : ↘ à S12 et S36
Fonction : ↗ à S12, M4, M6 et M12
Qualité de vie : pas de différence
Mobilité des doigts : ↗ extension à M4 et ↗ flexion à M6
Force des doigts : ↗ pince pouce/index à M6 et M12
Force de préhension : ↗ Grip Ability Test à S12 et M4
Activité de la maladie : ↘ à S12
Dérouillage matinal : pas de différence
IA : ↘ à M4
IS : pas de différence
Fatigue : pas de différence
|
EIND : non analysés
|
|
Cochrane RS+MA des ERC
|
PR
9 ERC
579 patients
|
Exercices aquatiques
|
Placebo
|
Douleur
IA et IS
|
Douleur : DMS (IC 95 %) 0,50 [-0,84 à 1,84]
IA : DMS (IC 95 %) -4,60 [-8,72 à -0,48]
IS : DMS (IC 95 %) 0,60 [-0,90 à 2,10]
|
EIND : non analysés
|
|
Cochrane RS+MA des ERC
|
PR
6 ERC
388 patients
|
AP non spécifique
|
Comparateur sans AP
|
Fatigue
|
Fatigue : DMS (IC 95 %) -0,36 [-0,62 à -0,10]
|
EIND : non analysés
|
|
RS+MA des ERC
|
PR
10 ERC
547 patients
|
Exercices en résistance
|
Comparateur sans exercices en résistance
|
Douleur
Fonction
Capacité fonctionnelle
IA
Force isocinétque
Force isométrique
Force de préhension
VS
EIND
Perdus de vue
|
Douleur : DMP (IC 95 %) -4,1 mm [-11,0 à -2,7 mm]
Fonction : DMP (IC 95 %) -0,17 [-0,38 à 0,04]
Capacité fonctionnelle : DMP (IC 95 %) -1,9 s [-3,0 à -0,9 s]
IA : DMP (IC 95 %) -5,4 % [-9,0 à -1,7 %]
Force isocinétque : DMP (IC 95 %) 23,7 % [11,0 à 36,4]
Force isométrique : DMP (IC 95 %) 35,8 % [24,4 à 47,1]
Force de préhension : DMP (IC 95 %) 26,4 % [12,3 à 40,5]
VS : DMP (IC 95 %) -5,2 mm [-8,8 à -1,6 mm]
|
EIND : RR (IC 95 %) 1,08 (0,72 à 1,63)
Perdus de vue : RR (IC 95 %) 0,95 (0,61 à 1,48)
|
|
RS+MA des ERC
|
PR
14 ERC
1 040 patients
|
Exercices aérobies
|
Comparateur sans exercices aérobies
|
Douleur
Fonction globale
Qualité de vie
Activité de la maladie
IA et IS
Score radiologique
Perdus de vue
|
Douleur : DMS (IC 95 %) 0,31 [0,06 à 0,55]
Fonction : DMS (IC 95 %) 0,24 [0,10 à 0,38]
Qualité de vie : DMS (IC 95 %) 0,39 [0,23 à 0,56]
Activité de la maladie : DMS (IC 95 %) 0,08 [0,08 à 0,25]
IA et IS : DMS (IC 95 %) 0,14 [0,05 à 0,33]
Score radiologique : DMS (IC 95 %) 0,36 [0,16 à 0,56]
|
Perdus de vue :
OR (IC 95 %) 1,67 (0,36 à 7,69)
|
|
Cochrane RS+MA des ERC
|
PR
8 ERC
575 patients
|
1. Exercices aérobies à sec
2. Exercices aérobies aquatiques
3. Exercices aérobies à sec + RM
|
Comparateur sans exercices aérobies
|
Douleur
Fonction
Activité de la maladie
Score radiologique
|
Exercices aérobies à sec
Douleur : DMS (IC 95 %) -0,27 [-0,79 à 0,26]
Fonction : DMS (IC 95 %) 0,03 [-0,46 à 0,51]
Force musculaire : DMS (IC 95 %) -0,38 [-1,67 à 0,9]
Exercices aérobies aquatiques
Douleur : DMS (IC 95 %) 0,06 [-0,43 à 0,54]
