I. Définitions, repérage et diagnostic de la déficience intellectuelle
2016
| ANALYSE | 
4-
Repérage et dépistage
Plusieurs situations cliniques
Suivi d’enfants « vulnérables » à risque de trouble du neurodéveloppement
Enfant à risque périnatal
), les experts préconisaient « de prolonger le suivi au-delà de 3 ans, les difficultés cognitives spécifiques ne pouvant être mises en évidence que vers 4 ans. ».
).Enfant à risque prénatal
• Exposition à un agent infectieux, un toxique ou une pathologie maternelle pendant la grossesse
 ; Forsberg et Wide, 2011
), sachant que l’effet tératogène des nouveaux antiépileptiques nécessite des analyses de pharmacovigilance supplémentaires avant de conclure à leur innocuité. Paradoxalement, aucun suivi systématique d’enfants exposés en période prénatale aux antiépileptiques n’est proposé par les équipes obstétricales, à l’instar de ce qui est organisé pour les anciens prématurés. Les pathologies maternelles telles que l’hypothyroïdie ou plus rarement l’hyperphénylalaninémie, sont source de troubles neurodéveloppementaux ou de malformations congénitales si elles ne sont pas identifiées et traitées avant le début de la grossesse (cf. chapitre « Étiologies environnementales et génétiques »).• Anomalie morphologique à l’échographie
) :
 ; Moutard et coll., 2003
 ; Chadie et coll., 2008
) ou le syndrome de Dandy Walker (Boddaert et coll., 2003
 ; Guibaud et coll., 2012
), est extraite de petites séries de moins de vingt patients.
). Ce rapport précise les conditions de formation des échographistes pour assurer un diagnostic fiable des anomalies détectées et rappelle que « la prise en charge de certaines de ces anomalies, malformatives notamment, fait appel à un savoir encore en cours de constitution et suscite parfois des débats d’ordre éthique, en particulier quand la question de l’interruption de grossesse se pose » (Sureau et Henrion, 2005, p. 11
). Pourtant, le rapport ne souligne pas l’importance d’études cliniques complémentaires qui permettraient d’améliorer les connaissances : vérifications fœtopathologiques en cas d’IMG ou suivis prospectifs de cohortes d’enfants nés.
). L’enjeu de ce suivi de cohorte est d’autant plus grand qu’il concerne des enfants appartenant à des groupes à risque de handicap ultérieur.• Diagnostic d’une anomalie génétique à l’amniocentèse
), avec obligation pour les médecins d’informer de l’existence et des modalités de ce dépistage à toutes les femmes enceintes (Journal Officiel de la République Française, 2009
). Les questions éthiques soulevées par ce dépistage sont nombreuses. Le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE), interrogé sur la diffusion des tests de dépistage et leur remboursement, considérait que l’autonomie de la femme était respectée à condition que le consentement individuel éclairé soit précédé d’une information (CCNE, 1993
). Deux associations nationales représentant les personnes avec DI, consultées à l’occasion d’un rapport ministériel, émettaient des réserves sur la généralisation du dépistage et recommandaient l’accès aux tests dans une démarche individuelle volontaire ou devant un signe d’appel médical (Mattei, 1996
). Deux études françaises mettent en évidence un défaut d’information des femmes enceintes sur les enjeux du dépistage et une méconnaissance de la trisomie 21 (Vassy, 2006
 ; Favre et coll., 2007
). Devant cet enjeu de délivrer une information équilibrée sur ce syndrome, la Société américaine des conseillers en génétique a publié des recommandations prenant en compte les progrès en termes de soins médicaux et de projets éducatifs et d’inclusion sociale, associés à une meilleure qualité de vie des personnes atteintes de trisomie 21 (Sheets et coll., 2011
). De même, en France, une plaquette d’information a été récemment éditée à l’initiative de plusieurs sociétés savantes (gynécologues obstétriciens, sages-femmes, radiologues) à l’intention des femmes enceintes (CNGOF, 2014
).
), avec un taux d’interruption de grossesse de 83 % en moyenne (58 % en Ukraine à 97 % en Espagne). Une grande variabilité existait selon les pays. Malgré le grand nombre de grossesses interrompues, le nombre de nouveau-nés porteurs de trisomie 21 n’a pas diminué de manière significative en Europe entre 1990 et 2009 du fait de l’augmentation parallèle du nombre de fœtus atteints de trisomie 21, en lien avec l’augmentation de l’âge maternel (Loane et coll., 2013
). Néanmoins, en France, certains registres ont pu mettre en évidence l’impact du diagnostic prénatal sur le nombre de nouveau-nés trisomiques sur une période de 27 ans : de 14/10 000 naissances en 1978 à 5/10 000 en 2005 (Rousseau et coll., 2010
).
), le nombre de diagnostics post-natals de trisomie 21 est stable, autour de 500 par an (453 en 2010, 535 en 2011, 488 en 2012), pour 820 000 naissances, soit un taux de 6/10 000 naissances. Toujours selon l’Agence de la biomédecine (2011
), parmi les 1 944 fœtus atteints de trisomie 21 dépistés en prénatal, on note 73 naissances (3,9 %), 1 559 IMG (83,5 %), 43 morts fœtales (2,4 %), 267 issues inconnues (13,7 %). L’usage de tests diagnostiques de trisomie 21 par séquençage d’ADN fœtal dans le sang maternel (Chiu et Lo, 2012
) devrait accroître le pourcentage de cas diagnostiqués en prénatal. Le développement de ces tests sur sang maternel est argumenté par le taux de fausses-couches non négligeable de bébés sains à la suite des gestes d’amniocentèses réalisés pour caryotype fœtal (0,5 à 1 %) dans les conditions actuelles du dépistage.
