MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE ET DE LA POPULATION MONOCRAPHIE DE L’INSTITUT NATIONAL D’HYGIENE N° 28 EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES P A R I S 19 6 3 VIRTVTE DVCE CO MITE FORTITVDINE COLLEGIVM CIVILE AD SANTIAIEIN Symposium organisé par le Professeur G. CLEMENT Dion, 26, 27 octobre 1962. MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE ET DE LA POPULATION MONOGRAPHIE DE L’INSTITUT NATIONAL D'HYGIENE N 28 EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES PA R I S 1 9 6 3 VIRTVTE DVCE CO- MITE FORTITVDINE COLLEGIVM CIVILE AD SANTTATEM Synposium oraanisé par le Professeur G. CLEMENT Dion, 26 27 octobre 1962 dans le cadre du certificat de Biologie appliquée à la nutrition (option nutrition) Travaux subventionnés par le Comité de Nutrition de la Délégation générale à la Recherche Scientifique et la chambre syndicale de la Margarinerie MONOGRAPHIES DE L’INSTITUT NATIONAL, DHYGIENE Vente des publications à l’Institut National d’Hygiène. 3, Rue Léon Bonnat, PARIS (16e) - AUTEUIL : 32-84 (numéro de chèque postal : Institut National d’Hygiène, 9062-38 Paris). N° 1. - Documents statistiques sur la morbidité par cancer dans le monde, par P. F. DENOIX, Paris 1953. — Epuise. N° 2. - L'économie de l’alcoolisme, par L. DEROBERT, Paris 1953. - Epuisé. N° 3. - Mortalité urbaine et rurale en France en 1928, 1933 et 1947, par Ch CANDIOTTT et M. MOINE, Paris 1953. - Prix : 9 F. N° 4. - Contribution à l’étude de l’anophélisme et du paludisme en Corse, par C. TOUMANOFF, Paris 1954. - Prix : 12 F. N° S. -— De la diversité de certains cancers, par P. F. DENOR, Paris 1954. - Epuisé. N° 6. - La lutte préventive contre les maladies infectieuses de l’homme et des animaux domestiques au moyen des vaccins, par G. RAMON, Paris 1955. - Prix : 12 F. N° 7. - Etudes de socio-psychiatrie, par H. DUCHENE et coll., Paris 1955. - Prix: 9 F. N° 83. - Rapport sur la fréquence et la sensibilité aux insecticides de pediculus humanus humanus K. Linnaeus, 1758 (anoplura) dans le sud-est de la France, par R. M. NLCOLL, Paris 1955. -— Prix : 9 F. N° 9. - Etude sur la maladie de Bouillaud et son traitement, par J. CHEVALLIER, Paris 1956. - Prix : 11 F. N° 10. - Baport d’enquête sur la réadaptation fonctionnelle des adultes en France, par H. G. POULIZAC, Paris 1956. - Prix : 10 r. N° 11. - Etude pour l’établissement de rations alimentaires pour le tuberculeux en sana¬ torjum, par F. VINIT et J. TRÉMOLIERES, Paris 1957. - Prix : 12,50 r. N° 12. - Le cancer chez le noir en Afrique française, par P. F. DENOI et J. R. SCHLUM¬ BERGER, Paris 1957. -— Prix : 15 F. N° 13 - Broncho-pneumopathies à virus et à rickettsies chez l'enfant, par R. SOHIER. M. BERNHEIM, J. CHAPTAL et M. JEUNE, Paris 1957. -— Prix : 13 F. N° 14. - L’assistance psychiatrique aux malades mentaux d’origine nord-atricaine musul¬ mane en métropole, par G. DAUMEZON, Y. CHAMPION et Mme J. CHAMPION¬ BASET, Paris 1957. - Drix : 12 F. N° 15. - Documents statistiques sur l’épidémiologie des infections typho-paratyphoidiques. de la poliomvélite et des brucelloses en France en 1954 et 1955, par P. CHASSAGNE et Y. GAIGNQUX, Paris 1958. -— Prix : 11 F. N° 16. - La pathologie régionale de la France, Tome L. Régions du Sud et de l’Ouest. par R. MAROT, Paris 1956. - Prix : 35 F. N° 17. - La pathologie régionale de la France, Tome I. Régions du Nord, de l’Est ett du Centre, par R. MAROT, Paris 1958. -— Prix : 34 F. N° 18. - De la destruction des bactéries par la chaleur - Etude de l’etticacité de la pasteurisation du lait, par A. NEVOT, Ph. et J. LAFONT, Paris 1958. Prix : 14 F. N° 19. - Le cancer au Moyen-Orient (larael et tran), Donnes dpidémiologiques, par C. LAURENT et J. LEGUERINAIS, Paris 1960. - Prix : 13 F. N° 20. - Problèmes posés par la définition des aliments, par l’Unité de Recherche de. Nutrition humaine de l’Institut National d’Hygiène, Paris 1960. - Prix : 15 F. N° 21. -— Accidents du travail et facteur humain, par H. G. POULLZAC, Paris 1960. Prix : 18 F. N° 22. - Enquête sur les enfants et les adolescents atteints d’infirmité motrice, par F. ALISON, J. FABIA et J. RAYNAUD, Paris 1961. - Prix : 11 F. N° 23. - Lhospltalisation des entants, Etude de pédiatrie sociale dans l’agctomeration parisienne, par P. STRAUS, Paris 1961. - Prix : 16 F. N° 24. - Méthodes paychologiques, pédagogiques et sociales en psychiatrie infantile. sous la direction de G. AMADO, Paris 1961. -— Prix : 19 F. N° 25. - Epidémiologie et prophylaxie de la variole. Etude des incursions de la variole à Paris au cours des vingt dernières années, par J. BOYER et A. ROUSSEL. paris 1962. - Prix : 9, 50 F. N° 26. - Le cancer au Moyen-Orient. IL. Turquie et Liban. Données épidémiplogiques. par C. LAURENT et J. LEGUERNAIS, Paris 1962. - Prix : 16 F. N° 27. - La recberche médicale en 1961 (rapport d’activité), par J. P. BADER, Paris 1962. -— Prix : 15 F. Cette monographie est constituée par les rapports présentés au cours du Symposium organisé par le Pr G. CLÉMENT à DLION, les 26 et 27 Octobre 1962, dans le cadre du certificat de biologie applique à la nutrition (option nutrition). Les travaux ont été subventionnés par le Comité de nutrition de la Délégation générale à la recherche scienti¬ fique et par la Chambre syndicale de la margarinerie. Voici, dans l’ordre de leur présentation, les exposés et discussions des participants à ce colloque : — CI RICHIR et H. DUPIN (Dakar) Athérome et consommation lipidique dans certains groupes de la population sénégalaise. L. CHEVILLARD et R PORTET L’athérome expérimental suivant la température de l’élevage. Revue des particularités du métabolisme lipidique et de ses régulations dans la thermogenèse de réchauffement. - J. TRÉMOLIERES et M. APTELBAUM Modifications métaboliques produites par des régimes hyperlipidiques athérogènes chez le rat. - 1 POLONOUSLL R NFANTE et M. MALINSKY Influence d’un apport lipidique alimentaire sur la biosynthèse des lipides dans le foie de rat. L MASER L. KBILCAVA K OSANCOYA et M. NERADLOVYA (Prague) La consommation des graisses en Tchécoslovaquie et ses conséquences par rapport à la cholestérolémie. LC HALTON H SARLES C GREUISARD, M. J. PERROT. N. E. PLANCHE et A. GEROLAMY Secrétion biliaire et pathogénie de la lithiase biliaire cholestérolique. — G. CLEMENT et J. CLEMENT. Sur la digestion et l’absorption des lipopéroxydes. 6 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRASES ALIMENTAIRES —- J. BAULIN et R. JACQUOT Valeur nutritionnelle et effets physio-pathologiques des huiles chauftées à haute température. E. LE BRETON. C. FRAYSSINET et F. DLUMASSON Recherches physiologiques et biochimiques concernant l’ingestion de l’acide élaidique par le rat Wistar. 1 BAUILN C LORTETTE G. CLÉMENT et R. JACQLIOT Sur les conditions d’incorporation de quelques lipides "’atypiques" aux graisses de l’organisme. — A. FRANCOIS, J. FLANZY et C. MATHIEU Utilisation des matières grasses dans l’alimentation du veau et du porc. Influence sur la composition des carcasses et des dépôts. C. MATHTU et P RARRE Digestion et utilisation par le veau préruminant de laits contenant des quantités différentes de matières grasses. S. KUZDZAL-SAVOIE Etude des acides polvinsaturés de la matière grasse des laits utilisés dans l’alimentation humaine. — R. FERON Problèmes d’information posés par le marché de la margarine. — C. TROTTMANN Problèmes d’information et de recherches posés par le marché de l’puile. R. BIGORRE Problèmes d’information et de recherches posés par le marché du beurre. INTRODUCTION J. TRÉMOLIERES Président du Comité de nutrition humaine et animale de la Délégation générale à la recherche Au nom du Comité de nutrition de la Délégation générale à la recher¬ che, je remercie très sincèrement Monsieur le Recteur de l’Université de Dijon, Monsieur le Doyen de la Faculté des Sciences, qui ont bien voulu nous accueillir si aimablement et Monsieur le Professeur CLÉMENT qui a eu toute la charge de l’organisation de notre réunioln LIAISON RECHERCHE-INDUSTRIE Le premier objectif du symposium est d'établir une liaison efficace et une collaboration active entre les groupes de recherche s’occupant spécialement des problèmes physique-pathologiques que pose l’absorption des graisses et le secteur professionnel qui a la charge de leur produc¬ tion. Tout d’abord, il doit permettre aux chercheurs de laboratoire d’exposer les résultats de leurs travaux, en présence des représentants des secteurs professionnels et économiques intéressés. Il s’agit, en effet, d’orienter la recherche vers des problèmes dont la solution comporte des applications pratiques généralement très simples des travaux de cet ordre ont souvent conduit à des découvertes fondamentales importantes. Peut-on oublier qu’au départ de la carrière de LAVOISIER on trouve le concours proposé à l’Académie des Sciences sur l’éclairage des grandes villes. Bien que son mémoire n’ait pas été primé, il portait cet exergue prothétique : "la flamme montrera le chemin". De son travail naquirent les premières notions valables sur les oxydations qui consti¬ tuent la base même de la chimie. Les travaux de PASTEUR eurent pour point de départ les problèmes posés par la bière et aboutirent à la découverte de la microbiologie. Ce colloque aura donc atteint l’un de ses buts essentiels s’il établit un dialogue, une collaboration voulue entre ceux qui étudient le comportement physio-pathologique des graisses et ceux qui les produisent, les transforment et les livrent à la consom¬ mation. EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 8 LIAISON ENTRE LES DIVERS SECTEURS DE RECHERCHE Le second but du colloque correspond, sur le plan scientifique, à l’un des objectifs essentiels du Comité de nutrition de la Délégation générale à la recherche essentiellement préoccupé d’assurer à l’échelle nationale la mise en œuvre d’actions concertées unissant les efforts des divers organismes spécialisés, dans le cadre des divers départements ministériels, en vue de la solution de problèmes d’intérêts nationaux. Il s’agit, en particulier, pour nous de la valorisation des denrées alimentaires MIEUX DÉFINIR LES VALEURS RÉELLES DES ALIMENTS Augmenter la production n'est pas un objectif toujours valable. Le IVe plan prévoit une consommation augmentée de 21 % de calories en 1965, dont 5 % seulement correspondront à l’expansion démographique. Elle ne pourra être atteinte que si la population consomme davantage ou s’il y a gaspillage des aliments. Le marché alimentaire français est quantitativement saturé et c’est qualitativement qu'on doit s’efforcer de le valoriser. Par rapport aux revenus des productions industrielles, les ressour¬ ces provenant des productions agricoles sont moins rémunératrices. Il s’agit donc de donner leur juste valeur aux services rendus par les aliments en les améliorant le plus possible. Or, ces services rendus sont complexes. Ils sont nutritionnels. puisque destinés à assurer une bonne santé; émotifs, parce que sources d’agrément et de plaisir; sociaux, car ils permettent les échanges affectifs, économiques, car is nécessitent la présence d’hommes qul contribuent par leur travail de producteurs à la richesse d’un pays. Le Comité de nutrition n’a retenu au départ que les services rendus les plus positifs, c’est-à-dire les valeurs nutritionnelles, dont l’action sur la santé est primordiale. La publicité tapageuse faite autour de certains produits, publicité qui représente à peu près le budget du C. N. R. S., est regrettable. Il est réconfortant, par contre, de voir les représentants des Chambres syndicales de la margarinerie, de l’huilerie, de l’Association laitière française, de l’I. T. E. R. G. et un groupe de laboratoires de recherche sur la nutrition se réunir, afin de faire le point des travaux qu’ils ont financés ou effectués. Ces travaux permettront de définir au mieux les connaissances actuelles, les propriétés respectives des graisses et leurs relations. Grâce à la Délégation générale à la recherche, l’effort privé à pu être ainsi quadruplé. Le symposium fait donc le point des connaissances permettant de définir les propriétés nutritionnelles des graisses et, par conséquent, leur valeur en ce qui concerne la santé de l’homme. POUR UNE MEILLEURE DÉFINITION DES ALIMENTS INTRODUCTION EXPANSION DES RECHERCHES EN NUTRITION Le troisième objectif que le symposium comme le Comité de nutrition de la Délégation générale ont souhaité atteindre est de donner à la nutrition une expansion importante. La nutrition n'est pas, en effet, une discipline universitaire au sens classique du terme, mais l’application de plusieurs disciplines universi¬ taires au concept de nutrition, qui définit ce qui vit (comme la masse et l’énergie définissent la matière). Elle à stagné, en France, tant qu’elle était à l’ombre des chaires universitaires. La création du Centre national de la recherche scientifique, de l’Institut national d’hygiène et surtout de l’Institut national de la recherche agronomique l’a fait sortir de l’ombre. Le Comité de nutrition, grâce à ses contrats de recherche, dirige l’orientation de laboratoires de biochimie ou de physiologie vers la nutrition, et accorde aux directeurs de laboratoires des crédits dont ils peuvent disposer librement et qui leur permettent d’engager à l’essai de jeunes chercheurs ou techniciens avant leur entrée éventuelle dans les cadres plus stables de grands organismes. Les travaux exécutés sous contrat doivent évidemment être contro¬ lés, mais ce contrôle peut être mal accepté. Le Comité a donc jugél que la forme la meilleure consistait à présenter en commun les travaux effectués, ce qui lui permet de disposer des documents indispensables à assumer en connaissance de cause la tâche qui lui est confiée. C'est pourquoi, au cours de ce symposium, chacun de nous a exposé ses travaux et en a proposé de nouveaux; les jeunes chercheurs des laboratoires ont pris contact avec les chercheurs des autres laboratoires et échangé leurs idées et leurs techniques. De même, ce qui s’est effectué en dehors des séances a autant d’importance que ce qui s’est passé au sein du symposium. IMPORTANCE DES RECHERCHES 1° L’honnêteté des transactions est liée à la précision des dénomi¬ nations ou des définitions. Une bonne marque est celle qui garantit les propriétés de ce qu’elle vend. Il Y a toujours, dans une société, des organismes qui cherchent à vendre leur production plus cher qu’ils ne consentent à paver celle des autres. Ces "’escroqueries" ne sont possibles que par une tromperie sur les noms désignant les objets. : Des dénominations suffisamment précises peuvent contribuer à l’honnêteté des échanges sociaux et inter¬ nationaux. Un prix sain résulte d’une entente sur les services réellement rendus par une denrée et les efforts qu’il faut pour la produire. La dénomination doit rendre compte des valeurs sur lesquelles reposent les prix. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 10 2° L’alimentation étant à la fois le secteur le plus important des dépenses familiales (le tiers en moyenne) et le secteur physiologiquement prioritaire depuis des siècles, les gouvernements sont amenés, par divers moyens, à fixer ou taxer les prix des aliments de base et à les lier aux salaires. Ils créent ainsi, chez les producteurs, l'envie d’échapper à cette limitation des bénéfices. Cette envie les pousse dans deux voies : Le premier moyen consiste à réduire la quantité ou la qualité fournie pour le prix taxé; on garde le nom et le prix, mais on change ce qu’on met derrière le nom. Le prix du Kilo de pain est fixé, mais on ne donne plus 1 Ke pour le prix de 1. Kg. Le prix du litre de lait est fixé, mais le taux de la matière grasse est abaissé. -— Par le second moyen, on cherche à échapper à la taxe en chan¬ geant la dénomination. Par exemple, un sucre auquel on a ajouté une trace d’arôme ou de couleur sans valeur, est vendu 2 fois plus cher car il ne s’appelle plus sucre; une fariné qui a subi un léger chauffage ou broyage est qualifiée "diététique". Ainsi, le gouvernement maintient les privilèges de l’ajustement des salaires aux prix des aliments essen¬ tiels, mais les aliments ainsi définis se font de plus en plus rares. C'est un signe des temps que, légalement, une série de qualificatifs permet sans effort de faire varier les bénéfices du simple au double : complet", "de campagne", "naturel", "sans produit, chimique", "de santé", "de régime", "diététique", "contre le cholestérol", "amaigris¬ sant", "vitalisant", etc. Ces mots, qui ont remplacé un besoin de garantie par l’origine, recouvrent aussi bien des efforts réels du producteur qu’un simple artifice verbal. Tout mot porté sur une étiquette devrait correspondre à une définition légale honnête puisqu’il intervient dans le prix. Ces mots ont surtout trait aux effets sur la santé, aux procédés de production et, en particulier, à, l’usage de substances chimiques. Ils jouent donc sur les qualités médicales et amicales (non toxiques) des aliments. La position de l’administration décrétant que tout ce qui fait état d’un effet sur la santé est médicament et que l’aliment ne doit comporter aucune substance toxique se borne à ignorer la réalité. Un aliment a toujours un effet "santé" et il comporte toujours des substances qui, dans certains cas, peuvent être toxiques. Un problè¬ me important est donc posé. 3° Le progrès technique: sait protéger les récoltes, empêcher les pommes de terre ou les légumes de vieillir, transporter les produits séchés, mais ces multiples perfectionnements obligent à recolorer, à réaromatiser, à coller, à utiliser des antioxydants, etc. La dénomination des denrées, d’après leur origine agricole - comme elle existe encore dans bien des législations - devient de plus en plus inadaptée. Le lait n’est plus guère le produit de la traite de la vache; il est deux fois pasteurisé à 72° ou à 85°, homogénéisé, standardisé en matières grasses le vin traité dans des ustensiles en fer doit être collé au ferrocvanure le proqut, ainsi ohenu nest phs identique à celui qui était, traité dans le bois. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 98 Nous avons donc pris comme substrat des triglycérides purs, sépa¬ rés par chromatographie sur colonne d’acide silicique à partir d’une huile oxydée. L’IP de ces triglycérides était de 150. Nous les avons mis à incuber à 37C pendant 1 ) avec, soit de la pancréatine, soit du suc pancréatique pur de fistule obtenu chez le rat, en présence de tampon NH. CI-N. OMH, pI., de taurocholate et de chlorure de calcium. On arrête la lipolyse par addition de quelques gouttes d’HCI 3N. On extrait les lipides par de l’éther. On etfectue une chromatographie sur colonne d'acide silicique de l'extrait lipidique. Figure 3 TG d'huile d'olive oxydée lipolyse pendant 2h On constate (fig. III) la formation de di et monoglycérides et d'acides gras libres. Sur la figure, nous avons porté également les indices de peroxyde des diverses fractions éluées; on remarque, comme lorsque nous avons analysé l’huile oxydée qui se trouvait hydrolisée partiel¬ lement, que la fraction de triglycérides non hydrolysés en fin de lipolyse à aussi un lP assez faible par rapport à celui des autres fractions, des diglycérides notamment. des bases vivantes 2 INTRODUCTION II 4° L’aliment, produit agricole, devient de plus, en plus une produc¬ tion apparentée à celle des produits chimiques. Les distinctions entre aliment, production de l’agronome, et médicament ou toxique, production du pharmacien, deviennent de plus en plus inadéquates. Ce ne sont plus les agriculteurs qui tiennent la place majeure dans le marché des aliments; ce ne sont plus les pharmaciens qui dirigent l'industrie phar¬ maceutique mais des chimistes et des financiers. Il a donc paru utile d’étudier comment, aux veux de la science de la nutrition, apparaissent ces denrées majeures que sont nos matières grasses. INFRASTRUCTURE D’UNE DÉFINITION A notre époque, ce qui n’est pas développement positif d’une connais¬ sance scientifique ou technique risque d’apparaitre académique", surtout s’il s’agit d’une étude sur le sens des mots. Cependant, pour qui travaille dans un certain secteur scientifique. il est plus que jamais vrai qu’une science est avant tout une langue bien faite, et que faute de cet instrument, ses implications sociales et économiques risquent de perdre tout sens. Comme notre but ici est d’aboutir à des définitions favorables à l’honnêteté du commerce, il est important de noter que ce qui fait le prix d’une denrée est complexe et en continuelle évolution. Dans l’Ancien Régime, c’était la propriété de la terre qui était "rentable" c’est-à-dire source de revenus; au XXe siècle, c'est la plus-value du travail apporté par l’homme qui seule mérite salaire et constitue la richesse d’une nation. Dans le monde moderne, c’est l’exploitation des brevets, des licences, des applications scientifiques de tous ordres qui tend à devenir la source la plus importante de la richesse. Ce qui se paie a donc été successivement l’étendue de la terre cultivable; le temps de travail et actuellement un ensemble de connaissances et d'astuces techniques, base d’une forme de la puissance. Pour la première fois dans l’histoire, c’est le génie propre de l’homme appliqué à la connaissance et à la production qui est devenu source parfois majeure du revenu. Ce qui jusqu’ici était un luxe aristo¬ cratique, une pure joie de l'esprit, est devenu rentable. Les denrées marchandes, fruits de la terre qui les produisait et d’une quantité de travail, prennent ainsi un nouvel aspect, celui de la somme de science et de technique qu’elles nécessitent et de la plus-value qui leur est ainsi conférée. Le secteur de la connaissance est devenu monnayable. Comment cette plus-value, due à la science et à la technique, va-t-elle passer dans notre vocabulaire, puis dans les lois 2 Quelle serait la structure d’une académie moderne capable de prendre acte en temps utile de l'’évolution du sens donné par la société à des mots immuables. de façon à ce que la législation et l’administration puissent reposer sur 12 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES C’est à la constitution d’un tel groupe que la réunion de DIION a voulu travailler. — Je terminerai en rappelant que Dijon est par tradition un "’haut lieu" du gout. Si l’élégance est parisienne, la gourmandise est dijonnaise. L’Université de Dijon a donc mis son point d’honneur à donner à la nutrition une place de choix; elle a même décidé d’adopter la nutrition anglo-saxonne en l’accommodant au goût local. Elle est la première à avoir créé officiellement en France deux certificats de nutrition. C'est à cette heureuse initiative que le symposium, en se réunissant à Dijon, a voulu rendre hommage. PREMIÈRE PARTIE EFFETS PHYSIO-PATLOLOGIQUES DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS est de 10 à 15 %. ATHÉROME ET CONSOMMATION UPIDIQUE DANS CERTAINS GRQUPES DE LA POPULATION SÉNÉGALAISE C. RICHIR - H. DUPIN (Dakan) 1. — LA CONSOMMATION LIPIDIQUE Nous avons etudie à la fois : — les disponibilités alimentaires en lipides à partir des chiffres de production (en déduisant les quantités exportées et en tenant compte des importations) : — les taux de consommation fournis par les enquêtes alimentaires quantitatives effectuées au Sénégal au cours des dernières années. L'étude des disponibilités en lipides, pour l’ensemble du pays, ne fournit que des renseignements globaux n’avant qu’'une valeur indicative. La population sénégalaise (évaluée à 3 100 000 habitants en 1960) dispose d’environ 60 000 tonnes de lipides par an, ce qui donne un chiffre moyen de 53 grammes par personne et par jour. Sur ces 60 000 tonnes:. 47 700 proviennent de l’arachide. L’étude de la consommation réelle, par enquête alimentaire quanti¬ tative, permet d’aborder le problème de façon plus précise. Les résultats de cette étude doivent paraitre dans "Nutritio 8 Dieta"; nous les résu¬ merons brièvement : 1° Le pourcentage des calories d’origine lipidique dans la râtion. varie beaucoun d'une enquête à l'autre (les taux extrêmes sont 7, 6 % de calories lipidiques pour un apport moyen de 2 750 calories, et 34, 5 % dans un régime fournissant 3 084 calories). 2 On est frappe par les différences existant entre milieu urbain et milieu rural. Dans les 6 enquêtes urbaines, les calories lipidiques représentent toujours - à une exception près -— plus de 30 % de l'ensemble; tandis que dans les 9 enquêtes rurales, la proportion des calories lipidiques en proviennent. EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALMENTARES 16 TARLEAU L CALORES D’ORIGNE LIPIDIQUE ENQUETES EN MILIEU URBAIN ET EN MILIEU RURAL Les lipides totaux, exprimés en grammes par jour et par babitant varient de 23, 2 g dans le milieu rural qui en consomme le moins. jusqu’à 118, 2 « pour le citadin qui en consomme le plus. En moyenne:. la consommation dans les campagnes est de 40 g; dans les villes, elle est de l’ordre de 100 g. 3° Lorsque pous etudions la nature des lipides de la ration, d’autres inégalités apparaissent : — En milieu urbain 70 % ou plus des graisses proviennent de l’huile d’arachide et de l’arachide elle-même; en milieu rural 35 % seulement TABLEAU PLACE DES LIPIDES DANS LA RAT N ET ORIGINE DES LIPIDES FTETS PHIYSIO-PATHIOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTARES 18 Le pourcentage des lipides fournis par les céréales et les légumi¬ neuses (autres que l’arachide) montre une différence inverse de la précédente : 13 % pour les urbains, 47 % pour les ruraux. - Enfin, les pourcentages moyens des lipides animaux sont bas dans les deux cas, et voisins - en valeur relative - de 16 ou l’7 %. Mais. traduits en grammes par jour per capita, les taux sont de 16 g pour le citadin, et seulement de 6, 8 « pour le paysan. (V. tableau H). Il apparait ainsi - d’après les enquêtes effectues au Sénégal - que la consommation lipidique est nettement plus élevée en ville qu’en zone rurale. Il semble (documents en partie non publiés) que, parmi les citadins, le pourcentage, des calories lipidiques dans la ration et la consommation quotidienne moyenne soit moins élevés dans les familles aisées que dans les familles modestes (l’inverse est observé pour les protides d’origine animale). Si l’on excepte les pasteurs (vallée du Sénégal) et les pêcheurs:. les lipides d’origine animale ne représentent qu’une part modeste des lipides de la ration. L. — ÉTUDE DE LA LIPEMIE. DE LA CHOLESTEROLÉMIE ET, DU LIPIDOGRAMME CHEZ L’ADULTE DALAROIS BIEN PORTANT Il faut préciser que, en ce domaine, nous n’apportons pas actuel¬ lement de contribution personnelle. Cependant il a paru utile - pour présenter un tableau aussi œlair que possible du problèmie "lipides et athérosclérose au Sénégal" - de suivre ce plan : — la consommation lipidique; — L’état humoral lipidique du sujet normal; — le sujet athéromateux : lésions vasculaires et contexte humoral. Nous ferons référence au travail fait à l’0. R. A. N. A, il Y a 4 ans par TOURY, BOCAT et GIORGI (I) et à celui, plus complet, de PAYET. PILLE, SANKALE, DENE et TRELL (2). Dans les 2 cas, les examens humoraux ont été pratiqués chez des Africains bien portants et, à titre de comparaison, chez des Européens de mêmes âges, venant au Centre de transfusion sanguine comme donneurs de sang. Voici les résultats : (V. tableau II) (1) Pull. Soc. Path. Exot., 1989, 52, n° 4, 536-543. (2) Path, et Biol. Semaine des lopitaux, 1961, 9, 1993-100. ETETS DES REGIMES HVTERCALORQUES LMERGRAS 1 TABRLEAU II EXAMENS SANGUINS, SUTETS BIEN PORTANTS d’après TOURY, BOCAT et GTORGT d’après PAYET, PILLE et collaborateurs d'après PAYET, PILLE et collaborateurs (1) Méthode PEARSON. STERN, colorimétrique. (2) Méthode pondérale, après digestion à l’alcool bouillant. (3) Méthode de GRIGAUT. (4) Méthode de ZILVERSMITT, DAVID, KING. que les lésions coronaires. 20 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES Ainsi les études faites chez des sujets Européens et Africains de mêmes âges, vivant à Dakar, ont montré que la lipémie, la cholesté¬ rolémie, le taux des phospholipides étaient plus bas chez l’Africain que chez l’Européen; que le lipidogramme était peu différent, avec cependant. chez l’Africain, une légère diminution des 8 -lipo-protéines et une augmentation des « -lipo-protéines. LIL. — L’ATHEROME DE L’AFRICAIN SÉNEGALAIS A. Localisation et type anatomique des lésions Nous ferons : — un bref rappel des aspects particuliers de l'athérome que nous observons à Dakar : un compte rendu des études anatomiques faites durant l’année 1962 celles-ci concernent surtout les vaisseaux cérébraux. 1) RAPPEL. DES TRAITS CARACTÉRISTIQUES DE L’ATHÉROME OBSERVE A DAKAR — Alors que l’athérosclérose-lésion est fréquente et précoce chez les Sénégalais, les manifestations cliniques, spécialement les phénomè¬ nes d’occlusion artérielle, sont nettement moins fréquentes que chez l’individu de race blanche. — Les manifestations cliniques sont presque toujours des accidents cérébraux, l’infarctus du myocarde est extrémement rare, fait qui constitue sans doute un des caractères essentiels de la pathologie vasculaire chez l’Africain. — Les lésions athéromateuses de l’aorte et des vaisseaux coronaires débutent à un âge jeune. On peut estimer que la proportion d’aortes parfaitement normales n'est que de 13 % chez les sujets de 16 à 30 ans décédés pour une cause quelconque à l’hôpital. L'atteinte des coronaires est moins fréquente et plus tardive que celle de l’aorte; les obstructions des coronaires sont extrêmement raresi les lésions intéressent surtout les petites ramifications (lésions artériolo¬ coronaires). 2) ETUDES FAITES AU LABORATOIRE D’ANATOMIE PATHOLOGIQUE AU COURS DE L'ANNEE, SUR LES VAISSEAUX CERÉBRAUX Ces recherches ont porté sur des Sénégalais de race Quoloff. Sérère ou Toucouleur, décédés dans les hôpitaux de Dakar. Les observations ont été classées en 4 groupes, selon le type des lésions. On peut résumer ainsi les faits : La sénescence vasculaire cérébrale de l'Africain Sénégalais est de début tardif. Les lésions des vaisseaux cérébraux apparaissent 30 ans plus tard que les lésions aortiques et une dizaine d’années plus tard EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 2 -— Il semble que l’atteinte des vaisseaux cérébraux évolue ensuite assez vite chez de nombreux sujets, et peut entrainer des accidents graves. Il y a donc - d’après les observations actuellement rassemblées une opposition assez remarquable entre les lésions coronaires précoces, n’entramant qu’exceptionnellement des accidents du type infarctus, et les lésions cérébrales, plus tardives mais plus évolutives. B. Examens humoraux chez l’Africain athéroscléreux Comme précédemment, nous ferons référence au travail de PAYET, PILLE et collaborateurs. — En règle générale, l’athérosclérose ne s’accompagne pas d’hyper¬ cholestérolémie. "L’explication de cette cholestérolémie basse reste mystérieuse". Même chez les sujets présentant une obésité d’origine alimentaire, la cholestérolémie est peu élevée (225 mg pour 100 ml). — La lipémie reste basse également (662). Le test de Kunkel au phénol est bas. Le lipidogramme est peu perturbé, le rapport B/ est inférieur à 3. — Les observations faites à Dakar rejoignent en ce domaine celles effectuées en d’autres pays africains : les sujets athéroscléreux ne présentent pas, ou ne présentent que rarement et de façon incomplè̂te. les modifications humorales décrites par divers auteurs comme "syndro¬ me biochimique de l’athérosclérose". L’ATHEROME EXPERIMENTAL SUIVANT LA TEMPERATURE DE L’ELEVAGE (Revue des particularités du METABOLISME LIPIDIQUE et de ses réqulations dans la THERMOGENESE de réchauffemem L. CHEVILLABD et R. PORTET Laboratoire de Pharmaçodynamie biochimique. Ecole pratique des Hautes Etudes (Collède de France). L’étude de l'athérome expérimental induit par une alimentation hyperlipidique, chez le rat acclimaté à basse température, fait partie de notre programme de recherches. Dans le cadre de cette étude, nous ferons une courte revue des connaissances acquises sur le métabolisme des lipides chez l’animal vivant à basse température. Les effets du froid sur le métabolisme lipidique des homéothermes ont fait l’objet de nombreuses recherches sans que, toutefois, le méca¬ nisme en soit parfaitement élucidé. On peut se demander, en effet : a) si les changements constatés lors de son maintien à basse tempéra¬ ture ont pour effet de permettre à l’animal de lutter plus efficacement contre le froid b) ou bien si les changements observés ne sont que le résultat de perturbations provoquées par le froid, dans l’organisme. Les résultats expérimentaux obtenus jusqu’ici ne permettent pas de répondre entièrement à cette question. Ceci est du, pour une grande part, à la complexité du métabolisme lipidique qui est lié au métabo¬ lisme intermédiaire général. Une altération de ce dernier peut être la cause de changements importants dans la dégradation des lipides. EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES taux supérieur à la normale. 24 1. — EFFETS DE L’EXPOSITION AU FROID SUR LES LIPIDES ORGANIQUES Un certain nombre de recherches ont permis, toutefois, de constater les modifications apportées sur la teneur en lipides de quelques organes au cours du maintien des animaux au froid. 1. Lipides plasmatiques L’exposition au froid provoque une augmentation de la lipémie. On note une élévation sensible des graisses neutres du plasma accom¬ pagnée d’un accroissement plus faible des taux de cholestérol et de phospholipides. Comme l’a montré FAVARGER (1946), les acides gras libres proviennent essentiellement du tissu adipeux. GORDON (1957) a confirmé ce fait par l’étude de la différence des taux artérioveineux. Ces acides gras n’existent pas en solution vraie dans le plasma, mais sont liés à des protéines, particulièrement à des albumines (GOODMANN 1958. GORDON 1960). D’après MILCH (1953) et SPTTZER (1955), la mobilisation des lipides est accélérée, le métabolisme des lipoprotéines est bloqué et le transport des acides gras par les albumines est ralenti. On a constaté chez l’homme soumis (au froid une augmentation du taux de cholestérol plasmatique (KUHL, 1955), alors que, chez le cobave. DELL’ERBA (1954) a trouvé une diminution de ce taux 2. Lipides hépatiques La teneur lipidique du foie a fait l'objet de nombreuses études. MAYER et SCHAEFFER (1914) ont observé qu'au cours d’un refroidis¬ sement prolongé, chez le lapin, la teneur du foie en acides gras reste normale, mais que la concentration en phosphore lipoidique est augmentée. Dans ces mêmes conditions, ces auteurs trouvent une augmentation très importante des acides gras et du phosphore lipoidique dans le poumon De même, en 1934. LANCZOS a noté une augmentation des lipides hépatiques lors de l’exposition aux basses températures. LEYIN et coll. (1952) ont trouvé que le maintien au froid provoque, chez la souris un accroissement de la teneur en graisses de cet organe, alors que l’exposition au chaud n’est suivie d’aucun changement. Le même effet étant observé lors du travail musculaire intense, ces auteurs concluent que la surcharge lipidique est due à un besoin accru d’énergie. Cette intensification de la mobilisation des graisses vers le foie s’accompagne d’une action lipotrope comme l'a moptré SELLERS (1949 et 1952). TREADWELL (1958) a constaté que l’exposition au froid de rats avant un foie gras, ramène le taux des lipides à la normale bien que les animaux continuent à ingérer un régime à effet hypolipotrope. Pour MASORO (1958), l’augmentation du taux des lipides constatée au début de l’exposition au froid s’accompagne d’une diminution du taux de glycogène hépatique. Chez l’animal adapté, ce dernier remonte à un EFFETS DES RÉGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 25 3. Lipides du tissu adipeux blanc Le tissu adipeux a longtemps été considéré comme un lieu de réserve à partir duquel l’organisme mobilise les substrats qui lui sont nécessaires. Il à été montré récemment que le tissu adipeux est très actif dans de nombreuses fonctions métaboliques et, en particulier, la lipogénèse (THOMPSON 1960).. La transformation du glucose en acides gras peut, en effet, se faire dans ce tissu, en présence de faibles taux de glucose (MISTEIN 1956) et à une vitesse 100 fois plus grande que dans le foie (FELLER 1957). De même, l’oxydation des glucides se fait plus rapidement dans le tissu adipeux et, d’après SMTTH (1960), préfé¬ rentiellement par la voie des pentoses. La transformation et l’utilisation des lipides sont augmentées, dans ce tissu, lors de l’exposition au froid (PAGE et coll. 1953 et 1957 CHENIER 1954, HART et HÉROUX 1956). Il semble bien que ce phénomène soit sous l’influence d’un certain nombre d’hormones. Les modifications apportées au métabolisme lipidique au niveau du tissu adipeux paraissent être, d’ailleurs, une des caractéristiques essentielles des processus d’acclimatation au froid, mais le mécanisme en est encore très discuté. 