Optimiser ces collaborations peut conduire à signer un accord cadre définissant les modalités contractuelles qui encadreront tout nouveau projet de recherche mené en commun par les deux organismes. Ainsi, le cadre juridique, qui inclut notamment des accords de confidentialité ou de propriété industrielle, est prénégocié. L’accord cadre laisse une très grande liberté quant aux modes de collaboration et apporte ainsi réactivité et souplesse dans la mise en œuvre de nouveaux projets, contribuant à faire de Servier un partenaire privilégié de la recherche biomédicale. Les modes de collaboration peuvent aller de la mise à disposition de personnel à la création d’unités mixtes de recherche ou de laboratoires communs, dans l’objectif de conduire des recherches d’intérêt commun pour les deux partenaires.
Les collaborations entre la recherche publique et Servier portent essentiellement en amont, sur deux domaines au cœur de la découverte du médicament, la chimie et la biologie et, en aval, sur la recherche clinique. En amont, ces projets sont situés du stade de la recherche fondamentale jusqu’au passage en développement clinique du candidat médicament.
Ces partenariats peuvent conduire à la mise en réseaux d’équipes académiques et industrielles partageant divers objectifs : identification de nouvelles cibles biologiques (gènes, protéines-enzymes ou récepteurs) et validation de leur implication dans un processus pathologique ; recherche de nouvelles molécules actives sur les cibles biologiques nouvellement identifiées, conduisant et bénéficiant de l’étude des bases moléculaires et structurales des fonctions du vivant (caractérisation physicochimique et structurale des objets moléculaires, analyse des interactions moléculaires, modélisation) ; caractérisation au niveau des cellules, tissus ou organes du carrefour des voies de signalisations et étude des effets induits sur ces voies par les candidats médicaments (pharmacologie, toxicologie…) ; collaboration à caractère plus technologique : mise au point de nouveaux procédés de synthèse, par exemple, ou automatisation de leur séquence, développement et validation de nouveaux systèmes modèles. Les partenariats de recherche peuvent revêtir différentes formes : programme de recherche ciblé pluriannuel, développement de modèles, mise à disposition d’une plate-forme technologique, transfert de technologie, conseil…
Avant tout, il s’agit de fédérer autour d’un projet de recherche à objectif thérapeutique initié en commun les expertises médicales, scientifiques et technologiques et la créativité des chercheurs cliniciens ou fondamentalistes, académiques ou industriels. Servier met ainsi les compétences de ses pharmacologues, chimistes, biologistes moléculaires, pharmacocinéticiens ou encore cliniciens à la disposition du projet, auxquels s’associent des chercheurs du public, appartenant en général à des disciplines « très pointues », les mieux à même de s’intégrer à cette démarche dont le but ultime demeure la découverte de médicaments innovants. Servier finance également des étudiants en DEA, en thèse ou en post-doctorat, et contribue ainsi à la formation scientifique de jeunes chercheurs et à la pérennisation des compétences. Cette participation peut prendre la forme de bourses Cifre (Convention industrielle de formation pour la recherche) où l’étudiant est salarié par Servier, ou de bourses cofinancées par les deux partenaires. Outre la qualité du projet, la qualité des hommes ou des femmes acteurs du projet est un des vecteurs essentiels à la réussite du partenariat.
D’un point de vue logistique, Servier apporte son savoir-faire industriel et ses expertises multidisciplinaires de la découverte des médicaments, ainsi que ses infrastructures de recherche. La recherche publique, de son côté, met à disposition ses infrastructures, ses appareillages scientifiques de très haut niveau, ainsi que l’accès à ses équipements « lourds ». Dans l’idéal, les chercheurs travaillent en réseau, chacun dans son propre laboratoire, mais relié en permanence aux autres intervenants et échangeant informations et résultats, aboutissant ainsi à la création d’une équipe projet public-privé. Bien que l’échange de collaborateurs ne soit pas toujours nécessaire, cette éventualité est prévue (accord-cadre, bourse Cifre, post-doc…).
D’un point de vue financier, les deux organismes partagent la propriété des brevets déposés et ont fixé ensemble le taux de redevance que l’industriel devra verser au partenaire académique sur les revenus de leurs recherches conjointes, c’est-à-dire quand le médicament sera mis sur le marché à disposition du corps médical.
Enfin, les candidats médicaments sont confiés pour être développés à des chercheurs qui, de la même manière, établissent avec des structures académiques ou hospitalières des réseaux d’investigateurs. Ceux-ci collaborent pendant des années (8 à 15) à la réalisation d’un plan de développement constitué des études nécessaires à la connaissance du médicament en termes d’intérêt thérapeutique (dose efficace/acceptabilité), d’amélioration du service médical rendu (comparaison avec les autres stratégies thérapeutiques), de pharmacocinétique et de métabolisme (et d’interférence avec d’autres médicaments, ou dans des conditions hépatiques ou rénales particulières), de qualité pharmaceutique et chimique…