AD SANITATEM MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE MONO GRAPHIE DE L'INSTITUT NATIONAL D'HYGIENE N° 26 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT (II. Turquie et Liban) DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES PARIS 1 9 6 8 VIRTVTE DVCE CO MITE FORTITVDINE COLLEGIVM CIVILE Par J. LEGUERINAIS C. LAURENT Chef de la Section d. Cancer Chef de la Documentation de l’Institut National d’Hygiène et Avec la collaboration de L. MAUIOL MINIS TE RE DE LA SAN TE PU BLIQUE MONOGRAPHIE DE L’INSTITUT NATIONAL D’HYGIENE N° 26 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT (II. Turquie et Liban) DONNEES EPIDEMIOLOCIQUES PARIS 1969 VIRTVTE DVCE CO MITE FORTITVDINE COLLEGIVM CIVILE AD SANITATEM Par C. LAURENT J. LEGUERINAIS P5 Chef de la Section du Cancer de l’Institut National d’Hygiène et Avec la collaboration de L. MAUIOL MONOGRAPHIES DE L’INSTITUT NATIONAL D’HYGIÈNE DE7A PARUES : N° L. - Documents statistiques sur la morbidité par cancer dans le monde. par P. F. DENOIX, Paris, 1953. Epuisé. N° 2.- L'economie de l'alcolisme, par L. DEROBERT, Paris, 1953. Epuise. N° 3. - Mortalité urbaine et rurale en Frunce en 1928, 1933 et 1947, par Ch. CANDIOTTI et M. MOINE, Paris, 1953. Prix : 9 NF. N° 4. - Contribution a l’étude de l’anophétisme et du paludisme en Corse. par C. TQUMANOFF, Paris, 1934. Prix : 12’NF N° 5. - De la diversite de certains cancers, par P. F. DENOIX, Paris, 1951. Epuisé. N° 6. - La lutte préventive contre les maladies infectieuses de l’homme et des animaux domestiques au moyen des vaccins, par G. RAMON, Paris. 1955. Prix : 12 NF. N° 7. - Etudes de socialo-psychiatrie, par H. DUCHENE et coll, Paris, 1955. Prix : 9 NF N° 8. - Rapport sur la fréquence et la sensibilité aux insecticides de de pediculus humanus humanus K. Linnaeus, 1758 (anoplura) dans le sud-est de la France, par R. NICOLI, Paris, 1956. Prix : 5 NF. N° 9. - Etude sur la maladie de Bouillaud et son traitement, par J. CHEVALLIER, Paris, 1956, Prix: 11 Nr. No 10 - Bapport d’enquête sur la réadaptafion fonctionnelle des adultes en France, par H. G. POULIZAC, Paris, 1956. Prix : 10 NF. Ne 11. - Etude pour l'établissement de rations alimentaires pour le tuberculeux en sanatorium, par F. VINIT et J. TREMOLIERES, Paris, 1957. Prix : 12,50 NF. N9 12. - Le cancer chez le noir en Afrique française, par P. F. DENOIX et J. R. SCHLUMBERGER, Paris, 1957. Prix : 15 NF. N° 13. -— Broncho-pneumopathies a virus et rickettsies chez l’enfant, par R. SOHIER, M. BERNHEIM, J. CHAPTAL et M. JEUNE, Paris. 1957. Prix : 13 NF. N° 14. - L’assistance psychiatrique aux malades mentaux d'origine nord-africaine musulmane en métropole, par G. DAUMEZON, Y. CHAMPION et Mme J. CHAMPION-BASSET, Paris, 1957. Prix : 12 NF. N° 15. - Documents statistiques sur Tépidemioboie des intections tupho-para¬ tuphoidiques, de la poliomyélite et des brucelloses en France en 1954. et 190535, par P. CHASSAGNE et Y. GAIGNQUX, Paris, 1958. Prix: 11 NF. N° 16. - La pathologie régionale de la France. T. I, Régions du Sud et de l'Ouest, par R. MAROT, Paris, 1958. Prix : 35 NF N° 17. - La pathologie régionale de la France. T. I. Régions du Nord, de l’Est et du Centre, par R. MAROT, Paris, 1958. Prix : 34 NF. N° 18. - De la destruction des bactéries par la chaleur. — Etude de leficacité de la pasteurisation du lait, par A. NEVOT, Ph., et J. LAFONT. Paris, 1958. Prix : 14 NF. N° 19. - Le cancer au Mopen-Orient (Israe et Iran), Données épid́mioboaiques. par C. LAURENT et J. LEGUERINAIS, Paris, 1960. Prix : 13 NF. N° 20. - Problêmes posés par la définition des atiments, par l’Unité de Recherche de Nutrition humaine de l’Institut National d’Hygiène, Paris, 1960. Prix : 15 NF. No 21. - Accidents du traail et facteur humain, par H. G. POULIZAC, Paris. 1960. Prix : 18 NF. N° 2. - Enquête sur les entants et les adolescents alleints d’infirmité molrice par F ALISON, J. FABIA et J. RAYNAUD, Paris, 1961. Prix: 11 NF. N° 23. - L’hospitalisation des enfonts, étude de pédiairie sociole dans l’azola¬ mération parisienne, par P. STRAUS, Paris, 1961. Prix : 16 NF. N° 24. - Méthodes psuchologiques, pédaqogiques et sociales en psuchiatrie infantile. sous la direction de G. AMADO, Paris, 1961. Prix : 19 NF. N° 25. - Epidémioloaie et prophulorie de la pariole: étude des incursions d'e la variole à Paris au cours des vinat dernières années. Déducfions épidé¬ miobogiques et prophploctiques, par J. BOYER et A. ROUSSEL. Paris, 1962. Prix : 6,50 NF. N° 26. - Le cancer qu Monen-Orient II (Turomie et Liban) Doppées énige. miobogiques, par C. LAURENT et J. LEGUERINAIS, Paris, 1962. Prix : 16 NF. N° 27. - La recherche médicale en 1961 (rapport d’activité). A paraitre. Vente des publications : L’INSTITUT NATIONAL D’HYGIENE 3, rue Léon-Bonnat, Paris (16e). Auteuil: 32-84 (numéro de chèque postal : Institut National d’Hygiène, 9062-38 Paris). Cette mopographie constitue la deuxième partie d’une enquête effectuée par l’un de nous, grâce à une bourse d’étude accordée au ministère de la santé par l’Organisation mondiale de la santé. La premìre partie de cette étude sur le cancer au Moyen-Orient a porté sur Israël et l’Iran, pays géographiquement assez diff́rents. Celle-ci a trait à la Turquie, qui présente nombre de caractères communs avec l’Iran, et au Liban, dont la configuration est semblable a celle d’Israël, son plus proche voisin. Nous avons rencontré dans ces deux derniers pays le même accueil chaleureux qu’a notre première mission, le même désir de nous fournir la documentation nécessaire et de nous faire visiter les organismes susceptibles de nous intéresser. A toutes les personnalités qui ont bien voulu nous apporter leur aide précieuse, nous adressons nos vifs remerciements. Le travail que nous présentons, de même que les opinions que nous y exprimons, ne reflétent que nos impressions personnelles. Elles ne traduisent en aucune facon les vues que pourrait avoir l’Organisation mondiale de la santé sur les problêmes que nous envisageons au cours de cette étude. TURQUIE DONNÉES GÉNÉRALES La Turquie, dont le traité de Lausanne de 1923 a fixé les frontières actuelles. est un véritable pont jeté entre l’Orient et l’Occident. Ses limites sont au nord. la mer Noire: au nord-est, le Caucase: à l’est, l’Iran : au sud, l’Irak, la Syrie et la mer Méditerranée: à l’ouest, la mer Egée et la Grèce et au nord-ouest, la Bulgarie. Sa superficie totale évalue à 76 720 Km est égale à une fois et demie celle de la France. Séparées par le fossé des Dardanelles, de la mer de Marmara et du Bosphore. la Turquie d’ « Asie » et la Turquie d’ « Europe», qui se font face, présentent des caractères très différents. La péninsule anatolienne, extrême pointe occidentale du continent asiatique. occupe la majeure partie de la Turquie (96,88 9% de sa superficie), sur la terre historique qu’est l’Asie Mineure, et y groupe un peu plus des 90 9% de sa population. Elle est constituée, hormis ses plaines fertiles en bordure de mer, par un haut plateau steppique qui s’élève d’ouest en est jusqu’aux hauts sommets du Taurus, du Caucase et de l’Iran. Le climat continental, les longs hivers, le caractère torrentiel des rivières à la fonte des neiges qui n’assure qu’une irrigation dis¬ continue, en font une région peu fertile, où seul l’élevage (chèvres angora. moutons) est prospère. Bien qu’elle soit considérée comme une terre hostile. où la nature fait obstacle aux entreprises des hommes, elle n’en a pas moins été. à toutes les époques, par sa situation entre l’Europe et l’Asie et la diversité de ses ressources, un des lieux où l’histoire de l’humanité s’est particulièrement manifestée aussi bien par l’implantation de grands empires que par les migrations de peuples. La Turquie d’Asie ou Anatolie est devenue le centre de-la vie du pays. « C’est pour retrouver le socle national, que, délaissant les rives enchanteresses du Bosphore, ATATURK a, d’un geste impérieux, fixé la capitale administrative et politique au centre même de l’Anatolie. » (). . « Avec le changement de capitale, l’axe de gravité de la Turquie moderne à été déplacé : au lieu d’Istanbul jadis au cœur d’un empire réparti sur trois continents, ville devenue excentrique par suite de la perte des provinces d’Europe. Ankara, au milieu des plateaux d’Anatolie, donne au pays son impulsion (2). » La Turquie d’Europe, constituée par une petite partie de la Thrace orientale. tout en n’occupant que les 3,12 2% de la superficie totale, joue un rôle important (1) La Turquie vivante par Louis DOL LOT Berger-Levrault, 1957, préface de André SIEGIRIE1). (2) LA Turquie vivante, par Louis DOLLOT. Berger-Levrault, 1957. conséquent, propice à l’agriculture. LE CANCER AU MOYEN-ORIENT 10 dans l’économie du pays: Istanbul, l’ancienne capitale — dont la population est le double de celle d’Ankara — est non seulement le siège d’une activité intense, mais encore, elle assure le contrôle des détroits. La Turquie d’Europe jouit d’un climat maritime, est bien irriguée et, par POPULATION Au recensement de 1955 (tableau 1 () et graphique 1), la population de la Turquie atteignait 24 121 778 habitants dont 12 248 404 de sexe masculin et 11 873 374 de sexe féminin (densité: 31 habitants au Kilomètre carre). Tableau I RÉPARTITION DE LA POPULATION PAR GROUPES D’AGES ET PAR SEXE, 1o5s 392 949 (1) Les tableaux l à XVI ont été extraits du fascicule « Activities of the Minis¬ try 6f Health and Social Assistance and vearbools of Medical Statistics », 1956. 1299, Par le doccdr JHsuf TUNCA, Ankara. VARIETES HISTOLOGIQUES L1R A N 97 Tableau C. Quelques données peuvent être extraites sommairement de ce tablequ. 19 Epithéliomas. — Ils constituent la forme histoloaique la plus fréquemment observée, Ils sont 6 351 pour 8 500 cancers soit 7471 9%. Ils atteianent 3 829 femmes pour 2 522 hommes. tes épithéliomas a'andulaires, cylindriques et a'ypiques sont de 1 321 alors que les malpiahiens sont de 5 030. 20 Sarcomes. — Ils sont de 950 en reqard de 6 351 épithéliomas, soit environ lpour 7. lIls ont frappé 287 femmes et 663 hommes. Il a été noté 366 sarcomes fbroplastiques et 584 de la série lymphatique, soit 11,17 %% de l’ensemble des tumeurs malianes. Nous retiendrons spécialement les données apportées pour l’Eayple par P. Schrumph PIERRON et pour la Palestine Dar PEL BER (cité par J.-M. MONTPEI¬ LIER et J. MONTPELLIER), et d’après lesquelles le sarcome serait aussi fréquent que l’épifhélioma. Par contre, d’autres statisttques (Cête des Somalis. Guadeloupe), ne plaidept pas en ce sens. Les faits recueillis qu Maroc par J. LAEEORET comportent, d’après notre décompte, 164 sarcomes pour 1 748 tumeurs malianes, soit un potrcentade de 8.2 9% voisin de 1/10, à peine supérieur à celui de 115, considéré comme celui de l’Europe, t’quleur admet néanmoins la plus arande fréquence des sarcomes au Maroc qu’en Faypte. Nous ne prendrons pas position dans ce débat et nous apporterons uniquement nos résultais. Au Liban, nous avons vérifié 950 observations de sarcome (287 femmes et 663 hommes) pour 351 épithéliomas (3 829 femmes et 2 522 hommes). sdrcomes est approximativement éqal L’indice alobal de sarcomalisatior épibéliomas à un septième. 