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Med Sci (Paris). 33(1): 7–8.
doi: 10.1051/medsci/20173301001.

médecine/sciences 2017 : the French touch des avancées des connaissances biomédicales en… langue française

Jean-Luc Teillaud1*

1Rédacteur en chef de médecine/sciences, Co-responsable de l’équipe « Cancer et immunité anti-tumorale » Centre de Recherche des Cordeliers - Inserm UMRS 113815, rue de l’École de Médecine75270Paris Cedex 06, France
Corresponding author.

MeSH keywords: Bibliographie médicale, Recherche biomédicale, France, Histoire du 20ème siècle, Histoire du 21ème siècle, Humains, Connaissance, Langage, Édition, Science, Publications en série, organisation et administration, tendances, histoire, normes

 

Il se passe toujours quelque chose à médecine/sciences ! La revue biomédicale francophone fait peau neuve : nouveau rédacteur en chef, nouvelle adjointe à la rédaction, un comité éditorial qui va s’élargir, des correspondants francophones et/ou francophiles à travers le monde… Loin du repliement, loin d’un pessimisme ambiant souvent pesant, médecine/sciences va continuer à développer ses talents : 2016 fut une très bonne année, avec des succès marquants : un lectorat sur internet en forte hausse (avec plus de 230 000 téléchargements et une augmentation de 10 % du nombre de sessions), l’obtention du grand prix éditorial du SPEPS (Syndicat de la Presse et de l’Édition des Professions de Santé) pour la seconde année consécutive, couronnant l’un de nos éditoriaux, celui, remarquable, d’Alain Prochiantz, un brillant plaidoyer pour l’investissement dans la connaissance [1] (), deux numéros hors-série « Les maladies rares : quelles attentes et quels enjeux pour la Société » et « Les cahiers de myologie », deux numéros thématiques « Origine développementale de la santé et des maladies (DoHAD), environnement et épigénétique », et « Le microbiote : cet inconnu qui réside en nous ». Et beaucoup, beaucoup d’excellentes Synthèses, dignes des meilleures revues publiées en langue anglaise, des Nouvelles attrayantes s’efforçant d’être au plus près d’une actualité scientifique mondiale toujours plus abondante. Mais m/s, c’est aussi la capacité de s’emparer des débats et des réflexions actuelles par le biais de Forums, abordant des sujets comme la maladie dans son contexte, le sens des mots, des catégories et des étiquetages, le réductionnisme et la biologie intégrative, la bioéthique, tant dans sa dimension prospective vis-à-vis des avancées scientifiques et de leurs conséquences que dans son interrogation sur nos pratiques scientifiques et médicales, avec leurs lots de contradictions, d’effets de mode, et de… rétractations. médecine/sciences, c’est aussi des Dossiers techniques, des Analyses de livres, et les remarquables Chroniques génomiques de Bertrand Jordan, qui mêlent explications didactiques des dernières découvertes scientifiques et techniques concernant le génome, sa manipulation et un regard critique sur ces découvertes et sur leurs conséquences conceptuelles, biotechnologiques, industrielles et sociétales.

(→) Voir l’Éditorial de A. Prochiantz, m/s n° 10, octobre 2015, page 819

Que soient ici remerciés les membres de la - petite - équipe de m/s, son rédacteur en chef, Hervé Chneiweiss qui a piloté avec brio et intelligence ce navire pendant ces dix dernières années, son actuel rédacteur en chef adjoint, Thierry Jouault, son adjointe à la rédaction Claire Wardark, tous deux venus de laboratoires de l’Inserm et responsables mois après mois de l’élaboration des Synthèses et des Nouvelles, au prix d’un travail remarquable, acharné et enthousiaste, remplis d’idées nouvelles, ainsi que l’inébranlable secrétaire général de la rédaction François Flori qui, au sein de la maison d’édition scientifique EDK/EDP Sciences, assure avec célérité et professionnalisme la sortie de chaque numéro dans des délais raisonnables, exercice redoutable et périlleux s’il en fut, tout en contribuant également à son contenu. Que soient ici remerciés également Suzy Mouchet, qui, outre son rôle essentiel de pont entre la revue et l’Inserm, propriétaire et soutien indispensable de cette dernière, constitue avec François Flori la mémoire de la revue, ainsi que Martine Krief, directrice éditoriale, et Jean-Marc Quilbé, directeur des éditions EDP Sciences, fidèles et indispensables soutiens éditoriaux de m/s. Enfin, mention spéciale à notre ex-rédactrice en chef adjointe, Laure Coulombel, qui a accepté de s’investir en tant que conseillère scientifique pour le développement de m/s dans les tissus universitaires français et francophones, au travers d’interactions avec des masters (remercions au passage Sophie Sibéril, MCU à l’Université Pierre et Marie Curie, qui fût la première à initier ce type d’interactions pour la revue) et des écoles doctorales, interactions au premier rang desquelles des contributions écrites rédigées par les étudiants.

