II. Épidémiologie

2013


ANALYSE

11-

Tumeurs cérébrales

Les tumeurs du système nerveux central regroupent des entités diverses qui se développent à partir de cellules spécialisées du système nerveux central. On distingue principalement les tumeurs neuroépithéliales (représentées en majorité par les gliomes), les tumeurs des méninges, les tumeurs des nerfs crâniens, et les lymphomes primitifs du système nerveux central.
Les tumeurs neuroépithéliales représentent près de la moitié des tumeurs du système nerveux central. Elles ont pour origine, soit les neurones, soit les cellules entourant les neurones (les cellules gliales). Certaines tumeurs sont mixtes c’est-à-dire qu’elles sont composées d’un mélange de neurones et de cellules gliales. Dans cette catégorie, on trouve également des tumeurs plus rares qui proviennent d’autres types cellulaires.
La classification de l’OMS (Louis et coll., 2007renvoi vers) distingue au total 10 catégories principales de tumeurs neuroépithéliales, dont les plus fréquentes sont les gliomes (astrocytomes, oligodendrogliomes et gliomes mixtes). La forme la plus péjorative est le glioblastome, ou astrocytome de grade 4, qui représente près des deux tiers des gliomes et d’un tiers des tumeurs du système nerveux central. Parmi les autres tumeurs du système nerveux central, celles qui se développent à partir du mésoderme et plus spécifiquement aux dépens des méninges représentent un tiers de l’ensemble, les tumeurs des nerfs crâniens et périphériques environ 15 % et les lymphomes intracérébraux moins de 5 %.

Incidence et évolution

La diversité histologique des tumeurs cérébrales rend particulièrement complexe la comparaison des incidences estimées par les registres dans différentes régions, différents pays et sur des périodes de temps variables.
L’incidence dans le monde des tumeurs cérébrales en 2008 est estimée globalement, à partir des registres généraux de cancer, à 3,5 pour 100 000 (taux annuel standardisé) ce qui correspond à 237 913 nouveaux cas par an dans le monde. Cette incidence, fondée principalement sur l’enregistrement des tumeurs neuro-épithéliales, apparaît plus élevée chez l’homme (Ferlay et coll., 2010arenvoi vers et brenvoi vers). Les taux les plus bas sont enregistrés sur le continent africain (1,4/100 000) et les taux les plus élevés dans les pays européens (5,4/100 000), et en Amérique du Nord (5,6/100 000), et en particulier en Europe du Nord (7,1/100 000) avec des taux supérieurs à 10/100 000 en Norvège, au Danemark et en Finlande.
En 2005, pour la France, les registres généraux de cancer fournissaient des taux d’incidence (standardisés sur la population mondiale) des tumeurs du système nerveux central malignes de 5,7 pour 100 000 chez l’homme (2 255 cas) et de 4,2 pour 100 000 chez la femme (1 865 cas). Cette localisation se situait ainsi au 15e rang chez l’homme et la femme des incidences de cancer en 2005 (Bélot et coll., 2008renvoi vers).
Depuis 1999, un registre spécialisé recueille en Gironde l’ensemble des tumeurs du système nerveux central (y compris les tumeurs bénignes), et fournit des données par type histologique. L’incidence globale de ces tumeurs sur la période 2000-2007, calculée à partir de 1 907 cas incidents, était de 17,6 pour 100 000 (Baldi et coll., 2011renvoi vers). L’incidence des tumeurs neuroépithéliales est de 7,9/100 000 et celle des tumeurs des méninges de 6,0/100 000. L’incidence des tumeurs neuroépithéliales est plus élevée chez les hommes que chez les femmes (9,3/100 000 versus 6,7/100 000) alors que celle des méningiomes est plus élevée chez les femmes que chez les hommes (8,9/100 000 versus 3,3/100 000).
Les données des registres généraux de cancer en France mettaient en évidence entre 1980 et 2005, une progression annuelle de l’incidence des tumeurs malignes de +0,7 % chez l’homme et de +1,1 % chez la femme (Remontet et coll., 2003renvoi vers).
Parallèlement, le registre spécialisé de Gironde met en évidence une tendance globale à l’augmentation de l’incidence des tumeurs cérébrales (incluant les tumeurs malignes et bénignes) sur la période 2000-2007 de +2,3 % par an (Baldi et coll., 2011renvoi vers). Cette progression s’explique principalement par l’augmentation importante de l’incidence des méningiomes (+5,4 % par an) et par une augmentation plus récente (à partir de 2003) des tumeurs neuroépithéliales (notamment les gliomes) (+7,45 %).
Plusieurs hypothèses peuvent être soulevées concernant la progression de l’incidence au cours du temps : des modifications de l’enregistrement des tumeurs, des progrès dans les techniques diagnostiques et la prise en charge des patients, ou encore le rôle de facteurs étiologiques tels que les expositions environnementales.

Étiologie

En dehors des radiations ionisantes et de certains syndromes génétiques particuliers (Li-Fraumeni, Turcot), les tumeurs cérébrales, quel qu’en soit le type histologique, ne disposent à ce jour d’aucun facteur étiologique reconnu (Bondy et coll., 2008renvoi vers). Diverses hypothèses ont été néanmoins soulevées concernant d’une part des facteurs individuels (susceptibilité génétique, facteurs de risque hormonaux, rôle protecteur des allergies, rôle des traumatismes crâniens ou de l’épilepsie), et d’autre part des facteurs de l’environnement professionnel ou général. Ainsi des débats scientifiques portent sur le rôle des champs électromagnétiques (radiofréquences mais aussi champ d’extrêmement basse fréquence), des pesticides, des composés nitrosés, de certaines infections virales, des métaux lourds, des solvants, des colorants, de l’acrylonitrile, de l’aspartame…

Exposition professionnelle aux pesticides et tumeurs cérébrales

Le rôle de l’utilisation professionnelle de pesticides dans la survenue de tumeurs cérébrales a été initialement suggéré à partir des années 1980 par les résultats de cohortes historiques principalement en Amérique du Nord et en Scandinavie qui montraient de manière convergente, des excès de risque de tumeurs cérébrales chez les agriculteurs (Burmeister, 1981renvoi vers ; Blair et coll., 1985renvoi vers ; Delzell et Grufferman, 1985renvoi vers). Les études concernant le rôle des expositions professionnelles aux pesticides dans la survenue de tumeurs cérébrales ont été synthétisées en 1995 sous la forme d’une revue critique de la littérature par Bohnen et coll. (10 études cas-témoins et 21 études de cohortes historiques). Elle concluait que les données alors disponibles, provenant principalement des cohortes historiques de mortalité et des premières études cas-témoins, ne permettaient pas d’établir un lien entre l’exposition professionnelle aux pesticides et la survenue de tumeurs cérébrales (Bohnen et coll., 1995renvoi vers).