11 T U R Q U I E Jusqu’au groupe d’âge de 50-54 ans, le pourcentage des hommes est plus élevé que celui des femmes. Le groupe d’âge de 0 à 14 ans représente 40 %% de la population (il est de 24 9% en France), et le groupe de0 à 4 ans, environ 16% de la population totale (9 9%, en France) : ceci illustre l’élévation du taux des naissances et la diminution importante de la mortalité infantile, qui reste cepen dant plus élevée qu’en Europe occidentale. Les moins de 40 ans représentent 77,6 % de la population alors qu’ils représentent 57,3 6% en France. Il est à noter que l’espérance de vie à la naissance — qui est, en France. de 68 ans — est relativement élevée en Turquie (63 ans), où les centenaires ne sont pas rares: cette constatation est confirmée bar le tableau I. dans lequel les nonagénaires représentent 2 %. de la population, proportion assez inhabi¬ tuelle au Moyen-Orient. Le tableau II présente la répartition de la population par année de recense¬ ment, de 1927 à 1960, et par sexe. Pendant les années 1927, 1935 et 1940 où les recensements ont eu lieu, le nombre des hommes a été moins élevé que celui des femmes, alors que depuis 1845, on observe le phénomène inverse : le pourcentage des hommes qui était en 1927 de 48, 1 a atteint, en 1955, 50,8. En 1960, le nombre total d’habitants a doublé par rapport au recensement de 1927 (27 809 831 contre 13 648 270). La Turquie est donc un pays ou la natalité apparait comme particulièrement élevée. IE CANCER AU MOVEN-ORIENT 12 Tableau I La répartition de la population (1955) en fonction de l’état matrimonial. est présentée dans le tableau III, pour les sujets âgés de plus de 15 ans. Le nombre de femmes mariées dépassé largement (de 147 851) celui des hommes Tableau m mariés. Cette différence importante est surtout imputable au fait que, pour nombre de femmes, le mariage n’a pas été ou n’a pu être légalement enregistré. Ce tableau ne présente pas uniquement un intérêt démographique: ses données peuvent également retentir sur la fréquence des cancers gynécologiques. Le tableau IV présente la répartition de la population selon la religion. On peut dire que la population turque est presque exclusivement musulmane (98,9%%), puisque sur 24 millions d’habitants, en 1955, 1 million seulement appar¬ 13 TURQUIE tenaient à une confession différente, l’ensemble des chrétiens en constituant le quart. L’influence grecque a permis à la religion orthodoxe d’occuper la deuxième place en Turquie. LE CANCER AU MOYEN-ORIENT 14 Le tableau Y fait état de la répartition de la population en fonction de la langue maternelle; les colonnes de droite concernent la population parlant une seconde langue. La langue maternelle de 92 %% de la population est le turc. On constate. d’autre part, que près de 8 9% de cette population connait une seconde langue, proportion assez importante pour être signalée. La population est, pour les trois quarts, analphabète. La transformation des caractères turcs en caractères latins décrétée par ATATURK devrait pouvoir diminuer cette proportion beaucoup trop élevée. La population urbaine n’atteignait, en 1955, que 6 927 343 habitants, alors que la population rurale était de 17 137 420 habitants. Le taux annuel d’aug mentation pour mille est de 55 pour la population urbaine et de 22 pour la popu¬ lation rurale, soit 30 en moyenne. Pour la région d’Istanbul, on compte 1 240 233 habitants pour la population urbaine et 302 708 habitants pour la population rurale (au total 1 542 941). et pour la région d’Ankara, 552 369 habitants pour la population urbaine et 568 253 habitants pour la population rurale (au total 1 120 622). Il est interessant d’étudier le taux d’augmentation de la population en Turquie entre 1927 et 1960 (tableau VI), lors des années de recensement. Le taux le plus faible d’augmentation se situe dans la période 1940-1945 qui Tableau VI TAUX D’AUGMENTATION DE LA POPULATION EN TURQUIE DE 1927 à 1960 (4) () Ce nombre concerne la période de 5 ans : 1930-1935. correspond à la deuxième guerre mondiale. Après 1945, le taux s’est élevé de 11,4 % (1945-1950) à 15,i %% (1950-1955) et à 15,2 %% (195-1960). Le taux TABLEAU VII NOMBRE DE MARIAGES, DE DIVORCES, ET D’ENFANTS NES VIVANTS TU R Q U I E 13 moyen d’augmentation de la population turque pendant la période 1955-1960. a été de 30,4 9190. Le tableau VII relatif au nombre brut de mariages, de divorces et de naissances d’enfants vivants n’a d’intérêt que parce qu’il fait état approximativement de deux naissances pour un mariage en 1956, alors que la proportion est nette¬ ment plus faible dans les années précédentes. RACES La population turque comprend les Turcs proprement dits (Osmanlis Vou¬ rouks, Turkmènes) au nombre de 23 millions environ (90 9%), les Kurdes au nombre de 1 500 000 environ (6 2%), les arabes (346 000), les circassiens (90 500). les grecs (81 500), les géorgiens (53 500), les arméniens (47 000), les bulgares (31 500), les juifs (29 O00). CONDITIONS ET MODE DE MIE Comme la plupart des pays de l’Europe orientale et du Proche-Orient la Turquie a une économie à prédominance agricole. Les quatre cinquièmes de la population vivent selon le mode rural. Les forêts constituent les 15 %%, les terres labourables les 32 04, les prairies et les pâturages les 38 0% de la surface du sol. La culture est avant tout représentée par le blé, le coton, le mais, le tabac. le riz, produits traditionnels dont la production est en constant progrès. La superficie des terres cultivées est passée, en effet, de 4 millions d’hectares en 1920 à 18 mllions en 1955. Le sous-sol vaut plus par la variété que par l’abondance de ses produits (houille, fer, cuivre, soufre, mercure) : la seule véritable richesse minière est le chrome. Depuis l’établissement de la république, des industries modernes se sont développées : centres métallurgiques, industries textiles et agricoles. manufactures de tabac. L’alimentation est à base de farineux et de légumineuses. Au sud de l’Anatolie. où dominent les Arabes, elle comporte beaucoup d’épices. Dans l’ensemble les carences vitaminiques sont importantes (70 %). Le tabac est cultivé sur une grande échelle, en Turquie, ce qui en favorise la consommation : les hommes arrivent à en fumer de grandes quantités, ainsi que les femmes des générations âgées. Quant à l’alcool, il est consommé par 45 à 50 %% de la population surtout paysanne, sous forme de raki — alcool de raisin additionné d’anis — dont l’Etat se réserve le monopole. La ligue antialcoolique semble jusqu’à présent impuissante à en réduire la consommation qui reste relativement elèvée et constitue un danger pour la population. 16 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT La majorité de la population étant musulmane, les enfants du sexe masculin sont circoncis dans la proportion de 98 à 99 0% : 20 0% dans les premiers jours de la naissance, 80 9% entre 5 et 7 ans. Les femmes se marient jeunes dans la population rurale (en moyenne entre 15 et 17 ans) et elles ont, en moyenne, cinq enfants, alors que dans la population urbaine la moyenne d’âge au mariage est de 21 ans et le nombre d’enfants est nettement inférieur à cinq. L’avortement, bien qu’interdit, est malheureusement très répandu: il se pratique souvent dans des conditions très primitives, ce qui entraine fréquem¬ ment le décès de la future mère. L’allaitement au sein des nourrissons est quasi-général (85 9%) dans la popula¬ tion rurale. Il n’existe pas de maladies endémiques particulières à la Turquie. Toutefois. les Dre Sati ESER et Sidki VELICANGIL, de l’Université d’Istanbul, signalent l’existence de goître endémique, de volume généralement moyen, dans les provinces d’Isparta, de Rize et de Kastamoni, en Anatolie du Nord (à Isparta. le pourcentage des cas varie de 0.2 à 3,51). C’est dans la région des monts lgaz que l’endémie est la plus forte : les trois quarts de la population et surtout les femmes présentent un goître plus ou moins important, dont le tiers est de structure nodulaire. Ces goitres ne s’accompagnent guere de troubles fonctionnels. L’ORGANISATION SANITAIRE ENSEIGNEMENT DE LA MÉDECINE Le programme des études enseignées dans les trois Facultés de Médecine d’Ankara, d’Istanbul et d’Izmir (dans cette dernière, l’enseignement n’est complet que depuis l’année 1960-61) consiste en une année préparatoire, équi¬ valente à notre P.C.B., et en cinq années d’enseignement. Les deux premières années, consacrées à l’anatomie, la physiologie, l’histologie et la biochimie. sont sanctionnées par un examen : les deux années suivantes sont consacrées aux études cliniques, la dernière à un stage supérieur, à plein temps. A la fin de ses études, l’étudiant reçoit le diplôme de docteur en médecine. S’il veut se spécialiser, il doit, au moins trois années apr̀s, effectuer des études complémentaires, dont la durée varie entre trois et cinq ans, selon la spécialisation (). En fin d’études, le médecin présente une thèse originale devant un jury de cinq membres. Il obtient alors le titre de spécialiste qui lui donne le droit d’exercer dans un centre hospitalier et dans des cliniques privées. S’il veut se consacrer à la carrière universitaire, il doit d’abord être assistant pendant trois à cinq ans : il est assistant chef la cinquième année. Puis, après accord d’un jury constitué de cinq professeurs des diverses facultés de médecine. et après avoir réussi cinq épreuves d’un examen difficile, il devient agrégé. Enfin, cinq années plus tard, il devient professeur, si ses recherches, ses publica¬ tions et sa connaissance d’une langue étrangère sont jugées suffisantes. Le nombre de diplômes délivrés pour toutes les facultés de Turquie se répartit comme suit : en 1956-57 : 484 en 1957-58 : 418. en 1938-59 : 391 (28 pour Istanbul 163 pour Ankara). en 1959-60 : 495 (347 pour lstanbul 148 pour Ankara). en 1960-61 : 614 (364 pour Istanbul 187 pour Ankara 63 pour Izmir). (1) Il existe en Turquie une spéclalité de « médecine interne » qui conduit à l’équivalence de « médécin des hôpitaux », en France. LE CANCER AU MOYEN-ORIENT ECOLE DE LA SANTE PUBLIQUE 18 La Turquie, une des premières parmi les pays membres de la Société des Nations (qui avait conseille et encouragé la création des Écoles de la Santé Publique), a compris l’intérêt d’une telle initiative, et dès 1936, a ouvert l’École de la Santé d’Ankara. On s’efforce de convertir cette école en une « Académie de Santé Publique ». qui, non seulement, assurerait des cours aux « post-gradués » mais encore serait un centre d’études et de recherches