Pharmacodépendances et mésusages
2012
| ANALYSE |
10-
Conséquences d’une exposition précoce : approche clinico-épidémiologique
Exposition in utero aux médicaments psychotropes à risque de mésusage, d’abus et de dépendance
), un trouble panique chez 2,5 % d’entre elles (Guler et coll., 2008
), la survenue ou une aggravation de troubles obsessionnels compulsifs (Forray et coll., 2010
). Les médicaments psychotropes seraient relativement fréquemment prescrits pendant la grossesse, en particulier les benzodiazépines afin de gérer l’anxiété, l’épilepsie, la pré-éclampsie ou l’éclampsie (Marinucci et coll., 2011
).Prévalence de l’exposition chez le fœtus
Études menées en France
).
). Des anomalies étaient identifiées dans 2,2 % des cas : 15 décès dans les 15 premiers jours de vie, 200 malformations et 30 IMG. La plupart des femmes inclues (93 %) avaient reçu un traitement pendant la grossesse, en excluant les supplémentations en fer et en vitamines. Un traitement psychotrope avait été délivré à 6 % d’entre elles : antipsychotique (1 %), antidépresseur (2 %), benzodiazépine (3 %) et autres anxiolytiques (1 %). Les auteurs soulignent que les benzodiazépines les plus fréquemment prescrites sont des molécules à demi-vie longue (bromazépam, diazépam et prazépam), ce qui accroît le risque d’hypotonie néonatale (Swortfiguer et coll., 2005
). Il est à noter que l’étude de Lacroix et coll. (2009
) ne dispose pas des données des hospitalisations, des médicaments non remboursés, ni d’informations sur les fausses-couches spontanées.
). Elle a montré que 99 % d’entre elles avaient pris au moins un médicament au cours de leur grossesse, et 25 % un médicament de la classe système nerveux (classification ATC2
). Ces femmes avaient pris en moyenne 13,6 médicaments différents durant la grossesse (ET=5,8). L’exposition précoce aux médicaments a également été abordée dans cette étude en fonction du risque présenté par les médicaments pour le fœtus, en se fondant sur la classification du risque tératogène élaborée par la Food and Drug Administration américaine (FDA Pregnancy Risk Category). S’agissant des médicaments jugés à risque, classés D3
, sept femmes ont pris un barbiturique (phénobarbital), 51 des benzodiazépines et trois de la buprénorphine haut dosage, soit au total six femmes enceintes sur cent.Tableau 10.I Prévalence de l’exposition aux médicaments psychotropes pendant la grossesse
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Pays
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Date
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Population
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n
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Exposition aux médicaments psychotropes pendant la grossesse
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Références
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|---|---|---|---|---|---|
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Haute-Garonne (France)
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1996
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Assurance maladie
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1 000
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0,7 % barbituriques5 % benzodiazépines0,3 % buprénorphine haut dosage
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Haute-Garonne (France)
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2004-2005
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Assurance maladie
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10 174
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6 % psychotropes :1 % antipsychotiques2 % antidépresseurs3 % benzodiazépines1 % autres anxiolytiques
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Bristol(Royaume-Uni)
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1991-1992
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Cohorte
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11 545
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0,8 % psycholeptiques 0,3 % psychoanaleptiques
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États-Unis d’Amérique
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Depuis 1996
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Centres de consultation prénatale
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2 793
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10,7 % de psychotropes3,4 % de benzodiazépine
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Finlande
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1999
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Assurance maladie
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43 470
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1,4 % antipsychotiques,anxiolytiques et hypnotiques
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Allemagne
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2000-2001
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Assurance maladie
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41 293
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0,1 % benzodiazépines, 0,03 % barbituriques et0,09 % opioïdesau 3e trimestre
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Emilia-Romagna (Italie)
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2004
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Bases de données régionales
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33 343
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2,1 % pour la classe ATC système nerveux
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Norvège
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Depuis 2004
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Norwegian Prescription database
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106 329
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1er / 2e / 3e trimestresSédatifs : 1 % / 0,5 % / 0,6 %Opioïdes : 1,3 % / 0,9 % / 1 %
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Tenerife(Canaries)
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2006
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Maternités publiques
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1 374
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2,5 % (en début de grossesse) puis 1,9 %
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Autres études menées sur le territoire européen
). Les premières études décrites ci-dessous ont été menées sur de larges échantillons sélectionnés sur des bases de données administratives ou médicales. On retrouve également une étude de cohorte (Headley et coll., 2004
), une petite étude transversale ayant effectué des analyses toxicologiques (Sanaullah et coll., 2006
) et une étude rétrospective (De Las Cuevas et coll., 2007
).
). Les auteurs se sont intéressés à la consommation médicamenteuse des femmes dans les trois mois précédant la grossesse, considérant que la grossesse peut rester longtemps méconnue, puis au cours de la grossesse. Cette étude montre que la fréquence de l’usage des médicaments psychotropes diminue au cours de la grossesse : elle est passée de 7,3 % des femmes avant la grossesse à 2,8 % au troisième trimestre. Le constat est le même pour les sédatifs et les médicaments opioïdes. Pour les anxiolytiques, sédatifs et hypnotiques, 1,8 % des femmes les utilisaient avant la conception, puis les fréquences étaient respectivement de 1 %, 0,5 % et 0,6 % pour les premier, deuxième et troisième trimestres de grossesse. Pour les médicaments opioïdes, la fréquence est passée de 2,5 % des femmes avant la conception à 1,3 %, 0,9 % et 1 %, respectivement pour les premier, deuxième et troisième trimestres de grossesse.
). Elle a inclus, à partir du registre des allocations maternité, 43 470 femmes recevant des allocations en 1999. Elle a comparé les médicaments prescrits et remboursés, avant et pendant la grossesse et durant l’allaitement, chez ces femmes et chez des femmes non enceintes appariées sur l’âge et la zone de résidence. Moins de la moitié des femmes enceintes (43,2 %) prenaient au moins un médicament contre 55,2 % des femmes non enceintes (OR=0,7 ; IC 95 % [0,6-0,7]). Elles étaient également moins exposées aux médicaments antipsychotiques, anxiolytiques et hypnotiques (1,4 % versus 4,1 % ; OR=0,3 ; IC 95 % [0,3-0,4]), aux antidépresseurs (1 % versus 4,6 % ; OR=0,2 ; IC 95% [0,2-0,2]) et antihistaminiques (1,3 % versus 6,3 % ; OR=0,2 ; IC 95 % [0,2-0,2]). Il existait une forte diminution de l’exposition à ces médicaments au cours du premier trimestre de grossesse (OR=0,8 ; IC 95 % [0,7-0,9] pour les antipsychotiques, anxiolytiques et hypnotiques).