Méta-analyses

Entre 1992 et 1998, trois méta-analyses ont été publiées (Blair et coll., 1992renvoi vers ; Acquavella et coll., 1998renvoi vers ; Khuder et coll., 1998renvoi vers). Les deux premières synthétisent la littérature épidémiologique concernant les risques de cancers (mortalité et incidence) chez des agriculteurs et la dernière est centrée sur les risques de tumeurs cérébrales en milieu agricole
La méta-analyse de Blair et coll. (1992renvoi vers) sur 16 études (1963-1990) rapporte un excès de risque modéré de tumeurs cérébrales chez les agriculteurs (RR=1,05 ; IC 95 % [0,99-1,12]), ainsi que celle d’Acquavella et coll. (1998renvoi vers) (RR=1,06 ; IC 95 % [1,02-1,11] réalisée à partir de 27 études (1963-1994).
La méta-analyse réalisée en 1998 par Khuder et coll.renvoi vers sur la survenue de tumeurs cérébrales en milieu agricole porte sur 33 études, qui sont pour les deux tiers des études rétrospectives de mortalité ou d’incidence par cancer en population agricole et pour le dernier tiers des études cas-témoins explorant généralement les facteurs de risque professionnels de ces tumeurs. Cette méta-analyse sur la période couverte (1981-1996), conclut à une élévation de risque de 30 % des tumeurs cérébrales en milieu agricole, statistiquement significative (RR=1,3 ; IC 95 % [1,09-1,56]), retrouvée dans les analyses par type d’études (cohortes et cas-témoins) mais pas dans celles restreintes aux femmes agricultrices (RR=1,04 ; IC 95 % [0,84-1,29].

Études de cohortes

Certaines cohortes historiques ont appréhendé de manière plus précise la notion d’exposition en s’intéressant à des utilisateurs professionnels de pesticides spécifiques ou en précisant les expositions agricoles (tableau 11.Irenvoi vers). Un excès de mortalité par tumeur cérébrale a ainsi été mis en évidence parmi les applicateurs professionnels de pesticides dans la région de Rome (Figa-Talamanca et coll., 1993renvoi vers). Une cohorte d’agriculteurs canadiens n’a pas trouvé d’association entre la profession agricole et le risque de mortalité par gliome, mais elle a pu mettre en évidence une augmentation modérée en lien avec l’utilisation d’insecticides (Morrison et coll., 1992renvoi vers). Un doublement de la mortalité par tumeur cérébrale a été observé dans une cohorte historique de gérants de terrains de golf aux États-Unis, sur lesquels des quantités importantes de fongicides, herbicides et insecticides sont utilisées (Kross et coll., 1996renvoi vers). L’hypothèse d’un lien entre exposition aux pesticides et tumeurs cérébrales a également donné lieu à la reconstitution d’une cohorte en milieu industriel (production de l’herbicide 2,4-D, acide 2,4-dichlorophénoxyacétique). Cependant, les effectifs restreints (n=878) n’ont pas permis d’observer de décès par tumeur du système nerveux central lors des premières analyses (Bond et coll., 1988renvoi vers), et seulement 3 décès étaient constatés 22 années plus tard sans qu’une augmentation significative du risque soit observée (SIR1 =1,09 ; IC 95 % [0,22-3,19]) (Burns et coll., 2011renvoi vers). Enfin, le recensement national suédois a permis d’étudier de manière rétrospective les expositions aux pesticides (arsenic, herbicides) et la survenue d’astrocytomes ou de méningiomes parmi les hommes en activité professionnelle en 1971 exposés aux champs électromagnétiques (CEM) : une élévation du risque de méningiome a été observée parmi les hommes exposés conjointement aux CEM et aux pesticides/herbicides (Navas-Acien et coll., 2002renvoi vers).

Tableau 11.I Études épidémiologiques portant sur le lien entre exposition (professionnelle et environnementale) aux pesticides et tumeurs cérébrales

Référence
Pays
Population étudiée
Méthodologie de l’étude
Définition de la pathologie
Fréquence/Probabilité d’exposition
Méthode d’estimation de l’exposition
Facteurs d’ajustement
Résultats
[IC 95 %]
Études de cohorte prospective : agricultural health study (exposition professionnelle)
Lee et coll., 2004arenvoi vers
États-Unis
Applicateurs de pesticides (N=49 980)
Iowa et Caroline du Nord
Incidence de cancers dont tumeurs cérébrales (N=13)
53 % d’applicateurs exposés à l’alachlore
Exposition professionnelle à l’alachlore
Âge, sexe, alcool, tabac, niveau d’études, antécédent de cancer, état de résidence, autres matières actives
Exposition professionnelle à l’alachlore :
RR(1)=0,99 [0,34-2,90]
1 Risque relatif 
Lee et coll., 2004brenvoi vers
États-Unis
Applicateurs de pesticides (N=54 383)
Iowa et Caroline du Nord
Incidence de cancers dont tumeurs cérébrales (N=28)
40 % d’applicateurs exposés au chlorpyrifos
Exposition professionnelle
Liste pré-établie de 50 matières actives dont le chlorpyrifos (auto-déclaration)
Nombre de jours cumulés au cours de la vie professionnelle
Index cumulé prenant en compte les intensités et la durée d’exposition au cours des différentes tâches
Âge, sexe, alcool, tabac, niveau d’études, antécédent de cancer, état de résidence, autres matières actives
Exposition professionnelle au chlorpyrifos :
RR=1,77 [0,70-4,50]
Parmi ceux qui ont complété l’auto-questionnaire :
- pas de relation dose-effet avec la durée (p=0,08), mais dernier quartile : RR=2,58 [0,73-9,17]
- relation dose-effet avec l’index cumulé (p=0,04) :
RR=4,03 [1,18-13,79]
Koutros et coll., 2010renvoi vers
États-Unis
Applicateurs de pesticides (N=52 394)
Iowa et Caroline du Nord
Incidence de cancers dont tumeurs cérébrales à partir des registres de cancer (N=51)
 