scientifiques, un lieu de référence pour la consultation scientifique du ministère de la Santé et de l’Assistance Sociale et un Institut d’éducation où les spécialistes de la Santé Publique seraient entrainés. L’HOSPITALISATION EN TURQUIE A) GÉNÉRALITÉS SUR LES HOPITAUX. Sur le plan hospitalier (tableau VIII), la Turquie a réalisé un gros effort depuis ces dernières décennies. Actuellement (1961) c’est probablement à près de 70000 lits que s’élève l’ensemble des moyens d’hospitalisation mis à la disposition des malades. Si ce chiffre reste encore insuffisant pour faire face à Tableau VHI ÉTABLISSEMENTS HOSPTTALIERS DE TURQUIE, 1959 TURQ UIE 19 tous les besoins — spécialement dans certaines régions plus déshéritées — il y a tout de même lieu dé remarquer qu’il place la Turquie à un rang honorable parmi les puissances du Moyen-Orient. Sans doute, le nombre des hôpitaux généraux, de conception moderne. est-il encore insuffisant (198), mais ils mettent cependant près de 19 000 lits à la disposition des malades. Le reste des lits (48 240), soit plus des deux tiers. se situe dans le cadre des hôpitaux non généraux, hôpitaux psychiatriques. sanatoriums, hospices, etc., établissements habituellement plus modestes, à recrutement souvent rural, mais également dans celui des cliniques spécialisées. C’est, bien entendu, au ministère de la Santé et de l’Assistance Sociale qu’ap¬ partiennent la majeure partie des centres hospitaliers — pratiquement les deux tiers. La part des communautés étrangères n’est cependant pas négligeable. puisqu’elles disposent encore de 3 594 lits. Le rôle de ces communautés ne doit pas être sous-estimé dans les pays du Moyen-Orient. S’il tend à s’amenuiser au fur et à mesure que se développent les établissements d’Etat, il a été, au début de ce siècle, d’une importance capitale, permettant à des populations souvent dépourvues de ressources de recevoir des soins dévoués. Ces diverses communautés, avec 3 600 lits, disposent encore de 1000 lits de plus que les établissements privés (106 centres). Il est vrai que ceux-ci, beaucoup plus oné¬ reux, ne sont réservés qu’aux malades de situation sociale plus aisée. L’hospitalisation privée, comme on le voit, n’est pas encore très développée en Turquie, puisqu’elle ne représente que moins de 4 % de l’ensemble des lits. Et cependant, toute institution ou tout particulier est autorisé à fonder un hôpital, sous le contrôle du ministère de la Santé. De même, des dispensaires peuvent être ouverts par des particuliers, dans les mêmes conditions. La majorité des hôpitaux se trouve à Ankara et à Istanbul, nouvelle et ancienne capitales de la Turquie. A ANKARA, les hôpitaux dépendant de l’Université totalisent environ 800 lits. Les hôpitaux de l’Etat, dépendant du ministère de la Santé et de l’Assistance Sociale, sont au nombre de deux : Numune (500 lits environ) et Ankara (150 lits ’environ). L’hôpital de la Préfecture (100 lits), l’hôpital de la Sécurité Sociale, réservé aux « travailleurs » (500 lits), l’hopital de l’Académie Militaire de Gilhane (500 lits), le Sanatorium d’Ataturk (1 000 lits) et les hopitaux privés (55 lits), accueillent le reste des malades, dans des proportions qui varient avec les hopitaux. C’est ainsi que Numune admet principalement les malades de la population urbaine (55 0%), alors que les hopitaux de l’Uni¬ versité ont un recrutement rural dans la proportion de 70 à 75 %. 4 ISTANBUL, la municipalité a la haute main sur les hôpitaux Bakirkoy. Haydarpaça. Sisli Cokuk : l’Université sur Vakif Guraba. Cerradpaça, contrôlé à 60 % par la municipalité, appartiendra à l’Université dans un an. Haseki est régi moitié par l’Université, moitié par la municipalité. Enfin, comme à Ankara, il existe des hopitaux spéciaux pour les assurés sociaux constitués par les ouvriers d’usines (les fonctionnaires étant pris en charge par le Gouvernement). Le nombre total de lits, à Istanbul, était, en 1951, de 9398. Les hopitaux privés ont surtout un recrutement urbain¬ Cancer. 20 LE CANCER AU MOYEN-ODIENT Sur l’ensemble des malades admis dans les établissements hospitaliers, on peut admettre que le tiers d’entre eux est perdu de vue, après la sortie de l’hopital, malgré les efforts des médecins pour assurer leur surveillance. A l’hôpital « Ankara » d’Ankara, le Pr Muhittin ULKER, directeur de la Clinique Chirurgicale 2, nous a fait part de son regret de ne pas obtenir souvent de réponse aux cartes postales de surveillance que le service envoie à intervalles réguliers (2 mois, puis 6 mois, jusqu’à 5 ans) à ses anciens malades, après leur sortie de l’hôpital. Les questions posées sont les suivantes: — La guérison est-elle complête ou incomplête2 — La digestion est-elle bonne ou mauvaise 2 — Y a-t-il eu reprise de poids 21. — Le malade a-t-il eu une autre maladie ou intervention depuis que nous l’avons interrogé 2 — A-t-il eu un autre traitement 2 — Présente-t-il d’autres signes pathologiques 2 — A-t-il une hernie post-opératoire 2 Signalons que la proportion des décès pour lesquels le diagnostic est confirmé par une autopsie n’atteint pas 50 %%. En efet, les familles, en grande majorité musulmanes, refusent l’autorisation nécessaire, en raison de leurs croyances religieuses. Dans les cas où une confirmation du diagnostic parait s’imposer. on tourne la difficulté en déclarant que la mort était due à un typhus abdominal. diagnostic qui rend l’autopsie obligatoire. Ceci n’est pas favorable à l’établisse¬ ment de statistiques nosologiques exactes. La Turquie ne possede ni chaire de cancérologie ni hopitaux spécialisés pour le traitement des malades atteints de cancer. Ceux-ci sont examinés et traités dans le service où ils ont été dirigés, lors de leur admission à l’hopital. Toutefois, la Turquie développera, dans les mois ou les années à venir, les Instituts du Cancer d’Ankara et d’Istanbul qui, s’ils existent en nom, ne fonc¬ tionnent que d’une façon réduite et incomplète. B) INSTITUT DU CANCER D’ANLCARA. L’Association turque pour la recherche sur le cancer et la lutte anticancéreuse. fondée en 1947, a pu, grâce à de généreux donateurs (Ahmet Andicen), grâce également à des subventions du gouvernement et des membres bienfaiteurs de l’Association, ainsi qu’à l’organisation périodique de concerts, bals, exposi¬ tions, séances de cinéma, créer, en 1958, l’Institut du Cancer qui occupe un petit immeuble de trois étages, bâti en matériaux légers et peu approprié aux exigences actuelles. A partir de 1959, cet Institut a comporté une policlinique nour malades ambulatoires et une consultation. Il a été acquis par l’Etat en 1961, et le ministère de la Santé a été chargé de choisir au sein de l’Université d’Ankara le chirurgien, le radiologue et l’anatomo-pathologiste qui y entreraient en fonction. Cest le docteur Muhittin ULKER, professeur de la Clinique Chirurgicale 2 de la Faculté de Médecine d’Aplara, qui a été élu president de l’Asociation et chirurgien de l’institut du TU R Q U I E 21 Jusqu’en 1961, cet Institut n’a fonctionné que comme centre de radio¬ diagnostic et de radiothérapie (deux appareils Siemens pour radiothérapie profonde, pour des malades ambulatoires). Le personnel était composé d’un radiologue, d’un radiothérapeute, d’un gynécologue et d’un hématologiste à plein temps, et d’un médecin de médecine générale à mi-temps. Le secrétariat général de l’administration était assuré par le professeur Perihan CAMBEL. Toutes les semaines se réunissait un séminaire composé de quatre à cina consultants, de trois internes et de deux externes, où étaient étudiés les cas intéressants ou difficiles. Tous les malades admis à la consultation faisaient l’objet d’un examen physique complet, d’examens de laboratoire (urine, vitesse de sédimentation. numération globulaire, etc.) et — fait intéressant — d’un examen mental par un psychologue à mi-temps : celui-ci étudiait le malade du point de vue socio¬ économique et psychologique, dirigeait le service d’assistance sociale de l’Asso¬ ciation turque pour la recherche sur le cancer, en s’efforçant de réconforter le malade et sa famille. Un essai de surveillance par lettres, adressées l’une au malade lui-même. l’autre à son médecin traitant après son passage à l’Institut du Cancer, n’a pas donné les résultats escomptés, en raison du caractère ambulatoire des malades et en général des longues distances qui séparent, la plupart du temps. Ankara du lieu de résidence des malades. Depuis le 23 mai 1962, cet établissement a recu le nom d’Hepital anticancé¬ reux Ahmet ANDICEN et a été inauguré par le Premier Ministre M. INONU. L’Institut dispose de 50 lits, qui rendent possibles les traitements par la chirurgie et la radiothérapie pré- et post-opératoire. Les membres de la Faculté de Médecine participent aux travaux scientifiques de cet Institut. Les divers services de l’hopital se développeront dans l’avenir au fur et à mesure que des subsides lui seront fournis. C) INSTITUT DU CANCER D’ISTANRUL. Fondé en 1937 par le professeur OBERDORFER, il a été rattaché jusqu’à sa mort (1944) à l’Institut de Pathologie Générale. Il a acquis ensuite une complête autonomie. Le professeur TUBHAN, directeur de l’Institut, lui prête son concours bénévole ainsi que le docteur Sati ESER, professeur agrégé de Physiopathologie. L’Institut comprend, en outre, un chef de laboratoire. le docteur Gisin ESER: deux assistants spécialisés et deux non spécialisés en anatomie pathologique : et une dizaine de laborantines. Il possède une animalerie, disposant d’un à deux milliers de souris de différentes lignées. d’un millier de rats et de quelques centaines de cobayes et de lapins, utilisés pour les recherches expérimentales sur le cancer. Son activité s’exerce en plusieurs domaines : 19 Etudes scientifiques (microscopie de contraste, recherches endocrinolo¬ giques et biochimiques sur le cancer): 20 Etude des pièces opératoires, nécropsiques ou des biopsies envoyées par les hopitaux de Lurquie qui ne disposent pas de service danatomie patho¬ 22 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT logique et par les médecins avant une clientèle privée, en vue de poser le dia¬ gnostic de cancer, essentiel dans le traitement de cette maladie. Dautre part, plusieurs anatomo-pathologistes envoient régulièrement à l’Institut des pièces ou des lames destinées aux fichiers (collection) ou en vue d’obtenir des rensei¬ gnements avant une consultation de malade. A ces fins, l’Institut du Cancer envoie aux médecins un questionnaire, édité par ses soins. Ce questionnaire comporte, outre les nom, adresse, age, sexe. date de l’admission du malade, des renseignements sur la nature de la tumeur sa localisation, le moyen utilisé pour l’établissement du diagnostic (biopsie pièce opératoire, radiographie), les métastases et leur localisation, la forme du traitement et sa durée et les résultats obtenus (cf. fac-similé ci-contre). Plus de 60 0% des hôpitaux remplissent régulièrement ces questionnaires et les ren¬ voient tous les mois à l’Institut du Cancer. Quand ce questionnaire revient de l’hopital ou de chez le médecin, dument rempli, le laboratoire établit deux fiches, l’une portant l’identité du malade, l’autre la localisation de l’affection et il les classe dans ses fichiers. En outre, les hôpitaux et les médecins privés envoient à l’Institut une deuxième feuille qui leur avait été préalablement adressée par ses soins, avec les pièces à examiner. Cette feuille peut suivre ou précéder le questionnaire. Au recto, est indiquée la façon d’adresser la pièce (formol, nom du malade sur le flacon), et au verso se trouve un nouveau questionnaire plus détaillé que le premier, auquel le médecin est prié de répondre (modèle ci-joint). Enfin l’Institut du Cancer envoie une troisième feuille ronéotypée, quand il juge utile d’obtenir des renseignements supplémentaires sur la maladie. Si nous avons insisté sur ce point, c’est que nous voulions montrer avec quelle rigueur la constitution des dossiers était effectuée et quelles données l’Institut du Cancer pourrait en tirer, s’il n’était pas surchargé par d’autres tâches. 