). Elle a inclus 29 005 bébés nés vivant entre janvier 2000 et juillet 2003 et 26 719 femmes âgées de 15 à 50 ans et vivant à la même adresse. L’exposition aux antidépresseurs était de 2,9 % avant la grossesse, 2 % au premier trimestre, et 1,8 % aux deuxième et troisième trimestres. Parmi les femmes qui prenaient un antidépresseur avant la grossesse, un tiers consommait des benzodiazépines avant la grossesse et 3,4 % en prenaient au troisième trimestre. Chez les femmes qui ont interrompu leur traitement antidépresseur pendant la grossesse (n=495), l’usage de benzodiazépines était de 17 % au premier trimestre, 3,2 % au deuxième trimestre et 2,8 % au troisième trimestre. Une autre étude hollandaise a évalué la délivrance de médicaments pendant la grossesse à partir d’InterAction database, la base de données des pharmacies publiques (Bakker et coll., 2006
). Elle détaille cependant peu les médicaments à risque d’abus, précisant seulement que l’usage d’anxiolytiques est stable.
). La plupart des femmes ont reçu un traitement pendant la grossesse (96,4 %), même en excluant le fer et les vitamines (85,2 %). Il existait peu de variations sur la période d’observation concernant les psycholeptiques (classe ATC N05), avec un taux d’exposition très faible soit 43 femmes exposées aux benzodiazépines au troisième trimestre, 33 aux antidépresseurs, 25 aux antipsychotiques, 12 aux barbituriques et 38 aux médicaments opioïdes.
). Le registre hospitalier a permis d’identifier 33 343 accouchements en 2004 et les remboursements de médicaments dans les 271 jours précédents ont été analysés. Il est retrouvé 70 % d’exposition à un médicament remboursé, 48 % en excluant minéraux et vitamines. Les médicaments de la classe ATC correspondant au système nerveux central sont prescrits à 2,1 % des femmes. Cette classe ne comporte pas uniquement les psychotropes mais également les antalgiques. Le psychotrope le plus prescrit est la paroxétine (n=199 ; 0,3 %), un antidépresseur.
). Cette étude a abordé l’exposition précoce aux médicaments psychotropes en fonction du risque représenté par les médicaments pour le fœtus. Elle a utilisé deux classifications du risque tératogène, celle de la Food and Drug Administration (FDA) et la Classification British National Formulary (BNF). La majorité des femmes (65 %) avait reçu au moins une prescription sur les deux périodes. Des médicaments sédatifs ou hypnotiques avaient été prescrits à 0,6 % des femmes dans les trois mois précédant leur grossesse et à 0,3 % des femmes au cours du premier trimestre.
). Quatre auto-questionnaires ont été envoyés pendant la grossesse. Les informations complètes étaient disponibles pour 11 545 grossesses. Elles ont permis d’identifier une fréquence de 92,4 % de prise médicamenteuse avec 83 % de médicaments conventionnels : 5 249 femmes à 18 semaines de grossesse, 3 914 à 32 semaines et 196 tout au long de la grossesse. Des psycholeptiques et des psychoanaleptiques étaient pris respectivement par 70 et 29 femmes à 18 semaines, 90 et 14 femmes à 32 semaines, 21 et 29 femmes tout au long de la grossesse.
). Seize femmes (10,7 %) avaient utilisé des substances psychoactives ou de l’alcool ; toutes le niaient. Parmi les médicaments psychotropes potentiels, on retrouvait 3,3 % d’amphétamines, 1,3 % d’opiacés, 3,3 % de benzodiazépines ou apparentés.
). Les femmes étaient interrogées après la naissance sur leurs antécédents psychiatriques et leurs traitements. Trente trois femmes (2,5 %) prenaient un traitement psychotrope lorsqu’elles ont appris leur grossesse et huit ont interrompu ce traitement par la suite. Parmi ces 33 femmes, 25 (soit 1,8 % des femmes de l’échantillon global) prenaient une benzodiazépine, avec au premier rang l’alprazolam puis le clorazépam et le diazépam. Aucune complication obstétricale n’a été associée à ces traitements.Études menées aux États-Unis
) a suivi 2 793 femmes dans l’État de Washington. Il s’agit d’une étude prospective qui a inclus les femmes enceintes consultant dans deux centres de soins prénataux affiliés au Swedish Medical Center (Seattle, WA) ou au Tacoma General Hospital (Tacoma, WA) à partir de décembre 1996. Les femmes devaient être majeures, avoir consulté avant 20 semaines de grossesse, ainsi qu’avoir prévu de poursuivre cette grossesse à terme et d’accoucher dans un des deux hôpitaux participant à l’étude. L’usage de médicaments pendant la grossesse était documenté par un entretien médical prénatal dans les 20 premières semaines de grossesse, et par le dossier médical qui fournissait le devenir périnatal. Trois cents femmes (10,7 %) avaient utilisé un médicament psychotrope pendant la grossesse, dont 85 (3,04 %) une benzodiazépine. Les molécules les plus fréquemment identifiées étaient le lorazépam (n=73), l’alprazolam (n=7), le clonazépam (n=4) et le diazépam (n=2).
). Parmi les 4 362 femmes incluses, trois prenaient du lithium, une de l’alprazolam, une du lorazépam, trois du midazolam, deux du phénobarbital, une de la méthadone, ces médicaments étant classés D. Une femme recevait un médicament de catégorie X, le triazolam.