Exposition professionnelle
Liste pré-établie de 50 matières actives dont l’atrazine (auto-déclaration)
Âge, sexe, alcool, tabac, niveau d’études, état de résidence, autres matières actives
Agriculteurs :
SIR(2)=0,78 [0,58-1,03]
Conjoints :
SIR=1,19 [0,39-2,78]
Applicateurs professionnels :
SIR=0,94 [0,61-1,37]
2Standardized Incidence Ratio
Freeman et coll., 2011renvoi vers
États-Unis
Applicateurs de pesticides (N=57 310)
Iowa et Caroline du Nord
Incidence de cancers, dont tumeurs cérébrales à partir des registres de cancer (N=36)
63 % d’applicateurs exposés à l’atrazine
Exposition professionnelle
Liste pré-établie de 50 matières actives dont l’atrazine (auto-déclaration)
Nombre de jours cumulés au cours de la vie professionnelle
Index cumulé prenant en compte les intensités et la durée d’exposition au cours des différentes tâches
Âge, sexe, alcool, tabac, niveau d’études, état de résidence, autres matières actives
Exposition professionnelle à l’atrazine
Durée cumulée (4e quartile) :
RR=0,97 [0,35-2,70]
Index cumulé (4e quartile) :
RR=0,62 [0,21-1,78]
Études de cohorte rétrospective de mortalité (exposition professionnelle)
Bond et coll., 1988renvoi vers
États-Unis
878 ouvriers d’une usine de production de 2,4-D dans le Michigan entre 1945 et 1982 (0 à 37 ans de suivi)
Relecture des certificats de décès
111 décès mais aucun par tumeur cérébrale
Tous exposés
Durée moyenne d’exposition : 3 ans
Exposition professionnelle au 2,4-D
Matrice emploi-exposition (3 niveaux)
Dose cumulée en intégrant la durée et le niveau moyen d’exposition pour chacun des 3 niveaux
Secteur de production
Âge, niveau salaire, délai depuis entrée, expositions autres (2,4,5-T)
Aucun décès par tumeur cérébrale
Le nombre restreint de sujets inclus dans l’étude n’aurait pas permis de mettre en évidence un risque inférieur à 5.
Morrison et coll., 1992renvoi vers
Canada
Hommes agriculteurs canadiens de Alberta, Saskatchewan, Manitoba, suivis entre 1971 et 1987 (N=155 547)
Décès par tumeur cérébrale (croisement avec registre de cancer et récupération du type histologique)
(N=226)
Exposition des cas
Herbicides : 47 %
Insecticides : 6 %
Exposition professionnelle
Données du recensement agricole canadien
Vérification de la profession notée sur le certificat de décès
Âge, année de décès
Pas d’élévation du risque de tumeur cérébrale dans cette cohorte agricole :
SIR=0,98 [0,80-1,05]
Élévation NS du risque avec la surface traitée par des insecticides, sans relation dose-effet
Pas de lien avec les herbicides
Figa-Talamanca et coll., 1993renvoi vers
Italie
Applicateurs (hommes) de la région de Rome ayant obtenu une licence entre 1973 et 1979 (N=2 310) (suivi 10 à 15 ans)
Certificats de décès (CIM(3) 9)
N=207 dont 7 décès par tumeur cérébrale (2 attendus dans la population de référence)
3Classification internationale des maladies 
Dans un sous-échantillon des applicateurs (n=527) : 93 % d’utilisateurs de pesticides
Exposition professionnelle
Avoir une licence d’utilisation
Durée d’exposition
Âge
SMR=260, p<0,05 population référence régionale
SMR plus élevés pour les durées d’exposition plus courtes
Kross et coll., 1996renvoi vers
États-Unis
Gérants de terrains de golf
Décès entre 1970 et 1992 (N=686)
Comparaison avec la population américaine
Décès par tumeur cérébrale (N=8)
Exposition non quantifiée
Exposition professionnelle
Être membre de l’association américaine des gérants de golf (GCSSA)
Âge
PMR(4)=234 [121-454]
4Proportionate Mortality Ratio
Études de cohorte retrospective (exposition professionnelle)
Navas-Acien et coll., 2002renvoi vers
Suède
Hommes suédois de 25 à 64 ans en 1971, en activité en 1960 et 1970, avec un emploi classé exposé aux CEM(5) d’après une matrice
Suivi sur la période 1971-1989
5Champs électromagnétiques 
Cas de cancer du registre suédois (CIM : code 193.0) : astrocytomes (N=2 859) et méningiomes (N=993)
Exposition aux herbicides/pesticides : ~ 12 % des cas
Exposition professionnelle
Données des recensements suédois de 1960 et 1970 sur les emplois, secteurs d’activité, résidence
Matrice : absence d’exposition, exposition possible ou probable à l’arsenic, pesticides ou herbicides
+ CEM et autres substances chimiques
Exposition aux CEM
Exposition aux pesticides/herbicides
+ exposition aux CEM 0,13-0,20 μT :
Astrocytomes
RR=1,57 [1,11-2,22]
+ exposition aux CEM >0,20 µT :
Astrocytomes
RR=2,08 [0,86-5,02]
Pas de relation avec les méningiomes
Études cas-témoins (exposition professionnelle)
Cordier et coll., 1988renvoi vers
France
Cas : 125 hommes de moins de 65 ans diagnostiqués en neurologie à La Pitié Salpêtrière
Témoins : 238 hommes hospitalisés pour malformation vasculaire non cancéreuse
Questionnaire postal
Investigation complémentaire dans le secteur du bois
Gliomes diagnostiqués entre 1975 et 1984
9 cas ayant travaillé dans le secteur du bois (7,2 %)
Exposition professionnelle
Activité, métier, années début et fin
Étude complémentaire chez travailleurs du bois : solvants, créosotes, organochlorés (pentachlorophénols, lindane), coefficient de confiance et probabilité d’exposition
Âge, zone de résidence (Paris, Île-de-France, autre)
Enseignants :
OR(6)=4,1 [1,4-12,3]
6Odds Ratio
Travailleurs du bois : OR=1,6 NS(7)
7Non significatif
Hypothèses du rôle des OC(8) et des solvants mais il existe d’autres cancérogènes : poussière de bois et formaldéhyde
8Organochlorés 
Musicco et coll., 1988renvoi vers
Italie
Cas de gliomes dans 2 hôpitaux de Milan 1983-1984
Témoins : 1) autres tumeurs cérébrales (T) (N=465), 2) maladies neurologiques non cancéreuses (N=277)
Type entretien non précisé
Gliomes définis selon classification de Rubinstein (N=240)
Exposition des cas : agriculture 25 %, pesticides 17 %, insecticides/fongicides 15 %, herbicides 4 %
Exposition professionnelle
Calendrier professionnel et tâches
Questionnaire spécifique sur insecticides (I) / fongicides (F) et engrais, herbicides
Durée de l’emploi en agriculture
Sexe, âge, lieu résidence, catégorie sociale
Agriculteurs/tous témoins :
OR=1,6 [1,06-2,42]
Utilisateurs/tous témoins : OR=1,6, p<0,05
I + F / tous témoins : OR=3,6, p=0,006
I + F / témoins T :
OR=4,7, p=0,007
Pas de différence hommes/femmes
Pas de relation dose-effet avec durée emploi en agriculture
Fincham et coll., 1992renvoi vers
Canada
Cas-témoins dans cohorte rétrospective
Questionnaire postal
Personnes de 25 à 74 ans habitant en Alberta et ayant eu un cancer enregistré dans le registre
Tumeur du SNC(9) enregistrée dans le registre du cancer de l’Alberta
9Système nerveux central
1 130 agriculteurs
3 563 non agriculteurs
Exposition professionnelle
Reconstitution de l’histoire professionnelle par envoi d’un auto-questionnaire
Emploi principal en agriculture
Tabac, alcool
Agriculteurs : trois fois moins de tumeur cérébrale que les non agriculteurs
Schéma d’étude limité : analyse au sein des personnes atteintes de cancer
Forastière et coll., 1993renvoi vers
Italie
Province de Viterbo (Italie centrale)
Certificats de décès sur la période 1980-1986
Cas : décès de 17 sites de cancer (N=1 579)
Témoins : parmi autres décès (N=480)
Décès par tumeur cérébrale (N=23)
56,9 % d’agriculteurs au total dont culture blé (51 %), vignes (47 %), olives (49 %), fruits (51 %), maïs (57 %)…
Exposition professionnelle
Identification des agriculteurs par la caisse de retraite des agriculteurs (période 1953-1985) (latence de 10 ans)
Durée de travail en agriculture
Liste des licences pesticides en 1971-1972
Matrice des cultures par commune
Index cumulé d’exposition aux cultures
Âge
Agriculteurs :
OR=0,67 [0,29-1,50]
Moins de 10 ans :
OR=0,16 [0,01-0,93] p<0,10
Plus de 10 ans :
OR=1,04 [0,43-2,44]
Pas d’association significative en fonction des cultures ou en fonction de la licence
Carreon et coll., 2005renvoi vers
Ruder et coll., 2004renvoi vers
Ruder et coll., 2006renvoi vers
États-Unis
Upper Midwest Study
Cas hospitaliers 18-80 ans de l’Iowa, Michigan, Minnesota, Wisconsin
01/01/95 au 31/01/97
Témoins permis de conduire (16-64 ans) + témoins Medicare (65-80 ans)
Enquête en face à face
Gliomes primitifs confirmés par histologie
341 cas femmes
527 témoins femmes
457 cas hommes
648 témoins hommes
Résidence/travail sur la ferme : 62 %
Application de pesticides : 8 % femmes, 29 % hommes
Lavage des tenues : 20 % femmes, 3 % hommes
Pesticides stockés : ~ 9 % des domiciles
Exposition professionnelle
Calendrier professionnel
Questions spécifiques : arsenicaux, acide benzoïque, carbamates (I, F, H), chloro-acétanilides, dinitroanilines, inorganiques, OC, OP(10), phénoxys, triazines, dérivés de l’urée, dérivés œstrogéniques
Nombre de jours d’application, surfaces traitées
Exposition para-professionnelle
Laver les tenues
Stocker des pesticides au domicile
10Organophosphorés 
Âge, niveau d’études, état résidence, expositions domestiques
Exposition professionnelle femmes :
Pas de lien
Tendance NS pour herbicides carbamates : OR=3,0 [0,9-9,5]
Exposition professionnelle hommes :
Diminution du risque de gliome
Insecticides
OR=0,53 [0,37-0,77]
Fumigants
OR=0,57 [0,34-0,95]
Organochlorés
OR=0,66 [0,47-0,94]
Enquête auprès de proches (43 % des cas femmes, 47 % des cas hommes)