Force musculaire : DMS (IC 95 %) -0,38 [-1,27 à 0,51]
Exercices aérobies à sec + RM
Douleur : DMS (IC 95 %) 0,35 [-0,46 à 1,16]
Force musculaire : DMS (IC 95 %) 0,49 [-0,06 à 1,04]
Activité de la maladie : DMS (IC 95 %) -0,16 [-0,39 à 0,06]
Score radiologique : DMS (IC 95 %) -0,15 [-0,37 à 0,08]
|
EIND : non analysés
|
|
Cochrane RS+MA des ERC
|
PR
4 ERC
206 patients
|
Tai Chi
|
Comparateur sans Tai Chi
|
Fonction
IA et IS
Force de préhension
Perdus de vue
|
Fonction : DMS (IC 95 %) 0,01 [-2,94 à 2,97]
IA : DMS (IC 95 %) -0,83 [-3,30 à 1,64]
IS : DMS (IC 95 %) 2,45 [-0,45 à 5,36]
Force de préhension : DMS (IC 95 %) -0,08 [-0,26 à 0,10]
|
Perdus de vue :
RR (IC 95 %) 0,37 (0,19 à 0,72)
|
AP : activité physique ; DMP : différence moyenne pondérée ; DMS : différence moyenne standardisée ; EIND : effets indésirables ; ERC : essai randomisé contrôlé ; IA : indice articulaire ; IS : indice synovial ; IC : intervalle de confiance ; M : mois ; MA : méta-analyse ; OR : odds-ratio ; PR : polyarthrite rhumatoïde ; RM : renforcement musculaire ; RS : revue systématique ; RR : risque relatif ; S : semaine ; VS : vitesse de sédimentation.
). Dans une revue systématique plus récente publiée en 2012, 6 ERC supplémentaires ont été analysés et confirment ces résultats (van den Berg et coll., 2012
). Différentes modalités d’exercices avaient des effets positifs, modérés à bons, sur la douleur, la mobilité rachidienne, l’activité de la maladie évaluée par le Bath Ankylosing Spondylitis Disease Activity Index (BASDAI) et la fonction évaluée par le Bath Ankylosing Spondylitis Functional Index (BASFI). Dans la mise à jour à paraître de la revue Cochrane (tableau 15.IX
), les exercices permettaient une réduction de la douleur, comparés à l’absence d’exercices (4 ERC, 173 patients, DMS -1,25 ; IC 95 % [-1,60 à -0,90]), une amélioration de la fonction selon le BASFI (5 ERC, 197 patients, DMS -1,42 ; IC 95 % [-1,88 à -0,96]), une amélioration de l’évaluation globale par le patient (4 ERC, 147 patients, DMS -1,03 ; IC 95 % [-1,50 à -0,57]), une amélioration de la mobilité selon le Bath Ankylosing Spondylitis Mobility Index (BASMI) (3 ERC, 117 patients, DMS -0,90 ; IC 95 % [-1,87 à 0,07]) et une diminution de la fatigue (2 ERC, 72 patients, DMS -1,43 ; IC 95 % [-2,73 à -0,14]) à la fin du traitement (Regnaux et coll., à paraître
). Les résultats étaient similaires à plus long terme ou lorsque les exercices étaient comparés aux soins usuels, mais avec des tailles d’effet plus faibles. Il n’y avait pas de risque accru d’effets indésirables (Regnaux et coll., à paraître
).