4. Lipides du tissu adipeux brun Le tissu adipeux brun provenant d’un organe adipeux foetal disparait après la naissance chez beaucoup d’espèces animales; il persiste cepen¬ dant chez les hibernants et chez le rat durant toute la vie et présente un caractère fonctionnel. Il intervient dans la lutte contre le froid : sa masse augmente lors de l’acclimatation aux basses températures (PAGE 1950)., Pendant l’exposition au froid, les cellules de ce tissu s’hypertrophient et déchargent des particules soudanophiles (SELYE 1949). Son rôle est important dans la synthèse du cholestérol; il contient de fortes concentrations de cette substance (FAWCETT 1952): on a trouve dans le tissu brun périrénal, autant de stéroides que dans les testicules (SWEET 1940). Lors de l’exposition au froid, on constate une accélération de la production et du stockage des phospholipides (PAGE 1950) certai¬ nement facilitée par le taux important de vitamine C de ce tissu. L’activation, par le froid, du tissu adipeux brun dépend d’interven¬ tions hormonales L'A. C. T. H, provoque l’augmentation du poids de la partie riche en mitochondries (LEVER 1958). Thyroxine et cortisone ont également une action stimulante (LACHANCE et PAGE 1953). I1. — MODIFICATIODS DES SÉCRÉTIONS HORMOMALES LORS DE L’EXPOSITION AU EROID L Iptereption des pompones dans la lute conte le a) THYROIDE Après exposition à basse température, des changements morpholo¬ giques et enzymatiques interviennent dans la glande, traduisant une hypersécrétion hormonale. Comme le montre COTTLE (1960), cette EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 26 glande joue un rôle important dans: l’établissement de l'acclimatation. Lors de l’exposition prolongée au froid, la sécrétion reste plus grande que la normale pendant deux mois environ. Le rat adapté à 5° présente. à cette époque, une sécrétion deux à trois fois plus grande que le rat adapté à 25° ou 30°. Il semble que les hormones thyroidiennes et les catécholamines potentialisent leurs effets. D’après SWVANSON (1957), l’augmentation de la consommation d’oxygène ne se produit pas chez les animaux thyr dectomisés exposés au froid. D) CATÉCHOLAMNES Il se produit, lors de l’exposition au froid, une décharge de caté¬ cholamines dont l’intensité dépend de la sévérité du stress. L’importance de ces hormones a été soulignée par DANDIYA et coll. (1960), qui remarquent que les animaux traités à la réserpine sont beaucoup plus sensibles au froid que les animaux normaux. D’après HSIEH et CARLSON (1957), la noradrénaline qui est surtout secrétée au niveau des terminaisons sympathiques musculaires, potentialise le frisson thermique ainsi que la réponse calorigéniade totale. Comme l’a montré CANNON (1915), il se produit,, lors de l'exposi¬ tion au froid, une décharge d’adrénaline au niveau des surrénales et une augmentation corrélative du métabolisme. Après étude histologique: DE ROBERTIS (1960) aboutit à la même conclusion. L’intervention des catécholamines varie en fonction de la durée d’exposition au froid : DESMABAIS et DUGAL, (1951) ont étudié le contenu des surrénales en ces hormones, en fonction du temps d'acclimatation. Après 30 jours à 0°, le taux de noradrénalihe et d’adrénaline est 3 à 4 fois plus grand que la normale. Ce taux décroit par la suite, mais reste relativement élevé (LEDUC 1961). Pour HILLARP (1958), les catécholamines seraient, pendant leur mise en réserve, associées à l'A. T. P. (4 A. T. P. « 1 amine) et déchargées simultanément; il faut remarquer que la même quantité d’A. T. P, est utilisée dans les réactions d’activation par les catécholamines de la phosphorvlase, qui dégrade le glycogène. Ces hormones jouent également un rôle primordial dans la mobilisation et la dégradation des lipides tissulaires. D'après CORI (1931), l’augmentation des échanges provoquée par l’adrénaline est due. pour plus de 25 %, aux lipides brulés. Il semble donc que les catécholamines jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le froid. C) CORTEX SURRENALIEN Le cortex surrénalien hypertrophié à la suite de l’exposition au froid, est stimulé par l’A. C. T. H. qui, parmi d’autres activités physio¬ logiques, produit, d'après SCHONBAUM (1960), les effets suivants : une augmentation du contenu de la glande en A. M. P. qui favorise la déplétion du glycogène et l’activation du métabolisme des glucides; EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 27 — une déplétion du cholestérol et une augmentation de la syntbèse des hormones corticales; — une déplétion de l’acide ascorbique; — un accroissement du métabolisme des acides nucléiques et des phosphates;. — une augmentation du poids de la glande. L’acide ascorbique parait avoir des effets importants dans la lutte contre le froid. Ainsi. DUGAL, (1949) montre que l’administration de vitamine C empèche l’hypertrophie des surrénales et prolonge la survie des animaux au froid. Cette vitamine est nécessaire à la synthèse d’hormones indispensables pour la lutte contre le froid. Elle est utilisée. dans la médullo-surrénale, pour les bydroxylations aboutissant aux catécholamines. Dans le cortex, elle favorise les 1I-B hydroxylations des A 3-cétostéroides. Elle intervient aussi comme transporteur d’hydro¬ gène dans le métabolisme intermédiaire. d) HYPOPHYSE Les adaptations endocriniennes dont nous venons de parler se trou¬ vent sous la dépendance des sécrétions hypophysaires. Ainsi, on a pu constater, chez l’animal exposé au froid, une augmentation du taux d'A. C. T. H, qui atteint, jusqu’à la 5e semaine, 10 à 15 fois le niveau normal. La régulation de la sécrétion thyroidienne se fait par l’intermédiaire de T. S. H, mais le mécanisme de décharge de cette hormone n’est pas encore élucidé. D'après REICHLIN (1960), le centre régulateur hypo¬ thalamique de T. S. H, recouvrirait partiellement les centres régulateurs de la température situés dans l’aire préoptique. Une réponse normale de la thyroide au stimulus froid dépend essentiellement de l’intégrité de l’hypophyse (d’ANGELO 1960. KNIDGE 1960). La stimulation de la production de T. S. H. et d’A. C. T. H, est associée à des modifications cytologiques profondes des cellules basophiles de l’adénohypophyse. Ces observations font ressortir le rôle essentiel du complexe hypothalamo¬ hypophysaire dans l’acclimatation au froid. Les réponses au froid des hormones appropriées sont probablement maintenues par les influences nerveuses assurant une production conve¬ nable et la libération dans le système circulatoire des hormones de la thvroide et des surrénales. Celles-ci, à leur tour, mettent en route les processus d’acclimatation au froid en agissant sur le métabolisme cellu¬ laire par des voies non encore déterminées de façon précise. 2, Intervention des hormones dans le métabolisme lipidique Chacune des trois catégories hormonales (catécholamines, hormones thyroidiennes et corticostéroides) intervient dans le métabolisme des lipides. En effet, le niveau des oxydations dans les tissus est augmenté lors de l'exposition au froid comme il l'est sous l’influence de ces hormones (SEALANDER 1956). Ainsi, au niveau du tissu adipeux, adré¬ naline et corticostéroides augmentent l’oxydation du glucose et de l’acide EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS lactique. On a constaté, chez les animaux exposés au froid, une oxydation plus importante des acides gras à longue chaine que de ceux à chaine plus courte (FELTS et MASORO 1959). Cette augmentation est sans doute facilitée par une hypersécrétion thyroïdienne, comme on a pu le De même, l’adrénaline facilite l’oxydation des acides gras. Lors de l’exposition à basse température, les catécholamines mobilisent les acides gras non estérifiés à partir des lieux de réserve tissulaires. vers le sang et le foie où ils sont oxydés plus rapidement. La mobili¬ sation plus importante des acides gras libres par les catécholamines et l’oxydation plus rapide sous son action et celle de la thyroxine, mettent en évidence l’interdépendance de ces hormones dans le maintien de l’homéostasie pendant la lutte contre le froid. Les hormones agissent différemment, d’ailleurs, selon la catégorie de lipides. Ainsi, les triglycérides sont catabolisés pendant la lutte contre le froid et servent de substrat pour la production de chaleur. Le taux de phospholipides, par contre, est augmenté lors de l’exposition prolongée au froid, ainsi que celui du cholestérol. 28 montrer chez des rats hyperthyroidiens. a) TRIGLYCÉRIDES Le froid est un agent lipotrope actif qui prévient l’accumulation des graisses dans le foie et le tissu adipeux (TREADWELL, 1958). Chez les animaux vivant au froid, le rapport des triglycérides au poids du corps est réduit et l’oxydation des lipides est augmentée (MEFTERD 1958). Nous avons déjà dit que les acides gras à longue chaine sont oxydés plus rapidement au froid que ceux à chamne courte. Ceci met en évidence le rôle important des phospholipides dans le transport des acides gras. En effet, grâce à leur double propriété lipophile et hydrophile, les phospholipides permettent le transport des acides gras hydrophobes à travers les membranes cellulaires. Seuls les acides gras à longue chaine dépendent des phospholipides pour leur transport; ceux à chaine plus courte, plus solubles dans l’eau, peuvent plus facilement pénétrer dans les cellules. L’augmentation du taux des phospholipides provoquée par le froid favorise donc l’oxydation des acides gras à longue chame. La mobilisation des triglycérides à, partir des dépots organiques est sous la dépendance des catécholamines et plus particulièrement de la noradrénaline, comme l'ont montré plusieurs auteurs et, en particu¬ lier. GOODMANN (1958). LAUREL, (1958) WHTTE (1958), on a aussi montré que le système nerveux sympathique est nécessaire à la mobili¬ sation des graisses (CLEMENT et SCHAEFTER 1947). Cette mobilisation parait dépendre également du complexe hypophyse-surrénales. l’A. C. T. H. (LOPEZ et WHrTE 1959) et la cortisone (SHAFRIR 1960) provoquant une augmentation des acides gras libres du plasma. DI PHOSPHOLIPIDES HANNON (1960), ROSSTTER et NICHOLLS (1957) ont montré que les phospholipides sont synthétisés, en plus grande quantité, sous l’action 9o Tron, ns Sont progurs ee ecochés dans la graisse brune, le foie. lisme lipidique. EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 67 les surrénales et les reins. Il semble que les catécholamines et l’hypo¬ physe en soient en partie responsables, l’augmentation n’étant pas observée après surrépalectomie ou hypophysectomie (SHAFRIR 1960). La surrénalectomie diminue les taux de phosphore et de lécithine dans le foie (KISS et coll, 1959). L'A. C. T. H, augmente l'incorpora¬ tion de P"" dans les phospholipides et la cortisone accélère leur turn¬ over. La synthèse accrue des phospholipides dépend évidemment de la présence des précurseurs en quantité suffisante. Ainsi, dans le foie. il y a formation accélérée d’e-glycérophosphate qui provient du méta¬ bolisme glucidique (POPJAK 1950). De plus, la présence de CoA est indispensable; en son absence, les estérifications sont très réduites (BRADY 1956). Au début de l'exposition au froid, comme l’a montre CAMPBELL, en 1960, le taux de CoA augmente dans le foie et reste élevé par la suite. On remarque une utilisation préférentielle des acides gras à longue chaine pour la synthèse des phospholipides, ce qui neut aussi expliquer l’utilisation accrue de ces derniers dans la lutte contre le froid (MASORO 1958). KISS (1957). SPIRO (1956) ont constaté qu’une insuffisance en phos¬ pholipides conduit à un ralentissement de l’oxydation des acides gras et à leur accumulation dans le foie. Ce fait est observé tout au début de l’exposition au froid; à ce moment, se produit une mobilisation intense des lipides par les catécholamines alors que les phospholipides sont encore synthétisés en quantité insuffisante; l'équilibre se rétablit en 24 h. C) CHOLESTÉROT. On constate pendant l’exposition au froid une formation accrue de cholestérol (VAHQUNY 1959) qui est certainement stimulée par la thyro¬ xine (MARX 1953) et par l’adrénaline (SHAFRIR 1960). Cette augmentation porte surtout sur le cholestérol estérifié (SMTTH 1960) et le rapport cholestérolzacides gras est plus grand (MEFFERD 1958). II. — EETFETS DU EROID SUR L’OXYDATION DES ACIDES GRAS Les variations des taux des hormones actives sur le métabolisme des graisses, ainsi que l’étude de la teneur de l’organisme en lipides: ne peuvent donner qu'une indication sur le devenir de ces métabolites pendant l’exposition au froid. On ne peut comprendre ces phénomènes qu’en étudiant les mécanismes impliqués au niveau cellulaire. De nombreuses expériences permettent de penser que, sous l’action du froid, l'oxydation des acides gras est augmentée. Ainsi, après étude du O. R.. KAYSER (1937) et PAGE (1957) estiment que le mammifère placé au froid oxyde préférentiellement des lipides. REISS (1953). BABINEAU (1955) et VOUNG et coIL. (1955) observent une diminution des réserves lipidiques des animaux exposés aux basses températures. SARGENT (1951) note, chez ces animaux, une élévation du taux des corps cétoniques. Ces auteurs concluent à une intensification du catabo¬ 30 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES S’il ressort de ces observations que les lipides sont utilisés d’une façon importante dans la thermogenèse de réchauffement, les mécanismes cellulaires impliqués ont été beaucoup moins étudiés. Toutefois, au cours de ces dernières années, quelques chercheurs se sont intéressés à ce problème : PAGE, MASORO, FELTS, PERRY, KLINE, etc. Les recherches ont été faites, in vitro et in vivo, à l’aide d’acétate ou d’acides gras marqués au C. D'après MASORO (1957), l' oxydation de ces substrats par les coupes de foie d’animaux exposés à 2° ou à 25° pendant 1 à 10 jours se fait à la même vitesse. Mais, si les animaux ont été auparavant soumis au jeune, la production de C'° O, est plus faible pour les rats exposés au froid; toutefois, si on ajoute au milieu du glucose, du pyruvate ou du lactate, on observe une augmentation du C° O, produit par les coupes de foie des animaux adaptés (MASORO 1958). I semble donc qu’en présence d’un excès de glucides, la faculté d’oxydation des lipides soit augmentée chez les animaux placés au froid Il taut remarquer que, chez ces derniers, surtout lorsqu’ils sont en état de jeune, le taux de glycogène hépatique diminue considérablement. Il peut y avoir une relation entre l’absence de glycogène et la diminution relative de l’oxydation des acides gras puisque l’addition de glucose augmente ces oxydations. Par contre, chez les animaux acclimatés, qui ont un taux de glycogène normal ou même supérieur à la normale, on ne constate pas de diminution de l’oxydation des acides gras. D'après MASORO, l’administration de glucose prbvoquerait une augmentation de l’A. T. P. dans le milieu, ce qui se produit quand la dégradation, se fait par la voie de Embden-Meverhof ou par celle du phosphogluconate. Il se produirait, lors de l’exposition à un froid intense, un non-couplage des phosphorylations oxydatives. PANAGOS (1958), en effet, n’a pas constaté ce phénomène pour un froid moins sévère. Certains auteurs estiment, cependant, que le foie n’est pas le siège essentiel du catabolisme des acides gras et que le tissu adipeux inter¬ vient dans ce phénomène. Le tissu adipeux, brun semble, en effet, être le siège de dégradations importantes. On a montré que ce tissu contient les enzymes nécessaires à la dégradation des lipides et du lactate, il contient également beaucoup de diphosphothiamine (HOOK 1941) utilisée dans l’oxydation du pyruvate en dérivés acétylés. Le CoA est aussi présent en grande quantité dans le tissu adipeux brun et sa concentration augmente lors de l’exposition au froid (THOMPSON 1960). Il en est de même pour la succinyl-déshydrogénase et les divers cytochromes (BALL. 1960), Tous ces facteurs indiquent que le tissu adipeux brun joue un rôle fonctionnel dans la thermogenèse. On ne connait pas, encore tous les processus de dégradation mis en œeuvre, mais on a mis en évidence dans ce tissu les enzymes intervenant dans le cycle tricarboxylique, la voie de Embden-Meverhof et celle des pentoses. Il en est de même pour les cofacteurs vitaminiques. IV. — FFFETS DU FROID SUR LA SYNTHÈSE DES ACIDES GRE Les effets du froid sur la synthèse des acides gras ne sont pas encore parfaitement élucidés. Pour certains auteurs, le froid stimule la lipogenèse; pour d’autres, au contraire, il l’inhibe. Ainsi les travaux EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 31 de CHENIER et PAGE (1955), basés sur l’étude du O. R., montrent une augmentation de la transformation des sucres en graisses chez les rats exposés au froid depuis un certain temps. De même. STETTEN et BOXER (1944) ont constaté que, chez ces animaux, 30 % des glucides ingérés quotidiennement se trouvent engagés dans la voie de la lipogenèse Par contre, MASORO (1962) et SHELDS (1962) ne constatent pas d’augmentation de la lipogenèse globale chez l’animal adapté au froid auquel on a administré des glucides marqués au C' La pature des graisses de réserve parait être atfectée par l'expo¬ sition au froid. Ainsi, HENRIQUES et HANSEN (1901) observent que des porcs vivant dans un milieu froid possèdent une graisse sous-cutanée à indice d’iode plus élevé que ceux vivant dans un milieu chaud. Ces résuitats sont confirmés par TERROINE et coll. (1927) chez les poikilo¬ thermes et les végétaux vivant à basse température, et par CLEMENT (1950) chez le rat. Pour ce dernier auteur, il y a utilisation prétéren¬ tielle de certains acides gras dans les besoins de la thermorégulation. Il semble, de plus, que l’intensité de la lipogenèse ne soit pas uniformément affectée par le froid dans tous les organes. Ainsi MASORO (1957) remarque que des coupes de foie d’animaux adaptés au froid synthétisent moins d’acides gras à partir de l’acétate C°. Il semble, effectivement, que le foie ne soit pas le lieu principal de la lipogenèse et que celle-ci serait surtout réalisée dans le tissu adipeux Pour FAVARGER (1955), l’activité lipogénétique serait de 90 % dans le tissu adipeux et de 1 % seulement dans le foie; d’après SAUCIER cité par PAGÉ (1957), la lipogenèse ne serait augmentée, chez le rat expose au froid, que dans le tissu adipeux brun à partir du 2e mois d’adaptation. SHELDS (1962) aboutit également au même résultat. Des travaux récents ont montré que le métabolisme glucidique joue un rôle de premier plan dans la régulation de la lipogenèse (CHAIKOFR 1951). On estime que la vitesse de couplage d’acétyl dans les acides gras est sous la dépendance énergétique d’une phase du métabolisme glucidique par l’intermédiaire des voies de Embden-Meverhof ou de glucose monophosphate. Ainsi, SIPERSTEIN (1959) affirme que la produc¬ tion de T. P. N. H., par la voie hexose-monophosphate est le mécanisme biochimique par lequel la lipogenèse est stimulée. Toutefois. SPIRTES et coll. (1953) estiment que la sécrétion thyroidienne intervient dans cette stimulation. Un facteur nutritionnel parait également intervenir. MASORO (1956). a montré, en effet, que la lipogenèse augmente, dans des coupes de foie de rats adaptés, lorsqu’on ajoute du glucose au milieu. Ce même auteur trouve que le niveau de la lipogenèse est élevé chez ces animaux uniquement lorsque le régime est pauvre en lipides. Il conclut que la lipogenèse est une voie obligatoire du catabolisme des glucides quand l’apport du régime en lipides est faible. Dans les autres cas, la synthèse d’acides gras serait une voie relativement mineure du catabolisme des hydrates de carbone. Il semble, cependant, étant donné la capacite lipogénétique très élevée du tissu adipeux du rat adapté au froid, que l’augmentation de la lipogenèse soit une des défenses essentielles l’animal lors de la lutte contre le froid EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 32 On peut dire, par conséquent, que les animaux adaptés au froid, et qui reçoivent une alimentation suffisante, continuent à synthétiser les lipides et ceci malgré l’oxydation accrue du glucose utilisable et des réserves de graisses. Cette possibilité, qui n’apparait qu’après un certain temps de maintien à basse température, semble être une des caractéristiques de l’acclimatation au froid. V. — MÉCANISMES ÉNERGÉTIQUES DE L’ACCLIMATATION AU FROID La réponse hormonale de l’organisme au stimulus froid tend à intensifier les processus cataboliques aboutissant à la production d’éner¬ gie et de chaleur Il est certain que le métabolisme du glucose occupe une position prépondérante dans ces processus en fournissant l’acide pyruvique et une partie de l’acide oxalacétique nécessaires à l’intégration dans le cycle de Krebs des radicaux acétyl provenant des lipides. En leur absence, ceux-ci se condensent pour former l’acétoacétate et les corps cétoniques. Les réactions d’oxydation nécessitent une quantité suffisante de déshydrogénases qui transportent l’hydrogène sur le D. P. N. et les autres accepteurs. On a constaté, chez les animaux adaptés au froid. une augmentation de l’activité des déshydrogénases qui intensifient ainsi le transfert d’hydrogène. Un des points importants de la glycolyse est la réduction du D. P. N. en D. P. N. H, par lequel l’énergie des substrats pourra être transportée sur l’A. D. P. L’augmentation de l’oxydation des substrats durant l’exposition au froid risquerait donc d’apporter une élévation très importante de la quantité d’énergie sous forme d’A. T. P. utilisable pour les processus synthétiques. Or, d’après CHANCE (1952) et LARDY (1952), des taux excessifs d’A. T. P. peuvent inhiber l’A. D. P. disponible et, par conséquent, l'oxydation des substrats. HANNON (1960) a émis une série d’hypothèses pour expliquer l’adap¬ tation du métabolisme oxydatif constaté chez les rats acclimatés au froid. Trois mécanismes interviendraient au niveau des dégradations : — un non-couplage des phosphorylations oxydatives. -— une activation de l’efficacité des enzymes. — une augmentation de la concentration de certains d’entre eux et en particulier, des déshydrogénases. L’auteur se base sur le rôle important joué, dans l’adaptation, par les hormones thyroidiennes qui augmentent les oxydations et provoquent un découplage des phosphorylations oxydatives (HANNON 1959). Il existerait donc, chez les animaux acclimatés, des processus de transfert d’énergie détournant une partie de l'énergie de dégradation vers un accroissement de la production de chaleur immédiatement utili¬ sable. Ainsi, POTTER (1958) suppose que, pendant l’acclimatation l’oxydation des substrats se fait surtout par la voie T. P. N. H. -— Cyto¬ chrome C qui demande des phosphorvlations plus faibles. HOCH et LIPMANN (1954) pensent qu’il se produit une diminution du contrôle exercé par la phosphorylation sur le transport d’électrons, ce qui pourrait expliquer la diminution du rapport P7O observé chez les acclimates. EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 33 HOITER (1960) insiste sur l’augmentation du taux de vitamine ( observée chez les animaux acclimatés; cette vitamine permet le transport d’hvdrogène par une voie non phosphorvlative. Une des possibilités suggérées est : T. P. N. H. — ac, ascorbique — cyt. b-0. dont le rapport P/0 est 0,9. A l’appui de cette théorie, on note une augmentation des taux de T. P. N. H., cyt. bs et vit. C au niveau des microsomes. L’utilisation des lipides comme substrat peut être considérée comme un autre mécanisme régulateur des phosphorylations oxydatives. En effet dans l’oxydation des acides gras en acétyl-CoA, les acyl-déshydrogénases transfèrent l’hydrogène par l’intermédiaire d’une flavine. l’E. T. F. (électron transport flavine), sur la F. A. D. (flavoadénine dinucléotide sans passer par le D. P. N. Il en résulte l'élimination d'une étape de phosphorylation. "L’incorporation de ce processus est utile à la thermo¬ genèse en diminuant l’efficacité du transfert d’énergie" (SMTTH 1962). La lipogenèse est considérée, par MASORO (1962), comme une autre possibilité de régulation des phosphorvlations. Ainsi, la synthèse de tripalmitine à partir du glucose et la dégradation de cette tripalmitine en acétyl-CoA produisent un excédent de 400 calories par rapport à l’utilisation directe du glucose et, par conséquent, un moindre rendement en A. T. P. Dans ce cycle, l’utilisation d’énergie dans les étapes de réduction, dépasse la production d’énergie dans les étapes d’oxydation. En diminuant la formation d’A. T. P. à partir du glucose, la lipogenèse provoque les mêmes effets énergétiques que le non-couplage de la phos¬ phorylation oxydative. Nous avons vu que, d’après certains auteurs, le taux de la lipogenèse est augmenté chez les animaux acclimatés, au froid. Cette voie permettrait donc la libération de chaleur utilisable dans la thermogenèse. Quel qu’en soit le mécanisme, on peut dire avec SMTTH (1960) que la thermogenèse cellulaire des rats adaptés au froid peut provenir de sources autres que la phosphorylation oxydative. On peut, en effet. penser qu’interviennent des voies de non-phosphorylation, dans lesquelles l’énergie est libérée sous forme de chaleur. Il peut s’ajouter une utili¬ sation préférentielle de substrats à bas niveau de phosphorvlation : succinates, composés acyl, glycérophosphates, qui entrent dans les chaines de transport d’électrons à des stades plus terminaux que le D. P. N. et provoquent, de ce fait, une diminution du rapport PO. Ces mécanismes ont un moindre rendement énergétique et la perte de chaleur qui en résulte couvre, chez les animaux adaptés au froid, une partie des besoins de thermogenèse. Sans qu’il soit possible d’apporter une conclusion sur le rôle respec¬ tif des divers modes de transport d’énergie, on peut supposer que diverses voies, comportant ou ne comportant pas de phosphorylations existent parallèlement. Il en résulte un équilibre qui permet de satis¬ faire conjointement les besoins d’énergie utilisable dans les réactions d’anabolisme et ceux, nécessités par la thermogenèse de reciiqultemrent¬ 34 EFFETS PHYSO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES VL. — ALIMENTATION HYPERLIPIDIQUE ET ATHEROME EXPERIMENTAL 1. Caractères aénéraux de l’adaptation aux basses températures a) MÉTABOLISME ENERGETIQUE Nous avons indiqué quelques modifications du métabolisme des lipides et du métabolisme cellulaire intervenant au cours de l’adaptation au froid. D’autres modifications apparaissent dans le mécanisme de la thermogenèse qui, pendant la phase aigue du stimulus froid, dépend surtout du frisson thermique mais, se transforme, peu à peu, en une cthermogenèse de non-frisson" (GELINEO 1934. SELLERS 1954. HART 1956, HEROUX 1956). L'acclimatation au froid s’accompagne aussi d’une augmentation du métabolisme basal (BARGETON et coll, 1954. COTTLE 1956. CHEVIL¬ LARD et coll, 1962). On observe corrélativement une diminution impor ¬ tante de la marge de thermogenèse ainsi qu’une augmentation de la limite du "métabolisme de sommet" (DEPOCAS et coll. 1957, HART 1960). Le début de l’adaptation est marqué par une intensification de la respiration des coupes de foie, de reins, de muscles et de cerveau (YOU et colL, 1951. WEISS 1954. DONHOFFER et coll, 1959) qui dispa¬ rait par la suite (HANNON 1958). b) MODIFICATIONS SOMATIQUES Il apparait aussi une diminution de la croissance corporelle (HERQUX et coll, 1958. CHEVILLARD et coll, 1962) et une augmentation de la masse relative de quelques organes (CHEVILLARD et coll. 1937, 1939. 1962). La perte de chaleur est réduite par la diminution des surfaces de déperdition : changement de posture, réduction de la longueur de la queue (CHEVILLARD et coll, 1962), etc. C) MODIFICATIONS DES SÉCRÉTIONS ENDOCRINES Comme nous l’avons indiqué, les hormones thvroidiennes, cortico¬ surrénaliennes et hypophysaires interviennent dans l’adaptation au froid. Il semble bien que les catécholamines et, particulièrement, la noradré¬ naline jouent un rôle essentiel; en effet, leur taux se maintient à un niveau élevé et les tissus acquièrent une sensibilité accrue à ces hormones (LEDUC 1961). 2. Réaime athéroaène chez le rat adapté au froid L’administration d’un régime hyperlipidique favorise la lutte contre le froid et augmente la survie du rat soumis à des températures basses (DUGAL, et coll, 1945, TEMPLETON et coll, 1949. GOUNELLE 1955. LEBLANC 1957. RAULIN 1959). La résistance au, froid varie d'ailleurs avec l’âge de l’animal et, pour WEISS (1960), le moment le plus favo¬ rable chez le rat, se situe entre 6 et 16 semaines. EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 35 On a longtemps estimé que le rat était résistant à l’induction de l’athérome expérimental (LOEWENTHAL, 1926. SPERRY 1935), pes recherches récentes ont, toutefois, montré que diverses artériopathies peuvent être provoquées chez cet animal (PAGÉ et coll. 1952, HUM¬ PHREYS 1957, WILGRAM 1957, TRÉMOLTERES et cotl, 1958, 1960). Cependant, le rat ne répond pas aux régimes athérogènes aussi facile¬ ment que le lapin ou le poulet, ce qui permet une meilleure étude de l’élaboration des facteurs étiologiques. WILGRAM (1959) a fait une étude de l’athérome expérimental chez le rat; il trouve qu’un certain nombre de lésions spontanées se dévelop¬ pent avec le vieillissement. Artériosclérose et infarctus peuvent, d’après cet auteur, être produits expérimentalement par une combinaison : atteinte vasculaire « hyperglycémie. Le problème se pose, toutefois, de savoir si le froid est un facteur favorisant ou inhibiteur de l’induction de l’athérome. On pourrait suppo¬ ser que l’augxmentation du métabolisme des lipides, conduisant à une diminution de l’hyperlipémie provoquée, diminue les chances d’apparition de l’athérome. Les lipides alimentaires peuvent, en effet, être utilisés par les animaux placés au froid, soit pour accroître les dépots super¬ ficiels, augmentant ainsi l’isolement thermique, soit pour les besoins énergétiques. D'après YOUNG et COOK (1955) et PAGÉ (1957), les dépots superficiels restent inchangés, la surcharge lipidique est, en grande partie, dégradée pour les besoins calorifiques. Pour SELLERS et coll. (1954), la prise calorique des aliments reste constante quel que soit le taux de graisses du régime. Ce même auteur (1956) estime que l’exposition au froid peut être comparée à un procegsus de vieillissement accéléré. Les lésions athé¬ romateuges se produisent, en moins de 6 semaines, chez de vieux rats soumis à un régime athérogène et leur fréquence est plus grande chez les animaux avant vécu au froid. D'autres observations de SELLERS (1960) semblent indiquer que le froid favorise l’apparition de l’athérome chez le rat tout en modifiant la nature des lésions. VAHQUNY et col. (1961), par contre, notent, chez le lapin, un taux d’apparition de l’athérome expérimental du même ordre, quelle que soit la température extérieure. Il est possible d’expliquer ces divergences par : des différences entre espèces, la durée de l’exposition au froid et la température utilisée. D’autres facteurs peuvent aussi intervenir tels que la nature du régime, le taux des lipides, la présence en quantité suffisante de certains facteurs vitaminiques. Nous avons, par exemple, constaté, lors de premières expériences, que les besoins en vitamines du groupe B semblent augmentés chez les rats soumis à un régime hyperlipidique et placés à des températures extérieures s’éloignant de la normale. Il résulte des travaux que nous venons de citer que les conditions optima d’induction de l’athérome expérimental sont loin d’être détermi¬ nées. L’étude de l’athérogenèse chez le rat acclimâte aux passes ceuipe 3% EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES ratures présente, cependant, un intérêt certain, étant donné les change¬ ments morphologiques et physiologiques provoqués par l’adaptation. Aussi, nous proposons-nous de poursuivre des recherches dans domaine. DISCUSSION NTANTE : Avez-vous analysé le taux de glycogène et les lipides hépatiques chez vos animaux 2 Il est, en effet, intéressant de contrôler le taux de glycogène hépatique car l’exposition aigue du rat au froid est suivie d’une baisse très importante de la réserve glycogénique qui entraine une diminution de la synthèse hépatique de lipides, cette synthèse étant restaurée par l’addition de glucose in vitro aux coupes de foie (MASORO et coll. ). La carence en glucose n’est d’ailleurs pas le seul facteur qui joue dans ces conditions, car chez les animaux adaptés au froid depuis longtemps le taux de glycogène est normal, cependant que la synthèse de lipides in vitro est diminuée; l’addition des cofacteurs qui intervien¬ nent dans la synthèse des acides gras normalise l’incorporation d’acétate dans les lipidès RÉPONSE Nous n'avons pas encore déterminé les taux de glycogène et de lipides hépatiques chez nos rats. Cependant, les variations de ces taux. au cours de l’acclimatation de l’animal, sont assez bien connues. Quel¬ ques travaux faits dans ce domaine ont été cités dans le rapport : LEVIN, TREADWELL,. SELLERS, MASORO. MODIEICATIONS MÉTARQLIQUES PRODUITES PAR DES BÉGIMES UYPERLIPIDIQUES ATHEROGENES CUEZ LE RAT J. TRÉMQUIÈRES - M. APFELSAUM Unité des Recherches de Diététique: Institut National d’Hvaiène Hêpital Bichat Les études établissant la coincidence entre la mortalité par maladies dégénératives du cœur et des vaisseaux, les quantités et les natures de graisses consommées ne tiennent pas compte du niveau de la ration calorique qui en résulte. Or, il est possible que les taux des graisses n’interviennent que par le biais de la ration calorique élevée qui en résulte, manger gras étant le moyen le plus simple de manger trop. Nous avons abordé le problème du rôle possible du niveau de la ration calorique. Nous avons étudié les habitudes alimentaires de sujets avant présenté un infarctus du mvocarde en les comparant à des témoins de même poids et de même métier. Nous avons admis que le poids et le genre de vie définissaient suffisamment la dépense calorique. Nous avons apprécié les rations ingérées par une méthode d’interrogatoire alimentaire présentée ailleurs (12). Cette méthode, basée sur la qualité de l'enqueteur et dépendant des facultés intellectuelles du malade, ne vaut qu’à titre indicatif. Cependant, nous avons vu que, correctement utilisée, elle donne des résultats aussi valables que des méthodes appa¬ remment plus objectives et beaucoup plus onéreuses (2). 1. — HABITUDES ALIMENTAIRES, INFARCTUS DU MYOCARDE ET HVYPERCHOLESTEROLÉMIE A STATURE ET ACTIVITÉ (dépense calorique) COMPARABLES Afin de préciser le retentissement des facteurs alimentaires à l'intérieur d’une meme population noue avops procédé à une enquête nutritionnelle du type "longitudinal", c’est-à-dire projetée dans le temps. Sur des sujets choisis dans le même milieu social et présentant, de plus, les mêmes caractéristiques (age, sexe, poids), les uns atten FTEETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTALRES 38 d’infarctus du mvocarde ou d’hypercholestérolémie, les autres clinique¬ ment indemnes. Les 147 sujets (75 femmes, dont 16 cas d’infarctus. 35 d’hypercholestérolémie et 24 témoins, 72 hommes, dont 36 cas d’infarctus et 36 témoins) furent interrogés sur leur alimentation habi¬ tuelle, avant toute modification thérapeutique du régime. Le tableau 1 présente ces résultats. TABLEAU T Taux nutritionnels des régimes babituels de sujets présentant un infarctus du myocarde ou une hypercholestérolémie isolée. (Moyennes et écarts-types). TABLEAU Caractéristiques des habit des sujets présentant un in ou une hypercholesté et des sujets farctus du myocarde H de calories lipidiques chez les femmes que chez les hommes, malades ou témoins; ceci peut s’expliquer par la consommation plus élevée d’alcool chez les hommes. EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 40 Nous vovons que le taux calorique global moyen des hommes atteints d’infarctus est supérieur de 16 % à celui des témoins, et que pour les femmes cet excès atteint 42 6. Le tableau II donne les rapports des différentes catégories de nutriments; le tableau III compare les groupes. Le taux lipidique global est plus élevé de 16 % chez les hommes atteints d’infarctus, de 21 % chez les femmes atteintes d’hypercholesté¬ rolémie, et de 42 ( chez les femmes atteintes d’infarctus. La ration protéique est supérieure de 18 % pour les hommes atteints d’infarctus. de 28 % pour les femmes hypercholestérolémiques et de 38 % pour les femmes atteintes d’infarctus. On remarquera un pourcentage plus élevé TABLEAU IT Comparaison en % des taux nutritionnels habituels consommés avant la maladie par les sujets avant présenté un infarctus du mvocarde ou une hypercholestérolémie isolée, par rapport aux témoins (de même s milieu social, poids et taille). EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 21 Les tableaux IV et y subdivisent nos sujets en, obèses et normaux par référence aux standards de l’INSTITUT NATIONAL DHYGIENE. TABLEAU IY Comparaison des taux et caractéristiques nutritionnels habituels des sujets hommes de poids moyen ou ipférieur à la moyenne, et des sujets hommes obèses (pesant plus de 15 % que la moyenne). (movennes et écarts-types). 