). Elle a inclus 152 351 accouchements. La plupart des femmes (82 %) avaient reçu au moins un médicament pendant la grossesse, 64 % en excluant les minéraux et les vitamines. Le psychotrope le plus fréquemment identifié était l’hydroxyzine, un anxiolytique de mécanisme antihistaminique (2,6 %). Parmi les médicaments classés D (3,4 % des grossesses), on retrouvait du secobarbital (0,3 %), du lorazépam (0,2 %), du clonazépam (0,2 %) et, parmi la catégorie X (1,1 %), du témazépam (0,04 %), du flurazépam (0,02 %) et du triazolam (0,008 %). Parmi les 114 165 femmes ayant mené leur grossesse à terme, 6 600 (5,8 %) avaient été exposées à des médicaments classés D ou X (Andrade et coll., 2006
). Dans les psychotropes classés D, étaient identifiés le lorazépam (0,24 %), le clonazépam (0,2 %), l’alprazolam (0,18 %), le diazépam (0,12 %), la nortriptyline (0,12 %), l’acide valproique (0,08 %), le lithium (0,06 %), l’imipramine (0,05 %), le phénobarbital (0,5 %), l’oxazépam (0,04 %) et la carbamazépine (0,14 %) et dans les médicaments classés X, le témazépam (0,06 %).
). Près de 20 % d’entre elles présentaient un dosage positif : amphétamines (2,4 %), barbituriques (2,1 %), benzodiazépines (5,7 %) et opiacés (2,6 %).
). Si l’utilisation des médicaments psychotropes pendant la grossesse est plus élevée aux États-Unis, elle est équivalente en ce qui concerne les benzodiazépines. Il est cependant possible que la cohorte de Calderon-Margalit et coll. (2009
) (États-Unis) présente des biais de sélection liés au site de recrutement, avec une sur- ou sous-représentation des utilisatrices de psychotropes.Conséquences cliniques d’une exposition chez le fœtus
Impact périnatal des médicaments psychotropes : syndromes de sevrage néonatal et d’imprégnation néonatale
). Il peut s’observer dans les deux ou trois jours qui suivent la naissance, et jusqu’à six mois après une exposition à la méthadone, à la buprénorphine, aux benzodiazépines ou aux barbituriques. Le syndrome de sevrage néonatal aux opiacés peut se manifester par une hypersalivation, une diarrhée, des difficultés de succion pouvant nécessiter un gavage, une fièvre, des bâillements, des éternuements, une polypnée, une pâleur cutanée, des sueurs, un encombrement nasal, une insomnie, une irritabilité, une tension interne, des cris incessants, des pleurs croissants, difficilement consolables, une hypertonie, une agitation, une hyperréflexie, des tremblements, des convulsions. Le sevrage néonatal aux benzodiazépines inclut agitation, hypertonie, hyperréfléxie, trémulations, apnée, diarrhée et vomissements (Jain et Lacy, 2005
). Par ailleurs, le sevrage néonatal peut entraîner chez la mère une culpabilité, une honte et des difficultés à comprendre les besoins de son enfant, compliquant la relation mère-enfant.
). L’allaitement est recommandé avec une surveillance des taux plasmatiques des opiacés chez le bébé (Bandstra et coll., 2010
). L’intérêt d’un traitement par clonidine, un agoniste des récepteurs adrénergiques de type α2, est à l’étude (Leikin et coll., 2009
). La prise en charge du sevrage néonatal aux benzodiazépines est similaire, à l’exception du traitement médicamenteux opiacé.
) a comparé l’effet de ces deux médicaments chez 175 femmes enceintes, âgées de 18 à 41 ans, dépendantes aux opiacés et substituées. Le traitement a été interrompu pour 18 % des femmes sous méthadone et 33 % des femmes sous buprénorphine. Comparés aux enfants nés de femmes traitées par la méthadone, les enfants des femmes traitées par buprénorphine recevaient une dose moyenne de morphine à la naissance très inférieure (1,1 mg versus 10,4 mg), séjournaient moins longtemps à l’hôpital (10 versus 17,5 jours) et étaient traités moins longtemps pour un syndrome d’interruption (4,1 versus 9,9 jours). Une revue de la littérature rassemble les observations ayant porté sur 309 enfants issus de 15 cohortes (Bandstra et coll., 2010
). Un sevrage néonatal était observé chez 62 % des enfants exposés in utero à la buprénorphine et 60 à 80 % des enfants exposés à la méthadone. Une autre revue rapporte 78 % de sevrage néonatal (sévère pour 53 %) après une exposition à la méthadone et 40 % (sévère pour 15 %) après une exposition à la buprénorphine (Boyer et coll., 2010
). Cependant, une méta-analyse Cochrane conclut que le nombre d’essais cliniques comparatifs randomisés est insuffisant pour montrer la supériorité de l’un ou l’autre traitement substitutif aux opiacés (Minozzi et coll., 2008
).
). Les trois-quarts des enfants ont reçu un traitement pour sevrage (74 %). Le risque de sevrage augmentait de 17 % par palier de 5 mg/jour de méthadone. Il était diminué chez les bébés de bas âge gestationnel et les bébés nés par césarienne.
). Les trois-quarts des enfants (73 %) ont été hospitalisés pour une surveillance de leur fonction respiratoire. La durée moyenne d’hospitalisation était de neuf jours (étendue 2-30). Un enfant sur cinq a nécessité une oxygénothérapie ou une ventilation assistée. Parmi les manifestations imputables aux benzodiazépines, 42 % correspondaient à un syndrome d’imprégnation par les benzodiazépines, 20 % un syndrome de sevrage et 11 % les deux. Le syndrome d’imprégnation4
(ou floppy-infant syndrome) était moins fréquent après une exposition in utero à l’oxazépam. Il est d’autant plus prolongé que la posologie était élevée et que la demi-vie du produit est longue. Le syndrome de sevrage tendait à être également moins fréquent avec l’oxazépam.
). Une exposition tardive aux benzodiazépines était associée d’une part à un risque de détresse néonatale (score d’Apgar inférieur à 7 ; OR=2,0 ; IC 95 % [1,1-3,7]), y compris en ne considérant que les enfants nés à terme (OR=2,2 ; IC 95 % [1,1-4,4]), et d’autre part à des problèmes respiratoires (OR=2,2 ; IC 95 % [1,6-3,0]).Autres complications périnatales
). Cependant, les traitements de substitution peuvent entraîner un retard de croissance intra-utérin (RCIU). Dans une étude conduite chez 215 femmes enceintes, dépendantes aux opiacés et substituées par méthadone, 27 % des enfants présentaient un RCIU (Liu et coll., 2010b
). Lorsque les femmes traitées par méthadone et non fumeuses étaient comparées à des femmes non dépendantes aux opiacés et non fumeuses, le traitement par méthadone était associé au RCIU avec un risque relatif de 3,5 (IC 95 % [1,7-7,1]). Le RCIU était indépendant de la posologie de méthadone et de la dose cumulée au cours de la grossesse. Au cours des grossesses sous méthadone, la nicotine n’avait pas d’impact sur le risque de RCIU. Le seul facteur associé était l’indice de masse corporelle maternel. Dans deux autres études plus limitées (n=93 et n=74, respectivement), le poids de naissance semblait associé à la posologie de méthadone, de même que l’usage de benzodiazépines (McCarthy et coll., 1999
; Wouldes et Woodward, 2010
). Dans cette dernière étude, la dose de méthadone était également associée au risque de prématurité et à la durée d’hospitalisation du nouveau-né.
