II. Approches par pathologies
2019
| ANALYSE |
12-
Accidents vasculaires cérébraux
; Coelho et coll., 2016
) : plus de 60 % des patients post-AVC restent handicapés, 50 % souffrent d’hémiparésie et 30 % sont incapables de marcher sans aide (Scherbakov et coll., 2013
). La gêne à la marche et l’utilisation limitée des membres supérieurs pour les tâches usuelles journalières sont les principales plaintes rapportées par ces patients (Brewer et coll., 2013
). Il est important de souligner que l’AVC, longtemps décrit comme une pathologie spécifique aux personnes âgées, concerne de plus en plus les personnes de moins de 55 ans (voir chapitre « Épidémiologie »). Ceci pourrait s’expliquer par l’impact du mode de vie actuel et des facteurs de risque cardiovasculaires avec au premier rang le tabagisme (Béjot et coll., 2014
).
). Au niveau musculaire, les séquelles sont structurelles, métaboliques et fonctionnelles ( voir chapitre « Mécanismes moléculaires du déconditionnement musculaire et des adaptations musculaires à l’exercice dans les pathologies chroniques »). Sur le plan physiopathologique, la combinaison de dénervation, inflammation, remodelage et spasticité aboutit à l’association d’une perturbation phénotypique et d’une atrophie musculaire qui se rapproche de la sarcopénie liée au vieillissement (Scherbakov et coll., 2013
; Coelho et coll., 2016
). Ces troubles avec perte de la force et de la puissance musculaires concernent les muscles des membres parétiques et aussi à la longue les muscles non parétiques (Coelho et coll., 2016
). Ces séquelles induisent une baisse de la mobilité et de la condition physique en particulier cardiorespiratoire. Ainsi, à distance de l’AVC, les patients rapportent une baisse de la qualité de vie, plus liée aux limites physiques que cognitives (Crichton et coll., 2016
).
). Les accidents ischémiques transitoires sont cependant moins étudiés que les AVC avec séquelles.Bénéfices de la pratique d’une activité physique
sur la mortalité après un accident vasculaire cérébral
; Saunders et coll., 2016
). Dans une première revue systématique Cochrane (Saunders et coll., 2013
), récemment mise à jour (Saunders et coll., 2016
), l’effet du réentraînement sur la mortalité n’était qu’un des nombreux objectifs. Parmi les 58 essais randomisés contrôlés (ERC, randomized controlled trial (RCT) en anglais) (traitement classique avec ou sans réentraînement) compilés dans cette revue, regroupant 2 797 patients, les effets du réentraînement sur la mortalité ne sont pas souvent analysés et les résultats de l’analyse systématique sont peu clairs. Au total, 13 décès sont survenus pendant la période de réentraînement et 9 lors de la période de suivi des patients, ce qui ne permet pas de conclure sur l’effet du réentraînement sur la mortalité. Les auteurs soulignent la nécessité d’autres études randomisées de bonne qualité pour proposer la prescription optimale d’activité physique en post-AVC et pour mieux en connaître les bénéfices.Niveau de sédentarité et d’activité physique des patients après un accident vasculaire cérébral
). La séquelle la plus commune qui est une limitation musculaire unilatérale va réduire la mobilité (Scherbakov et coll., 2013
). Une étude rétrospective menée chez 4 460 patients Sud-Coréens a montré que la spasticité musculaire des membres (OR ajusté = 0,57 ; IC 95 % [0,47-0,69]) et les troubles alimentaires et salivaires (OR ajusté = 0,53 ; IC 95 % [0,39-0,72]) étaient les facteurs les plus limitants (Ki-Jong et coll., 2016
).
). Une étude prospective (sur 7 mois) menée chez 88 patients (66 ± 17 ans) post-AVC (délai 43 ± 34 jours) avec un handicap moyen selon l’index de Barthel de 61 ± 25/100, a montré que 62 % de ces patients ne réalisaient pas l’activité physique recommandée (≥ 30 minutes/jour) (Lacroix et coll., 2016
). Une méta-analyse sur le sujet a inclus 26 études, soit 983 patients post-AVC capables de marcher et pour la majorité âgés de 65 à 75 ans (English et coll., 2014
). Les 22 études qui ont mesuré le nombre de pas journalier des patients, ont toutes conclu à une activité de marche inférieure à la moitié de celle pratiquée par les patients non handicapés de même âge. Le temps journalier de sédentarité n’a jamais été spécifiquement étudié, mais il peut être estimé à partir des données de 4 études réalisées avec de petits échantillons et des méthodologies différentes (mode de mesure, temps d’analyse). L’estimation du temps de sédentarité est ainsi comprise entre 63 et 87 % du temps d’analyse. La seule étude contrôlée conclut à un temps de sédentarité de 63 % chez les patients contre 57 % chez les contrôles. Une étude observationnelle a analysé sur 7 jours consécutifs le temps passé assis et les activités physiques journalières chez 63 sujets (35 % femmes, âge moyen 68,4 ± 10 ans, 41 patients et 23 contrôles appariés) (English et coll., 2016a
). Les patients passaient plus de temps assis (10,9 ± 2 h/j versus 8,2 ± 2 h/j pour les contrôles) avec des périodes d’assises prolongées (≥ 30 minutes) plus longues également (7,4 ± 2,8 h/j versus 3,7 ± 1,7 h/j pour les contrôles). Notons que les données à notre disposition ont été obtenues sur de faibles échantillons de patients souvent sélectionnés sur leur niveau de handicap. Ces limites soulignent la nécessité de réaliser d’autres études avec une méthodologie centrée sur le mode de vie des patients post-AVC.
) pour une valeur recommandée de 142 kcal/j (Mazzeo et Tanaka 2001
). Elle était modérément corrélée positivement à l’index de Barthel (r = 0,28 ; p = 0,0002) et négativement à l’indice de masse corporelle (r = -0,440 ; p < 0,0001). Une autre étude a analysé la validité de l’utilisation d’un accéléromètre tri-axial chez 40 patients (66,5 ± 9,6 ans entre 49-82 ans ; 27 femmes) post-AVC (ancienneté 2,9 ± 2,4 ans, entre 1-12 ans) avec hémiplégie séquellaire. Elle a aussi étudié leur niveau d’activité physique journalier sur 3 jours dans les activités quotidiennes (Rand et coll., 2009
). Ces patients avaient un niveau d’incapacité faible (Perry et coll., 1995
) mais significatif car n’autorisant une vitesse de marche que de 0,89 m/s avec une distance moyenne au test de marche de 6 minutes (TM6) inférieure à 320 mètres (pour référence 480-519 m chez des sujets âgés sains de plus de 60 ans, Bohannon et coll., 2007
). Ils étaient peu actifs, et 58 % ne dépensaient pas les 142 kcal/j recommandés.