42 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES TABLEAL Y Comparaison des taux et caractéristiques nutritionnels habituels des sujets femmes de poids moyen ou inférieur à la moyenne et des sujets femmes obèses (pesant plus de 15 4 que la moyenne). (moyennes et écarts-types). En ce qui concerne les hommes, ces résultats sont surprenants et méritent d’être confirmés avec des séries plus importantes; en effet. pour les hommes de poids normal, le groupe des infarctus présente une surconsommation calorique de 32 %, alors que pour les hommes obèses, il y a une sous-consommation de 18 9. Par contre, pour les femmes (tableau Y), le groupe avant présenté un infarctus a une consommation constamment plus élevée que le groupe témoin quel que soit le poids. Ce type de faits nous semble particulièrement important FTETS DES REGIMES HVPECALORQUES HVERGRAS 3 à préciser. Il semble, d’après les observations rapportées plus loin sur le rat, que l’artériosclérose s’accompagne de stéatoses avec sclé¬ roses dans plusieurs tissus. L’athérome apparaitrait ainsi comme une réaction particulière à une certaine forme de surcharge calorique. Le tableau VI représente la consommation comparée de diverses graisses. TABLEAU VI Pourcentage des malades et des témoins selon leur consommation des diverses graisses témoins de même poids. EFFETS PHYSIO-PATHOLQGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 44 Nous vovons que la consommation de charcuterie et de beurre est nettement supérieure chez les malades par rapport aux témoins et qu’il n’existe, pas de différence pour les autres types de graisses. Le tableau VII concerne les habitudes culinaires et le tabagisme. les groupes de malades faisant un usage plus important de viandes en sauce, de fritures et de tabac. TABLEAU VIT Pourcentage des malades et des témoins selon leur consommation de viandes en sauce et de fritures Nous avons conclu de cette enquête préliminaire à l’existence d’une surconsommation calorique globale dans les groupes atteints, surconsom¬ mation portant également sur les divers nutriments et n'élevant la consommation lipidique qu’avec le reste de la ration. Nous n'avons pas retrouvé chez nos malades, contrairement aux idées en cours, d'augmen¬ tation particulière de lipides d’origine animale. Outre le surprenant groupe des "obèses coronariens à faible consommation" les sujets atteints d’infarctus ont consommé de 20 à 40 de calories de plus que les EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 45 L. - EETETS EXPÉRIMENTAUX DE RÉGIMES HYPERGRAS SUR LE RAT A partir de précédentes données, nous avons cherché à réaliser. chez les rats blancs, un régime caricatural, réunissant un pourcentage élevé de calories lipidiques et protidiques, faciles à accepter, afin d’induire une surconsommation. Rappelons qu’à la différence de certai¬ nes autres espèces, tel le lapin ou le poulet, le rat: présente une importante résistance à l’athérome expérimental. Il est néanmoins possible de le provoquer par nombre de méthodes. BEST (3). WILCRAM (28) et d’autres, employèrent un régime hyper¬ lipidique déficient en choline et méthionine, HANDLER (8) a découvert le rôle facilitant des antithyroidiens. SWELL (19), celui des sels biliaires. THOMAS et HARTROET (20) réunirent en un seul régime le beurre, le cholestérol, l’acide cholique et le thiouracil. HELLERSTEN (9) a utilisé le régime gras mais carencé en magnésium. GOLD (30) a lie le régime et l’exposition aux ravons X. BUCKLEY et HARTROFT (5) l’hypervitaminose 0. On a aussi utilisé le stress par le froid (SELLER et vOU (17);, le sérum néphrotoxique (HACKEL, et HEYMAN (7), et même l’iniection intraveineuse de substances irritantes tirées de l’huile de moutarde (HORST (10). De cette énumération très incomplête, concluons que la complexité de certaines de cès conditions expérimentales: en rend les résultats difficilement transposables à notre objet. Les travaux de notre groupe nous ont permis de dégager les cons¬ tatations suivantes. A. Effets athérogènes Le tableau VI montre la composition des régimes (V, page 46). Nous avons décrit l'’artériosclérose et l’athérome produits chez le rat mâle par plus de 10 mois du régime suivant : Saindoux .... . .... ...... 30 8 Viande de cheval.......... 20 g Blé moulu.............. 20 g Caséine dévitaminée Byla... 18 g Mélange d’Osborne........ 2 g Cholestérol.............. 2 8 Vitamine A, vitamine D. Ce régime présente des carences induites en particulier en pyri¬ doxine : une surcharge de tryptophane produit, en effet, l’apparition d’acide xanthurénique dans les urines. Par ailleurs, ce régime est mal supporté quand les rats n'absorbent pas 100 g d’aliments par jour; les rats présentent alors des hémorragies nasales et meurent. L’adionction de doses élevées de vitamines du groupe B dans deux séries de 12 rats nourris au saindoux a coincidé avec la non-production de lésions artérielles. Ni la choline, ni la pyridoxine, à elles seules ne protègent contre les lésions artérielles. Une étude est en cours pour analyser le rôle protecteur des vitamines du groupe B. COMPOSITION DES TABLEAU RÉGIMES de 6 à 12 2. EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 42 Nous signalerons que nous avons obtenu des lésions artérielles grossières avec l’huile de mais, l’huile d’œeillette et l’huile de pépin de raisin, ceci malgré une surcharge en vitamines du groupe B. Au bout de 7 mois de régime, avec ou sans cholestérol ajouté, la fréquence des lésions atteignait 5 sur 6 rats avec le régime mais à 30 ( sans choles¬ térol et 4 sur 6 avec du cholestérol surajouté. Les témoins ne recevant qu’un régime à 5 % d’huile de mais n’avaient pas de lésion. Nous avons observé que l’âge auquel on a soumis les rats au régi¬ me, le taux des ingesta, la "personnalité" de certains rats à l’intérieur du même groupe sont des facteurs susceptibles de modifier la fréquence et la date d’apparition des lésions. Il existe même un petit pourcentage d’athéromes spontanés chez de très vieux rats. Nous ne sommes pas encore en mesure de donner les incidences chiffrées de ces divers facteurs. Nous ne pouvons affirmer qu’un point : les régimes hypergras au saindoux et à l’huile de mais, avec ou sans surcharge de cholestérol. sont fortement athérogènes aux taux vitaminiques habituels. B. L’induence du taux et de la nature des araisses inaèrées sur la croissance, ta consommation et le rendement alimentaire 1 -— Première série : 80 rats Les graphiques ci-après présentent les évolutions pondérales et les consommations calorifiques par rapport au régime témoin (saindoux 5 g ou STO). GRQUDE SANS CHOLESTÉROL. 1° Les rats de 110 g eurent une croissance pondérale qui, pendant 3 mois fut du même ordre, quel que soit le taux de graisse du régime. Après 4 à 5 mois, la croissance des rats aux régimes hypergras se réduisit considérablement, si bien qu’après 8 mois de régime, les rats aux régimes hypergras pèsent environ 20 % de moins que les témoins. 2° Cependant, la consommation calorique avec les régimes hypergras reste constamment-plus élevée qu’avec les régimes témoins. 3° En conséquence, les gains de poids pour 1 000 calories qui sont. en 7 mois, de 24 g avec les régimes témoins, sont inférieurs d’environ un tiers avec les régimes hypergras. Ce mauvais rendement des régimes hypergras apparait bien plus nettement encore si l’on considère séparément les 2e et 3e mois de régime et la période du 5e au Te mois. Pendant la première période de mise au régime, les gains de poids pour 1 000 calories restent proches de ceux des témoins. Au 3e mois, les gains de poids sont de 29 g pour 1000 calories pour les BHO, contre 33 g pour les témoins (BTO). Le rendement est de 32 g pour les SHO, contre 34 g pour les témoins (STO). Autrement dit, à cette période, les rendements "croissance" ne sont réduits que EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 48 Aux 6e et Te mois, on observe au contraire une chute spectaculaire du rendement des régimes hypergras (négatif pour les SHO contre 12, 5 pour les témoins; 4 pour les BHO contre 12 pour les témoins nourris au beurre). Donc, après 3 mois, les régimes hypergras ont un rendement de croissance très réduit par rapport aux régimes à 5 % de graisses. Sain de poids. (1) et consommation calorique (Il) par rapport, au gain de poids et à la consommation calorique du lot témoin (SrO). Lots de 10 rats - Régimes sans cholestérol ajouté Cain de poide (moyen), pendant, 8 moie en 8 (Lots de 10 ra pour 1000 calories consommées EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 9 4° Le beurre produit une croissance lors de la mise au régime beaucoup plus rapide que le saindoux, et la détérioration du rendement alimentaire, après le 4e mois, est bien moindre avec le beurre qu’avec le saindoux. TABLEAU IX EVOLUTION DE LA TENSION ARTÉRIELLE ET DE LA CHOLESTÉROLÉMIE (Moyenne et écart-type). RÉGIME AVEC LE CHOLESTÉROL L’adjonction de 2 % de cholestérol aux régimes précédents a des effets complexes (graphique 3). 1° Avec le saindoux, au taux de 30 g %, la consommation calorique est peu différente de celle des témoins. La croissance, qui se maintient pendant 4 mois environ, cesse alors drastiquement. Le rendement alimentaire moyen sur 7 mois de régime hypergras au saindoux, est de 19 g pour 1000 calories, contre 26 pour les témoins. Mais cette moyenne est trompeuse : un peu meilleur au départ le rendement devient nul au 5e mois et négatif au 6e. (Voir graphique 2). 2° Avec le beurre, le rendement du régime hypergras est en moyenne de 19 g pour 1 000 calories alors qu’avec le régime à 5 % il est de 22 g. 3° L’adjonction de cholestérol ne modifie pas systématiquement le rendement des régimes correspondants sans cholestérol. EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 31 Gain de Poids (1) et consommation calorique (1) par rapport au gain, de poids et à la consommation calorique du lot témoin (SIC) - Lots de 10 rats - Régimes + cholestérol: 2% Ainsi, dans cette série. 1) Les régimes hypergras ingérés plus de 3 mois produisent une réduction supérieure à 25 % du rendement alimentaire. 2) L’adjonction de 2 ( de cholestérol au saindoux supprime l’hyper¬ phagie du début des régimes hypergras; par contre, cette hyperphagie persiste avec le régime hypergras beurre-cholestérol. EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 52. 2 Deuxième et troisième séries : Les résultats observés sur deux autres séries de 64 rats et de 40 rats respectivement, sont présentés sur les graphiques 4 et 5. a) Pour les rats mis au régime lorsqu’ils pesaient 105 g : 1° Les régimes hypergras eurent, comme dans la série précédente. un plus mauvais rendement, respectivement de 15 et 12 % pour le saindoux sans et avec cholestérol et de 15 et 35 % pour l’huile de mais sans et avec cholestérol, pendant les trois premiers mois de mise au régime. 2° Du 3e au 6e mois, ces réductions de rendement furent de 6 et 26 % pour le saindoux et de 10% pour l’huile de mais sans cholestérol. Notons, sans pouvoir l’expliquer, le comportement particulier du groupe mis au régime hypergras mais-cholestérol, dont l’évolution pondérale fut retardée; les rendements ont été très bas pendant les premiers mois (- 35 %) et supérieurs à ceux, des témoins pendant la 2e période. b) Pour les animaux mis aux régimes à 210 g, les rendements furent abaissés par le régime à 30 % à, la fois pour les groupes beurre et le groupe saindoux. Les animaux, dont la mise au régime fut tardive. n’ont pas présenté d’athérome. En conclusion : 1) Ces résultats ne sont vraiment cohérents que si on les observe sur des périodes de 3 mois; sur des périodes plus courtes (de 3 à 4 semaines) les modifications aléatoires de l’appétit amènent des compen¬ sations ultérieures. 2) Les régimes hypergras produisent constamment une réduction du rendement "croissance" des calories ingérées qui est de 10 à 30 %. L’adjonction de cholestérol n’amène pas d’effet supplémentaire sur le rendement croissance. 3) Cette réduction de rendement observée pendant 3 à 6 mois, fut plus ou moins précoce ou tardive ou durable, suivant les lots. Le rendement varie non seulement avec l’Âge et la vitesse de croissance antérieure mais aussi avec le niveau calorique des ingesta. 4) Cette réduction de rendement s’observe aussi bien avec le sain¬ doux, avec l’huile de mais qu’avec le beurre, indépendamment des effets sur l’appétit de ces différents produits. 5) Les mauvais rendements pondéraux des régimes hypergras peuvent avoir deux raisons : une élévation du coût calorique du lg de poids corporel (par exemple par accroissement relatif de la part des graisses dans ce poids), ou bien une élévation des dépenses ou encore les deux à la fois. -S10- saindoux 20 endant 6 mois Gain de poids (moyen) pendant mois ats) les tissus et la masse corporelle. EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 55 6) Les rendements un peu plus mauvais avec 2 4 de cholestérol correspondent à une élévation de la perte lipidique fécale qui passe respectivement de 6, 8 et 6, 5 % des lipides ingérés à 9, 8 et 10, 3 %. soit en moyenne une perte de 3 % de calories lipidiques pour les régi¬ mes hypergras. Il existe aussi une petite élévation des lipides fécaux sous l’effet des régimes hypergras (en moyenne de 150 mg/24 h) mais elle ne constitue que 2, 5 % au maximum de la ration calorique; elle n’explique donc qu’une très faible part des diminutions de rendement observées. Le problème posé est donc celui de la réduction de 10 à 30 %. pendant 3 mois et plus, que produisent les régimes hypergras athéro¬ gènes sur les rendements alimentaires. S’agit-il de la construction d’une masse corporelle plus grasse et quels sont le siège et la signification physiologique de ces graisses 2 S’agit-il d’une augmentation du cout calorique d’entretien 2 Nous avons cherché à répondre à ces questions, d’une part en mesurant directement les dépenses caloriques, d’autre part en analysant C. Mesures des dépenses caloriques suivant le taux de draisses inaere 1) MÉTRODES La dépense calorique a été mesurée avec un appareil du type HALDANE moditie. L'animal, l’adsorbeur d’eau, l’adsorbeur de COs étant chacun placé sur une balance enregistreuse, la perspiration insen¬ sible et les échanges respiratoires sont mesurés d’une façon continue (29). Nous avons fait, pour chaque régime, 4 mesures de 24 heures sur 2 rats, Par ailleurs, des mesures de contrôle étaient faites : 1° Par une méthode de confinement, avec enregistrement de la perspiration insensible (4 mesures de 4 heures par régime, toujours sur 2 rats). 2° A l’aide d’un appareil de BARGETON, avec lequel nous procédions à 6 mesures de 5 minutes, après 30 minutes d’accoutumance. 2) LES RÉSULTATS sont présentés en calories par 24 heures, par animal successif, par 100 grammes de poids corporel et par mètre carré (S- 12, 3 Po). (V, tableau K). Les valeurs absolues qu'ton obtient par ces diverses méthodes doivent être interprétées en tenant compte du fait que le HALDANE mesure sur 24 heures les échanges de l’animal au jeqne et au sec sans aucun confinement, que le rat est extrêmement sensible au confinement, que les mesures en confinement ont été faites en atmosphère humide. l'’après-midi, Toutes les mesures ont été faites à 25°C. résultats par unité de surface. EFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 83 TABLEAU X CALORIMETRIE Calculées par unité de poids, les dépenses énergétiques sont plus importantes d’environ 20 % pour les groupes au régime hypergras. quelle que soit la technique utilisée. Les rats au régime hypergras ont donc des dépenses plus élevées dans nos conditions de mesures. Ces différences persistent, bien qu’un peu réduites, si on exprime les EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 52 Ce fait doit être rapproché du mauvais rendement alimentaire qui. comme nous l'avons vu, caractérise les régimes hypergras. Une analyse plus détaillée des dépenses suivant le nycthémère, le confinement, le jeune, est en cours. D. Rôte des régimes hypergras aur la mobilisation de reserves lors du jeûne 1) MÉTHODE Les animaux sont placés dans des cages métaboliques individuelles. Après une semaine d’adaptation, on commence les mesures de bilan. au niveau des ingesta spontanés, pendant 4 jours (- 100 %). Puis les animaux sont soumis successivement pendant des périodes de 2 jours à une restriction alimentaire de 75 6 (ils ne recoivent donc que 25 7 du régime habituel), au jedne total ("0 °), puis à la réhabilitation C100 ). 2) RÉSUTLTATS Les résultats sont présentés sous forme de bilans nets, cumulés sur le graphique N° 6. Les animaux au régime hypergras ont, sous l'influence de la restric¬ tion et du jedne, un bilan d’azote moins négatif; les bilans de phosphore et de potassium evoluent de la même façon. Pendant la période de réhabilitation, la positivité du bilan d’N, de K et de P est également moindre. En conclusion : La masse azotée des rats mis depuis plus de 7 mois au régime hypergras est donc moins mobilisable lors du jedne et moins capable de s’accroitre lors de la réalimeptation. Ceci indiquerait que la compo¬ sition corporelte, la régulation et la labilité des grands compartiments corporels sont modifiées par les régimes hypergras. On produit des individus dopt nous avons vu qutils avaient des dépenses caloriques élevées et dont nous venons de voir qu’ils ont une masse azotée moins labpile que les témoins. Etudiant, par ailleurs les effets de la contrainte due à des cages trop petites, nous avons observé que les bilans d’N, de K, de P et de Na des animaux mis depuis 7 mois au régime hypergras, étaient diffe¬ rents de ceux de leurs témoins. Ils perdent moins de poids, moins d’N. de K, de P, et retiennent davantage de Na. Ce fait confirme la probabilité de la différence profonde de la composition corporelle et du role physiologique des grands comparti¬ ments avec les régimes hypergras. 3A JEUNE : Bilans, cumulés d’Azote, de Potassiu la réduction alimentaire de 274 (25 %), du jeune te (Lots de 6 rat EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAINES 60 CONCLUSIONS l° Une enquête sur les habitudes alimentaires de 87 sujets avant présenté un infarctus du myocarde ou avant une hypercholestérolémie. comparées à celles de sujets de mêmes sexe, poids et activité, nous a montré que le groupe avant présenté des troubles cardiovasculaires avait un régime de 16 à 47 % supérieur en calories à celui des témoins. Le pourcentage des calories lipidiques et la nature des graisses ne sont pas sensiblement différents. 2° Nous avons réalisé des athéromes et artérioscléroses chez le rat avec des régimes comportant 30 % de saindoux, d’huile de mais ou d’oeillette. L’adionction de 2 % de cholestérol à ces régimes a élevé la cholestérolémie de plus de 200 %. Ces régimes comportaient 60 % de calories lipidiques et 27 % de calories protéiques. 3° Les régimes athérogènes produisent des modifications métaboli¬ ques complexes : — ils réduisent de 10 à 30 % pendant 3 à 7 mois les rendements. de croissance; — après 7 mois ils élèvent la dépense calorique d’entretien de 10 à 30 % par 100 g ou par m°. 4° Lors du jeqne ou de la contrainte, les rats mis antérieurement aux régimes hypergras perdent moins d’N, de K et de P, comme si leur masse azotée était moins labile. 5° Ces régimes hypergras athérogènes produisent donc des modifi¬ cations métaboliques complexes. Ils modifient le niveau calorique d’entretien et probablement la constitution corporelle, biochimiquement et physiologiquement. La masse protoplasmique est moins mobilisable lors du jedne. DISCUSSION CHEVALLIER : A propos du régime préconisé par Monsieur TREMOLIERES pour provoquer l’apparition de lésions athéromateuses chez le rat, nous pouvons rapporter les faits suivants. Depuis deux ans, nous nourrissons deux groupes de rats (de 120 jours, au premier jour de l'expérience) avec un régime riche en lipides et en protéines dans les mêmes rapports que ceux du régime de Monsieur TREMOLIÈRES. Mais ce régime est strictement synthétique (sucre, caséine, saindoux). Il com¬ prend, par ailleurs, des sels minéraux et des vitamines en quantités suffisantes. L’un des deux régimes contient en plus, 2 % de cholestérol. EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 61 La croissance et la durée de vie de ces animaux sont comparées à celles de deux autres groupes, l’un nourri avec le même régime synthé¬ tique, mais dont les constituants sont en proportions normales, l’autre avec un régime commercial. A la mort des animaux, les autopsies révèlent, uniquement chez quatre des vingt rats nourris avec 2 % de cholestérol, la présence d’aortes déroulées, volumineuses, calcifiées. B. INFANTE : L’administration de régimes athérogènes au rat produit, comme vous l’avez démontré, une profonde altération des métabolismes lipidique et azoté et, enfin, des lésions d’athérome aortique. Dans des expérien¬ ces que nous avons faites avec un de vos régimes (saindoux, caséine. viande de cheval, etc.) les lésions coronaires ont précédé les dépêts aortiques et, fait intéressant, nous avons constaté des lésions rénales importantes dans les six premiers mois du régime. Avez-vous trouvé aussi ces altérations rénales chez vos animaux 2 Celles-ci pourraient être un facteur important pour l’interprétation des altérations métaboli¬ ques, surtout en ce qui concerne l’azote. 1. TRÉMOLIÈRES : Qui. C’est une des lésions les plus précoces que des sortes d’embo¬ lie graisseuse rénale segmentaire. Ultérieurement, il y a une dégéné¬ rescence segmentaire de l’épithélium tubulaire. INELUENCE D’UN APPORT LIPIDIQUE ALMENTAIRE SUR LA BIOSYNTHÈSE DES LIPIDES DANS IE FOIE DE BAT J. POLONOVYSEI - R. IMFAMTE - M. MALIMSICY Laboratoire de Chimie Biologique - Faculté de Médecine de Paris La possibilité d’une influence sur les lipides sanguins d’une modifi¬ cation dans la quantité ou qualité des graisses alimentaires a fait l’objet de nombreuses recherches ces dernières années. Avec l’emploi des isotopes radioactifs et l’amélioration des techniques de fractionnement et de dosage des lipides on a montré que le foie pouvait jouer un rôle de premier ordre dans la régulation de la lipémie par un mécanisme homéostatique. L’apport de cholestérol exogène ou le dépôt de cette Substance dans le foie, dans des circonstances diverses, entraine une diminution de la synthèse dans cet organe (1-3). La surcharge alimen¬ taire d’acides gras ou l’augmentation des réserves de glycérides hépati¬ ques arrêtent pratiquement la synthèse de graisse dans le foie. On ne peut actuellement juger de l’importance d’un tel mécanisme de régulation à l'état physiologique mais, d’après les travaux de CHAIROFT (4-6). on peut affirmer que la synthèse hépatique des acides gras est très sensible à l’arrivée de quantités minimes de graisse exogène. Des trois grandes catégories de lipides (cholestérol, glycérides et phospholipides) les deux premières semblent se trouver dans l’organisme Sous une régulation de balance entre la biosynthèse et l’apport exogène. Le but de ce travail est d’étudier l'’influence de la surcharge aigué de graisse alimentaire ou du dépot de lipides dans le foie sur la forma¬ tion des phospholipides dans cet organe. Nous avons démontré que l’apport de graisse exogène diminue considérablement la synthèse hépa¬ tique de phospholipides étudiée au moyen de l’incorporation de "P et de " C. Le dépot de lipides dans le foie malgré la diminution globale de la sypthèse qu’il entraine n'entame pas sa capacité de réaction devant l’arrivée de graisse alimentaire. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUE DES GRAISSES ALIMENTAIRES On a utilisé des rats Wistar mâles d’un poids de 200 à 300 g alimentés avec un régime commercial (U. A. R. ) supplémenté en vitamines A. D. E. Les animaux ont été utilisés, soit à jeon, soit 48 h après l’ingestion ad libitum d’un mélange de caséine dévitaminée - saccharose pâtée U. A. R. en poudre,, (2 : 3 : 1), les rats avant accès à la nourri¬ ture pendant la durée de l’expérience. Une partie des animaux à recu le même régime commercial U. A. R. additionné de cholestérol (1 4) et de sels biliaires (1 %), pendant une semaine avant de commencer l’expé¬ rience. Dans tous les cas, la dose de graisse administrée a été calculée d’après le poids de l’animal à raison de l ml de graisse par 100 g de poids. Les animaux ont été sacrifiés par décapitation, le foie étant prélevé immédiatement après. 64 J. — MATÉRIEL ET MEéTHODES Ie6cooration de » P Pour l’incorporation in vitro, le foie recueilli sur tampon de Ringer glacé est coupé en tranches minces (0, 5-1 mm). Pour chaque foie, trois fioles sont préparées, contenant « 2, 5 ml de tampon Ringer-bicarbonate (7) à pH 7, 4 : 200 mg de tranches de foie : 250 u c de PO HNa en solution de 2 mczml. Les incubations ont lieu en appareil de Warburg à 37, 5C, avec agitation continue pendant 1 heure. A ce moment l’activité cellulaire est arrêtée par congélation rapide. Séparation des tractions cellulaires Les tranches de foie incubées avec 2P sont homogénéisées en appareil de Potter en Teflon à basse température, suspendues dans 10 volumes de solution de saccharose 0, 25 M-bicarbonate (S. -b.) et centrifugées à 45 000 x g pendant 2 heures à 4°C. Le surnageant repré¬ sentant la fraction soluble du cytoplasme est séparé soigneusement à la pipette Pasteur. Le sédiment est à nouveau suspendu dans 8 volumes de solution S. -b, et centrifugé à 600 g pendant 10 minutes. Le surna¬ geant est séparé et le sédiment (novau et membranes cellulaires) est lavé avec 6 volumes de S. -b. et centrifugé à nouveau à 600 x g pendant 10 minutes. L’eau de lavage est mélangée au surnageant antérieur et centrifugée à 24 000 x g pendant 15 minutes pour sédimenter les mito¬ chondries. Celles-ci sont encore une fois suspendues dans 8 volumes de S. -b. et recentrifugées comme précédemment. Le surnageant des deux dernières centrifugations contient la fraction "microsomes". Extraction et chromatographie des lipides Les fractions cellulaires ou les tranches de foie non fractionnées sont ensuite broyées à l’Ultra-Turrax (Janke und Kunkel K. G. Stauffen Allemagne) dans le méthanol et extraites 4 fois par le mélange méthanol¬ chloroforme (2 : 1). L’extrait évaporé est repris par Meon-CICH (1: 2) d’huile. Au bout de 24 heures l’incorporation de "P redevient pratique¬ EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 62 filtré sur verre fritté et purifié 7 fois par la méthode de rolch (8) pour éliminer le "P minéral contaminant. Sur une partie aliquote de l’extrait, on détermine le P lipidique (9), acides gras estérifiés (10) cholestérol (Liebermann) et on compte la radioactivité sur planchette d’aluminium en compteur G-M à fenêtre mince. Les phospholipides sont fractionnés par chromatographie sur papier imprégné d’acide silicique (11, 12) et autoradiographiés (film Kodirex). Les spots de phosphatidyl¬ éthanolamine et phosphatidylcholine localisés à l’aide de l’autoradio¬ gramme sont découpés de la feuille et élués dans le mélange CI. CH-MeOH-H.O (75 : 25 : 3). Sur les éluats on détermine l’activité spécifique par dosage du P et comptage de la radioactivité. Incorporation de "76 Cina cents mg de tranches de foie obtenues de la manière décrite sont incubés dans une fiole contenant 4, 5 ml de tampon de Krebs¬ Henseleit (13) à pIl 7, 4 et 40 u c d’acétate de Na-I-"C dissous dans 0. 4 ml de tampon. L'incubation se fait dans les mêmes conditions que les précédentes pendant 3 heures. Le tissu est extrait par MeoH-CICH (2 : 1) et lavé 4 fois par la méthode de Folch. L’extrait lipidique. filtré et repris par l’éther de pétrole est fractionné par passage dans une colonne d’acide silicique (12) en glycérides, cholestérol libre et estérifié (Fraction I) et phospholipides (Fraction I). Les deux fractions sont ensuite saponifiées par KOR alcoolique et l’insaponifiable extrait par, l’éther de pétrole. Après acidification à pI — 2, les acides gras sont extraits de la même manière. L'efficacité du fractionnement sur colonne et de la saponification est vérifiée par chromatographie sur papier imprégné d’acide silicique et par autoradiographie. Le cholestérol est dosé par la méthode de Liebermann et les acides gras par titrimêtrie avec NaOH alcoolique N/100 en milieu héxanique. La radioactivité est comptée en compteur à scintillation Tri-Carb (Pacfard Corp.). N3 39 L. — RÉSULTATS A. Action de la surcharge de araisses sur le rat normal. L’administration au rat à jean d’une dose d’huile avec ou sans cholestérol (Fig. 1) déprime l’incorporation de "P dans les phospholipides à des valeurs de 50, % environ des témoins. Cette baisse démontrable 3 heures après l'’ingestion est un peu plus marquée avec l’huile de mais qu’avec l’huile d’arachide. L’addition de cholestérol modifie légèrement l’action de cette dernière. 81 les rats sont maintenue depuis 48 heures avec un régime de saccharosescaséiné et ne sont pas à jeun au moment de l’expérience. on assiste (Fig, 2) à un retard dans la réponse précédente : la chute d’incorporation de P n'est évidente que 6 heures après l’administration EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES (p 0, 001). 663 FiG, 1 - Les activités spécifiques représentées par les colonnes sont les moyennes de 6 incubations de foie de 3 rats par groupe (huile d’arachide, huile d’arachide t cholestérol et huile de matè); l'activité spécifique moyenne du groupe témoin est représentée par un trait hori¬ zontal, les flèches marquent les limites d'écart des valeurs individuelles. ment normale. Si l’on administre une deuxième dose 12 heures après la première, l’incorporation de 22P continue à diminuer au bout de 24 heures. Ici aussi l’incorporation de cholestérol diminue l’intensité de la réponse à l’huile (Fig, 3). Le fait que les animaux ne soient pas à jedn et que l’absorption d’huile puisse être différente d’un animal à l’autre est une cause de variations individuelles que nous avons cherché à éliminer : deux lots de 10 rats ont été étudiés. Ceux du premier lot. recevant le régime caséine-saccharose, sont pris comme témoins, ceux du deuxième lot reçoivent une surcharge d’huile de mais (3 ml) au temps O et une deuxième 12 heures après, Tous les animaux sont sacrifiés 24 heures après le début de l’expérience et les foies sont NNPNE SRARRCR Sur la figure 4 sont représentées les activités spécifiques de chacun des animaux des 2 lots. Malgré la dispersion des valeurs individuelles les moyennes pour chacun des lots sont semblables aux valeurs obtenues dans les expériences précédentes, où l’on réunissait les foies de 3 ani¬ maux. La différence entre les moyennes est hautement significative ETETS. DES REGMES LYPERCALORQUES HVERGRAS 62 Fig, 2 - Les points représentent la moyenne dé 6 incubations de foie de 3 rats, par groupe. Les animaux non à jeun avaient recu 2 ml d’huile de, male au temps 0 et ont eté sacrifiés 3, 6 et 24 h après. Pendant ; cette période, ils avaient accès à la nourriture. INCORPORATION DE 32P jaVITO DANS LES EL DU FOIE APRES L’INGESTION DE GRAISSE frars nouris ovgc soc-coz-tun Fig. 3 - Lee conditions de l’expérience, sont les mêmes que pour la. tig. 2, mais les deux groupes avaient recu une deuxième dose d’huile ou d’huile 1 cholestérot 12 heures après la première. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 68 Fig, 4 - Les points représentent les activités spécifiques d'un pool de 3 incubations par animal, la zone de dispersion des valeurs témoins ainsi que l'écart-type de la moyenne sont désavantageusement augmentés dans cette expérience. Néanmoins, la signification de la différence des moyennes des deux groupes calculée par le test de Student donne un P: 0,001 Nous avons cherché si l’action des graisses sur la synthèse des phospholipides intéressait spécifiquement une des fractions phospholipi¬ diques. L'autoradiogramme (Fig, 5) révèle une diminution apparemment proportionnelle des différentes fractions. L'élution des deux fractions principales (phosphatidyléthanolamine et phosphatidylcholine) montre que la diminution de son activité spécifique est parallèle à celle des phos¬ pholipides totaux. Ces résultats sont à peu près les mêmes après ingestion de beurre ou d’huile de mais. Les fractions cellulaires semblaient être affectées de la même façon. La figure 6 représente l’activité spécifique des mitochondries. microsomes et fraction soluble séparés après l heure d’incubation des coupes de foie avec :P. Les conditions de l’expérience sont les mêmes que celles représentées par la figure 2. L’incorporation est remarqua¬ blement abaissée dans la fraction mitochondries six heures après l’ingestion d’huile. L'étude de l’incorporation de "C dans les tipides hépatiques nous fournit des données superposables à celles que nous avons obtenues pour le P. La séparation des acides gras correspondant aux trigiycé¬ ridès et aux phospholipides nous a permis de constater que la vitesse EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 69 Fig, 5 - Autoradiogramme des phospholipidee marqués au 2P et séparés sur papier imprégné d’acide silicique correspondant à l'expérience représentée sur la fig. 2. T désigne l'extrait lipidique dea témoine et H l'extrait des animaux eacrifiés 6 heures après l'ingestion d’huile. Sur le point de départ, on a déposé la même quantité de P lipidique (5 M4 8) pour les deux. Les apote qui ne sont pas toujours visibles sur la reproduction correspondent respectivement à : 1 - Acide phosphatidi¬ que ou cardiolipide. 2 - Phosphatidyléthanolamine. 3 - Phosphatidyisé¬ rine. 4- PhoephatidyIchoiline, 5- Lysophospnatidyléthanolamine et Sphin¬ gomvéline. 6 - Lysophosphatidyicholine, 7 phosphatidylinositol. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 2 Fig, 6 - Fractionnement cellulaire des foies préalablement incubés avec 22p correspondant » l'expérience de la fig, 2. Les colonnes représentent les activités spécifiques des fractions obtenues à partir de 1 500 mR de foie provenant de 3 animaux par groupe. Fig. 7 - Les colonnes représentent la moyenne pour 3 animaux par groupe (rats sacrifiés 24 heures après le début de l’expérience). de 10 rats par groupe. EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 71 de renouvellement des acides gras des phospholipides est inférieure à celle des triglycérides, car si l’incorporation de "C par gramme de foie est à peu près là même pour les deux fractions, la quantité d’acides gras sous forme de phospholipides est double de celle des trigiycérides (Fig. 7). Sous l’effet de l’ingestion de graisse, l’incorporation de C dans les acides gras des phospholipides tombe à 43 % de sa valeur initiale pour l’huile de mais et 57 % pour le beurre. L'addition de cholestérol à l’huile de mais atténue l’effet de celle-ci. La synthèse qu cholestérol, contrairement à celle des acides gras, est augmentée après ingestion d’huile et de beurre; l’addition de cholestérol fait descendre l’incorporation à 30 % de la normale, bien qu’il soit absorbé avec l’huile de mais. Il est évident que la biosynthèse de phospholipides est nettement déprimée après l’ingestion de graisse, que l’on considère la partie phosplorée ou les acides gras. 8, Influence du dépôt hépatique des lipides sur la biosynthèse L’ingestion d’un régime standard additionné de cholestérol (1 %) et de sels biliaires (1 () produit une augmentation, notable des lipides hépatiques (Tableau 1). Le cholestérol est le plus augmenté (250 %). les triglycérides n'augmentent que de 100 %, et les phospholipides de 11 4. La stéatose augmente, chez nos animaux, l’incorporation de 2°P dans les phospholipides hépatiques (Fig, 8). L’activité spécifique passe de 1 150 à 1 400 (20 () et cette augmentation affecte parallèlement les deux fractions principales. Comme l'augmentation de la concentration en phosphore lipidique dans le foie est de 11 %, on peut considérer que la vitesse de renouvellement des phospholipides est augmentée ainsi que la quantité totale de phospholipides hépatiques renouvelée par unité de temps. COMPOSTTION DES LIPIDES HÉPATIQUES Tableau 1 - Compocition des lipides hépatiques (mE ou mEa7100 « de tiseu frais) aprs une semaine de régime contenant du cholestérol (1 %). et des gela biliaires (1 %) incorporés dane la nourriture etandard. Chaque determination a été faite sur un extrait lipiaique total de foie normaux (fig. 3). Fig. 8 - Les colonnes représentent l'activité apéciti¬ que de la phoaphatidyléthanolamine ( G) et de la phoephatidylcholine (4 ). L'activité des P. L. totaux () ainsi que celle des fractions est augmentée apr̀a 7 jours d'ingegtion du régime choleetérol-gels pujaires. r A te 8 rig, 10 - L'expérience a été faite sur trois groupes riG de rats nourris avec le régime cholestérol-sels gig biliaires une semaine auparavant. Les animaux des bi groupes huile et beurre ont recu 3 ml de graisse à 1a 9 h et 3 ml à 12 h, et ont été sacrifiés à 24 h. La apt surcharge de graisse produit la même baiase de 831 l'activité spécifique des P. L, totaux () de la rel phosphatiayicholine ( %2 ) et de la phosphatidyléthano¬ pol lamine (63 ) que dans l'expérience chez les animaux ée) . 