Brèves

Réaction allergique hyper aiguë, le choc anaphylactique peut engendrer un état de choc et conduire à la mort en quelques minutes. Jusqu’ici trois responsables étaient identifiés : les immunoglobulines E (IgE) et deux types de globules blancs, les mastocytes et les basophiles. En se fixant sur les deux derniers, l’IgE provoquerait la libération de médiateurs qui entraînent la réponse inflammatoire, tels l’histamine et le facteur d’activation des plaquettes (PAF). Mais grâce à un modèle animal mimant l’anaphylaxie médicamenteuse, les chercheurschercheurs
Unité 760 Inserm/Paris 6, Institut Pasteur, Allergologie moléculaire et cellulaire
ont prouvé que l’activation des polynucléaires neutrophiles (un autre type de globules blancs) par les IgG est nécessaire et suffisante pour induire une anaphylaxie. La contribution majeure des IgG et de ce type de globules blancs est moins surprenante que l’explication qui avait cours jusqu’ici : ces éléments du sang sont en effet plus abondants. Le PAF resterait cependant le principal médiateur chimique responsable du choc anaphylactique. En ciblant ces nouveaux coupables, il serait alors possible de mieux traiter cette réaction allergique.

J.C.

Cinq nouveaux facteurs génétiques de prédisposition à la maladie d’Alzheimer ont été découverts par un ensemble de 108 laboratoires européens, animé par l’équipe de Philippe AmouyelPhilippe Amouyel
Unité 744 Inserm/Lille 2, Institut Pasteur de Lille, Santé publique et épidémiologie moléculaire des maladies liées au vieillissement
à Lille. Ils viennent compléter trois autres marqueurs de susceptibilité identifiés en 2009 par des équipes françaises et anglaises. Cette fois, les chercheurs ont analysé les génomes de 19 870 personnes atteintes de la maladie et les ont comparés avec un groupe témoin de près de 40 000 individus sains. Les résultats sont publiés dans Nature Genetics avec ceux d’un consortium américain animé par l’université de Pennsylvanie qui a également mis en évidence 4 de ces gènes de prédisposition. En novembre 2010, l’ensemble des chercheurs américains et européens ont créé l’International Genomic Alzheimer Project (IGAP) soutenu par la Fondation plan Alzheimer en France et l’Alzheimer’s Association aux États-Unis. Une initiative unique au monde, qui va permettre d’accélérer la compréhension de la maladie et la mise au point de nouveaux traitements.
Les infections jouent-elles un rôle protecteur contre les maladies auto-immunes ? Cette théorie dite « de l’hygiène » expliquerait l’augmentation des affections comme l’asthme ou la sclérose en plaques dans les pays développés : l’environnement plus aseptisé réduirait la réactivité du système immunitaire, moins sollicité par les virus et les bactéries, contrairement aux pays pauvres. Il suffirait donc qu’une infection le réactive pour être mieux protégé contre certaines déficiences. Une étude de l’équipe Inserm de l’hôpital Cochin/Saint-Vincent-de-Paul, menée par Agnès LehuenAgnès Lehuen
Unité 986 Inserm/Paris 5, Immunologie et génétique du diabète type 1
confirme cette hypothèse, du moins en ce qui concerne le diabète de type 1, une maladie auto-immune dans laquelle les lymphocytes T détruisent les cellules bêta productrices d’insuline. Les chercheurs ont démontré que, lors des infections virales, les cellules dendritiques iNKT, qui contrôlent la réplication des virus dans le pancréas, exercent également un effet stimulant sur la production de cellules bêta, et donc d’insuline. Un résultat qui ouvre la voie à de nouvelles approches thérapeutiques, en manipulant notamment les cellules iNKT.
ou presque, serait dû à l’utilisation du téléphone au volant. L’expertise collective menée par l’Inserm sur les usages « distracteurs » au volant a montré qu’alors que 8 personnes sur 10 possèdent un portable, près de la moitié des conducteurs les utilisent en conduisant. Tenus à la main ou branchés au kit mains-libres, les portables perturbent autant l’attention.
Les médias l'ont surnommée « l'hormone du lien », ou « la molécule de l'empathie ». Sécrétée dans le cerveau par l'hypothalamus et l'hypophyse, l'ocytocine est connue pour sa faculté à accélérer l'accouchement chez les mammifères et pour stimuler la sécrétion du lait. Des études récentes lui prêtent également de nombreux effets dans les comportements sociaux et amoureux, comme l'altruisme, la coopération, l'attachement, voire le sens du sacrifice pour autrui. Grâce à une série d'expériences sur des rats, l’équipe Inmed/Inserm de Roustem KhazipovRoustem Khazipov
Unité 901 Inserm/Aix-Marseille 2, Institut de neurobiologie de la Méditerranée
, à l'Université de la Méditerranée à Marseille, vient de montrer une autre facette de l'ocytocine : son action analgésique sur le bébé lors de l’événement le plus douloureux et stressant pour lui, l’accouchement.
En plus de sa fonction protectrice contre les maladies cardiovasculaires, le cholestérol HDLHDL
Les lipoprotéines de haute densité (HDL) transportent le cholestérol vers le foie où il sera éliminé, ce qui évite ainsi son accumulation dans les vaisseaux sanguins.
, surnommé le « bon cholestérol », protège-t-il aussi des cancers colorectaux ? La réponse semble bien être positive selon deux chercheuses de l’Institut Gustave-Roussy. Toutes deux ont participé à une étude conduite sur les données de la cohorte européenne EPICEPIC
Entre 1993 et 1999, plus de 520 000 personnes habitant dans 10 pays européens ont été incluses dans la cohorte EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition).
qui étudie les effets de l’alimentation, du mode de vie et de l’environnement sur l’incidence des différents types de cancer et autres maladies chroniques.
Lorsque les scientifiques ont comparé les taux d’HDL de 1 238 sujets qui ont développé un cancer colorectal au cours du suivi (779 cas de cancer colique, 459 cas de cancer rectal), avec ceux de personnes de même sexe et de même âge qui sont restées indemnes, ils se sont aperçus que chaque augmentation de 16 mg/dl de HDL dans le sang était associée à une réduction de 22 % du risque de cancer colique. Mais l’origine de ce lien reste, elle, encore à découvrir. En revanche, aucune corrélation avec le risque de cancer rectal n’a été décelée. « Cela suggère que l’étiologie de ces deux cancers est différente », soulignent Véronique Chajès et Françoise Clavel-ChapelonVéronique Chajès et Françoise Clavel-Chapelon
Unité 1018 Inserm/Paris 11, Institut Gustave-Roussy, Villejuif
.
À terme, si ces résultats étaient bel et bien confirmés, le cholestérol HDL pourrait être utilisé comme marqueur de risque du cancer colique. Un marqueur très facile à mesurer. « Ceci dit, il ne faut pas oublier les simples recommandations de santé qui diminuent aussi le risque : manger sainement, limiter la consommation de viande et d’alcool en particulier, bouger, éviter le surpoids », rappellent les chercheuses.

