Vignette (© Stéphane Flamant).
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Med Sci (Paris). 40(8-9): 634–642. doi: 10.1051/medsci/2024096.Les micro-ARN comme biomarqueurs des lésions radio-induites 1Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire – IRSN, PSE-SANTE/SERAMED
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Fontenay-aux-Roses
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France Corresponding author. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Rayonnements ionisants et lésions radio-induites : physiopathologie, diagnostic et enjeux contemporains L’exposition à de fortes doses de rayonnements ionisants (RI) induit des dommages cellulaires et moléculaires directs, tels que des cassures doublebrin de l’ADN ou la modification de structures protéiques, et indirects, via la formation massive de radicaux libres et la radiolyse de l’eau. Une irradiation aiguë ou chronique, ou une contamination, dans le cadre d’un accident radiologique ou d’un acte malveillant (sources radioactives orphelines, menace NRBC 1 , accidents de radiologie médicale, industriel, ou électronucléaire) peut induire l’apparition de lésions radiologiques. Ces lésions sont complexes et peuvent toucher de nombreux organes, tout particulièrement lors d’une contamination interne ou d’une exposition du corps entier. Deux types d’effets sont attendus lors d’une exposition aux RI : d’une part, les effets déterministes, ou effets tissulaires, qui se manifestent à partir d’une dose seuil et dont la sévérité est proportionnelle à la dose reçue (tels que le syndrome aigu d’irradiation, ou SAI ; les brûlures radiologiques) ; et d’autre part, les effets stochastiques, sans seuil, dont la probabilité d’apparition à long terme sera proportionnelle à la dose reçue (tels que les cancers). On distingue deux catégories d’irradiations externes : l’irradiation globale de l’organisme, dite « corps entier » ; et l’exposition partielle et localisée. Dans les deux cas, l’urgence médicale conventionnelle prime. L’urgence radiologique consistera en l’évaluation de la dose reçue et des conséquences sanitaires potentielles [ 1 ]. L’exposition corps entier peut induire un SAI dont la sévérité dépend de la dose reçue, de la durée d’exposition ainsi que du volume et de la nature des organes les plus exposés (distribution de la dose dans le corps). L’évolution du SAI comprend quatre phases, une phase prodromique de quelques heures, une phase de latence clinique asymptomatique, d’une à trois semaines, une phase d’état où les symptômes vont se matérialiser en fonction de la dose absorbée, en reflétant les atteintes tissulaires au niveau des différents organes, et, enfin, une phase de résolution pouvant se prolonger pendant plusieurs mois ( Figure 1 ). Cliniquement, le SAI se caractérise à partir de doses d’1 à 2 Gray (Gy) 2 , par des nausées, des vomissements, des sécheresses buccales et des syndromes hématopoïétiques (anémie, lymphopénie). L’exposition à des doses très élevées, de l’ordre de 5 à 10 Gy, vient ajouter des syndromes gastro-intestinaux et pulmonaires associés à un risque de mortalité élevée (diarrhées, fièvres, insuffisances respiratoires). Chez l’homme, aucun effet clinique n’est décelable en dessous d’une dose de 1 Gy et la dose létale 50 du SAI est de 4,5 Gy. ( Figure 1 ). Outre les traitements symptomatiques, le traitement de référence consiste à limiter l’aplasie médullaire via l’injection de facteurs de croissance et, éventuellement, une greffe de moelle osseuse [ 2 ].
