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Med Sci (Paris). 38(10): 800.
doi: 10.1051/medsci/2022133.

Émergence des transidentités dans le champ de la médecine
Avant-propos

Paul Czernichow1* and Laetitia Martinerie2*

1Professeur émérite , Paris , France
2Professeure des universités et praticien hospitalier, Hôpital Robert Debré, AP-HP,université Paris Cité , Paris , France
Corresponding author.

MeSH keywords: Humains, Médecine, Personnes transgenres, Sexualité

 

Les transidentités définissent des situations où la conviction d’une personne d’appartenir au genre féminin, masculin ou autre ne correspond pas au genre qui lui a été assigné à la naissance. médecine/sciences a choisi de s’intéresser à cette thématique en la développant à travers quatre séries d’articles abordant les différents champs qu’elle vient interroger.

Nous publions dans ce numéro la première série d’articles. Il s’agit ici d’en éclairer la complexité par le regard croisé des sciences sociales, développementales, historiques et juridiques.

L’exercice de la médecine s’inscrivant dans un contexte social et sociétal, cet éclairage multiple nous a semblé important afin de comprendre les enjeux et interrogations actuels. Nous remercions les auteurs et auteures qui ont accepté de partager avec nous leur vision et leur expérience des transidentités.

D’autres séries d’articles suivront dans les prochains numéros, qui aborderont les aspects plus classiquement médicaux, les aspects éthiques, le point de vue des personnes concernées et enfin la description de ce qui est proposé en Europe et aux États-Unis.

Si de nombreux exemples de personnes et personnalités transgenres ont marqué la littérature et l’Histoire, l’émergence des transidentités dans le champ du médical et du soin est plus récente, traduisant sans doute un premier pas vers leur reconnaissance dans nos sociétés.

En France, cette reconnaissance médicale date de la fin des années 1970. Initialement limité à quelques centres et selon des critères bien définis, l’accès à un accompagnement médical a depuis bénéficié d’une meilleure visibilité avec le développement et la diversification de l’offre de soin, permettant aujourd’hui un accompagnement individuel et personnalisé ; avec, plus récemment encore, l’accès à la préservation de la fertilité et la possibilité pour les mineurs et mineures de bénéficier des traitements hormonaux.

Ces avancées restent cependant fragiles, eu égard aux nombreuses polémiques, suite à la circulaire Blanquer « Pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire », ou concernant les traitements chez les mineurs et mineures, l’accès à la parentalité ou la filiation.

Les évolutions médicales qui soulèvent de nombreuses questions éthiques mais aussi juridiques, mènent souvent aux évolutions sociétales. Il peut être argué que celles-ci finiront à leur tour par faire évoluer l’approche médicale.

En effet, avant 2016, la modification du genre à l’état civil requérait une chirurgie de stérilisation au préalable. La loi de modernisation de la justice du XXI e siècle, qui date de 2016, permet aujourd’hui une modification de l’état civil sans nécessité de traitement hormonal ou chirurgical, ouvrant ainsi la voie vers une reconnaissance des transidentités, ici sociale, indépendante de l’intervention de la médecine.

Nous souhaitons que cette série d’articles puisse nourrir la réflexion et espérons que chacun et chacune y trouvera matière à penser ou repenser les transidentités.

Liens d’intérêt

Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.