). Par conséquent, chez plus de 85 % des nouveau-nés porteurs de trisomie 21, le diagnostic est posé dans les premiers jours de vie et n’avait pas été suspecté en prénatal (Skotko et coll., 2009
 ; Agence de la biomédecine, 2011
). L’acceptation par les parents est d’autant plus difficile qu’il est vécu comme un échec du dépistage. La qualité des conditions de l’annonce du diagnostic est d’autant plus importante (Skotko et coll., 2009
) (cf. infra).Diagnostic néonatal d’une pathologie responsable de déficience intellectuelle
Dans le cadre du dépistage néonatal systématique
 ; Pollitt, 2010
). Cette maladie héréditaire du métabolisme provoque une déficience intellectuelle légère à sévère avec des troubles du comportement. Un régime pauvre en phénylalanine institué précocement change radicalement la trajectoire développementale et permet d’éviter la survenue d’une telle déficience chez 200 nouveau-nés par an aux États-Unis (President’s council on Bioethics, 2008
). Des débats persistent sur la justification de traiter les formes modérées d’hyperphénylalaninémie (Pollitt, 2010
), mais cette pathologie constitue le paradigme d’une cause de déficience intellectuelle évitable grâce à un dépistage précoce. L’hypothyroïdie congénitale est la deuxième pathologie responsable de DI dépistée systématiquement (dosage de TSH néonatale) et curable à condition d’une supplémentation précoce en hormones thyroïdiennes (Pollitt, 2010
). Le circuit de dépistage et de suivi de ces enfants est actuellement très bien organisé en France.
 ; Bales et coll., 2010
). En effet, les arguments des partisans d’un tel dépistage néonatal sont principalement d’éviter une errance diagnostique et d’obtenir rapidement une information précise sur la pathologie, de mettre en œuvre un programme de stimulation précoce et d’en évaluer les effets, de permettre au couple de prendre en compte ce diagnostic pour les futures grossesses et le cas échéant, informer d’autres personnes à risque dans les familles (Bailey, 2008
 ; Bales et coll., 2010
 ; Bailey et coll., 2012
). Les réticences à une telle démarche sont principalement liées à l’effet délétère d’un diagnostic présymptomatique : changement de regard sur le bébé, anxiété (surtout en cas de forme légère, voire de faux-positifs) et pour certains auteurs, un effet bénéfique à long terme des stimulations précoces restant difficile à démontrer (Bailey, 2008
 ; Bales et coll., 2010
). Au demeurant, tout programme de dépistage néonatal implique des ressources professionnelles en aval pour la prise en charge, ce qui n’est pas toujours le cas (Pollitt, 2010
). Concernant plus spécifiquement le diagnostic de l’X fragile, une étude américaine réalisée sur plus de mille familles (Bailey et coll., 2012
) rapporte que les apparentés proches d’une personne touchée sont majoritairement (61 %) favorables à un dépistage prénatal, et très majoritairement favorables à un dépistage préconceptionnel (83 % favorables ou très favorables) ou néonatal (84 %). Les femmes non directement concernées par l’X fragile ne semblent pas prêtes à un dépistage préconceptionnel (20 % d’opinion favorable) (Bailey et coll., 2012
). En pratique, plusieurs études pilotes de dépistage néonatal de l’X fragile ont été réalisées, en particulier aux États-Unis (Tassone et coll., 2012
). Le nombre d’enfants atteints de l’X fragile dépistés en néonatal est extrêmement faible (1/5 000), contrairement au taux élevé d’enfants porteurs de la prémutation (cf. chapitre « Etiologies environnementales et génétiques »), source d’autres problèmes médicaux d’apparition tardive ; les problèmes éthiques liés à un diagnostic présymptomatique sont donc importants et débattus (Tassone et coll., 2012
). En 2008, un avis du Conseil du Président américain sur la bioéthique mettait en garde contre les risques d’un dépistage néonatal pour des pathologies non traitables et recommandait la mise en œuvre d’études pilotes encadrées par des programmes de recherche (President’s council on Bioethics, 2008
).En présence de signes d’appel en période néonatale
). Les signes cliniques peuvent être caractéristiques d’un syndrome connu (par exemple : trisomie 21, Williams-Beuren, Prader-Willi). Dans ces situations, on peut presque considérer que le diagnostic est présymptomatique, car on sait, dès la naissance, que l’enfant va avoir un handicap cognitif, plus ou moins sévère avant même le début du développement psychomoteur.
) après analyse de quarante ans de littérature médicale et associative : une consultation d’annonce implique si possible conjointement l’obstétricien et le pédiatre, en présence des deux parents, dans une pièce dédiée, rapidement après la suspicion diagnostique clinique. Le contenu de l’annonce doit être juste, mis à jour, et inclure des informations sur les associations de soutien et les professionnels à contacter pour l’accompagnement précoce. Une consultation de suivi dans un délai de quelques semaines est aussi préconisée (Skotko et coll., 2009
).
).Développement psychomoteur atypique chez un enfant sans facteur de risque neurologique
 ; Einfeld et Emerson, 2008
 ; Moeschler, 2008
 ; Patel et Merrick, 2011
) :
).
 ; Lemcke et coll., 2013
). Concernant le repérage de signes précoces de déviation du développement chez des enfants autistes (dont 30 à 60 % présentaient une déficience intellectuelle), 30 % des parents avaient repéré des signes avant un an et 60 à 80 % avant deux ans (Chawarska et coll., 2007
). D’après les résultats de 459 questionnaires ouverts renseignés par les parents d’enfants autistes sur les premiers signes d’inquiétude, 87 % des parents avaient repéré un problème chez leur enfant avant d’être alertés par un professionnel (Guinchat et coll., 2012
). Le doute d’un parent concernant le développement de son enfant est un motif de consultation médicale qui doit donc être pris au sérieux et faire appel à une démarche diagnostique rigoureuse (Lemcke et coll., 2013
).
), le groupe d’experts préconisait « que tout professionnel de la petite enfance oriente vers un service de neuropédiatrie ou un CAMSP tout enfant au vu des signes suivants : développement anormal du périmètre crânien, tête ballante après 5 mois, persistance après 5 mois de l’hypotonie des membres inférieurs, absence de préhension volontaire à 6-7 mois, pas de station assise à 10 mois, pas de recherche de l’objet caché à 12 mois, absence de marche après 20 mois, pas de phrase à 3 ans ». Cette liste d’items cliniques était proposée sans valeur normative sur l’âge attendu pour chacun des items.
