Brèves

Le mode d'action d'un antiviral prometteur contre l'hépatite C, le daclatasvir, n'était pas entièrement compris. C'est maintenant chose faite grâce aux travaux de Jérémie GuedjJérémie Guedj
Unité738 Inserm - UniversitéParis Diderot - Paris 7, Modèles et méthodes de l'évaluation thérapeutique des maladies chroniques
de l'unitéModèles et méthodes de l'évaluation thérapeutique des maladies chroniques. à l'aide d'un nouveau modèle mathématique, ses recherches ont montréque cette molécule bloque la synthèse du virus et son assemblage hors de la cellule. Ce type de modélisation pourrait être appliquéà d'autres traitements actuellement en développement pour mieux comprendre leurs mécanismes d'action. Par ailleurs, ces travaux ont aussi permis de réévaluer à la baisse - d'un facteur quatre - le temps de demi-vie du virus dans le sérum. Il y aurait donc une production de virus quatre fois plus importante que celle estimée jusqu'à présent. Cette découverte pourrait permettre de mieux prédire les risques d'émergence de souches résistantes.

S. P.

Nouveau détournement positif d'un médicament ? La ferroquine, un antipaludique dérivéde la chloroquine, inhiberait le virus de l'hépatite C. Des recherches menées par Thibaut VausselinThibaut Vausselin
Unité1019 Inserm/UniversitéLille 1/Institut Pasteur Lille/CNRS - UniversitéLille 2 Droit et Santé
du Centre d'infection et d'immunitéde Lille ont, en effet, montréque la ferroquine ralentit l'entrée du virus dans les cellules et inhibe la réplication de son ARN. Ce traitement de la malaria pourrait donc d'ores et déjà être utilisécontre l'hépatite C en combinaison à d'autres antiviraux.

S. P.

Ce sont des enzymes qui catalysent des réactions de phosphorylation en ajoutant un ion phosphate à une molécule cible. Elles assurent un rôle fondamental dans le contrôle des fonctions du vivant. On en dénombre plus de 500 chez l'homme et leur fonctionnement complexe se fait au sein d'un réseau d'interactions avec d'autres protéines, en particulier avec d'autres kinases. Ainsi, tout dysfonctionnement peut avoir des répercussions graves, comme le cancer. C'est, par exemple, le sujet de recherche de l'équipe MAP kinases cellules souches et différenciation hématopo¡étique, de l'Institut CochinCochin
Unité1016 Inserm/CNRS - UniversitéParis Descartes
.

J. C.

Comment lutter contre l'ostéoporose ? Cette perte progressive de la masse osseuse est le résultat d'un déséquilibre entre deux types de cellules : les ostéoblastes, qui élaborent la matrice osseuse et la calcifient, et les ostéoclastes, responsables de la perte osseuse. Avec l'âge et la ménopause, l'activitédominante de ces derniers conduit à une fragilisation des os. L'équipe de Pierre MariePierre Marie
Unité606 Inserm - UniversitéParis Diderot-Paris 7, Nouvelles stratégies thérapeutiques dans les pathologies de l'ostéoformation
a mis au point une nouvelle stratégie pour contrer ce mécanisme. La surexpression ou l'activation d'une intégrineIntégrine
Protéine transmembranaire capable de transmettre un signal de l'extérieur vers l'intérieur d'une cellule
, l'ITGA5, chez des souris, induit une signalisation intracellulaire qui permet la différenciation des cellules souches mésenchymateusesCellules souches mésenchymateuses
Cellules de la moelle osseuse pouvant donner naissance à différents types cellulaires, dont les ostéoblastes.
en ostéoblastes. Cette stratégie favorise donc l'ostéogenèse et la réparation osseuse in vivo, et ouvre des perspectives thérapeutiques très prometteuses.

N. B.

* Institut de prévention et de recherche sur l'ostéoporose U658 CTI . Comparaison entre un os normal (à gauche) et un os ostéoporotique (à droite)
© Patrice Latron/Inserm
Dans les cas de fibrose pulmonaire idiopathique - sans cause connue -, maladie incurable et mortelle, le tissu pulmonaire est détruit progressivement à cause de la modification des propriétés des fibroblastesFibroblastes
Cellules de soutien du tissu conjonctif, qui sécrètent les composés de la matrice extracellulaire et les protéines du tissu conjonctif.
. Le rôle clef du facteur de transcription Nrf2 dans ce processus vient d'être mis en évidence par l'équipe de Marcel BonayMarcel Bonay
Unité 700 Inserm - Université Paris Diderot-Paris 7, Physiopathologie et épidémiologie de l'insuffisance respiratoire
. Son activation entraîne la dédifférenciationDédifférenciation
Stade au cours duquel une cellule différenciée perd ses caractéristiques et devient moins spécialisée. 
des fibroblastes maladesin vitroet permet d'inverser le processus pathologique. Il pourrait donc constituer une cible thérapeutique très prometteuse. Et par quoi est-il activé ? Par le sulforaphane, composé naturel présent, par exemple, dans le brocoli !