9 - Le groupe cholestérol-sele biliaires avait éte e régime pendant 7 jours. Les colonnes représen¬ t les poureentage de radioactivité incorporée par le foie et par rapport aux témoine (100 %). Les ubations des deux groupes ont été faites en même tempe et dans des conditions identiques. . 11 - Répétition de l’expérience présentée sur la 7 chez les animaux nourris avec cholestérol-sels aires depuis 7 jours. Les colonnes représentent moyenne de 3 rats par groupe sacrifiés 24 heures Ss l’ingestion de la premig̀re dose d’huile. Pour der les proportions dans la figure, les colonnes résentant le pourcentage de radioactivité incor¬ é dans le cholestérol ont été dessinées à une lile différente de celle utilisée pour les acide gras. EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTARES 74 La figure 9 présente l’incorporation de "C dans les acides gras et le cholestérol par rapport aux animaux alimentés avec le régime normal La vitesse de renouvellement des acides gras des triglycérides est extrêmement basse ainsi que celle des phospholipides. L’incorporation de "C dans le cholestérol n’est que de 4 % par rapport aux témoins; étant donné que sa concentration dans le foie est trois fois plus grande. cela représente une vitesse de renouvellement 75 fois plus faible que celle des témoins. C. Action de la surcharge de graisse chez le rat atteint de stéatose hépatique Dans les expériences précédentes, on a vu que sous l’effet du dépôt de lipides, la biogenèse des lipides par le foie est extraordinairement ralentie. Dans ces conditions, il est intéressant de savoir si le foie conserve sa capacité de réaction vis-à-vis des graisses exogènes. Sur un lot d’animaux nourris pendant l semaine avec le régime cholestérol¬ sels biliaires, on a répété une des expériences précédentes (Fig, 3). L’administration de deux doses d’huile de mais ou de beurre produit une réponse identique, au bout de 24 heures, à celle de l’animal normal. L’incorporation de 22P tombe à environ 50 % de celle des témoins et la réponse est moins marquée avec le beurre (Fig. 10); la phosphatidylétha¬ nolamine et la phosphatidylcholine suivent parallèlement la chute de l’activité spécifique totale. L’incorporation d’acétate dans les acides gras et le cholestérol qui, chez ces animaux, est déjà extrêmement basse, subit la même réaction après l’ingestion d’huile de mais (Fig, 1 1) la radioactivité incorporée dans les triglycérides est de l'ordre de 30 (% après l’ingestion d’huile, alors que dans les phospholipides elle descend seulement à 50 % de la radioactivité initiale. L’incorporation d’acétate- "C dans le cholestérol est augmentée de 165 %. HI. — DISCUSSION L’action des graisses sur la synthèse hépatique des phospholipides n’a pas été très étudiée. PILGERAM et GREENBERG (14) trouvent une augmentation de l’incorporation de méthionine ou d’éthanolamine-"C dans les phospholipides du foie du rat après l’ingestion d’un régime riche en cholestérol. Une augmentation de la quantité totale de phospholipides renouvelès par le foie a été aussi démontrée chez le lapin nourri au cholestérol (15). D'autres auteurs (16-18) ne trouvent pas cette augmen¬ tation ou constatent même une diminution du renouvellement des phospho¬ lipides après la surcharge chronique en cholestérol. Il est difficile de tirer des conclusions de ces exnériences à long terme car il est impossible de comparer le degré de stéatose et les altérations métabo¬ liques du foie dans les différentes expériences. La surcharge aigué se rapproche davaptage des conditions physiolo¬ giques qui suivent l’ingestion d’un repas riche en graisse. Dans les expériences de CHAIOFF et coll, (6) le freinage du turnover des acides gras est déjà évident 1 heure après l’ingestion, alors que la quantité de graisse qui atteint le foie est seulement de 5 mg. EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS chez l’animal normal le prouve suffisamment. 75 Dans nos expériences, une baisse importante de la vitesse de renouvellement des phospholipides est démontrable 3 heures après l’administration d’huile de mais au rat à jeun, ou 6 heures après chez l'animal nourri avec un régime riche en saccharose. Comme le jeune n’a pas d’effet sur l’incorporation de "P dans les phospholipides (l’acti¬ vité spécifique des témoins des deux groupes est la même), il faut penser que la différence est due à un retard de l’absorption des grais¬ ses, ce qui a d’ailleurs été démontré lorsqu’on administre les graisses avec un repas riche en hydrates de carbone (19). Le fait que la diminution de synthèse des phospholipides peut être maintenue si l’on persiste dans l’administration de graisse est intéres¬ sant et pourrait jouer un rôle dans le maintien d’un rapport cholestérol¬ phospholipides élevé, qui est une caractéristique de la lipémie par régimes hyperlipidiques. On ne peut pas dire à quel niveau agissent les graisses exogènes sur le métabolisme hépatique des phospholipides. Le fait que toutes les fractions phospholipidiques soient intéressées suggère que le point d'attaque se trouve au niveau des précurseurs; comme l’incorporation de P est diminuée en même temps que celle de "C, le ralentissement du turnover pourrait affecter les composés antérieurs aux 6 - 6-diglycé¬ rides. Il faut considérer cependant que le temps d’incubation dans nos expériences étant assez long (I heure), il peut se produire un échange secondaire entre les différentes fractions, susceptible de masquer une diminution initiale d’une ou plusieurs d’entre elles. Cette possibilité d’un équilibre doit être aussi considérée pour l’interprétation de l’incor¬ poration dans les différentes fractions cellulaires. Le problème de savoir quelle est la forme active des lipides qui freine la synthèse hépatique n'est pas facile à résoudre. On sait que les triglycérides absorbés arrivent en majorité au foie sous forme de chylomicrons. Suivant le même raisonnement que celui fait pour les acides gras et le cholestérol, on pourrait penser que les phospholipides des chylomicrons ralentissent par un mécanisme d’autorégulation leur propre synthèse dans le foie. Cette idée est purement spéculative, mais la recherche du mécanisme et du site d’action des graisses sur la syn¬ thèse hépatique des phospholipides doit faire l’objet d’études ultérieures. Il est remarquable que le foie en stéatose conserve encore la capa¬ cité de réponse à l’arrivée de graisse exogène. En effet, la dépression relative de la synthèse des glycérides ou des phiospholipides (mesurée par "P ou "C), ou l’augmentation de synthèse du, cholestérol, après l’ingestion d’huile, est du même ordre que chez l’animal normal. Et ceci pose encore le problème de l’existence d’une forme active des lipides des chylomicrons, capable de faire réagir le métabolisme hépa¬ tique à une variation minime de la concentration en graisse, si on la compare à la grande quantité de graisse (notamment de triglycérides et de cholestérol) emmagasinée dans la cellule hépatique. Il est évident que ces graisses ne se comportent pas dans le foie comme des graisses de réserve sans activité métabolique et le fait que la synthèse des lipides est chez le rat en stéatose inférieure de 5 % à ce qu’elle est 79 EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES DISCUSSION J. CLEMENT : Y a-t-il une hydrolyse des phosphatides dans les coupes de foie au cours de l’incubation 2 Si oui, n’y aurait-il pas une destruction préfé¬ rentielle de certains phosphatides, ce qui pourrait être une source d’erreur 2 Avec DI COSTANZO, nous avons vu que lorsqu’on extrait les lipides totaux par la méthode de FOLCH qui comporte un lavage à l'eau, le taux des acides phosphatidiques est très abaissé; vraisemblablement les chiffres les concernant qu’on trouve dans la littérature comportent une erreur par défaut non négligeable. REPONSE Nous n’avons pas recherché si, au cours de l’incubation, il y avait une hydrolyse de phospholipides. Dans le cas où elle existerait, cela pourrait être une cause d’erreur si on voulait comparer les résultats obtenus in vitro avec le comportement de l’organe in vivo. Nos expé¬ riences ont porté sur l’incorporation in vitro de :° P dans les phospho¬ lipides et les conditions étaient comparables pour les coupes provenant des animaux traités et des témoins. D'après notre exnérience sur d’autres organes, l’hydrolyse des phosphatidyléthanolamines et des phosphatidylcholines est faible après 1 h d’incubation. Au contraire, les acides phosphatidiques sont sans doute bien plus fragiles. D’autre part. nous savons que le lavage par la méchode de Folch entraine une perte d’acide phosphatidique qui passe dans la phase Meon-H.O. C'est en tenant compte de cette éventualité que nous n’avons étudié due l’activité spécifique des deux fractions principales (phosphatidyviéthanolamine et phosphatidylcholine) après élution. G. CLÉMENT : de pense qu’il serait intéressant d’étudier l’incorporation de l’acétate respectivement dans le cholestérol libre et dans le cholestérol estérifié étant donné que ces 2 catégories de cholestérol diffèrent au point de vue fonctionnel et métabolique. 1A CONISOMMATION DES GRAISSES EN TCHÉCOSLOVAQUIE ET SES CONSÉQUENCES PAR RAPPORT A LA CHOLESTÉROLEMIE 4. MASEL- L. HRILAVA - K. OSANCOYA- M. NERADLOYE Institut de nutrition humaine, Praque- C. S. S.R. Les résultats des études épidémiologiques témoignent, sans aucun doute, du fait que les graisses alimentaires jouent un certain rôle dans la genèse de l’athérosclérose et de ses complications, quelle que soit notre opinion actuelle sur la pathogénie compliquée de cette maladie. Je ne mentionnerai que les résultats bien connus de KEYS et d’autres (1) et les observations très intéressantes et tout à fait récentes des iles de RAROTONGA (2) Pourtant, le r̂le du cholestérol sanguin que l’on peut néanmoins considérer comme indicateur d’une menace pesant sur la pomulation, n'est pas certain. Ainsi, d’après les observations que nous avons pu réunir auprès d’environ 2 000 personnes des deux sexes, le taux de la cholestérolémie oscille, dans notre population, autour d’une moyenne de 180-200 me Ce chiffre est atteint a un age assez jeune et les valeurs en augmentent régulièrement entre la 20e et la A0e année Nous avons eu la possibilité de publier nos résultats sur ce sujet dans la revue "Nutritio et Dieta en 1960, et ailleurs en 1962 (3). Ce n'est que pour rappeler ces observations que le présente les zones du taux de la cholestérolémie, moyenne pour les deux sexes. complétées d’après des données récentes. Grâce aux possibilités économiques de la population dans la partie tchèque de la République socialiste de Tchécoslovaquie que nous avons pu suivre, et sa distribution assez régulière dans un pays sans diffé¬ rences climatiques et géographiques importantes, la consommation des denrées alimentaires parait assez uniforme. La proportion des graisses dans la ration alimentaire augmente lentement et l’apport en huiles végétales ne dépasse pas une moyemne de 8 % environ. De plus, le rapport beurre-saindoux-margarine est assez stable. EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 78 EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 240 C'est pourquoi nous avons été frappés de rencontrer, en dehors des variations saisonnières essentiellement dues, à notre avis, à une alimen¬ tation plus végétale au printemps et en été et plus grasse en automne et en hiver, deux faits observés au cours de nos, études à plus grande échelle sur notre population enfantine dans deux villes de la Bohême méridionale. Fig. 3 rig, 3à EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 80 Or, si les enfants d’âge pré-scolaire et scolaire n’atteignent qu’un taux moyen de 164-178 mg (évalué à l’aide de la microméthode de BESSEY-LOURY, méthode de LIEBERMANN-BURCKHARDT, modifiée par NOVAK (4), les enfants agés de 6 à 7 ans de ces deux villes attei¬ gnent des taux de 200 mg environ, taux au-dessus de la moyenne et (5). du taux propre des personnes âgées. Frappés par ce fait, nous en avons cherché la cause et nous croyons avoir trouvé l’explication dans une coutume locale; en effet, cette popu¬ lation, relativement très aisée, consomme actuellement une quantité bien plus importante de, graisses, surtout du beurre (tableau 1). Si l’on veut tracer une courbe de régression analogue à la courbe générale, on est frappé par le fait que cette population enfantine devrait atteindre, d’ici 15 années, des chiffres correspondant au taux de la cholestérolémie des populations de l’Allemagne de l’Ouest et des Etats¬ Unis avec leur moyenne de 240 mg environ. Il s’ensuit alors que la nourriture actuelle, considérée comme la meilleure et la plus riche en graisses, constituerait une menace poten- jiene. Ce fait remarquable acquerra toute son importance au cours des 20 à 40 années à venir, durant lesquelles nous ne cesserons pas de suivre cette population d’enfants. 81 EFFETS DES REGIMES HYPERCALORIQUES HYPERGRAS 86 Fig, 6 On peut observer, d’autre part, des faits absolument opposés parmi les mineurs de la région d’OSTRAVA, qui consomment de très grandes quantités de graisses, surtout de saindoux. Avec les 4 500 calories de leur ration, ils consomment 200 g et souvent davantage de graisses: 82 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES il est vrai qu’ils doivent fournir un effort physique considérable. Or. les taux moyens de leur cholestérolémie ne dépassent pas la moyenne de la population, qui ne consomme que la moitié des calories et des graisses de nos mineurs. de me permets de vous rappeler le troisième fait que nous avons pu observer ; les nourrissons d’une pouponnière, allaités par leur mère, atteignaient des taux de cholestérolémie supérieurs à ceux des enfants soumis à l’allaitement mixte et, d’une manière hautement significative. à ceux des enfants nourris au lait de vache en poudre et qui ne recevaient que la moitié de la ration en graisse de ceux allaités au lait maternel. Si j’ai insisté sur ces trois observations, c’est pour en tirer les conclusions suivantes : 1° Le taux de la cholestérolémie peut être considéré, dans une certaine mesure, comme indicateur d’une "menace" pour une population (nourrie assez uniformément) et dépend, si les huiles végétales n'inter¬ fèrent pas en quantité significative, surtout de la teneur en graisse de la nourriture. 2° Un effort physique considérable semble représenter le seul facteur capable d’abolir l’effet qu’exerce sur la cholestérolémie une quantité surabondante de graisses. 3° L’aisance économique qui tend à faire augmenter la consommation du beurre et de graisses, élèvera peut-être la courbe jusqu’ici favorable de la cholestérolémie, au sein de la population tchèque. Cette cholestéro¬ lémie menace d'atteindre, au cours des deux décennies à venir, les chiffres inquiétants rencontrés chez les populations américaines et autres. 4° L’uniformité relative de la Fomposition de la ration des graisses consommées par la population tchèque, où la proportion beurre-saindoux¬ margarine ne varie que très peu et où les huiles végétales n’occupent qu’une place restreinte, nous offre la possibilité d’étudier son influence sur des générations dont la place variera sur l’échelle des âges et dans l’arbre généalogique, et de pouvoir confronter nos pronostics avec les données statistiques de la république socialiste de Tchécoslovaquie, en ce qui concerne la morbidité et la mortalité et essentiellement la mortalité due à l’athérosclérose et à l’infarctus du myocarde. Dans un laps de temps d’une décennie environ, il est probable qu’on pourra répondre avec plus de certitude. PIS PPSSLCI Des faits rapportés par le Professeur MASEK, nous rapprocherons ceux que nous avons observés chez le rat. Pendant la période d’allaite¬ ment maternel, la concentration en cholestérol de l’animal entie « gcci ont; cmre drmmnue ensuite lorsque le rat ingère le far DEUXIEME PARTIE EFFETS DIGESTIFS DES GRAISSES SÉCRÉTION BILLAIRE ET PATUOGÉNIE DE LA LITHIASE BILIAIRE CHOLESTEROLIQUE 4. C. HAUTON - H. SARLES - C. GREUSARD - M. J. PERROT N. E. PLANCHE ET A. GEROLAMY Unité de recherches de patholoaie digestive (Institut Nationat d’hvaiène) Hopitat Sainte-Marquerite - Macseille Notre groupe travaille depuis 8 ans sur les variations de la compo¬ sition de la bile en fonction de l’alimentation et sur la pathogénie de la lithiase biliaire cholestérolique. A la suite des travaux antérieurs, nous avions observé les faits guivants : — Chez des malades porteurs d’un drain cholédocien, nous avions dosé quotidiennement le cholestérol de la bile recueillie par fractions de 24 heures, durant 7 à 32 jours Nous avions fait varier l’apport calo¬ rique total, la quantité et la nature des lipides du régime. Les résultats obtenus montraient une corrélation entre les variations de la concentra¬ tion du cholestérol biliaire et l’apport calorique total du jour ou des deux jours précédents, mais il ne semblait pas y avoir de corrélation avec la nature qualitative du régime et la quantité de graisses ingérées. — Les acides gras indispensables à la dose de 40 g par jour ne semblaient pas modifier de façon appréciable la concentration biliaire du cholestérol (1. 2). Dans le courant de l’année 1961-1962, nous nous sommes intéresses aux trois problèmes suivants : 1° Les techniques de dosage des acides biliaires. La technique jusqu’alors employée ne permettait que la caractérisation de l’acide cholique. Nous avons mis au point une technique chromatographique permettant le dosage précis de l’acide cholique et des acides bydroxy¬ cholaniques. 2° Les problèmes de prélèvement de la bile. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 86 3° Le nombre important du matériel accumulé depuis plusieurs années nous a permis une comparaison intéressante de la bile des sujets lithiasiques et non lithiasiques. L. — TECHNIQUE DE DOSAGE DANS LA RLE Le cholestérol total est dosé par la technique de SPERRY et WEBB (3). Le dosage des acides biliaires est un problème plus complexe. Chez l’homme, les acides biliaires principaux résultant de l’oxydation intra-hépatique du cholestérol sont l’acide cholique (3 6 7 12 «x tri-OH) et l’acide chenodésoxycholique (3 6 7 « di-OH). L’acide désoxycholique provient presque exclusivement de l’acide cholique transformé sous l’action des bactéries intestinales et résorbé par le cycle entéro¬ hépatique (4). On trouve également des quantités négligeables d’acides lithocholique et ursodésoxycholique (5). Les acides se trouvent entière¬ ment sous forme conjuguée avec la glycine et la taurine. Après hydro¬ Iyse, il est intéressant de pouvoir doser séparément l’acide cholique d’une part, et les acides dihydroxycholaniques d’autre part. Les méthodes chimiques colorimétriques sont considérées actuellement comme étant peu sdres et c’est pourquoi nous avons abandonné la technique de JOSEPHSON utilisée dans les premiers travaux du groupe. Les dosages les plus valables se font après séparation chromatographique, que ce soit sur papier ou sur colonne. La technique de séparation des acides biliaires de BERGSTROM. STOVALL, et NORMAN (6. 7 et 8) basée sur la méthode de chromatographie de partage en phase inversée de HOWARD et MARTIN (9) constitue un des moyens les plus valables de dosage des acides biliaires. La séparation se fait sur une colonne de Kieselguhr siliconée supportant une phase fixe apolaire, la phase mobile consistant en de l’alcool méthylique aqueux saturé de la phase fixe. Mais le dosage titrimétrique précis de l’acide cholique et des acides dihvdroxycholani¬ ques nécessite deux opérations chromatographiques successives. Nous avons mis au point une méthode permettant de doser ceux-ci en une seule opération chromatographique par l’établissement d’un gradient de polarité de la phase mobile (10 et 11). La polarité de la phase mobile. constamment saturée en phase fixe, en diminuant régulièrement provoque une accélération progressive de l’élution des acides biliaires. On obtient en une seule chromatographie les acides tri-, di- et monohydroxychola¬ niques sous forme de pics d’élution étroits permettant un dosage titri¬ métrique précis. Cette méthode nécessite des colonnes à chromatogra¬ phies particulières, car il se produit une émulsion de phase fixe dans la phase mobile et il faut un dispositif spécial pour filtrer celle-ci Le gradient de polarité s’obtient grâce à un système particulier de deux réservoirs superposés ne nécessitant pas d’agitation ni de surveillance en cours de chromatographie (12). La perte maximum d’acides biliaires après les opérations dhydrolyse et de chromatographie ne dépasse pa3 19 %. EFFETS DIGESTIFS DES GRAISSES 87 II. — PRÉLEVEMENT DE LA BILE par tubage duodénal on recueille une bile mélangée à du suc pancréatique et digestif. Il est préférable de prélever la bile directement dans les voies biliaires et la seule possibilité de, l’obtenir est de la prélever sur des malades avant un drainage post-opératoire des voies biliaires. Le volume de bile drainée à l’extérieur a une action fort probable sur la synthèse des acides biliaires. ERICKSSON, BERGSTROY et DANIELSSON (13, 14) ont montré chez le rat un accroissement considérable de la synthèse des acides biliaires en relation avec la soustraction d’acides biliaires de la circulation entéro-hépatique. La synthèse peut être multipliée par 10 chez cet animal dès le second jour d’un drainage complet de la bile. Chez l’homme, il y a une stimulation fort probable de cette synthèse lors d’un drainage important mais n’atteignant peut-être pas le même ordre de grandeur. LINSTEDT (15) a calculé que la synthèse journalière moyenne d’acide cholique chez l’homme est de 0, 36 g par 24 heures avec, sur 12 cas, des limites comprises entre 0. 21 et 0. 69 g par 24 heures, le pool moyen de l’acide cholique étant de 1, 38 g et sa demi-vie moyenne de 2, 8 jours. Les chiffres pour l’acide chenodésoxy¬ cholique doivent être du même ordre de grandeur. Nous n’avons jamais trouvé d’excrétion journalière d’acides biliaires supérieure à 2 g, même avec des drainages s’élevant à 800 ml par jour. EKDAHL et SOVALL (16) ont trouvé des excrétions quotidiennes par un drain en T modifié atteignant 3 g. JOHNSTON et IRVIN (17) ont trouvé chez un malade le chiffre exceptionnel de 8 g par 24 h. Mais nous ne savons pas dans quelle mesure nos drainages par un drain en T simple interrompent la circulation entéro-hépatique des acides biliaires. Certains auteurs (18). pensent que le drainage libre par un tel drain durant la première semaine post-opératoire fournit la totalité de la bile produite. Mais DOUBILET (19), avec une sonde spéciale chez des malades opérés. trouve un volume quotidien de bile circulante variant de l litre à 2 litres. Il est fort probable que le arainage stimule la synthèse des acides biliaires chez l’homme. Il en résulte que, pour rester dans des condi¬ tions physiologiques, il faut limiter le volume de bile drainée. Mais, d’autre part il nvest pas correct de procéder à de petits prélèvements intermittents de bile, car il existe des variations impor¬ tantes dans la nycthémère de la concentration de l’acide cholique, des acides dihydroxycholaniques et du cholestérol. La figure 1 montre ces variauons chez un malade lithia¬ sique. De petits prélèvements de 20 ml de bile ont été faits par un drain cholédocien durant 3 jours consécutifs, à heure régulière. Ce tableau montre des variations importantes de concentration qui ne sont pas dues uniquement à un phénomène de bilio-dilution ou de bilio¬ concentration rythmé par les repas, car les variations ne sont pas EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 88 rig. 1 parallèles entre l’acide cholique, les acides dihydroxycholaniques et le cholestérol. Et, chez ce malade, il n'existe pas de cycle régulier dans le nycthémère permettant de comparer des échantillons prélevés à la même heure. Ceci démontre que : Les prélèvements limités, dans la journée, n’ont pas beaucoup de valeur. Pour connaitre la concentration moyenne quotidienne des acides biliaires et du cholestérol dans la bile et pour connaitre les quantités de ces corps avant circulé dans les voies biliaires, il est nécessaire de mesurer le débit biliaire tout en dérivant à l'extérieur un petit pourcentage bien défini et constant de la bile circulante. Pour cela. nous avons fait construire, d’une part, une sonde à deux branches séparées qui permet de faire passer toute la bile hépatique à l'extérieur du corps et de la renvover dans le cholédoque, d’autre part, grâce aux conseils de la maison JQUAN que nous tenons à remercier, nous avons fait construire une pompe qui permet de prélever une fraction constante d'un liquide de petit débit et de viscosité variable comme la bile. Les expériences faites, dans ces conditions de prélèvement aussi parfaites que possible, commenceront à partir du mois de novembre. IL. — COMPARAISON DE LA BILE DES SLLIETS LITHIASIQUES ET NON-LITHLASIQUES Les lithiasiques ont une teneur moyenne en cholestérol biliaire un peu plus forte que les non -lithiasiques. 301 prélèvements de bile sur 18 malades lithiasiques nous ont doné une concentration moyenne de cholestérol biliaire de 0, 67 g par litre alors que 125 prélèvements sur 9 malades non lithiasiques nous ont EFFETS DIGESTIFS DES GRAISSES 89 donné une concentration moyenne de 0, 57 g par litre. Une analyse de nos résultats à montré que l’apport calorique a une influence nettement plus marquée chez les malades lithiasiques que chez les autres, le taux de cholestérol biliaire s’élevant beaucoup plus chez les lithiasiques. De plus, on constate souvent chez les lithiasiques de fortes varia¬ tions de la concentration du cholestérol biliaire d’un jour à l’autre. donnant à la courbe un aspect en dent de scie. Nous avons comparé les lithiasiques et les non - lithiasiques en tenant compte : a) de la valeur maximum atteinte par le taux du cholestérol biliaire chez chaque malade; b) de l’écart obtenu entre la valeur maximum et la valeur minimum du taux de cholestérol biliaire de chaque malade. On a prélevé quotidiennement chez chaque malade, pendant 7 à 32 jours, un échantillon de la bile drainée toutes les 24 heures pour doser le cholestérol : — le groupe des lithiasiques comoorte 18 malades. -— le groupe des non-lithiasiques comporte 9 malades. EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 90 Taux maximum et minimum de cholestérol bilaire de chaque cas Fig. 3 Les figures 2 et 3 présentent sous deux formes dittérentes les résultats obtenus. Le cholestérol biliaire des lithiasiques atteint dans ses variations des valeurs plus élevées que chez les non-lithiasiques. Ce résultat est N46 Chez les lithiasiques, le cholestérol biliaire varie dans de plus larges limites. Ce résultat est statistiquement hautement significatif. b’après nos résultats tout se passe comme si le foie des lithiasi¬ ques était moins capable de s’opposer aux variations de la concentration du cholestérol biliaire. Il réagit à des variations caloriques par des variations de concentration du cholestérol biliaire plus amples et abou¬ tissant à des concentrations plus fortes que chez les sujets non lithia¬ siques. Cela suggère un mécanisme régulateur de la concentration biliaire du cholestérol, mécanisme déficient chez les lithiasiques. physico-chimique, l'’un des liquides biologiques les moins bien organisés. EFFETS DIGESTIFS DES GRAISSES 91 Nous avons fait la même étude statistique en comparant le compor¬ tement de l’acide cholique chez les lithiasiques et les non lithiasiques. Nous avons dosé quotidiennement pendant 10 à 20 jours l’acide cholique chez 17 malades, dont li lithiasiques, les résultats n’ont pas la même valeur que pour le cholestérol biliaire, car l’acide cholique n'a été dosé par chromatographie que pour 5 malades, la méthode colorimétrique de JOSEPHSON avant été utilisée pour les II1 premiers malades. Néanmoins, nous présentons les résultâts de l'étude statistique : a) la valeur maximum atteinte par le taux de l’acide cholique biliaire chez chaque malade ne montre pas de différence significative entre le groupe des lithiasiques et celui des non-lithiasiques (p sensiblement égal à 0. 2). b) l’écart obtenu entre les valeurs maxima et minima du taux de l’acide cholique biliaire de chaque malade ne montre pas de différence significative entre le groupe des lithiasiques et celui des non-lithia¬ siques (0, 3 p 0, 2). Ce résultat sera contrôlé par nos investigations futures. Il semblerait donc qu’il n’y a pas de différence significative dans le comportement de l’acide cholique chez les lithiasiques et les non lithiasiques et, dans ce cas, seul le comportement anormal du choles¬ térol biliaire serait responsable en partie ou en totalité de la lithiase cholestérolique. On peut donc invoquer deux causes importantes dans la pathogénie de la lithiase biliaire cholestérolique : 1° une cause extérieure : l’alimentation Elle agit, non pas par sa composition, mais par l'apport catorique qui est plus important chez les lithiasiques, ainsi que l'a montré SARLES et coll. (20) dans une vaste enquête statistique. 2° une causé interne résidant dans un trouble du mécanisme régu¬ lateur de l'excrétion biliaire du cholestérol. DISCUSSION CHEVALLIER: Les faits rapportés par M. SARLES m’étonent pour 2 raisons : 1° pe par sa composition, la bile est, sur le plan de l’organisation 92 EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES La stabilité des lipides dans les milieux biologiques repose sur leur association, avec les protéines. La bile est particulièrement pauvre en ces substances. C'est donc, à notre point de vue, dans l’étude des facteurs intervenant dans la solubilisation du cholestérol que le problème de la formation des calculs biliaires devrait être abordé. Le cholestérol précipite pour des raisons auxquelles il est étranger. 2° La présence de cholestérol dans la bile s’explique, chez le rat. par un processus de perméabilité du type passif (dans le sens d’un gradient de concentration). Le cholestérol biliaire représente un échan¬ tillon homogène de cholestérol hépatique. En d’autres termes, il contient du cholestérol de transfert d’origine sérique et du cholestérol de synthèse dans les mêmes proportions que dans la glande hépatique. Le processus de perméabilité est influencé par la concentration du cholestérol sérique, bien que modérément. Chez des rats nourris avec un régime à 2 6 de cholestérol, la quantité de cholestérol biliaire ne fait que doubler, alors que la concentration du cholestérol sérique, peut être 14 fois plus élevée que la normale. Une relation directe entre l’apport énergétique de l’alimentation et une augmentation de l’élimina¬ tion du cholestérol dans la bile est difficile à interpréter, à moins que l’on ne fasse intervenir, comme facteur intermédiaire, le fonctionnement de la cellule hépatique dans son ensemble. Les relations absorption fonctionnement, hépatique - production biliaire me paraissent, du reste. tres mal connues. H. SARLES : Je répondrai à Monsieur CHEVALLIER qu’il est difficile de raisonner à propos d’une espèce donnée (ici l’homme) en se fondant sur des résul¬ tats obtenus avec une autre espèce (ici le rat). Le travail de BORGSTROM effectué sur l’homme montre, en effet, que le cholestérol d'origine biliaire est la fraction la plus importante du cholestérol fécal, alors que Monsieur CHEVALLER a montré que le contraire avait lieu chez le rat. D’autre part, les grandes variations de cholestérol que nous avons constatées nous ont paru caractériser l’homme (ou la femme) lithiasique : il ne s’agit plus de physiologie mais de pathologie, chez le sujet normal, les variations du cholestérol en fonction des calories sont beaucoup plus difficiles à saisir, mais dans la lithiase biliaire, ces rapports ont été assez évidents fréquemment pour que nous les considé¬ rions comme indiscutables, d’autant plus que les méthodes utilisées sont simples et précises. La concentration biliaire de cholestérol des lithiasiques étant plus élevée et les variations de concentration du cholestérol biliaire des ithiasiques variant d’une façon hautement significative dans de plus larges limites que chez les non- lithiasiques, il est difticile de penser que ce trouble, quelle qu’en soit l’interprétation théorique, ne joue pas un rôle dans une maladie qui consiste justement en une précipitatno cholestérol dans les voies biliaires. TROISIEME PARTIE EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES TROISIEME PARTIE EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES SUR LA DIGESTION ET L’ABSORPTION DES LIPOPEROXYDES G. CLÉMENT - J. CLEMENT () taboratoire de physiologie animale - Faculté des Sciences. Dijon On sait que l’indice de peroxyde (IP) des lipides tissulaires est toujours relativement bas, malgré l’absorption d’un régime riche en lipides peroxydés. Notre expérience personnelle nous a montré que l’indice de peroxyde des lipides du foie et du tissu adipeux varie entre 15 et 20, même après absorption d’huile avant un indice de peroxyde gupérieur à 1000. La question reste alors posée de savoir si ces peroxydes tissulaires proviennent d’une absorption digestive ou s’ils sont produits sur place. Les seuls travaux relatifs à la digestion on à la résorption des graisses peroxydées sont ceux de JOHNSON et coll. (6), selon lesquels les graisses peroxydées seraient bien hydrolysées par la lipase; ceux de ANDREWS et coll. (1) et ceux de GLAVIND et coll. (5), qui notent l’absence de peroxydes dans la lymphe après administration au rat de graisses fortement peroxydées. Devant le très petit nombre de publica¬ tions relatives à cette question, il nous a paru intéressant d’en repren¬ dre l'étude. RECHERCHES PERSONNELLES I. - TECHNIQUES Mêthode de dosage Après avoir comparé la méthode de dosage d’indice de peroxyde de LEA () et celle de GLAVIND et HIOEMAN, (4), nous avons adonté cette dernière en raison de sa sensibilité. C’est une méthode colorimétrique (1) Avec la collaboration technique de Madame N. MARTEL. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 96 basée sur la transformation du chlorure ferreux en chlorure ferrique la coloration étant due à un complexe qui se forme avec du thiocyanate d’ammonium; la lecture se fait à 500 mu. L’indice de peroxyde est exprimé en millimolécules d’O2 par kg de graisse. technique d’oxydation des graisses Nous avons oxydé, soit des acides gras purs (oléique, palmitique. stéarique), soit de l’huile d’olive par chauffage à 98"C et barbotage d’air (autoxydation accélérée). Après 2 à 6 jours de ce traitement, nous trouvons, pour l’huile d’olive, un indice de peroxyde variant de 300 à 1100. L4. — RESULTATS A. Etude d’une huile d’olive oxydée. Nous avons tout d’abord chromatographié sur colonne d’acide silici¬ que par la technique de FILLERUP et MEAD (3) modifiée (proportions croissantes d’éther sulfurique dans le pentane) un échantillon d’huile d’olive, non oxydée. On ne trouve pratiquement qu’un seul pic de trigly¬ cérides (TG) (Fig, 1). Les mono et les diglycérides, ainsi que les acides gras libres (moins de 0, 2 % d’acidité) sont présents à l’état de traces. Figure ) fiuile d’olive non oxydée par la lipase pancréatique de la même façon qu’une huile ordinaire. EFFETS DE CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 97 Figure 2 Huile oxydée à 90° pendant 48 h La chromatographie de cette huile après oxydation (indice de pero¬ xyde 300 ou 1000), permet de séparer au minimum 6 pics (Fig, IH). D'après la place de ces pics, les dosages de liaisons esters, de glycérol et d’acidité, on peut conclure à une hydrolyse partielle des triglycérides initiaux en diglycérides, monoglycérides et acides gras libres (3,6 % d’acidité libre). Nous avons détermine les indices de peroxyde des divers constituants, Y compris celui des monoglycérides obtenus après purification par chromatographie sur couches minces de la fraction éluée par le méthanol. Ces valeurs ont été portées sur la figure I. On remarquera que l’IP des triglycérides est plus faible que celui des autres constituants. Ce fait peut s’interpréter comme signifiant que les triglycérides oxydés seraient plus fragiles, plus aptes à s’hydrolyser. S. Etude de l’hydrolyse pancréatique Il était intéressant de savoir si cette huile oxydée est hydrolysée EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 99 pans, un autre essai dans lequel nous avons hydrolysé des triglycéri¬ des avant un IP de 945, on a pu séparer les fractions suivantee. En résumé, il, semble donc que les graisses oxydées sont hydroly¬ sées par la lipase pancréatique de façon tout à fait analogue à celle des graisses non oxydées (50 à 70 % d’hydrolyse en 1 h 30) et qu’il se torme des di et monoglycérides en proportions sémblables. C. Etude de la résorption de araisses oxydées La lymphe intestinale ou thoracique est recueillie chez un rat pendant 24 h après intubation d’huile oxydée ou après ingestion d’un régime contenant 10 % d’une telle huile. La Iymphe est extraite avec 10 volumes de chloroforme-méthanol (273 VV) et on effectue une détermination d’IP sur l’extrait lipidique total. Résultats — Après administration d’une huile d’olive dont l’IP est de 1100, on recueille des échantillons de lymphe dont l’IP varie de 70 à 85. Devant ce résultat, nous avons recherché quel était l’Ip des lipides de la lymphe chez un animal ingérant une huile non oxydée. Nous avons trouvé chez le rat une valeur de 17, identique à celle que nous avons trouvée chez le chien. Nous constatons donc que l’IP de la lymphe après ingestion d’huile oxydée est infiniment plus faible que celui de cette huile, mais n’est tout de même pas négligeable. Nous en concluons qu’une partie des lipides peroxydés, ou bien n’a pas été absorbée, ou bien a été détpuite avant son passage dans la lymphe. Afin de préciser ce dernier noint nous avons voulu voir quel rôle pouvaient jouer respectivement les enzymes digestifs et la muqueuse intestinale dans cette destruction. a) Nous avons mis en contact la lipase pancréatique (pancréatine ou suc pancréatique de rat) pendant des durées variables avec une huile d’olive d’IP égal à 500, dans un milieu identique à celui déjà décrit ci-dessus, dans les expériences de lipolyse. Nous avons déterminé l’IP des lipides totaux récupérés après lipolyse, sans aucune séparation des constituants. Nous avons obtenu les résultats suivants : 100 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES b) Nous avons mis à incuber à 37C, dans un tampon phosphate ph8 100 mg d’huile d’IP : 1100 avec 400 mg de muqueuse duodénale fraiche de rat. Après 4 h d’incubation, les lipides totaux n’avaient plus qu’un IP de 82 (les lipides apportés par la muqueuse étaient de 12 mg environ). Les expériences permettent de constater que la lipase pancréatique et surtout la muqueuse intestinale détruisent électivement les peroxydes. ce qui confirme les résultats antérieurs (6) (2). Afin de voir si cette destruction est d’ordre enzymatique, nous avons mis les lipides peroxydés en présence de préparations lipasiques ou de muqueuse intestinale portées à l’ébullition. Les résultats montrent que la destruction des peroxydes est du même ordre. Il ne semble donc pas que cette destruction soit le résultat d’une action spécifiquement enzy¬ matique. Cette constatation avait déjà été faite par DUBQULOZ et coll. (2). Enfin, nous avons voulu tester l’influence d’un certain nombre de facteurs : 1) Le chaufage seul à 3%e sous vide en milieu anhvdre n’a aucune action sur l’IP de l’huile, ce qui exclut l’éventualité d’une perte ou d’une destruction au cours de certaines étapes de l'extraction des lipides. 