3° Etudes statistiques, possibles à tout moment, grâce au fichier que l’Institut établit au jour le jour. Pour le moment, il n’existe qu’un système d’exploita¬ tion par aiguilles, dont le rendement est évidemment réduit. Les résultats des examens diagnostiques sont intéressants : en 1937-38. 36 à 38 6% des cancers du sein ont été diagnostiqués par examen histologique: actuellement, le pourcentage s’élève à 90 %. En 1960, sur l’ensemble des cancers. 62,8 2% sont vérifiés histologiquement. Comme on le voit, les deux Instituts du Cancer de Turquie ne répondent pas à ce que l’on pourrait attendre de tels organismes : l’un est une policlinique pour malades ambulatoires, l’autre un centre de diagnostic de laboratoire et, à une échelle réduite, de recherche expérimentale. La Turquie, malgré l’extra¬ ordinaire redressement accompli par ATATURK et poursuivi par ses succes¬ seurs, est encore très démunie et doit d’abord faire face aux tâches les plus urgentes. C’est pourquoi ces centres ne jouent encore qu’un rôle limité et n’ont pas acquis le développement qui devrait être le leur dans le cadre de la lutte contre le cancer : c’est aussi pourquoi le centre anticancéreux prévu à l’hopital Guraba d’Istanbul est toujours en construction depuis 3 ans et doit attendre pour son achèvement et a mise en service des crédits qui ne ont pas encore disponibles. TU R OUIE 23 Institut du Cancer de l’Université d’Istanbul Hopital : public — privé. Nom du malade. Profession Date d’admission : Dossier ne AR Sexe : Lieu de naissance Marié, célibataire, autre état. Adresse Nombre d’enfants : . Avortement Région du prélèvement Biopsie. Opération. Autopsie. Crachats,. Ponction. Sécrétion. Médecin ou hapital expéditeur :.. Date du prélèvement : Observation du malade : début de la maladie. Trauma. Tuberculose. Syphilis. Paludisme, Tumeurs existant dans la famille. Symptômes principaux. Hémor¬ ragie. Observation pendant l’opération. Autres biopsies : Bapport histologique Le malade a-t-il été soigné dans un autre hôpital pour cette maladie pate. Nom de l’hopital: Localité : Traitement : ravons X, radium, chirurgie. Diagnostic clinique : Quelle est votre opinion 7 Date : Lieu Signature: Adrese: IES STATISTIQUES MEDICALES L. - MORTALITÉ GÉNÉRALE. Le calcul des taux de mortalité, basé sur l’enregistrement des bulletins de décès, fait apparaitre en 1956, dernière année publiée, un taux de 7 97, qui correspond à un total de 168 458 décès (tableau IX et graphique 2), pour les deux sexes. Ce taux relativement élevé est cependant identique à celui de l’lran (7,1 9) (), et à peine supérieur à celui d’Israel (6,3 pha). Tableau IX MORTALITÉ GÉNÉRALE EN TURQUIE, SELON LE GROUPE D’AGE, 1950-1936. Il nous a paru intéressant de présenter la répartition des décès par tranches d’âge de dix années, pour les années 1950, 1955 et 1956, en Turquie. Ce tableau est particulièrement démonstratif : en effet pour les deux der¬ nières années publiées, plus du tiers (357 %) des décès concerne des enfants de moins de quatre ans. La mortalité infantile est donc beaucoup plus élevée que dans les pays de l’Europe Occidentale. Le cap des 5 ans franchi, la mortalité diminue considérablement et se maintient en plateau entre 5 et 6 2%, de 5 à 44 ans. Elle augmente ensuite progressivement pour atteindre son maximum dans la tranche d’âge 65-74 ans et il est remarquable que cette dernière tranche d’âge soit moins touchée que le groupe de 1-4 ans. Au-delà de 75 ans, la pro¬ portion des décès diminue, du fait surtout que la population septuagénaire et octogénaire est numériquement plus faible. (1) Monographie de l’Institut National d’Trugièpe : le cancer qu Mouen-Orient (Israél et Tran), par C. LAURENT et J. LEGUERINAIS, n° 19, 1960. 26 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT Le tableau X (graphique 3) présente la mortalité générale pour les apnées 1957. 1958 et 1959, pour les sexes réunis et pour les principales causes de décès, dans l’ordre de la nomenclature internationale. Le remaniement de ce tableau selon Années 1957, 1958 et 1959, sexes réunis, nombres absolus et taux TUI P OUL E 27 rableau x MORTALITE GÉNERALE l’Europe occidentale. 28 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT l’ordre de fréquence (tableau XI) fait apparaitre pour l’année 1959 une prédo¬ minance des maladies du cœur, phénomène constaté également dans les pays de Tableau XT. MORTALITE GENERALE LESs DIX PRINCIPALES CAUISES DE DECES POUR TROIS ANNEES CLASSEES PAR ORDRE DECROISSANT POUR 1950 Sexes réunis - Nombres absolus et taux La tuberculose fait encore de nombreuses victimes en Turquie : le taux de décès pour 100 000 habitants est de 76,8 alors qu’en France, pour cette mêmie année, il n’atteint que 234. TURO UIE 61 On ne peut manquer d’être frappé par l’importance du nombre de décès dus à la pneumonie : le taux s’en élève à 210, 2 pour 100 000 habitants, il est donc à peine inférieur à celui des cardiopathies. Les rudes conditions climatiques du plateau anatolien, assez voisines de celles du plateau iranien, où l’on observe le même phénomène, ne sont sans doute pas étrangères à cette mortalité élevée. Elle est cependant surprenante à l’ère des antibjotiques. La sénilité et les causes mal définies ne tiennent dans cette statistique qu’un rang relativement peu important, avec un peu plus de 8 0% des décès. Cette proportion est assez voisine de celle de nombreux pays européens. Enfin le cancer, objet de notre enquête, qui occupait le huitième rang des causes de décès en fran, occupe le neuvième rang en Turquie, avec un taux de 62,7 pour 100 000 habitants en 1958 (195 en France). Les tumeurs malignes représentent moins de 5 9% de l’ensemble des décès, alors qu’on admet qu’en France un décès sur cinq est le fait du cancer. IL. — MORTALITÉ PAR CANCER. Le tableau XII (et graphique 4) nous donne la mortalité par cancer, par tranches d’age de dix années à partir de l’âge de 5 ans, pour les deux sexes réunis. On constate qu’en Turquie, comme ailleurs, les décès par cancer sont en constante augmentation, depuis le début de la vie jusqu’à la soixantaine. Le fléchissement s’amorce dès la tranche suivante, de sorte qu’après 75 ans le total des décès n'atteint plus que le tiers du chiffre relevé entre 55 et 64 ans rableau XH MORTALITE PAR CANCER, PAR TRANCHES DAGE ANEE 1959 SEXES RÉUNIS La courbe qu’on obtient à partir de ce tableau a donc une allure gaussienne, simplement parce qu’il n’est pas tenu compte de la répartition de la population par tranche d’âge. Si l’on fait cette correction, d’après le recensement de 1955 qui permet une approximation suffisante, bien qu’il ne donne pas le chiffre IE CANCER AU MOYEN-ORIENI 30 de la population dans les années de l’étude, la courbe prend l’allure régulière¬ ment ascendante que l’on observe dans presque tous les pays du monde. L’étude du tableau XII révèle une augmentation substantielle de la mortalité par cancer entre 1957 et 1959 (5 035 decex conrene 9 690 poer des ceex o3). Tableau XI MORTALTE PAR CANCER EN TURQUIE, ANNEES 1837, 1958 et 1959 T UR O UI E 1 conforme aux constatations faites à l’échelle mondiale. Le sexe masculin paie au cancer un tribut plus lourd que le sexe féminin, la sex-ratio hommelfemme étant de 1.2: 1 pour les trois années envisagées. L’étude du tableau XIY montre que les variations annuelles observées sont considérables pour certaines localisations, passant du simple au quadruple et même davantage d’une année à l’autre. Elles ne sont pas liées, bien entendu, à des variations réelles de fréquence de la maladie et ne sont intéressantes que parce qu’elles permettent d’établir des moyennes triennales. Ces variations ne s’observent d’ailleurs que pour les localisations n’entrainant qu’un petit nombre de décès (cavité buccale chez la femme, rectum et sein chez l’homme). Pour les localisâtions où le nombre de décès est élevé, les fluctuations annuelles sont beaucoup plus réduites. Au total, il semble que la mortalité par cancer aug¬ mente d’une année sur l’autre. Pour les sexes réunis, c’est commé toujours la localisation gastrique (tableau XY et graphique 5) qui reste, en Turquie, la plus meurtrière, avec plus de douze décès pour 100 000 habitants, soit pratiquement 1 %% de l’ensemble des décès. Elle est d’ailleurs suivie d’assez près par la localisation broncho¬ pulmonaire (809 décès en 1959), dont le taux pour 100 000 habitants s’établit à 10,1. La sex-ratio est, comme toujours, très « en faveur » du sexe masculin (3,5: 1) pour lequel cette localisation ocupe le premier rang: 630 décès contre565 pour l’estomac. La Turquie n’échappe par conséquent pas à l’accroissement de fréquence du cancer broncho-pulmonaire, et on y observe, à ce point de vue, la même évolution que dans la plupart des pays de civilisation semblable. La pollution de l’air ne doit pas jouer ici un rôle majeur. Les autres localisations ont une fréquence beaucoup plus réduite, mais nous devons noter que le cancer du larynx qui, comme le cancer broncho¬ pulmonaire, est associé à l’usage du tabac (P. F. DENOIX et D. SCHWARTZ), occupe ici une place prépondérante, certainement plus importante qu’en Europe occidentale. Le sein n’arrive qu’au septième rang, causant notablement moins de décès que les leucémies. Cette particularité mérite d’être signalée : peut-être, est-elle en rapport avec une habitude ancestrale dans les milieux ruraux d’allaitement au sein prolongé. En outre, la multiparité est la règle en Turquie. Les tumeurs prostatiques sont, par contre, notablement plus fréquentes qu’en Europe occidentale, atteignant presque la fréquence des tumeurs intesti¬ nales. La