). Les données sont cependant contradictoires.
). Dans l’étude suédoise de Wikner et coll. (2007
), que l’exposition aux benzodiazépines soit précoce ou tardive, il était constaté un accroissement du risque de prématurité (respectivement, OR=1,5 ; IC 95 % [1,3-1,8] ; OR=2,6 ; IC 95 % [1,9-3,4]) et de faible poids de naissance (respectivement, OR=1,3 ; IC 95 % [1,1-1,6] ; OR=1,9 ; IC 95 % [1,3-2,8]).
). Le risque de naissance prématurée était plus élevé lors d’un usage de benzodiazépines (OR=6,79 ; IC 95 % [4,0-11,5]), plus particulièrement un usage de lorazépam (OR=7,94 ; IC 95 % [4,5-14,1]). Cette association existait si l’usage de benzodiazépine avait débuté avant la grossesse ou au premier trimestre (OR=5,15 ; IC 95 % [1,3-19,8]), au deuxième trimestre (OR=7,39 ; IC 95 % [2,4-23,2]) ou au troisième trimestre (OR=10,1 ; IC 95 % [4,8-21,1]). Elle persistait après exclusion des femmes ayant débuté un traitement par benzodiazépine dans les quatre dernières semaines de grossesse (OR=3,6 ; IC 95 % [1,7-7,5]). L’usage de benzodiazépine était associé à la fois au risque de déclenchement pré-terme (OR=5,4 ; IC 95 % [2,2-13,3]) et au risque d’accouchement pré-terme spontané (OR=7,3 ; IC 95 % [4,1-13,0]). De plus, l’usage de benzodiazépines augmentait le risque de petit poids de naissance (OR=7,43 ; IC 95 % [4,2-13,3]), de détresse respiratoire (OR=3,74 ; IC 95 % [1,9-7,5]), de réanimation néonatale (OR=4,33 ; IC 95 % [2,5-7,6]) et de score d’Apgar inférieur à sept, correspondant à une détresse néonatale (OR=3,87 ; IC 95 % [1,5-9,8]). Les limites de cette étude sont l’absence de renseignement sur la dose, la durée du traitement et, en particulier, il n’est pas précisé si le traitement est poursuivi au moment de l’accouchement.
). La dextroamphétamine entraînerait un risque de faible poids de naissance et de prématurité qui pourrait être lié à une vasoconstriction placentaire. Une étude menée chez 38 femmes enceintes qui abusaient de méthylphénidate par voie intraveineuse a rapporté 21 % de naissances prématurées, 31 % de retard de croissance, 28 % de sevrage néonatal (Debooy et coll., 1993
). Cependant, la plupart de ces femmes abusaient également d’alcool, 10 d’autres substances illicites et toutes fumaient.Effets tératogènes
; Bandstra et coll., 2010
). Cependant, il existe des préoccupations concernant des effets ophtalmologiques des médicaments opioïdes et benzodiazépiniques. Des études de cas ou de séries de cas se sont intéressées à la survenue d’anomalies visuelles avant l’âge de six mois chez 24 enfants exposés in utero aux médicaments opiacés (dont 13 étaient également exposés au diazépam) et un uniquement au diazépam (Gupta et coll., 2011
). Tous ces enfants présentaient un nystagmus5
horizontal et certains présentaient une baisse de l’acuité visuelle. Selon les auteurs, ces anomalies seraient liées à une atteinte neurologique plutôt qu’ophtalmique. Une seconde étude a également retrouvé chez 20 enfants exposés in utero à la méthadone et adressés en ophtalmologie pédiatrique des troubles visuels tels qu’une réduction de l’acuité visuelle (19 cas/20), un nystagmus (14 cas/20), un retard de maturité visuelle (10 cas/20), un strabisme (6 cas/20), des erreurs réfractives (6 cas/20), et des troubles visuels d’origine cérébrale (5 cas/20) (Hamilton et coll., 2010
). Cinq de ces enfants présentaient également des anomalies neuro-développementales (retard du développement).
).
).
; Marinucci et coll., 2011
). Les enfants présenteraient un retard de croissance, une dysmorphie, un retard mental et psychomoteur (Laegreid et coll., 1987
). Des séries de cas d’exposition à des doses massives de benzodiazépines in utero ne retrouvent pas d’augmentation du nombre de malformations mais les faibles effectifs de ces études ne permettent pas réellement de conclure (Gidai et coll., 2008a
, b
, c
). On peut également remarquer le nombre important de grossesses non menées à terme dans ces séries.
). Il est nécessaire de préciser que dans quatre cas sur les six, d’autres médicaments psychotropes étaient associés aux benzodiazépines. Dans l’étude suédoise de Wikner et coll. (2007
), 105 enfants sur 1 979 exposés aux benzodiazépines en début de grossesse présentaient une malformation (5,3 % versus 4,7 % des enfants de la population générale nés au cours de la même période). L’exposition aux benzodiazépines était associée à un risque de malformation sévère (OR=1,4 ; IC 95 % [1,1-1,8]) mais cette association n’était plus significative après exclusion des femmes prenant concomitamment un anticonvulsivant (OR=1,2 ; IC 95 % [0,97-1,5]). Dans une étude menée en Colombie Britannique (Canada) entre 1998 et 2001, à partir des bases de données de l’assurance maladie, chez 119 547 femmes, l’exposition in utero à l’association de benzodiazépines et d’antidépresseur sérotoninergique augmentait le risque de malformations cardiovasculaires (OR=0,2 ; IC 95 % [0,2-2,2]) (Oberlander et coll., 2008
). L’exposition aux benzodiazépines seules n’augmentait pas le risque de malformation congénitale ni de malformation cardiaque.