L’exposition localisée aux RI peut conduire au développement d’une brûlure radiologique. Cette lésion très algique se traduit par une phase initiale érythémateuse transitoire, suivie d’une phase de latence plus ou moins brève en fonction de la dose reçue, puis d’une phase d’état, dont la sévérité est proportionnelle à la dose de rayonnement absorbée : desquamation sèche, desquamation humide, ulcération, voire atteintes et nécrose des tissus sous-jacents, au-delà de 25 Gy. Le traitement de référence pour les cas les plus sévères associe l’exérèse des tissus nécrosés, un traitement local par facteurs de croissance et une greffe de peau combinée à une thérapie cellulaire [ 3 ]. Le suivi des lésions radio-induites est problématique car leur évolution est très aléatoire, à la fois dans le temps et l’espace, des reprises inflammatoires et des nécroses pouvant survenir plusieurs années après une apparente rémission. À l’heure actuelle, la confirmation de l’irradiation est exclusivement réalisée au travers d’analyses de dosimétries biologique et physique, ou, plus tardivement, lors de l’apparition des premiers signes cliniques [ 1 , 2 ]. Ces méthodes, qui ont pour but d’estimer la dose reçue, peuvent être complétées d’un questionnaire permettant d’orienter le triage des victimes dans un contexte de crise ou d’accident. Il existe deux techniques majeures de dosimétrie biologique : la cinétique de déplétion des lymphocytes et l’évaluation cytogénétique des aberrations chromosomiques (chromosomes dicentriques, translocations), cette dernière étant la plus sensible et la plus spécifique des deux méthodes [ 4 – 6 ]. Dans certains cas, ou pour des irradiations localisées particulières, ces techniques de dosimétrie peuvent être combinées à d’autres examens, comme le dénombrement des foyers J-H2AX 3 , associés aux cassures double brin de l’ADN, ou le dosage sanguin de l’amylase, pour une irradiation des glandes salivaires, et de l’hormone folliculostimulante, pour une irradiation des gonades. Plus tardivement, la dosimétrie physique consistera à reconstituer expérimentalement la dose reçue en utilisant des outils de simulation/modélisation et à analyser rétrospectivement les phanères des victimes, grâce à la spectroscopie par résonance paramagnétique électronique [ 1 ]. Ces techniques sont robustes et fiables mais leur mise en œuvre nécessite du temps ainsi qu’un personnel formé et expérimenté à la réalisation de nombreuses mesures complexes. Leur utilisation est aussi restreinte par certaines contraintes, l’évaluation des foyers γ-H2AX n’étant, par exemple, pas applicable au-delà de 2 à 3 heures après l’irradiation. La cytogénétique, dont les aberrations restent quantifiables pendant plusieurs mois/années, est quant à elle contrainte par des seuils de dose, compris entre 0,1 et 5 Gy pour le dénombrement des chromosomes dicentriques. Le système hématopoïétique étant l’une des composantes les plus radiosensibles de l’organisme, la numération de la formule sanguine est l’approche la plus rapide et la plus simple. Réalisable hors des centres hospitaliers, la caractérisation de la lymphopénie réalisée dans les premières 24 à 48 heures après l’exposition, permet de participer au tri initial des individus exposés. Toutefois, cette méthode de dosimétrie n’est applicable qu’en cas d’irradiation homogène du corps entier, pour des doses supérieures à 0,5 Gy, et nécessite des prélèvements réguliers pendant plusieurs jours, conditionnant son utilisation. Ainsi, face aux risques de perte ou de vol de sources radioactives industrielles ou d’accidents de radiologie médicale, couplés à la relance de la production électronucléaire en France et à la menace nucléaire et radiologique liée aux contextes géopolitiques, de nouvelles méthodes de pronostic et de diagnostic sont nécessaires afin d’améliorer l’identification et la prise en charge médicale des individus exposés. La réponse à ce besoin nécessite le développement de tests rapides et non invasifs se fondant sur la détection de biomarqueurs moléculaires issue d’analyses de type « omiques » (métabolomique, protéomique ou transcriptomique), en particulier en situations de crise et d’urgence de masse au cours desquelles les ressources médicales sont limitées [ 7 ]. En outre, les techniques actuelles se limitent à une estimation de la dose reçue par un individu, sans présumer du degré d’atteinte. Or, le développement de marqueurs moléculaires associés aux lésions radioinduites pourrait permettre d’anticiper la sévérité de ces atteintes et de discriminer les formes légères des formes graves, en prenant en compte la radiosensibilité individuelle, optimisant ainsi l’allocation des ressources médicales et le suivi clinique des patients au cours du temps. L’utilisation des micro-ARN (miARN) comme biomarqueurs des lésions radio-induites semble ainsi particulièrement indiquée pour répondre à ces exigences. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Les miARN sont de courts ARN non codants d’une vingtaine de nucléotides impliqués dans la régulation post-transcriptionnelle de l’expression des gènes [ 8 ]. Ils induisent la dégradation, le blocage, ou exceptionnellement l’activation, de la traduction de l’ARN messager qu’ils ciblent par complémentarité de séquence. Environ 2 600 miARN, aux activités pléiotropes et redondantes, régulent l’expression des gènes humains. Chaque miARN interagit avec plusieurs dizaines d’ARN messagers et chaque ARN transcrit est la cible potentielle de nombreux miARN (recensés dans la base de données miRBase v22.1 4 ). Leur participation active aux mécanismes impliqués dans l’apparition de diverses maladies, cutanées, musculaires ou encore osseuses, a fait l’objet de nombreuses études [ 9 , 10 ] et a rapidement suscité un intérêt pour leur utilisation comme biomarqueurs de perturbations physiopathologiques [ 11 ] (→). (→) Voir la Synthèse de S. Baulande et al ., m/s n° 3, mars 2014, page 289 En effet, les miARN présentent de nombreuses caractéristiques propices à leur utilisation comme biomarqueurs cliniques : leur production varie en réponse aux stimulus biologiques et ils participent à de nombreuses boucles de rétrocontrôle de gènes. Leur expression peut être observée et quantifiée quelques dizaines de minutes après une altération pathologique, et aussi longtemps que la condition perdure [ 12 , 13 ]. Ils sont abondants dans le sang, mais sont aussi présents dans les urines et la salive, des fluides biologiques accessibles par un prélèvement rapide et peu invasif. La quantité et la nature des miARN présents dans le sang (ou miARN circulants) reflète à la fois les changements métaboliques des populations de cellules myéloïdes, lymphoïdes et endothéliales, et les altérations des différents tissus de l’organisme. Les miARN peuvent en effet rejoindre la circulation sanguine associés à des complexes protéiques ou lipidiques, dans des vésicules extracellulaires, mais aussi à la suite de processus tels que l’apoptose, la nécrose ou l’autophagie [ 14 , 15 ] ( Figure 2 ). Bien que la majorité des miARN soient exprimés de façon ubiquitaire, l’expression de certains d’entre eux est spécifique d’un ou plusieurs tissus [ 16 ]. Ainsi, les myomiR, miR-1, miR-133a et miR-206, sont des miARN myogéniques qui ne sont exprimés que dans les tissus musculaires ; miR-9 et miR-124 sont spécifiques du tissu encéphalique ; et miR-216/217 et miR-122 sont respectivement spécifiques des tissus pancréatiques et hépatiques. Cette spécificité d’organe permet l’utilisation des miARN circulants comme témoins, au niveau systémique, d’une altération pathologique localisée, avec, parfois, de meilleures performances que les tests cliniques classiquement employés pour diagnostiquer ces maladies [ 17 , 18 ]. Les miARN présentent aussi des avantages par rapport à l’utilisation des ARNm comme biomarqueurs, car leur détection est plus sensible et ils sont plus stables, notamment grâce à leur résistance intrinsèque aux endonucléases [ 19 ]. Enfin, l’importante conservation de leurs séquences, au cours de l’évolution, facilite le transfert de techniques et de connaissances entre les études précliniques, réalisées chez l’animal, et celles cliniques, chez l’homme. La biodisponibilité des miARN circulants, couplée à leur sensibilité biologique en réponse à différents facteurs de stress endogènes ou exogènes, permet ainsi une utilisation théoriquement immédiate de ces marqueurs moléculaires à des fins de diagnostic et de pronostic. Depuis le milieu des années 2000, des études en cancérologie ont ainsi démontré