).Tableau 15.IX Efficacité et tolérance de l’activité physique dans la spondylarthrite ankylosante : principaux résultats de la revue systématique la plus récente
|
Auteur, année
Méthode
|
Pathologie
Effectifs
|
AP
|
Comparateurs
|
Critères de jugement
|
Efficacité
|
Tolérance
|
|---|---|---|---|---|---|---|
|
Cochrane
RS+MA des ERC
|
Spondylarthrite ankylosante
12 ERC
1 510 patients
|
Exercices
Étirements
Mobilité articulaire
Mobilisation
RM
Stabilisation
Travail aérobie
Restauration Fonctionnelle
Tai Chi
Yoga
|
Absence de traitement
Intervention sans exercices
Soins usuels
|
Douleur
Fonction
Qualité de vie
Évaluation globale
Mobilité rachidienne
Fatigue
EIND
Perdus de vue
À la fin du traitement
À moyen terme (< 1 an)
À long terme (> 1 an)
|
Exercices vs absence de traitement
Douleur
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -1,25 [-1,60 à -0,90]
Fonction
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -1,42 [-1,88 à -0,96]
à moyen terme : DMS (IC 95 %) -1,51 [-1,84 à -1,17]
Évaluation globale
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -1,03 [-1,50 à -0,57]
à moyen terme : DMS (IC 95 %) -1,12 [-1,57 à -0,67]
Mobilité rachidienne
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,90 [-1,87 à 0,07]
à moyen terme : DMS (IC 95 %) -1,42 [-2,05 à -0,78]
Fatigue à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -1,43 [-2,73 à -0,14]
Exercices vs soins usuels
Douleur à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,16 [-0,29 à -0,03]
Fonction
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,36 [-0,55 à -0,16]
à moyen terme : DMS (IC 95 %) -0,60 [-1,62 à 0,42]
Évaluation globale
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -0,68 [-1,27 à -0,09]
à moyen terme : DMS (IC 95 %) -0,70 [-1,71 à 0,31]
Mobilité rachidienne
à la fin du traitement : DMS (IC 95 %) -1,15 [-2,81 à 0,52]
à moyen terme : DMS (IC 95 %) -0,70 [-1,64 à 0,24]
|
Perdus de vue : Peto OR (IC 95 %) 1,06 [0,72 à 1,55]
|
AP : activité physique ; DMS : différence moyenne standardisée ; EIND : effets indésirables ; ERC : essai randomisé contrôlé ; IC : intervalle de confiance ; MA : méta-analyse ; OR : odds-ratio ; RM : renforcement musculaire ; RS : revue systématique.
). Des travaux évaluant l’efficacité de l’APA à des stades plus précoces de la maladie et l’intérêt des stratégies de personnalisation des programmes et d’amélioration de l’adhésion sont nécessaires.Sclérodermie systémique
). Elle doit idéalement être instaurée dès le début de la maladie afin de prévenir l’aggravation des déficiences et des limitations d’activité, qui sont principalement d’ordre musculo-squelettique et cutané. Le handicap localisé à la main contribue à 75 % du handicap global (Rannou et coll., 2007
). Une attention particulière doit donc être accordée à cette atteinte dans les programmes structurés.
; Maddali-Bongi et coll., 2011a
; Maddali-Bongi et coll., 2011b
; Rannou et coll., 2016
; Schouffoer et coll., 2011
; Yuen et coll., 2011
et 2012
) (tableau 15.X
). Les effectifs inclus étaient faibles et les interventions insuffisamment décrites, sauf dans une étude (Rannou et coll., 2016
). Celle-ci a inclus 220 patients et a montré qu’un programme multidisciplinaire personnalisé associant exercices spécifiques, activité physique non spécifique et ETP, composé d’une phase supervisée pendant 1 mois, puis d’une phase non supervisée pendant 1 an, n’apportait pas de bénéfices supérieurs aux soins usuels concernant les limitations d’activité à 1 an. Une lecture attentive des résultats montre que le manque de succès de l’intervention serait lié à une faible adhésion lors de la phase non supervisée. En effet, chez les patients dont l’adhésion au programme était bonne, y compris lors de la phase non supervisée, les bénéfices du programme multidisciplinaire sur les déficiences et les limitations d’activité se maintenaient à 1 an (Rannou et coll., 2016