). Elle n’a pas trouvé d’association avec des malformations lorsqu’elle regroupait les études de cohorte. En revanche, quand la méta-analyse portait sur les quatre études cas-témoins, elle montrait une association avec des malformations importantes (OR=3,0 ; IC 95 % [1,3-6,8]) et les fentes labio-palatines (OR=1,8 ; IC 95 % [1,1-2,8]) (Dolovich et coll., 1998
).
). De nombreuses études montrent une association positive quand d’autres non, ce qui ne permet pas de conclure. Les auteurs suggèrent cependant que le diazépam pourrait jouer un rôle de facteur de risque dans le cadre d’un modèle étiologique de type interactions gènes-environnement.
). Si l’on considérait les benzodiazépines, le risque de malformation n’augmentait pas. En revanche, l’exposition au lorazépam augmentait le risque d’atrésie anale (OR=6,2 ; IC 95 % [2,4-15,7]) après ajustement sur l’âge maternel et la parité.
). Elle a inclus 22 843 enfants présentant une malformation et 38 151 enfants qui n’en présentaient pas. L’augmentation du risque de malformation n’était significative avec aucune des molécules (phénobarbital : OR=1,1 ; IC 95 % [0,7-1,7] et diazépam : OR=1,2 ; IC 95 % [0,3-49,6]). Cette même étude n’a pas trouvé d’association significative entre exposition au chlordiazépoxide et malformations congénitales, malgré un doute sur une augmentation du risque de malformation cardiaque (Czeizel et coll., 2004
).
). Parmi ces enfants, 52 avaient été exposés in utero au clonazépam, 43 en monothérapie. Parmi ces 43 enfants, 33 l’avaient reçu au premier trimestre de grossesse. Un enfant sur 33 présentait des malformations graves, ce qui ne constituait pas une augmentation de risque. Cette polymalformation associait une tétralogie de Fallot, une dysmorphie faciale, un retard de croissance et 11 paires de côtes.Développement psychomoteur
). L’environnement est à la fois un facteur de confusion, jouant directement sur le développement psychomoteur, et un facteur d’interaction. Il influence directement l’expression ou la sévérité d’un effet toxique. Il peut s’agir de l’instabilité, du stress ou de la consommation de substances psychoactives des parents. À l’inverse, l’irritabilité, l’agitation ou l’hypotonie de l’enfant peuvent avoir un impact fort sur ses interactions avec ses parents et les relations d’attachement.
). Cependant, la disponibilité émotionnelle et la réactivité de la mère joueraient un rôle important dans ce domaine, l’insécurité réduisant ses capacités d’exploration. De la même manière, les enfants exposés in utero aux opiacés présentent une mauvaise régulation émotionnelle, avec un haut niveau d’éveil, un mauvais contrôle moteur, une tension interne, un haut tonus musculaire ; ces faits sont également observés chez les enfants de parents usagers d’opiacés.
).
). Cependant, les enfants qui présentent un retard moteur à quatre mois n’en montreraient les années suivantes que si la famille est à haut risque et peu stimulante. L’hypothèse serait donc que l’exposition à la méthadone in utero crée une vulnérabilité qui rend l’enfant plus sensible à des environnements carencés.
). Les nouveau-nés exposés in utero à la buprénorphine étaient hospitalisés moins longtemps que ceux qui avaient été exposés à la méthadone (6,8 versus 8,1 jours) ; ils étaient plus irritables, plus changeants, plus difficiles à consoler dans les premiers jours, mais cette relation s’inversait le 14e jour. Le développement psychomoteur était similaire dans les deux groupes.
). Seules quatre études ont évalué l’exposition in utero aux benzodiazépines ou aux carbamates. Les deux études rétrospectives, une évaluant 126 enfants à deux ans et l’autre 10 enfants en âge préscolaire, n’ont trouvé aucun impact sur le développement psychomoteur. L’étude prospective ayant suivi pendant 3 ans 1 870 enfants qui avaient été exposés au chlordiazépoxide ou au méprobamate in utero n’a pas trouvé de conséquence neuro-développementale. La seconde étude prospective avait suivi 17 enfants dont un présentait des troubles développementaux à 18 mois.
). Entre 1991 et 1996, 435 femmes enceintes avaient reçu un traitement psychotrope. Elles étaient comparées à 1 304 femmes enceintes à la même période et vivant dans la même région, sélectionnées aléatoirement. Les enfants âgés de sept à 10 mois ont passé le test de Boel lors d’une visite infirmière à domicile. Ce test mesure le développement psychomoteur dont l’audition, la vue et l’attention motrice. Il était plus fréquemment anormal chez les enfants exposés in utero aux psychotropes (16 %) que chez les sujets témoins (4 %). Après ajustement sur l’âge gestationnel, le poids de naissance, l’allaitement, le lieu de résidence et l’âge de l’enfant, l’exposition aux benzodiazépines in utero multipliait le risque d’anormalité du test par près de huit (OR=7,7 ; IC 95 % [3,0-19,3]). Ces résultats sont restés inchangés en excluant les enfants nés avant terme (OR=5,5 ; IC 95 % [2,5-12]).
). Cependant, la plupart de ces femmes abusaient également d’alcool, 10 d’entre elles d’autres substances illicites et toutes fumaient.
).Exposition de l’enfant et de l’adolescent aux médicaments psychotropes à risque de mésusage, d’abus et de dépendance
Prévalence de l’exposition chez l’enfant et l’adolescent
; Jain et Lacy, 2005
).Exposition aux médicaments psychotropes en France
). Les prescripteurs étaient majoritairement des médecins généralistes (63,5 %). La plupart des délivrances étaient des délivrances uniques (71 %). Seulement 15 % de ces délivrances étaient faites pour des médicaments n’ayant pas d’AMM dans cette tranche d’âge.
). Respectivement, 1,85 à 1,97 % des garçons et 2,46 à 2,62 % des filles avaient utilisé un médicament psychotrope remboursé ; et 0,21 à 0,22 % des garçons et 0,39 à 0,40 % des filles des benzodiazépines. Plus l’âge avançait, plus l’estimation de la prévalence de l’usage de psychotropes augmentait : de 0,63 à 0,67 % jusqu’à quatre ans, de 1,33 à 1,42 % de cinq à neuf ans, de 1,93 à 2,06 % de 10 à 14 ans et de 3,78 à 4,03 % de 15 à 18 ans. De zéro à quatre ans, cette prévalence est similaire dans les deux sexes ; elle est supérieure chez les garçons entre cinq et neuf ans, puis chez les filles à partir de 10 ans.
