Durant la révolution russe, après avoir été transférés de la petite ville sibérienne de Tobolsk près de l’Oural à Iekaterinbourg, le tsar et sa famille sont enfermés dans la maison de l’ingénieur Ipatiev en avril 1918. Après quatre mois d’internement, en raison de l’avancée de l’armée blanche et sans attendre l’avis du comité central de Moscou, le général Berzine, commandant l’armée rouge dans la région, donne l’ordre de tuer toute la famille et de faire disparaître les corps. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, au sous-sol de la maison, le tsar Nicolas II et sa femme et ses cinq enfants, avec en outre, le docteur Botkine, médecin personnel du petit Alexis atteint d’hémophilie, et trois domestiques, sont assassinés, puis ensevelis dans la forêt de Koptiaki.
Vers 1978, des ossements sont repérés mais ils ne seront exhumés qu’en 1991. À cette époque, une équipe de médecins légistes russes reconstitue les neuf squelettes d’après les données morphologiques, anatomiques et dentaires, et identifie ceux du tsar, de la tsarine et de trois filles. Il manque donc deux enfants, le petit tsarévitch Alexis et une des plus jeunes grandes-duchesses, probablement Maria. Cette constatation est d’autant plus troublante que de nombreuses légendes s’étaient propagées au cours des décennies, et que plusieurs jeunes femmes avaient prétendu être une des grandes-duchesses qui aurait échappé au massacre1.
En 1994, une étude est effectuée au Royaume-Uni à partir d’ADN nucléaire et mitochondrial des restes humains des cinq sujets - comparativement à l’ADN de plusieurs apparentés vivants, du lignage de la tsarine d’une part, et de celui du tsar d’autre part. Les résultats confirment alors qu’il s’agit bien d’une famille (un père, une mère et trois enfants) et qu’ils ont des STR (short tandem repeats) communs avec les descendants apparentés à la famille Romanov. Quant à l’ADNmt, il montre, dans la lignée maternelle, une complète ressemblance entre celui de la tsarine présumée, des trois filles et des apparentés descendants de la reine Victoria d’une part, et dans la lignée paternelle, une identité avec les descendants de la lignée maternelle du tsar et celui-ci, sauf pour un nucléotide en position 16169 où une hétéroplasmie C/T est observée chez le tsar présumé [ 1].
En 1998, des funérailles solennelles sont organisées à la cathédrale Saint-Pierre-et-Paul de Saint-Petersbourg en présence de Boris Eltsine2. En 2000, dans la cathédrale Saint-Sauveur de Moscou, un office religieux présidé par le patriarche Alexis II a lieu pour canoniser la dernière famille impériale de Russie [ 2].
Enfin, en juillet 2007, des ossements calcinés sont découverts à 60 m environ de la première sépulture. Ils correspondent aux restes de deux squelettes en partie détruits par le feu et par l’acide sulfurique3. Les études anthropologiques montrent qu’il s’agit d’un enfant d’environ 10 à 14 ans et d’une jeune femme âgée approximativement de 18 à 23 ans.