), au faible niveau de V̇O2max (8-22 ml/min/kg soit 26-87 % de la valeur théorique) (rapporté dans la revue de la littérature de Smith et coll., 2012
) et enfin à l’aggravation de leurs facteurs de risque cardiovasculaires avec risque accru de récidive d’AVC (Appelros et coll., 2011
; Kuwashiro et coll., 2012
).
; van der Ploeg et coll., 2006
; Mansfield et coll., 2016
). Cependant, une récente étude prospective de cohorte (61 patients dont 35 réentraînés en aérobie) a montré que la participation à un programme de réentraînement physique de type aérobie en institution de santé n’augmentait pas la poursuite de la pratique d’une activité physique (estimée par le questionnaire PASIPD et le suivi des recommandations de l’ACSM) 6 mois après la sortie de la structure (Brown et coll., 2014
).
).
). Le temps d’inactivité et de sédentarité très élevé lors de l’hospitalisation (94 % du temps journalier assis/couché, 4 % debout et 2 % de marche) diminue significativement avec le suivi pour atteindre 18 % de position debout et 9 % de marche après 3 ans. L’amélioration la plus nette est cependant observée après un an pour diminuer ensuite. Le temps non sédentaire est positivement corrélé à l’indice de Barthel et au score de déambulation. Les séquelles psychologiques et visuelles affectent également le temps d’inactivité et de sédentarité.
) et n’est expliqué que pour une faible part, par la gêne à la marche et le niveau de handicap physique ressenti par les patients (English et coll., 2016b
). L’idée classique de l’entourage, parfois médical et paramédical, sur la trop grande fragilité des patients pour réaliser une activité physique est aussi un frein important (Bernhardt et coll., 2007
). Il faut enfin souligner que beaucoup de patients touchés par un AVC avaient un faible niveau de pratique d’activité physique journalier avant la survenue de l’accident (Saunders et coll., 2016
).
). Des études sur les freins et motivations permettant d’obtenir une meilleure adhésion des patients post-AVC à un mode de vie plus actif physiquement et moins sédentaire méritent aussi d’être réalisées.Risques de l’activité physique et tests d’aptitude physique utilisables chez les patients après un accident vasculaire cérébral
Sécurité du réentraînement physique après un accident vasculaire cérébral
; Pollock et coll., 2009 ; Saunders et coll., 2013
; Saunders et coll., 2016
). La discussion principale relative à la sécurité du réentraînement concerne le délai de sa mise en place après l’AVC (Bernhardt et coll., 2015
), c’est-à-dire le moment optimal de la mise en place d’une réhabilitation physique précoce définie par les thérapies physiques, les activités physiques domestiques et l’exercice physique post-AVC dans le but de préserver ou restaurer les fonctions physiques (Bernhardt et coll., 2009
; Stoller et coll., 2012
). Il est le plus souvent convenu de parler de mobilisation précoce lorsqu’une activité physique est réalisée en dehors du lit dans les 24 à 72 premières heures après l’AVC (Bernhardt et coll., 2015
).
), multicentrique, 71 patients dont 38 avec réentraînement précoce ;
), unicentrique, 32 patients dont 16 avec réentraînement précoce ;
) ;
).
) a été menée pour évaluer les risques potentiels d’une réhabilitation physique instaurée dans les 24 premières heures post-AVC. Cet ERC en simple insu, multicentrique a inclus 2 104 patients dont 1 054 ont débuté leur réhabilitation moins de 24 h après l’accident. Dans le groupe contrôle, la mobilisation physique était retardée en moyenne de 5 heures par rapport au groupe réhabilitation très précoce. Après un suivi de 3 mois chez 2 083 patients (965 avec réhabilitation dans les 24 h), la mortalité et la survenue de complications n’étaient pas différentes dans les deux groupes.
). Pour les patients non réentraînés précocement, le risque de mortalité était nettement augmenté (HR 4,44 ; IC 95 % [1,24-12,87]) de même que le niveau d’handicap physique estimé par le questionnaire SF 36 (déficit majoré de 6 points, IC 95 % [4,2-8,7]).Tests d’aptitude physique réalisables chez les patients post-accident vasculaire cérébral
).
). Le TM6 ne peut pas chez ces patients remplacer de manière satisfaisante l’épreuve d’effort avec analyse des échanges gazeux pour prescrire l’intensité individuelle du réentraînement physique (MacKay-Lyons et coll., 2006
). En effet, la majorité des patients ne peuvent pas marcher assez vite pour augmenter leur fréquence cardiaque à la valeur correspondant à leur seuil ventilatoire. Le TM6 permet cependant de préciser le retentissement fonctionnel des séquelles de l’AVC sur la déambulation (Marzolini et coll., 2016
).Bénéfices des différents types et modalités d’activité physique après un accident vasculaire cérébral
Bénéfices généraux du réentraînement physique après un accident vasculaire cérébral
). Les objectifs de cette analyse étaient de préciser les effets spécifiques de la réhabilitation physique premièrement sur la qualité des activités journalières (Indice de Barthel) et secondairement sur le handicap (Score de Fugl-Meyer). Après analyse de la bibliographie, 37 ERC ont été retenus (5 916 patients, âge moyen dans chaque étude entre 47,2 et 72,5 ans, 52,6 % hommes et 23,8 % d’AVC hémorragique). Tous les programmes de réhabilitation incluaient un programme d’activité physique alors que les patients contrôles ne bénéficiaient d’aucune réhabilitation. Malgré l’hétérogénéité entre les études, la faible qualité des données rapportées et un manque de précision du délai de mise en route de la réhabilitation, une amélioration nette de l’indice de Barthel (DMS1
= 1,04 ; IC 95 % [0,88-1,21] p < 0,001 ; I2 = 85,9 %) et du score de Fugl-Meyer (1,10 ; IC 95 % [0,82-1,38] p < 0,001 ; I2 = 94,3 %) a été observée après réhabilitation physique par rapport aux contrôles. Les auteurs concluent à l’efficacité de la réhabilitation physique comparée à l’absence de réhabilitation chez les patients après un AVC sur les activités de la vie quotidienne et sur le niveau de handicap secondaire à l’AVC. Cependant, ces résultats méritent d’être confirmés par d’autres ERC.