que l’expression différentielle de certains miARN pouvait être utilisée comme biomarqueur pour discriminer un individu sain d’un individu développant une tumeur, voire même pour pronostiquer le type et l’origine tissulaire de cette tumeur [ 20 , 21 ] (→). C’est le cas de miR-21, un inhibiteur de plusieurs gènes suppresseurs de tumeurs, possédant une activité favorisant la prolifération et la chimiorésistance des cellules tumorales, qui est surexprimé dans les compartiments intraet extracellulaires de différents types de cancers, tels que les cancers du sein ou de la prostate [ 22 ]. (→) Voir la Nouvelle de A. Kahn, m/s n° 8-9, août-septembre 2005, page 687
L’utilisation des miARN peut dépasser le cadre du diagnostic. Certaines études ont en effet montré la pertinence de leur utilisation dans l’évaluation de la réponse à un traitement thérapeutique. Le niveau d’expression de la paire miR-181/miR-648 reflète, par exemple, l’efficacité du traitement du glioblastome multiforme et est prédictif du taux de survie des patients [ 23 ]. Certains miARN ont par ailleurs émergé comme une nouvelle classe d’agents thérapeutiques. En effet, de nombreuses stratégies se fondant sur la restauration de l’expression des miARN sous-exprimés ou, au contraire, sur l’inhibition de ceux qui sont surexprimés, en conditions pathologiques, ont montré une efficacité remarquable, comme dans le traitement des carcinomes hépatocellulaires via l’utilisation d’un anti-miR-122 5 , premier miARN dont l’intérêt a été révélé dans une étude clinique en 2008 [ 24 ] (→). (→) Voir la Synthèse de A. Gougelet et S. Colnot, m/s n° 10, octobre 2013, page 861 Les travaux se poursuivent actuellement pour améliorer les techniques de délivrance des miARN afin d’optimiser leur stabilité dans l’organisme, leur adressage à un tissu cible ou encore minimiser leur toxicité. Quelques dizaines de kits utilisant des miARN comme biomarqueurs sont actuellement commercialisés dans le monde pour le diagnostic de l’ostéoporose, du cancer de la thyroïde, ou encore de maladies cardiovasculaires, et plusieurs centaines d’essais cliniques sont en cours (clinicaltrials.gov, avril 2024) [ 25 ]. Des difficultés subsistent néanmoins, liées au manque de spécificité de certains miARN, dont l’expression peut être modulée par d’autres comorbidités, à la nature des échantillons utilisés (sang, sérum, plasma, type d’anticoagulant, etc.), et à l’absence de normalisation standardisée, responsable de problèmes de reproductibilité entre études [ 26 ]. Ainsi, la modulation du miR-146a a été associée à des infections d’origines multiples et décrit comme biomarqueur de chacune d’entre elles. Il a été démontré par la suite que ce miARN intervient dans le rétrocontrôle temporel de la réponse inflammatoire induite par les infections, sans être spécifique de l’une d’entre elles en particulier [ 27 ]. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le caractère insidieux associé à la phase de latence des lésions radio-induites est un facteur limitant la prise en charge optimale des individus exposés. Depuis quelques années, les miARN sont considérés comme des marqueurs prometteurs des effets des RI sur la santé. Les études précliniques en radioprotection ont permis de mettre en évidence plusieurs signatures moléculaires fondées sur les niveaux d’expression des miARN, permettant d’estimer de façon fiable la dose reçue, la mortalité et plus globalement l’état clinique des individus exposés [ 28 ] ( Figure 2 ). La première étape de cette identification a été d’évaluer l’impact des RI sur l’expression des miARN à l’échelle cellulaire et à l’échelle tissulaire. Dès 2006, Ishii et al . ont observé l’augmentation de l’expression de 17 miARN par des cellules souches embryonnaires de souris, deux heures après avoir été irradiées à 7,5 Gy [ 29 ]. Ils montrèrent, en revanche, que dans une population de fibroblastes exposés à la même dose, l’expression de ces miARN n’évoluait pas, suggérant des réponses différentes en fonction du degré de différenciation cellulaire. Dans des cellules endothéliales humaines, l’expression de nombreux miARN était également augmentée ou diminuée différemment à la suite d’une irradiation de 2 Gy [ 30 ]. Dans cette même étude, le rôle de ces différents miARN sur la