proportion élevée d’hommes octo- et nonagénaires dans la population n’est sans doute pas étrangère à cette particularité. Le fait a déjà été signale dans d’autres pays à longévité élevée. On remarque également que la fréquence du cancer œsophagien qui s’accroit régulièrement chez l’homme d’une année sur l’autre (tableau XIV) n’est cepen¬ dant pas si élevée qu’en lran. La sex-ratio est ici de 3: 1 « en faveur » du sexe masculin. Les recherches de D. SCHWARTZ en France ont montré que sa fréquence s’associe avec une forte consommation d’alcool. Il ne faut pas sétonner du nombre et du taux relativement réduits de déces par tumeurs cutanées (0,4 pour 100 000). On sait que cette localisation est peu meurtrière. Par contre, la morbidité, comme nous le verrons plus loin, en est asezélevecetentraine presdueautantd admisionsa lhopitat queles tmeurs du larynx. POUR L’ANNEE 1959 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT 34 Tableau XV MORTALITE PAR CANCER EN TURQUIE CLASSEMEUT SELON LA LOCALISATION PAE ORDRE DÉCBOISAN 36 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT Enfin, la rareté du cancer du col qui apparait sur le tableau XV est certaine¬ ment due au fait que la plupart des décès sont rangés sous la rubrique A 53 localisations utérines non spécifiées — ce qui placerait la localisation utérine pratiquement au même rang que la localisation laryngée. Quoi qu’il en soit, la fréquence de ce cancer est nettement inférieure en Turquie à celle relevée ces dernières années en France. Il n’est pas exclu de penser que la circoncision quasi-générale des Turcs joue ici un rôle protecteur éventuel, ainsi que nombre d’auteurs l’ont admis en Israël. I1. — MORBIDITÉ PAR CANCER. Le cancer n’est pas, en Turquie, une maladie à déclaration obligatoire, non plus d’ailleurs que dans la plupart des pays européens, de sorte que l’on ne connait pas avec certitude le nombre de nouveaux cas apparus chaque année Seuls, les principaux hôpitaux établissent un recensement des cas qu’ils commu¬ niquent au ministère de la Santé. Les données épidémiologiques que nous présenterons concerneront donc uniquement la morbidité hospitalière. Sans doute, est-elle plus proche de la réalité — c’est-à-dire de la morbidité réelle qu’elle ne l’est en France, en raison de la faible importance de l’hospitalisation privée. Cependant, il convient d’interpréter ces chiffres avec beaucoup de prudence. Pour diverses raisons, ils ne reflètent qu’imparfaitement la fréquence telle des tumeurs malignes dans la population turque Nous exposerons, dans ce chapitre, les données que nous avons pu recueillir. tant au ministère de la Santé (tableau XVI et graphique 6), qu’à l’Institut du Cancer d’ Istanbul (tableau XVII) et dans les hôpitaux d’Anxara (tableaux XXI et XXII), pour différentes années. Nous regrettons le peu d’homogénéité de ces données, qui, malgré tout, nous révèlent certains aspects de l’épidémiologie du cancer en Turquie. A) Les données du ministère de la Santé Publique Le tableau XVI qui présente la répartition et l’évolution des diverses locali¬ sations du cancer, parmi tous les malades hospitalisés en Turquie, en 1957. 58 et 59, comporte une colonne plus particulièrement intéressante : elle concerne le nombre d’admissions de malades atteints de cancer, alors que celle qui a trait au nombre de décès à l’hopital ne peut être représentative de l’évolution de la maladie. Malheureusement, la statistique ne porte que sur les deux sexes réunis. Dans ce tableau et dans le graphique 6, le cancer de l’estomac ocupe le premier rang des localisations cancéreuses, comme en Europe occidentale, avec une moyenne annuelle pour le total des admissions à l’hopital de 1886 pour les années 1957, 1958 et 1959, le pourcentage des décès à l’hopital dépassant 10%6. La localisation titérine, y compris le col utérin et les localisations non spéci¬ fiées de l’utérus qui incluent certainement un nombre appréciable de cancers du col, arrive au deuxième rang, avec une moyenne de 1375 admissions, puis dans l’ordre décroissant, la localisation broncho-pulmonaire avec 1 084 admis¬ sions: la lèvre, la bouche et le pharynx avec 888 admissions, et la leucémie. 1 dont on meurt relativement peu à l’hopital (11 26). 40 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT On remarquera que la localisation prostatique apparait comme aussi fré¬ quente que la localisation cutanée, et que les tumeurs du sein le sont autant que celles du larynx. En réalité on ne peut tenir cet enregistrement des cas de cancer pour représentatif de la morbidité réelle du pays : la place réduite faite aux épithéliomas cutanés suffirait à nous le confirmer. Cette localisation n’est pas habituellement traitée dans les hôpitaux généraux. B) Les données recueillies à l’Institut du Cancer d’Istanbul. Le tableau XVII a été relevé dans le rapport d’activité de l’Institut du Cancer d’Istanbul, pour l’année 1954, dernière année publiée. Nous avons déjà signale que cet Institut est un centre de diagnostic histologique et non un centre hospitalier, ce qui oriente fortement le recrutement des malades : cest ainsi que les tumeurs dont la biopsie ou l’exérèse sont faciles à réaliser, comme les localisations cutanées, mammaires et cervico-utérines s’y observent en plus grand nombre que celles d’accès difficile (œsophage, estomac, intestin) qui se montrent fréquemment au-dessus des ressources de la chirurgie. Cette restriction posée, on peut remarquer que — comme dans les statistiques de decès — le nombre des hommes atteints de cancer dépasse celui des femmes, surtout en ce qui concerne les tumeurs cutanées, gastriques et des voies respiratoires. LES TUMEURS MALIGNES DE LA PEAU Cette localisation — dont nous avons signalé la fréquence réduite dans les hopitaux généraux —- arrive au premier rang dans cette statistique, avec près du quart de l’ensemble des cas. Sa fréquence apparait ici comme anormalement élevée par rapport à celle des pays occidentaux et se rapproche de celle que nous avons déjà signalée en lran ("). Nous y reviendrons dans un chapitre ultérieur. En France, cetto localisation est quatre fois plus rare (6 6% de l’ensemble des cancers dans l’enquête Loir-et-Cher de l’Institut National d’HIygiène. conduite par le professeur agrégé P. F. DENOIX) en 1951-52. Il est vrai qu’il conviendrait de « pondérer » les chiffres avec ceux des hôpitaux généraux, ce qui atténuerait sensiblement la différence avec la France. Les données présentées par le professeur ESER pour l’Institut du Cancer d’ Istanbul (), sur la répartition des cancers cutanés en fonction de l’âge et de l’histologie, concernent 2 913 cas. Bien que portant sur une année lointaine (1946). elles présentent un certain intérêt (tableau XVIII). En effet, on remarque que les cancers cutanés apparaissent à un âge précoce, vers la quarantaine, alors qu’en Europe occidentale, ils affectent plus spécialement les vieillards : cette constatation s’applique aussi bien aux épithéliomas spinocellulaires qu’aux baso¬ cellulaires, surtout dans le sexe masculin. Il est à noter que ce tableau ne mentionne que deux formes de cancer cutané. spino et basocellulaires, et passe sous silence les épithéliomas intermédiaires. les épithéliomas typiques et les naevocarcinomes, qui représentent, il est vrai. (1) Monographie de l’Institut Nationat d’Huiène, n° 19, p. 86, 1960. (2) Istanbut TiP Fak. Med, 11/2, pp, 129-143, 1948. rableau XVI CAS DE CANCERS CONSIGNES A L'INTTTUT DU CANCER D’ISTANBUL EN 1954 Tableau XV REPARTTION DES CANCERS DE LA PEAU A L’INSTTTUT D CANCER SELON L’HRTOLOGIE en 1946 - ISTANBUT. 10 8 O U1 43 des formes relativement moins fréquentes. Malheureusement, la proportion des formes non précisées est de loin la plus élevée. ESER, après des commentaires dont la langue nous interdit la lecture, conclut son article en ces termes « L’indice de fréquence des cancers basocellulaires est à peu près directement proportionnel au degré d’insolation. A l’encontre de l’opinion générale, les épithéliomas basocellulaires ne sont pas plus fréquents au-dessus de la ligne qui unit le tragus à la commissure des lèvres qu’au-dessous de cette ligne (nez exclu). Les restes embryonnaires que l’on croit exister aux lieux de soudure des bourgeons embryonnaires ne jouent pas de rôle dans l’étiologie des cancers cutanés. » « Pour compléter dans cette étude sur la localisation cutanée les observations de ESER, nous avons cru bon de présenter un travail récent de RICHTER (1). Cet auteur dresse une statisti¬ que des 439 cancers cutanés observés parmi les 23 734 malades dui ont consulté à la Clinique Dermatologique d’Ankara, pendant les années 1953 à 1957 (tableau XIX), Il répartit ces cas en trois groupes histologiques : « le groupe basocellulaire, qui cor¬ respond à la forme clinique que LENNOX appelle groupe rodens. le groupe spinocellulaire: et le groupe intermédiaire composé de formes dégénérées des deux autres groupes ». Il joint à ces deux groupes celui des mélanomes malins et celui de la cheilite actinique, affection précancéreuse qui n’a rien à voir avec la cheilite glandulaire, mais constitue néanmoins une véritable précancérose. » Dans le graphique 7, la première colonne représente le total des cancers cutanéomuqueux : 436 cas, soit 1.76 %% de tous les malades observes (23 734). L’étude de la répartition histologique donne les résultats suivants : 0,73 9% de cancers basocellulaires, 0,87 %% de cancers spinocellulaires, 0, 16 9% d’in¬ termédiaires, 0,1 %% de mélanomes malins et 0,16 %% de cheilites actiniques. » « sur 436 cas, les formes basocellulaires réclament 41 9%. les spinocellulaires 49 % environ, les formes de transition 10 %%. Ce dernier taux correspond approximativement à celui d’autres auteurs : KROMPECHER : 5 9%: MONTGOMERY : 12,8 % (U. S.A.): TEN SELDAM et BELISARIO : 8 % à 15 9%, sous les tropiques. » Le tableau XIX émanant du même auteur groupe un nombre un peu trop faible de cas pour en tirer des données statistiques solides sur les aspects anatomocliniques des tumeurs cutanées En outre, il n’en présente que trois formes histologiques es¬ sentielles — selon la classification de RICHITER — à l’exclusion des naevocarcinomes, qui sont de loin les plus redoutables. Ces cancers cutanés sont plus nombreux dans la population rurale que dans la population urbaine (281 cas contre 155), mais, nous l’avons vu, cette dernière est beaucoup moins représentative (graphique 9). (1) Dernatot. Wschr, 142538, pp, 1025-1036, 1960. rableau x1 FRÉQUENCE DE LOCALISATION DES TUMEURS CUTANEES A LA CLINIQUE DERMATOLOGIQUE D’ANKARA - 1953-1957 T U R Q U I E 43 Les épithéliomas intermédiaires constituent la forme la plus rarement observée, constatation faite pratiquement dans tous les pays. Le total des épithéliomas spinocellulaires dépasse largement celui des basocellulaires (224 contre 173). Le rapport