). Vingt-cinq études, de méthodologie très bonne (n = 8) et moyenne ou faible (n = 17), qui remplissaient tous les critères d’inclusion fixés ont été retenues pour la méta-analyse. Il faut noter que les sujets à haut risque cardiovasculaire étaient exclus de la plupart des études. L’entraînement aérobie a été réalisé sur vélo fixe ou tapis roulant selon un mode continu (21-40 min le plus souvent entre 60 et 80 % de la fréquence cardiaque de réserve (fréquence cardiaque maximale-fréquence cardiaque de repos), 3-5 fois/semaine pendant 3 semaines à 6 mois). Le pic de V̇O22
(15 études, soit 336 patients réentraînés et 324 contrôles) est significativement (p < 0,001) amélioré de 0,55 ml/min/kg (IC 95 % [0,39-0,71]). La puissance pic soutenue (5 études, soit 120 patients réentraînés et 116 contrôles) est significativement (p < 0,001) améliorée de 0,77 watt (IC 95 % [0,51-1,04]). Le temps d’endurance (14 études, soit 375 réentraînés et 368 contrôles, DMS 0,22 ; IC 95 % [0,08-0,37]) et la vitesse maximale de marche (7 études, soit 119 réentraînés et 115 contrôles, DMS 0,37 ; IC 95 % [0,11-0,63] p = 0,005) sont améliorés. Globalement, il n’a pas été observé de modification significative concernant les marqueurs de santé cardiovasculaire, psychosociale et cognitive, ce qui peut s’expliquer par le faible nombre d’études ayant mesuré ces paramètres. La sécurité du réentraînement paraît bonne. D’autres informations ou recommandations sont données par cette revue : la réalisation d’une épreuve d’effort avant le réentraînement est justifiée, une attention particulière doit être portée aux patients ayant eu un AVC hémorragique, et un bon contrôle des facteurs de risque cardiovasculaires et en particulier de la pression artérielle est recommandé.
) est une mise à jour d’une revue antérieure des mêmes auteurs (Pollock et coll., 2007
). Quatre-vingt-seize ERC (soit 10 401 patients) sont retenus pour cette revue, dont 50 ont été menés en Chine. La qualité des études a été classée comme très hétérogène avec beaucoup d’études médiocres. Le réentraînement physique a un effet bénéfique sur la récupération fonctionnelle (27 études, 3 423 patients, DMS 0,78 ; IC 95 % [0,58-0,97]) avec un effet qui semble persister après arrêt du protocole (9 études, 540 patients, DMS 0,58 ; IC 95 % [0,11-1,04]). L’analyse de certains sous-groupes (surtout dans les études chinoises) montre un effet dose de réentraînement-réponse (p < 0,0001) avec une efficacité optimale de 30 à 60 minutes/jour d’AP. Une autre analyse par sous-groupes montre une efficacité d’autant plus marquée que le réentraînement est précoce après l’AVC (p = 0,003). D’autres effets bénéfiques sont aussi observés sur la fonction musculaire (12 études, 887 patients, DMS 0,37 ; IC 95 % [0,20-0,55]), l’équilibre (5 études, 246 patients, DMS = 0,31 ; IC 95 % [0,05-0,56]), la vitesse de marche (14 études, 1 126 patients) DMS = 0,46 (IC 95 % [0,32-0,60]). L’analyse par sous-groupe ferait apparaître qu’une pratique de 30 à 60 min/j, 5 à 7 fois par semaine serait la plus efficace (p = 0,02) et montrerait un effet de la précocité du réentraînement après l’AVC (p = 0,05). Il n’est pas noté d’effet du type de réentraînement sur l’autonomie des patients. Au total, le réentraînement améliore les capacités fonctionnelles et de mobilité des patients post-AVC sans qu’un type de réentraînement ne paraisse plus efficace. L’effet dose-réponse observé mérite d’être vérifié vu l’hétérogénéité des études analysées.
), déjà citée dans le cadre des effets du réentraînement sur la mortalité post-AVC, est une mise à jour d’une analyse antérieure des mêmes auteurs (Saunders et coll., 2013
). Les objectifs de cette analyse étaient de préciser les effets d’un réentraînement physique post AVC sur la mortalité, la capacité aérobie, la dépendance et le handicap des patients ainsi que sur leurs fonctions cognitives. Cinquante-huit ERC (soit 2 797 patients) ont été retenus pour cette revue qui a évalué les effets d’un entraînement aérobie, de renforcement musculaire ou leur association en comparaison avec l’absence de réentraînement chez des patients post-AVC ayant une prise en charge médicale classique. L’entraînement était de type aérobie dans 28 études (n = 1 408), renforcement musculaire dans 13 (n = 432) et mixte dans 17 (n = 957). Dans cette population fragile, l’échantillon qui a pu être observé jusqu’aux termes des études a été réduit, notamment par la survenue de 13 décès pendant les interventions et 9 autres avant la fin du suivi, sans qu’aucune différence n’ait été mise en évidence entre les deux groupes, réentraînés ou non. Les effets d’un réentraînement physique sur la mortalité et l’autonomie ont été rarement observés et aucune conclusion claire ne peut être proposée. Les effets sur les fonctions cognitives ont été très peu étudiés. Un entraînement aérobie limite modérément mais significativement l’incapacité (DMS = 0,26 ; IC 95 % [0,04-0,49] p = 0,02) et améliore les capacités de marche évaluées par le TM6 (DM = 30,29 m ; IC 95 % [16,19-44,39]), la vitesse de marche (DM 6,71 m/min ; IC 95 % [2,73-10,69]), et la vitesse préférée de la démarche (DM = 4,28 m/min ; IC 95 % [1,71-6,84]) alors que sur les qualités d’équilibre, l’effet est moins important. L’entraînement mixte, aérobie et renforcement musculaire, a aussi un effet bénéfique sur ces paramètres. Le renforcement musculaire isolé n’a pas d’effet significatif mais le nombre d’études analysées est faible. Globalement, les auteurs, préconisent d’autres études randomisées avec des protocoles rigoureux pour préciser en particulier les protocoles de réentraînement optimaux et les bénéfices à long terme.