radiosensibilité cellulaire a été étudié, en les surexprimant ou en les inhibant artificiellement via l’utilisation de séquences analogues ou d’oligonucléotides antisens synthétiques. Les auteurs ont alors observé que la surexpression de miR-125a et de miR-189 avait un effet radioprotecteur, tandis que l’inhibition de miR-127 et de let-7g augmentait la radiosensibilité des cellules, en réduisant leurs capacités de prolifération après une exposition. Certaines études ont par ailleurs mis en évidence la persistance de l’expression de miARN associés aux processus inflammatoires, tels que miR-21 dans l’hippocampe, jusqu’à un an après irradiation, et cela, dès une faible et unique dose de 0,5 Gy [ 31 ]. Ces résultats, obtenus essentiellement in vitro , ont permis de confirmer la sensibilité temporelle à court et long terme des miARN dès 2 heures après une exposition aux RI. À la suite de ces différentes observations, le potentiel des miARN comme biomarqueurs dosimétriques sanguins a donc été exploré. Une étude menée chez la souris a confirmé la sensibilité de certains miARN à un gradient de doses d’irradiation, de 1 à 8 Gy, notamment du miR-150 dont l’expression est inversement proportionnelle à la dose reçue [ 32 ]. Cui et al . ont également montré l’existence de signatures miARN particulières capables de discriminer des animaux exposés aux irradiations (0,5/2/10 Gy) de ceux non exposés, 6 h (avec 35 miARN) et 24 h (avec 9 miARN) après l’irradiation [ 33 ]. En particulier, les variations observées de miR-150 ont permis de générer un modèle capable de déterminer, avec une incertitude de ± 1,8 Gy, la dose qui avait été reçue lors d’une exposition corps entier (entre 0,5 et 8 Gy), dans un modèle murin préclinique mais aussi chez l’homme, lors d’irradiations fractionnées reçues en radiothérapie [ 34 ] ( Tableau I ). La recherche sur les effets des irradiations sur l’expression des miARN a progressivement évolué. Elle tend désormais à l’établissement de signatures miARN permettant l’estimation de la sévérité des lésions radio-induites et la réalisation de diagnostics différentiels. Ainsi, Acharya et al . ont mis en évidence, dans le sérum, une signature miARN (impliquant miR-126, miR-150, miR-342, miR-151, miR-139, miR-142, miR-30a et miR-30c) permettant, dès 24 h après l’irradiation, de discriminer parmi les souris ayant reçu des doses corps entier létales (8 Gy) et sublétales (6,5 Gy), deux groupes d’animaux pourtant cliniquement indistinguables [ 35 ]. Ces auteurs ont également montré, en utilisant des agents radioprotecteurs et des agents radiomitigateurs, respectivement en amont et en aval de l’irradiation, que l’expression de ces miARN était spécifique de la sévérité du SAI développé ultérieurement par les animaux, et non uniquement de la dose reçue. Ces résultats ont ensuite été validés dans un modèle de primate nonhumain (PNH) [ 36 ] dans lequel Menon et al . ont identifié une baisse de l’expression de miR-150 proportionnelle à la dose reçue, et également corrélée à la déplétion en lymphocytes et en neutrophiles, dès 1 Gy et 24 h après l’irradiation [ 37 ]. Certains miARN, spécifiquement produits lors d’une réponse inflammatoire aiguë, étaient surexprimés dans ces conditions. Dans un modèle de PNH exposés corps entier à des doses de 2,5 et 5 Gy, l’expression, dans les premières 48 heures après l’exposition, d’une trentaine de miARN par les cellules circulantes était caractéristique de l’apparition d’un SAI, et 6 miARN étaient particulièrement prédictifs du développement d’une pancytopénie 6 , 10 jours après l’irradiation [ 38 , 39 ]. De façon similaire, Rogers et al . ont identifié chez le PNH, 48 h après exposition corps entier, une signature de 11 miARN circulants pronostiques d’une neutropénie [ 40 ]. Plus récemment, l’évolution de l’expression des miARN, dans les 4 premiers jours suivant une exposition à la dose de 7,2 Gy, a été étudiée [ 41 ]. La régulation transitoire et discontinue de certains miARN, observée dans les 24 premières heures, a ainsi conduit à choisir, comme candidats pour le suivi, des miARN dont l’expression est la plus stable possible dans le temps. De plus, l’administration d’Ex-Rad, un agent radioprotecteur, permet de restaurer partiellement les niveaux d’expression de plusieurs miARN.