n’est pas le même que dans la statistique de l’Institut du Cancer d’Istanbul, ou les épithéliomas spino-et basocellulaires sont à peu près à égalité (341 contre 339). « Il semble que, dans les campagnes, les hommes soient moins touchés que les femmes, alors qu’à la ville, ils le sont dans les mêmes proportions.. « Enfin, la localisation faciale représente 93 %% de l’ensemble des cancers cutanés », ce qui confirmerait, s’il en était besoin, le role de l’irradiation solaire dans l’étiologie de ce cancer, en Turquie, comme dans tous les pays méridionaux (1). Il est vrai que les épithéliomas de la lèvre, qui sont habituellement classés séparément dans un numéro propre de nomenclature (140). (1) Cf, p. 61. LE CANCER AU MOYEN-OBIENT 46 ont été inclus dans ce tableau et qu’ils représentent, à eux seuls. le quart des cas (24,6 %). lIl n’en est pas moins remarquable que les tumeurs des régions cutanées habituellement protégées par le vêtement sont quasi-exceptionnelles : 3,4 %% de l’en¬ semble. Nous reviendrons sur cette notion dans un chapitre ultérieur. Le calcul de la fréquence par âge est impossible en Anatolie du centre, en raison du nombre de cas trop restreint et du fait que la répartition par âge de la population n’existe pas. RICHTER a donc calculé cette fréquence par âge à partir des malades fréquentant la clinique, en séparant les femmes des hommes. Pour chaque sexe, il a réparti les âges en deux groupes : avant 45 ans et après 45 ans (graphique 8). La fréquence des cancers basocellulaires et spinocellulaires avant 45 ans est très faible. Seule la chéilite actinique, d’où pro¬ viennent presque tous les cancers de la lèvre en Anatolie est plus importante chez l’homme. De même, le cancer spinocellulaire est quatre fois plus fréquent chez l’homme que chez la femme. Inversement, la femme a deux fois plus de cancers basocellulaires. qué l’homme. Après 45 ans, la situation est différente : le cancer basocel¬ lulaire est plus fréquent chez la femme, mais, pour les deux sexes, il est aux environs de 4 %. Le cancer spinocellulaire est sensiblement plus fréquent chez l’homme que chez la femme. Le cancer intermédiaire et le mélanome malin ont une fréquence égale dans les deux sexes. La cheilite actinique est six fois plus fréquente chez l’homme (sex-ratio 1.26 : 0,2): celui-ci est habi¬ tuellement plus exposé à l’iradiation solaire. RICHTER, dans son étude sur le cancer cutané, divise la population incriminée en populations urbaine et rurale (graphi¬ que 9). Dans ce dernier groupe, les épithéliomas de la peau sont plus fréquents quoique de facon inégale. Dans la population urbaine, les épithéliomas baso- et sninocel¬ lulaires ont une fréquence faible. La cheilite est plus fréquente chez l’homme. Dans la population rurale, la situation est diffrente : on compte 2 à 4 7% d’épithéliomas baso- et spinocellulaires, dans les deux sexes. Le cancer basocellulaire est deux fois plus fréquent chez la femme que chez l’homme à l’inverse du cancer spinocel¬ lulaire. Par rapport à la population urbaine, le cancer cutané est dix fois plus fréquent, à l’exception de la forme spinocellulaire chez la femme, où la différence est beaucoup plus faible. Les formes intermédiaires ont une fréquence à peu près égale dans les deux sexes, pour la population rurale. Le mélanome malin domine chez la femme et la cheilite acti¬ (1,87: 040). 47 localisations, chez l’homme et chez la femme. TU R O UIE 48 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT LES TUMEURS MALIGNES DU LABYNX. Elles ont une fréquence à peu près égale à celle des tumeurs gastriques alors qu’elles sont, en France, deux à trois fois plus rares, d’après l’enquête Loir-et-Cher (6 9%). La sex-ratio témoigne — comme toujours — d’une pré¬ dominance considérable chez l’homme (8: 1). LES TUMEURS DES VOIES BESPIRATOIRES. Si l’on réunit toutes ces tumeurs (bronches, poumons, trachée et larynx) on remarque que cet ensemble atteint, chez l’homme, la même frequence aec T U R Q ULE 49 cancer cutané. L’usage très répandu du tabac n’est sans doute pas étranger à cette fréquence anormalement élevée. LES TUMEURS GASTRIQUES. Elles semblent deux fois plus rares chez la femme que chez l’homme: elles viennent au quatrième rang, derrière les tumeurs du sein, de la peau et du col de l’utérus, dans l’ordre respectif des fréquences, alors qu’elles viennent au premier rang dans les statistiques de mortalité ainsi que dans les données de l’enregistrement hospitalier. LES TUMEURS DU FOIE La forte proportion de cas de cancer du foie (4 9% par rapport à l’ensemble des cancers) mérite d’être signalée, la Turquie échappant aux constatations habituelles Concernant les pays occidentaux, pour cette localisation (1). LES TUMEURS DE LA VERGE. L’absence complète de cancer de la verge est également un fait remarquable. sur lequel nous reviendrons (). LES TUMEURS OCULAIRES La fréquence de ces tumeurs n’est sans doute pas aussi élevée dans la réalité et sous cette rubrique sont englobés sans doute un certain nombre de tumeurs envahissantes de la paupière. LES TUMEURS UTERINES Cot Le cancer du col utérin — qui totalise deux fois moins de cas que le cancen mammaire — occupe le troisième rang dans l’ordre des fréquences à l’Institut du Cancer d’Istanbul pour le sexe féminin. Il semble donc que les femmes turques ne jouissent pas à cet égard de la même « immunité » que les femmes israéliennes (). Une intéresante étude a té faite sur la fréquence de la localisation utérine en Turquie par ESER (), de l’Institut du Cancer d’Istanbul. Son travail porte sur presque tous les cas de cancer observés dans plus de 60 hôpitaux ou cliniques sur les 110 que compte la Turquie. Au cours des années 1948-1957, 11 726 cas de cancers féminins ont été observés. ESER a trouvé un cancer du col utérin chez 1 524 femmes (13 2), du corps utérin chez 603 (5,16 96), et du sein chez 2 445 (22,8 2%). 60 2% environ des cas ont été confirmés histologiquement. L’âge moyen de 1 41 femmes musulmanes atteintes de cancer du col était de 48, 2 ans. En étudiant les cancers épidermoides (1) Ct, p. 68. (2) Ct, n 66 (63) Ct. Monographie, ne 19, ouvrage cité. (4) Istanbul Universitesi. Tip Facultesi Mecmuasinin, 2271, pp. 251-273, 1959. 9U LE CANCER AU MOVEN-ORIENT Tableau X RÉPARTITION PAR AGE DES CAS DE CANCER ÉPIDERMOIDE DU COL UTÉRIN OBSERVÉS A L’INSTTUT DU CANCER D'ISTANBUL, DANS LA PERIODE 1936-1957 TUR Q UIE cancer du col utérin. 31 du col observés à l’Institut du Cancer dans la période antérieure de dix années, de 1938 à 1947, l’auteur remarque que l’âge de plus grande fréquence de ce cancer se situe dans la tranche d’âge 35-39 ans, pour un âge moyen de 42 ans, alors que dans la période suivante 1948-1957, il se situe dans la tranche d’âge 40-44 ans, pour un âge moyen de 47 ans. Il attribue cette diffé¬ rence significative à l’influence favorisante du mariage et des fécondations précoces dans le premier groupe, déduction reposant sur une enquête faite par l’auteur, dans deux groupes de femmes turques tenant compte de la répartition de la population par groupe d’âge. Il est remarquable que le maximum de fréquence (taux relatif par âge) se situe également dans la tranche d’age 35-39 ans pour les années 1938-1947 (tableau XX). Un léger décalage entre taux relatifs et nombres absolus est perceptible au cours des années 1948-1957. Le maximum de fréquence. ou si l’on préfère, le risque le plus élevé s’observe dans la tranche d’âge 45-49 ans. Le taux diminue ensuite, de sorte que la courbe des taux relatifs comme celle des nombres absolus prendrait un aspect gaussien. Ce type de courbe ne s’observe pas dans toutes les statistiques. Il est vrai que la proportion des femmes âgées de plus de 60 ans n’est pas mentionnée dans ce tableau, ce qui interdit toute étude de morbidité relative chez les femmes àgées et restreint par conséquent les conclusions épidémiologiques qu’on en peut tirer. Contrairement à l’opinion générale, il n’a pas trouvé de diffé¬ rences significatives dans la fréquence relative du cancer du col ni dans sa distribution par âge entre les femmes musulmanes dont les maris sont circoncis et les femmes non musulmanes dont les maris ne le sont pas: la fréquence annuelle du cancer du col à Istanbul est également à peu près la même dans les deux communautés. ESER utilise ces notions pour confirmer son travail antérieur et pour discuter le facteur ethnologique dans l’étiologie du Corps. Le cancer du corps de l’utérus est moins fréquent (5, 16 9%) que celui du col, ce que confirme la lecture du tableau XVII: 112 tumeurs cervicales contre 28 corporéales (rapport : 411). Selon ESER, ce dernier rapport varierait en fonction du groupe religieux : il serait de 26 chez les musulmanes, de 1,25 chez les juives et de 1,86 chez les chrétiennes. Ces trois proportions nous paraissent faire une -part trop importante au cancer du EEN° L’étude de 605 cas de cancer invasif du corps utérin a montre que l’âge moyen était de 51 ans chez les musulmanes et de 57 ans chez les chrétiennes. Ceci confirme la notion classique de la prédominance du cancer du corps chez les femmes ménopausées Au total, la vérification histologique a été faite dans 60 0%, des cas de cancers observés. 52 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT RÉPARTITION PAR AGE DES CAS DE CANCERS OBSERVES A L’INS¬ TITUT DU CANCEB D’ISTANBUT, EN 1954 Le tableau XXI montre que le nombre de femmes atteintes de cancer est le plus élevé entre 4t et 50 ans, mais, par contre, que le taux pour 100000 habi¬ tants est plus élevé dans la tranche d’âge 61-70 ans. La représentation graphique des taux donne une courbe de type gaussien, de même que celle des nombres. alors qu’ordinairement la courbe des taux est ascendante et augmente plus ou moins régulièrement avec l’Age (graphique 10). Chez l’homme, on observe le même phénomène pour le nombre de cas mais avec un décalage de dix ans vers les agès avancés. Le maximum se situe dans la tranche d’âge 51-60 ans. Pour les taux, le maximum s’observe dans la tranche d’âge 61-70 ans comme chez la femme. pour les deux sexes réunis, il est évident que les résultats se présentent sou le même aspect. C) Les données recueillies dans les hôpitaux d’Antcara. La morbidité cancéreuse de tous les malades venus dans les hopitaux d’Ankara. en 1960-61, est présentée dans le tableau XXII (2 381 cas). Ce tableau révèle. comme il est habituel, la prédominance des tumeurs digestives. Il n’a d’intérêt que par l’importance qu’il accorde aux tumeurs malignes du squelette. Leur fréquence est égale à celle des localisations génitales et cutanées ce qui, à notre connaissance, n’a jamais encore été signalé. Il y a là une particularité si inhabi¬ tuelle qu’on pourrait craindre que cette rubrique ne comportât une forte propor¬ tion de métastases osseuses. D’autre part, on peut regretter que la localisation