Conduites addictives chez les adolescents – Usages, prévention et accompagnement
2014
Cet ouvrage présente les travaux du groupe d’experts réunis par l’Inserm dans le cadre de la procédure d’expertise collective
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La procédure d’expertise collective habituellement appliquée (cf. annexe 1) a été adaptée afin de répondre à la demande du commanditaire dans les délais imposés par la saisine : le fonds documentaire a été essentiellement fourni par les experts.
, pour répondre à la demande de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) concernant les conduites addictives chez les adolescents, en particulier sur les usages et les stratégies de prévention et d’accompagnement.
Ce travail s’appuie sur les données scientifiques disponibles en date du 2nd semestre 2013. Près de 1 400 articles constituent la base documentaire de cette expertise.
Le Pôle Expertise Collective de l’Inserm, rattaché à l’Institut thématique multi-organismes Santé publique d’Aviesan (Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé), a assuré la coordination de cette expertise.
Pour citer ce document :
INSERM. Conduites addictives chez les adolescents. Usages, prévention et accompagnement. Collection Expertise collective, Inserm, Paris, 2014
Groupe d’experts et auteurs
François beck, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), Département Enquêtes et Analyses Statistiques, Saint Denis ; Cermes 3, Équipe Cesames, Villejuif
Alain dervaux, Service d’addictologie, Centre Hospitalier Sainte-Anne, Paris ; Centre de Psychiatrie et Neurosciences (CPN), UMR 894 Inserm Université Paris Descartes, Équipe Physiopathologie des maladies psychiatriques, GDR en Psychiatrie 3557, Paris
Enguerrand du roscoät, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), Département des affaires scientifiques, Saint Denis ; LAPPS (Laboratoire Parisien de Psychologie Sociale), EA 4386, Université Paris Ouest – Nanterre La Défense
Karine gallopel-morvan, École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP), Équipe de recherche en Management des Organisations de Santé (MOS), Rennes
Marie grall-bronnec, Service d’Addictologie, Centre Hospitalier Universitaire, EA 4275, Université, Nantes
Laurence kern, Centre de recherches sur le sport et le mouvement (CeSRM), EA 2931 UFR STAPS, Université Paris Ouest – Nanterre La Défense
Marie-Odile krebs, Service Hospitalo Universitaire, Centre d’évaluation du jeune adulte et adolescent, Centre hospitalier Sainte-Anne, Paris ; Centre de Psychiatrie et Neurosciences (CPN), UMR 894 Inserm Université Paris Descartes, Équipe Physiopathologie des maladies psychiatriques ; GDR en Psychiatrie 3557, Paris
Stéphane legleye, Institut national d’études démographiques (INED), Paris ; Inserm U 669, Paris ; Université Paris-Sud et Université Paris Descartes, UMR-S0669, Paris
Maria melchior, Inserm U 1018, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP), Épidémiologie des déterminants professionnels et sociaux de la santé, Hôpital Paul-Brousse, Villejuif
Mickael naassila, Inserm ERi24-GRAP (Groupe de recherche sur l’Alcool et les Pharmacodépendances), Université de Picardie Jules Verne, UFR de Pharmacie, Amiens
Patrick peretti-watel, Inserm UMR 912, Sciences économiques et sociales de la santé et Traitement de l’information médicale (SESSTIM), ORS Paca, Marseille
Olivier phan, Consultation Jeunes Consommateurs, Centre Pierre Nicole, Croix rouge Française, Paris ; Unité d’addictologie, Clinique Dupré Fondation Santé des Étudiants de France, Sceaux ; Inserm U 669 Maison des Adolescents, Paris
Lucia romo, Université Paris Ouest – Nanterre La Défense, EA 4430 CLIPSYD, UFR SPSE ; Centre de Psychiatrie et Neurosciences (CPN), Inserm U 894, Équipe Analyse génétique et clinique des comportements addictifs et psychiatriques ; Centre Hospitalier Sainte Anne, Paris
Stanislas spilka, Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), Pôle Enquêtes en population générale, Saint Denis la Plaine ; Inserm U 669, Paris
Ont présenté une communication
Fabrizio faggiano, Department of Translational Medicine, Avogadro University, Novara, Italie
Laurent karila, Centre d’enseignement, de recherche et de traitement des addictions, Hôpital universitaire Paul-Brousse, AP-HP, Université Paris-Sud 11, CEA-Inserm U 1 000, Paris
Myriam laventure et Krystel boisvert, Département de psychoéducation, Université de Sherbrooke, Québec
Remerciements
L’Inserm et le groupe d’experts remercient les intervenants suivants Jacques-François diouf, (École des Hautes Études en Santé Publique EHESP, Équipe de recherche en Management des Organisations de Santé MOS, Rennes) pour sa contribution au chapitre « Influence du marketing et de la publicité des industriels du tabac et de l’alcool » ;
Jérôme lacoste, (Service de Psychiatrie et Addictologie, CHU de Martinique, Fort de France)
Sylvie merle, (Observatoire de la Santé de Martinique)
Louis jehel, (Service de Psychiatrie et Addictologie, CHU de Martinique, Fort de France) pour leur contribution sur les niveaux d’usage des substances psychoactives dans les départements d’Outre-Mer ;
Linda lemarié, (École des Hautes Études en Santé Publique EHESP, Équipe de recherche en Management des Organisations de Santé MOS, Rennes) pour sa contribution au chapitre « Influence du marketing et de la publicité des opérateurs de jeux de hasard et d’argent » ;
Grégoire rey
et Mireille eb, (CépiDc – Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès) pour les données du CépiDc sur la mortalité en lien avec une consommation de substance psychoactive chez les 10-18 ans en France ;
L’Inserm et le groupe d’experts remercient également Jean-Pierre couteron, (Fédération Addiction)
Bruno falissard, (Inserm U 669, Santé mentale et santé publique ; Faculté de médecine Paris-Sud, Université Paris-Sud), et le Comité d’éthique de l’Inserm pour leur relecture attentive du document et leurs conseils.