Lee et coll., 2005renvoi vers
États-Unis
Sous-projet de Nebraska Health Study II
Entretien téléphonique
Adultes blancs de 66 comtés Est du Nebraska
Cas : diagnostiqués entre 1988-1993 (N=251)
Témoins : proviennent d’une étude cas-témoins antérieure sur Hodgkin + annuaire téléphonique (> 65 ans) (N=498)
Gliomes avec confirmation histologique enregistrés dans le registre des cancers du Nebraska ou dans 11 hôpitaux
Exposition des cas : insecticides 17 %, herbicides 15 %, pesticides nitrosables 14 %
Exposition professionnelle
Questions spécifiques sur l’utilisation de pesticides si vie/travail sur une ferme
Nombre d’années d’activité
Taille de la ferme principale
Liste de 37 pesticides utilisés au Nebraska avant 1985 (20 I et 17 H) dont 16 peuvent donner des dérivés nitrosés
Âge, sexe, statut vital, race, traumatisme crânien, statut marital, niveau d’études, alcool, antécédents médicaux
60 % d’enquêtes auprès de proches
Avoir travaillé sur une ferme :
+ de 55 ans
OR=3,9 [1,8-8,6]
Insecticides
OR=1,8 [1,0-3,0] tous cas
OR=3,0 [1,5-6,2] proches
Herbicides
OR=1,7 [1,0-3,0] tous cas
OR=2,8 [1,4-5,9] proches
Pesticides nitrosables OR=1,9 [1,1-3,4] tous cas
OR=3,4 [1,6-7,3] proches
Risque toujours plus élevé lors de l’enquête auprès des proches
Élévation significative du risque (tous cas) pour 2,4-D, alachlore, atrazine, métribuzine, paraquat, pendiméthaline, trifluraline, bufencarbe, chlorpyrifos, coumaphos, fonofos, lindane, terbufos
Provost et coll., 2007renvoi vers
France
Cas : Registre spécifique de Gironde (1999-2001) (étude Cerephy)
Témoins : 2 par cas en population générale (listes électorales) (N=442)
Entretien en face à face
Tumeurs cérébrales primitives de l’adulte (ICD-O(11)) (N=221)
11International Classification Disease-Oncology
35 % d’exposition professionnelle et 5 % d’applicateurs
33 % résidence rurale
Exposition professionnelle
Calendrier professionnel
Expertise des calendriers (probabilité, fréquence, intensité)
Questions spécifiques en agriculture : calendrier des cultures
Historique des tâches et matériel
Construction d’un index intégrant la durée, et prise en compte des quartiles
Exposition environnementale
Utilisation de pesticides au domicile, dans le jardin et contre les termites
Résidence en zone rurale/viticole
Âge, sexe, niveau d’études, statut marital, alcool, tabac, expositions chimiques autres, exposition CEM
Exposition professionnelle :
Toutes expositions
OR=1,3 [0,9-1,9]
4e quartile index
OR=2,2 [1,1-4,2]
Gliomes 4e quartile
OR=3,2 [1,1-9,1]
Méningiomes NS
Exposition environnementale :
Pas de relation avec habitat rural, jardinage
Traitement des plantes d’intérieur
OR=2,2 [1,2-4,3]
Gliomes
OR=2,6 [0,96-6,9]
Samanic et coll., 2008renvoi vers
États-Unis
Cas hospitaliers (1994-1998) à Phoenix, Boston, Pittsburgh
Témoins du même hôpital pour cause non cancéreuse
N=765 dans analyse
Entretien en face à face
Tumeurs neuroépithéliales (N=462), méningiomes (N=195) (ICD-O)
51,2 % exposés professionnels aux insecticides et 22,3 % aux herbicides
Exposition professionnelle
Calendrier professionnel
Modules spécifiques pour 64 métiers : évaluation herbicides et insecticides pour exploitants, ouvriers agricoles, jardiniers, concierges
Matières actives pour les agriculteurs
Matrice emploi-exposition pour les autres emplois (jardiniers, forêt, golfs, industrie pesticides) : probabilité, fréquence, intensité pour insecticides et herbicides et mêmes paramètres en agriculture en fonction du matériel, de la culture et des tâches
Âge, niveau d’études, race, statut marital, hôpital, entretien/proche, distance/hôpital, niveau revenu, tabac, radiothérapie
Pas de lien entre gliomes et exposition professionnelle aux insecticides ou herbicides chez hommes et femmes
Pas de lien entre méningiomes et insecticides ou herbicides chez hommes
Élévation du risque de méningiome chez les femmes exposées aux herbicides :
OR=2,4 [1,4-4,3] , avec une tendance en fonction de l’exposition
Ruder et coll., 2009renvoi vers
États-Unis
Upper Midwest Study
Cas hospitaliers 18-80 ans de l’Iowa, Michigan, Minnesota, Wisconsin
01/01/95 au 31/01/97
Témoins permis de conduire (16-64 ans) + témoins Medicare (65-80 ans)
Enquête en face à face
Gliomes primitifs confirmés par histologie
798 cas
1 175 témoins
24 % des sujets ont résidé sur une ferme seulement dans l’enfance
Calendrier des cultures (et surfaces)
Résidence sur une ferme au cours de l’enfance
Tâches réalisées sur les cultures
EPI (équipement de protection individuelle)
Âge, niveau d’études, état résidence, expositions domestiques
Vivre sur ferme/petite enfance
OR=0,90 [0,70-1,15]
Exposition aux cultures :
maïs OR=0,37 [0,2-0,69]
avoine OR=0,63 [0,40-1,00]
soja OR=0,69 [0,48-0,98]
mil (femmes) OR=4,2 [1,13-15,6]
Mode d’application :
jamais de lavage immédiat
OR=3,08 [1,78-5,34]
jamais de changement de vêtements
OR=2,84 [1,04-7,78]
Yiin et coll., 2012renvoi vers
États-Unis
Upper Midwest Study
Analyse restreinte aux applicateurs de pesticides
Cas hospitaliers 18-80 ans de l’Iowa, Michigan, Minnesota, Wisconsin
01/01/95 au 31/01/97
Témoins permis de conduire (16-64 ans) + témoins Medicare (65-80 ans)
Enquête en face à face
Enquête auprès de proches
Gliomes primitifs confirmés par histologie
228 cas
417 témoins
Tous sont applicateurs. Pesticides les plus fréquents : OP
Exposition professionnelle (agricole et non agricole)
Liste de pesticides actuels et passés classés : 1) sur animaux, 2) sur cultures, 3) dans bâtiments
1re année d’utilisation, nombre d’années, nombre de jours par an (calcul du nombre de jours cumulés
Estimation de l’intensité en fonction des décades et du type de pesticides par un expert hygiéniste sur la base de la littérature en mg/h (contamination cutanée)
Exposition extra-professionnelle : domestique et de jardinage
Âge, sexe, niveau d’études
Exposition professionnelle agricole
Nombre d’années cumulées et nombre de jours cumulés : pas de lien. Diminution du risque avec les phénoxy-herbicides (seulement en incluant les enquêtes auprès de proches)
Exposition professionnelle non agricole
Tendance à une diminution du risque
Exposition domestique et jardinage
Association négative avec 2,4-D, arsenicaux, OP , phénoxys
Miranda-Filho et coll., 2012renvoi vers
Brésil
Hommes de 18 ans et plus résidant dans l’État de Rio de Janeiro
Cas (N=2 040)
Témoins : tirés au sort dans la base de décès, appariés (2 témoins/cas) sur l’année de décès et par classe d’âge (N=4 140)
Décès entre 1996 et 2005
Tumeur cérébrale codée selon CIM 10 : C70.0, C71.0-C71.9, C72.2-C72.5
4,7 % d’agriculteurs chez les cas et 3,3 % chez les témoins
Profession mentionnée sur le certificat de décès : agriculteurs (y compris élevage), ouvriers agricoles et mécaniciens agricoles (manquante sur 11,3 % des certificats et non utilisable dans 31 %)
Zone de résidence classée selon l’utilisation de pesticides par habitant (quartiles) en 1985
Ethnie, âge, lieu de résidence, niveau d’études
Exposition professionnelle
Être agriculteur :
OR=1,8 [1,2-2,7]
Exposition résidentielle
3e quartile :
OR=1,2 [1,0-1,5]
4e quartile :
OR=1,2 [0,9-1,5]
Études cas-témoins (exposition environnementale)
Ahlbom et coll., 1986renvoi vers
Suède
20-75 ans
78 cas diagnostiqués en 1980-1981 dans 2 hôpitaux de Stockholm et Uppsala
92 témoins en population (TP), 197 témoins hospitaliers (TH) : autres tumeurs ou anévrysme cérébral
Questionnaire postal et complément téléphonique
Astrocytomes
52,6 % des cas ont habité près d’une ferme et 12,8 % ont été exposés aux insecticides/herbicides
Exposition environnementale : avoir habité à proximité d’une exploitation agricole pendant au moins 5 ans
Exposition aux insecticides et herbicides
Sexe, âge
Résidence à la ferme
Cas vs TH :
OR=1,7 [1,0-2,8]
Cas vs TP :
OR=1,8 [0,9-3,4]
Insecticides/herbicides
Cas vs TH :
OR=2,4 [0,9-6,5]
Cas vs TP :
OR=1,3 [0,5-3,5]
Aschengrau et coll., 1996renvoi vers
États-Unis
Cas habitant la région d’Upper Cape (à partir des listes des décès de la région)
Témoins de la zone : numéros téléphoniques aléatoires pour les < 65 ans, liste de l’assurance maladie pour les > 65 ans
Entretien téléphonique : 86 %
Face à face : 14 %
Registre des cancers du Massachusets
37 cas incidents (1983-1986) de tumeurs cérébrales (dont 9 astrocytomes)
35 % des cas ont été exposés
Exposition résidentielle
Positionnement géographique des résidences : photos aériennes de l’occupation du sol (cranberries) en 1951, 1971 et 1984
Être exposé = résider dans un rayon de 780 m (distance exacte à la culture)
Prise en compte de la durée
Sexe, âge, statut vital, exposition professionnelle, jardinage, traitements antitermites, proximité d’une base militaire
Exposition résidentielle (prenant en compte une latence de 15 ans)
Tumeurs cérébrales : OR=2,0 [0,8-4,9]
Astrocytomes :
OR=6,7 [1,6-27,8]
Relation dose-effet positive (mais petits effectifs)
Études transversales (exposition professionnelle)
Smith-Rooker et coll., 1992renvoi vers
États-Unis
Base de tumeurs cérébrales de l’Université de l’Arkansas (Programme de traitement des tumeurs cérébrales)
Extraction non aléatoire de 100 dossiers de glioblastomes (21-78 ans)
 