). Après une analyse critique, 32 articles (31 études) ont été retenus pour cette revue. Les différents items étudiés ont été l’évaluation de l’activité physique, les sensations d’ennui et d’isolement, la place du patient vis-à-vis de la thérapie, la place de la détente dans la réhabilitation, les sensations de dépendance et de manque de contrôle, l’amélioration de l’autonomie, les qualités de communication et d’information, l’entretien de la motivation et la surcharge liée à la fatigue. Les résultats donnent des informations importantes sur le ressenti des patients post-AVC hospitalisés pour réadaptation. Des expériences négatives sont rapportées dans toutes les études retenues. Le ressenti concerne essentiellement l’incapacité, l’ennui et la frustration des patients. Le ressenti de la réadaptation pourrait être amélioré en favorisant l’autonomie des patients, en proposant des soins vraiment centrés sur le patient, par une communication et une information plus efficaces et enfin par une majoration globale du temps d’activité physique à visée thérapeutique comme dans son temps libre.Effets du réentraînement physique après un accident vasculaire cérébral sur la consommation maximale d’oxygène
). Ces effets bénéfiques sont confirmés par la revue Cochrane déjà signalée (Saunders et coll., 2016
).
) a étudié l’effet des méthodes de réentraînement physique et de leur durée sur l’amélioration des capacités cardiorespiratoires (pic de V̇O2). Sur 3 209 études analysées, 28 études ont été retenues. Elles concernaient 920 patients, surtout en ambulatoire, présentant des séquelles chroniques modérées ou faibles mais un pic de V̇O2 pré-réentraînement faible (8-23 ml/min/kg). Les entraînements de type aérobie personnalisé ou associant aérobie et renforcement musculaire à raison de 3 séances (30 à 60 minutes chacune) par semaine ont été comparés. Une amélioration du pic de V̇O2 en moyenne de 2,27 ml/min/kg (IC 95 % [1,58-2,95] p < 0,000001) est observée. Cette différence n’est pas significative (+ 10-15 %) selon le type du réentraînement (aérobie ou mixte) ou sa durée (≤ ou > 3 mois).
).
). Les critères ont été le pic de VO2 ainsi que les caractéristiques de la marche (vitesse et endurance) mesurées par le TM6. Les variables indépendantes d’intérêt étudiées pour les caractéristiques du réentraînement ont été son intensité, sa durée et sa réalisation en position debout ou assise. Les critères d’efficacité ont été améliorés en moyenne de 2,2 ml/min/kg (IC 95 % [1,3-3,1]) pour le pic de VO2, de 0,06 m/s (IC 95 % [0,01-0,11]) pour la vitesse de marche et de 29 m (IC 95 % [15-42]) pour la distance parcourue au TM6. L’augmentation du pic de VO2 après réentraînement était corrélée positivement à l’intensité du réentraînement et négativement au niveau pré-réentraînement du pic de VO2. La pratique de la marche lors du réentraînement a eu le maximum d’effet sur les améliorations de vitesse et d’endurance à la marche, l’entraînement en position assise n’ayant pas d’effet significatif sur les progrès des capacités de marche. Il apparaît donc que lors des entraînements aérobies, l’intensité du programme de réentraînement et la pratique de la marche ont les effets les plus importants sur les bénéfices observés.Effets du réentraînement physique après un accident vasculaire cérébral sur la qualité de la vie
; Kwok et coll., 2005). Les rares études réalisées avant 2008 ont montré un effet médiocre du réentraînement sur la qualité de vie de ces patients. Une revue systématique avec méta-analyse plus récente (De Chen et coll., 2011
) a retenu seulement 9 articles sur 1 101 références (dont 8 de bonne qualité méthodologique) qui remplissaient les critères fixés par les auteurs. Au total, 426 patients post-AVC ont été concernés. Cinq outils différents ont été utilisés pour apprécier le niveau de qualité de vie des patients. Six études ont analysé l’effet du réentraînement 6-12 mois après sa finalisation. L’analyse montre un effet bénéfique modeste sur la qualité de vie (DMS = 0,32 ; IC 95 % [0,12-0,51] ; p < 0,01 ; I2 = 0 %) après l’intervention mais sans confirmer un effet à long terme (DMS = 0,17 ; IC 95 % [-0,05-0,39] p = 0,12 ; I2 = 8,36 %). Les analyses par sous-groupes ont mis en évidence une efficacité des réentraînements mixtes (aérobie et renforcement musculaire), réalisés pendant plus de 150 minutes par semaine en groupe dans un système d’association. Les réentraînements purement aérobies, moins volumineux et réalisés en institution étaient moins efficaces. La durée (± 12 semaines) et la prise en charge individuelle ou en groupe n’ont pas eu d’impact significatif. L’efficacité était plus nette pour les AVC datant de plus de 6 mois. L’amélioration persiste peu longtemps après l’arrêt du réentraînement. Il n’a pas été rapporté d’effet délétère du réentraînement.
).
) confirme l’amélioration du handicap post-AVC suite au réentraînement, avec en particulier une amélioration de la mobilité et de l’équilibre des patients post-AVC. L’efficacité d’un réentraînement sur la qualité de déambulation des patients ayant eu un AVC est d’autant plus efficace qu’il est débuté précocement (Marzolini et coll., 2014
). C’est ce que montre la relation linéaire négative (r = -42,1 ; p = 0,002) observée entre le délai de la mise en place post-AVC (25,4 ± 42,3 mois) d’un réentraînement (24 semaines associant aérobie et renforcement musculaire) chez 120 patients et l’amélioration observée sur le test de marche de 6 minutes (283,2 ± 126,6 avant et 320,7 ± 141,8 m après ; p < 0,01).
). Trois tests de mobilité ont été utilisés, le TM6, la marche sur 10 mètres et le test lever-marcher. Neuf ERC (entraînement aérobie entre 2 et 6 mois post-AVC versus pas de réentraînement) ont été inclus. Un effet bénéfique persistant minime à modéré a été mesuré par le TM6 (g = 0,366 ; p < 0,001) et la marche sur 10 mètres (g = 0,411 ; p = 0,002) mais pas par le test lever-marcher (g = -0,150 ; p = 0,33). Ces résultats a priori encourageants méritent d’être confirmés sur de plus larges échantillons de patients.Effets du réentraînement physique après un accident vasculaire cérébral sur les troubles cognitifs et la solidité osseuse
).
). Les résultats de cette analyse confirment ceux d’une revue antérieure (Cumming et coll., 2012
).