) ont mis en avant une fréquence importante de l’automédication dans ces tranches d’âge, en comparant ces estimations de prévalence aux estimations de prévalence d’usage de médicaments psychotropes rapportées par les jeunes de 17 et 18 ans dans l’étude Escapad6
de 2003 (n=15 710) et de 2005 (n=29 393). En 2005, 14,9 % de ces jeunes ont pris un psychotrope dans l’année qui précède (8 % des garçons et 22 % des filles), 7,7 % dans les 30 derniers jours (2,2 % au moins 10 prises) dont 38 % d’homéopathie ou de phytothérapie et 2,7 % ont pris un traitement psychotrope régulièrement pendant au moins six mois. En 2003, les principaux motifs d’utilisation étaient « pour se soigner » (23,3 %), l’anxiété (62,3 %), les troubles du sommeil (56,8 %), la survenue d’un traumatisme (0,8 %). Deux motifs évoquaient clairement un usage non thérapeutique : « pour se stimuler » (8,8 %), pour le plaisir (3 %). Le prescripteur était un médecin dans seulement 49,7 % des cas. Il s’agissait de la famille (28,4 %), des amis (3,1 %) et d’une initiative propre (17,5 %) dans un nombre non négligeable de cas.
). Les cinq médicaments les plus fréquents étaient des psychotropes dont le clobazam (12 %) et des doses hors AMM de diazépam (7 %). Un quart des indications était l’anxiété et 12 % l’agressivité.Exposition aux psychostimulants : position de la France
).
) réalisée en 2004, il a été estimé que 0,25-0,26 % des garçons et 0,038-0,039 % des filles âgés de trois à 18 ans avaient consommé du méthylphénidate à visée thérapeutique. Une autre étude a été réalisée à partir de la base de données de l’assurance maladie des travailleurs indépendants (RSI) concernant l’utilisation du méthylphénidate entre 2003 et 2005, chez des enfants âgés de six à 18 ans (Knellwolf et coll., 2008
). Parmi ceux qui avaient bénéficié d’au moins un remboursement au cours de l’année, la prévalence de cet usage était de 1,1/1 000 en 2003, 1,4/1 000 en 2004 et 1,8/1 000 en 2005, ce qui correspondrait à une augmentation de 63 %. Parmi les nouveaux utilisateurs, 16,6 % avaient reçu une délivrance unique et le mode d’utilisation a été considéré comme régulier pour 49,6 % d’entre eux (au moins neuf mois de traitement avec une seule interruption dans l’année, pouvant correspondre à la période des vacances scolaires estivales). La plupart des nouveaux utilisateurs étaient des garçons (85 %) et 61,5 % avaient entre 6 et 11 ans. On remarque un usage plus important dans le Sud-Est de la France.
). La progression était particulièrement importante pour les psychostimulants (0,6 à 2,4 %), tandis que l’usage de benzodiazépines demeurait stable. La prescription ambulatoire des traitements psychostimulants a été spécifiquement étudiée dans ces deux échantillons de population américaine, chez les sujets âgés de 3 à 18 ans (Olfson et coll., 2003
). En 1987, 0,9 % des enfants recevaient ces traitements contre 3,4 % en 1996. Les facteurs associés à cet usage étaient un bas niveau socioéconomique et la tranche d’âge des 12-18 ans. Les tendances étaient à l’augmentation du nombre moyen de prescriptions de stimulants (3,8 (ET 0,6) versus 5,4 (ET 0,4)) et la diminution du nombre de consultations pour ces patients (10,3 (ET 3,3) versus 3,5 (ET 0,5)). Une autre étude américaine s’est intéressée aux enfants âgés de deux à quatre ans, au travers de deux systèmes d‘assurance maladie entre 1991 et 1995 (Zito et coll., 2000
). En 1995, 12,3 enfants pour 1 000 avaient reçu un psychostimulant ; il s’agissait du méthylphénidate pour 11,1 pour 1 000.
).Conséquences cliniques de l’exposition chez l’enfant et l’adolescent
; Purper-Ouakil, 2008
).Psychostimulants
). Les effets indésirables les plus fréquents des psychostimulants sont des céphalées, une baisse de l’appétit, une perte de poids, des troubles de l’endormissement, une nervosité, une irritabilité, des douleurs abdominales, des nausées et une fatigue (Frances et coll., 2004
; Kociancic et coll., 2004
; Brown et coll., 2005
; Findling, 2008
; Purper-Ouakil, 2008
; Merkel et Kuchibhatla, 2009
). Des effets moins fréquents sont l’anxiété, des vertiges, une somnolence (Merkel et Kuchibhatla, 2009
; Merkel, 2010
). Ont également été rapportés des convulsions, des tics, une chute des cheveux, des allergies cutanées, des symptômes obsessionnels et compulsifs, thymiques et psychotiques (Frances et coll., 2004
; Merkel et Kuchibhatla, 2009
; Merkel, 2010
). Cependant, ces effets apparaissent modérés, de courte durée, sensibles aux ajustements de dose, d’horaires de la prise ou de forme galénique (Merkel, 2010
). Les effets cardiovasculaires potentiellement graves sont très rares (moins d’un cas pour 10 000) (Purper-Ouakil, 2008
). À l’interruption du traitement, il peut se manifester une tension interne, une irritabilité, des pleurs (Merkel et Kuchibhatla, 2009
).
). Les enfants en âge préscolaire pourraient présenter davantage d’effets indésirables. Ils peuvent devenir lents, fatigués, apathiques, en retrait et présenter des mouvements répétitifs (Merkel et Kuchibhatla, 2009
).
).
) semble indiquer que l’usage de psychostimulants est associé à un léger retard de poids et de taille, dose-dépendant, avec une normalisation à l’âge adulte. Il se pourrait cependant que ce retard de croissance léger et temporaire soit lié au TDAH lui-même (Kociancic et coll., 2004
).