, « les examens du carnet de santé, s’ils sont réalisés avec rigueur, devraient permettre d’effectuer le repérage de la plupart des déficiences ou handicaps » (Inserm, 2004
). Le médecin généraliste dispose en effet du carnet de santé pour se remémorer les acquisitions attendues à 8 jours, 4 mois, 9 mois et 24 mois, et doit solliciter un avis spécialisé devant un signe patent de décalage dans un ou plusieurs domaines d’acquisition (langage, posture, interaction sociale, motricité fine) (Lion-François et des Portes, 2004
). Pourtant, l’action de dépistage des troubles du neurodéveloppement ne fait pas partie de ses missions spécifiques et tous les enfants ne sont pas suivis par un omnipraticien.
) et des équipes de PMI puis de Médecine scolaire. Si ce dépistage est de mieux en mieux organisé pour les enfants vulnérables, son organisation en France est très variable selon les territoires. Certains CAMSP sont impliqués dans le dépistage de populations à risque, d’autres sont sollicités pour l’intervention précoce d’enfants présentant déjà des signes d’alerte.
), le dépistage des troubles du développement doit être réalisé chez tous les nourrissons et jeunes enfants, pas uniquement chez les enfants vulnérables. Ce dépistage est nécessairement périodique afin de détecter des problèmes émergents lors de la croissance de l’enfant. Il nécessite donc une disponibilité des praticiens concernés.Du repérage au diagnostic
Distinguer une simple variante et un trouble du neurodéveloppement
 ; Shevell, 2008
).
). Pour distinguer un décalage simple et un trouble du neurodéveloppement, il faut renforcer précocement la stimulation linguistique et sensorimotrice de l’enfant et, selon le contexte, la guidance parentale. Les professionnels sollicités sont les kinésithérapeutes, les psychomotriciens, les orthophonistes et les équipes de PMI, de CMP (Centre médico-psychologique) et de CAMSP.
). S’il mobilise des compétences grâce à l’enrichissement précoce de l’environnement et « rattrape » son retard, on pourra rassurer les parents. Si l’enfant progresse mais reste en deçà des compétences attendues après six mois à un an selon le contexte, un trouble du neurodéveloppement doit être suspecté sans attendre. L’interprétation des progrès doit prendre en compte l’hétérochronie du développement d’enfants atteints de retard du développement, avec des dissociations de progrès entre les domaines (motricité, langage, sociabilité) (McKinnon et coll., 2009
).
). Mais l’accès aux professionnels et équipes de stimulation précoce reste insuffisant avec des listes d’attente des CMP et des CAMSP par manque de places. Si la kinésithérapie est facile d’accès et débute rapidement, se pose le problème d’accès aux orthophonistes libéraux (dont la prise en charge précoce d’enfants non verbaux reste difficile), et de financement des psychomotriciens, nécessitant un dossier MDPH2
 pour obtenir une AEEH3
 chez un enfant « à risque », pas encore dans le champ du handicap.Difficulté à préciser précocement le type de trouble du neurodéveloppement
). Ce terme est utilisé à juste titre car un retard global de développement peut être la manifestation précoce de différents troubles cognitifs ou psychopathologiques, actuellement regroupés dans le DSM-5 sous le terme unique de « troubles du neurodéveloppement » (Moeschler et coll., 2006
 ; Moeschler, 2008
 ; Topcu et Yalnizoglu, 2013
 ; cf. chapitre « Terminologie, définitions, classifications ») : citons principalement la déficience intellectuelle (DI, altération du raisonnement), le trouble du spectre autistique (TSA, trouble de la cognition sociale), les troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA)4
, (par exemple : dysphasie ; dyspraxie ou trouble d’acquisition de la coordination, TAC ; trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité, TDAH…). Ces différents troubles du neurodéveloppement peuvent être isolés (et considérés comme des diagnostics différentiels) ou associés à la déficience intellectuelle5
 (Gillberg, 2005
).
 ; Lemcke et coll., 2013
). Dans deux cohortes distinctes d’enfants autistes (Bolton et coll., 2012
 ; Lemcke et coll., 2013
), le retard de marche était attribué à la DI associée à l’autisme. L’évitement du regard, l’absence d’attention conjointe et l’absence de réponse au prénom sont des signes plus spécifiques de l’autisme (Yirmiya et Charman, 2010
). D’après les 459 questionnaires ouverts auprès de parents d’enfants autistes (Guinchat et coll., 2012
), les premiers signes d’inquiétude repérés précocement (autour de 15 mois) ne sont pas spécifiques de l’autisme mais signalent plus largement un trouble du neurodéveloppement : hypotonie, retard postural, passivité, hyperactivité, troubles du sommeil. La présence d’une DI chez 30 à 60 % des personnes autistes peut contribuer à la faible spécificité des signes d’appel (Chakrabarti et Fonbonne, 2005
). La mise en œuvre d’un programme d’intervention précoce est justifiée pour tout trouble du neurodéveloppement, que l’enfant ait un autisme ou une DI (Lemcke et coll., 2013
).
).
).
) et un fonctionnement intellectuel limite d’origine psychosociale (Einfeld et Emerson, 2008
 ; Salvador-Carulla et coll., 2013
). L’évaluation fine des profils psychométriques (Herbillon et coll., 2010
) et des compétences socio-adaptatives et de l’environnement est déterminante.
), d’évaluer de manière objective les enfants dès 3 à 4 ans, pour mieux observer leur trajectoire développementale et l’effet des stimulations précoces, sans décréter trop hâtivement un pronostic péjoratif.Outils de dépistage disponibles
). En France, nous n’avons pas trouvé de données épidémiologiques relatant l’usage de questionnaires par les médecins.
 ; McKenzie et Megson, 2012
).