). L’association de l’activité physique aérobie avec d’autres modes d’exercice musculaire pourrait majorer l’efficacité de l’intervention. Par ailleurs, les résultats d’une revue systématique avec méta-analyse des données expérimentales chez l’animal sont en faveur d’effets bénéfiques de l’exercice physique sur la taille des infarctus cérébraux et d’une meilleure récupération neurocomportementale après AVC ischémique (Egan et coll., 2014
). Ainsi, vu les effets bénéfiques potentiellement importants des interventions basées sur l’activité physique pour les patients post-AVC, il paraît justifié d’attendre des propositions validées de protocoles précis de réentraînement qui amélioreraient de manière optimale les fonctions cognitives et le contrôle moteur après un AVC (Constans et coll., 2016
).
). Trois études (95 patients dont 47 réentraînés, âge moyen 63,8 ans, 40 % femmes, ancienneté de l’AVC supérieure à 1 an) ont rempli les critères fixés de qualité méthodologique (de 3 à 8 selon l’échelle PEDro). Parmi les 3, une seule étude a proposé une activité physique spécifiquement destinée à l’amélioration de la structure osseuse (Pang et Lau, 2009
). L’activité physique comprenait de la marche sur tapis roulant et du renforcement musculaire, 2 à 3 séances de 60 minutes par semaine. La durée du réentraînement variait selon les études : 19 semaines, 6 mois et 1,83 an (1 à 3 ans). Les paramètres étudiés concernaient la minéralisation et l’architecture osseuse, le risque de fracture osseuse et les marqueurs urinaires ou sériques du métabolisme osseux n’ont pas été étudiés. Aucune étude n’était menée en aveugle que ce soit pour les patients, les thérapeutes et les personnes chargées d’interpréter les résultats. Il n’a pas été possible d’agréger toutes les données car les études ne ciblaient pas le même site squelettique. Les résultats de chaque étude sont en faveur d’un effet bénéfique modeste (p < 0,05) de l’activité physique sur la qualité osseuse des patients, avec augmentation de la densité minérale osseuse du col fémoral, de l’épaisseur corticale tibiale et du contenu osseux minéral trabéculaire distal du tibia. Aucun renseignement n’est retrouvé sur la prévention éventuelle du risque de fracture. La précocité de la mobilisation et du réentraînement après l’AVC semble avoir un effet majeur pour prévenir la perte osseuse initiale liée à l’alitement. Au total, les résultats observés sont en faveur d’un possible effet bénéfique du réentraînement physique sur la structure osseuse des patients post-AVC. Cependant, ces résultats doivent être confirmés par des ERC.Effets du réentraînement physique après un accident vasculaire cérébral sur les facteurs de risque cardiovasculaires et la prévention des récidives
). Ainsi, après un premier AVC le risque de récidive à 5 ans est de 24 % pour les femmes et de 42 % pour les hommes (Dhamoon et coll., 2006
).
). L’efficacité des interventions pharmacologiques en prévention secondaire des AVC est prouvée (Lager et coll., 2014
), celle des actions non pharmacologiques a été moins étudiée. Deux revues de la littérature ont étudié l’impact de la modification du mode de vie sur la prévention secondaire des AVC.
). La compilation de 8 études (2 478 patients) n’a pas montré d’effet bénéfique des modifications du mode de vie sur la mortalité (RR = 1,13 ; IC 95 % [0,85-1,52] I2 = 0 %). Il n’a pas été observé d’effet bénéfique (4 études, 1 013 patients) ni sur les événements cardiovasculaires (RR = 1,16 ; IC 95 % [0,80-1,71] I2 = 0 %) ni sur le taux de cholestérol sanguin. Un effet bénéfique sur la pression artérielle est observé mais il disparaît après correction par les effets des autres interventions en particulier pharmacologiques. Enfin, un effet positif est rapporté pour la participation à une AP avec une DMS = 0,24 (IC 95 % [0,08-0,41], I2 = 47 %). Les auteurs concluent que le nombre insuffisant d’études menées sur cette problématique ne permet pas de se prononcer.
) avec les traitements classiques pour la prévention secondaire des AVC (Lager et coll., 2014
). L’analyse bibliographique a permis d’inclure 26 études (8 021 patients). Globalement, les études sont de bonne qualité à l’exception d’une présentant un risque élevé de biais. Quinze études ont évalué les interventions organisationnelles et les 11 autres des actions éducatives et comportementales. Les interventions organisationnelles ont montré des effets bénéfiques sur les chiffres de pression artérielle systolique (DM = -2,57 mmHg ; IC 95 % [-5,46-0,31]), et diastolique (DM = -0,90 mmHg ; IC 95 % [-2,49-0,68]), l’atteinte de la pression artérielle cible (OR = 1,24 ; IC 95 % [0,94-1,64]) et l’indice de masse corporelle (DM = -0,68 kg/m2 ; IC 95 % [-1,46-0,11]). Ces actions organisationnelles n’ont pas prouvé leur efficacité sur le profil lipidique, le niveau d’HbA1c, l’observance médicamenteuse ou les événements cardiovasculaires. Les actions éducatives et comportementales n’ont pas montré d’efficacité sauf dans deux études. L’utilisation de critères de mesures standardisés des paramètres étudiés aiderait à la synthèse des résultats des futures études.
; Kirk et coll., 2014
; Faulkner et coll., 2014
; Faulkner et coll., 2015
; Morén et coll., 2016
) et pour certaines études sur les qualités fonctionnelles artérielles des patients (Woolley et coll., 2015
). Il faut cependant noter que ces études ont été réalisées sur de petits échantillons et nécessiteraient des études complémentaires incluant un plus grand nombre de sujets.Effets des différents types de réentraînement physique après un accident vasculaire cérébral
) et Veritas (Langhorne et coll., 2010
) qui ont réuni 103 patients dont 54 réentraînés précocement (Craig et coll., 2010
). Les deux études ont concerné les patients d’unités de soins spécialisés pour les AVC (toutes causes et niveaux de handicap) et ont analysé l’effet du réentraînement précoce (≤ 36 h post-AVC) sur l’autonomie des patients 3 mois après le début de l’intervention. L’âge des patients était compris entre 27 et 97 ans et tous ont été suivis 3 mois. Le délai moyen de réhabilitation était de 21 heures (écart interquartile : 15,8-27,8 heures) contre 31 heures (23,0-41,2 heures) pour les contrôles. Une amélioration de l’autonomie des patients les plus précocement réadaptés a été observée à 3 mois pour les 2 critères d’analyse choisis, le score modifié de l’échelle de Rankin 0-2 (OR ajusté 2,02 et IC 95 % [0,89-4,60]) et l’index de Barthel (OR ajusté 2,90 et IC 95 % [1,24-7,15]). L’analyse des études de cohortes est en faveur d’une réhabilitation aussi précoce que possible sans qu’un timing puisse être précisé en raison de l’hétérogénéité des études analysées. Les auteurs concluent à l’intérêt d’un début de réhabilitation dans les 3 jours qui suivent la survenue de l’AVC sans preuve d’un bénéfice supplémentaire d’une réadaptation plus précoce.