2) En l’absence d’activateurs ou même de pancréatine dans le milieu de tipolyse, les résultats sont sensiblement les mêmes. 3) Le seul contact de l'eau à 37eC pendant un certain temps suffit à diminuer l’IP. 4) La saponification des graisses oxydées détruit presque en totalité les peroxydes (huile IP 1000 après saponification IP - 6). 5) La méthylation des acides gras de cette huile (par du méthanol en présence de SO H ou CI gazeux anhydre comme catalyseur) produit le même effet. etude spectrophotométrique dans l’Uy des lipides de la lymphe Le fait de trouver dans la Iymphe un fP très peu élevé, même après ingestion d’huile fortement oxydée, ne signifie pas nécessairement qu’il n’y ait pas de passage sous une autre forme du matériel lipidique Oxydé. C'est pour explorer cette éventualité que nous avons effectué quelques expériences préliminaires que nous rapportons maintenant. Les résultats en sont les suivants : après ingestion d’huile oxydée. on trouve une forte absorption entre 220 et 238 mu sans qu’il existe un pic net à 234 mu, longueur d’onde correspondant à l’absorption des diènes conjugués. Afin de rendre compte de l’importance du passage dans la lymphe de ces lipides altérés, nous avons exprimé leur taux en % de diènes conjugués par rapport aux acides gras totaux dans la lymphe de rat; nous avons trouvé ainsi en première approximation, un taux égal à 8% après avoir donné une huile qui en contenait 396. Au cours d’une expé¬ rience témoin conduite chez un animal qui reçoit une huile non oxydée. le taux des diènes conjugués est inférieur à 2 %. ETHER SULEURIQUE : acides gras conjugués). EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 192 En résumé, puisque non seulement les peroxydes eux-mêmes, mais aussi leurs produits de réduction renferment cet arrangement de doubles liaisons, on peut penser que même si les peroxydes ne passent pas comme tels dans la Iymphe, des molécules lipidiques qui, à l’origine contenaient des groupes OOH ont été absorbées. D. Comportement des lipides oxydès sur couches minces Enfin, dans l'espoir de mettre en évidence un comportement chro¬ matographique différent des acides gras oxydés et non- oxydés, nous avons effectué quelques chromatographies sur couches minces de Kiesel¬ gel des esters méthyliques obtenus par transestérification des divers extraits lipidiques avec SO. H. ou HCt sec comme catalyseur afin d’éviter toute présence d'eau. La migration se fait dans un mélange étner de pétrole-éther sulfurique 70/30 VIV7. Nous constatons, dans les produits oxydés, la présence de taches qui n’existent pas dans les cas d’esters palmitique, stéarique et oléique non oxydés, ces taches se situant à la place occupée par les dihydro¬ xvacides. Notons, d’ailleurs, que quelques essais préliminaires de chromatographie phase gazeuse ont montré la présence d’hydroxvacides dans la lymphe d’animaux avant ingéré des builes oxydées. Nous remarquons aussi que dans l’organisme, les lipides des tissug d’animaux à jeun ou avant ingéré de l’huile non oxydée ont un compor¬ tement chromatographique identique à celui des lipides oxydés. Toutefois l’importance relative du matériel lipidique inhabituel n’a pu être encore déterminée dans ces expériences. CONCLUSIONS 1 - L’autoxydation accélérée produit une hydrolyse importante des triglycérides, ce qui semble être un des effets notables de ce type d’oxydation. I1 -— Les triglycérides peroxydés sont bien attaqués par la lipase pancréatique, les molécules les plus peroxydées étant les plus sensibles. II1 - Les peroxydes ne sont pas retrouvés en quantités importantes dans la Iymphe, après absorption d’huile fortemept oxydée, mais nos chiffres sont toutefois plus élevés que ceux des auteurs précédents (ANDREYS, GLAVYIND). IV -— Les peroxydes sont détruits en grande partie au niveau du tractus intestinal (sucs digestifs et muqueuse intestinale). V - Si l’IP des lioides de la Iymphe est faible chez l’animal qui ingère des huiles peroxydées, un pourcentage de lipides altérés non négligeable est néanmoins retrouvé dans la Iymphe (en particulier des EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 103 VI -— L'étude par chromatographie sur couches minces et phase gazeuse semble devoir être prometteuse dans ce type de recherches. Programme de recherches à venir 1° Essayer de suivre le matériel lipidique altéré, les hydroxyacides notamment, dans les divers tissus, en combinant les techniques de chromatographie phase gazeuse à celle des couches minces. 2° Suivre le sort d’un acide gras marqué oxydé. 3° Voir enfin quelles peuvent être les conséquences de l'ingestion d’une huile faiblement oxydée (huile de friture) pendant des temps assez longs, en analysant les lipides des divers tissus. Voir, en particulier. l’influence sur l’activité de certains systèmes enzymatiques. DISCUSSION FRANCOIS : Avez-vous des données relatives à la quantité de graisses peroxy¬ dées absorbées 2. CLÉMENT : L’ingestion d’huile peroxydée provoque une diarrhée abondante. D’ailleurs, il est difficile de recueillir de la Iymphe chez des animaux qui reçoivent des graisses peroxydées en raison de cette perte en graisse par les fécès. Personnellement, nous n’avons pas mesuré l’IP des lipides excrétés dans ces cas, mais certains auteurs l’ont fait et n'ont pas retrouvé de graisses peroxydées dans les fécès, mais l’action bactérienne "saturante. des acides gras est bien connue. R. FERON. L’indice de peroxydes renseigne très imparfaitement sur la compo¬ sition d’une graisse oxydée. Les peroxydes sont instables et se trans¬ forment en un grand nombre de produits de destruction généralement plus oxygénés que les acides gras. H COOIE 0 — H.O : CO EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 104 G. CLÉMENT : Je suis bien d’accord avec M. FÉRON, la preuve en est la difficulté que nous avons rencontrée à obtenir des graisses fortement peroxydées. Mais je tiens à souligner qu’il ne s’agissait là que d’expériences préli¬ minaires. Et déjà les premiers résultats que nous avons rapportés sur couches minces et par spectrophotométrie U. V. montrent bien que le problème se situe ailleurs. M. LOURY : M. CLEMENT a très justement remarqué la formation d’eau au cours de l’oxydation des corps gras qu’il a étudiés. Je voulais dire que l’origine de cette eau a fait l’objet de recherches de notre part qui ont été en partie publiées. On peut naturellement l’expliquer par la polymé¬ risation des hydroperoxydes ou par la formation de corps cétoniques. Mais nous avons montré qu'une autre source est possible : la décompo¬ sition de l’acide formique résultant de la scission des chaines grasses par l’oxygène peroxydique, suivant l'équation bien connue Nos analyses ont montré, en effet, qu’il y avait simultanément dégagement de gaz carbonique et, de plus, nous avons mis nettement en évidence la présence d’acide formique dans les corps gras autoxydés par la technique de chromatographie en phase gazeuse. Quant à la formation de cet acide, elle fait l’objet actuellement de nouvelles recherches en cours dans nos laboratoires. Elle résulterait soit d’une scission particulière des chaines grasses peroxydées, soit d’une décomposition ultérieure des produits provenant de leur dégradation. Nous pensons ainsi apporter peu à peu notre contribution au phéno¬ mène si complexe de l’autoxydation et du rancissement des corps gras et faire un travail intéressant pour les physjologistes. Je tenais en tout cas à corroborer les observations qu’a faites si pertinemment M. CLÉMENT au cours de ses recherches. La nature des taches que le conférencier nous a montrées peut provenir de dérivés oxydés dans la chaine, ce qu’on désigne sous le terme de "produits secondaires" de l’autoxydation, en particulier de dérivés di-hydroxylés ou plus exactement de leur semi-esters qui se forment comme nous l’avons montré. Quant à l’origine de l’eau au cours de l’autoxydation, elle peut évidemment provenir d’une polymérisation des hydroperoxydes ou de leur transformation en corps cétoniques, mais aussi se former par décomposition de l’acide formique en présence de l’oxygène peroxydique. Nous avons montré que cet acide prend toujours naissance au cours de l’autoxydation par dégradation de la chaine grasse. Ces mécanismes réactionnels sont actuellement en étude au laboratoire de l’LT. E. R. 6. EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 105 G. CLÉMENT : Je remercie vivement M. LOURY des suggestions très intéressantes qu’il a bien voulu faire sur ce problème qu’il conna3t très bien. C'est bien, en effet, vers la recherche et l’identification des "produits secon¬ daires" de l’autoxydation que nous allons maintenant orienter notre travail. VALEUR NUTRITIONNELLE ET EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES HUILES CHAUFFÉES A HAUTE TEMPÉRATURE J. RAULIN - R. JAcQuoT Centre de recherches sur la nutrition du C.N.R.S., Bellevue (S.-8-0.. La plus grande partie des travaux que nous avons poursuivis sur le problème des huiles chauffées à haute température a déjà fait l’objet de publications auxquelles nous renvoyons pour les détails techniques et les références bibliographiques. D'une façon générale on admet que le chauffage prolongé à des températures de l’ordre de 2002C diminue fortement la digestibilité ainsi que la valeur nutritionnelle des huiles et leur confère un caractère toxique parfois très marqué. Notre propos a été de vérifier ces obser¬ vations et de tenter de caractériser les substances toxiques formées au cours du chauffage. Les essais ont porté sur des huiles animales (huile de hareng) et végétales (huile de lin). 1. — HUUE DE HARENG En 1959, nous avons observé que le chauffage de l’huile de hareng à 180-200C pendant 8 heures abaissait l’utilisation digestive, diminuait l’efficacité pour la croissance, modifiait l’excrétion des graisses neutres et le taux des lipides corporels, et provoquait dans 60 % des cas observés une myocardite infiltrante sans lésions vasculaires. Il s’agissait d’une huile fournie par l’industrie dont nous ignorions les conditions exactes de préparation. Par la suite, l’huile de hareng a été traitée selon des modalités mieux précisées et nous avons préparé trois types d’huiles incorporées au taux de 20 % dans un régime équilibré par ailleurs et offert ad libitum au rat en croissance. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 108 Conduite des essais Un lot H, composé de 20 rats mâles Wistar WAG pris au sevrage disposait d’une ration contenant 20 6 d’huile de hareng neutralisée (lot témoin). Le lot PO, de même importance, avait dans son régime 20 % d’huile chauffée à 185-190e6 pendapt 50 à 60 heures avec un léger barbotage d’air. Le troisième lot PN recevait une ration contenant 20 % d’huile chauffée pendant 15 à 16 heures à 260° sous CO. Mortalité et croissance Au A7e jour d’expérience, la mortalité tait de 10 % dans le lot témoin H. de 65 (% dans le lot PO et de 5 % dans le lot PN. Au I10e jour, tous les animaux du lot PO étaient morts. Du point de vue crois¬ sance, si l' on tient compte de ces mortalités et qu’on envisage les variations de poids des lots entiers, on obtient au 47e jour les valeurs suivantes : 2 477 g pour la série H 461 g pour la série PO 4 « 1 360 g pour la série PN Les résultats de cet essai peuvent donc se résumer ainsi : l’huile chauftée à l’air est réellement toxique, les 2/3 des rats étant morts au A7e jour: — l’huile chauffée en milieu inerte (sous COa) ne provoque pas de trou¬ bles mortels, mais présente un rendement alimentaire plus faible que celui de l’huile neutralisée prise comme référence : le coefficient d’efficacité lipidique () déterminé sur 110 jours d’expérience était. en effet, de 145 pour la série d (huile neutralisée) et de 99 pour la série PN (huile chauffée sous CO.). Caractérisation de la fraction toxique de l’huile chauftee à l’air L’huile de hareng chauffée à l’air a été fractionnée selon la techni¬ que suivante : — saponification et extraction des acides gras. — estérification de ces acides gras par l’éthanol en présence de benzène et d’acide sulfurique. — distillation des esters monomères sous pression réduite de 230 à 3109 (37 2 de l’huile traitée). — analyse chromatographique du résidu de distillation constitué de poly¬ mères (6 % de l’huile) et d’oxvacides gras (57 % de l’huile). EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 102 Les lots suivants comprenant chacun 12 rats mâles Wistar cE pris au sevrage ont été constitués en fonction de l’apport lipidique (20 %) du régime : lot T, esters éthyliques totaux lot M, esters monomères; lot R, esters polymères » esters des oxyacides gras. Au Se jour d’expérience, la mortalité était de 10 % dans le lot T. de 9 6 dans le lot M et de 100 % dans le lot R. On peut donc conclure à la très forte toxicité de la fraction contenant un fort pourcentage d’oxyacides gras associés à un faible taux de polymères. Les mono¬ mères ne sont nullement toxiques et ont une valeur nutritionnelle égale. sinon supérieure, à celle des esters éthyliques totaux : les C. E. L. mesurés au cours des 65 premiers jours de l’essai étaient, en effet. de 163 pour le lot M contre 156 pour le lot T. Influence des hormones sexuels L’injection d’une solution huileuse de progestérone et d’œstradiol. seules ou associées, semble avoir un effet protecteur sur la mortalité provoquée par l’ingestion d’huile de hareng chauffée en présence d’air. La répercussion nutritionnelle de cette "féminisation" du rat mâle varie selon la nature de l’hormone : effet anabolisant avec la progestérone catabolisant avec l'oestratlor Activité de la cytochrome-oxydase L'activité de la cytochrome-oxydase est abaissée, surtout dans le cœur, chez les animaux relevant une huile chauffée à l’air donc riche en oxvacides gras. On confirme donc in vivo les travaux montrant in vitro, le role inhibiteur des acides gras oxydés dans les différents systèmes enzymatiques. A l'inverse, l’ingestion d’huile chauffée sous CO, semble augmenter parfois l’activité de la cytochrome-oxydase. L1. — HuILe OE LS Selon CRAMPTON et coll, la toxicité des huiles végétales avant subi un chauffage prolongé réside essentiellement dans la fraction non polymérisée qui est constituée de monomères spéciaux. Pour préciser ces résultats, nous avons préparé en collaboration avec J. PETIT ( différents dérivés d’une huile de lin industrielle (extraite par pression à froid et raffinée) chauffée sous CO2 pendant 57 heures à 280° à la pression atmosphérique. Après chauffage, les acides gras ont été extraits et transtormés en esters méthyliques. L'ensemble de ces esters a été distillé sous pression réduite de façon à séparer les esters. monomères des esters di- et trimères. (") Directeur du laboratoire de chimie macromoléculaire du C.N. R.S. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 110 Conduite des essais peux souches de rats ont été utilisées : Wistar WAG et Wistar CE. ces animaux pris au sevrage recevaient des régimes complets et équili¬ brés différant par la nature des lipides utilisés au taux de 30 % : soit les esters monomères bruts ou redistillés, soit un mélange de di- et trimères avec ou sans linoléate. Mortalité et croissance Au 42e jour de l’essai, les résultats étaient les suivants : Lipides hépatiques et fécaur Les rats ingérant des monomères présentaient une forte stéatose hépatique portant sur les graisses neutrès sans modification des phos¬ phatides. Pas de stéatose chez les animaux qui recevaient des polymères. L’excrétion lipidique fécale portant essentiellement sur les graisses neutres était quatre fois plus importante chez les rats ingérant des polymères. En bref, la fraction polymérisée de l’huile de lin chauffée était bien tolérée par le rat, alors que les monomères se révélaient franchement toxiques. CONCLUSIONS GÉNÉRALES Dans le cas de l’huile de hareng, un chauffage à l’abri de l’air diminue la valeur nutritionnelle -sans qu'on puisse parler de toxicité. Au contraire, le chauffage en présence d’air donne naissance à des produits très toxiques qui provoquent précocement une mortalité consi¬ dérable. La fraction toxique se trouve dans le résidu de distillation des esters éthyliques qui comprend essentiellement des oxvacides colorés de forme cétonique. Dans ces conditions, les esters distillables mono¬ mères sont très bien tolérés par le rat. On sait que les mâles sont plus sensibles que les femelles aux troubles cardio-vasculaires. En fait. la "’féminisation" hormonale des rats males diminue l’incidence des mortalités dans les lots ingérant des oxvacides gras, au même titre d’ailleurs que l’administration sous-cutanée d’huile d’arachide fraiche. Les accidents cardiaques décrits dans ces lots (myocardite infiltrante) vont de pair avec une nette inhibition de l’activité cytochrome-oxydase cardiaque. EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 111 Dans le cas de l’huile de lin avant subi un chauffage prolongé en milieu inerte, ce sont les monomères qui constituent la fraction toxique alors que les polymères ne donnent lieu à aucun accident particulier. La valeur nutritionnelle et les effets physio-pathologiques des huiles chauffées à haute température diffèrent donc selon les conditions de traitement thermique et selon la nature de l’huile utilisée. DISCUSSION M. INFANTE : Vous avez inclus dans vos expériences deux groupes de rats qui reçoivent avec le régime lipidique de la progestérone ou de l'œstradiol afin de savoir si, sous l’action des hormones femelles, l'effet des graisses pourrait être modifié. Il est évident que le sexe a une influence sur la cholestérolémie et l’incidence d’artériosclérose chez l’homme. Chez le rat, cependant, l'ipfluence du sexe semble jouer en sens inver¬ se, car la cholestérolémie est plus élevée, et la synthèse de cholestérol par le foie presque double chez la femelle : celle-ci présente souvent des lésions spontanées d’artériosclérose après des sevrages répétés. L’œstradiol, d’autre part, possède une action sur le métabolisme des lipides chez le rat et il diminue considérablement l'ingestion de nourri¬ ture, ce qui peut modifier sensiblement les conditions de l’expérience. Mme RAUL IN Des travaux effectués au cours de ces dernières années par d’autres chercheurs de notre laboratoire ont permis de montrer que les hormones ovariennes n’ont pas les mêmes effets nutritionnels. La progestérone a des aptitudes anabolisantes, alors que l'œstradiol entraine un ralentis¬ sement de la vitesse de croissance imputable à une diminution de l’appétence et à une stimulation du catabolisme (BOURDEL. CHAMPIGNY et JACQUOT. C. R. Ac. Sc, 1960 - 251 - 1578). Le traitement féminisant des rats mâles a été entrepris en vue d’études portant sur les enzymes tissulaires et sur ses répercussions anatomiques éventuelles au niveau du muscle cardiaque. M. CUSTOT Dans les expériences de CRAMDTON et de KAUINTTZ, trois types de facteurs avaient été mis en évidence : — des polymères avant un effet dépressif sur la croissance des rats mnais pas d’effet toxique proprement dit. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 112 — des produits oxydés, résidus de distillation, hautement toxiques. — des monomères cycliques, volatils à la distillation moléculaire. mais ne donnant pas de produits d’addition avec l’urée, également forte¬ ment toxiques. Les corps du troisième type sont-ils totalement absents dans les expériences mentionnées 2 Mme RAULIN : La valeur "nutritionnelle" des huiles avant subi un chauffage prolongé est différente selon leur origine. L'équipe de CRAMPTON a isolé des monomères (ne donnant pas de composés d’addition avec l’urée) qui se sont révélés toxiques pour le rat. Nous avons pu nous-mêmes observer (en collaboration avec J. PETIT, directeur du laboratoire de chimie macromoléculaire du C. N. R. S.) que les esters monomères provenant d’une huile de lin traitée dans des conditions semblables étaient toxiques alors que le mélange des dimères et trimères était bien supporté (1). I s’agit la, évidemment, d’une différence de composition entre ces huiles végétales et animales. M. LOURY : Mme RAULIN et M. JACOUOT ont observé que la toxicité du résidu de distillation des esters méthyliques des acides gras polvinsaturés était augmentée. Aux températures auxquelles ces esters ont été soumis, on peut admettre qu’ils ont évolué vers une polymérisation accentuée. Le premier stade de cette polymérisation est une dimérisation par condensation de DIELSALDER. Mais ce processus peut se poursuivre et l’on peut même, par déshydrogénation des cycles formés, aboutir à la production de véritables novaux aromatiques, ce qui naturellement pourrait expliquer le sens de l’aggravation de la toxicité observée. M. E. FAHANE : de suis frappé par les résultats obtenus concernant la toxicité des différentes fractions. Sans doute la toxicité déterminée par le taux de mortalité des animaux d’ expérience n'est-elle pas très précise, mais c’est justement pour cette raison qu’il ne me semble pas y avoir de différences significatives entre la toxicité des acides totaux extraits de la graisse chauffée et la portion volatile à haute température de ce acides gras. (1) J. RAULIN et J. PETIT, ArGh, sei. Phyejoi, 1960-14-143. EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 113 Deux différences significatives semblent, par contre, exister entre la toxicité de la graisse surchauffée et des acides extraits, puis entre ceux-ci et le résidu de leur distillation. Il semble bien : 1° que la partie toxique apparue par surchauffe s’est trouvée éliminée au cours de l’extraction des acides gras. 22 qu'une nouvelle fraction toxique est apparue au cours de la distil¬ lation des acides gras. Est-il permis de supposer qu’il s’agit du même phénomène chimique dans un cas et dans l’autre, alors qu’il existe une si grande variété de mécanismes chimiques : oxydation, polymérisation, coupure de chaine. etc, qui peuvent intervenir dans ces conditions 2 N’y aurait-il pas grand intéret à compléter les observations quantitatives par des obser¬ vations qualitatives 2 Mme RAULIN : Il existe probablement une différence de composition entre les huiles surchauffées en présence d’air et les produits que nous avons obtenus sous forme d’esters, différence qui ne doit pas porter uniquement sur le groupement alcool. Des remaniements intra- et intermoléculaires plus ou moins importants peuvent se produire au cours de l’estérification et de la distillation, ces opérations exigeant un temps de chauffage supplémentaire, sous pression réduite il est vrai. Malheureusement, et pous le regrettons, les méthodes d’analyse actuelles ne nous permettent pas de connaitre avec exactitude la compo¬ sition des mélanges lipidiques que nous avons utilisés. RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES ET BIOCHIMIQUES CONCERNANT L’INGESTION DE L’ACIDE ÉLAIDIQUE PAR LE RAT MISTAR E. LE BRETON - C. EBAVYSSINET - F. PLUMASSON Contre de recherchos sur la cellule normale et cancéreuse C'est sans doute à LEBEDEV que l’on doit d’avoir montré en 1883 que la composition des graisses de réserve des animaux dépend large¬ ment des corps gras présents dans leur régime alimentaire. Les conséquences qui découlent de cette constatation ne semblent pas devoir dépasser le cadre de la stricte physiologie des lipides lorsqu’on a affaire à des substances naturelles, mais il n'en va pas du tout de même lorsque l’alimentation apporte en quantité appréciable des compo¬ sés qui ne se rencontrent qu’exceptionnellement chez les êtres vivants. C’est le cas pour les isomères trans des acides gras insaturés qui s’ils ont fait leur apparition dans l’alimentation humaine d’une façon fort discrête, finissent par constituer, au cours d’une progression lente qui ne semble pas devoir s’arrêter, une partie importante des corps gras consommés par les peuples les plus industrialisés. Lorsque, créant la margarine, Ilippolyte MEGE-MOURIES remporta la prime offerte par Napoléon III pour la découverte d’un succédané du beurre, il s’intéressait surtout à la solution d’une question économique et ne soupconnait pas l’importance des problèmes physio-pathologiques que peut soulever la consommation d’un aliment transformé par l’indus¬ trie. Il faut dire, d’ailleurs, que les modifications introduites par les premiers procédés de fabrication étaient modestes : il s’agissait en fait d’une purification d’une désodorisation et d’une homogénéisation de produits impropres à la consommation, à l’état brut. Par la suite, la découverte des procédés d’hydrogénation catalytique. progressivement adaptés aux fabrications nouvelles allait modifier la pature des produits obtenus, en y introduisant une assez grande quantité d’isomères qui ne se rencontrent pas dans les graisses animales. On sait maintenant qu’il s’agit d’isomérisation cis-trans. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 116 Quel va être leur sort si ces produits sont introduits dans les lipides corporels " Vont-ils jouer le même rôle que les acides gras synthétisés par l’organisme 2 Y a-t-il des conséquences fâcheuses à redouter de leur ingestion quotidienne 2 La réponse à toutes ces questions demandait de longs et patients efforts. Les premières études ont été publiées par BARBQUR en 1933: après avoir fait ingérer de l’acide iso-oléique pendant 18 jours à des rats adultes, il conclut à l’innocuité du produit et admit qu’il servait de "’combustible" comme les acides gras ordinaires; il est vrai que l’expérience humaine, vieille déjà de plus de vingt ans, éliminait l’hypo¬ thèse d’un effet toxique spectaculaire. En fait, quel que soit le soin apporté aux expériences réalisées avant la guerre, la faiblesse des moyens dont disposaient les chercheurs à cette époque ainsi que l’impré¬ cision du dosage de l’acide élaidique par les sels de plomb enlèvent toute base expérimentale solide aux conclusions avancées. L’obtention à l’échelle semi-industrielle de triglycérides trans de pureté suffisante et l’amélioration des méthodes de dosage ont permis de reprendre ce type d’expérience avec toute l’ampleur désirable : il est actuellement possible de nourrir de nombreux animaux pendant longtemps et d’analyser leurs lipides avec précision. C’est ce type d’expérience qui constitue l’objet du travail exposé ici. Cependant, avant de passer à l’exposé de nos résultats, nous pensons utile de récapituler rapidement les travaux effectués avec l’acide élaidique. L. — DONNEES RIBLIOGRAPHIQUES Le rève des physiologistes qui s’occupent de nutrition a toujours été de pouvoir suivre le devenir des composés qu’ils introduisent dans l’organisme. L’utilisation des corps radioactifs nous a certes habitués à réaliser quotidiennement ce tour de force, mais il n'en était pas de même vers les années 1930, aussi lorsque, anrès les travaux de BARBOUR, on eut acquis la certitude que l’acide élaidique, aisément repérable gr̂ce à l’insolubilité de son sel de plomb, avait le même comportement physiologique que son isomère oléique, il apparut comme le traceur de choix, permettant d’entreprendre les premières études métaboliques en matière de lipides. C’est à R. G. SINCLAIR et à ses collaborateurs que l’on doit la plus grande partie des travaux effectués avec cette technique. Leurs efforts ont porté essentiellement sur le métabolisme des phospholipides. Ils montrèrent d’abord que chez le rat ingérant de la triélaidine l’acide élaidique s’incorpore dans les phospholipides du foie et du muscle dont il peut constituer le tiers, le taux d’entrée et de sortie étant plus rapide dans le foie (1 jour) que dans le muscle (plusieurs jours). EFFETS DES CONSTITUTANTS ANORMAUX DES GRAISSES 117 Ils retrouvent également de l’acide élaidique dans les phospholipides du foie et du’ corps des rats nouveau-nés lorsqu'ils en administrent à la mère, prouvant ainsi le passage à travers le placenta et dans le lait; par contre, la teneur des phospholipides du cerveau est assez faible. ce qui met en évidence la grande spécificité des mécanismes de synthèse des acides gras des lécithines et céphalines des centres nerveux. Chez le chat, ils trouvent que le 1/3 des AG des phospholipides de la muqueuse intestinale est remplacé par l’acide élaidique après une courte période d’ingestion. Entreprenant la mesure du turnover des phospholipides, ils montrent que ceux du rein ont un renouvellement beaucoup plus lent que ceux du foie qui s'avère ainsi être l’organe dans lequel les échanges se font le plus facilement. Le testicule est le seul organe qui n’incorpore pas d’acide élaidique dans ses phospholipides. En 1947, ils s’intéressent à la composition des esters du cholestérol et des glycérides du foie de rat; utilisant une méthode spécifique d’hydrolyse enzymatique, ils montrent que le pourcentage d’acide élaidi¬ que est nettement plus important dans les esters du cholestérol. A la suite de SINCLAIR, de nombreux auteurs ont entrepris des études de ce genre. Citons simplement KOHL, qui, en 1938, dresse un bilan des graisses absorbées en un jour et montre que 30 jours sont nécessaires pour épuiser l'acide élaidique, accumulé dans les graisses de réserve. Nous devons faire une place particulière aux travaux de FAVARGER et de son école, qui utilisèrent l’acide élaldique pour préciser le mécanisme de l’absorption des graisses par la muqueuse intestinale. L’acide élaidique leur permet de suivre la progression de la synthèse des esters du cholestérol et des phospholipides dans différents segments de l’intestin, et donc de mettre en évidence leur rôle dans la résorption des acides gras. Ils peuvent même prouver que les céphalines servent d’intermédiaires dans la "resynthèse" intracellulaire des graisses. Enfin, en 1953. M. LEVY approfondit le métabolisme des phospho¬ lipides hépatiques chez le rat en étudiant l’incorporation de l’acide élaidique dans les phosphatides des différentes structures cellulaires. C'est seulement vers les années 1950 que l'’acide élaidique intéressa les auteurs, non plus comme traceur, mais pour son action propre sur l’organisme, en tant que dérivé non naturel. Cependant, à part MELNICK et DEUEL, qui, utilisant un test microbjologique, concluent que "’les isomères des acides gras insaturés ne sont pas des antimétabolites de l'acide oléique, mais sont utilisés comme nutriments", c'est sous le biais d’une étude des carences en acides gras essentiels que la plupart des travaux ont été entrepris. déficience en A. G. F. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 118 C’est ainsi que l'équipe de DAM en 1956, étudiant l’intluence des graisses alimentaires sur le développement des rats, utilise des régimes déficients en A. G. E. Ils montrent le rôle curatif de l’acide linolémque sur la stérilité des animaux ainsi nourris et l’absence d’action des formes trans. Parallèlement. JORGENSEN et HIOL MANN arrivent à la conclusion que le trans-trans linoléate et le cis-trans linoléate inhibent la croissance du rat et, plus particulièrement, du tissu spermatogénique. Ces résultats furent très controversés. En particulier. ALFIN¬ SLATER et DEUEL, étudiant l’ettet, de la trioléine hydrogenée chez le rat, ne trouvent aucune activité antimétabolique vis-à-vis des A. G. E. conclusions qu’ils étendent en utilisant diverses huiles hydrogénées contenant tous les isomères possibles des acides oléique et linoléique. De même. MEAD ne trouve aucune action iphibitrice de l’acide élaidique sur la croissance du cobaye. n faut attendre 1956 et les travaux de JOHNSTON. JOHNSTON et KUMMEROW pour voir paraitre une étude portant sur le métabolisme des acides gras trans sans déficience, en acides gras essentiels. Les auteurs montrent que le taux d’acide élaidique déposé dans le corps est fonction de la quantité d’isomères présents dans le régime, chaque organe avant sa capacité d’incorporation propre. Ils insistent sur la lenteur de la disparition des quantités incorporées dans l’organisme : plus de deux mois pour la carcasse, le foie étant le dernier à se vider. Contrairement à ceux d’HOLMANN et JORGENSEN, leurs animaux n’ont pas d’inhibition de croissatce, et ceci parce qu’ils n’ont, pas de Parvenus au terme de cette récapitulation, nous pouvons établir un bilan : La personnalité physiologique des acides gras trans s’est faite jour lentement. Dabord considérés comme de simples répliques des formes naturelles, la facilité relative de leur dosage les a fait utiliser comme traceurs de l’acide oléique et des acides insaturés, permettant ainsi les premières études métaboliques des lipides. Ce n'est que plus tard, lorsque d’une part l’avènement de la radio¬ activité artificielle eut fait tomber en désuétude leur utilisation comme traceur, et que d’autre part l’importance de la production industrielle de dérivés trans à usage alimentaire eut placé le problème sur le plan de l’hygiène publique, que les scientifiques entreprirent des expériences plus fines permettant de déceler des différences. Malgré quelques discordances, on peut considérer qu’à l’heure actuelle, les points suivants sont acquis : Les acides gras trans s’incorporent à des degrés divers dans les différents lipides corporels lorsqu’ils sont iptroduits dans l’alimentation¬ EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 119 Il y a des différences physiologiques notables entre les formes cis et les formes trans, en particulier les acides transpolvéthyléniques n’ont pas d’action "vitaminique". Mais, par contre, il ne semble pas que l’on puisse retenir l’idée d’une compétition avec les acides poly¬ éthyléniques naturels. Il faut toutefois souligner quelques lacunes : les expérimentations mises en œuvre n’ont jamais été de très longue durée. Il est en parti¬ culier étonnant de constater qu’aucun auteur n’a étudié l’action sur la croissance d’animaux au cours de plusieurs générations successives. bien que l’acide élaidique soit très souvent accusé de provoquer des troubles de la reproduction. Nous avons vu également que la principale source de contradictions résidait dans la complexite des régimes utilises. HI. — INELUENCE DE LA TRIELAIDINE SUR LA CROISSANCE ET LA BEPBODUCTIOM DU RAT Pour pouvoir apporter à nos conclusions un support expérimental suffisant, nous nous sommes limités à deux types d’expériences, atta¬ chant la plus grande importance, non pas à une étude complète des différentes formes de trans que l’on est susceptible de rencontrer, mais à la mise en évidence des effets à long terme de l’acide élaidique, en prolongeant les expériences jusqu’à la quatrième génération d’animaux toutes les fois que cela a été possible. Nos séries expérimentales portent : — d'une part, sur des animaux recevant un régime équilibré dont la triélaidine constitue la seule source de lipides. - d’autre part, sur des animaux recevant un régime semblable mais dont la carence en acides gras essentiels est corrigée par l’adionc¬ tion d’huile de mais. 1. Animaux recevant le réaime sans acides aras essentiels Les animaux soumis à ces récimes dès le sevrage ont une crois¬ sance médiocre, puis au bout d’un temps plus ou moins long ils présen¬ tent une chute de poids importante qui entraine la mort : ils pèsent alors environ 200 g tandis que les témoins sacrifiés au même age pèsent 350 g. Leur reproduction est très mauvaise, elle s’arrête dès la première génération. La stérilité affecte les mâles bien plus que les femelles: elle est due à un arrêt de la spermatogénèse et si le régime est prolongé suffisamment longtemps, on peut observer une atrophie testiculaire. Ces deux symptomes très nets s’accompagnent d’une dermatose. allant jusqu’à la nécrose, localisée sur les pattes, la queue et le museau. Les deux autres sympt̂mes principaux de la carence en A. G. E. : fragilité capillaire et augmentation du métabolisme basal n’ont pas éte particulièrement étudiés ici. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 120 2. Animaux recevant un régime non carencé en acides aras essentiels A - ORGANISATION DES EXPERIENCES Nos animaux ingèrent 3 régimes T., T.. Te dont les lipides sont constitués respectivement par du saindoux, du beurre ou de la triélai¬ dine. Nous avons 3 lots de rats mâles et 3 lots de rats femelles. Ces rats sont mis au régime à partir du sevrage. Ils constituent la génération Fa. Dès qu’ils sont en âge de se reproduire, on fait. féconder les femelles de façon à avoir la génération suivante F.. De cette génération F., on garde 5 femelles et 3 mâles qui sont mis aux mêmes régimes dans les mêmes conditions. Dès que les rats atteignent l’Âge adulte, la fécondité des femelles nous donne la génération E5 et ainsi de suite jusqu’à la génération F.. Tous ces animaux ont été pesés à la naissance, puis ceux qui étaient retenus pour la suite des expériences ont été pesés tous les 10 jours à partir du sevrage. B - INFLUENCE SUR LA REPRODUCTION ET LE POIDS DES PETITS A LA NAISSANCE Les résultats numériques sont condensés dais le tableau n° 1. TABLEAU N° 1 INTLUENCE DE LA TRIELADINE SUR LA FECONDTTE DES FEMELLES. LE NOMBRE DE PETITS PAR PORTEE, ET LEUR POIDS A LA NAISSANCE ET AU SEVRAGE EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 125 Sur ce tableau on peut voir : 1° La fécondité des femelles est variable selon des conditions exté¬ rieures incontrôlables particulières à chaque portée. Il ne semble pas que les régimes aient une influence déterminante sur la proportion des femelles fécondées. 2° Le nombre des petits nés vivants par portée montre que le régime qui assure la reproduction la meilleure est celui contenant du beurre. La triélaidine, bien que n'agissant pas au cours de ces expériences sur la fécondité des femelles, provoque une diminution très régulière du nombre des petits par portée au cours des générations successives : ce nombre allant de 7,6 à 5, puis 2, 1 et 0, 6. Souvent, la mère dévore ses petits à la naissance, ce qut traduit à coup sor une déficience du régime utilisé; quelquefois aussi la mère manque de lait. 3° Le poids moyen des petits à la naissance ne présente aucune variation significative. 4° Le poids moyen des petits au sevrage semble montrer une légère déficience des Te mais ce résultat aussi est peu significatif. C - INFLUENCE SUR LA CROISSANCE PONDERALE Sur les courbes de croissance, on peut voir que : 1° La croissance est moins bonne avec le régime à base de triélai¬ dine T qu'avec les T, et T.5 pour les 4 générations étudiées. 2° Les mâles sont plus sensibles que les femelles, ce qui peut être mis en évidence par la différence de poids des animaux adultes; par exemple, quand les mâles T., et T., pèsent 250 g et les mâles Te pèsent 180 g, cette différence est plus faible pour les femelles, de sorte que la croissance des mâles Te est inférieure de 20 % à celle des Tu et T alors que pour les femelles, la croissance est inférieure de 10 % seulement. 3° Nous n'avons pas de différence entre les 4 générations. II. — INCORPORATION DE L’ACIDE ÉLAIDIQUE DANS LES DIVERS LIPIDES CORPORELS DU RAT Dans les développements qui suivent, nous allons indiquer briève¬ ment l'état de nos expériences en cours. Nous n’en tirerons que peu de conclusions, nous réservant de discuter de la signification des résultats dans une publication faite en collaboration avec L. HENRY à qui nous devons d’avoir pu mener à bien les dosages par spectrophotométrie de l’acide élaidique contenu dans nos fractions. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 122 EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 123 Nous avons vu que l’incorporation des isomères trans a déjà fait l’obiet d’un, nombre considérable de déterminations. Aussi notre travail ne vise-t-il pas à établir des vitesses ou des taux d’incorporation, mais à apporter quelques éclaircissements au problème d’une toxicité éven¬ tuelle de l’acide élaidique. L’alimentation des animaux doit être différente de celle utilisée pour les études de croissance. Alors que dans la première partie de notre travail, nous recherchions un régime corrigé au maximum des différentes carences, ici au contraire nous utiliserons 2 régimes provo¬ quant des troubles à des degrés divers, de façon à établir s’il y a un parallélisme quelconque entre la sévérité de l’atteinte et l’importance des dépôts d’AG trans. Conduite des expériences Trois lots de rats males ont été mis en expérience : le premier lot ingérant le régime témoin du laboratoire, le deuxième ingérant un régime équilibré dont les lipides étaient exclusivement constitués de triélaidine (10 % du régime en poids), le dernier lot recevant un régime différent du second par l’absence de choline. Au moment du sacrifice, nous avons prélevé six organes : le cerveau comme organe de référence, métaboliquement stable; la muqueuse intes¬ tinale et le foie, organes sièges d'un métabolisme actif;, les dépôts lipidiques;, les organes de reproduction chez le mâle : testicules et vésicules séminales. Le fractionnement des lipides est conduit selon les techniques clas¬ siques : UIn extrait lipidique total de l'’organe est d'abord préparé : extrac¬ tion à l’alcool au Kumagava du tissu, reprise de l'extrait sec par l’éther. de pétrole. 81 cet extrait total est suffisamment abondant, il est chromatogra¬ phié sur colonne d’acide silicique de façon à obtenir 4 fractions, à savoir : les esters du cholestérol; les triglycérides et acides gras libres; les mono et diglycérides, les phospholipides. Sur ces fractiops les acides trans sont déterminés par spectro¬ photométrie infrarouge. Cette technique est utilisée classiquement pour ce genre de déterminations, elle permet le dosage des acides trans le plus précis et le plus sensible, mais elle a l’inconvénient de ne pas donner d’informations sur les autres acides gras contenus dans l’échan¬ tillon. Résultats A) Les animaux soumis aux régimes à 10 ( de triélaidine comme unique lipide ont présenté évidemment les troubles caractéristiques de la carence en acides gras essentiels, notamment le ralentissement de croissance suivi d’une chute de poids et l’atrophie testiculaire que nous avions observée lors des expériences précédentes. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 124 Les animaux ont été sacrifiés lorsqu’il était devenu évident qu’ils ne pourraient survivre au régime infligé, les témoins étant sacrifiés en même temps. Les temps de survie et les poids au moment du sacri¬ fice sont indiqués dans le tableau suivant : Comme on le voit, les animaux recevant de la choline dans leur régime sont atteints plus précocement et sont plus maigres que ceux qui n’en ont pas recu. Ce phénomène peut sembler surprenant au premier abord, mais-il s’explique par le fait que la choline augmente la vitesse du renouvellement des phospholipides, et donc le besoin en acides gras esgenteIs, cause profonde des troubles constatés. B) INCORPORATION DANS LE CERVEALI Les valeurs sont résumées dans le tableau ci-dessous. La stabilité métabolique du cerveau le fait souvent prendre comme organe de référence. Nous la retrouvons ici ou, malgré la chute de poids du corps, le poids du cerveau n'est pas modifié, de sorte que le rapport poids cerveau x 1O07poids corps est, augmenté chez les rats à triélaidine. La teneur en lipides totaux est inchangée. Comme il y a très peu d’esters du cholestérol et de triglycérides dans le cerveau, nous ne pouvons sugre l’incorporation que dans les mono et diglycérides où elle est faible, et dans les acides gras des phospholipides où elle atteint 10 %. Nous remarquons déjà que cette incorporation est plus importante chez les animaux sans choline. EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 125 C) LA MUQUEUSE INTESTINALE Bien qu’il y ait des variations de poids importantes d’un animal à l'autre qui rendent peu significatives les variations des moyennes, la muqueuse intestinale semble assez stable, ce qui se traduit, étant donnée la chute du poids corporel des animaux, par une augmentation du rapport MI x 100/poids Corps, la variation du rapport Poids MIpoids du cerveau n'étant pas significative. L’incorporation d’acide élaidique est toujours plus forte pour les rats recevant le régime sans choline que pour les autres : 3 fois plus pour les esters du cholestérol et les A6 libres, 2 fois plus dans les phospholipides. Ce qui est remarquable, c’est la teneur en acide trans des esters du cholestérol des rats sans choline : 92, 6 % en moyenne et atteignaie même 100 % chez certains animaux. D) LE FOE Le poids du foie, organe à activité métabolique intense, varie avec l'’état nutritionnel des animaux, il est plus faible chez les rats à triélai¬ dine. Mais il diminue moins que le poids du corps, de sorte que l’on a une hépatomégalie relative et par contre une baisse du rapport poids du foiezpoids du cerveau. Ici encore, l’incorporation est plus importante dans les esters du cholestérol du foie des rats sans choline, la différence est plus discrè̂te dans les triglycérides, négligeable dans les mono et diglycérides ainsi que dans les phospholipides. Si l’on considère les classes de lipides, on s’aperçoit que, comme pour la muqueuse intestipale, la plus forte incorporation d’acide trans se retrouve dans les esters du cholestérol. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 126 E) LES DÉPOTS LIPIDIQUES Nous avons pris deux types, de dépôts : d’une part, la graisse brune interscapulaire qui est relativement stable et dont le pourcentage par rapport au poids du corps est augmenté, d’autre part, les divers tissus adipeux qui ont souvent diminué dans des proportions impressionnantes. Dans ce cas nous n’avons qu'une seule classe de lipides : les trigly¬ cérides; là aussi l’incorporation d’acide élaidique est, nettement supé¬ rieure chez les rats mis au régime sans choline. Nous avons certainement atteint chez ces rats qui sont au régime depuis plus de neuf mois la saturation des dépôts en acide élaidique. Il est intéressant de constater qu’elle ne dépasse pas 33 %, incorporation très analogue à celle cons¬ tatée par divers auteurs chez le rat après des temps courts d’ingestion de triélaidine. F) VÉSICULES SÉMINALES ET TESTICULES Le poids représente très mal les variations d’activité physiologique des testicules qui sont toujours atrophiés chez les rats aux régimes a triélaidine, mais sont parfois gonflés de liquide (hydrocèle). EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 127 La quantité de matériel recueilli étant trop faible pour que l’on puisse réaliser une séparation de lipides en classes distinctes, le dosage d’acide élaidique a été fait sur les lipides totaux. L’incorporation étant beaucoup plus forte dans les vésicules sémi¬ nales des rats sans choline, il n’y a pas de différence dans les testicules entre les 2 lots de rats. CONCLUSIONS Nous ne discuterons pas des résultats concernant l’incorporation de l’acide élaidique dans les lipides corporels du rat. Nous avons déjà dit qu’il s’agit là d’un travail en cours qui, une fois terminé, sera publié dans son ensemble avec la collaboration de L. HENRY, Retenons seulement que c'est dans la série d’animaux présentant les troubles les plus accentués que nous observons l’incorporation la plus faible. Il ressort des résultats exposés dans la première partie que : 12 I est évident que la triélaidine seule -— tout comme les autres triglycérides mono insaturés - ne peut assurer la vie du rat. La notion d’acides gras essentiels est maintenant devenue trop classique pour que nous nous arrétions longuement à ce fait. 2° Cependant, si l’on corrige la carence en acides gras essentiels. la vie est assurée mais la reproduction est mauvaise et la croissance plus faible que celle des animaux témoins. A quoi ces constatations sont-elles dues 2 Peut-on conclure que sans avoir de toxicité à proprement parler, la triélaidine a une sorte de "nocivité" faible, mais qui à la longue laisse percevoir son effet 2 Nous ne le pensons pas. Il est certain que la monotonie qui carac¬ térise l’apport lipidique de nos régimes n’est pas corrigée par la faible quantité d’huile de mais que nous leur adioignons. la satisfaction de ses besoins. 128 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES Les lipides ont des rôles physiologiques fort complexes à assurer au cours de la croissance et de la vie. Quelles que soient les possibi¬ lités des mécanismes de synthèse du rat, c’est dans l’alimentation qu’il doit puiser la diversité des matières qui lui permettront d’édifier sa propre substance et d’assurer le fonctionnement harmonieux de ses organes. Il ne faut donc pas s’étonner de voir que lorsqu’il ne dispose que d’un composé homogène, il ne peut parvenir à un épanouissement aussi parfait que lorsqu’il ingère des mélanges naturels complexes qui. comme le beurre, apportent la plupart des constituants nécessaires à DISCUSSION NTANTE : Dans votre intéressant travail vous avez montré que lorsqu’on ajoute de la choline au régime contenant de la triélaidine, l’incorporation de l’acide élaidique dans les esters de cholestérol et les phospholipides est abaissée aussi bien dans l’intestin que dans le foie et dans d’autres organes. Avez-vous observé si l'addition de choline modifie l'absorption du triglycéride 2 LE BRETON : Nous p’avons pas tait de mesures d’absorption intestinale NFANTE : Si la quantité de triglycéride absorbée est la même il semble paradoxal que la muqueuse intestinale disposant d’un pool d’acides gras et de choline très augmenté ne synthétise pas davantage de phospholipi¬ des. A moins que la choline par elle-même n’augmente la synthèse que des phospholipides à partir des acides gras existants ou synthétisés par la muqueuse, diluant les phospholipides à acide élaidique néoformés. LE BRETON : Il est certain que les mécanismes mis en jeu sont complexes et qu’une réponse simple est difficile à donner rapidement. Nous oensons pouvoir, dans les mois qui viennent, étudier les conditions exactes dans lesquelles la choline interfère avec les acides gras essentiels. EEETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 129 L. POLONOVSKI: Avez-vous pu analyser les lipides sanguins circulants 2 FRAYSSINET : L'analyse des lipides a été faite par SINCLAIR et par presque tous les auteurs avant fait ingérer des isomères trans à des rats. Nous n’avons pas pensé au départ que notre expérience puisse apporter des faits nouveaux en la matière. x 190. hipides imgérés (6 SUR LES CONDITIONS D’INCORPORATION DE QUELQUES LIPIDES ATYPIQUES AUX GRAISSES DE LORGANISME J. RAULIN - C. LORIETTE - 6. CLÉMEMT : R. JAcQuOT Contre de recherches sur la nutrition du C.N.R.S., Bellevue (S.-3-O.). et Laboratoire de physiologie de la faculté des Sciences, Dijon Le présent travail a comme point de départ les recherches de J. RAULIN et C. LORIETTE sur le comportement, nutritionnel des matières grasses renfermant des acides gras de forme trans et des huiles présentant des anomalies spectrales dans l’ultraviolet. Les résultats précédemment acquis peuvent ainsi se résumer : 1° Il existe une différence marquée d’efficacité nutritionnelle entre deux matières grasses de constitution géométrique différente : la trio¬ léine cis et la triélaidine trans. Cette différence se traduit à la fois par un ralentissement très net de la vitesse de croissance chez les rats nourris à la triélaidine et par des réactions digestives de l’organisme qui élimine un taux élevé d’acides gras libres dans les fécès. Il en va différemment si la comparaison porte, non plus sur des régimes renfermant des triglycérides homogènes qui sont assez rares dans la pature mais sur des régimes comportant des triglycérides mixtes, en l’occurrence des huiles alimentaires présentant un pourcen¬ tage plus ou moins élevé d’acides gras trans. pans le cas de l’huile d’arachide, le coefficient d’efficacité lipidi¬ que (3) mesuré sur le rat en croissance semblerait légèrement plus élevé avec des huiles renfermant des formes isomères qu’avec de l’huile raffinée ne contenant que des acides gras cis. Cependant, la présence (2) C. E. L. - gain de poide (6 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 132 d’isomères trans déprime l’appétit et, finalement, la vitesse de crois¬ sance est plus rapide en valeur absolue avec l’huile raffinée qu’avec l’huile isomérisée. 2° La présence dans les huiles alimentaires de produits de décom¬ position des hydroperoxydes (vraisemblablement des triènes conjugués et des cétones absorbant entre 260 et 280 m ) diminue leur rendement nutritionnel qu’on apprécie par la vitesse de croissance, le coefficient d’efficacité lipidique et l’abondance des graisses de réserve. Ces formes atypiques d’acides gras s’incorporent aux lipides de réserve du rat, le taux d’incorporation augmentant avec le pourcentage d’acides gras élaidisés de la ration et non avec la durée de l’expérience. Le problème était donc de connaitrè les modalités selon lesquelles se fait cette incorporation et de savoir si elle est de nature à modifier la structure des triglycérides des graisses de réserve du rat. On a recours à la méthode enzymatique basée sur la spécificité de position de la lipase pancréatique qui hydrolyse électivement l’hydroxyle primaire des triglycérides : la mesure du taux d’acides "trans" dans les produits de la lipolyse permet de connaitre leur position dans la molé¬ cule de triglycérides. CONDUITE DES EYPÉRIENCES L'expérience porte sur trois lots de rats Wistar VAG pris au sevrage et soumis à un régime équilibré contenant trois sortes dé lipides : 20 % d’huile d’arachide ratfinée (témoin). 20 d’huile d’aracnide isomerisée à 60 % — 10 % d’huile raffinée t 10 % d'’huile isomérisée. L’huile isomérisée est préparée par chauffage de l’huile raffinée à 1802C pendant 24 heures sous barbotage de SO, suivi de raffinage pour éliminer le catalyseur d’'isomérisation. Dans tous les cas, l’apport minimum d’acides gras indispensables est respecté (addition de linoléate de méthyle dans le, régime à 20 % d’huile isomérisée). L’expérience totale dure 7 mois au cours desquels des sacrifices sont faits à dates régulières. On prélève les graisses périgénitales et on en extrait les lipides, à froid, par le mélange chloroforme"méthanoleau. Les trigly¬ cérides isolés sur colonne d’acide silicique sont soumis à la lipolyse pancréatique. On sépare les diff́rents constituants lipidiques présents dans le milieu de lipolyse par chromatographie sur couches minces de gel de silice. Ces fractions lipidiques et les triglycérides initiaux sont saponifiés, les acides gras isolés sont alors soumis à l’analyse spectro¬ photométrique infrarouge. On évalue quantitativement le pourcentage d’acides gras élaidisés en mesurant l’intensité d’absorption à 10, 37 mu. MeCHOC C PEES EFFETS DES CONSTITUANTS ANORMAUX DES GRAISSES 133 RéSULTATS EXPÉRIMENTAUX Il n’y a pas de différence essentielle dans la composition des milieux de lipolyse des glycérides du tissu adipeux des animaux soumis aux différents régimes : le taux des monoglycérides est voisin de 18 % et celui des acides gras libres varie de 23 à 40 %, pour un taux de lipolyse allant de 75 à 90 %. Les acides gras provenant des différentes fractions de la lipolyse ne contiennent pas de forme trans dans la série témoin. Le tableau ci-après consigne les pourcentages d’acides gras élaidi¬ sés dosés pour les mêmes catégories de lipides dans les séries expé¬ rimentales. TABLEAU POURCENTAGES D'ACIDES CHRAS DE FORME TRANS, DES DIKFERENTS DRODUTTS DE LA LIPOLYSE DES TRIGLYCERIDES PÉRIGÉNTTAUX (exprimés en acide élaidique) EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 134 CONCLUSIONS Les résultats du tableau précédent montrent clairement que l’élai¬ disation des triglycérides de réserve du rat affecte sélectivement les acides gras situés en position externe dans la molécule, acides gras qui sont libérés en premier lieu par la lipase pancréatique et qui renfer¬ ment la quasi-totalité des formes "trans". La fraction "monoglycérides est constituée presque essentiellement d’acides gras de forme "cis": le taux très bas des acides gras trans de cette fraction demeure inchangé quelle que soit l’importance de l’apport alimentaire. Si l’on admet que la lipase n’effectue pas un choix entre les formes cis et trans, il est remarquable de constater que les formes élaidisées se comportent, du point de vue de leur localisation dans la molécule des triglycérides, comme des acides gras saturés normaux, à savoir qu Is Ocupent de préférence les positions externes. En bref, les points suivants semblent acquis : — les isomères trans ne se trouvent dans les graisses de réserve que lorsque le régime en contient: — leur taux d’incorporation aux graisses de l’organisme est fonction de l’importance de l’apport alimentaire sans qu’il existe de proportion¬ nalité rigoureuse entre apport et fixation; — il n'y a pas d’effet cumulatif avec le temps et on note même une légère diminution du taux global des acides gras trans dans les réserves à mesure que l’expérience se prolonge; — les isomères trans sont libérés préférentiellement par la lioase pancréatique; ils se fixent vraisemblablement en position externe dee triglycérides de réserve; — le taux très réduit des acides gras élaidisés de la fraction "monoglycérides" issus de la lipolyse permet de supposer qu’ils n'occu¬ pent pas une position interne dans la molécule triglycéridique du tissu adipeux chez le rat. QUATRIEME PARTIE COMPOSITION DES GRAISSES ANIMALES SUIVANT LEUR MODE DE PRODUCTION UTILISATION DES MATIERES GRASSES DANS L'ALIMENTATION DU VEAU ET DU PORC INELUENCE SUR LA COMPOSITION DES CABCASSES ET DES DÉPOTS A. EBANcOIS - J. FLANZY - C. MATHIEU laction concertée entreprise concerne les effets physio-pathologiques des graisses. Il importe donc de bien connaitre la composition et la structure des graisses consommées par l’homme, et notamment, des graisses de veau et surtout de porc qui sont largement utilisées. On sait que la nature des graisses de réserve de ces espèces est influencée par l’alimentation, mais on ignore les mécanismes qui règlent la compo¬ sition des dépots adipeux. Pour cette raison, dans une première étape. les recherches entreprises par le groupe de travail ont pour but de préciser les mécanismes de la digestion, de l’absorption et ultérieure¬ ment du dépôt des graisses chez le porc et le veau¬ Par ailleurs, les aliments d’allaitement pour veau sont de plus en plus largement utilisés. On sait que ces produits sont préparés à partir. soit de lait écrêmé liquide dans lequel on reémulsionne des graisses industrielles (suif, saindoux notamment), soit à partir de lait écrémé en poudre dans lequel on incorpore ces mêmes graisses. Il importe, d’une part, de mieux connaitre les propriétés nutritionnelles des diffé¬ rentes graisses utilisées dans ces fabrications et, d’autre part, d’étudier quelle est leur influence dans la composition des graisses de dépot consommées par l’homme. Cet ensemble de recherches, poursuivies notamment par J. FLANZY et M. MATHIEU, est résumé ci-après. L. ÉTUDE DE LA SÉCRETION PANCRÉATIQUE La technique de fistulation du canal de Wirsung a été mise au point; elle a été appliquée à la mise en place de canules pancréatiques sur 20 porcs et 3 veaux Le débit de suc secrété par le pancréas a ainsi pu être mesuré pendant des périodes variant de une semaine à un mois. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 138 Les observations effectuées semblent montrer que les volumes débités dans ces conditions expérimentales sont supérieurs à ceux indiqués par la littérature (1 -— 2 /jour pour des porcs pesant 40 Kg, 2 liour pour des veaux de 60 Kg environ). La teneur en azote et en minéraux du suc pancréatique a été également étudiée, ainsi que l’activité lipasique du suc au cours de la journée. 2. ETUDE DE LA COMPOSITION DES CONTENUS DIGESTIFS Les recherches ont porté sur la méthode d'extraction des lipides du contenu intestinal du porc. La méthode qui prévoit l’utilisation du mélange chloroforme-méthanol demande, en effet, des perfectionnements de détail afin de pouvoir être utilisée en série. 3. ETUDE DE LA COMPOSITION DE LA LYMPHE La technique de fistulation d’un canal lymphatique mésentérique a été mise au point. Des analyses ont été effectuées sur la Iymphe prélevée chez 2 porcs. Le debit de la lymphe a été mesuré et des analyses ont été effec¬ tuées sur 2 échantillons. Ces essais préliminaires avaient, pour but d’orienter les recherches ultérieures sur la composition de la lymphe en fonction de la nature du repas et du laps de temps écoulé depuis celui-ci. D’après les premiers résultats, la sécrétion de la lymphe chez le porc présente une allure discontinue, sans rapport, apparemment. avec un stade quelconque de la digestion. 4. MODE DE FARRICATION ET UTILISATION DIGESTIVE DES ALIMENTS D’ALLALTEMEMT Sur le plan technologique, les méthodes d’incorporation des matières grasses au lait écrêmé liquide ont été étudiées. Des émulsions fines et stables ont été obtenues uniquement par procédé mécanique (homogé¬ néisation sous des pressions comprises entre 150 et 200 Kgcme) sans addition d’émuisifiants. Sur le plan nutritionnel, la mesure de la lipolyse de différents substrats gras a été entreprise. La mesure du CUD, chez le veau, de certaines de ces matières grasses est en cours (voir ci-après le rapport de MATHIEU et BARRE sur les matières grasses du lait). Enfin, l’étude de la formation et de la composition des graisses corporelles en fonction de l’âge, de la vitesse de croissance et de la nature des matières grasses du régime est en cours de réalisation. DIGESTION ET UTILISATION PAR LE VEAU PRERUMINANT DE LAITS CONTENANT DES QUANTITÉS DIFFÉRENTES DE MATIERES CRASSES C. MATHIEU : P. RARŔ Les études sur l'utilisation digestive du lait entier par le veau (BLAXTER K WOOD, 1952 - NOLLER K al., 1956) n’ont porté que sur de courtes périodes et pour des quantités de lait consommé relative¬ ment faibles. Pour étudier la digestion et l'utilisation du lait, nous avons préparé 5 laita avant diftérents taux de matières grasses (5, 15, 25, 35 et 45 g par kg). Ces laits ont été distribués à des veaux à l’engrais qui ne recevaient que cet aliment. Les quantités de lait distribué ont été importantes, comparables à celles qui sont distribuées couramment dans la pratique de la production du veau de boucherie, elles ont été augmentées avec l'âge de 4 l'i jusqu’à un maximum de 14 l/i atteint à la 8e semaine. Nous avons utilisé 16 veaux mâles de race normande qui ont été maintenus en cage à bilan de leur l5e jour jusqu’à l’abattage à 100 jours. Le lait ingéré les fécès et les urines excrétées ont été pesés chaque jour et échantillonnés par période de 7 jours consécutifs. Les échantillons ainsi constitués ont été analysés afin de calculer par veau et par semaine tes coefficients d’utilisation digestive apparents des principaux constituants du lait et les coefficients de rétention apparents des matières azotées. À l’abattage l’état d’engraissement des carcasses a été estimé et noté de 0 à 4. Quatre muscles ont été prélevés et analysés pour en déterminer la teneur en matières grasses ETTETS PHIYSIO-PATHOLOGIQUES DES GRAISSES AUMENTAINES 140 RÉSULTATS GAIN DE POIDS Les animaux ont eu des gains de poids d’autant plus élevés qu’ils consommaient des laits plus riches en, matières grasses (tableau 1); cette constatation ne s’applique cependant pas aux veaux avant recu du lait à 45 g de matières grasses par Kg. TABLEAU L UTILISATION DIGESTIVE PAR LE VEAU PRÉRUMNANT DES CONSTTUANTS DE LATTS CONTENANT DITTERENTS TAUX DE MATERES GRASSES (movennes par réxime pour l’ensemble de l’expérience de 14 à 100 jourg) DIGESTIRILITÉ DES LAITS Les variations des coefficients d’utilisation digestive aprarents pendant toute la période expérimentale ont ete rames, « est pogqdo dans le tableau 1, nous ne donnons que les moyennes pour l’ensemble de l’expérience. — Matière sêche Les coefficients d’utilisation digestive de la matière sèche sont très élevés (de l’ordre de 98 p. 100) et très voisins, les uns des autres; tous les laits considérés semblent donc bien utilisés, il y a lieu de noter que le coefficient d’utilisation digestive du lait à 45 g de matières grasses par Ng est légèrement inférieur aux autres (95 7 p. 100). — Matières arasses Les coefficients d’utilisation digestive des matières grasses, sont pratiquement identiques (98 p. 100) pour les laits à 15, 25 et 35 g de matières grasses par kg; mais plus faibles pour les laits à 5 g et 45 g les laits à 5 g et 15 g par Kg. GRAISSES ANIMALES ET MODE DE PRODUCTION 141 — Fraction glucidique Les coefficients d’utilisation digestive de la traction glucidique sont très élevés (99 p. 100) et ne semblent pas affectés par les variations de la teneur en matières grasses des laits. — Matières arotées Les coefficients d’utilisation digestive des matières azotées ont êté approximativement les mêmes pour tous les laits, et compris entre 95, 5 et 96 p. 100. En revanche les coefficients de rétention des matières azotées ont varié dans le même sens que les teneurs en matières grasses des laits, sauf pour le lait à 45 g de matières grasses par kg qui se classe entre CARCASSE Les appréciations subjectives de l’état d’engraissement de la carcas¬ se et de l’importance du gras périrénal, ont varié dans le même sens que les teneurs en matières grasses des 4 muscles analysés (tableau 2). TABLEAU A ETAT DENCRAISTHENT DrS PALI Er rrnflte Py Mrpes onesa DE QUELQUES MUSCLES Le classement ainsi obtenu s’établit dans le sens de taux de matières grasses du lait décroissants. L'état d’engraissement des animaux avant recu les laits contenant moins de 25 g de matières grasses par Kg a éte nul ou presque. D’autre part, l’état d’engraissement des animaux n’a pas été ametioré lorsque l’on a distribué un lait à 45 g de matières grasses par Kg à la place du lait à 35 g FiR. 1 - Répartition dee teneure en matières des laits entiers ou parti 11 aNchee dee fécxa de veaux recevant mer par des esais portant sur des lots de 10 veaux (tableau 3) que GRAISSES ANIMALES ET MODE DE PRODUCHION 14 DIARRHÉES La détermination journalière de la teneur en matières sèches des fécès nous a permis de préciser un des aspects de l’état sanitaire des animaux : les diarrhées. Nous avons réparti les teneurs en matières sèches des fécès en 9 classes représentant chacune un intervalle de 4 p. 100 (8 p. 100, 8 à 12 p. 100, 12 à 16 p. 100...), ces classes ont eté groupées en trois catégories correspondant à trois aspects macroscopi¬ ques (BLAXTER K WOOD, 1953 - SHILLAM, 1980). Dans la figure 1, on a groupé les résultats concernant les veaux soumis aux 5 régimes; à chaque classe de matière sèche portée en abscisse, correspond la fréquence des cas en p. 100 du nombre total d’observations réalisées sur les fécès des animaux du régime corres¬ pondant; les points ainsi définis déterminent deux courbes, l’une établie pour l’ensemble des 9 classes d’intervalle de 4 p. 100; l’autre pour les 3 états diarrhéiques définis plus haut. pans la limite des taux de matières grasses étudiés (5 à 45 g/Rg) nous constatons que l’augmentation de ce taux n’a pas été accompagné de diarrhées plus fréquentes; en revanche, celles-ci semblent plus nombreuses dans le cas du lait à 5 g/kg de matières grasses. DISGUSSION Les coeficients d’utilisation digestive de la matière sèche, des matières grasses, des matières azotées totales et de la fraction gluci¬ dique du lait entier (35 g/kg), que nous avons calculés sont légèrement supérieurs à ceux de BLAXTER K WOOD (1952) et NOLLER et al. (1956); le fait que nos animaux ont consommé des quantités de lait plus impor¬ tantes peut expliquer ces écarts, notons, en outre, que ces auteurs n’ont effectué des travaux que sur deux veaux. Les coefficients de rétention de la matière azotée trouvée par JACQUOT (1933) sont compris entre 60 et 70 et encadrent donc le chiffre que nous avons trouvé. Entre les coeficients de rétention des matières azotées des 5 laits nous avons constaté des différences, Pour les régimes à faibles taux énergétiques (5 g et 15 g/Rg) les coefficients de rétention étaient les plus faibles, ce qui était en accord avec des gains de poids faibles En revanche, les veaux recevant les laits à 25, 35 et 45 g de matières grasses par kg avaient des gains de poids voisins, nous avons pu confir¬ EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 144 CROISSANCE OBTENUE ET QUANTITE DE LAIT CONSOMMEE PAR DES VEAUX DE TABLEAU S BOUCHERIE RECEVANT DES LATTS A DIFTÉRENTS TAUX DE MATIERES GRASSES ces gains de poids n'étaient pas significativement différents. Or, si les coefficients de rétention étaient très voisins pour les laits à 25 et 35 g de matières grasses par Kg, ils étaient notablement inférieurs pour les laits à 45 g de matières grasses par Kg. On peut penser que ce dernier régime manque proportionnellement de glucides par rapport à l’énergie totale ingèrée. Dans une étude complémentaire, l’adionction de glucose à certains de ces laits à permis de confirmer cette hypothèse; les laits additionnés de glucose ont des coefficients de rétention plus élevés que les laits isoénergétiques non glucosés. Un lait à 35 g de matières gras¬ ses « 23 g de glucose par Kg, isoénergétique au lait à 45 g de matières grasses avait un coefficient de rétention de 71 p. 100 (2 veaux). La similitude des gains de poids des veaux recevant les trois laits à 25, 35 et 45 g/Kg de matières grasses aurait pu s’expliquer par une composition différente du crot. Or, bien que les notes attribuées aux carcasses soient subjectives et que l’analyse n’ait porté que sur quatre muscles, il semble bien que l’importance des dépôts de graisse, soit classée comme les gains de poids vif des animaux et non comme les taux de matières grasses des laits. L’influence des différents laits sur les troubles digestifs a pu être mise en évidence. S’il existe un taux maximum de matières grasses au-dessus duquel il y a risque de diarrhées, c’est un taux supérieur à 45 g/Kg. En revanche il semble que nous avons atteint le seuil minimum (5 g/Mg) au-dessous duquel les risques de diarrhées augmenten ÉTUDE DES ACIDES POIVINSATUIPÉS DE LA MATIERE GRASSE DES LAITS UTIUISÉS DANS L’ALMENTATION HUMANE S. KUZDTAL - SAMOIE Station centrale de recherches laitières et de tecbnologie des produits animaux Les divers travaux personnels auxquels nous nous référerons n'ont pas tous été eftectués en 1962 et sont restés pour la plupart inédits. Dans une première partie, nous étudierons la composition des acides grag du lait de différentes espèces animales : ruminants et monogas¬ triques. Dans une seconde partie, nous tenterons de moptrer comment l’étude des acides polvinsaturés du lait de vache permet d’approfondir certains aspects de la biosynthèse des acides gras du lait. L. — COMPOSITION DES ACIDES GRAS DU LAIT DE DIFFERENTES ESPECES AMIMALES Nous avions, en octobre dernier, à la réunion tenue à Bichat: rappelé les différences qui existent au niveau des acidès gras du lait de certainea espèces animales, différences particulièrement nettes en ce qui concerne les acides polvinsaturés. Les travaux que nous rapportons ci-dessous constituent notre contri¬ bution à l'étude de ces différences de composition. Nous étudierons en premier lieu l’ensemble des acides gras, et en second lieu, plus en détail, les acides polvinsaturés. A. Etude de l’ensemble des acides aras Un chromatogramme montrant l’ensemble des acides gras du lait de vache est présenté sur la figure 1. Les acides volatils sont en proportion élevée. Le rapport C127C 10 est voisin de L. On trouve relativement peu d’acides polvinsaturés à longue chaine. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 143 La figure 2 correspond au lait de chèvre. La proportion des acides volatils est également importante; le rapport C 12C 10 n’est cependant plus que de 0, 5 en raison de la proportion élevée d’acide caprique. On obtient sur la figure 3 une image presque semblable avec le lait de brebis. Les laits de chèvre et de brebis seraient difficiles à diffé¬ rehcier si l’on désirait utiliser les chromatogrammes présentés. GRAISSES ANMALES ET MODE DE PRODUCTION 14% EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 148 GRAISSES ANIMALES ET MODE DE PRODUCTION 129 La figure 4 représente un chromatogramme d’ensemble des acides gras du lait de femme On ne voit pas apparaitre d’acides volatils. On note la proportion élevée d’acide laurique, le rapport C 12/C 10 atteint environ 4. La proportion d’acide linoléique est élevée et on note la présence d’acides insaturés supérieurs. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 150 La figure 5 a été obtenue à partir d’un lait de truie. (L'étude du lait de truie a été poursuivie en collaboration avec SALMON LEGA¬ GNEUR). L'image est simplifiée, les acides palmitique et oléique cons¬ tituent 80 % environ des acides totaux. On relève la présence en quantité relativement importante des acides palmitoléique et linoléique. GRAISSES ANMALES ET MODE DE PRODUCTION 131 Les proportions relatives des acides gras des différents laits, calculés à partir des résultats obtenus par l’analyse par chromatogra¬ phie en phase gazeuse, sont présentées dans le tableau 1. On admet généralement que la présence des acides à bas poids moléculaire est une caractéristique des laits de ruminants. En fait, ces acides sont également présents dans les laits de monogastriques comme le montrent les chromatogrammes partiels portés sur la figure 6, et obtenus à partir des laits de femme et de truie. Les proportions relatives de ces acides sont cependant très faibles (tableau 2). Les acides C. . Ce. Ce constituent environ 0, 8 % des acides totaux dans le lait de femme et les acides de C. à C. cons¬ tituent seulement 2 % des acides totaux dans le lait de truie. TARLEAU 2 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 152 Fie, 6 Par ailleurs, nous avons retrouvé dans les laits de femme et de truie certains acides à nombre impair d'atomes de carbone et quelques acides ramifiés, sans qu’il soit encore possible de dire si les 64 acides gras identifiés dans le lait de vache sont également présents dans le lait des autres espèces étudiées. GRAISES ANMALES ET MODE DE PRODUCTION 183 B. Etude détaillée des acides poivinsaturés Les résultats analytiques obtenus sur les mêmes échantillons, par spectrophotométrie et par chromatographie en phase gazeuse, sont portés dans le tableau 3. TAELEAU : INDICE DIODE ET ACIDES POLYINSATURÉS DE LA MATIERE GRASSE DU LAIT DE DIFFERENTES ESPECES ANMALES Les résultats aont expriméa de façon légèrement différente, selon qu’ils sont obtenus par l’une ou l’autre méthode. Dans l'analyse spectrophotométrique, on distingue les acides compor¬ tant les doubles liaisons en position conjuguée des acides comportapt les doubles l'aisons en position pon coniuguée; à ce dernier groupe appartiennent les acides linoléique (18: 2), linolénique (18: 3) et arachi¬ donique (20: 4). Dans l'analyse en phase gazeuse les acides polvinsaturés ne sort pas séparés de leurs isomères conjugués. De plus les pics auxquels ils correspondent peuvent être partois mal différenciés des pics corres¬ pondant à des acides saturés à longue chaine. CE TABLEAU NOUS DERMET DE FORMULER QUELQUES OPSER¬ VATIONS : lre OBSERVATION On trouve peu de diènes coniugués dans le lait de femme et on n'en trouve pratiquement pas dans le lait de truie. l’infrarouge. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 154 26 OBSERVATION Le taux des acides linoléique et arachidonique est nettement plus élevé dans le lait des monogastriques que dans le lait des ruminants. 3e OBSERVATION Il existe une assez bonne concordance dans les résuttats obtenus par l’une et l’autre méthodes en ce qui concerne le taux des diènes et de l’acide linoléique : par contre, la concordance est moins bonne entre le taux des triènes non conjugués et le taux d’acide linolénique, à l’exception toutefois des laits de truie pour lesquels la concordance est presque parfaite. A ce propos, notons la différence entre les échan¬ tillons a et b, en ce qui concerne le taux d’acide linolénique. Cette différence est établie de façon certaine par l’emploi simultané des deux méthodes d’analyse. G. Discussion et conclusion En conclusion, il existe une certaine similitude de nature des acides gras présents dans la graisse des différents laits étudiés. Il existe cependant des différences spécifiques dans les proportions relatives des acides maieurs et de certains acides mineurs. Ces diffé¬ rences se maintiennent maigré la variation des régimes alimentaires. Il existe donc, dans l’organisme animal d’une espèce déterminée, un système régulateur dont dépend la composition finale de la matière grasse du lait. La nature particulière de l’appareil digestif parait être d’une importance capitale dans la détermination de cette composition finale, et un rôle particulier peut sans doute être dévolu à la flore digestive. Le rôle métabolique de celle-ci est encore imparfaitement connu. Cete flore peut aussi constituer dans certains cas, un substrat sur lequel s’exercent les systèmes enzymatiques de l'organisme animal. Par ailleurs, il convient de ne pas sous-estimer l’importance de l’étude analytique. Ainsi l’acide diène non conjugué dosé par spectro¬ photométrie ou l’acide obtenu par chromatographie en phase gazeuse que nous appelons "linoléique", sont-ils vraiment identiques au véritable acide linoléique, cis 9-cis 12 octadécadiénoique 2 Si nous soulevons ce point, c'est que cette identité a été contestée (HILDTTCH, 1947) pour l’acide linoléique du lait de truie, et on sait qu’il existe dans le lait des ruminants des isomères de l'acide linoléique autres que l’acide diène conjugué. C'est pourquoi l'étude de la structure des différepts acides poly¬ insaturés de la matière grasse des laits de différentes espèces animales s’impose et nous l'entreprendrons dans les mois à venir, en utilisant en particulier la méthode d’identification basée sur l’absorption dans GRAISSES ANIMALES ET MODE DE PRODUCTION 133 L. -— LES ACIDES POLYIMSATURÉS DU LALT DE VACHE ET LA BIOSYNTHESE DES ACIDES CRAS A. Variations saisonnières des acides polvinsaturés. Influence de la mise à l’herbe. Nous savons que le lait de vache contient 3 à 4 % d’acides poly¬ insaturés, parmi lesquels on trouve toujours une quantité notable d’acide diène conjugué, isomère de l’acide linoléique. Nous avons étudié l’influence de la saison sur la teneur dans la matière grasse du lait de vache en chacun des acides polvinsaturés. La figure 8 montre la variation de le teneur en acide diène conjugué au cours de l’année. Cette variation est "calquée" sur celle de l’indice d'iode (figure 7). L'indice d’iode et la teneur en diène conjugué sont élevés pendant la période de paturage et s’abaissent pendant la période de stabulation. La teneur en diène conjugué est un peu plus élevée pour le lait du soir que pour le lait du matin, de même que l’indice d’iode. La proportion d’acide linolénique varie au cours de l’année de façon assez irrégulière, mais apparat cependant un peu plus élevée en période de pAturage. Les teneurs en acides linoléique et arachidonique (figure 9) (acides gras appartenant à la même "famille") par contre, varient relativement peu au cours de l’année. Cependant, les teneurs les plus élevées se rencontrent pendant la période hivernale. Ainsi chaque acide polvinsaturé est différemment affecté par la saison; seules les teneurs en acides linoléique et arachidonique varient parallèlement. Or, nous le savons, les variations du régime alimentaire des vaches laitières sont à l’origine des variations saisonnières observées au niveau des acides. Nous avons donc étudié en détail les modifications survenant au niveau des acides polvinsaturés lors d’un changement de régime alimentaire. Nous avons choisi le moment précis de la mise à l’herbe. Les variations observées sont présentées sur la figure 10. A la mise à l’herbe, l’indice d’iode s’'élève. La teneur en diène conjugué s'accroit nettement en même temps qu'apparait un déplacement (de 226¬ 228 mu à 232-233 mu) du maximum d’absorption (figure 11). La teneur en acide linolénique augmente légèrement, Par contre, on note peu de variation au niveau de l’acide linoléique (faible augmentation temporaire) et de l’acide arachidonique. Au niveau des acides majeurs (tableau 4) nous constatons lors de la mise à l’herbe des vaches laitières une augmentation de la teneur en acide oléique et en acide stéarique de la matière grasse du lait et une diminution des teneurs en acides saturés à longue chaine. Nous ajouterons (résultat de travaux aptérieurs non publiés) que la teneur en acide vaccenique trans 11 oléique) s'élève également à la suite de la mise à l’herbe du troupeau. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 156 GRAISSES ANMALES ET MODE DE PRODUCTION 157 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 2 ANILL 1958 3 Fig. 10 - Pasgage brusque du régime de gtabulation au régime de péturage. Variation de l'indice d'iode ( AA ) et des proportions de dièneg conjuguég (6 ), de dièneg ( H..... ) trignea ( 6— ) et tétraènes ( A-A ) non conjugués de la matière graage du beurre. Fig. 1 1 - Etude du déplacement du max pendant la période de mum d'abasorption à 228-232 mu. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 19 TABLEAU 4 RESULTATS DES ANALYSES PAR CHROMATOGRAPHTE EN PHASE GAZEUSE (exprimés en p.100 (surface p.100) des esters méthyliques) GRAISSES ANIMALES ET MODE DE PRODUCTION 161 B. Influence d’une incorporation à la ration des vaches laitières d’uno araisse de nature déterminée a) ADDITION DE GRAISSE DE COPRAH L’éxpérience porte sur un groupe de trois cents vaches environ. réparties en deux troupeaux expérimentaux et deux troupeaux témoins. Le coprah est distribué sous forme de tourteau gras (20 %) à raison de 1. 5 Kg par vache et par jour pendant une période de deux semaines (pleine expérimentation). Le tourteau de coprah constitue ainsi un aliment supplémentaire pour les vaches du troupeau expérimental, Toutes les vaches sont au péturage et consomment l’herbe "ad libitum". La graisse de coprah contient, entre autres acides, environ 50 % d’acide laurique et 1 6 seulement d'acide linoléique. On ne trouve ni diène conjugué, ni acide linolénique, ni arachidonique. Cette distribution de graisse de coprah a eu pour conséquence d’augmenter légèrement le taux butyreux du lait des vaches appartenant aux troupeaux expérimentaux. On a, constaté une augmentation nette de la teneur en acide laurique de la matière grasse du lait et une augmentation légère en acide myris¬ tique. Au niveau des acides polvinsaturés on a observé peu de variation dans la proportion d’acide diène conjugué, mais une nette, diminution des acides linoléique, arachidonique atteignant 20 à 30 6, ainsi qu’une diminution de l’acide linolénique. D) ADDTTION DE SUTE Le suif est très couramment utilisé dans les produits d’allaitement pour veaux et il était intéressant de connaitre l’effet d’une addition de graisse de suif à la ration des vaches laitières. Le suif a été distribué, aux 6 vaches d’un troupeau expérimental. sous forme d’un concentré à bases de céréales enrichi en suif (15 %). Le suif renfermait seulement 1 ( d’acide linoléique, miais contenait une forte proportion d’acide stéarique (environ 25 6). L’analyse de la graisse du lait a révélé peu de modifications au niveau des acides polvingaturés, mais une baisse légère de l'indice d’iode, conséquence de l’augmentation de la teneur en acide stéarique de la matière grasse du lait. C. Acides aras oxoaènes et acides aras endogênes (biosynthèse) Il est bien connu que, suivant la natuse de la fraction lipidique de la ration (composée principalement, soit d’acides insaturés, soit d’acides saturés), la matière grasse du lait est plus ou moins insaturée. Les changements de composition observés dans les expériences rapportées ci-dessus proviennent donc, au moins en partie, d’une modification de nature de la fraction, lipidique de la ration. Si cela est facilement admis dans le cas où la fraction lipidique de la ration a été modifiée dans un 162 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES sens défini (cas de l’addition de graisse de coprah ou de suif), cela apparait moins nettement dans le cas d’une alimentation à l’herbe succé¬ dant à une alimentation à base de betteraves, de foin et de concentré par exemple. Les vaches mises en p̂ture peuvent consommer une grande quantité d’herbe fraiche pouvant atteindre et même dépasser 100 ig d’herbe fraiche, soit 15 à 20 Kg de matière sèche d’herbe. Or celle-ci contient une quantité non négligeable d’acides gras : 4 à 5 0 au début de la croissance de l’herbe, seulement 1 % environ à la floraison. Si l’herbe est jeune, une vache peut ainsi absorber près de 600 g d’acides gras par jour. En supposant que la même vache produise 20 litres de lait à 40 % en matière grasse, c'est une quantité de 700 g environ d’acides gras qui, sera ainsi produite journellement. Les acides gras de l’herbe ou des fourrages verts (luzerne, trèfle) sont principalement insaturés. La figure 12 est up exemple d’une analyse par chromatographie’en phase gazeuse des acides gras d’un rye-grass obtenu à Jouy-en-Josas. : on trouve près de 60.% d’acide linolénique, de l’acide palmitique et de l’acide linoléique en assez grande quantité, peu d’acide oléique et stéarique. On sait que par suite de l’existence au niveau du rumen " d’un phénomène d’hydrogénation, on ne trouve dans le beurre qu’une quantité minime des acides linolénique et linoléique absorbés. Ceux-ci sont transformés en acides oléique et stéarique. L’hydrogénation s’accompagne de la, formation d’acides trans et de diènes conjugués. Précisément nous avons vu le taux de ces acides augmenter au moment de la mise à l’herbe du troupeau. Nous avons cégalement constaté une augmentation dans la graisse du lait du taux d’acide laurique provenant du coprah distribué, et du taux d’acide stéarique dans le cas d’une incorporation de suif à la ration. Il y a donc passage dans le lait des acides de la ration ou de ces acides transformés (cas des acides de l’herbe). Le taux butyreux augmente d’environ 10 %. On devrait donc constater dans la matière grasse du lait, pour un acide rexistant pas dans la fraction grasse ajoutée à la ration - par exemple l’acide laurique dans le cas d’une alimentation à l’herbe - une diminution de l’ordre de 10 %. En fait, c’est une diminution de près de 50 2 que l’on observe et l’augmen¬ tation des acides stéarique et oléique est du même ordre. Ainsi, pour expliquer les modifications observées, il faut envisager la diminution de la biosynthèse des acides gras. En particulier, la syn¬ thèse des acides satures de C. à C , dont le siège sé place au niveau du foie ou au niveau de la glande mammaire, est fortement diminuée. Il serait nécessaire de préciser, en ce qui concerne la matière grasse du lait de vache la part d’acides gras exogènes et la part d'acides gras endogènes. L’analyse de la fraction lipidique de la ration tont entière est envisagée. Elle devrait permettre, menée simultanément avec l’analyse des acides gras du lait, d’établir un bilan "acides gras et, par suite, d’évaluer la part de biosynthèse des acides gras. Il est possible aussi que d’autres sources endogènes soient mises en évidence; en particulier certains acides gras peuvent résulter de la presence ot de r’activité métabolique de la fiore digestive. GRAISSES ANIMALES ET MODE DE PRODUCTION 163 DISCUSSION J. TRÉMOLEERES : 1° Connatt-on l'effet des divers modes de préparation des laits en poudre et des divers modes de pasteurisation 2 2° On admet volontiers que le lait de vache est carencé en acides gras essentiels. N’y aurait-il pas moyen d’élever leur taux par une alimentation adéquate de la vache? Mme KUZDZAL-SAVOIE : 1° Je citerai une expérience concernant le lait "’upérisé" : nous n’avons pas constaté de différence au niveau des acides polvinsaturés avant et après traitement 2° Le lait de vache contient, en effet, peu d’acides gras essentiels et, en particulier, peu d’acide linoléique (environ L.0 - L. 5 6). Le seul moyen pratique qui nous semble exister pour augmenter ce taux d’une façon naturelle est la distribution aux vaches laitières de tourteau gras de soia. Encore reste-t-il à déterminer l’augmentation de taux que l’on obtiendrait. Il peut être excellent de chercher à enrichir la matière grasse du lait de vache en acides essentiels, si ce lait est destiné à l’alimentation des très jeunes enfants. Cependant, la matière grasse du lait de vache. aussi pauvre soit-elle en acides essentiels, permet une croissance normale du jeune veau. Mme RAULNN JT'ai été étonnée de voir que vous aviez trouvé des diènes conju¬ gués dans le lait, en très petites quantités. Les variations saisonnières de l’indice d'iode ont l’air également de suivre le taux de ces diènes conjugués. Ne crovez-vous pas qu’il puisse s’agir plutôt de peroxydes dui absorbent à la même longueur d’onde 2 164 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES Mme KUZDZAL-SAVOIE : Nous crovons pouvoir affirmer qu’il ne s’agit pas de peroxydes. Nous avons d’ailleurs, à maintes reprises, vérifié l’absence de peroxydes. Généralement les analyses portent gur des échantillons dont les conditions de préparation et de conservation sont identiques. Les diffé¬ rences observées dans la composition de la matière grasse des différents échantillons de lait existent dès la production de celui-ci. L’acide diène conjugué est formé au cours du processus d’hydrogénation atteignant. au niveau du rumen, les acides très insaturés de la ration. H convient cependant de noter que, jusqu’à présent, l’acide diène conjugué du beurre n’a pas été isolé à l’état pur et que sa formule n’a pas été définitivement établie. CINQUIRME PARTIE ASPECTS INDUSTRIELS ET ÉCONOMIQUES DU MARCHÉ DES CORPS GRAS PRORLEMES D’INFORMATION POSÉS PAR LE MARCHÉ DE LA MARGARINE R. FERON Directeur technique de la Société Astra-Calvé. La margarine occupe aujourd’hui une place importante dans le marché mondial des matières grâsses. Sa production a dépassé 4 millions de tonnes et elle représente plus de 15 0 de la consommation des corps gras alimentaires du monde, autant que le beurre et le saindoux, envi¬ ron 3 fois 1/2 plus que l’huile d'olive. Malgré son importance économique et en dépit du fait que cette industrie est presque centenaire, ses produits qui sont divers, nous l’avons maintes fois rappelé, sont insuffisamment ou mal connus du public en général, et cette simple constatation pose à toute la profession un problème d’information des milieux extérieurs qui se présente de la façon suivante : 1. — VIS-A-MIS DU GRAND PUBLIC Le fabricant d’un bien quelconque à l’usage du public a l’impérieux besoin de le faire connaitre à ses clients potentiels. Cette "publication" S’appelle la publicité. Cette forme d’activité a pris de nos jours un développement considérable et notre objet n'est pas de la mettre en cause. La publicité fait partie du monde d’aujourd’hui; elle est devenue nécessaire au consommateur comme au producteur, et seule la publicité abusive est à condamner. Pour un produit alimentaire comme la margarine, le choix des termes qui composent le message publicitaire est très important. Les mots n’ont vraiment pas le même sens pour tout le monde et un grand nombre d’entre eux, auxquels nous attachons une définition très précise. sont sans signification pour le grand public. 168 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES Par exemple : calories, vitamines, métabolisme, végétal, palme. palmiste, ne signifient strictement rien pour l’homme de la rue. Il en résulte que la publicité de "masse" prend habituellement un agpect schématique et a le plus souvent recours à l’image qui est finalement moins ambigué que le langage. L’important est de rester véridique. tout en conservant un langage simple et même très simple. Ceci est difficile et n’aboutit pas toujours à des résultats heureux gur le plan esthétique. Le producteur pourra être gatisfait si sa publicité aboutit à créer vis-à-vis de la marque du produit qu’il fabrique un climat de confiance:. lequel sera finalement basé davantage sur l’expérience, du consommateur que sur le contenu de ses annonces, mais encore faut-il induire le consommateur à tenter une première expérience et, au besoin, à la renouveler, ce qui nous amène au problème précédent. Finalement un produit ou un objet fabriqué est plus connu par sa marque que par sa composition. Une voiture, un avion, un poste de radio ou un appareil électroménager évoquent plus souvent l’image d’une marque qu’un ensemble mécanique, électrique ou électronique compliqué. La marque commerciale d’un produit alimentaire revêt, aux veux du producteur, une importance qu’elle peut ne pas avoir dans d’autres secteurs de l’industrie. Elle est, en effet, la seule garantie du consom¬ mateur, dans un domaine vital, où il est particulièrement vulnérable et le plus souvent dégarmé. Vouloir le succès d’une marque, c’est vouloir mériter la confiance du consommateur; cela oblige à ne rien négliger de ce qui peut y contribuer. IL. — VIS-A-MIS DES MILIEUX INELUENTS QU « FORMATEURS D’OPINION » Si l’on pouvait projeter sur un plan l’univers des consommateurs représentés par leur opinion, on trouverait des zones plus denses dans un semis assez clairsemé. Une partie des consommateurs se groupent. au gré de leurs affinités, autour de centres d’information fort divers mais dont ils attendent une formulation, compréhensible pour eux, de l’opinion qu'ils peuvent avoir de tel ou tel produit. Comme exemples de ces "’formateurs d’opinion", on peut citer; les groupements de consom¬ mateurs, les associations familiales, la presse spécialisée, l'enseigne¬ ment, les milieux économiques ou politiques, les milieux médicaux, la recherche scientifique, etc. Ces groupes ont en général une préoccupa¬ tion dominante ou une échelle de valeurs par référence auxquelles ils situent le produit ou le service et informent leurs ressortissants, éven¬ tuellement le grand public. Leurs jugements ont d’autant plus de poids que la compétence des juges est plus connue et sanctionnée par l'expé¬ rience. Il est nécessaire de souligner l’importance de certains risques (passion, parti-pris, séduction) inhérents à cette formation d’opinion au second degré. ASPECTS DU MARCHE DES CORPS GRAS 169 vis-à-vis de ces milieux la tAche du producteur est relativement aisée, car il trouve plus facilement des interlocuteurs valables. Le vocabulaire peut ne plus être aussi étroit et il suffit, en principe, de fournir objectivement l’information désirée dans la forme convenable et dans l’orientation particulière du groupe considéré. Resterait à vérifier l’usage qui est fait de l’information fournie et redresser éventuellement les déformations qu’elle subit au passage du prisme qui les colore. On joue facilement sur les mots, même sur les faits, et souvent en toute bonne foi. L’information d’un certain nombre de ces milieux influents : chargés à leur tour d’informer les producteurs des désirs et des besoins de leurs ressortissants relève, pour une grande part, de l’action des relations publiques. Parmi ces éducateurs et guides de l’opinion, certains revêtent une importance particulière de par la nature et la qualité des informations qu’ils donnent au producteur, soit sur ce que le consommateur attend de lui, soit sur ce qui est bon pour lui. Je veux parler particulièrement des milieux médicaux et des milieux de la recherche scientifique. Dès lors qu’il a fourni au chercheur très objectivement et aussi complêtement qu’il l’a pu, l’information souhaitée sur son produit, le producteur peut s’attendre, par voie de réciprocité, à recevoir de celui¬ ci un avis autorisé sur ce qui est conforme ou non-conforme à l’intérêt du consommateur. Mais, j’insiste sur ce point, l’information sur le produit doit être préalable à tout jugement et la porte de l’usine doit être grande ouverte au conseiller. Ce que l'on sait avec certitude des effets physio-pathologiques des graisses est loin de satisfaire les désirs légitimes de ceux qui ont la charge d’éclairer le public sur les pratiques bonnes ou mauvaises pour la santé (ceci est vrai dans beaucoup d’autres domaines). Le produc¬ teur, de son côté, soucieux de remplir sa mission et de mettre à profit le résultat des travaux scientifiques, ne trouve pas fréquemment la réponse qu’il attend, mais plus souvent, l’incertitude ou la controverse. Les services de recherche de l’industrie sont davantage orientés habi¬ tuellement vers l’étude des matières premières et des produits, vers le développement des procédés de fabrication et l’étude de leurs effets sur le produit fabriqué, que vers la physiologie. Ce n'est que dans les grands centres de recherche industrielle que l’on trouve une section de physiologie; nous en connaissons tous plusieurs. Ceci ne suffit pas. bien entendu à résoudre tous les problèmes et doit être considéré comme une contribution à l’œuvre commune. L'homme est la mesure de l’homme et tout ce qui est fait pour lui se juge en définitive par ses effets sur lui. C'est ici un domaine juste¬ ment réservé aux spécialistes qui se trouvent alors être à la fois les conseillers des producteurs et ceux du public. L’'orientation des méthodes technologiques de production l’utilisa¬ tion plus ou moins importante de telle matière première ou la réalisa¬ tion de tel objectif important pour la santé publique ou l’économie peuvent 170 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES dépendre de la réponse aux questions posées ou de la solution plus ou moins heureuse des problèmes qui se font jour. C’est dire l’importance de la recherche et la nécessité d’une collaboration entre chercheurs de toutes origines dont l’objectif est, en définitive, le service de l’homme. C’est ce qu’a fort bien compris la Chambre syndicale de la marga¬ rinerie qui a entrepris, il y a bientot six ans, de collaborer aux travaux d’un groupe de chercheurs, physjologistes et nutritionnistes, sous la direction du Dr. J. Trémolières et formé ce qui à été, jusqu’à présent. le "groupe lipides". Ce groupe de travail auquel chacun collabore dans la mesure de sa compétence et de ses moyens a déjà obtenu des résultats qui ont été publies. D’autres travaux sont en cours et ce symposium est une bril¬ lante démonstration de l’intérêt et de la valeur de cette formule. La chimie des corps gras, assez mal connue il y a quelques dizai¬ nes d’années s’enrichit tous les jours et, par voie de conséquence, notre connaissance des matières premières et des procédés de notre industrie. Les méthodes analytiques sont devenues d’une extrème finesse et nous permettent maintenant des études considérées comme impossibles autre¬ fois. Ceci à permis d’aboutir à une certitude raisonnable sur certains sujets. D’autres font encore, et feront sdrement dans l’avenir, l’objet de discussions, de nouvelles questions se poseront peut-être à nous. Je voudrais vous avoir convaincus que nous les aborderons sans restriction et que nous souhaitons maintenir et développer l'esprit de collaboration qui à présidé à la rénion de ce symposium et assuré son guccès. PROBLÈMES D’INFORMATION ET DE RECHERCHES POSÉS PAR LE MARCHÉ DE L’HUILE M. C. TBOTTMANN Président du Groupement technique - corps gras ÉVOLUTION DE L’HUILERIE APRÈS LA DERNIÈRE GUERRE En préambule à cet exposé, il nous parait intéressant de jeter un coup d’œil rétrospectif sur l’évolution de l’huilerie en France depuis la dernière guerre et de comparer sa situation d’alors à ce qu’elle est actuellement. Cela nous permettra de mieux comprendre certaines diffé¬ rences entre les produits fabriqués et d’apporter les informations les plus utiles à une clientèle toujours plus avertie et avide de renseigne¬ ments techniques et scientifiques. Avant 1939, l’huile était produite dans un grand nombre d’usines d’importance très variable, dont la majorité était située dans la région marseillaise. I en existait également un certain nombre dans le Nord et l’Est de la France. Actuellement, presque toutes ces usines ont fermé leurs portes et la plupart des affaires importantes de Marseille ont fusionné pour créer un groupe puissant et actif. A côté de ce groupe, on ne trouve qu’un nombre très réduit d’affaires d’importance comparable. Les procédés ont évolué considérablement. Avant la guerre, la plus grande partie de l’huile était obtenue par pression et, le plus souvent avec des presses hydrauliques, réputées comme donnant des huiles plus fines que les presses continues. Avec les unes comme avec les autres: on opérait en deux ou trois pressions, la première à une température aussi basse que possible fournissait une huile particulièrement fine. (6) Cet exposé a été présenté par M. LOURY, Chef de laboratoire A I. T. E. R. G. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 172 Actuellement, on peut considérer que presque toute l’huile est obtenue par extraction au moyen de solvants volatils après pression préalable des graines. Cette situation s’est établie pendant la guerre, car le rendement avait une telle importance à cette époque que seules les huileries équi¬ pées d’une installation d’extraction au solvant étaient autorisées à rece¬ voir des graines (nous ne parlerons pas des huileries de secours dont la situation et le but étaient différents). Il en est résulté que les produits de l’huilerie ne sont plus exacte¬ ment les mêmes que ceux que nous connaissions avant guerre. A cette époque, on recherchait des huiles (type arachide) très fine¬ ment fruitées, présentant un léger goût de noisette. Actuellement, les huiles ont un go6t beaucoup plus neutre, plus "plat". Une autre raison, plus particulière à l’huile d’arachide, est qu’après la guerre, le fret étant rare, il fallait l’économiser. On se mit donc à décortiquer les graines sur les lieux mêmes de production et à les expédier en France débarrassées de la coque qui représentait un poids et un encombrement inutiles. I est bien évident que la graine décorti¬ quée dépouillée de sa protection naturelle s’altère plus rapidement et fournit des huiles moins fines que les graines dans leur enveloppe. Par extraction aux solvants volatils des tourteaux de pression, on obtient une huile très pure (presque trop pure :) qui, mélangée à l’huile de pression, donne un produit excellent mais qui, après raffinage et désodorisation, conduit à une huile beaucoup plus neutre, plus "plate: sans toutefois nuire à ses qualités, en particulier la finesse. Les tourteaux également ne sont plus les mêmes. Avant guerre on trouvait sur le marché des tourteaux contenant environ 7 % d’huile et qui étaient appréciés précisément - mais peut-être pas avec juste raison pour cette teneur en huile. Actuellement, tous les tourteaux, ou presque, provenant de l'extrac¬ tion aux solvants ont une teneur en huile pratiquement nulle : ils contien¬ nent davantage de protéines et, finalement, ils ont, gans difficulté. remplacé les tourteaux d’avant-guerre auprès des utilisateurs. Enfin, autrefois, les tourteaux étaient généralement vendus aux agriculteurs qui faisaient leur propre mélange avec d’autres produits de leur choix, pour la nourriture de leurs animaux. Dans ce domaine. l’industrie s’est également implantée et c’est vers la fabrication d’ali¬ ments composés préparés suivant des prescriptions scientifiques et rationnelles, que s’est dirigée la production du tourteau. Sans vouloir anticiper, il est certain que l’on s’oriente de plus en plus vers la possibilité de l’utilisation des tourteaux dans l’alimentation humaine, en particulier pour les pays sous-développés d’Afrique. ASPECTS DU MARCHE DES CORPS GRAS 173 L’INFORMATION Les problèmes d’information posés par le marché de l’huile sont multiples et chacun d’eux présente une importance qui varie suivant les circonstances. Mais il en existe deux principaux qui sont l'objet d’une constante attention : — la présentation, dont il faut surveiller sans cesse l’évolution et qu’il faut limiter à un prix raisonnable; — l’amélioration de la qualité. L’EMBALLAGE ET LE CONDITIONNEMENT L’emballage et le conditionnement de l’huile constituent une impor¬ tante partie des frais généraux d’une huilerie, mais ils intéressent directement la clientèle de détail qui se montre le plus souvent avide de nouveauté. La récupération des bouteilles, leur nettovage, l’achat de bouteilles neuves, le stockage d’un nombre considérable de ces emballages fragiles. ont conduit à une succession de perfectionnements qui viennent d’aboutir à l’utilisation des matières plastiques. Mais encore a-t-il fallu longuement étudier, et de très près, cette question d’emploi des matières plastiques, lesquelles doivent présenter un ensemble de qualités a priori difficiles à réaliser. Il y a quelques années encore, les innombrables recherches effec¬ tuées dans le monde entier dans ce domaine n’avaient pas encore abouti. Aujourd’hui, plusieurs firmes importantes présentent l’huile sur le. marché dans des récipients en matière plastique. Cette innovation sim¬ plifie les échanges commerciaux de détail puisque, étant perdus, il n’y a plus à se préoccuper des emballages. En outre, elle simplifie le travail de l’industriel qui, non seulement, n'a plus à envisager ni la récupération, ni l’entretien, le transport et le stockage des bouteilles. Il dispose maintenant d’emballages résistant à toutes manipulations et beaucoup plus légers, ce qui diminue aussi les frais de transport. Nous vovons donc là un domaine nouveau apparaitre à l’huilier et pour lequel il doit être particulièrement en mesure de fournir d’amples informations à sa clientèle. L’EXTRACTION DE L’HUILE ET LE TOURTEAU Nous avons dit que la question de la qualité de l’huile constitue un autre genre de problème qui est toujours d’actualité et qui fait l’objet de perpétuelles recherches. Contrairement à ce que peuvent supposer certains esprits mal éclairés ou tendancieux, c'est un des principaux soucis du producteur d’huile que d’obtenir et de présenter au consommateur des produits dont la constitution satistasse le plus possible son got et sa santé. de notables progrès. Dans le même ordre d’idée, des tentatives ont été 174 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES La clientèle devra être informée des problèmes techniques qui sont périodiquement repris à la faveur des moyens que nous apporte réguliè¬ rement l’évolution du progrès technique et scientifique, en particulier des perfectionnements dans les domaines suivants : extraction, raffinage: conservation. Des études systématiques ont été entreprises pour une meilleure obtention de l’huile du double point de vue de la qualité et du rendement. On a plus spécialement examiné l’influence du facteur "température"" au moment de la pression, car on sait qu’il joue un rôle essentiel sur la qualité de l’huile obtenue et sur sa faculté de conservation. C'est ainsi que les diverses combinaisons possibles de simple et double pression à froid et à chaud, de même que la pression suivie d’extraction au solvant ont fait l’objet de recherches poussées. Dans le même ordre d’idées. des tests analytiques ont été développés pour préciser les conditions optimales de cuisson préalable de la graine. Le tourteau, dont certains spécialistes ont prétendu qu’il était une matière aussi précieuse que l’huile, est soumis à des analyses chimi¬ ques qui permettent d’en déterminer les divers constituants et, partant. sa valeur nutritive. L’information consiste également ici à suivre l’évolution dans le domaine de l’appareillage : là aussi, les procédés continus d’extraction au solvant jouent un rôle de premier plan. Ils sont de plus en plus répandus car ils répondent au besoin de production accrue, de même qu’ils s’adaptent parfaitement au système de régulation automatique. Le bilan de travail d’une huilerie revêt une importance qui croit naturellement avec sa capacité de production. C’est ainsi que se pose la question des pertes en solvant et du solvant résiduaire dans l’huile et dans le tourteau. Ces problèmes peuvent être maintenant abordés à l’aide des méthodes analytiques les plus modernes et font l'objet de recherches, à la fois sur le plan de l’atelier expérimental et sur celui de l’analyse de laboratoire. LE RAFFINAGE Le raffinage qui comprend la suite classique des opérations telles que démucilagination, neutralisation, décoloration et désodorisation, est la phase