Coordination scientifique, éditoriale et logistique
Pôle Expertise collective de l’Inserm
Responsable : Marie-Christine lecomte
Coordination scientifique : Jean-Luc daval, Anne-Laure pellier
Documentation / Information scientifique : Chantal grellier, Catherine chenu
Coordination éditoriale : Anne-Laure pellier, Fabienne bonnin
Relecture : Jeanne etiemble
Secrétariat : Cécile gomis
Iconographie
Jean-Pierre laigneau, Inserm
Avant-propos
En France, les niveaux de consommation de certaines substances psycho-actives, en particulier l’alcool, le tabac et le cannabis, demeurent élevés chez les adolescents, en dépit des évolutions de la réglementation visant à limiter l’accès à ces produits et des campagnes de prévention répétées. Par ailleurs, une modification des usages et des modes de consommation est constatée, comme par exemple l’alcoolisation ponctuelle importante qui tend à se développer dans cette population.
C’est principalement à l’adolescence, période d’intégration dans le cercle des pairs et de prise de distance vis-à-vis des parents, que se fait l’initiation à la consommation de substances psychoactives licites, comme l’alcool et le tabac, mais aussi illicites, comme le cannabis qui occupe une place prépondérante, notamment en France. Les conséquences sanitaires et sociales des consommations à l’adolescence constituent une préoccupation de premier plan en santé publique et justifient les politiques publiques de prévention, de soins et de réduction des dommages associés aux usages de drogues et plus largement aux conduites addictives.
La Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), dans le contexte de l’élaboration du Plan gouvernemental de lutte contre la drogue et les conduites addictives 2013-2017
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Plan adopté le 19 Septembre 2013. http://www.drogues.gouv.fr/site-professionnel/la-mildt/plan-gouvernemental/plan-gouvernemental-2013-2017/ [consulté le 12/11/2013].
Voir
, a sollicité l’Inserm en janvier 2013 pour établir un bilan des connaissances scientifiques sur la consommation de substances dont l’usage est notable chez les jeunes et pour lesquelles un risque de comportement addictif est avéré (alcool, tabac, cannabis), mais aussi sur les pratiques identifiées comme pouvant devenir problématiques : jeux vidéo/Internet, jeux de hasard et d’argent. Il s’agit de proposer des stratégies de santé publique adaptées à la situation française actuelle et à l’âge des consommateurs.
L’objectif de cette expertise a été d’évaluer au mieux l’ampleur du phénomène chez les jeunes âgés de 10-18 ans, d’identifier les principaux produits concernés et l’évolution des modes de consommation, les facteurs de risque, les principaux effets sur la santé ainsi que les dommages sociaux associés, et enfin de décrire les stratégies d’intervention ayant fait l’objet d’une évaluation, dans le but de proposer des recommandations utiles à la prévention et à la prise en charge.
Pour répondre à cette demande, l’Inserm a réuni un groupe pluridisciplinaire d’experts en épidémiologie, santé publique, sciences humaines et sociales, addictologie, neurosciences, communication, et la réflexion a été engagée sur la base des principales questions suivantes :
• Quels sont les niveaux d’usage de substances psychoactives des adolescents et leurs pratiques des jeux vidéo/Internet et des jeux de hasard et d’argent ?
• Quels sont les déterminants et facteurs associés aux différents usages et pratiques, qu’il s’agisse des caractéristiques sociales et familiales, des motivations et représentations des différents produits et de leurs usages, de l’influence du marketing et de la publicité ?
• Quels sont les dommages individuels et sociaux associés à ces usages, étant donné la vulnérabilité particulière des adolescents aux addictions sur le plan neurobiologique, et plus précisément quel est l’impact de la consommation de substances telles que l’alcool et le cannabis sur la maturation du cerveau et son activité fonctionnelle ?
• Quelles sont les interventions de prévention les plus adaptées pour prévenir les usages de substances psychoactives chez les adolescents ? Quelles sont les modalités d’accompagnement des adolescents présentant une addiction ?
Trois communications rédigées par des intervenants extérieurs au groupe d’experts viennent compléter ce bilan des connaissances sur les thèmes de la consommation et de la prévention : « Données actuelles sur les boissons énergisantes » ; « Prévenir sans nuire : facteurs prédictifs de l’efficacité des programmes de prévention de la dépendance chez les jeunes » ; « Introduction au programme européen de prévention EU-Dap (European Union Drug Abuse Prevention trial) ».
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