), déjà présentée, vont dans le même sens. Cette ERC en simple insu, multicentrique, a étudié les effets d’une réhabilitation physique instaurée dans les 24 premières heures post-AVC. Son objectif primaire concernait l’évolution des patients basée sur le score modifié de l’échelle de Rankin 0-2. Entre juillet 2006 et octobre 2014, 2 104 patients avec AVC (62,4-80,3 ans, 61 % hommes, AVC ischémique ou hémorragique inaugural ou récidive) ont été inclus. Parmi ceux-ci, 1 054 ont débuté leur réhabilitation moins de 24 heures après l’accident avec suivi de 3 mois pour 2 083 patients (965 avec réhabilitation dans les 24 heures). Dans le groupe réhabilitation très précoce, il n’a pas été observé d’effet favorable sur la reprise de la marche et le nombre d’évolutions favorables après 3 mois était plus faible (OR ajusté 0,73, IC 95 % [0,59-0,90] p = 0,004). Au total, si le bénéfice d’une réhabilitation précoce (≤ 72 heures) pour la prévention des complications est bien accepté, le bénéfice fonctionnel supplémentaire d’une réhabilitation physique débutée dans les 24 premières heures post-AVC reste discuté.
). La marche dans le réentraînement est bénéfique (Saunders et coll., 2016
). Dans ce cadre, le tapis roulant, avec ou sans support corporel, a été proposé comme l’ergomètre le plus efficace pour le réentraînement des patients post-AVC. Une revue systématique a sélectionné 15 études (8 avec tapis roulant seul et 7 y associant un support corporel) de bonne qualité méthodologique. Leur analyse conclut à une efficacité du tapis roulant pour améliorer la vitesse de marche, sans pouvoir établir une supériorité de cette approche sur les autres méthodes de réentraînement sur ce paramètre (Charalambos et coll., 2013
).
). Une revue a rapporté l’absence d’effet délétère au cours des 294 heures de réentraînement fractionné réalisés par 49 patients post-AVC (Boyne et coll., 2013
). Ce mode de réentraînement paraît plus efficace (selon un ERC chez 18 patients post-AVC, 5 aérobie continue et 13 aérobie fractionnée avec abandon de 2 patients) pour les bienfaits cardiovasculaires et périphériques que l’entraînement continu mais les auteurs n’ont pas évalué l’hypothèse d’effets bénéfiques au niveau cérébral. De plus, le gain de vitesse de marche observé sur tapis roulant se traduit peu (30 %) sur la marche en dehors du tapis, soulignant la nécessité d’un affinement du protocole de réentraînement (Boyne et coll., 2016b
). Il convient donc d’attendre des études complémentaires à plus large échelle chez les patients post-AVC d’une part pour confirmer l’absence de risque de ce mode de réentraînement et d’autre part pour préciser ses modalités optimales de réalisation (Lucas et coll., 2015
).
).
).
). Seules 2 études contrôlées randomisées, mais très hétérogènes (soit 66 patients), ont été retenues. Les auteurs concluent à l’absence de bénéfice de l’entraînement inspiratoire. De plus, il n’y a pas de données suffisantes pour statuer sur la sécurité de ce mode d’entraînement. Une autre revue systématique récente de la littérature a étudié les effets de l’entraînement des muscles respiratoires sur leur force, la fonction respiratoire, et la tolérance à l’effort chez des patients post-AVC (Gomes-Neto et coll., 2016
). Huit ERC (entraînement respiratoire versus réentraînement classique) répondaient aux critères d’inclusion. L’entraînement respiratoire a augmenté la pression inspiratoire maximale (DMS 7,5 ; IC 95 % [2,7-12,4]), la capacité vitale forcée (DMS = 2,0 ; IC 95 % [0,6-3,4]), le volume maximal expiré en 1 seconde, DMS = 1,2 ; IC 95 % [0,6-1,9] et la tolérance à l’effort, DMS 0,7 (IC 95 % [0,2-1,2]). Au total, l’importance des bénéfices induits par l’entraînement respiratoire est discutée et ne semble pas améliorer la qualité de vie. D’autres ERC avec un choix bien argumenté des paramètres analysés méritent d’être réalisés.
; Lohse et coll., 2014
; Veerbeek et coll., 2014
). Vu la relation proposée entre le volume d’activité et les effets bénéfiques sur la neuroplasticité, leur pratique journalière avec une grande répétition des gestes les plus variés est recommandée (Schneider et coll., 2016
). Une revue de la littérature (Schneider et coll., 2016
) a abordé deux questions ; d’une part, l’addition d’une activité physique de même type au programme recommandé améliore-t-elle la récupération et d’autre part, quelle est la dose d’activité supplémentaire la plus efficace. Quatorze études (6,9/10 selon l’échelle PEDro) avec 15 comparaisons (954 patients) entre réentraînement classique optimal sans et avec activité supplémentaire (9 comparaisons pour les membres supérieurs, 4 pour les membres inférieurs et 2 pour les membres supérieurs et inférieurs) ont été analysées. L’efficacité des AP était évaluée avec des tests classiques et validés. L’ajout d’une activité physique supplémentaire (577 patients) était associé à un gain significatif (DMS = 0,39, IC 95 % [0,07-0,71]). L’hétérogénéité (I2 = 66 %) observée entre les études était explicable pour une large part, par les différences de quantité AP ajoutée (< ou > 100 %) à celle réalisée dans le programme de base. La quantité optimale d’activité physique supplémentaire est estimée à 240 % de l’activité physique réalisée dans le programme de réhabilitation.Apport potentiel des méthodes de téléréhabilitation et de réalité virtuelle
).