).Tableau 15.X Efficacité et tolérance de l’activité physique dans la sclérodermie systémique : principaux résultats des 7 ERC publiés
|
Auteur, année
Pays
Méthode
|
Patients
Durée
|
AP
|
Comparateurs
|
Critères de jugement
|
Efficacité
|
Tolérance
|
|---|---|---|---|---|---|---|
|
ERC
Multi
Méthode de Zelen modifiée
|
ScS > 6 ans
220 patients
12 mois
|
112 patients
Programme personnalisé associant travail de la mobilité articulaire + RM, travail aérobie + travail de l’OB
Sessions supervisées : 3 h x3/semaine pendant 1 mois
Sessions non supervisées : 30 min/j
+ orthèses dynamiques 2 h/j
+ orthèses de repos la nuit
|
108 patients
Soins usuels
|
CJP pré-spécifié
Fonction globale à M12
CJS à M1, M6 et M12
Douleurs articulaires
Fonction globale
Fonction de la main
Handicap prioritaire
Qualité de vie
OB
Atteinte cutanée
Mobilité de la main
Capacités aérobies
Satisfaction
EIND
|
CJP : résultat négatif
Fonction globale : différence ajustée (IC 95 %) -0,01 [0,15 à 0,13] sur le score HAQ-DI à M12, p = 0,86
CJS à M1, M6 et M12
Douleurs articulaires : ↘ à M1
Fonction : ↗ à M1
Fonction de la main : ↗ à M1
Handicap prioritaire : ↘ à M1
Qualité de vie : pas de différence
OB : ↗ à M1, M6 et M12
Atteinte cutanée : pas de différence à M12
Mobilité de la main : ↗ à M1 et M6
Capacités aérobies : pas de différence à M12
Satisfaction : pas de différence
|
4 EIND
2 fatigue
1 douleur inguinale
1 douleur du mollet
|
|
États-Unis
ERC
Mono
|
ScS > 6 ans
OB < 40 mm
28 patients
6 mois
|
13 patients
Programme associant outils pour l’hygiène bucco-dentaire + instructions
Brossage des dents 2 min + fil de soie : x2/j pendant 6 mois
Exercices du visage et travail de l’OB : x2/j pendant 6 mois
|
15 patients
Soins usuels dentaires
|
CJP pré-spécifié
OB à M6
|
CJP : résultat négatif
OB : pas de différence à M6
|
EIND : non rapportés
|
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États-Unis
ERC
Mono
|
ScS > 7 ans
48 patients
6 mois
|
26 patients
Programme associant outils pour l’hygiène bucco-dentaire + instructions
Brossage des dents 2 min + fil de soie : x2/j pendant 6 mois
|
22 patients
Soins usuels dentaires
|
CJP pré-spécifié
Inflammation gingivale à M6
|
CJP : résultat positif
Inflammation gingivale :
↘ à M6
|
EIND : non rapportés
|
|
Pays-Bas
ERC
Mono
|
ScS > 6,5 ans
53 patients
12 semaines
|
28 patients
Programme personnalisé associant exercices généraux, exercices pour la main et la bouche et ETP
Sessions supervisées : x1/semaine pendant 12 semaines
Sessions non supervisées : x6/semaine pendant 12 semaines
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25 patients
Soins usuels
|
CJP et CJS à S12 et S24
Douleur
Fonction globale
Qualité de vie
OB
Mobilité de la main
Force de préhension
Capacités aérobies
Fatigue
EIND
|
CJP et CJS : non pré-spécifiés
Douleur : pas de différence
Fonction globale : ↗ à S12
Qualité de vie : pas de différence
OB : ↗
Mobilité de la main : ↗ à S24
Force préhension : ↗
Capacités aérobies :
pas de différence sur la VO2 max
↗ TM6 à S12
Fatigue : pas de différence
|
2 EIND
1 douleur cutanée
1 rupture tendineuse
|
|
Maddali-Bongi et coll., 2011
Italie
ERC
Mono
|
ScS ~ 8 ans
35 patients
5 semaines
|
20 patients
Drainage lymphatique manuel : 1 h/semaine pendant 5 semaines
|
15 patients
Pas d’intervention
|
CJP et CJS à S5 et S9
Douleur de la main
Fonction globale
Qualité de vie
Mobilité de la main
Å’dème de la main
Volume de la main
Gêne liée à la douleur
Gêne liée à l’Å“dème
|
CJP et CJS : non pré-spécifiés
Douleur de la main : ↘
Fonction globale : ↗ à S5
Qualité de vie : ↗
Mobilité de la main : ↗