essentielle du traitement de l’huile, déterminante pour ses qualités gustatives, nutritives et de bonne conservation. La démucilagination est une opération complexe dont le mécanisme reste encore très obscur, aussi l'empirisme joue-t-il dans ce domaine un rôle primordial. Mais les recherches de laboratoire ont montré qu’on peut sortir des sentiers battus et s’orienter vers de nouveaux traitements d’activité accrue. La neutralisation classique aux lessives alcalines est toujours étudiée en vue de l’amélioration du rendement. Dans ce domaine aussi, les procédés continus souvent combinés à la démucilagination ont apporté ASPECTS DU MARCHE DES CORPS GRAS 175 faites pour éviter la formation des pâtes de neutralisation et nous ne parlerons que pour mémoire des procédés à l’urée et aux solvants sélectifs tel que l’alcool. On a essayé, souvent avec succès, de combiner à la fois les opéra¬ tions de neutralisation et de désodorisation dans un seul appareillage fonctionnant en continu : c’est la neutralisation par distillation des acides gras libres. Mais cette technique, si séduisante a priori par sa simpli¬ cité, n’en exige pas moins des recherches précises pour s’adapter à certains cas particuliers et demande aussi un contrôle rigoureux. Son avenir est précisément lié aux résultats donnés par les tests analytiques que fournira le laboratoire. La décoloration aux terres adsorbantes continue à susciter les plus vives controverses. Si la spectrophotométrie a apporté dans ce domaine une aide analytique très précieuse, il n’en reste pas moins que le problème de l’origine des accidents du spectre fait toujours l’objet de recherche. Sur ce point délicat, le laboratoire, appuvé par une solide documentation, peut jouer un rôle déterminant. D’autre part, l’opération de décoloration présente des facteurs simples qui peuvent être facile¬ ment soumis à l’automatisation et celle-ci, combinée aux procédés conti¬ nus, la rend encore plus efficace. Quant à la désodorisation, les procédés modernes évoluent également vers la marche continue, entièrement justifiée d’ailleurs par la nécessité de limiter la durée du chauffage de l’huile. L’amélioration des techni¬ ques de vide poussé permet actuellement d’opérer facilement sous 1 mm à la température de 180°, alors que par le passé les conditions étaient très différentes. LA CONSERVATION Mais la préoccupation du fabricant ne se limite pas à produire une huile bien raffinée et de belle apparence. Il a également le souci de fournir à sa clientèle un produit de bonne conservation. Dans ce domaine des progrès importants opt été réalisés grâce à l'emploi de substances dites "’anti-oxygènes" dont la découverte est due à deux savants français : MOUREU et DUFRAISSE. Les anti-oxygène protègent effectivement les corps gras contre l'attaque par l’oxygène, facteur principal du rancissement. L'addition des anti-oxygène a fait l'objet de longues controverses, d’autant que les plus efficaces contiennent dans leurs molécules des fonctions "phénol" qui ne sont pas exemptes d’une certaine toxicité. Mais la synthèse chimique a, depuis ces dernières années, permis l’élaboration de pro¬ duits nouveaux à haute efficacité et entièrement dépourvus de propriétés toxiques, et qui sont adoptés universellement. En France l’hygiéniste: plus soucieux qu’ailleurs, semble-t-il, de la santé publique, a longtemps EVIP CE ESCIE 176 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES Actuellement, et en accord avec le Comité supérieur de l’hygiène. l’industriel peut employer des anti-oxygène dans des conditions bien déterminées, qui fournissent toute garantie de sécurité. Des recherches théoriques se poursuivent, d’autre part, dans le but de mieux connaitre le processus si complexe du rancissement autoxydatif des corps gras et de déterminer les impuretés qui prennent naissance au cours de cette altération et leur incidence éventuelle sur le plan, physiologique. La lumière et le contact avec l’air étant les deux principaux facteurs d’altération, on concoit l’importance qui s’attache à l’information et à l’éducation du consommateur dans le sens d’une meilleure utilisation. LA BECHERCHE ET LES TENDANCES AGTUELLES DE L’HUILERIE L'évolution actuelle de l’huilerie tend vers une concentration des entreprises et vers la réduction des prix de revient. Nous n’insisterons pas sur les nombreux paramêtres qui jouent un rôle plus ou moins important sur les prix de revient. Nous évoquerons pour mémoire que l’approvisionnement en matière première, c’est-a¬ dire, en oléagineux, est en partie le résultat d’informations économiques suivies, qui permettent d’établir des accords aussi favorables que possi¬ ble avec les fournisseurs, lesquels, pour la plus grande part des oléagineux, se trouvent outre-mer. Par contre, nous insisterons sur les trois éléments qui sont à l’ordre du jour : réalisation d’une capacité optimale de production. automatisation. Les besoins en huile sont considérables et croissent sans cesse. Il est rationnel, pour une surface déterminée d’usine, de produire au maximum. D’autre part, les équipements les plus perfectionnés ne sont avan¬ tageux que pour de grosses capacités," d’où orientation de la production vers des unités traitant de gros tonnages. Cette conception implique des informations constamment à jour sur tous les perfectionnements qui apparaissent dans ce domaine, et cela, non seulement en ce qui concerne la production proprement dite dans les ateliers, mais aussi les moyens dont dispose le laboratoire pour suivre et contrôler la fabrication. L’industrie des corps gras tend actuellement, de plus en plus, à passer des procédés de fabrication discontinue aux procédés de fabrica¬ tion continue. Les premiers ne demandent que des interventions manuelles, les seconds exigent des appareillages électroniques et des commandes auto¬ matiques. La transition peut paraître trop brutale dans nos industries et il est souhaitable qu’un trait d’union plus souple puisse être tracé entre les deux systèmes. Il consistera, par exemple, à inclure, dans des installations travaillant en discontinu, des secteurs de régulation auto¬ matique. fabriqués et des prix de vente. ces de documentation. ASPECTS DU MARCHE DES CORES GRAS 177 On sait que le gros avantage de l’automatisation consiste, non seule¬ ment à assurer une qualité toujours égale aux produits fabriqués, mais qu’elle permet, en outre, une économie substantielle, spécialement dans le secteur de la main-d’œuvre et partant, conduit à un abaissement des prix de revient. Cependant, les frais occasionnés par le système de réglage automatique doivent se situer à un niveau raisonnable par rapport à la valeur du produit final. Il est bien évident, en outre, que le mode de régulation devra être adapté aux caractéristiques de l’industrie des corps gras et qu’on s'orientera de préférence et pour des raisons de sécurité vers les appareils à transmission pneumatique, par exemple dans les installations travaillant à l’essence. cependant, il ne faut pas oublier qu’il est plus difficile en fabrica¬ tion continue d’assurer une qualité homogène du produit final si la composition du produit de base est sujette à d’importantes variations. En effet, dans ce cas, les phases successives s’effectuent dans les différents maillons d’une chaine d’appareils spéciaux à commandes auto¬ matiques, tandis que dans les procédés de fabrication discontinue, ces différentes phases s’effectuent successivement dans un nombre réduit d’appareils où l’intervention manuelle est plus facile. L'emploi des calculatrices, qui permettent le fonctionnement optimal de l’ensemble de régulation, est possible lorsque le produit à traiter subit de fortes variations. Mais ces dispositifs très onéreux ne se justifient que pour des installations de grande importance, à moins qu’ils ne puissent servir pour conduire successivement plusieurs instal¬ lations de capacité moyenne. Nous n’insisterons pas sur ce domaine nouveau, encore en pleine évolution, mais nous pensons que ce développement doit se faire au bénéfice de la clientèle du double point de vue de la qualité des produits CONCLUSION La prospérité d’une huilerie est donc fonction à la fois de ses prix de revient et de la qualité des produits qu’elle offre au consommateur. Il est d’importance vitale à notre époque que l’huilier soit en mesure de donner à sa clientèle les informations techniques et scientifiques les plus complètes qu’elle est susceptible de lui réclamer. Ces deux facteurs essentiels doivent l’inciter à développer au maxi¬ mum ses propres sources d’information et à poursuivre des études permanentes en liaison avec les laboratoires de recherches et les servi¬ 178 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES -La concurrence déjà très vive à l’intérieur du pays se trouvera encore accrue avec l’avènement du Marché Commun. C'est dire combien l’industrie francaise de l’huilerie sera amenee à accroître encore ses efforts pour offrir, au plus juste prix, des produits de qualité irréprochable à une clientèle toujours plus soucieuse de sa santé et désireuse, à juste titre, de mieux connaître la qualite des produits qu’elle consomme. Ces deux tendances, nous en sommes persuadés, loin de s’affronter. doivent s’épauler et œeuvrer ensemble dans le sens d’un progrès continu. PROBLEMES D'INFORMATION ET DE RECHERCHES POSES PAR LE MARCHE DU BEURRE R. BIGORRE Président de l’ALE, Ingénieur agronome Avant d’aborder les problèmes d'information et de recherche posés par le marché du beurre, il nous semble nécessaire d’en tracer les grandes lignes et de situer la place qu’occupe le beurre dans le marché des matières grasses alimentaires. 1. — LE MARCHÉ DU BEURRE A la veille de l’application du traité de ROME, nous étudierons les marchés dans le cadre de la Communauté économique européenne. Celle-ci constitue, en effet, un tout, l'abolition des barrières douaniè¬ res, à l’issue de la période transitoire, permettant la libre circulation des marchandises à l’intérieur des 6 pays; les échanges intercommu¬ nautaires ne sont donc pas pris en considération. La production des 6 pays s’est élevée en 1961 à environ 1 100 000 tonnes, dont 380 000 tonnes pour la France. 430 000 tonnes pour l’Allemagne. La consommation étant d’environ 1 million de tonnes, , l'excédent réel de la C. E. E, est donc de 100 000 tonnes enviro La France supporte actuellement la plus grosse part de cet excédent. l’Allemagne, principal client parmi les Etats membres, continuant à importer du beurre en provenance de pays tiers. Ceci n'’est pas sans causer de grosses difficultés sur le marché du beurre français et néces¬ site des mesures de défense, assez couteuses, prises par le F. O. R. M. A. (fonds d’orientation et de régularisation des marchés agricoles). Les prix de soutien, fixés par le gouvernement, sont difficilement maintenus. EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 180 Les prévisions fixent à 4 % environ le taux d’accroissement de la production par an; c'est ainsi que de 1958 à 1965 il est prévu un accroissement de 26 % du à l’augmentation du nombre de vaches laitiè¬ res et aux résultats des progrès techniques, notamment en matière de sélection et d’alimentation. Par contre, la consommation n’augmentera que de 2 ( environ (11 à 16 % de 1958 à 1965). La cause en est le nombre plus important de consommateurs et l’amélioration du pouvoir d’achat de ceux-ci. Dans ces conditions, les excédents du beurre prévus dans le cadre des 6 pays. en 1965, seront de l'’ordre de 200 à 250 000 tonnes. Les besoins, hors de la Communauté économique européenne, sont très importants; c’est ainsi que l’Angleterre, premier pays importateur du monde, en achè̂te chaque année de 400 à 450 000 tonnes. Ses princi¬ paux fournisseurs sont ses dominions (Nouvelle-zélande et Australie). ainsi que le Danemark qui s’attachent à conserver leur principal client. Actuellement donc, le marché anglais, dont les besoins sont sensible¬ ment doubles des excédents européens de 1965, ne peut représenter pour l’Europe des 6 un exutoire suffisant. L'une des pierres d’achoppement de l’entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté européenne réside dans la difficile solution des problèmes agricoles et tout particulièrement de celui des produits laitiers. Il est bon de rappeler que les besoins mondiaux sont énormes; le déficit global des produits laitiers est manifeste. Cependant la vente des denrées agricoles dans les pays tiers nécessiterait une vaste organisa¬ tion sur le plan mondial et les perspectives en sont encore fort impré¬ cises. En résumé, les besoins latents interdisent, moralement, politique¬ ment et socialement, une politique de réduction volontaire de la produc¬ tion laitière dans les pays européens, mais la situation actuelle reste très préoccupante en raison du déséquilibre qui ne fera que s’accentuer dans les proches années, si aucune mesure n’est prise pour une meil¬ leure répartition des disponibilités. HL. — LE MARCHÉ DES MATIÈRES GRASSES Toute autre est la situation du marché des matières grasses pris dans son ensemble. Les négociateurs qui représentent les intérêts agri¬ coles au sein des comités siégeant à Bruxelles s’opposent à l’étude isolée des différents marchés. Ils demandent, à juste titre, que le marché des corps gras soit examiné globalement. La production européenne en corps gras alimentaires est d’environ 2 000 000 de tonnes, dont : 1 100 000 tonnes, de beurre, 500 000 tonnes de graisses d’origine animale et un peu plus de 500 000 tonnes de matières grasses d’oricine végétale parmi lesquelles l'huile d’olivet produite en talie, représente une assez large part. ASPECTS DU MARCHE DES CORPS GRAS 181 Les besoins moyens de l’Européen peuvent être fixés à 20 Kilos de matières grasses par habitant et par an, et se décomposent comme suit : 4,700 Kilos de beurre, 5, 300 Kilos de margarine et 10 Kilos d’autres matières grasses, la quantité variant dans de notables proportions d’un pays à un autre. Le Hollandais consomme 4, 9 kg de beurre et 19, 60 Kg de margarine, tandis que le Français consomme I1 Filos de beurre et 2, 4 Kg de margarine. Le total des besoins des 200 000 000 d’habitants de la communauté dépasse 4 millions de tonnes, ce qui se traduit par un déficit de 2 mil¬ lions de tonnes et par le fait que la communauté économique européenne couvre à peine 50 % de ses besoins. Ce déficit est comblé par des importations : huile de baleine, matiè¬ res grasses d’origine végétale, utilisées soit sous forme d’huile de table, soit transformées en margarine. Ces matières premières arrivent sur le marché européen à un prix relativement bas, du fait qu’à super¬ ficie égale la production de matières grasses d’origine végétale est beaucoup plus importante que celles d’origine animale. Leur prix de revient est donc incontestablement inférieur. Au surplus, les populations des pays exportateurs et, en particulier, celles de l’Afrique Noire ont un niveau de vie très bas, qu’il serait souhaitable, à beaucoup de points de vue, de relever. Par ailleurs, le cours mondial du beurre n’a aucune commune mesure avec son prix de revient. Les pays exportateurs, pour maintenir à un niveau décent leur population agricole, sont dans l’obligation d’apporter des aides financières très importantes à l’exportation. Les pays bénéfi¬ ciaires des prix mondiaux sont, par contre, des pays développés, s bien que la situation paradoxale qui en résulte peut se traduire de la facon suivante : l’Europe achête, à bas prix, des matières premières à des pays pauvres; elle revend, bon marché, un produit fini et de qualité supérieure à des pays riches. On est donc en droit d’espérer qu’une réorganisation du marché des corps gras pourra atténuer les difficultés auxquelles on se heurte aujourd’hui. I. — LES EXIGENCES DES PRODUCTEURS Les producteurs agricoles de la Communauté exigent, à juste titre de bénéficier d’un niveau de vie comparable à celui des autres familtes professionnelles de leurs pays. Le producteur agricole s’insurge contre le fait qu’il est victime des progrès de la productivité qui a nécessite de sa part des investissements et des efforts considérables. La produc¬ tion agricole étant liée à de nombreux facteurs extérieurs (climatologie état sanitaire du bétail, etc. ) il est impossible d’ajuster production et consommation, il faut que l’agriculteur produise trop pour que le pays ait suffisamment. Il faut donc qu’une politique clairvovante alliant le stockage aux exportations, amenuise les amplitudes de variations, ajuste les offres aux demandes et de ce fait régularise les prix. C'est tont le 182 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES problème agricole qui est ainsi posé. La production laitière, qui inté¬ resse la quasi-totalité des agriculteurs et surtout des petits producteurs. présente un aspect social d’une importance considérable dans les pays européens. Il n’est pas douteux que cette production ne doit pas être uniquement considérée sous l’angle du marché du beurre. Le lait liquide est un aliment complet irremplacable et dont la consommation peut être légè¬ rement augmentée. C’est également une source de matières azotées de haute qualité, relativement bon marché, notablement moins chères que celles provenant de la viande. Les besoins mondiaux sont énormes. notamment dans les pays sous-développés qui souffrent de graves caren¬ ces en matières protéiques. La aussi un plan d'ensemble doit être appliqué. En résumé, le producteur demande qu’une organisation du marché lui permette d’écouler la totalité de ce qu’il produit, d’une manière régulière et à un prix garanti, afin d’avoir un niveau de vie correct. IV. - LES EXIGENCES DES CONSOMMATEUE Ceux-ci veulent tout d’abord avoir la sécurité de leur approvision¬ nement. Nous avons vu qu’il est actuellement assuré en ce qui concerne les produits laitiers. Mais les évènements politiques et économiques. les caprices de la climatologie, les, menaces d’épizooties difficiles à combattre ne sont pas à négliger. C’est pourquoi il est de la plus grande importance, dans l’intérêt général, que l’agriculture européenne ne soit pas sacrifiée sous prétexte qu’il est possible d’obtenir à l’extérieur les produits nécessaires à un prix plus bas. Le consommateur exige, d'autre part, des garanties de qualité et la protection de son bien le plus précieux, la santé. Enfin, il souhaite acheter ses aliments à des prix aussi bas que possible, compatibles avec son pouvoir d’achat, afin de satisfaire ses autres besoins toujours croissants (logement, confort, vovages, distrac¬ tions, etc.). Les exigences des producteurs et des consommateurs s’opposent aur de nombreux points. Il est donc de toute nécessité que des solutions soient trouvées à ces problèmes extrèmement complexes. C'est tout naturellement vers l’Etat que chacun se retourne; mais que peut l’Etat 7 V. — LA RECHERCHE DES SOLUTIONS Elles sont multiples et se présentent sous divers aspects. Le symposium qui se tient à DIION a pour titre "Liaisons : Univer¬ sité. Recherche, Industrie", nous ajouterons "’Agriculture". C'est dans ce cadre que nous énumérerons un certain nombre d’actions qu’il serait bon d’entreprendre et de coordonner et qui devraient apporter immédia¬ tement et à terme des améliorations sensibles à la situation présente. ASPECTS DU MARCHE DES CORPS GRAS 183 4. Rote de l’Université Son but est la formation des hommes. La civilisation actuelle exige de moins en moins de bras, et de plus en plus de cerveaux. Des tech¬ niciens (ouvriers spécialisés, personnel de maitrise, cadres moyens et supérieurs) des chercheurs, des chefs d’entreprises et des économistes doivent être formés. Les besoins sont très importants, à l’usine, , au laboratoire, dans les divers comités et organismes nationaux et inter¬ nationaux qui s’occupent de l’organisation des marchés et dont l’impor¬ tance ne fera que s’accroitre dans les années qui viennent. L'enseignement général ou technique, primaire, secondaire et supérieur doit être "repensé" dans son ensemble. Des passerelles doivent permettre de passer, avec le minimum d’inconvénients, d’un enseignement à un autre. Il faut, de plus, faciliter la promotion sociale des individus, permettre aux plus courageux et aux mieux doués d’accéder grâce à un enseigne¬ ment approprié à des situations plus élevées. Au niveau de l’Enseignement supérieur, l’Ecole des industries laitières, actuellement en voie de réorganisation, doit former des chercheurs, des ingénieurs et des docteurs ès-sciences laitières. Ce 3e cycle recevra à la fois les ingénieurs spécialisés des grandes écoles et les diplomés de l’Université. Le problème de l’enseignement à lui seul nécessiterait un très long développement. Il est à la base de tout progrès et son étude doit être poursuivie activement pour rattraper le retard regrettable que la France a pris dans ce domaine sur de nombreux pays étrangers 2. Bole de la recherche Il est incontestable que la production, la transformation et la com¬ mercialisation du lait et des produits laitiers ne peuvent se développer et se moderniser qu’en appliquant les toutes dernières données de la science. La richesse laitière est l’une des plus importantes de la nation. La modernisation, c’est l’industrialisation, c'est-à-dire l’application de techniques appropriées, de solutions rationnelles. L'étude scientifique est à la base de toute réalisation moderne. La laiterie française se doit d'appliquer les méthodes utilisées par les grosses industries nationales et qui sont à la base de leur développement et de leur prospérité. Il est impossible, par définition, de préciser ce qu’on peut attendre de la recherche fondamentale. Il ne faut pas oublier cependant, comme l’a montré récemment un auteur "que la recherche fondamentale s’avère "’infiniment plus pavante que ne l’est la recherche technique et la recher¬ "che appliquée si l'on avait la naiveté de leur demander de produire "leur propre moisson, au lieu de faire marir et de cueillir les fruits de la recherche pure". On peut espérer que la laiterie bénéficiera des découvertes et des progrès réalisés notamment dans les sciences biolo¬ giques. aux produits dits de remplacement. totalité de sa production. jusqu’à présent empiriques. 184 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES La recherche technique doit permettre d’obtenir des améliorations à la ferme, à l’usine, au cours des transports et de la distribution. par l’application de méthodes sans cesse perfectionnées. L’amélioration de la qualité du lait et des produits laitiers doit être un des principaux objectifs à atteindre. L’abaissement des prix de revient, par une amé¬ lioration de la production et une mécanisation de plus en plus poussée. doit pouvoir être facilement obtenu. L’utilisation complête des sous¬ produits évitera tout gaspillage. Enfin un vaste domaine est encore à explorer dans la recherche de produits nouveaux, soit alimentaires, soit pharmaceutiques. Malgré la valeur élevée de la matière première, la chimiurgie peut ouvrir également des horizons insoupconnés. L’une des réalisations pratiques les plus urgentes et dont le rende¬ ment serait très efficace, est la création d’une laiterie pilote telle qu’il en existe dans de nombreux pays étrangers. Il y sera possible de mettre au banc d’essai le matériel nouveau, d’appliquer à l’échelle semi¬ industrielle les découvertes de laboratoiré en évitant à l’industrie les tAtonnements, en réduisant les délais d’application et les pertes dues à l’expérimentation, etc. Il semble que, sur ce point, l’Institut national de la recherche agronomique peut rendre les plus éminents services à la production et à l'industrie laitières. Des crédits d’investissements et de fonctionnement doivent être rapidement débloqués à son profit. Le rôle des diététiciens a été, jusqu’à présent, à peu près ignoré des professionnels. Beaucoup de ceux-ci pensent encore que le lait, le beurre, en général les produits laitiers jouissent d’une telle renommée qu’ils n’ont nullement besoin de prouver le rôle indispensable qu’ils jouent dans l’alimentation ni leur supériorité par rapport aux ersatz ou Depuis des millénaires la chasse, la pêche, la cueillette puis l’élevage et la culture ont essavé de pourvoir aux besoins alimentaires des hommes. Famines et épidémies qui décimaient les populations ont depuis longtemps disparu, tout au moins dans les pays "développés" et les méthodes empiriques, en matière alimentaire, paraissaient ne pas donner de trop mauvais résultats. Jusqu’ici l'agriculteur oriente ses productions en fonction des condi¬ tions naturelles (sol, climat), des débouchés qu’il suppute, des profits qu’il escompte de ses récoltes. Il essaie ensuite de vendre au mieux la Le consommateur, de son côté, achête en fonction des produits qui lui sont présentés, de ses godts, de ses moyens, des prix respectifs des aliments offerts, mais aussi de sa fantaisie. Le diététicien doit servir de guide, préciser la plupart des données. qui donnera la réponse qui orientera l’industrie alimentaire de demain. ASPECTS DU MARCHE DES CORPS GRAS 185 Des études systématiques de marché peuvent être faites pour avoir une plus juste notion des situations. Ces différents travaux serviront à orienter à la fois la production et la consommation et, par conséquent. à mieux équilibrer les disponibilités et les besoins. outre cet aspect quantitatif, le diététicien fixera la notion qualita¬ tive des aliments, notion fort délicate d’ailleurs à préciser et qui a évolué au cours de ces dernières décennies. Jusqu’à un passé récent c’est l’aspect microbien des aliments qui dominait. La science médicale a obtenu le merveilleux résultat de faire presque totalement disparaitre les maladies d’origine microbienne. Elle l’a obtenu grâce aux vaccins qui aident l’organisme à chasser l’enva¬ hisseur, aux sérums qui interdisent l’accès au germe indésirable. Ce résultat est d aussi au fait que l’aliment est exempt de microbe patho¬ gène, celui-ci étant détruit par un traitement approprié (pasteurisation du lait et des produits laitiers). Puis, on s'attache maintenant à ce que le lait ne contienne pas lui-même de germe nocif par une politique systématique d’assainissement du bétail. Ainsi l'ennemi recule et dans un avenir que nous espérons proche, l’aspect qualitatif microbien des denrées alimentaires passera au second plan des préoccupations des nutritionnistes et des médecins. Hélas, au fur et à mesure des progrès de la science, d’autres problèmes se substituent à ceux qui sont résolus. Ce sont maintenant les maladies de "carence" ou de "pléthore", les maladies des "’hommes civilisés" qui préoccupent le corps médical. Quelle est, dans ces maladies, la responsabilité de l’alimentation 2 Telle est la question que posent le clinicien et le thérapeute au diététicien. C'est celui-ci 3. Rôle de l’information n est indispensable que, sur des problèmes qui touchent à sa santé. le public puisse être renseigné d’une manière objective. L’énorme complexité des questions alimentaires, les difficultés quasi insurmonta¬ bles de l’expérimentation, le nombre presque illimité des facteurs qui entrent en jeu rendent très difficile la formulation de lois de causalité. Combien est délicate alors la vulgarisation de données scientifiques dont les conclusions sont toujours très nuancées : C’est au corps médical qu’il appartient, en tout premier lieu, de prendre la responsabilité de l’information dans ce domaine. C'est le médecin qui fixe le régime de ses patients, régime préventif plutot que curatif. Les formules toutes faites sont, à proscrire. Seul le "’sur mesure" est concevable. Il faut donc que le corps médical suive pas à pas la science de la nutrition et en tire des enseignements. Centre national de la nutrition. Ces rençontres doivent être poursuivies. 186 EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES La propagande, la publicité ont pris, notamment dans le domaine alimentaire, une énorme importance. Cette information, nécessairement intéressée est par conséquent orientée, dirigée. Quoi de plus tentant que de s’abriter derrière la "science", de renforcer l’argument publi¬ citaire par une signature scientifique ou médicale. Les slogans, en simplifiant les problèmes, les déforment au point de rendre les faits méconnaissables. L’abus ne devrait pas être toléré et l’honneteté intellectuelle exigée pour protéger les cerveaux mal préparés et trop complaisamment réceptifs de la masse des lecteurs et auditeurs avides du "digest". On est donc en droit de se demander s’il ne serait pas bon de fixer les limites de la liberté en matière de propagande et de publicité par un contrôle judicieux des informations dites "scientifiques" qui induisent souvent en erreur les lecteurs mal préparés et insufisamment avertis de la complexité des problèmes. 4. Rôle des professionnels et des pouvoirs publics Tous les problèmes économiques nécessitent la définition d’une politique et la mise en application de celle-ci. C’est aux pouvoirs publics qu’appartient la responsabilité de cette définition et de cette application Mais si la législation, la réglementation, le contrôle sont néces¬ saires il ne faut pas penser qu’ils règleront les questions à la satis¬ faction de tous. Déjà DESCARTES nous apprenait que "la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, en sorte qu’un état est mieux réglé lorsque, n’en avant que fort peu, elles y sont fort étroite¬ ment observées" Les professionnels doivent s’organiser de telle sorte qu’ils allègent le rôle de l’Etat en rédlant, dans leur sein, le maximum de choses¬ Cet aspect de la question sort du cadre des problèmes posés par le symposium de DUJON. Qu’it nous suffise de dire que seule l’inter¬ profession bien charpentée et les rapports harmonieux qu’elle doit avoir avec l’Etat peuvent préserver la civilisation européenne de deux abimes aussi redoutables : une anarchie qui ne profite qu’au plus fort, un tota¬ litarisme qui prive l’individu de toute liberté et de toute initiative. CONCLUSIONS Ce rapide exposé n’a eu pour but que de mettre en exergue un certain nombre de questions qu’il importe de résoudre. Sur ce point les professionnels peuvent se féliciter qu’une confron¬ tation entre représentants de divers secteurs qui s’ignorent généralement : Université, recherche, industrie, agriculture, ait pu s'établir grâce au ASPECTS DU MARCHE DES CORPS GRAS 187 n est souhaitable qu’un organisme permanent serve de point de rassem¬ plement et qu’il y soit discuté des questions d’intérêt général qui néces¬ sitent des actions concertées. mement intéressante à laquelle les professionnels sont très satisfaits Le symposium de DLION a été, à cet égard, une initiative extre¬ d’avoir pu participer. CONCLUSIONS GENERALES L’ensemble de ces travaux témoigne de la coopération confiante qui s’est établie entre les secteurs de production et les divers secteurs de recherche, Initiés par la Chambre syndicale de la margarinerie. relavés et soutenus par le Comité de nutrition animale et humaine de la Délégation générale à la recherche, un ensemble de recherches s’attache à répondre aux questions simples et difficiles que pose la santé d’un pays. — Est-ce la trop grande quantité de calories qui rend dangereu¬ se pour les vaisseaux la trop grande quantité de graisses 2 — Quand on mange trop gras, c’est-à-dire quand on dépasse 35 % de calories lipidiques, quelles en sont les conséquences physiologiques 2 — En quoi les diverses graisses diffèrent-elles quant à leurs effets sur la sécrétion biliaire 2 — Quels sont les effets des graisses surchauffées où de certains composés inhabituels 2 — Quelle est la composition des graisses animales suivant leur mode de production 2 Certes, on ne trouvera guère de réponses définitives dans ces travaux qui ne sont que des étapes. La science mêne rarement au définitif. Ce qui importait, c’était de développer cette liaison entre la production et la recherche, élément d’une connaissance honnête de la valeur réelle pour l’homme des aliments qu’il produit, selon la façon dont il les produit. BIBLIOGRAPHIE Outre les ouvrages cités au courg de la monographie, certains articles peuvent appeler la consultation d’ouvrages particuliers. ire PARTIE 2) L. CHEVILLARD et R. PORTET BABINEAU L., PAGE E.. Canad. J. Bioch, Physjol, 33 : 970, 1956. BALL, E. G.. COOPER O.. J. Biol. Chem, 235 : 584, 1960. BARGETON D.. EON M.. KRUM-HELLER C.. LIBERMANN C. MASSON J.. J. Physiol, 46 : 845, 1954. BRADY R. O., MAMOON A. M., STADTMAN E. R., J. Biol. Chem. 222 : 795, 1956. CAMPRELL, J.. GREEN G. R.. SCHONBAUM E.. SOCOL, H., Fed. Proc, 19 sup. 5 : 124, 1960. CANNON W. B., Bodely changes in pain, hunger, fear, rage. N. Y. Appleton, 1915. CHANCE B., WTLLIAMS G. R.. J. Biol. Chem, 195 : 215, 1952. CHENIER L., PAGE E. Rey. Can. 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CLEMENT G. et RAULIN J., mnluence de l’ingestion prolongée d’huile d’arachide renfer mant des acides gras polydé¬ saturés "trans" sur la structure des triglycérides de réserve chez le rat blanc. -— C. R. Ac. Se, 1962, 255, 2204. 4e PARTIE 2) C. MATHIEU et P. BARRE BLAXTER K. L. K WOOD W. A., 1952, The nutrition of the voung avrshire calf, 5, the nutritive value of cow"s vhole milk. Brit. J. Nutr, 6, 1-12. BLAXTER K. L. K WOOD W. A,, 1953, Some observations on the bioche¬ mical and physiological events associated with diarrhoea in calves. Vet. Rec, 65, 889-892. JACQUOT R., 1933. Le lait de vache est-il un aliment équilibré pour tous les mammifères 2 C. R. Acad. Sci, 197, 1755-1758. NOLLER C. H.: WARD G. M.: MC GILLLARD A. D. HUFEMAN C F. 8 DUNCAN C. W., 1956, The effect of age of the calf on the availability o nutrients in vegetable milk replacer rations. J. Dairy Sci, 39, 1288-1298. SHILLAM K. W. G., 1960. Studies of the nutrition of the voung calf vith special reference to the incidence of Escherichia Coli infections Thèse - Upiversité de Reading - non publiée. PREMIERE PARTIE TABLE DES MATIÈRES Pages INTRODUCTION EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES HNVPERCATOIIQUES HYPERCRAS — CI. RICRIR et H. DUPIN (Datar) Athérome et consommation lipidique dans certains groupes de la population sénégalaise...................... 15 — L. CHEVILLARD et B. PORTET L’athérome expérimental suivant la température de l’éleva¬ ge. Revue des particularités du métabolisme lipidique et de ses régulations dans la thermogenèse de réchauffement.. 23 — J. TRÉMIOLTERES et M. APFE LBAUM Modifications métaboliques produites par des régimes hyper¬ lipidiques athérogènes chez le rat................. 81 - J. POLONOVSEL B. INFANTE et M. MALINSKY Influence d’un apport lipidique alimentaire sur la biosyn¬ thèse des lipides dans le foie du rat................ 63 -— J. MASEK, L. KRIKAVA, K. OSANCOVYA et M. NERADI¬ LOVA (Prague). La consommation des graisses en Tchécoslovaquie et ses conséquences par rapport à la cholestérolémie........: 37 DEUXIEME PARTIE EFFETS PHYSIOPATHOLOGIQUES DES GRAISSES ALIMENTAIRES 202 EFTETS DIGESTITS DES GRAISSES - L. C. HAUTON, H. SARLES. C. GREUSARD, M. J. PERROT. N.E. PLANCHE et A. GEROLAMY Sécrétion biliaire et pathogénie de la lithiase biliaire cho¬ lostérolique.................................. 85 TROISIEME PARTIE EFFETS PHYSIO-PATHOLOGIQUES DES CONSTITUANTS ARORMAUX DES GRAISES — G. CLEMENT et J. CLEMENT Sur la digestion et l’absorption des lipoperoxydes....... - T. BAULIN et B. JACQLOT valeur nutritionnelle et effets physio-pathologiques des builes chauffées à haute température................ E. LE BRETON. C. ERAYSSINET et F. PLUMASSON Recherches physiologiques et biochimiques concernant l’in¬ gestion de l’acide élaidique par le rat Wistar.......... -— L. BAULIN, C. LOBITTE. G. CLÉMENT et R. TACQUOT Sur les conditions d’incorporation de quelques lipides "’atypi¬ ques" aux graisges de lorbainsme.................. 95 115 131 QUATRIEME PARTIE COMPOSTION DES CRAESES ANMALES SUIYANL LEUR MODE DE PRODUCTION — A FRANCOIS, L. ELANZY et C. MATHIEU Utilisation des matières grasses dans l’alimentation du veau et du porc, Influence sur la composition des carcasses et d65 d6D0tS. .................................. - C. MATHIEU et P. BABRE Digestion et utilisation par le veau préruminant de laits contenant des quantités différentes de matières grasses... — S. KUZDAZL -SAYOIE Etude des acides polvinsaturés de la matière grasse des laits utilisés dans l’alimentation humaine............. 137 136 145 TABLE DES MATIERES 20 CINQUIEME PARTIE ASPECTS INDUSTRIELS ET ECONOMIQUES DU MARCHE DES CORPS CRAS — B. FÉBON Problèmes d’information posés par le marché de la marga¬ rine - C. TROTTMANN Problèmes d'information et de recherches posés par le marché de l’huile............................ — R. BIGORRE Problèmes d’information et de recherches posés par le marche du beurre :: ::...::..:......:..:...: 167 173 179 189 - CONCLUSIONS GENÉRALES 191 - BIBLIOGRAPHIE J. 8 R. SENNAC, imprimeurs, S4, fouboura Montmartre. PARIS-9. — 12830. INSTITUT NATIONAL D’HYGIENE 3. RUE LÉON BONNAT, 3 A R1 S - X V 1: AUT, 3-84