). Elles concernaient 1 019 participants jeunes et suivis pendant un an. Un effet bénéfique a été observé sur l’objectif primaire avec une amélioration au niveau des membres supérieurs (DMS = 0,28, IC 95 % [0,08-0,49] à partir de 12 études regroupant 397 patients). Pour les objectifs secondaires, il n’a pas été noté d’effet bénéfique sur la force de préhension et sur la déambulation des patients. Par contre, il a été observée une amélioration des gestes de la vie courante (DMS = 0,43, IC 95 % [0,18-0,69] à partir de 8 études, soit 253 patients). Les auteurs concluent à un effet bénéfique potentiel de ce mode d’intervention lorsqu’il est associé aux soins classiques, en signalant toutefois qu’il n’y a pas d’information sur l’effet à long terme, ni sur les fonctions cognitives.Conclusion sur les effets du réentraînement après un accident vasculaire cérébral
; Bernhardt et coll., 2015
). En effet, nombre des études chinoises sont publiées en chinois et leur qualité scientifique peut être discutée (Pollock et coll., 2014
), ce qui peut en limiter l’intérêt.
). La mise en place d’une mobilisation hors-lit précoce, entre 24 et 72 heures après l’AVC, pour les patients qui le peuvent est justifiée. Elle prévient les complications sans montrer d’effet bénéfique ajouté sur les progrès fonctionnels. Ensuite, une activité physique de type aérobie, adaptée individuellement à la personne, est associée à une amélioration de la capacité aérobie dont on connaît l’importance pour le pronostic vital à long terme et l’impact sur le degré d’autonomie. La répétition journalière et intensive des gestes de la vie courante adaptés aux séquelles individuelles des patients doit être associée au réentraînement aérobie. L’association d’un renforcement musculaire, plutôt excentrique, pourrait avoir un effet bénéfique indirect supplémentaire, en particulier sur la qualité de vie qui paraît peu améliorée par l’entraînement aérobie seul. L’intérêt de l’association d’un entraînement musculaire inspiratoire n’est pas encore démontré. Enfin, les effets bénéfiques du réentraînement sur les facteurs de risque cardiovasculaires et la prévention secondaire d’événements cardiovasculaires ne sont pas prouvés aujourd’hui, des études centrées sur cette question sont justifiées.Efficacité de l’activité physique par rapport aux traitements médicamenteux
). En l’absence d’étude de confrontation directe entre effets des thérapeutiques médicamenteuses et de l’activité physique, cette étude a comparé les résultats rapportés dans différentes méta-analyses concernant soit l’effet de l’activité physique soit celui des médicaments. Dans un premier temps, les méta-analyses ayant inclus les ERC concernant les effets des médicaments ou de l’activité physique sur la mortalité des patients, ont été répertoriés. Puis, une combinaison des données de ces méta-analyses répertoriées en réseau a permis de déterminer l’efficacité comparative des interventions des médicaments et de l’activité physique dans la réduction du risque de mortalité. Concernant les AVC, 3 études ont concerné les effets de l’activité physique sur la mortalité (225 patients dont 117 réentraînés) et 27 études (44 731 patients) ont concerné les effets des médicaments classiques (anticoagulants et antiagrégants). L’effet de l’activité physique sur la mortalité des patients avec AVC était significativement favorable (OR = 0,09, IC 95 % [0,01-0,72]). La comparaison avec les médicaments montrait une plus grande efficacité de l’activité physique que ce soit avec les anticoagulants (OR = 0,09, IC 95 % [0,01-0,70]) ou avec les antiagrégants (OR = 0,10, IC 95 % [0,01-0,62]). Cependant, la portée de ce résultat nous paraît limitée en raison d’une part, des limites méthodologiques du mode d’analyse utilisée dans l’étude et d’autre part, du très faible nombre d’événements rapporté dans les études analysées.Recommandations actuelles pour la pratique d’une activité physique après un accident vasculaire cérébral
Place de l’activité physique après un accident vasculaire cérébral
; Anses, 2016
). Après un AVC, les recommandations les plus récentes sont aussi unanimes pour une incorporation précoce de l’AP et sa pratique journalière indéfiniment (Burr et coll., 2012
; Billinger et coll., 2014
; Bernhardt et coll., 2015
; Hebert et coll., 2016
).
). La place de la réhabilitation précoce est abordée dans 73 % des recommandations analysées mais seulement 36 % de celles-ci précisent le délai précis de son initiation post-AVC (Bernhardt et coll., 2015
). La mobilisation précoce hors-lit doit débuter dans les 24 heures qui suivent l’AVC. La justification principale de cette mobilisation précoce est la prévention des complications et non l’obtention d’un effet fonctionnel éventuellement bénéfique. Le mode d’intervention (position assise ou debout hors du lit, marche, activités journalières...) varie beaucoup selon les recommandations. La reprise de la marche dans les 24 premières heures, lorsqu’elle est possible, s’accompagne d’effets bénéfiques plus précoces et plus marqués (Cumming et coll., 2011
). Mais, de toute évidence, tous les patients post-AVC ne peuvent pas débuter une activité en dehors du lit dans les heures voire les jours qui suivent la survenue de l’accident. En l’absence de directives de sécurité actuelles claires pour guider l’initiation et la progression de l’intervention de mobilisation précoce des conseils sont proposés (Bernhardt et coll., 2015
). Les patients inclus dans les études étaient des adultes sans limite d’âge, touchés par un AVC ischémique ou hémorragique, bien éveillés sans détérioration précoce, sans signe d’hémorragie intracérébrale secondaire et sans signe de syndrome coronarien et d’insuffisance cardiaque. Une fréquence cardiaque de repos entre 40 et 120 bpm et/ou une pression artérielle systolique entre 120 et 220 mmHg sont des limites recommandées. Une surveillance de ces paramètres cardiovasculaires et du niveau de conscience doit être réalisée lors des 3 premiers jours de mobilisation. Actuellement, l’imagerie n’est pas utilisée pour sélectionner les patients ni guider les modalités de l’intervention.Réalisation du réentraînement en institution médicale après un accident vasculaire cérébral
). Le port d’un cardio-fréquencemètre est conseillé de même que le contrôle itératif de la pression artérielle à l’effort au moins au début.
). Il est néanmoins possible de proposer des conseils de réentraînement chez ces patients. Les programmes classiques de réadaptation cardiaque qui proposent une gestion complète du style de vie associée à des séances d’exercices supervisés peuvent être adaptés aux personnes après un AVC avec bénéfice (Billinger et coll., 2015
). Une AP individualisée post-AVC ne présente pas de risque significatif pour le patient (Tang et coll., 2009
; Burr et coll., 2012
). L’individualisation sera guidée par les séquelles de l’AVC, les comorbidités en particulier cardiovasculaires et les capacités physiques du patient (Howley et coll., 2001 ; Gordon et coll., 2004
; Burr et coll., 2012
). Une épreuve d’effort est justifiée avant un réentraînement d’intensité modérée ou intense. Cet examen reste pourtant très peu (moins de 5 %) utilisé en particulier pour guider l’intensité individuelle du réentraînement (Doyle et coll., 2013
).