). On distingue les questionnaires parentaux qui ont l’avantage de nécessiter moins de temps que les tests avec observation directe (Parent’s Evaluation of Developmental Status, Stages and Ages Questionnaire, Child Development Inventories), et les échelles de développement précoce, qui impliquent l’examen direct des compétences de l’enfant (Denver-II screening test, Bayley Infant Neuro-developmental Screener, Battelle Developmental Inventory, Early Language Milestone Scale, Brigance Screens).
). Dans les recommandations de dépistage en population générale, les experts soulignaient qu’il pourrait être intéressant de disposer d’un outil permettant l’établissement d’un « score » de développement pour les examens se déroulant aux cours des deux premières années de la vie. Une rupture dans l’évolution de ce score, et non sa position par rapport à une « moyenne », pourrait constituer un vrai signal d’alarme. Il était recommandé que des indicateurs de développement sensorimoteur, cognitif et émotionnel de l’enfant soient intégrés aux items des examens des 2 premières années de la vie ; ces indicateurs devant être au préalable déterminés par un groupe de travail ad hoc. À notre connaissance, cette recommandation n’a pas eu de suite.Outils de dépistage précoce d’un trouble du neurodéveloppement
). Il s’agit soit de questionnaires parentaux, soit d’échelles de développement précoce généralement mis en œuvre par des psychomotriciens ou des psychologues. Trois questionnaires parentaux (tableau 4.I
) et trois échelles de développement précoce (tableau 4.II
) ont été étudiés. Il est possible que d’autres tests ayant échappé à cette revue bibliographique soient utilisés par diverses équipes francophones. Nous constatons le développement de différents outils par plusieurs équipes et l’absence d’une réflexion nationale pour harmoniser les pratiques.
) illustre cette problématique et mérite d’être détaillée. La version BSID-II a fait l’objet de plusieurs études de prédictivité entre les scores obtenus chez les nourrissons et les troubles cognitifs persistant après l’âge de 3 ans. Dans une étude portant sur 137 nourrissons (89 nés à terme, 48 prématurés), les taux de corrélation entre les scores cognitifs obtenus après l’âge de 3 ans et ceux recueillis avant 2 ans sont faibles (respectivement de 0,121, 0,32 et 0,37 à 6, 12 et 22 mois) chez les grands prématurés, et méritent une certaine prudence (Chaudhary et coll., 2013
). La valeur prédictive des scores de la version la plus récente de la Bayley-III vis-à-vis des chiffres de QI (sur l’échelle de Griffiths) semble satisfaisante pour Milne et coll. (2015
), avec malgré tout certaines précautions de calcul (Milne et coll., 2015
). En effet, l’échelle mentale de la BSID-II fournit un score cognitif global MDI (Mental Development Index) alors que la Bayley-III ne fournit que des scores séparés (cognition, langage). Un score combiné Cognitive (CB-III scores) est calculé mais non validé. De ce fait, les comparaisons avec la BSID-II sont compliquées. Par ailleurs, l’échelle Bayley-III est nettement moins sensible que la BSID-II pour repérer les enfants atteints de retard (Moore et coll., 2012
) : pour détecter des enfants atteints d’un retard de développement modéré à sévère (score < 70 de la BSID-II), il faut à la Bayley-III un score langage et cognition < 85 ou un score combiné CB-III < 80 (Johnson et coll., 2014
). La valeur prédictive d’un score < 70 est très mauvaise (sensibilité 58 %, spécificité 100 %), alors que celle d’un score < 80 (sensibilité 89 % ; spécificité 99 %) rejoint celle du MDI (BSDI-II) (Moore et coll., 2012
). Ces auteurs recommandent une certaine prudence concernant l’extrapolation des résultats de la Bayley-III.
, a une place à part parmi les échelles de développement précoce. Il s’agit de l’adaptation francophone de l’AEPS (Assessment, Evaluation and Intervention Program System), une évaluation directe et structurée d’enfants à risque ou atteints de troubles du neurodéveloppement de 0 à 3 ans, et utilisable jusqu’à 6 ans chez les enfants ayant un trouble du neurodéveloppement. Cet outil se distingue des autres inventaires de développement précoce par son caractère dynamique et intégré, conçu pour faciliter le lien entre l’évaluation de l’enfant, programmation et évaluation de l’intervention précoce. Il fournit explicitement la base des plans individualisés (Dionne et coll., 2001
). L’AEPS (et sa version francophone EIS) explore six domaines de développement : motricité (globale et fine), communication, adaptation, cognition et sociabilité. Contrairement aux autres échelles d’évaluation précoce, l’EIS permet d’évaluer l’enfant par rapport à lui-même et non par rapport à une norme. Par ailleurs, ses qualités métriques ont été validées par comparaison à celles de l’échelle de Bayley sur 335 enfants accueillis dans des centres d’action précoce. La version francophone s’accompagne d’une étude de validation des effets du programme éducatif (Tourrette et Guedeney, 2012
). Aucune publication n’a été retrouvée sur l’utilisation de ce type d’instrument dynamique au sein des équipes de dépistage et de stimulation précoce en France.Outils de dépistage chez les enfants (> 3 ans) de troubles des apprentissages, dont les déficiences intellectuelles légères
) ont réalisé une analyse exhaustive de la littérature anglophone sur les outils de dépistage de la déficience intellectuelle développés spécifiquement pour l’enfant (de plus deux ans). Parmi les 26 études retenues, 24 outils ont été écartés, car ils dépistaient des types très variés de handicap (sensoriel, moteur, etc.), ou bien avaient été validés dans des populations à risque (milieux socio-familiaux précaires, enfants repérés avec retard de développement), et ne permettaient pas de discriminer les enfants avec DI parmi d’autres troubles cognitifs. La BREV, outil de dépistage français (Billard et coll., 2002