N. B.

L'hormone sexuelle mâle pourrait avoir une utilité thérapeutique pour traiter des maladies démyélinisantes. La testostérone et ses dérivés stimulent, en effet, la formation de myéline - cette gaine qui protège les nerfs -, chez des souris présentant une démyélinisation chronique comparable à la sclérose en plaques humaine. Ces résultats obtenus par Rashad Hussain et Abdel GhoumariRashad Hussain et Abdel Ghoumari
Unité 788 Inserm - Université Paris-Sud 11, Neuroprotection et neurorégénération : molécules neuroactives de petite taille
de l'unité Inserm 788 montrent que le récepteur de ces hormones, dites androgènes, serait une cible thérapeutique de choix pour reconstituer la myéline chez les hommes victimes de scléroses en plaques.

S. P.

Principale cause de décès maternel pendant l'accouchement, la pré-éclampsie touche 5 % des femmes enceintes, notamment dans les pays en développement. Elle se caractérise par une hypertension et un taux élevé de protéines dans les urines. Daniel VaimanDaniel Vaiman
Unité 1016 Inserm/CNRS - Université Paris Descartes, équipe Génomique, épigénétique et physiopathologie de la reproduction
, à l'Institut Cochin, et ses collaborateurs ont mis au point un modèle murin reproduisant les symptômes de la maladie : des souris transgéniques surexprimant le gène humain STOX 1 associé à la pré-éclampsie. Cependant, si ces souris sont traitées par de faibles doses d'aspirine dès le début de leur gestation, les symptômes n'apparaissent pas. Les chercheurs supposent que la molécule agit en modifiant les propriétés du sang, évitant que des caillots se forment. Ce modèle murin unique, qui a permis de valider l'efficacité de l'aspirine, est également un outil puissant pour mieux cerner la physiopathologie de la pré-éclampsie.

N. B.

Groupe témoin/Groupe avec autisme (image 1 : Groupe témoin). Les enfants avec autisme répondent de façon atypique à un changement visuel.
© Marie Gomot ; Helen Cléry/Unité 930 Inserm /Inserm
Groupe témoin/Groupe avec autisme (image 2 : Groupe avec autisme). Les enfants avec autisme répondent de façon atypique à un changement visuel.
© Marie Gomot ; Helen Cléry/Unité 930 Inserm /Inserm
Les enfants présentant des troubles du spectre autistique réagissent de manière inhabituelle aux événements inattendus, notamment sonores. Les travaux sur douze autistes menés par Helen CleéryHelen Cleéry
Unité 930 Inserm - Université François-Rabelais, équipe Autisme
, dirigés par Marie GomotMarie Gomot
Unité 930 Inserm - Université François-Rabelais, équipe Autisme
, de l'unité Imagerie et cerveau, montrent que ces enfants, comparés à un groupe contrôle, sont aussi hypersensibles aux stimuli visuels. Ces résultats soutiennent l'hypothèse que les autistes détectent de façon atypique les changements dans leur environnement quelle que soit la modalité sensorielle. Ces hypersensibilités pourraient contribuer à l'intolérance de ces enfants face à la survenue de tels événements.

S. P.

Serge CharpakSerge Charpak
Unité 603 Inserm/CNRS - Université Paris Descartes
et ses collègues de l'unité Neurophysiologie, nouvelles microscopies, à Paris, avaient déjà mis en évidence que, dans les fins capillaires sanguins qui irriguent le cerveau, le sang n'était pas oxygéné de façon homogène1 . Une démonstration d'une hypothèse théorique rendue possible grâce à la microscopie biphotonique, une technique d'imagerie non invasive associée à une haute résolution spatiale. Cette fois, les chercheurs ont prouvé, chez des rongeurs, qu'il était possible de mesurer la pression partielle de l'oxygène du tissu cérébral - reflet de sa concentration -, à partir de celle des vaisseaux sanguins. De plus, ils ont démontré l'existence d'un phénomène controversé jusqu'ici : la consommation immédiate d'oxygène dans les capillaires au cours d'une activation cérébrale. Une preuve de plus que la microscopie biphotonique constitue une technologie d'avenir pour observer l'activité cérébrale.