Exposition professionnelle
Dernier emploi occupé plus d’un an avant le diagnostic du glioblastome
Lors du diagnostic : âge, sexe
Lieu résidence
Emploi (> 1 an)
33 % des cas de glioblastomes travaillent en agriculture ou dans l’industrie du bois
Études écologiques
Godon et coll., 1989renvoi vers
Canada
Province de Québec : communes ayant 10 fermes ou plus et plus de 3,3 % de fermiers
Incidence de cancers du cerveau, hémopathies
Référence : taux d’incidence du Québec en 1982/1983
Pas de données individuelles
Exposition environnementale
Regroupement des 34 bassins versants en 3 classes par rapport aux ventes de pesticides
Pas de données individuelles
SMR<1 pour tumeur cérébrale
Wilkinson et coll., 1997renvoi vers
Angleterre
Voisinage d’une usine de production de pesticides et d’engrais au Nord Est de Londres
Période 1977-1989
Décès (1981-1992, N=200) et cas incidents de cancers (1977-1981, N=81) observés et attendus, taux anglais et gallois, notamment tumeurs bénignes et malignes du SNC
NA(12)
12Non applicable 
Exposition environnementale
Distance de résidence par rapport à l’usine (selon 8 cercles concentriques de 1 à 7,5 km)
Plus de 250 molécules manipulées dans l’usine
Pas de prise en compte de facteurs individuels (et notamment l’exposition professionnelle)
Légère augmentation du risque de cancer, tous sites confondus (4 % dans un rayon de 7,5 km et 10 % dans un rayon de 1 km)
Pas de relation avec distance
Pas d’excès de risque pour les tumeurs du cerveau
Mills, 1998renvoi vers
États-Unis
Californie
Analyse de six sites de cancer à partir du registre : LMNH(13), leucémie, sarcomes, tumeurs cérébrales, prostate, testicule
13Lymphome malin non hodgkinien 
Incidence de tumeurs cérébrales sur la période 1988-1992
Non précisée
Exposition environnementale
Registre de pesticides : quantités utilisées par commune en 1993
Prise en compte dans l’analyse de 6 pesticides : atrazine, captane, 2,4-D, diazinon, dicofol, trifluraline
Âge, ethnie
Corrélation entre incidence de tumeur cérébrale et exposition à l’atrazine chez les hommes hispaniques
Viel et coll., 1998renvoi vers
France
Agriculteurs et ouvriers agricoles de 89 départements français, âgés de 35 à 74 ans (N=837 413)
Référence : population française
Certificats de décès (1984-1986)
Gliomes, glioblastomes, astrocytomes, médulloblastomes, oligodendrogliomes, épendymomes
NA
Exposition professionnelle
Index d’exposition viticole par zone géographique=
personnes-années d’activité agricole à partir du recensement agricole de 1970 X % de surface agricole vigne
Modèle à effet aléatoire
Niveau socioéconomique des exploitations du département
Risque de décès par tumeurs cérébrales des agriculteurs
SMR=1,25 [1,10-1,42], p<0,001
Risque en relation avec index viticole
RR=1,11 [1,03-1,19]
Chrisman et coll., 2009renvoi vers
Brésil
Hommes de 11 États brésiliens disposant de données de vente de pesticides
Statistiques brésiliennes de décès (CIM 10) entre 1996 et 1998 : taux de mortalité par âge et standardisés pour divers cancers dont cerveau
Pas de données individuelles
Exposition environnementale
Quantité de pesticides par habitant en 1985 dans 11 États brésiliens (auprès du ministère de l’Agriculture)
Catégories basse, moyenne, haute (tertiles)
Statut socioéconomique, alimentation, conditions sanitaires, alcool, tabac
Par rapport à la zone de basse exposition
Zone moyenne
MRR(14)=1,90 [1,83-1,96]
Zone haute
MRR=1,76 [1,70-1,82]
Tendance non significative (p=0,11)
14Mortality Rate Ratio

