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Med Sci (Paris). 2002 May; 18(5): 623–624.
Published online 2002 May 15. doi: 10.1051/medsci/2002185623.

Démographie médicale en France à l’horizon 2020

François Flori

médecine/sciences, Éditions EDK, 10, villa d’Orléans, 75014 Paris, France
 

Au 1er janvier 2001, la densité médicale globale en France était de 329 médecins pour 100 000 habitants avec des variations allant du simple au double suivant les régions. La densité la plus élevée se trouve en Île-de-France (423) suivie des régions méridionales. À l’opposé, les départements d’outre-mer (DOM) ont la densité la plus faible (203), derrière la Picardie (249), dernière en métropole. A l’hôpital, la densité moyenne est de 94 médecins salariés hospitaliers pour 100 000 habitants et varie dans un rapport de 1 à 2,5 suivant les régions. C’est encore l’ Île-de-France (132) qui arrive au premier rang. Toutefois, sur l’ensemble des autres régions (hors Île-de-France), les médecins sont répartis plus également dans le secteur hospitalier qu’ils ne le sont dans leur ensemble.

Les projections démographiques (modèle DREES-INED), réalisées selon des hypothèses de pérennisation du numerus clausus (aujourd’hui 4 700 étudiants formés chaque année)1 et de comportements inchangés, aboutissent à une légère augmentation du nombre total de médecins en France jusqu’en 2003 (environ 200 000) puis à une diminution continue à partir de 2004 pour atteindre les chiffres de 193 000 en 2010 et de 161 000 en 2020 (Tableau I). De la même façon, le nombre de médecins salariés hospitaliers devrait légèrement progresser jusqu’en 2007 (de 56 900 à 57 400) pour décroître de manière continue à partir de 2008, atteignant 57 000 en 2010 et 51 200 en 2020 (Tableau I).

Compte tenu de l’augmentation continue de la population au cours de la même période, cette diminution des effectifs médicaux aboutirait à une densité médicale de 307 en 2010 et de 250 en 2020. Cette diminution de 24 % étant consécutive à une augmentation de 25 % entre 1985 et 2001, la densité médicale globale reviendrait à son niveau des années 1980. La densité en médecins salariés hospitaliers devrait diminuer à partir d’aujourd’hui, passant de 94 à 91 en 2010 et à 79 en 2020. Cette diminution de 15 % serait, elle aussi, consécutive à une croissance de 15 % entre 1985 et 2001, nous ramenant de la même manière au niveau des années 1980.

La déclinaison de ces projections globales au niveau des régions est surtout destinée à repérer les tendances spontanées d’évolution. On retrouve la même diminution de 24 % avec des variations allant de −3 % en Champagne-Ardennes à −38 % en Languedoc-Roussillon.

En comparant trois critères – densité globale, densité hospitalière, évolution des spécialités à l’hôpital – les différentes régions peuvent être classées dans 6 groupes homogènes (Tableau II) à partir desquels on peut décrire la position relative de chaque région par rapport à la moyenne nationale en 2001 et en 2020. Ces projections font donc apparaître, si aucun changement n’intervient dans le comportement des médecins et des régulateurs, une modification potentielle du visage de la démographie médicale à l’horizon 2020.

Les régions du groupe 1, 4 et 5 (Tableau II), c’est-à-dire, à l’exception de l’Alsace, toutes les régions du Nord et de l’Est de la France, auraient ainsi une densité médicale maintenue ou portée à un niveau supérieur à la moyenne nationale, y compris des régions comme le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne-Ardennes, la Lorraine et L’Auvergne. A l’inverse, les mêmes projections aboutissent à une densité qui resterait ou deviendrait inférieure à la moyenne nationale dans les autres régions (groupes 2, 3 et 6) (Tableau II).

Cette projection fait apparaître une tendance spontanée à l’homogénéisation des densités médicales régionales (Île-de-France exceptée) tant globale qu’hospitalière. Les régions dont la densité médicale globale est supérieure à la moyenne nationale seraient plus nombreuses en 2020 qu’en 2001 et celles dont la densité médicale globale est inférieure à 0,85 fois la densité nationale seraient moins nombreuses (il n’y en aurait plus qu’une, la région Centre) (Figure 1).

De même, les régions dont la densité médicale hospitalière est supérieure à la moyenne nationale (cinq en 2001) passeraient à neuf en 2020 et celles dont la densité médicale globale est inférieure à 0,85 fois la moyenne passeraient de huit à cinq.

Il faut redire que toute action entreprise aujourd’hui (confirmée et promise par M. Bernard Kouchner lors de son intervention du 4 mars 2002), visant à modifier cette évolution spontanée, ne verrait ses premiers effets qu’après 2010.

Pour En Savoir Plus

  • CREDES. La démographie médicale française : état des lieux. Questions d’économie de la santé, décembre 2001, n°44.
  • Vilain A, Niel X, Pennec S. Les densités régionales de médecins à l’horizon 2020. Études et Résultats (DREES), mars 2000, n°57.

Source : Darriné S. Un exercice de projection de la démographie médicale à l’horizon 2020 : les médecins dans les régions et par mode d’exercice. Études et Résultats (DREES), février 2002, n°156.

 
Footnotes
1Comme l’a souligné, lors de son intervention du 4 mars 2002, M. Bernard Kouchner, Ministre délégué à la santé, le numérus clausus a été progressivement relevédepuis 1997, passant de 3 650 à 4 700.