Gaëlle Lahoreau

De nombreuses études semblent montrer un effet protecteur des anti-inflammatoires dans la maladie de Parkinson, en particulier les glucocorticoïdes. Des travaux menés en collaboration par des chercheurs au sein de laboratoires de l’Inserm et du CNRS de l’Université Pierre-et-Marie-CuriePierre-et-Marie-Curie
Unité 975 Inserm/Paris 6, Centre de recherche de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, et unité mixte UPMC-CNRS-Inserm 7224, Laboratoire de biologie du développement
viennent de montrer que le taux de récepteurs des glucocorticoïdes était inférieur à la normale dans la substance noire du cerveau de parkinsoniens. Les chercheurs ont ensuite montré chez la souris que la suppression de ces récepteurs contribuait à la détérioration des neurones dopaminergiques, ceux-là mêmes qui sont affectés chez les malades parkinsoniens.
Une piste thérapeutique pour le traitement de l’occlusion de la veine centrale de la rétine, cause fréquente de baisse visuelle définitive, vient d’être découverte par l’équipe de Marie-Paule WautierMarie-Paule Wautier
UMR 665 Inserm /Paris 7, Protéines de la membrane érythrocytaire et homologues non érythroïdes
. L’expression d’une protéine, la phosphatidylsérine, à la surface des globules rouges serait à l’origine de cette pathologie : elle augmente en effet l’adhérence des hématies aux cellules endothéliales. En bloquant le récepteur de la phosphatidylsérine sur ces dernières par un anticorps spécifique, l’adhérence est diminuée. Une découverte qui pourrait aussi contribuer à établir une détection précoce de la maladie.