), faisait partie de ces outils considérés comme non valides selon les critères de ces auteurs (McKenzie et Megson, 2012
). Les auteurs n’ont pas retenu non plus, leur propre outil, le CLDSQ, Child Learning Disability Screening Questionnaire (McKenzie et coll., 2008
), qui n’avait été validé que chez 33 enfants.Tableau 4.I Questionnaires parentaux de dépistage précoce d’un trouble du neurodéveloppement
| 
 Nom de l’échelle 
 | 
 IFDC : Inventaires français du développement communicatif 
 | 
 IDE : Inventaire du développement de l’enfant2
 
 | 
 ASQ : Ages and Stages Questionnaires6
 
 | 
|---|---|---|---|
| 
 Échelle anglophone dont elle est issue 
 | |||
| 
 Type d’outil 
 | 
 Questionnaires parentaux 
 | 
 Questionnaire parental 
 | 
 11 questionnaires parentaux 
 | 
| 
 Âge 
 | 
 8 à 16 mois 
 | 
 15 mois à 5 ans et 11 mois 
 | 
 4 mois à 48 mois 
 | 
| 
 Compétences étudiées 
 | 
 Développement gestuel et langagier 
 | 
 « Problèmes de développement » 
 | 
 Cinq domaines de développement 
 | 
| 
 Équipe française développant l’outil 
 | 
 Laboratoire DDL, Lyon (S. Kern) AFPA et Société européenne de pédiatrie ambulatoire 
 | 
 Laboratoire Cogni-Sciences, Grenoble8 et Université de Montpellier 
 | 
 Réseau de suivi des anciens prématurés en Pays de Loire (LIFT Network), et Inserm Nantes 
 | 
| 
 Référence bibliographique 
 | |||
| 
 Validité de l’adaptation française 
 | 
 Forme courte publiée dans Anae, 2010 
 | 
 Normes sur un échantillon de 1 287 enfants de 15 à 72 mois4
 
 | 
 Comparaison avec la Brunet-Lézine chez 703 prématurés7
 
 | 
| 
 Utilisation de l’outil en France 
 | 
 Une forme d’échelle brève ou IDE-DG5 rapide à utiliser. Pas d’utilisation connue en recherche 
 | 
1 IFDC : La trajectoire de développement communicatif a été étudiée chez 548 nourrissons francophones « tout-venant » de 8 à 16 mois (Kern et coll., 2007
). Il est souligné une hétérogénéité des résultats après 12 mois, plus particulièrement en production. Dans le prolongement de cette étude, les auteurs ont réalisé une étude chez les enfants de 16 à 30 mois (Kern, 2003
). Une forme courte a été publiée dans une revue sans comité de lecture (Kern et coll., 2010
).
2 IDE : Ce questionnaire est une aide pour identifier et évaluer les problèmes de développement de jeunes enfants. Les réponses ne constituent pas un diagnostic mais suggèrent des pistes pour l’établissement par des professionnels d’un diagnostic plus approfondi et d’une aide appropriée. Une nouvelle version, parue en 2010, inclut quelques modifications pour une meilleure utilisation et tient compte des remarques des utilisateurs.
3 La validité de la version américaine du Child Development Inventory a été évaluée chez 43 parents d’enfants à haut risque, en comparaison de scores obtenus avec ceux de l’échelle de Bayley (BSID-II). Une forte corrélation a été observée (r=0,86 ; P < 0,001) avec une sensibilité (80 % à 100 %) et une spécificité (94 % à 96 %) élevées (Doig et coll., 1999
).
4 Le score de développement général est fortement corrélé à l’âge chronologique (r=0,89). La reproductibilité de cotation d’un observateur est de 0,97 et la concordance inter-observateurs (parent versus enseignant) est de 0,76. La corrélation entre le quotient de développement de l’IDE et le QI (test psychométrique individuel) est élevé (r=0,84). La sensibilité et la spécificité pour détecter des enfants d’intelligence limite (QI < 86) sont de 84 % et 92 % (Duyme et coll., 2011
).
5 Une forme d’échelle brève ou IDE-DG, permet d’évaluer uniquement un âge de développement général et un quotient de développement général (QD-IDE). Il permet, dans le but d’un dépistage rapide, de préciser si l’enfant est à haut risque de problème développement. En cas de constat de haut risque de problème de développement à l’IDE-DG, l’utilisation de la forme complète s’avère nécessaire pour connaître dans quel domaine spécifique du développement ces troubles apparaissent.
6 Les ASQ (Ages and Stages Questionnaires) développés dans les années 1980, ont été ré-étalonnés chez 7 000 enfants en 1997, avec une concordance de 85 % par rapport à des tests standardisés (Bayley et Stanford-Binet) (Squires et coll., 1997
). La validité de l’ASQ (Ages and Stages Questionnaires) a été comparée aux scores de la BSID II (Bayley-II) chez 53 nourrissons à deux ans (Gollenberg et coll., 2010
). La sensibilité était de 100 % et la spécificité de 87 % pour les enfants ayant un retard de développement (score < 70 sur BSID-II). La corrélation avec la BSID-II était modérée pour les domaines « communication » (R=0,52 ; P < 0,001), « sociabilité » (R=0,45 ; P < 0,01) et « motricité globale » (R=0,46 ; P < 0,01). En revanche, aucune corrélation n’a été retrouvée pour les épreuves de résolution de problème et motricité fine.
7 La version française a été validée comme un outil pertinent d’évaluation des anciens prématurés, par comparaison avec l’échelle de Brunet-Lézine chez 700 prématurés. La sensibilité de détection des enfants ayant un QD (Quotient de développement) < 85 à la Brunet-Lézine était de 0,85 et la spécificité de 0,72 (Flamant et coll., 2011
).
8 Laboratoire Cogni-Sciences. Bilan de Santé Évaluation du Développement pour la Scolarité 5 à 6 ans. BSEDS 5-6, Version 3. Octobre 2003. (Accessible sur : http://www.ac-grenoble.fr/ien.g4/IMG/pdf/BSEDS_3_secours.pdf).
