Notre mot du mois de novembre, œuf, était prémonitoire ; décembre a vu l’apothéose de la poule.
Premier oiseau dont le génome est séquencé - à défaut d’être entièrement décodé, comme cela été abusivement répété - la poule s’est encore un peu rapprochée de l’homme puisqu’un ancêtre commun, sûrement pourvu de dents, leur a été trouvé, ne datant que de quelques trois cent millions d’années.
Voici donc la nouvelle et majeure contribution au progrès et à la connaissance de notre volatile national, ancré de façon séculaire dans notre fond culturel.
Mise au pot par le bon roi Henri, ses détails anatomiques, de sa chair à son c…, ont fourni à notre langue nombreuses locutions jusqu’au XVIIIe siècle. L’ère du progrès technique, inaugurée avec le XIXe siècle triomphant et l’avènement de la fée Électricité, ont permis, en tout confort, de ne plus se coucher avec elles. Cette période a encore forcé le trait anthropomorphique et les poules se sont « humanisées ».
Guère courageuses quand elles sont mouillées, femmes galantes ou compagnes illégitimes dont Feydeau est truffé, la poule et son petit, le poulet, tous logés au poulailler, ont durablement contaminé la maréchaussée et les derniers balcons des théâtres.
Source de progrès en biologie par les modèles qu’elle a fournis, depuis la membrane chorio-allantoïdienne jusqu’aux chimères caille-poule de Madame Le Douarin, si précieuses pour l’étude du développement, la poule est tout à la fois promesse de richesses, par les œufs d’or qu’elle pond, et de catastrophes épidémiques par la nouvelle grippe qu’elle véhicule.
Il faudra davantage que son lait roboratif pour protéger l’humanité de ce dernier fléau… qu’on tentera de tuer dans l’œuf.