). Ainsi une marche lente pour un sujet sain devient modérée, sur le plan énergétique, pour un patient post-AVC. Dans une étude qui a évalué l’intensité de marche choisie spontanément par des patients post-AVC sur une journée, il a été montré que l’intensité de la marche des patients sur 10 minutes successives correspondait le plus souvent à seulement 20 % de leur fréquence cardiaque de réserve, intensité d’effort sans bénéfice significatif sur leurs qualités aérobies (Prajapati et coll., 2013
). Des recommandations spécifiques d’intensité d’effort pour ces patients paraissent donc nécessaires (Kramer et coll., 2016
). D’autre part, les bénéfices de l’exercice aérobie pour la récupération post-AVC sont bien prouvés (Ammann et coll., 2014
; Billinger et coll., 2015
). En effet, bien qu’indépendantes, les altérations de la fonction cardiorespiratoire et du contrôle neuro-moteur se renforcent mutuellement (Tang et coll., 2009
) : en effet si la condition cardiorespiratoire est altérée chez ces patients, les troubles du contrôle neuro-moteur en seront d’autant plus diminués. Ainsi, l’amélioration de la capacité physique d’un patient aidera à la réalisation accrue d’activités neuro-motrices. Par ailleurs, un déficit neuro-moteur marqué va gêner la pratique d’activités aérobies efficaces. Si cette efficacité est reconnue par la plupart des thérapeutes, ceux-ci considèrent cependant que sa mise en place est difficilement réalisable en pratique clinique (Billinger et coll., 2015
). Cette impression peut s’expliquer par la notion classique de la fragilité des patients post-AVC, par le manque de formation des professionnels de l’AP, en particulier sur les possibilités d’adaptation des efforts aux capacités individuelles des patients (Billinger et coll., 2015
). Améliorer le niveau d’information sur la physiologie et sur la prescription individualisée des exercices auprès des encadrants paraît donc nécessaire.Modalités de réentraînement
). Les exercices de faible intensité (< 40 % de la fréquence cardiaque de réserve) peuvent améliorer la performance motrice, la démarche, l’équilibre et ainsi, peut-être diminuer les facteurs de risque cardiovasculaires (Billinger et coll., 2015
). La pratique de ces activités initiées en institution doit être fortement encouragée dans la vie quotidienne de ces patients. La pratique d’exercices d’intensité modérée (40-59 % de la fréquence cardiaque de réserve) doit être précédée d’un test d’effort cardiopulmonaire (Billinger et coll., 2014
). Ces activités améliorent le VO2 max, l’endurance à la marche, les fonctions cognitives et neuro-motrices et peut-être diminuent les facteurs de risque cardiovasculaires (revue dans Billinger et coll., 2015
). La poursuite de ce type d’activité physique doit être encouragée après la sortie de l’institution sous forme de séances codifiées chez les patients qui ont la capacité de les réaliser sans aide et sans risque. La réalisation d’une activité physique d’intensité élevée (60 à 84 % de la fréquence cardiaque de réserve) doit aussi être précédée d’un test d’effort cardiopulmonaire. Elle peut être proposée progressivement aux patients qui tolèrent bien les intensités modérées. Malgré les bénéfices plus marqués observés après un réentraînement intense, force est de constater que ce niveau d’effort est difficile à maintenir pour les patients avec séquelle motrice (Billinger et coll., 2015
; Globas et coll., 2012
). Enfin, le réentraînement aérobie fractionné à haute intensité permet d’obtenir dès les premières séances des intensités plus élevées et une quantité de travail totale plus importante que lors des entraînements continus (Boyne et coll., 2013
; Askim et coll., 2013). Ce type de réentraînement semble améliorer davantage la fonction motrice des patients post-AVC que l’entraînement aérobie en continu (Billinger et coll., 2015
). Des études complémentaires sont cependant nécessaires avant de recommander systématiquement sa pratique aux patients capables de la supporter.
; Hebert et coll., 2016
). Des programmes adaptés ont montré que ce type de réhabilitation ne majorait pas la spasticité chez les patients post-AVC (Morris et coll., 2004
; Patten et coll., 2004
).
). La gravité de l’accident vasculaire cérébral doit aussi être prise en considération et chez les patients les plus déconditionnés et/ou handicapés, il est possible de proposer des séances d’exercice de 10 minutes par jour.
). Ainsi la comparaison de deux programmes de réentraînement (14-92 h versus 9-28 h sur 20 semaines) a montré une efficacité accrue du plus volumineux sur la marche à vitesse confortable (Cooke et coll., 2010
). La fréquence hebdomadaire recommandée actuellement est de 3 à 5 séances par semaine (Burr et coll., 2012
; Billinger et coll., 2014
; Hebert et coll., 2016
).
). En accord avec les critères d’inclusion fixés, 14 ERC regroupant 1 863 patients ont été retenus. Les types et la prestation des programmes variaient beaucoup selon les études. L’hétérogénéité statistique et le risque de biais étaient faibles. Les études ne pouvaient pas être menées en aveugle ni pour les patients ni pour les encadrants. Six études ont montré que les programmes d’autogestion amélioraient la qualité de vie des patients (DMS 0,34 ; IC 95 % [0,05-0,62] p = 0,02) et l’efficacité personnelle (DMS = 0,33 ; IC 95 % [0,04-0,61] p = 0,03 mais données de qualité faible). Des études individuelles ont montré un bénéfice pour des comportements liés à la santé comme une diminution de l’utilisation des services de santé, du tabagisme, de la consommation d’alcool, et un bon équilibre alimentaire. Il n’a cependant pas été noté d’effet supplémentaire sur les activités de la vie quotidienne, l’observance médicamenteuse, la participation sociale ou l’humeur. Les résultats de cette revue sont donc en faveur d’un effet bénéfique des programmes d’autogestion sur l’amélioration de la qualité de vie et l’auto-efficacité des patients post-AVC qui vivent dans la collectivité. Des programmes personnalisés réalisés avec des professionnels spécifiquement formés et des pairs survivants et/ou soignants existent. Des études précisant les caractéristiques clés de ces programmes d’autogestion et l’évaluation de leur rapport coût/efficacité paraissent nécessaires.
; Hebert et coll., 2016
).Conclusion
Références
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