CEM : Champs électromagnétiques ; CIM : Classification internationale des maladies ; F : Fongicides ; H : Herbicides ; I : Insecticides ; ICD-O : International Classification Disease-Oncology ; LMNH : Lymphome malin non hodgkinien ; MRR : Mortality Rate Ratio ; NA : non applicable ; NS : Non significatif ; OC : Organochlorés ; OP : Organophosphorés ; OR : Odds Ratio ; PMR : Proportionate Mortality Ratio ; RR : Risque relatif ; SIR : Standardized Incidence Ratio ; SNC : Système nerveux central

Agricultural Health Study

L’Agricultural Health Study n’a pas permis à ce jour d’analyser spécifiquement le lien entre pesticides et tumeurs cérébrales compte tenu du trop faible nombre de cas survenus dans cette large cohorte. Seulement 51 cas ont été observés depuis l’inclusion parmi les agriculteurs applicateurs de pesticides de cette cohorte (SIR=0,78 ; IC 95 % [0,58-1,03]), 26 parmi leurs conjoints (SIR=1,19 ; IC 95 % [0,39-2,78]), et 5 parmi les applicateurs professionnels (SIR=0,94 ; IC 95 % [0,61-1,37]) (Koutros et coll., 2010renvoi vers). Les auteurs n’ayant analysé le lien entre une localisation de cancer et une matière active qu’au-delà d’un certain nombre de cas exposés (variant selon les publications entre 10 et 30), seules trois matières actives suffisamment fréquentes ont été analysées en lien avec les tumeurs cérébrales. Pour deux d’entre elles (alachlore et atrazine), il n’était mis en évidence aucune association significative (Lee et coll., 2004arenvoi vers ; Freeman et coll., 2011renvoi vers). Concernant le chlorpyrifos, l’analyse des 28 cas survenus sur la période 1993-2001 mettait en évidence une élévation non significative du risque (RR=1,77 ; IC 95 % [0,70-4,50]) parmi les 54 383 applicateurs, sans relation dose-effet en prenant en compte le nombre de jours cumulés d’utilisation. Cependant, pour les personnes ayant le niveau d’exposition le plus élevé (score cumulé prenant en compte les tâches réalisées), il était noté une élévation du risque de tumeur cérébrale (RR=4,0 ; IC 95 % [1,2-13,8]) (Lee et coll., 2004brenvoi vers).
En résumé, compte-tenu de la faible incidence des tumeurs du système nerveux central, les études de cohorte existantes ont été limitées en termes de puissance et n’ont pu mettre en évidence de manière claire un lien avec les tumeurs du système nerveux central. Toutefois, des tendances à l’augmentation de la mortalité par tumeurs cérébrales ont été relatées dans certaines cohortes historiques (applicateurs professionnels, gérants de terrains de golf…) et une élévation du risque d’incidence est rapporté dans l’AHS chez les personnes ayant le niveau d’exposition le plus élevé de chlorpyrifos.

Études cas-témoins

Compte-tenu du faible nombre de cas de tumeurs cérébrales survenant dans les cohortes, des études cas-témoins ont été mises en place pour rechercher des facteurs de risques professionnels. Elles utilisent généralement les intitulés de professions pour explorer un ensemble d’hypothèses, parmi lesquelles celle des pesticides. Certaines de ces études ont pu mettre en évidence un lien entre tumeurs cérébrales et le travail en secteur agricole et/ou sylvicole (Reif et coll., 1989renvoi vers ; Brownson et coll., 1990renvoi vers ; Demers et coll., 1991renvoi vers ; Preston-Martin et coll., 1993renvoi vers ; Rodvall et coll., 1996renvoi vers).

De la fin des années 1980 à 2000 : les premières études

La première étude cas-témoins ayant comme objectif principal l’analyse du rôle des pesticides s’est déroulée dans la région de Milan à la fin des années 1980 (Musicco et coll., 1988renvoi vers) (tableau 11.Irenvoi vers). L’hypothèse explorée était le rôle des pesticides, pouvant donner des dérivés nitrosés, dans la survenue de gliomes. L’étude incluait 240 patients atteints de gliomes, dont les expositions professionnelles, relevées à partir de calendriers professionnels, ont été comparées d’une part à celles de 465 patients atteints d’autres tumeurs cérébrales (principalement des méningiomes) et d’autre part à 277 patients atteints de maladie neurologique non tumorale. Quel que soit le groupe témoin, un OR de 1,6 statistiquement significatif était mis en évidence, beaucoup plus élevé quand l’exposition était centrée sur l’utilisation déclarée d’insecticides et/ou de fongicides (risque de l’ordre de 4). Il n’était pas mis en évidence de relation dose-effet avec la durée d’utilisation de ces produits. Les auteurs ont suggéré que l’élévation de risque pourrait s’expliquer par la présence d’alkylurées dans le sulfate de cuivre, un fongicide largement utilisé en viticulture, notamment en Italie.
À la suite de ce premier travail, 4 études cas-témoins menées en France, Canada, Italie et États-Unis ont exploré également la relation entre pesticides et tumeurs cérébrales. Dans ces études, l’exposition aux pesticides était estimée par une reconstitution des expositions professionnelles ou bien indirectement par l’intitulé de l’emploi.
L’étude française a comparé les expositions professionnelles de 125 cas de gliomes diagnostiqués à l’hôpital de la Salpêtrière entre 1975 et 1984 à 238 témoins hospitalisés pour des malformations vasculaires non cancéreuses. Une analyse spécifique a été par ailleurs menée dans cette étude dans le secteur du bois où des organochlorés et des créosotes étaient utilisés : une élévation de risque était mise en évidence chez les travailleurs (OR=1,6) mais de manière non significative (Cordier et coll., 1988renvoi vers).
Le registre des cancers de l’Alberta a servi de base à une étude reconstituant l’historique des expositions professionnelles des patients, en particulier ceux atteints de tumeurs cérébrales. Les professions agricoles apparaissaient moins fréquentes chez les patients atteints de tumeurs cérébrales (Fincham et coll., 1992renvoi vers).
De façon similaire, une diminution du risque de tumeur chez les agriculteurs était mise en évidence dans l’étude de Forastière en 1993, qui portait sur les certificats de décès de la région de Viterbo en Italie centrale entre 1980 et 1986 (Forastière et coll., 1993renvoi vers).
L’étude de Smith-Rooker menée à partir d’une base de tumeurs cérébrales constituée en Arkansas montrait qu’un tiers des patients avait occupé un emploi en agriculture ou dans le secteur du bois avant le diagnostic de la tumeur (Smith-Rooker et coll., 1992renvoi vers). Bien que la fréquence d’exposition paraisse relativement élevée, l’absence de groupe de comparaison limite la portée de ce résultat et son interprétation.
Enfin, une étude cas-témoins récente menée à partir des certificats de décès sur la période 1996-2005 dans l’État de Rio de Janeiro mettait en évidence une élévation du risque de décès par tumeur cérébrale chez les hommes ayant exercé une profession agricole (OR=1,8 ; IC 95 % [1,2-2,7]), ainsi que chez les personnes résidant dans les zones où les plus fortes utilisations de pesticides étaient enregistrées sur l’année 1985 (Miranda-Filho et coll., 2012renvoi vers).