J. C.

Permettant le stockage des graisses, le tissu adipeux libère dans notre corps des substances aux fonctions multiples. Les récents travaux de Karine TréguerKarine Tréguer
Unité 1048 Inserm/ Université Toulouse III - Paul Sabatier, équipe Sécrétions adipocytaires, obésités et pathologies associées
, à l'Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires de Toulouse, montrent que certaines d'entre elles augmentent l'inflammation des cellules graisseuses, les adipocytes. Ce qui entraîne la détérioration de leur capacité à assimiler le glucose. Or, ce phénomène, appelé résistance à l'insuline, peut conduire à un diabète de type 2. Reste à identifier les protéines responsables de cette inflammation afin de mieux comprendre leurs rôles dans le développement de cette pathologie associée à l'obésité.

S. P.

La maladie de Parkinson atteint 1 à 2 % des sujets âgés de plus de 65 ans, soit environ 100 000 personnes en France. Elle est due à une dégénérescence des neurones dopaminergiquesNeurones dopaminergiques
Neurones qui utilisent la dopamine comme neuro-transmetteur.
, ce qui entraîne des troubles moteurs chez les patients, mais également un déficit motivationnel et affectif caractérisé par un état dépressif, anxieux ou encore apathique. Ces manifestations ont été longtemps considérées comme une réaction psychologique à la maladie. En réalisant des lésions cérébrales sélectives du système dopaminergique chez le rat, sans troubles moteurs consécutifs, l'équipe de Marc SavastaMarc Savasta
Unité 836 Inserm - Université Joseph-Fourier, Institut des neurosciences, équipe Dynamique et physiopathologie des ganglions de la base
vient de montrer qu'un déséquilibre psychique similaire à celui des patients parkinsoniens peut être retrouvé. Ainsi, les problèmes neuropsychiatriques associés à cette maladie seraient des symptômes liés à part entière à sa cause, à savoir la dégénérescence des neurones dopaminergiques, et apparaîtraient indépendamment des troubles moteurs. Cette découverte devrait faciliter la mise en place de nouveaux traitements qui prennent en compte la physiopathologie de la maladie dans sa totalité.

N. B.

Rien qu'avec cette image de neurones, on sait que cette souris a faim. à quoi le voit-on ? à la présence de ghréline (les taches blanches), une hormone sécrétée par notre estomac qui stimule l'appétit et informe notre cerveau qu'il est temps de se restaurer.
Mais comment fait-elle pour arriver jusque-là ? C'est ce que vient de découvrir l'équipe de Patrice MollardPatrice Mollard
Unité 661 Inserm/UMR 5203 CNRS/Universités Montpellier 1 et 2
de l'Institut de génomique fonctionnelle à Montpellier, grâce à la microscopie biphotonique 1 , une technique d'imagerie qui permet de voir à l'intérieur des tissus vivants. Avec la collaboration du Centre de recherche Jean-Pierre-AubertCentre de recherche Jean-Pierre-Aubert
Unité 837 Inserm - Université Lille 2 Droit et santé
à Lille, de l'Institut des biomolécules Max-Mousseronl'Institut des biomolécules Max-Mousseron
CNRS UMR 5247/universités Montpellier 1 et 2
de Montpellier et de la société CisBio Bioassays, les chercheurs montpelliérains ont montré chez la souris que la ghréline, une fois sécrétée et transportée par la circulation sanguine jusqu'au cerveau, passe par des capillairesCapillaires
Vaisseaux sanguins les plus petits et les plus fins. Déployés en arborescence, ils relient les veinules et les artérioles, et ferment ainsi la boucle du réseau de la circulation sanguine. Les capillaires fournissent aux cellules les nutriments et le dioxygène.
fenêtrés, qui possèdent de nombreuses petites perforations dans leur paroi et atteint ainsi l'hypothalamus, oû résident en particulier deux types neurones, NPY et POMC, qui contrôlent le comportement alimentaire. L'hormone de l'appétit se fixe alors sur les récepteurs de ces neurones et envoie l'influx nerveux qui déclenche la sensation de faim. Cette voie d'accès directe et rapide à l'hypothalamus pourrait aussi servir à d'autres hormones, telles que l'insuline ou la leptine, l'hormone de satiété, ou encore à des médicaments, ce qui ouvre un nouveau champ d'études des désordres métaboliques (obésité, diabète) et de leurs traitements.

Yann Cornillier

En bleu, les noyaux des cellules, en blanc, la ghréline fluorescente
© Marie Schaeffer/Unité 661 Inserm/Inserm