Tableau 4.II Tests de développement psychomoteur disponibles en France
| 
 Nom de l’échelle 
 | 
 Denver (DDST) 
 | 
 Bayley-III 
 | 
 Brunet-Lézine 
 | 
|---|---|---|---|
| 
 Échelle anglophone dont elle est issue 
 | 
 
Denver Developmental Screening Test (DDST) : un des plus anciens outils de dépistage des troubles du développement1
 
 | 
 
Bayley Scales of Infant and Toddler Development, Third Edition (Bayley-III)2
 
 | 
 Outil développé d’emblée en France, en 1950 par Brunet et Lézine 
 | 
| 
 Type d’outil 
 | 
 Test de développement global 
 | 
 Questions aux parents et observation directe de l’enfant 
 | 
 Questions aux parents et observation directe de l’enfant 
 | 
| 
 Âge 
 | 
 2 semaines à 6 ans 
 | 
 1 à 42 mois 
 | 
 2 à 36 mois 
 | 
| 
 Compétences étudiées 
 | 
 4 rubriques : langage, contact social, motricité fine et motricité globale 
 | 
 Trois échelles : mentale, motrice et comportementale 
 | 
 4 domaines : posture, coordination oculomotrice, langage, relations sociales4
 
 | 
| 
 Équipe française développant l’outil 
 | 
 Marc Tardieu, neuropédiatrie, Bicêtre 
 | 
 Équipe de Toulouse 
 | 
 Issy Les Moulineaux (Paris) 
 | 
| 
 Référence bibliographique 
 | 
 Pas de validation publiée3
 
 | ||
| 
 Validité de l’adaptation française 
 | 
 Traduction française disponible Pas d’étude de validité 
 | 
 Traduction non publiée (TN Willig, Toulouse) 
 | 
 Étalonnage entre 1994 et 1996, sur 1 050 enfants 
 | 
| 
 Utilisation de l’outil en France 
 | 
 En pratique clinique neuropédiatrique dans certains centres. Pas d’usage en recherche. 
 | 
1 Une version révisée (DDST-II) a été publiée en 1992 (Frankenburg et coll., 1992
). Cependant, certaines équipes ont fortement critiqué la sensibilité et la spécificité de cet outil, considérant qu’il était préférable de ne pas l’utiliser (Glascoe et coll., 1992
).
2 Depuis la conception de cette échelle en 1969 (Bayley Scales of Infant Development, BSID ; Bayley, 1969), deux versions ont été développées (BSID-II, 1993) puis Bayley-III. L’échelle de Bayley semble globalement un outil robuste pour le suivi du développement psychomoteur du nourrisson. De surcroît, une version adaptée à des enfants infirmes moteurs ou malvoyants est en cours de validation (Visser et coll., 2014
).
3 Un étalonnage de l’échelle en population française est en cours dans le cadre d’un autre PHRC multicentrique « validation française du Bayley-III », avec un échantillon comparatif entre Bayley et Brunet-Lézine (Albrege C, communication personnelle).
4 Ce test comporte 10 items par niveau d’âge permettant le calcul d’âges de développement et de quotients de développement. Pour les enfants de moins de 15 mois, temps de passation de 30 minutes ; pour les enfants plus âgés, la passation peut durer 60 minutes, mais est très variable selon la disponibilité de l’enfant. Le test dans sa version complète est destiné à être utilisé par un psychologue ou un psychomotricien, mais cet outil peut constituer une base de repères chronologiques simples pour le médecin de famille (Lion-François et des Portes, 2004
). Pour la recherche, ce test a été utilisé dans certains pays non francophones, mais pas dans les pays anglo-saxons. Cela limite son usage dans les études multicentriques internationales.
), développé en 1986 pour tester les capacités de raisonnement corrélées aux compétences scolaires et repérer ainsi les enfants avec DI légère. La validation de l’outil porta sur plus de 2 700 enfants de 12 à 13 ans, avec repérage de 204 enfants à risque, pour lesquels une très bonne corrélation (0,76) a été obtenue entre le score total de la CAT et une psychométrie de référence (WISC-III6
) (Simonoff et coll., 2006
). Cependant, l’outil n’a pas été retenu, car une version courte de la CAT (non validée) avait été utilisée, la population étudiée était trop âgée pour du dépistage, et les seuils d’enfant à risque de DI n’étaient pas clairement définis (McKenzie et Megson, 2012
).
). Un groupe de 61 enfants avec DI (âge moyen 10 ans, QI moyen 53 [39 à 68]) a été comparé à un groupe contrôle de 69 enfants sans DI (QI moyen 93 [70 à 138]) ; de même, 71 adolescents avec DI (âge moyen 14 ans, QI moyen 53 [30 à 69]) ont été comparés à un groupe contrôle de 79 enfants sans DI (QI moyen 83 [62 à 125]) (remarque : le patient avec QI à 62 avait de bonnes compétences adaptatives). La sensibilité et la spécificité de la CAIDS-Q sont de 97 % et 85 % chez les enfants, et de 91 % et 95 % chez les adolescents. La fiabilité test-retest n’a pas été étudiée. Le repérage d’une déficience légère chez les enfants et adolescents est un enjeu important, avec un nombre élevé de diagnostics non faits (David et coll., 2014
). La validation d’une version française de ce questionnaire mériterait d’être étudiée.
). Leurs principales caractéristiques sont résumées dans le tableau 4.III
.
