Brèves

La conscience ne fonctionne pas sur le principe du tout ou rien. Elle comporte un niveau partiel de perception que Jonathan LevyJonathan Levy
Unité 825 Inserm – Université Toulouse III-Paul-Sabatier, Imagerie cérébrale et handicaps neurologiques
et Juan R. VidalJuan R. Vidal
Unité 1028 Inserm/CNRS/ Université Saint-Étienne-Jean-Monnet – Université Claude-Bernard Lyon 1, Centre de recherche en neurosciences de Lyon
ont voulu caractériser. Treize participants ont visionné une série de mots de longueur variable exposés brièvement. Pour chacun, ils devaient rapporter le niveau de perception : dans sa totalité (signification perçue) ou partiellement (lettres perçues). Pendant tout l’essai, l’activité oscillatoire du cerveau a été suivie par magnéto-encéphalographie. Les chercheurs ont ensuite analysé les bandes de fréquences alpha, béta et gamma du rythme cérébral, caractéristiques d’un état de conscience ou d’une activité particulière, et leurs lieux d’émission. Fait remarquable : la suppression du signal des fréquences alpha dans la partie postérieure du cortex occipito-temporal gauche. Cette observation, dans une région du cerveau importante pour le traitement des mots pendant la lecture, marque la transition entre un niveau de conscience partiel et un niveau complet. Et ouvre une porte à de futures études pour déterminer s’il est possible de percevoir consciemment un mot avant sa signification.

V. M.

Levy2013-1
Comparaison des oscillations corticales dans la bande alpha observées lors de la perception complète (en vert) ou partielle (en rose) du mot « table »
Inserm/Jonathan Lévy
Unité 855
Marquage en rouge de l'enzyme de la dernière étape de la néoglucogenèse dans la paroi intestinale de rat
Ⓒ G. Mithieux ; P. Besnard/Unité 855 Inserm/Inserm
Certains organes (cerveau, muscles à l’effort, œil...) ont besoin d’un approvisionnement continu en glucose, le « carburant » primaire des cellules. Mais notre alimentation l’apporte de façon intermittente au cours des repas et nos réserves internes sont limitées, ce qui est d’autant plus vrai en période de jeûne. La solution trouvée par le corps pour maintenir stable cette disponibilité en glucose… s’appelle la néoglucogenèse. Il s’agit d’une voie métabolique capitale qui correspond à la production endogène de glucose. Seuls le foie et, à une moindre échelle, les reins et la paroi intestinale sont capables de l’induire. Comment ? En utilisant des substances non glucidiques présentes dans ces organes, notamment le pyruvate, mais aussi le glycérol (issu des triglycérides lipidiques), qui sont transformées en glucose. L’unité Inserm Nutrition et cerveau, dirigée par Gilles MithieuxGilles Mithieux
Unité 855 Inserm - Université Claude-Bernard Lyon 1
, travaille sur ces mécanismes, en particulier au niveau intestinal. Un de ses axes de recherche : comprendre les relations que la néoglucogenèse entretient avec le cerveau, via l’échange, entre autres, de signaux de satiété, régulateurs de la prise alimentaire.

N. C.

Établir le diagnostic de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie neurodégénérative débouchant sur la paralysie de l’ensemble des muscles, demeure difficile. En cause : l’absence de marqueurs biologiques associés. Face à ce constat, Hélène BlascoHélène Blasco
Unité 930 Inserm – Université François-Rabelais
, de l’unité Imagerie et cerveau, à Tours, a choisi l’approche métabolomique, qui permet d’étudier l’ensemble des métabolitesMétabolite
Composé organique issu du métabolisme (sucres, acides aminés, acides gras, etc.)
présents dans un échantillon biologique. Grâce à une technique de chromatographie liquideChromatographie liquide
Technique d’analyse des composés d’un échantillon séparés grâce à la migration d’un liquide
couplée à la spectrométrie de masse à haute résolutionSpectrométrie de masse à haute résolution
Technique d’analyse très fine pour identifier et quantifier des molécules grâce à leur masse et leur structure chimique
, les chercheurs ont analysé les métabolites du liquide céphalorachidien de patients et réussi, à plus de 80 %, à différencier ceux atteints de SLA des patients témoins. Des résultats prometteurs pour le diagnostic futur de la SLA.