Å’dème de la main : ↘
Volume de la main : ↘
Gêne liée à la douleur de la main : ↘
Gêne liée à l’Å“dème de la main : ↘
|
EIND : non rapportés
|
|
Maddali-Bongi et coll., 2011
Italie
ERC
Mono
|
ScS > 9 ans
40 patients
9 semaines
|
20 patients
Programme supervisé pour le visage associant massage, Kabat, kinésithérapie, exercices de relaxation : 1 h x2/semaine pendant 9 semaines
Programme non supervisé d’exercices sham quotidiens pendant 18 semaines
|
20 patients
Programme non supervisé d’exercices sham quotidiens pendant 18 semaines
|
CJP et CJS à S9 et S18
Fonction globale
Fonction de la bouche
Qualité de vie
OB
Atteinte cutanée
|
CJP et CJS : non pré-spécifiés
Pas de comparaison réalisée entre les 2 groupes
|
EIND : non rapportés
|
|
Italie
ERC
Mono
|
ScS ~ 9 ans
40 patients
9 semaines
|
20 patients
Massage et manipulation articulaire (Mc Mennell) : 1 h x2/semaine pendant 9 semaines
Sessions non supervisées d’exercices pour les mains : 20 min/j pendant 9 semaines
|
20 patients
Sessions non supervisées d’exercices pour les mains : 20 min/j pendant 9 semaines
|
CJP et CJS à S9 et S18
Fonction globale
Fonction de la main
Qualité de vie
Mobilité de la main
Ouverture de la main
Pince I/II
|
CJP et CJS : non pré-spécifiés
Pas de comparaison réalisée entre les 2 groupes
|
EIND : non rapportés
|
AP : activité physique ; CJP : critère de jugement principal ; CJS : critère de jugement secondaire ; DMS : différence moyenne standardisée ; EIND : effets indésirables ; ERC : essai randomisé contrôlé ; HAQ-DI : Health Assessment Questionnaire Disability Index ; IC : intervalle de confiance ; M : mois ; MA : méta-analyse ; Mono : monocentrique ; Multi : multicentrique ; OB : Ouverture de la bouche ; OR : odds-ratio ; RM : renforcement musculaire ; RS : revue systématique ; S : semaine ; ScS : sclérodermie systémique ; TM6 : Test de marche de 6 minutes.
Dermatomyosite et polymyosite
). Un effet bénéfique des exercices sur les performances musculaires, la capacité aérobie et l’état de santé perçu par les patients a été suggéré par les études ouvertes, quel que soit le stade de la maladie (Alemo Munters et coll., 2014
). Le gain de force musculaire pourrait s’expliquer par une amélioration de la microvascularisation musculaire, le ralentissement des processus inflammatoires musculaires et périmusculaires et une activité enzymatique mitochondriale accrue (Alemo Munters et coll., 2014
).
et b
; Alexanderson et coll., 2014
; Chung et coll., 2007
; Munters et coll., 2013
; Tiffreau et coll., 2016
; Wiesinger et coll., 1998
) (tableau 15.XI
). Les effectifs étaient au maximum de 19 sujets par bras (Chung et coll., 2007
). Une seule étude a inclus des DM et PM récentes (< 3 mois) (Alexanderson et coll., 2014
). Les programmes étaient hétérogènes dans leur durée (de 6 semaines à 6 mois), dans leur contenu (exercices de renforcement musculaire en force, en endurance et/ou contre résistance, travail respiratoire, travail aérobie, mobilisation articulaire ou travail de la marche) et dans leur mode de délivrance (supervisée et/ou non supervisée). Sur le plan méthodologique, seules 3 études ont spécifié un critère de jugement principal (Alexanderson et coll., 2014
; Chung et coll., 2007
; Tiffreau et coll., 2016
) et 1 seule étude a rapporté des données de tolérance (Chung et coll., 2007
). Aucune étude n’a suivi la méthodologie recommandée par Consort (Consolidated Standards Of Reporting Trials) (Boutron et coll., 2008a
et b
) ni la checklist TIDiER (template for intervention description and replication) (Hoffmann et coll., 2014
), si bien qu’il est difficile de faire une analyse critique des interventions testées et plus encore de les transposer dans la pratique quotidienne.