Dans un modèle de cochon nain, Chakraborty et al . ont montré que la majorité des miARN, dérégulés suite à une exposition aux RI, présentait une homologie de séquence avec des miARN humains, regroupés sous le terme miRnome [ 42 ]. Ces résultats de recherche préclinique ont été confirmés en 2023 par une étude prospective multicentrique réalisée chez l’homme, montrant pour la première fois, chez 25 patients ayant subi une irradiation corps entier préparatoire à une greffe de moelle osseuse, la radiosensibilité et la conservation inter-espèce de plusieurs miARN qui avaient été précédemment identifiés dans les modèles précliniques [ 43 ]. Le suivi d’un panel de 3 miARN (miR-150, miR-30b et miR-320c) a ainsi montré de bonnes performances pour identifier 24 heures après irradiation, les patients irradiés ou pas. De même, le dosage de 5 miARN permettait de discriminer entre les faibles et les fortes doses reçues (2-4 Gy et 12 Gy). L’ensemble de ces études confirment la pertinence clinique de l’utilisation des miARN comme biomarqueurs d’une exposition corps entier aux RI ( Tableau I ). Cependant, de nombreux miARN sont des marqueurs de perturbations d’organes ou de fonctions biologiques particulières, comme miR-150, présent en quantité abondante dans les lymphocytes et reflétant le fonctionnement du système hématopoïétique [ 34 ]. Cette spécificité restreint donc le champ d’application de ces miARN, envisagés dans les signatures corps entier, qui pourraient ne pas s’appliquer dans le cadre d’une exposition localisée dans laquelle les niches hématopoïétiques seraient moins atteintes. Plusieurs études ont donc cherché à identifier des signatures qui puissent être valables pour des irradiations hétérogènes du corps. Deux études, menées sur une même cohorte de PNH, ont identifié plusieurs miARN prédictifs à la fois du taux de survie, lors d’une irradiation du thorax, et du risque de développement d’épanchements pleuraux [ 44 , 45 ]. Des corrélations entre l’expression de certains miARN et le risque de mortalité précoce ont aussi été établies. Enfin, dans un modèle murin de brûlure radiologique, une signature de 8 miARN capables de discriminer, deux semaines après l’exposition, les groupes d’animaux ayant été irradiés ou pas, ainsi que ceux ayant développé une lésion sévère ou modérée, a été identifié [ 46 ]. Les preuves de concept apportées par ces différentes observations, renforcent la pertinence et l’intérêt des miARN pour le diagnostic des lésions radio-induites localisées. De plus, elles permettent d’envisager leur utilisation, à des temps très précoces, comme marqueurs pronostiques des lésions ( Figure 2 ). Néanmoins, l’établissement d’une signature universelle à des fins de pronostic clinique reste difficile. Les modèles expérimentaux utilisés pour établir la validité des miARN sont en effet très variables entre les études, avec par exemple la délivrance de doses uniques ou de doses fractionnées. D’autres facteurs de variabilité interviennent également, comme le débit de dose appliquée, la qualité du rayonnement, la nature de la source, ou son mode d’étalonnage dans l’eau ou dans l’air. Tous ces paramètres ont une incidence sur les modèles expérimentaux et modulent la dose réellement délivrée, bien que certaines études semblent montrer l’absence de différence de régulation des miARN suite à une exposition à des RI de faible ou de haute énergie, ou de natures différentes (rayons gamma, neutrons) [ 31 , 34 ]. De plus, une forte variabilité d’expression des miARN a été observée entre des souris de trois lignées murines consanguines ayant pourtant subi un