). À notre connaissance, la validation et l’étalonnage de l’outil n’ont pas été publiés et nous n’avons pas trouvé de mise à jour depuis 2003.Tableau 4.III Outils de dépistage des troubles d’apprentissage, dont les déficiences légères
| 
 Nom de la batterie 
 | 
 BSEDS 
 | 
 BREV et EDA 
 | 
|---|---|---|
| 
 Intitulé précis 
 | 
 Bilan de Santé Évaluation de Développement pour la Scolarité 
 | 
 BREV : Batterie rapide d’évaluation des fonctions cognitives EDA : Évaluation Des fonctions cognitives et Apprentissages » 
 | 
| 
 Type d’outil 
 | 
 Batterie composite d’épreuves neuropsychologiques Examen médical + questionnaires 
 | 
 Batterie de 17 subtests 
 | 
| 
 Âge 
 | 
 5 à 6 ans 
 | 
 4 à 9 ans 
 | 
| 
 Objectif 
 | 
 Dépister des troubles sensoriels et des troubles cognitifs spécifiques, centré sur le langage et l’information visuelle 
 | 
 Détecter les enfants suspects d’un déficit cognitif et définir le profil cognitif pour orienter l’enfant vers un professionnel ad hoc qui confirmera le trouble 
 | 
| 
 Équipe française développant l’outil 
 | 
 Laboratoire Cogni-Sciences, Grenoble3
 
 | 
 Centre de référence sur les troubles du langage et des apprentissages, Service de santé publique et d’épidémiologie, Hôpital Bicêtre, AP-HP, Inserm U 569 
 | 
| 
 Référence bibliographique 
 | 
 Validation et étalonnage de l’outil non publiés 
 | |
| 
 Validité de l’outil pour la DI légère 
 | 
 Outil non développé initialement pour la DI1
 
 | 
 Pas d’information sur le sujet concernant la version récente (EDA) 
 | 
| 
 Utilisation de l’outil en France 
 | 
 Utilisation informelle par plusieurs académies dans le cadre de la médecine scolaire de grande section 
 | 
1 La question d’une déficience intellectuelle est évoquée (p. 19 du document du Laboratoire Cogni-Sciences) : « Si on suspecte un retard global, un enfant obtiendra des scores très bas (au moins inférieurs à –1 écart-type) dans la plupart des sub-tests réalisés par l’enseignant ou l’équipe de santé scolaire : reproduction de figures, langage, motricité manuelle, traitement de l’information visuelle. L’avis de l’enseignant à la suite des observations en classe est important pour évoquer ce retard global ».
2 Étalonnage chez 700 enfants tout-venant (Billard et coll., 2002a
) et validation en comparaison à une batterie de référence chez 202 enfants épileptiques (Billard et coll., 2002b
) ; puis chez 173 enfants atteints de troubles des apprentissages (Billard et coll., 2006
) comparée à une évaluation de référence (examen neuropsychologique et du langage oral et écrit). Toutes les corrélations entre les tests de la BREV et les tests correspondants de la batterie de référence étaient significatives. La prescription après la BREV d’évaluations complémentaires concordait avec les conclusions de l’évaluation de référence chez 145/173 pour l’évaluation psychométrique et 168/172 enfants pour le langage (4 faux-négatifs).
3 Laboratoire Cogni-Sciences. Bilan de Santé Évaluation du Développement pour la Scolarité 5 à 6 ans. BSEDS 5-6, Version 3. Octobre 2003. (Accessible sur : http://www.ac-grenoble.fr/ien.g4/IMG/pdf/BSEDS_3_secours.pdf).
) est un outil conçu par des neuropédiatres, orthophonistes et neuropsychologues, comme un outil de dépistage des troubles cognitifs chez les enfants de quatre à neuf ans, à réaliser dans le cadre d’une consultation. Les auteurs considèrent que la BREV est un examen fiable pour déterminer si une plainte est justifiée, prescrire les évaluations complémentaires utiles, non seulement en ce qui concerne les troubles du langage, mais aussi praxiques et les déficits globaux (Billard et coll., 2006
). Une nouvelle version, l’EDA7
 (Évaluation Des fonctions cognitives et Apprentissages, nouvelle BREV), a été récemment mise à disposition des professionnels. L’EDA évalue les fonctions cognitives de l’enfant (fonctions verbales et non verbales) et ses apprentissages (lecture, orthographe, calcul). La passation de l’ensemble de la batterie prend 45 mn. Selon les concepteurs de l’EDA, un étalonnage a été réalisé chez 626 enfants répartis en 6 niveaux scolaires, avec des normes de référence de la moyenne section au CM2. Cet étalonnage ne semble pas avoir été publié. Par ailleurs, cet outil a été développé pour repérer et dépister les troubles spécifiques des apprentissages. Sa pertinence pour repérer des enfants avec DI légère n’a pas été étudiée.Utilisation des outils de dépistage en pratique clinique
Valeur prédictive individuelle des échelles de développement
 ; Sonnander, 2000
 ; Hack et coll., 2005
 ; Moeschler, 2008
) considèrent que les échelles d’évaluation précoce ont une mauvaise valeur prédictive individuelle du risque et du degré de déficience intellectuelle ultérieur. Field et coll. (1990
) ont suivi l’évolution des quotients de développement sur deux ans de 291 jeunes enfants (âge moyen : 3 ans et 3 mois) référés pour retard global du développement ou retard de langage. Malgré une forte corrélation (0,78) entre les deux évaluations, les auteurs ont observé une amélioration significative du QI moyen, de 67 à 74, et 26 % des enfants avaient une amélioration de 16 points ou plus. À noter une amélioration significativement supérieure chez les enfants avec retard de langage, par rapport à ceux avec retard global.
), 200 anciens grands prématurés (terme moyen 26,4 semaines d’âge gestationnel, poids moyen 811 g), ont été testés à 20 mois d’âge corrigé (Bayley-II) puis à 8 ans (K-ABC). Le taux de nourrissons ayant un retard de développement (MDI < 70) était de 39 % à 20 mois, alors que seulement 16 % des enfants avaient un score composite < 70 à 8 ans. Si l’objectif principal d’un test de dépistage est de ne pas passer à côté des enfants présentant un retard (faux-négatifs), un des risques est de considérer à tort des nourrissons comme retardés alors que leur devenir cognitif est satisfaisant (faux-positifs).
) ont assuré un suivi longitudinal sur 8 ans, de 82 enfants avec retard de développement. Le quotient de développement à 3 ans a été établi sur l’échelle de Gesell, puis un QI a été calculé avec le test de Sanford Binet à 6 puis 11 ans. Les scores moyens du groupe étaient stables, mais les trajectoires individuelles au sein du groupe étaient variables : aggravation, stabilité ou amélioration.