À partir des années 2000 : une méthodologie plus solide

À partir des années 2000 ont été publiées des études cas-témoins abordant la question du lien entre pesticides et tumeurs cérébrales sur un nombre de cas conséquent et avec une méthodologie plus solide, notamment concernant la mesure de l’exposition.
L’Upper Midwest Study a été la première d’entre elles. Cette étude reposait sur des cas de gliomes identifiés en milieu hospitalier chez des femmes de 18 à 80 ans dans l’Iowa, le Michigan, le Minnesota et le Wisconsin entre 1995 et 1997, et des témoins des mêmes États recrutés en population générale. Un calendrier professionnel complet a été recueilli, ainsi que des questions spécifiques sur certains pesticides et sur les conditions d’utilisation de ceux-ci. Une première publication a montré l’absence de lien entre gliome et utilisation de pesticides chez les femmes, à l’exception des herbicides de la famille des carbamates pour lesquels existait une tendance à une augmentation du risque non significative (OR=3,0 ; IC 95 % [0,9-9,5]) (Carreon et coll., 2005renvoi vers). Chez les hommes, une seconde publication faisait état d’une diminution significative du risque de gliome pour les insecticides, fumigants et organochlorés (Ruder et coll., 2004renvoi vers ; voir Carreon et coll, 2005renvoi vers dans le tableau 11.Irenvoi vers) et de résultats non significatifs pour les autres pesticides étudiés. Il faut noter qu’une large proportion d’enquêtes avait été réalisée dans cette étude auprès de proches (chez 43 % des cas et 2 % des témoins), auprès desquels l’information est a priori considérée comme plus imprécise. Une analyse menée sur l’ensemble des sujets, hommes et femmes, concluait également à une absence de relation entre l’exposition aux pesticides en général, ou à des pesticides spécifiques mentionnés par les individus (Ruder et coll., 2006renvoi vers ; voir Carreon et coll, 2005renvoi vers dans le tableau 11.Irenvoi vers). Dans un second temps, les analyses se sont fondées sur d’autres indicateurs d’exposition, en particulier sur le calendrier des cultures, sur la résidence dans la ferme pendant l’enfance, et sur les diverses tâches réalisées sur les cultures et sur les pratiques (Ruder et coll., 2009renvoi vers). Même si globalement le risque de gliome n’apparaissait pas augmenté, voire était diminué pour les utilisateurs de pesticides, une élévation de risque de gliome était mise en évidence pour les personnes déclarant ne pas se laver après les traitements (OR=3,1), ou ne pas changer de vêtements (OR=2,8), ainsi que pour quelques cultures spécifiques. Ainsi, les femmes ayant été exposées aux pesticides dans la culture du mil avaient un risque accru de gliomes (OR=4,2), de même que les hommes exposés à la culture de l’avoine (OR=2,2) après exclusion des enquêtes réalisées auprès de proches. Les données de cette étude ont été ré-analysées en estimant de manière quantitative les expositions des applicateurs de pesticides, à visée agricole ou autre, et dans des contextes non-professionnels (domestique ou jardinage) (Yiin et coll., 2012renvoi vers). Pour cela, des indicateurs cumulés au cours de la vie ont été calculés en intégrant le nombre d’années de traitement, le nombre de jours par an, et une intensité d’exposition estimée par un hygiéniste industriel sur la base des données de la littérature (études d’exposition en champs). Il n’a pas été mis en évidence d’association positive avec ces différents indicateurs, quel que soit le contexte d’utilisation des pesticides.
Dans le centre des États-Unis, une étude menée dans le Nebraska a porté sur 251 cas de gliomes recrutés entre 1988 et 1993 et 498 témoins en population générale (Lee et coll., 2005renvoi vers). Un quadruplement du risque était mis en évidence pour les hommes ayant résidé ou travaillé dans une ferme plus de 55 ans. De plus, des élévations de risque étaient observées pour les hommes ayant été exposés professionnellement aux insecticides, aux herbicides ou aux pesticides donnant des dérives nitrosés. Mais ces liens, observés sur l’ensemble des cas étudiés, n’étaient pas retrouvés dans les analyses restreintes aux enquêtes réalisées directement auprès des sujets. Ainsi, les élévations de risque concernent essentiellement les enquêtes réalisées auprès de proches, qui correspondent dans cette étude à 75 % des cas enquêtés.
L’étude cas-témoins Cerephy menée en Gironde à partir de 221 cas de tumeurs repérés par le registre des tumeurs du système nerveux central entre 1999 et 2001 et de 442 témoins recrutés en population générale, a mis en évidence une élévation du risque de tumeur cérébrale significative parmi les sujets les plus exposés professionnellement, et plus marquée pour les gliomes, mais n’a pas montré d’excès de risque pour les méningiomes (Provost et coll., 2007renvoi vers). Un triplement de risque était observé pour les gliomes parmi le quart de sujets les plus exposés au cours de leur vie professionnelle. Une élévation de risque significative pour les expositions environnementales (traitement des plantes d’intérieur) était également observée pour la première fois, et doit être confirmée. Le travail est poursuivi dans le cadre de l’étude cas-témoins Cerenat, élargie à 4 départements (Calvados, Manche, Gironde, Hérault) en incluant davantage de sujets dans des contextes agricoles plus variés. Les données, recueillies en face à face auprès de 596 patients et de 1 192 témoins, sont en cours d’analyse selon une procédure d’expertise des expositions.
Enfin, une étude aux États-Unis a également porté sur plusieurs types de tumeurs (462 tumeurs neuroépithéliales et 195 méningiomes), chez des patients et des témoins hospitaliers non cancéreux recrutés dans des hôpitaux de Boston, Phoenix et Pittsburgh entre 1994 et 1998 (Samanic et coll., 2008renvoi vers). Cette étude ne mettait pas en évidence de lien entre gliomes et exposition professionnelle aux insecticides ou aux herbicides dans les nombreux secteurs explorés (agriculture, jardiniers, industrie…) mais concluait à un doublement de risque (significatif) de méningiome chez les femmes exposées aux herbicides, avec une tendance positive en fonction du niveau et de la durée de d’exposition.
En résumé, avec une mesure plus précise de l’exposition que dans les études avant 2000, les études cas-témoins récentes présentent néanmoins des résultats divergents. En France, une élévation du risque de tumeur cérébrale (gliomes) significative a été rapportée en Gironde dans l’étude Cerephy parmi les sujets les plus exposés professionnellement. Aux États-Unis, une augmentation significative de risque de méningiome est rapportée chez les femmes exposées aux herbicides.