V. M.

Caractérisés par l’absence concomitante au niveau des cellules cancéreuses des récepteurs aux œstrogènes, à la progestérone et au facteur de croissance cellulaire HER2, les cancers du sein « triples négatifs » sont particulièrement agressifs. Insensibles aux traitements actuels, ils nécessitent l’exploration de voies thérapeutiques alternatives. Ainsi, le tamoxifène, majoritairement utilisé contre les cancers du sein hormono-dépendants, qui agit via les récepteurs aux oestrogènes, semble être inutile. Cependant, son association au ferrocène, un composé organométallique, a montréin vitroun effet sur la prolifération des cellules cancéreuses. Anne-Laure LainéAnne-Laure Lainé
Unité 1066 Inserm – Université d’Angers
, au sein de l’unité Micro- et nanomédecines biomimétiques, a mis en évidence que l’injection dans le péritoine de nanocapsules lipidiques transportant le ferrocényl-tamoxifène ralentissait le développement des tumeurs chez des souris xénogreffées avec des cellules cancéreuses mammaires d’origine humaine et dépourvues de récepteurs aux oestrogènes. Un premier essai in vivo plein de promesses…

V. M.

Les bénéfices des cellules souches mésenchymateusesCellules souches mésenchymateuses
Cellules de la moelle osseuse pouvant donner naissance à différents tissus du squelette (os, cartilage et cellules graisseuses)
dans la reconstruction des os ont été démontrés. Mais une vascularisation insuffisante après leur implantation conduisait à des limitations en nutriments et à la mort cellulaire. Julien GuerreroJulien Guerrero
Unité 1026 Inserm – Université de Bordeaux
, au sein de l’unité Bioingénierie tissulaire, a réalisé une co-culture de cellules souches mésenchymateuses humaines et de cellules endothéliales dérivées de cellules progénitricesCellules endothéliales progénitrices
Cellules capables de revasculariser un tissu
humaines dans une matrice poreuse à base de polysaccharides. Les interactions y semblent favorisées : agrégation cellulaire et formation de canaux de communication entre les cellules conduisant à une activation de la différenciation des cellules mésenchymateuses en tissu osseux. L’implantation de cette construction tissulaire pendant trois et huit mois chez des souris a révélé une augmentation de la production du tissu osseux. Une piste thérapeutique prometteuse. 

H. H.

Unité 1026
Cellules souches mésenchymateuses (en vert) et cellules endothéliales (en rouge) en co-culture à 24 h d’intervalle
Ⓒ Julien Guerrero/Unité 1026 Inserm /Inserm
Diminuer les périodes d’aplasieAplasie
Dysfonctionnement cellulaire allant jusqu’à un arrêt du développement.
après une chimiothérapie et réduire ses effets secondaires (fatigue, infections...) sont des objectifs thérapeutiques actuels en cancérologie. Alexandre BoissonnasAlexandre Boissonnas
unité 945 Inserm – Université Pierre-et-Marie-Curie, Immunité et infection
s’est intéressé aux mécanismes capables de reconstituer des populations de monocytes, un type particulier de globules blancs, dans la moelle osseuse. Avec ses collaborateurs, il a étudié la mobilité de ces cellules immunitaires à travers les compartiments de la moelle, après un traitement au cyclophosphamide, un composé couramment utilisé en chimiothérapie du cancer. À l’aide d’imagerie en temps réel chez des souris transgéniques, les chercheurs ont montré que des récepteurs particuliers présents au niveau des monocytes, les récepteurs à chimiokinesChimiokine
Petite protéine fonctionnant par attraction chimique capable d’activer les cellules du système immunitaire.
CCR2 et CX3CR1, jouent sur la mobilité de ces cellules et donc leur répartition dans l’organisme après traitement. Moduler la mobilisation post-chimiothérapie de ces cellules : une nouvelle piste à explorer.

V. M.

Les macrophagesMacrophage
Cellule du système immunitaire chargée d’absorber et de digérer les corps étrangers
infectés par le VIH stockent les particules virales - virions - dans des compartiments dédiés (les VCC) , dont la nature est mal connue. Philippe BenarochPhilippe Benaroch
Unité 932 Inserm/Institut Curie – Université Paris-Descartes
, de l’unité Immunité et cancer, propose un modèle de la dynamique de leur formation. Des compartiments intracellulaires formés à partir de la membrane cellulaire préexistent dans les macrophages avant infection. Ils sont détournés par le VIH qui les utilise comme plateforme d’assemblage des nouveaux virions qui y bourgeonnent et s’y accumulent. Ses observations indiquent également une perte du pouvoir infectieux des virus ainsi séquestrés, explicable par la fragilité du VIH. Les VCCs évoluent avec le temps, ils tendent, d’abord, à perdre leur connexion avec la membrane cellulaire, puis ils seraient de nouveau transportés vers cette même membrane au moyen de moteurs moléculaires, étape que la même équipe avait déjà mise en évidence en 2012. Il reste encore à éclaircir la manière dont les virions sont sécrétés.

H. H.