Pour rechercher la présence de cellules ovales issues de la moelle, Oh et al. ont utilisé des rats femelles déficientes pour la dipeptidyl-peptidase IV (DPPIV−/−
), ayant reçu une greffe de moelle de rats mâles DPPIV+/+
. Ces animaux ont ensuite été soumis au protocole AAF/HX. Ils ont également été traités, avant ou après la greffe, par la monocrotaline, un alcaloïde de pyrrolizidine, inhibiteur de la prolifération des hépatocytes et des cellules précurseurs de la moelle.
Lorsque la monocrotaline est administrée 4 semaines avant la greffe, et avant hépactectomie et AAF, l’étude histochimique du foie révèle des cellules ovales - positives pour OV-6 et l’α-fœtoprotéine (AFP) - qui expriment aussi la DPPIV, ce qui démontre leur origine médullaire. L’analyse des cellules non parenchymateuses isolées à partir du foie de ces rats montre que 40 % sont des cellules ovales (AFP+) et que, parmi ces 40 %, la moitié expriment à la fois l’AFP et la DPPIV et viennent donc du greffon.
On note que la monocrotaline n’a pas empêché l’accumulation de cellules ovales d’origine intra-hépatique. Ces cellules ovales ne semblent pas résulter d’évènements de fusion puisqu’elles ont un ou deux chromosomes X, dans un rapport de 1/2 qui correspond au rapport des cellules ovales mâles d’origine intra-hépatique (DPPIV-) et femelles extra-hépatique (DPPIV+).
Lorsque la monocrotaline est administrée après la greffe, aucune cellule ovale DDPIV+ n’est détectée, montrant que la monocrotaline a inhibé la prolifération, la différenciation de cellules ovales issues du greffon ou leur domiciliation vers le foie, tout en n’empêchant pas l’apparition de cellules ovales d’origine hépatique. Les cellules ovales peuvent donc avoir une origine intra-hépatique (cellules des canaux de Hering) ou extra-hépatique (cellules de la moelle osseuse).
Mais ces résultats sont en contradiction avec ceux de Menthena et al. [8] et de Wang et al. [5]. Menthena et al. n’avaient pas identifié, chez des rats DDPIV−/−
, de cellules ovales issues d’un greffon DPPIV+ en bloquant la prolifération des cellules hépatiques par la rétrorsine, un autre alcaloïde de pyrrolizidine. Il est possible que cet alcaloïde, tout comme la monocrotaline, ait un effet inhibiteur sur les cellules d’origine médullaire, et pas (ou peu) sur les cellules précurseurs intra-hépatiques localisées dans les canaux de Hering. De même, chez la souris tyrosinémique, Wang et al. avaient montré que les cellules ovales qui s’accumulent dans le foie après administration de DDC (3,5-diéthoxycarbonyl-1,4-dihydrocollidine) ne viennent pas de la moelle osseuse.
À la lumière des travaux de Oh et al, on peut admettre que le DDC ait aussi un effet inhibiteur sur les cellules médullaires. De plus, on ne peut pas exclure, sur la base des marqueurs utilisés, que les cellules qui prolifèrent dans ce modèle ne soient pas des cellules biliaires matures.