Mais médecine/sciences, c’est avant tout des auteurs et des auteures qui écrivent en langue française, ainsi que des experts relecteurs qui veillent à l’excellence didactique, à la précision et à l’exactitude scientifiques des textes proposés. Qu’ils/qu’elles soient ici remerciés pour leur fidélité, leur participation et leur adhésion à ce projet d’un espace d’expression francophone biomédical de haut niveau. Nul besoin de revenir sur l’intérêt et la viabilité d’une revue scientifique et médicale rédigée en français, les désormais trente-deux ans d’histoire de la revue et son actuel dynamisme démontrant, si besoin était, que l’existence d’un espace francophone est nécessaire, attendue, et permet de remplir la fonction première de m/s : s’exprimer et réfléchir avec toutes les subtilités et l’esthétique que permet l’utilisation de sa langue maternelle, tout en participant à l’existence d’un polymorphisme linguistique qui, comme l’écrivait Anne-Marie Moulin, fidèle membre de notre comité éditorial, pose la question « des bénéfices scientifiques et extrascientifiques de la diversité des langues » [2] (). m/s se doit de participer à cette diversité et réfléchit ainsi à la traduction de certains de ses numéros ou certaines de ses contributions en d’autres langues, et aux moyens que celle-ci suppose.

(→) Voir l’Éditorial de A.M. Moulin, m/s n° 5, mai 2014, page 479

Nous voilà donc en 2017, avec de nombreux défis à relever pour médecine/sciences : assurer la permanence de l’excellence des contributions alimentant les Synthèses et les Nouvelles, poursuivre nos efforts d’interactions avec le tissu universitaire français et francophones, participer plus que jamais à la réflexion sur les concepts biologiques et biomédicaux émergents, à la réflexion sur la collecte, l’exploitation et la compréhension des données en masse ou mégadonnées, et avoir plus que jamais un regard critique sur les résultats publiés et leurs conséquences sur la pratique médicale et les questions bioéthiques qu’ils posent ; mais aussi participer à la résistance, résistance aux vagues obscurantistes de l’enfermement, de la négation des savoirs et de leur acquisition [3] (), résistance aux simplifications et approximations. Faire connaître également aux « décideurs » l’incroyable richesse que représentent le maintien et le développement de la recherche fondamentale, de l’investissement dans la connaissance pour l’avenir de notre pays, pour sa jeunesse, pour son tissu industriel et biotechnologique et faire le lien avec ce tissu. Voilà ce pourquoi médecine/sciences se doit d’exister.

(→) Voir l’Éditorial de M. Gaille, m/s n° 1, janvier 2015, page 7

Les sciences biomédicales francophones sont aussi ouvertes sur le monde et bénéficient d’une longue présence scientifique et médicale internationale, que ce soit en Europe ou sur d’autres continents. L’accueil, la formation de nombreux scientifiques et médecins étrangers repartant dans leurs propres pays depuis de nombreuses décennies, l’établissement de programmes éducatifs et de formation, de programmes de recherche dans les domaines de l’épidémiologie et de la vaccinologie avec des pays d’Afrique et d’Asie, de programmes d’échanges avec les autres pays européens, tout cela ouvre des possibilités de développement pour notre revue, notamment grâce à une utilisation pertinente et attractive d’internet et des réseaux sociaux, grâce à la mise sur pied d’un réseau de correspondants à l’étranger et grâce à nos nombreux amis aux quatre coins du monde.

2017, une année riche en projets pour m/s, année qui commence avec ce numéro sur les matériaux pour la médecine de demain, coordonné par nos amis Julien Nicolas et Nicolas Blanchemain, où les textiles qui soignent côtoient l’impression 3D pour la médecine régénératrice et l’ingénierie tissulaire de demain. Une année à prendre à bras le corps pour alimenter les débats sur la vaccination, l’« editing » du génome, l’expérimentation animale, les cellules souches reprogrammées, mais aussi l’intelligence artificielle face à l’interprétation du signe clinique, le sens à donner aux mégadonnées, le coût des biothérapies… Une année de changements, mais où nos gouvernants se doivent d’investir plus que jamais dans l’économie de la connaissance pour permettre d’explorer les frontières de cette dernière, une exploration qui trouve tôt ou tard sa traduction en innovations technologiques et médicales qu’il faut alors savoir faire fructifier.

Bonne année à toutes et tous, chers lecteurs et contributeurs, en vous remerciant par avance de faire vivre médecine/sciences.

Liens d’intérêt

L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.

References
1.
Prochiantz A. Investir dans la connaissance (éditorial) . Med Sci (Paris). 2015; ; 31 : :819.–820.
2.
Moulin AM. La guerre des langues n’aura pas lieu . Med Sci (Paris). 2014; ; 30 : :479.–80.
3.
Gaille M. L’histoire de la médecine : un outil pour penser le temps présent . Med Sci (Paris). 2015; ; 31 : :7.–8.