). Une APA peut donc être envisagée dès les stades précoces des DM et PM.Tableau 15.XI Efficacité et tolérance de l’activité physique dans la dermatomyosite et la polymyosite : principaux résultats des 7 ERC publiés
|
Auteur, année
Pays
Méthode
|
Patients
Durée
|
AP
|
Comparateurs
|
Critères de jugement
|
Efficacité
|
Tolérance
|
|---|---|---|---|---|---|---|
|
France
ERC
Multi
Méthode de Zelen modifiée
|
DM/PM > 45 mois
21 patients
12 mois
|
10 patients
Programme personnalisé associant RM, travail de l’AT, de la mobilité articulaires, de la marche, des transferts et aérobie
Sessions supervisées : x1/semaine pendant 4 semaines
Session non supervisées : 30 min/jour
|
11 patients
Kinésithérapie libérale : 30 min x3/semaine
|
CJP pré-spécifié
Fonction globale à M12
CJS à M1, M2 et M12
Douleur
Qualité de vie
Performances musculaires
Capacités aérobies
CRP
CPK
Fatigue
|
CJP : résultat positif
Fonction globale : 0,64 (0,53) vs 1,36 (1,02) sur le score HAQ-DI à M12, p = 0,026
CJS à M1, M2 et M12
Douleur : 5,0 (10,61) vs 33,4 (35,7) à M12, p = 0,04
Qualité de vie : ↗ certains scores
Performances musculaires : ↗ à gauche à M12
Capacités aérobies : pas de différence
CRP : pas de différence
CPK : pas de différence
Fatigue : pas de différence
|
EIND : non rapportés
|
|
Suède
ERC
Multi
|
DM/PM ~3 mois
19 patients
24 semaines
|
10 patients
Exercices en résistance à domicile : x5/semaine pendant 12 semaines
Exercices de mobilisation articulaire à domicile : x2/semaine pendant 12 semaines
|
9 patients
Exercices de mobilisation articulaire à domicile : x5/semaine pendant 24 semaines
|
CJP pré-spécifié
Performances musculaires à S24
CJS à S24
État de santé perçu
Capacités aérobies
CPK
|
CJP : résultat négatif
Performances musculaires : pas de différence à S24
CJS à S24
État de santé perçu : pas de différence
Capacités aérobies : pas de différence
CPK : pas de différence
|
EIND : non rapportés
|
|
Suède
ERC
Mono
|
DM/PM chronique
15 patients
12 semaines
|
7 patients
Exercices en endurance 1 h x3/semaine
|
8 patients
Pas d’intervention
|
CJP et CJS à S12
Performances musculaires
Capacités aérobies
Activité de la maladie
Lactates
Biopsie
|
CJP et CJS : non pré-spécifiés
Performances
musculaires : ↗
Capacités aérobies : ↗
Activité de la maladie : ↘
Lactates : ↘
Biopsie : ↘ gènes inflammation et stress du RE
|
EIND : non rapportés
|
|
Suède
ERC
Multi
|
DM/PM ~8 ans
21 patients
12 semaines
|
11 patients
Exercices en endurance
Sessions supervisées : 1 h x2/semaine pendant 12 semaines
Sessions non supervisées : 1 h/semaine pendant 12 semaines
|
10 patients
Pas d’intervention
|
CJP et CJS à S12
Performances musculaires
Capacités aérobies
Activité de la maladie
Fonction globale
Handicap prioritaire
Qualité de vie
|
CJP et CJS : non pré-spécifiés
Performances
musculaires : ↗
Capacités aérobies : ↗
Activité de la maladie : ↘
Fonction globale : ↗
Handicap prioritaire : pas de différence
Qualité de vie : ↗ certains scores
|
EIND : non rapportés
|
|
Suède
ERC
Multi
|
DM/PM > 7 ans
15 patients
12 semaines
|
9 patients
Exercices en endurance
Sessions supervisées : 1 h x2/semaine pendant 12 semaines