mammaire qui est dans de nombreux pays la plus fréquente chez la femme n’apparaisse pas ici. Il est possible qu’elle ait été incluse dans les tumeurs des organes génitaux. Enfin la sex-ratio des tumeurs des voies respiratoires est comme d’habitude très fortement « en faveur » de l’homme, spécialement dans les populations rurales où elle atteint 11 : I environ. Dans l’ensemble, le tableau de morbidité hospitalière est trop incomplet pour apporter d’utiles précisions sur l’épidémiologie du cancer en Turquie. Le tableau XXIII concerne une statistique que le professeur Mihittin LILKEB qui dirige la clinique chirurgicale 2 de l’Hôpital « Ankara » d’Ankara. a bien voulu nous remettre. En 1960, 601 malades ont été admis dans cette clinique et sur ce nombre, 83 ont été trouvés atteints de cancer (I sur 7). Cette statistique est numériquement trop faible pour qu’il soit possible d’en tirer des pourcentages valables. Aussi bien ne peut-on en tirer de conclusion quant à une connaissance même approximative de la morbidité cancéreuse à Ankara. On remarquera que la localisation mammaire n’apparait pas dans ce tableau Par ailleurs, le nombre de cancers dont la localisation n’est pas spécifiée est important (16 sur 83). Quoi qu’il en soit, l’estomac reste — comme partout — la localisation la plus fréquente, suivie d’assez loin par la peau¬ La seule notion intéressante semble èrre la proportion élevée de tumeurs hépatiques déjà relevée dans le tableau XVII concernant la morbidité à Istanbul. De même que dans la majeure partie de l’Asie le cancer du foie est plus fréquent. TU R O U LE 53 Tableau XXT RÉPARTTION PAR AGE DES CAS DE CANCER CONSIGNÉS EN 1954 A L’INSTITUT DU CANCER D’ISTANBUL 54 LE CANCER AL MOYEN-ORIENI en Turquie qu’en Europe. Nous reviendrons sur ce point dans un chapitre ultérieur (). Tabieau XXT MORBIDTE CANCEREUSE DE TOUS LES MALADES VENUS DANS LES HIOPTAUX DANNARA ET DANS D'AUTRES HIOPTAUX DE TURQUT EN 1960-1961 - PAR OBDRE DÉCROISANTC Tableau XXIH FACULTÉ DE MEDECINE D'ANKARA CLINQUE CHRURGICALE - ANNEE 1960 MORBDTE CANCEREUSE PAR LOCALISATION, DANS CET ORGANISME (:) (1) Cf. D. 68. TU R QU I E 55 En réalité, des trois sources de données épidémiologiques dont il nous a été possible de disposer, aucune n’offre de garanties suffisantes pour nous permettre de connaitre avec certitude la fréquence réelle des diverses formes de cancer parmi la population turque. Que ce soit par l’enregistrement hospitalier (minis¬ tère de la Santé Publique et hopitaux d’Ankara) ou par l’enregistrement des pièces d’anatomo-pathologie (Institut du Cancer d’Istanbul) nous ne disposons ici que d’une morbidité tronquée qui n’est qu’à peine plus satisfaisante que les données extraites des statistiques de mortalité. Pour le moment, un système complet d’enregistrement des cas est irréalisable en Turquie, comme il l’est d’ailleurs dans la plupart des pays d’Europe. Il serait seulement souhaitable que fussent réalisés pendant une durée déterminée et selon un schéma standard, des sondages locaux précis, avec la collaboration du corps médical hospitalier et privé. De tels sondages n’ont pas uniquement un intérêt statistique; leur portée pratique s’est souvent révélée plus riche d’enseignement qu’il n’était permis de le prévoir. l’alimentation est différente. (1) Amer. J. Cancer, 25, 811-821, 1935. ESSAI D’INTERPRÉTATION COMPARATIVE DE CERTAINES DONNÉES CONCERNANT L’ÉPIDÉMIOLOGIE DU CANCER EN TURQUIE A) LES LOCALISATIONS FRÉQUENTES OU RELATIVEMENT FRÉQUENTES. a) CANCER GASTRIQUE. Bien que le cancer gastrique ait, en Turquie, une fréquence très semblable à celle des pays occidentaux, nous avons jugé utile, non seulement de la comparer à celle d’autres pays du monde, mais encore d’évoquer les facteurs étiologiques admis pour ce cancer par divers auteurs, afin de rechercher ceux qui peuvent s’appliquer en Turquie à cette localisation. Nous avons vu que, dans ce pays, la localisation gastrique est la plus meur¬ trière des formes de cancer, représentant, en 1959, plus de douze décès pour 100 000 habitants et environ 1' 9% de l’ensemble des décès. (L’homme est un peu plus touché que la femme et la sex-ratio s’établit à 1.3: L.) En France, pour cette même année, on relève 14,9 déces pour 100000 habitants. On sait depuis longtemps que la fréquence du cancer de l’estomac varie d’une façon considérable d’un pays à un autre. En Indonésie. BONNE (1) n’a trouvé qu’un seul cas de cancer gastrique sur 3 885 autopsies effectuées parmi la population malaise de Java, alors que cette localisation n’était pas rare parmi la population chinoise de l’ile, do 58 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT Parmi les Indiens de la Cordillìre des Andes, le cancer gastrique semble. d’après BE JARANO, également très rare, de même qu’en Ouganda (DAVIES (). où la fréquence est de 5, 5 pour 100 000 personnes au-delà de 35 ans (9,2 pour les hommes, 2, 1 pour les femmes). D’autre part en Finlande, d’après SAXEN (2), elle est également élevée et représente 28,6 0% de tous les cancers chez l’homme, 22,9 9% chez la femme. En Islande. DUNGAL (5) constate que le cancer gastrique est d’une fréquence exceptionnellement élevée, surtout chez l’homme, où elle atteint 35 à 45 7 de toutes les tumeurs malignes. La mortalité par cancer gastrique y est la troi¬ sième du monde, elle atteint 58 pour 100 000 habitants par an, venant après le Japon et le Chili avec 70 pour 100 000 habitants. D’après SEGI (), il est très fréquent au Japon — peut-être plus fréquent. que partout ailleurs dans le monde. Selon les certificats de décès, 53,8 2% de toutes les tumeurs malignes chez l’homme et 46,2 6% chez la femme, sont loca¬ lisées à l’estomac. La fréquence au Chili est très voisine de celle du Japon. avec 70 décès chez l’homme pour 100 000 habitants, dans les deux pays (1955-57). En Amérique du Sud,. PRUDENTE (e), dans la région de Sao-Paulo, note que 26 0% de tous les cancers atteignent l’estomac, et constate () une fréquence très élevée de cancers gastriques parmi les Japonais vivant au Brésil, du même ordre que celle notée au Japon. Le milieu ne jouerait aucun rôle dans la genèse de ce cancer parmi les Japonais, après les dix premières années de la vie. Malgré certains changements dans les habitudes diététiques des Japonais vivant au Brésil, la possibilité d’une influence nutritionnelle serait très limitée. De même. BUXMONO () considère que le cancer de l’estomac a une fré¬ quence plus élevée parmi lès Chinois vivant en Indonésie alors que parmi les Indonésiens elle est très faible, Il ne peut expliquer la cause de cette différence entre les deux races, si ce n’est par le fait qu’on rencontre plus fréquemment l’ulcère gastrique chez les Chinois que chez les Indonésiens. Par contre, aux Indes. PAYMASTEB (5) signale que 2 9% de tous les cancers observés au Tata Memorial Hospital étaient localisés à l’estomac, dont 78 70 chez l’homme, et ceci, le plus fréquemment parmi les chrétiens. Quels sont donc les facteurs susceptibles de provoquer ou de favoriser le développement du cancer gastrique 2 Ceux qu’on admet généralement dans l’étiologie de ce cancer sont multiples : Au Japon. SATO (e) signale que les personnes qui appartiennent aux groupes. de mortalité élevée par cancer gastrique ont l’habitude de consommer des (1) Acta Un, Inter, c. Cancrum, 177, 872-876, 1961. (2) Acta UR, inter, c. Cancrum, 17/3, 367-372, 1961. (3) LA M.4, 17878, 789-798, 1961. (4) Tohoku Univers. School of Med., 1959. (5) Acta Un, inter. c. Cancrum, 1773, 342-346, 1961. (6) Acta Un, inter, c. Cancrum, 177, 851-857, 1961. (7) Acta Un, inter, c. Cancrum, 1777, 867-871, 1961. (8) Acla Un, inter, e. Canerum, 1773, 330-332, 1961. (9) Bul. Institute of Pubtic Health (Japon), 101, 9, 1961. T UR Q U I E 92 aliments très fortement salés, tels que du bacon traité à domicile, du saucisson ou du poisson salé. La concentration en sel de ces aliments (qui atteint jusqu’à 10 à 30 26) provoque une gastrite quand ils sont absorbés sans avoir été suffi¬ samment mâchés. Cette irritation chronique serait peut-être à même de faire le lit du cancer. En Islande. DUNGAL, (1) attribue à la consommation élevée de viande et de saumon et truites fumés la forte proportion de cancers gastriques observés dans ce pays, spécialement au voisinage des rivières et des lacs, où la consomma¬ tion de poisson est la plus forte. Ces produits contiennent, à l’analyse, une quantité relativement élevée d’hydrocarbures polycycliques — dont du 3,4 benzopyrène, corps connu pour être cancérigène. Des expériences sur des rats alimentés avec ces différents produits corroborent la possibilité d’une telle étiologie. DUNGAL, suggère également que, dans certaines régions d’Islande plus touchées par le cancer gastrique, l’eau de boisson constituée par l’eau de citernes qui ruisselle sur le toit de maisons contaminées par la fumée de charbon et de mazout est susceptible de contenir des produits cancérigènes. Pour RINGERTZ (), la gastrite chronique prédisposant au cancer de l’estomac peut être due à différents facteurs, tels que lésions peptiques, alcool et autres irritants exogènes, effets thermiques. En outre, la gastrique chronique n’est dans certains cas que le reflet de l’action de facteurs co-cancérigènes. Certains auteurs : VAN WNAYJEN (). BEASLEY (), remarquent que parmi les malades atteints de cancer gastrique, le pourcentage de ceux qui appartiennent au groupe sanguin A est significativement plus élevé que celui des groupes témoins. STOCKS (). GRIFFITH (). SEGI () ont fait des études sur la composition du sol de certaines régions de leurs pays, qui suggèrent une relation possible avec le cancer gastrique. Enfin, une enquête statistique () de l’Institute Bosyell Park Hospital de Bufialo, portant sur cind ans, perméttrait d’attribuer à la condition sociale des habitants un rôle dans le dévéloppement de certains cancers, la fréquence du cancer de l’estomac (de même que celle des tumeurs de l’œsophage, du foie du poumon et du larynx) augmentant dans les classes de niveau de vie inférieur par rapport aux clases aisées. D’autres auteurs ont fait des observations analogués mais il convient de remarquer que le niveau social doit surtout son influence aux habitudes alimentaires qu’il implique En Turquie, ce dernier facteur semblerait jouer un role étiologique: en efet. 75 %% des cancers gastriques afectent les populations rurales — dui, d’ailleurs représentent la majeure partie de la population — à niveau de vie précaire La médiocrité de la condition sociale ne permet qu’une alimentation insufisante (1) L4. M.4, 17878, 789-798, 1961. (2) Acta Un, inter, c. cancrum, 173, pp, 289-295, 1961. (3) Ne. T. Gencest p, 104749, pp, 2448-2455, 1960. (4) J. Chin, Path, 1374, pp. 315-324, 1960. (5) Public Heath (Lond.), 7471, pp, 408-412, 1960. (6) Med. Pres, 244175, pp, 93-97, 1960. (7) TOhOEU T. Exper, Med, Y72, n° 2, pp, 169-193, 1960. (8) Annales de Pédiatrie, 37e année, n° 29, p. 7, Sem, hop., 21/4714, avr. 1961. 