Autres types d’études

Une étude écologique a été menée concernant les expositions professionnelles aux pesticides en France, en se basant sur les données du recensement agricole. Le lien entre le nombre de décès par tumeur cérébrale par département et un index d’exposition, prenant en compte la surface agricole utilisée et le nombre de personnes-années pour l’activité agricole considérée, a été étudié (Viel et coll., 1998renvoi vers) (tableau 11.Irenvoi vers).
En résumé, une élévation du risque de décès par tumeur cérébrale de 11 % statistiquement significative a été observée pour les expositions viticoles en France.

Exposition environnementale

Par ailleurs, quelques études ont exploré l’association entre l’exposition environnementale aux pesticides et la survenue de tumeur cérébrale (tableau 11.Irenvoi vers).
Il s’agissait principalement d’études écologiques basées sur le lieu de résidence des sujets. L’exposition environnementale était alors définie comme le fait d’habiter dans une ferme ou à proximité (Ahlbom et coll., 1986renvoi vers ; Aschengrau et coll., 1996renvoi vers), dans une zone à forte activité agricole (Godon et coll., 1989renvoi vers ; Chrisman et coll., 2009renvoi vers), ou à proximité d’une usine de production de pesticides (Wilkinson et coll., 1997renvoi vers). Certaines de ces études ont observé des associations positives. Une augmentation de 70 à 80 % du risque de tumeur cérébrale a été mise en évidence en Suède pour les personnes ayant résidé dans une ferme durant cinq ans ou plus (Ahlborn et coll., 1986renvoi vers). Dans le Massachussets, le fait de résider à moins de 780 mètres de champs de cranberries (distance déterminée à partir de photos aériennes) a été mis en relation avec un doublement statistiquement significatif du risque de tumeur cérébrale, et un risque multiplié par 6,7 pour les astrocytomes (Aschengrau et coll., 1996renvoi vers). En Californie, où les données d’utilisation de pesticides sont disponibles à une échelle géographique fine et pour des matières actives spécifiques, une relation positive a été mise en évidence entre l’incidence des tumeurs cérébrales sur la période 1988-1992 et l’utilisation d’atrazine dans la zone de résidence (Mills et coll., 1998renvoi vers). Une étude récente au Brésil décrit également une surmortalité par tumeur cérébrale dans les zones moyennement ou fortement exposées aux pesticides agricoles par rapport aux zones faiblement exposées, sur la base des relevés de vente de pesticides fournis par le ministère de l’Agriculture (Chrisman et coll., 2009renvoi vers). En revanche, une étude au Québec ne montrait pas de différence de mortalité par tumeur cérébrale dans les zones les plus utilisatrices de pesticides, sur la base des quantités vendues dans chaque zone géographique (bassins versants) (Godon et coll., 1989renvoi vers). De la même manière, l’étude de Wilkinson et coll. (1997renvoi vers) au voisinage d’une usine de production de pesticides et d’engrais en Angleterre ne mettait pas en évidence d’excès de risque de tumeur cérébrale pour les personnes vivant dans un rayon de 1 à 7,5 km autour de cette usine.
En résumé, quelques études écologiques ont rapporté une augmentation du risque de tumeur cérébrale en rapport avec la résidence (dans une ferme ou à proximité) mais l’ensemble des données ne sont pas convergentes. En Californie, où les données d’utilisation de pesticides sont disponibles à une échelle géographique fine, une relation positive a été mise en évidence entre l’incidence des tumeurs cérébrales sur la période 1988-1992 et l’utilisation d’atrazine dans la zone de résidence.
En conclusion, le nombre d’études portant sur le lien entre tumeurs cérébrales et pesticides reste relativement limité, moins d’une vingtaine, si on ne prend pas en compte les cohortes historiques et les études cas-témoins professionnelles générales, qui n’explorent que très imparfaitement l’exposition aux pesticides ou portent sur un nombre de cas très faible. Les études menées jusqu’à la fin des années 1990 reposaient le plus souvent sur des mesures de l’exposition aux pesticides très sommaires (simples intitulés d’emplois), et n’avaient généralement pas pu conclure à l’existence d’un lien entre pesticides et tumeurs cérébrales, à l’exception d’une étude cas-témoins menée en Italie du Nord.
Entre 1992 et 1998, trois méta-analyses ont été publiées. Deux synthétisent la littérature épidémiologique concernant les risques pour tous les cancers (mortalité et incidence) chez les agriculteurs et rapportent un excès de risque modéré de tumeurs cérébrales, significatif ou à la limite du seuil de significativité. La troisième couvrant la période 1981-1996, porte spécifiquement sur le risque de tumeurs cérébrales en milieu agricole et conclut à une élévation de risque de 30 % de ces tumeurs, statistiquement significative, retrouvée dans les analyses par type d’études (cohortes et cas-témoins) mais pas dans celles restreintes aux femmes agricultrices. Compte-tenu de la faible incidence des tumeurs du système nerveux central, les études de cohorte existantes, dont l’AHS, sont limitées en termes de puissance et n’ont pu mettre en évidence de manière claire un lien avec les tumeurs du système nerveux central. Toutefois, des tendances à l’augmentation de la mortalité par tumeurs cérébrales ont été relatées dans certaines cohortes historiques (applicateurs professionnels, gérants de terrains de golf…).
À partir des années 2000, des études cas-témoins menées sur plusieurs centaines de cas et disposant de questionnaires spécifiques sur les pesticides ont apporté des arguments plus convaincants. Plusieurs d’entre elles ont mis en évidence des élévations significatives du risque, dans des contextes agricoles très variés. Parmi elles, une étude cas-témoins menée en France en Gironde rapporte un triplement significatif du risque de gliomes parmi les personnes ayant été les plus exposées aux pesticides en viticulture au cours de leur vie professionnelle. Cependant, ces études ne convergent ni sur le niveau de risque, ni sur le type de tumeurs présentant des risques élevés, ni sur la nature ou les paramètres d’exposition associés à l’élévation de risque. Ces données nécessitent donc aujourd’hui d’être confortées par de nouvelles études, analysant les risques en fonction des types histologiques.
Concernant les risques pour la population générale, ils n’ont été approchés qu’à l’aide d’études écologiques, n’intégrant pas de facteurs individuels, et ne concernent que les expositions de riverains de zones traitées. À noter qu’une étude écologique concernant les expositions professionnelles aux pesticides en France fondée sur les données du recensement agricole, a mis en évidence une élévation du risque de 11 % statistiquement significative pour les expositions viticoles. Il n’existe pas de données concernant les autres modes d’exposition aux pesticides de la population générale (alimentation, utilisation de pesticides domestiques ou pour le jardinage, usages médicaux et vétérinaires) vis-à-vis du risque de tumeur cérébrale de l’adulte.

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