). Par rapport à un groupe de référence, ces sujets avaient un risque accru de développer une maladie de Parkinson (HR=2,65 ; IC 95 % [1,17-5,98]). Toutefois, une étude rétrospective menée chez 88 patients présentant une maladie de Parkinson et 88 témoins a cherché les antécédents de TDAH ou d’exposition au méthylphénidate dans l’enfance (Walitza et coll., 2007
) ; elle n’a pas montré d’association entre la maladie de Parkinson et l’usage antérieur de méthylphénidate.Anxiolytiques
). Ils n’ont pourtant fait l’objet que de très peu d’essais cliniques comparatifs et randomisés, en double insu (Nash et Hack, 2002
) et leur usage est peu documenté (Younus et Labellarte, 2002
). La prescription de ces médicaments dans les troubles anxieux est limitée en raison de leurs effets indésirables rapportés dans cette population : une sédation, des troubles de la mémoire potentiellement délétères sur les performances scolaires, une altération des performances cognitives, l’accentuation des effets dépresseurs respiratoires en cas d’association avec l’alcool, une ataxie, une constipation, des vertiges, une diplopie, une hypotension artérielle et des réactions paradoxales associant désinhibition, nervosité et agressivité (Nash et Hack, 2002
; Purper-Ouakil, 2008
).Opiacés
). Les risques principaux de la méthadone chez les enfants sont la détresse respiratoire, suivie d’une anoxie cérébrale, et les troubles de la conduction cardiaque. Ceux de l’ingestion de buprénorphine sont la sédation et la détresse respiratoire, d’apparition très rapide en raison de la vitesse d’absorption. Entre 2000 et 2008, les centres anti-poison américains ont enregistré chez les enfants 2 186 expositions à la méthadone (dont 20 morts) et 1 786 expositions à la buprénorphine (sans décès).Risque de mésusage chez les enfants et les adolescents
). La prévalence de l’usage des médicaments psychotropes augmentant chez les enfants et les adolescents, le risque de mésusage s’accroît dans ces populations (Hertz et Knight, 2006
). Les phénomènes addictifs peuvent être redoutés (Younus et Labellarte, 2002
). Environ 15 millions d’américains abuseraient actuellement de médicaments, principalement les antalgiques (notamment opiacés), les barbituriques, les benzodiazépines et les psychostimulants (Collopy et Friese, 2010
).
). Le mésusage de médicaments psychotropes est plus fréquent chez les filles que chez les garçons. Il semble lié à la facilité d’accès au produit à la maison (65 % des mésusages), à la facilité d’achat sur Internet, au partage des prescriptions à l’école (47 % des mésusages), et à la croyance que les médicaments sont moins dangereux que les substances illicites (Collopy et Friese, 2010
). Le mésusage de médicaments psychotropes entraîne un risque de surdosage aigu ou subaigu avec de nombreux effets psychiques et somatiques et un risque d’abus et de dépendance. Dans la National Survey on Drug Use and Health, le mésusage de psychostimulants concerne surtout les jeunes âgés de 12 à 25 ans et 13 % d’entre eux remplissent les critères diagnostiques d’abus ou de dépendance (Kroutil et coll., 2006
). Une étude a été menée chez 24 409 adolescents et jeunes adultes américains, âgés de 16 à 25 ans, interrogés chez eux pendant un entretien d’une heure en 2003 (2003 NSDUH). Environ 10 % reconnaissaient avoir utilisé des psychostimulants (10,5 % des garçons et 9,6 % des filles) et 7,6 % mésusaient de médicaments psychostimulants (Wu et coll., 2007
). Le mésusage de médicaments psychostimulants débutait à un âge plus précoce et survenait plus fréquemment chez les étudiants que l’usage de substances illicites. Les médicaments les plus mésusés étaient le méthylphénidate, les anorexigènes et la dexedrine.
). Les facteurs de risque d’abus et de dépendance chez les adolescents souffrant d’un TDAH sont un trouble bipolaire, un trouble du comportement alimentaire, un TDAH sévère, des comportements de type antisociaux et un arrêt de la scolarité (Kollins, 2008
). Il a été suggéré que l’initiation d’un traitement à l’adolescence ou à l’âge adulte pouvait augmenter le risque d’abus ou de dépendance. Il apparaît cependant que lorsque les psychostimulants sont utilisés aux dose et fréquence recommandées, ils sont peu susceptibles d’induire un mésusage (Kollins, 2008a
et b
).
). Les médicaments psychotropes correspondaient à 16 % des cas enregistrés, les plus fréquemment retrouvés étant les benzodiazépines (51,6 %).Exposition précoce et risque de dépendance ultérieure
; Volkow et Swanson, 2008
). Cependant, le TDAH étant lui-même un facteur de risque important de dépendance aux substances, il a également été suggéré que son traitement pouvait inverser cette tendance et réduire ce risque de 85 % (Biederman et coll., 1999
).
). Cette étude montrait un risque accru de dépendance à la nicotine, à la cocaïne et aux stimulants à l’âge adulte lorsque les enfants avaient été traités par psychostimulants. Elle souffrait cependant de plusieurs biais méthodologiques. Tout d’abord, ces enfants présentaient des comorbidités multiples qui n’étaient pas prises en compte dans les analyses statistiques. Or, ces comorbidités représentent des biais de confusion fréquents, comme on le verra ultérieurement. De plus, la méthodologie ne permettait pas de distinguer l’impact de la pathologie et celui du traitement.
) ont suivi 717 enfants traités par méthylphénidate jusqu’à l’âge de 11 ans sans trouver d’impact de l’exposition au méthylphénidate sur le risque ultérieur de dépendance (Chilcoat et Breslau, 1999
). Cependant, l’âge de 11 ans est probablement insuffisant pour observer un tel phénomène. De la même manière, l’équipe de Biederman (1999
) a suivi des enfants traités par stimulants et autres traitements du TDAH pendant quatre ans (Biederman et coll., 1999
). Le traitement permettait de réduire le risque d’abus ou de dépendance mais l’âge atteint par les enfants au terme du suivi était probablement insuffisant.
). Les enfants n’avaient pas reçu d’autres traitements psychotropes et les deux groupes ne différaient pas entre eux en termes d’âge de diagnostic, de sexe et de caractéristiques cliniques telles que l’impulsivité, les troubles des conduites ou de l’attention.