Sessions non supervisées : 1 h/semaine pendant 12 semaines
|
6 patients
Pas d’intervention
|
CJP et CJS à S12
Performances musculaires
Capacités aérobies
Activité de la maladie
Lactates
Fonction mitochondriale
|
CJP et CJS : non pré-spécifiés
Performances
musculaires : ↗
Capacités aérobies : ↗
Activité de la maladie : ↘
Lactates : pas de différence
Fonction mitochondriale : ↗ activités CS and ß-HAD
|
EIND : non rapportés
|
|
Grande Bretagne, Suède
ERC
Multi
|
DM/PM > 6 mois
37 patients
6 mois
|
19 patients
Exercices à domicile x5/semaine : Exercices en endurance, travail des mobilités articulaires, étirements et travail aérobie pendant 6 mois
Créatinine orale 20 mg/j pendant 8 jours puis 3 mg/j pendant 6 mois
|
18 patients
Exercices à domicile x5/semaine : Exercices en endurance, travail des mobilités articulaires, étirements et travail aérobie pendant 6 mois
Placebo oral pendant 6 mois
|
CJP pré-spécifié
Performances musculaires à M6
CJS à M6
Douleur
État de santé perçu
Force
Performances musculaires
CPK
Anxiété et dépression
Fatigue
|
CJP : résultat positif
Performances musculaires : ↗ 11,4 % vs 3,7 % du score AFPT, p = 0,029
CJS à M6
Douleur : pas de différence
État de santé perçu : pas de différence
Force : ↗ hanche et épaule
Performances musculaires : pas de différence
CPK : pas de différence
Anxiété et dépression : pas de différence
Fatigue : pas de différence
|
EIND : 13
8 infections
6 chutes
2 problèmes digestifs
|
|
Autriche
ERC
Mono
|
DM/PM > 6 mois
14 patients
6 semaines
|
7 patients
Exercices en endurance (vélo) et aérobies
Sessions supervisées :
1 h x2/semaine pendant 2 semaines
puis 1 h x3/semaine pendant 4 semaines
|
7 patients
Pas d’intervention
|
CJP et CJS à S6
Fonction
Performances musculaires
Capacités aérobies
CPK
|
CJP et CJS : non pré-spécifiés
Fonction : ↗
Performances
musculaires : ↗
Capacités aérobies : ↗
CPK : pas de différence
|
EIND : non rapportés
|
AP : activité physique ; AFPT : Aggregate Functional Performance Time ; AT : ampliation thoracique ; ß-HAD : ß-hydroxyacyl-CoA déhydrogénase ; CJP : critère de jugement principal ; CJS : critère de jugement secondaire ; CPK : créatine phosphokinase ; CRP : protéine C réactive ; CS : citrate synthase ; DM : dermatomyosite ; EIND : effets indésirables ; ERC : essai randomisé contrôlé ; G-B : Grande-Bretagne ; HAQ-DI : Health Assessment Questionnaire Disability Index ; M : mois ; mono : monocentrique ; multi : multicentrique ; PM : polymyosite ; RE : réticulum endoplasmique ; RM : renforcement musculaire ; S : semaine.
Autres connectivites
; Tench et coll., 2002
). Leur prise en charge en APA repose sur des programmes associant exercices spécifiques, activité physique non spécifique et ETP. Certaines études récentes suggèrent l’intérêt de ce type de stratégie, notamment dans le lupus érythémateux systémique (Abrahao et coll., 2016
; Carvalho et coll., 2005
; Clarke-Jenssen et coll., 2005
; dos Reis-Neto et coll., 2013
; Ramsey-Goldman et coll., 2000
; Tench et coll., 2003
).Conclusion
Références
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