protocole d’irradiation similaire, révélant le l’impact du fond génétique dans la réponse des animaux [ 47 ]. Une méta-analyse, publiée en 2020 à partir de 25 articles originaux s’appuyant sur des modèles reposant sur la souris, les PNH et l’homme, a cependant révélé 7 miARN circulants communs aux trois organismes et dont les variations d’expression étaient associées à une irradiation [ 48 ]. Prendre en compte, préférentiellement, les associations entre les niveaux d’expression des miARN et la sévérité clinique observée, et non la dose reçue, évite d’introduire des biais quant à la dose réellement délivrée [ 35 , 36 , 46 ]. Finalement, l’identification de candidats miARN, dont l’expression dans le temps serait concomitante à l’évolution des lésions radio-induites, pourrait permettre de suivre le rétablissement des individus irradiés et, ainsi, promouvoir l’utilisation du dosage des miARN dans un plus large spectre, du contexte accidentel jusqu’au suivi des patients en radiothérapie. En effet, bien que l’expression de certains miARN soit très transitoire, d’autres persistent après l’irradiation (plusieurs dizaines de jours), offrant une fenêtre étendue pour pronostiquer la sévérité clinique des lésions radio-induites [ 35 , 41 , 49 ]. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Les travaux en recherche préclinique et les résultats encourageants des premières études réalisées chez l’homme renforcent la pertinence de la recherche de signatures miARN capables de pronostiquer les lésions radio-induites. Le transfert en clinique des preuves de concept est cependant conditionné par l’établissement de signatures moléculaires fortes et de méthodes de normalisation permettant d’obtenir des résultats robustes et reproductibles, indépendamment du sexe, de l’âge ou de la nature du rayonnement, et, idéalement, dans des délais moins contraignants que ceux des techniques de dosimétrie classiquement employées. Ces nouveaux outils permettront alors un pronostic rapide et précoce des lésions radio-induites lors d’actes malveillants ou d’accidents industriels de grande envergure, ainsi que le suivi de l’évolution de ces lésions au cours du temps. Ces informations pourront s’avérer décisives pour la prise en charge des patients exposés aux radiations et le continuum de soins apporté, tout particulièrement en situation de crise, que ce soit lors du traitement d’un SAI ou d’une brûlure radiologique. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article . | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ce travail a été réalisé avec le soutien d’Électricité de France (EDF), de la Direction Générale de l’Armement (DGA), et de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) . | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
2
Trois unités sont fréquemment utilisées dans le domaine du nucléaire : le Becquerel (Bq), le Gray (Gy) et le Sievert (Sv). Le Becquerel mesure l’activité (nombre de désintégration par seconde) de la matière radioactive. Anciennement, l’unité de mesure utilisée était le Curie (Ci). Le Sievert (Sv) permet d’évaluer l’impact du rayonnement sur la matière vivante. Le Gray mesure la dose physiquement « absorbée » par la matière. Elle représente l’énergie absorbée par un kilogramme exposé à un rayonnement ionisant apportant une énergie d’1 joule : 1 Gy = 1 J/kg. Anciennement, l’unité de mesure utilisée était le rad (1 gray = 100 rad) (source : IRSN).
3
Il s’agit de la forme phosphorylée de l’histone H2AX qui s’accumule très rapidement autour des cassures double brin de l’ADN (ndlr).
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