Créer un écosystème propice à l’émergence d’initiatives et d’innovations à même de positionner la France comme leader dans l’économie et la société de la connaissance, telle est l’ambition des pôles de compétitivité fondée sur les synergies d’acteurs et plus particulièrement entre le chercheur, l’entrepreneur, l’universitaire et le décideur local.
L’enjeu et l’efficacité de ces pôles résident aussi dans leur capacité à croiser les connaissances, les expertises, et les disciplines, et à favoriser les interfaces entre la recherche fondamentale et la recherche clinique, publiques ou privées. Leur constitution vise donc à créer les conditions favorables au renforcement ou à l’émergence de nouvelles activités à forte visibilité internationale, compétitives et attractives. Cette stratégie (axe prioritaire de la nouvelle politique industrielle gouvernementale) lancée en septembre 2004 consiste à favoriser, dans une même zone géographique, dans une même dominante sectorielle sur le plan industriel, le développement et la concentration des synergies, des moyens et des savoir-faire complémentaires aux fins d’atteindre la taille critique permettant d’accroître notre potentiel d’innovation et de renforcer notre compétitivité internationale. Le développement des pôles est un des éléments contributifs aux objectifs fixés par les sommets européens de Lisbonne et de Göteborg. C’est dans cette logique que l’articulation avec les politiques communautaires sera systématiquement recherchée. Fondés sur le caractère structurant de l’industrie française et sur son effet d’entraînement sur l’ensemble de l’économie nationale les pôles ont pour vocation à :
- être bâtis autour d’un diagnostic partagé des atouts d’un territoire et d’une stratégie commune de développement.
- reposer sur un projet de développement basé sur une forte synergie entre la R&D et l’activité industrielle proprement dite.
- mettre en réseau, sur une base de proximité géographique, les chercheurs des entreprises et des organismes publiques concernés par une thématique scientifique et/ou technologique donnée.
- faciliter la mutualisation d’un certain nombre de fonctions.
Sur le plan de la recherche biomédicale, leur constitution devrait permettre au sein d’ensembles de taille critique élevée de faire émerger :
- des innovations technologiques, scientifiques et médicales via des pratiques ancrées sur des aller-retour entre recherche fondamentale, recherche finalisée et recherche clinique.
- des innovations organisationnelles concernant la mise en réseau des équipes de recherche publique et des entreprises afin de capitaliser sur les expertises et l’excellence qu’elles concentrent.
De plus, cette forme d’organisation, qui a fait ses preuves dans d’autres pays où elle est parfois très activement soutenue par les pouvoirs publics, répond à deux préoccupations essentielles :
- accroître le potentiel de croissance de l’économie, gage de la préservation de notre compétitivité et de nos équilibres économiques et sociaux.
- maintenir nos compétences médicales scientifiques et technologiques au meilleur niveau afin de jouer un rôle de premier plan dans le progrès thérapeutique et médical.
L’industrie pharmaceutique est de longue date une composante importante du dynamisme technologique, scientifique, économique de notre pays. Le dynamisme futur de l’industrie pharmaceutique en France dépendra de notre capacité à y maintenir une recherche d’excellence dédiée au progrès thérapeutique. La recherche, moteur de cette industrie se caractérise par un accroissement des coûts, une sophistication accrue des technologies et une complexification des questions scientifiques et médicales à résoudre afin de répondre à cette exigence de progrès thérapeutique. Le budget de la recherche pharmaceutique qui en France se situe derrière le Royaume-Uni mais à égalité avec l’Allemagne, représente 14 % des dépenses de recherche de l’industrie en France. L’industrie du médicament emploie directement 100 000 personnes en France et la tendance est restée positive jusqu’à maintenant, de même que pour la qualification des emplois. En ajoutant les emplois en amont (chimie fine), en aval (distribution) et tous ceux induits par le secteur, on peut estimer que le médicament emploie en France plus de 300 000 personnes.
À terme, le développement de l’industrie pharmaceutique en France est confronté à un double enjeu : d’abord industriel, avec la concurrence croissante à prévoir des pays émergents en particulier en Asie, mais aussi scientifique. En effet, si l’industrie pharmaceutique contribue aux activités de recherche dans le domaine biomédical sur le territoire national, elle le fera d’autant plus que l’innovation sera reconnue et donc valorisée, et qu’elle trouvera à ses côtés une recherche institutionnelle performante.
C’est en ce sens que le groupe de recherche Servier a d’emblée défendu la mise en place de pôles de compétitivité puissants mais limités en nombre ; l’idée étant de fédérer, et de focaliser les efforts de recherche, d’instaurer des politiques structurantes et de donner des moyens à la recherche publique lui permettant de se développer et d’être compétitive, et ce au côté d’une recherche industrielle dynamique, créative et performante. L’objectif partagé étant de contribuer au progrès médical et thérapeutique.