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Med Sci (Paris). 40(6-7): 555.
doi: 10.1051/medsci/2024081.

Trans…

Hélène Gilgenkrantz1*

1Centre de recherche sur l’inflammation, Inserm U 1149, université Paris Cité, faculté de mé decine, site Bichat, Paris, France
Corresponding author.
 

D’origine latine, signifie de l’autre côté. En biochimie, une molécule dite « trans » est un isomère dans lequel les groupes d’atomes portés par les carbones unis par une double liaison sont situés de part et d’autre d’un plan de symétrie. Par opposition, une molécule dite « cis» a une configuration géométrique où les groupes d’atomes sont du même côté de la double liaison. En génétique moléculaire, on parle de régulation en « trans » lorsqu’un facteur de transcription se fixe sur des séquences d’ADN à proximité ou parfois à distance du gène à contrôler – d’où les termes de « transactivation » ou « transrépression » en fonction de l’effet sur la transcription. A contrario, les séquences d’ADN reconnues par ces facteurs agissent en « cis ». La langue anglaise, beaucoup plus adaptée à la compaction des phrases, utilise pour cela les termes de « trans-acting » ou « cis-acting ». Cette régulation permet une grande diversité, puisqu’un même facteur « trans » peut agir sur de multiples régions « cis ».

Utilisé en préfixe, trans indique une traversée, un cheminement, comme dans le verbe transporter, ou le mot transatlantique, qui nous porte ailleurs, plus loin, de l’autre côté… Si le terme trans est une apocope1, désignant toute personne transsexuelle ou transgenre qui ne s’identifie pas à son sexe de naissance, au-delà de la binarité sexuelle, c’est peut-être, justement, pour souligner ce long cheminement, cette lente transition, non pas vers un autre, mais vers soi-même. Et pour comprendre les méandres de cette trajectoire et la dysphorie de genre2 qui y est souvent associée, il suffit de (re)lire la série consacrée à la transidentité dans médecine/sciences ! (→).

(→) Voir la série « Genre », m/s 2022-2023

 
Footnotes
1 Apocope : mot tronqué, abrégé de sa fin par la suite d’une évolution phonétique, comme télé pour télévision.
2 Tristesse, anxiété ou détresse engendrée(s) par l’inadéquation entre vécu et anatomie, ou par le sentiment de ne pas être à l’aise dans son corps.