) a suivi pendant neuf ans 177 enfants jusqu’à l’âge de 15 ans (Burke et coll., 2001
). Un traitement par méthylphénidate accroissait le risque de dépendance ultérieure au tabac mais cette association disparaissait lorsque l’existence d’un trouble des conduites était prise en compte. Une étude prospective a suivi pendant 13 ans 147 enfants présentant un TDAH, âgés de quatre à 12 ans, et 73 enfants de référence (Barkley et coll., 2003
). Ils étaient évalués à deux reprises entre 12 et 20 ans et entre 19 et 25 ans (âge moyen de 21 ans). Dans cette étude, les traitements stimulants pendant l’enfance ou l’adolescence n’étaient pas associés aux troubles liés à l’usage de substances à l’âge adulte, à la fréquence de l’expérimentation, ni à la fréquence de l’usage. De même, la durée du traitement n’était pas associée aux abus ou dépendance ultérieurs. L’usage de stimulants sur la période du lycée semblait augmenter l’usage de la cocaïne mais cette association disparaissait dès que la sévérité du TDAH et l’existence de troubles des conduites étaient prises en compte. L’usage de stimulants durant l’enfance pourrait protéger contre les abus d’hallucinogènes à l’âge adulte.
). L’existence d’une consommation de substances était évaluée à un âge moyen de 22 ans, en termes d’âge de première expérimentation, d’abus ou de dépendance. Les substances étudiées étaient le tabac, l’alcool et un ensemble composé de cannabis, cocaïne, amphétamines, sédatifs, hallucinogènes, opiacés, stéroïdes, colle, ecstasy, médicaments anorexigènes ou hypnotiques obtenus sans prescription. Les trois-quarts des patients avaient utilisé du méthylphénidate au cours de leur vie et 22 % étaient traités par méthylphénidate lors de l’évaluation à 10 ans. La durée moyenne d’exposition était de six ans (ET=4,7) et l’âge de début de 8,8 ans (ET=3,5). Il n’existait aucune association dans cette étude entre un traitement par méthylphénidate et un trouble lié à l’utilisation de substances, ni entre l’âge d’exposition ou la durée d’exposition et la survenue d’un abus ou d’une dépendance. L’équipe de Paternite (1999
) avait déjà montré l’absence d’association entre la durée ou le dosage des traitements psychostimulants et le risque ultérieur de troubles liés à l’utilisation d’alcool ou d’autres substances (Paternite et coll., 1999
).
). Les enfants souffraient d’un TDAH avec un retentissement scolaire et familial, mais sans trouble des conduites. Ils étaient recrutés entre 1970 et 1977. Quatre types de troubles liés à l’usage de substances ont été considérés au cours de deux phases de suivi, la fin de l’adolescence (moyenne d’âge=18,4 ans ; ET=1,3) et le début de l’âge adulte (moyenne d’âge=25,3 ans ; ET=1,3) : substance quelconque ; alcool ; substances autres que l’alcool ; stimulants. Chez les sujets atteints de TDAH, il était retrouvé 45 % de troubles liés à l’usage de substances, 28 % d’alcool, 37 % de substances autres que l’alcool et 24 % de stimulants. Les analyses statistiques prenaient en compte l’âge de début de l’exposition au méthylphénidate, la dose cumulée, la durée de traitement, le QI, la sévérité du TDAH, le statut socioéconomique et les antécédents psychiatriques parentaux. La seule association retrouvée concernait l’âge de début du traitement et les troubles liés à l’usage de substances autres que l’alcool ; plus le traitement était tardif, plus le risque de troubles liés à l’usage de substances était élevé. Cependant, cette association disparaissait lorsque l’on ajoutait dans le modèle l’existence d’un trouble de la personnalité de type antisocial. Une des limites de cette étude est liée à son interprétation ; les troubles pourraient être liés à un âge de début tardif d’exposition mais également à la durée de maladie non traitée.
). Il s’agit d’études observationnelles sans randomisation du traitement et il se peut que les populations traitées et non traitées ne soient pas comparables. Ces études, pour la plupart, concernent de petits effectifs. L’exposition au méthylphénidate est limitée dans le temps, parfois non documentée de manière précise, et les enfants pourraient avoir été exposés dans l’enfance et non au cours de l’adolescence, période qui pourrait entraîner une plus grande vulnérabilité.
). Ces enfants étaient randomisés en deux groupes : traitement médicamenteux et absence de traitement médicamenteux. Ces groupes étaient comparables pour la sévérité du trouble et les comorbidités. Cette étude a rapporté un effet protecteur du traitement vis-à-vis des troubles liés à la consommation de tabac, stimulants, inhalants, opiacés et alcool. De même, l’équipe de Milberger (1997
) retrouve une diminution de la consommation de tabac chez les adolescents traités, tous les traitements étant considérés ensemble (Milberger et coll., 1997
). Il n’existait pas d’association entre les traitements pendant l’enfance et la consommation de tabac à l’adolescence. Dans une étude prospective et randomisée (Mannuzza et coll., 2003
), des enfants âgés de sept à 12 ans souffrant uniquement d’un trouble d’apprentissage de la lecture ont été randomisés en deux groupes, un groupe méthylphénidate et un groupe placebo. Ces traitements duraient 12 à 18 semaines. Seize ans plus tard, à un âge moyen de 26 ans, il n’était pas retrouvé d’association entre le type de traitement et la prévalence, l’âge de début, la durée ou le nombre de rechutes des troubles liés à l’usage d’une substance psychoactive.
) a été conduite sur six études ayant suivi des enfants jusqu’à l’adolescence ou un âge adulte jeune et pour lesquels la sévérité du TDAH était renseignée (Lambert et Hartsough, 1998
; Biederman et coll., 1999
; Huss
, communication personnelle7
; Molina et coll., communication personnelle8
; Paternite et coll., 1999
; Lambert, 2002
; Loney et coll., 2002
; Wilens, 2002
). Elle incluait 674 enfants traités par psychostimulants et 360 enfants référents, suivis pendant au moins quatre ans. Les enfants qui présentaient un TDAH traité par psychostimulant avaient un risque de développer ultérieurement un trouble lié à l’usage de substances divisé par près de deux (OR=1,9 ; IC 95 % [1,1-3,6]), alcool ou autres substances (hors nicotine), par rapport aux enfants hyperactifs sans traitement pharmacologique. Cette réduction du risque était plus marquée à l’adolescence (OR=5,8) que chez les adultes jeunes (OR=1,4).
; Kollins, 2008
). Des traitements non stimulants pourraient être envisagés chez les patients à haut risque d’addiction, même si les psychostimulants peuvent s’avérer bénéfiques sur les deux types de troubles.Bibliographie
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