J. C.

Un drôle de nom pour une nouvelle structure intracellulaire découverte par Renato MonteiroRenato Monteiro
Unité 699 Inserm/Paris 7, Immunopathologie rénale, récepteurs et inflammation
. Son rôle ? Permettre l’inhibition de l’inflammation par les immuno-globulines A. Ce mécanisme de signalisation ouvre de nouvelles voies thérapeutiques pour des maladies comme la glomérulonéphrite ou la fibrose rénale.

J. C.

Les glucocorticoïdes doivent leurs propriétés anti-inflammatoires à leur capacité à réprimer l’expression des gènes impliqués dans les phénomènes inflammatoires. Mais, ils sont aussi capables d’activer l’expression de gènes contrôlant certaines fonctions vitales, d’où leurs effets secondaires dans les traitements à long terme. En cherchant à dissocier ces deux mécanismes, Pierre Chambon et les chercheurs de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire à Strasbourg (IGBMC) ont trouvé une troisième voie de régulation, semblable à la deuxième, mais fondée à l’inverse sur la répression de l’expression de gènes, et par l’intermédiaire d’un site de fixation sur l’ADN différent. Selon les chercheurs, ce mécanisme est également à l’origine des nombreux effets indésirables des glucocorticoïdes. Cette découverte permettrait le développement de nouvelles molécules anti-inflammatoires mieux ciblées.
IGBMC
IGBMC
Ⓒ Patrice Latron /Inserm
C’est le coût du diabète, soit 10 % des dépenses de santé en France. Dans le premier livre blanc du diabète, la Société francophone du diabète note que le nombre de malades atteints par l’épidémie silencieuse est passé de 1,6 à 2,9 millions en 10 ans.
Grâce à un suivi de 40 ans des Français d’Algérie rapatriés en métropole pendant la guerre, Sylvaine ArteroSylvaine Artero
Unité 1061, Inserm/Montpellier 1, Neuropsychiatrie : recherche épidémiologique et clinique
a mis en évidence de forts taux d’incidence de dépression dans ce public. La relation entre le stress du rapatriement et la survenue de la maladie serait ainsi modulée par un polymorphisme situé dans le promoteur du gène du transporteur de la sérotonine. L’étude de cette interaction gène x environnement, mise en évidence chez des personnes soumises à un stress commun, pointe un groupe plus à risques : les jeunes adultes. Dans les populations de réfugiés, ils devraient donc être plus suivis.

J.C.

Grâce au séquençage du génome, l’équipe de Patrick EderyPatrick Edery
Unité Inserm 1028, Centre de recherche en neurosciences de Lyon
à Lyon et celle de Anne-Louise LeuteneggerAnne-Louise Leutenegger
Unité 946 Inserm/Paris 7, Variabilité génétique et maladies humaines
à Paris ont identifié un mécanisme génétique inconnu à l’origine d’une maladie congénitale, le syndrome de Taybi-Linder. Les chercheurs ont pu montrer que des anomalies au niveau d’un petit ARN, appelé ARNsn (small nuclearARN) sont responsables de malformations graves du cerveau, des os et autres tissus chez des bébés morts rapidement après la naissance. Quatre mutations affectent l’ARNsn et perturbent une étape cruciale précédant la synthèse des protéines, l’épissage, consistant à enlever les parties non codantes de l’ARN pré-messager et à souder les parties codantes. Cette découverte va permettre une meilleure compréhension des processus impliqués dans de nombreuses malformations congénitales, et de mettre au point des tests de dépistage anténataux.

● La marche de la salamandre

Deux chercheurs bordelais, Jean-Marie CabelguenJean-Marie Cabelguen
Unité 862 Inserm/Bordeaux 2, Neurocentre Magendie
et Jean-René CazaletsJean-René Cazalets
CNRS UMR 5287, Institut de neurosciences cognitives et intégratives d’Aquitaine
ont reçu le prix Fondation BNP Paribas de l’Innovation scientifique pour leurs travaux visant à restaurer la marche et les mouvements chez les personnes ayant subi une lésion du système nerveux central. En s’inspirant de la locomotion de la salamandre, les chercheurs espèrent mettre au point une sorte de corset articulé, qui permettra de stimuler certains groupes de muscles.