), la grande majorité des enfants ayant un retard global du développement auraient ultérieurement une DI. Dans cette étude longitudinale, Shevell et coll. (2005
) ont suivi deux populations d’enfants évalués une première fois à 3 ans et demi au moyen d’une échelle développementale validée (BDI, Battelle Developmental Inventory) : 48 enfants avec retard global et 43 avec retard de langage. Réévalués à 7 ans par la même échelle, la moyenne des scores des enfants avec retard global était à 66 et celle des enfants avec retard de langage était à 72 (moyenne 100, 1 DS 15). Les résultats de cette étude doivent être nuancés pour trois raisons : la population initiale évaluée à trois ans comportait 99 enfants avec retard global (51 perdus de vue) et 70 avec retard de langage (27 perdus de vue) ; les auteurs ne précisent pas combien d’enfants ont un score en dessous de -2 DS (la limite de -1,5 DS est arbitrairement proposée) ; et enfin, les compétences adaptatives de ces enfants évaluées par l’échelle de Vineland étaient moins déficitaires que les performances cognitives.
) a porté sur 313 enfants, dont 161 ayant une déficience intellectuelle légère à modérée sur une échelle de Wechsler adaptée (WPPSI-R ou WISC-III). Parmi eux, 105 (âge moyen 7 ans 8 mois ; QI moyen 68 ± 14) avaient été évalués selon la WPPSI-R à un âge moyen de 4 ans 6 mois (QI moyen 60 ± 11). Le coefficient de corrélation entre les deux tests était considéré comme « bon » (r=0,42 ; p < 0,001). Un autre groupe de 56 enfants (âge moyen 7 ans 4 mois ; QI moyen 56 ± 11) avait eu une évaluation avec l’échelle de développement (Bayley-II) à un âge moyen de 3 ans 2 mois (Indice de Développement 53 ± 9). Le coefficient de corrélation était considéré « faible à correct » (r=0,22 ; p < 0,001). Les auteurs considèrent que les scores de QI étaient stables dans le temps. Cette conclusion doit être pondérée car certains aspects méthodologiques de l’étude sont surprenants, en particulier, la présence dans ce groupe d’enfants considérés comme déficients, de certains sujets ayant un QI > 70. Par ailleurs, si le coefficient de corrélation était acceptable pour les évaluations à 4 ans 6 mois entre deux outils identiques (échelles de Wechsler), il était plus discutable pour l’évaluation à 3 ans avec l’échelle de Bayley. Enfin, la comparaison de deux groupes ne dit rien des variations individuelles (Keogh et coll., 1997
) et ne peut pas être extrapolée en pratique clinique.
). Les corrélations entre l’examen pédiatrique et la Bayley étaient nettement meilleures qu’avec l’échelle parentale. Les auteurs insistent sur l’utilité d’une bonne formation des pédiatres à l’évaluation du neurodéveloppement.Obstacles à l’utilisation des outils de dépistage en pratique clinique
 que le niveau de preuve était insuffisant pour se prononcer pour ou contre un dépistage des retards de développement.
). Malgré le caractère dit « rapide », utiliser un outil standardisé nécessite du temps, un investissement personnel ainsi qu’un coût, pour sa passation et son interprétation. De ce fait, ces instruments de dépistage restent peu utilisés en pratique pédiatrique et de médecine générale courante en France, mais aussi à l’étranger : selon une étude, seuls 15 à 20 % des praticiens (généralistes et pédiatres) utilisent des outils standardisés de dépistage des troubles du neurodéveloppement, entre autres raisons (au-delà du temps) car il n’y a pas de consensus sur l’outil à utiliser (Dobrez et coll., 2001
 ; McKenzie and Megson, 2012
).
). Cette étude ne concernait pas spécifiquement la déficience intellectuelle, mais donne un éclairage pertinent sur la faisabilité d’utilisation d’un outil standardisé de repérage en pratique clinique de ville. Ce projet a permis de construire une consultation de repérage adaptée à la pratique libérale en mettant à la disposition des médecins une mallette d’outils de dépistage conçue spécifiquement10
, comprenant un questionnaire destiné aux parents, un autre pour les médecins et dix-sept tests validés par un comité d’experts pour pratiquer ces repérages. Cette consultation a été expérimentée en cabinet entre mai et décembre 2009 : 420 consultations ont été réalisées par 52 médecins sur les 60 volontaires. Au préalable, tous ces médecins expérimentateurs ont suivi une formation spécifique et reçu le protocole de consultation accompagné de la mallette. Ils devaient également répondre à des questionnaires d’opinion et d’évaluation. Chaque consultation était rémunérée par un forfait complémentaire de 55 e. L’expérimentation a permis le repérage de 152 situations potentiellement à problème et 78 % des médecins estiment que cette consultation leur a permis de repérer des troubles qu’ils n’auraient pas repérés sans cela. Les parents ont perçu la consultation comme intéressante (90 %) et l’enfant comme « amusante » (81 %). Plus de huit parents sur dix ont trouvé le questionnaire pré-consultation facile à remplir. Cette consultation est également ressentie comme un moment privilégié d’échange avec le médecin. Les médecins dans leur quasi-totalité (98 %) disent vouloir continuer à utiliser les outils de la mallette, tous (33 %) ou en partie (61 %), ainsi que le questionnaire parental (18 %). Un bémol reste la durée de consultation (54 minutes en moyenne) : 70 % des médecins ont eu des difficultés pour intégrer la consultation dans leur planning.
). À notre connaissance, cette étude de faisabilité n’a pas été publiée dans une revue à comité de lecture.
). L’histoire récente concernant la dernière version de l’échelle de Bayley pour le suivi des cohortes de prématurés américains en est une illustration (Moore et coll., 2012
 ; Johnson et coll., 2014
).
) et défendent leur relative validité prédictive, d’autres auteurs rappellent au contraire que la valeur prédictive de ces tests de dépistage sur le niveau de fonctionnement intellectuel ultérieur est mauvaise (Sonnander, 2000
 ; Bornholt et coll., 2004
). Mais cet argument n’est pas un obstacle si on reste sur l’objectif du dépistage, qui n’est pas de faire un pronostic mais de repérer des enfants à risque en vue de les orienter vers une structure de diagnostic et d’intervention précoce (Shevell et coll., 2005
).
). Ce point mérite d’être discuté en France au vu de la saturation des structures ad hoc (CMP, CAMSP, Sessad11
).Bibliographie
→ Aller vers SYNTHESE