● Neurologie des tout-petits

Pierre Gressens
Pierre Gressens. Pierre Gressens : unité 676 Inserm/Paris 7, Physiopathologie et neuroprotection des atteintes du cerveau en développement
Ⓒ Patrice Latron /Inserm
Pierre GressensPierre Gressens
Unité 676 Inserm/Paris 7, Physiopathologie et neuroprotection des atteintes du cerveau en développement
, chercheur au centre Neurosciences et neuropédiatrie de l’hôpital Robert-Debré à Paris, vient de recevoir le prix Roger de Spoelberch pour ses travaux sur les mécanismes et les conséquences fonctionnelles des atteintes cérébrales du nouveau-né. Son but ? Développer des stratégies pour protéger le cerveau des tout-petits.
Des travaux menés par Alexandre Surget et Catherine BelzungAlexandre Surget et Catherine Belzung
Unité 930 Inserm/CNRS/Université Tours, Imagerie et cerveau
à Tours viennent d’apporter un nouvel éclairage sur les mécanismes d’action des antidépresseurs. Les chercheurs ont déclenché un état dépressif chez des souris en les soumettant à un stress important. Après quelques semaines de traitement à la fluoxétine, le comportement des petits rongeurs est redevenu normal, ainsi que leur taux d’hormones du stress. Les chercheurs ont alors constaté une augmentation de la production de nouveaux neurones dans l’hippocampe suite à l’administration du traitement. L’action des antidépresseurs et cette neurogenèse dans l’hippocampe seraient donc intimement liées. Ces « néoneurones » participeraient à leur tour au contrôle des hormones du stress, un système dérégulé chez les dépressifs.

M.-L. L

Certains neurones du cerveau peuvent communiquer par deux canaux différents. Cette découverte surprenante, due à l’équipe menée par Salah El MestikawySalah El Mestikawy
Unité 952 Inserm/Paris 6/CNRS UMR 7224, Physiopathologie des maladies du système nerveux central
, remet en cause le dogme qui veut que les cellules nerveuses utilisent un seul et même transmetteur chimique selon leur fonction. Les neurones sérotoninergiques communiquent ainsi par l’intermédiaire de la sérotonine. Or ils utiliseraient également un autre neurotransmetteur, le glutamate. Ils seraient donc capables de relayer deux types de messages dans le cerveau, selon deux échelles de temps : l’une rapide et excitatrice (glutamate), l’autre plus lente et modulatrice (sérotonine). Ce  « bilinguisme neuronal » a été observé également dans les neurones cholinergiques du striatum, une structure du cerveau qui intervient dans la régulation de la motricité, impliqués dans la maladie de Parkinson et dans l’addiction.
Rien à voir avec les algues… Ce synonyme passé de mode de la phycologie, la science des algues, désigne en médecine la discipline dédiée à l’étude de la douleur. Un sujet qui fait l’objet de nombreux travaux à l’Inserm, notamment au sein du laboratoire de l’unité physiopathologie et pharmacologie clinique de la douleurphysiopathologie et pharmacologie clinique de la douleur
Unité 987 Inserm/Versailles-Saint-Quentin
. Les recherches conduites visent à améliorer le diagnostic, l’évaluation clinique des différents syndromes douloureux ainsi que les stratégies thérapeutiques à visée antalgique.
Chez les patients souffrant d’Alzheimer, la mémoire sémantique, celle qui nous permet de nous rappeler que le zèbre a des rayures et la girafe un long cou, se détériore. Mais de façon surprenante, au début de la maladie, les malades sont plus rapides dans certaines tâches faisant appel à cette mémoire : après présentation d’un mot, ils reconnaissent plus vite un second s’ils sont associés, comme lion et tigre. Pour Mickaël LaisneyMickaël Laisney
Unité 923 Inserm/Université de Caen, Neuropsychologie cognitive et neuroanatomie fonctionnelle de la mémoire humaine.
du laboratoire de neuropsychologie de Caen, il semblerait que les caractères distinctifs soient comme gommés, oubliés. Zèbre et girafe, en perdant les caractéristiques qui les différencient, seraient alors plus faciles à associer car ils sont devenus tous deux de simples mammifères africains à quatre pattes.

J.C.