60 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT en quantité et en qualité, et l’on connait le rôle important du facteur nutri¬ tionhel dans la genèse du cancer gastrique. INAVABALI () signale qu’en T'urquie, la grande masse de la population est privée d’aliments à forte valeur nutritive (viande, fromage, œufs), en raison du faible niveau de vie et d’habitudes ancestrales. L’alimentation est constituée de céréales, d’aliments à gros volume contenant beaucoup de cellulose. Une préparation à base de blé, le Rulgar, nécessite l’absorption d’une grande quantité d’eau (la boisson courante des Turcs) pour être déglutie et entraine une aug¬ mentation importante du bol alimentaire. Il nous semble que de telles habitudes peuvent être à l’origine de dilatations de l’estomac et, par conséquent, de gastrites chroniques. Ces dernières pourraient éventuellement favoriser l’appa¬ rition de cancers gastriques. Il faut également remarquer, qu’en Turquie, le mode de cuisson le plus habituel reste la friture qu’on a souvent accusée de favoriser le cancer gastrique et, dans le sud de l’Anatolie, où la population arabe domine, les aliments sont fortement assaisonnés d’épices qui entretiennent une irritation chronique de la muqueuse gastrique. Enfin, il ne faut vas sous-estimer l’action de l’alcool, absorbé sous forme de raki, en grande quantité (45 à 50 2% de la population, surtout rurale, en consomme), ni cele du tabac cultivé ea Turquie et fumé également en grande quantité, comme facteurs étiologiques possibles dans la genèse du cancer de l'estomac. Il est vrai que les travaux de SCHWABTZ et DENOIX ont montré que la localisation gastrique ne paraissait pas liée au facteur tabac (2). Il serait intéressant de se renscigner sur la consommation éventuelle en Turquie d’aliments salés ou fumés, ce qui corroborerait les observations des auteurs japonais et islandais. D) CANCER DE LA PEAU. En Turquie, les tumeurs malignes de la peau —- localisation peu meurtrière n’arrivent dans la mortalité qu’au onzième rang (0,4 %) des causes de décès par cancer (tableau XV) mais si l’on se réfère à la morbidité, le tableau XVII nous montre que la fréquence du cancer de la peau représente presque le quart de l’ensemble des cas, fréquence très supérieure à celle des pays occidentaux et égale à celle que nous avons précédemment relevée en fran. Depuis la publication de la monographie (5) dans laquelle nous avons présenté cette étude, de nombreux articles ont paru sur ce sujet dans la presse médicale mondiale et dont l’un fait état d’un travail effectué à la clinique dermatologique d’AnKara par RICHTER (). Du point de vue étiologique cet auteur constate la sous-alimentation du peuple turc et mentionne la théorie selon laquelle « l’inanition et la fonte du tissu adipeux sous-cutané favorisent l’apparition du cancer de la peau ». Le facteur dui lui parait décisif est le ravonnement solaire et particulièrement ultraviolet, évidemment très important dans un pays situé, dans sa presque (1) Luon Chir., 5771, pp. 32-39, 1961. (2) Butt, du Cancer, 44/2, pp. 336-361, 1957. (3) Monographie de l’ Institut Nationatd’Hugiène, n° 19 (p. 94), 1960 ouvrage cité. (4) Cf. p. 43. TUR O ULE 61 totalite entre 800 et 1 000 m d’altitude, au climat sec (l’humidité, en éte n’est que de 30 à 40 2%) et à l’atmosphère dépourvue de suies et de poussières. donc très transparente : d’après MARCHIONINI, selon RICHTER, la variation saisonnière de la cheilite actinique correspond à celle de l’intensité du ravonne¬ ment solaire. La fréquence de cette lésion dans le groupe de cas de RICHTER, et le grand nombre de cancers de la lèvre () confirment qu’il s’agit bien d’une précancérose. Mais, il faut remarquer que la lèvre inférieure a été presque tou¬ jours atteinte et la lèvre supérieure épargnée (104 cas contre 3 seulement). La raison en est que les femmes serrent leur châle entre les dents et que les hommes portent presque tous la moustache dans les campagnes d’Anatolie. De même les différences de localisations entre les deux sexes et entre les popu¬ lations urbaine et rurale tiennent aux différences vestimentaires. On trouvé la cheilite actinique chez 0,41 2% des paysannes et 1,87 % des paysans: ceci est dù à ce que les premières ont la tête entourée de leur châle et que les seconds sont généralement coiffés d’une casquette dont la visière est tournée vers la nuque. RICHTER signale que RIEDL, en Allemagne, a trouvé la forme spinocellu¬ laire plus fréquente encore qu’il ne l’a observée lui-même chez les citadins du sexe masculin et que, dans les Etats du Sud-Quest des Etats-Unis, les tumeurs cutanées représentent 34 %% de tous les cancers. La fréquence du cancer cutané diminue à mesure que la peau est en fonction de la race, plus pigmentée. : par exemple, en Afrique du Nord, elle est plus faible chez les indigènes que chez les Européens. Il est généralement admis que la mélanine joue un rôle protecteur. Il cite TEN SELDAM et BELISARIO qui ont notéque chez, les Indonesiens. les pieds et les jambes sont fréquemment atteints, peut-être pour des raisons vestimentaires, mais sans doute aussi en raison de plaies, blessures, ulcérations infectées fréquentes aux membres inférieurs. « On pensait, jadis, que l’énergie ravonnée provoquait des cancers spinocellu¬ laires, mais non basocellulaires. GOTTBON a toujours défendu l’opinion que ces derniers pouvaient eux aussi apparaitre dans ces conditions. » L’expé¬ rience de RICHTER montre également que les cancers basocellulaires provoqués par les ravons ultraviolets ne sont pas exceptionnels. Dans sa série, le rapport de fréquence entre les cancers basocellulaires des lèvres et les spinocellulaires n’est que de l à 3. Ce fait ne contredit d’ailleurs pas forcément la théorie de FEYRTER sur l’étiologie du cancer basocellulaire. Il y a simplement interaction de plusieurs facteurs. On peut ainsi considérer les formes intermédiaires comme des cancers basocellulaires, retournés à « l’état sauvage », ce retour avant été favorisé par l’action cancérigène de la lumière ultraviolette. En effet, à peu d’exceptions près, ces formes se sont développées à des endroits du corps forte¬ ment exposés à la lumière. Aux Indes. COORA Y ("), sur 424 pièces biopsiques reconnues comme cancers cutanés, a trouvé 328 épithéliomas spinocellulaires (77 9%), 36 épithéliomas basocellulaires (8 9%), 17 glandulaires (4 6%) et 43 mélanomes (10 0%). Cette distribution, dit-il, fait penser que l’iritation non spécifique, telle qu’un ulcère chronique peut en produire et l’action cancérigène de la lumière (1) Bien que la lèvre soit tapissée d’une muoucuse malpighienne, elle a cependant été classée par RICHTER dans les localisations cutanées. La Nomenclature O.M.S. l’en sépare à juste raison. (2) Acta. Un, inter, c, cancrum, 1615, pp. 570-579, 1958. thélioma spino- et basocellulaire. 62 IE CANCER AU MOYEN-ORIENI solaire sont probablement responsables du grand nombre d’épithéliomas spino¬ cellulaires, alors que la seule lumière solaire joue un grand rôle dans l’étiologie des épithéliomas basocellulaires. Quant aux mélanosarcomes, le trauma semble bien être un facteur étiologique essentiel dans leur genèse P. F. DENOIX () souligne que «les cancers cutanés ne se développent jamais sur une peau saine mais au niveau de zones chroniquement irritées, qu’il s’agisse de dermatoses banales, de microtraumatismes professionnels (frottement d’une courroie, point d’appui d’un outil), de cicatrices, de bralures. L’influence favori¬ sante des fovers de régénération tissulaire sur l’apparition d’un cancer a attiré l’attention depuis longtemps. La qualité de la peau joue peut-être un rôle et on a remarqué que certains corps dangereux agissent plus particulièrement sur les individus à peau claire que sur ceux qui ont une peau foncée. » MARSDEN(en Malaisie signale que le rapport de épithélioma basocellulaire à l’épithélioma spinocellulaire est inversé, comme en Afrique (RIGGINSON, 1951): 188163,7. Le mélanome recueille 17,5 9%, des cas et l’épithélioma spino¬ cellulaire représente les trois quarts des atteintes cutanées. Pour cet auteur. la plupart de ces cancers sont causés par une infection chronique : ils sont donc plus volontiers spinocellulaires et on observe peu de cancers actiniques, dont l’histologie est le plus souvent basocellulaire. En Malaisie, les hommes, surtout ceux de la population rurale, qui sont plus exposés que les femmes aux petits traumas, sont plus fréquemment touchés que celles-ci. AUERBACH () résume son étude sur le cancer cutané aux U sA, en ces termes : « La relation entre l’exposition au soleil et la production de cancer de la peau est bien connue. D’après les données concernant dix villes des U.S.A. on observe une relation inversement proportionnelle entre la morbidité par cancer cutané pour la population blanche et le degré de latitude de ces villes. » On observe une augmentation constante de la fréquence du cancer cutané quand on étudie les populations blanches de l’extrême sud des U.S.A. La même augmentation du cancer de cette localisation avec la latitude s’observe pour les populations blanches masculines et féminines et pour chaque groupe d’âge de 10 ans, de 25 à 64 ans. La fréquence est double pour chaque 30 487 de latitude.) ROLLIER (2) signale que sur 3 251 tumeurs vues au Service central d’ana¬ tomie pathologique du Maroc, en trois ans (1954-56), 19,5 9% étaient des cancers cutanés, dont 18,5 0% des épithéliomas. Ce taux est sensiblement identique à ceux de l’Algérie, du Liban, des Indes et de Madagascar. Il est plus élevé dans les pays sous-développés du fait que nombre de tumeurs viscérales échappent aux statistiques. Dans le groupe des épithéliomas baso-et spinocellulaires, la femme maroçaine est plus souvent atteinte que l’européenne (34, 8 0% contre 29,85 9%). La maroçaine a deux fois plus d’épithéliomas spinocellulaires que l’europenne (33,8 %% contre 15, 75 0%). L’homme marocain paie sensiblement le même tribut à l’épi¬ (1) Douze exposés de canceroloaie humaine, no 4, p. 9, 1959-60, Institut Gustave¬ Roussy. Villejuif (Seine). (2) Brit. J, cancer, 1272, pp, 161-175, 1958. (3) Pubtic Health reports, 76/4, pp. 345-349, 1961. (4) Maroc Médical, 39/417, pp. 124-131, 1960. TURQUIE 63 Enfin PENICHE () au Mexique, constate, en étudiant 88 malades atteints de cancer cutané, que cette affection est particulière aux personnes âgées et prédomine chez celles exposées au soleil. L’épithélioma basocellulaire a une prédilection pour les régions faciales : l’épithélioma spinocellulaire est moins fréquent que le basocellulaire dans la proportion d’un tiers. Ces conclusions sont en harmonie avec les données classiquement admises. C) CANCER DU POUMON. Par cancer du poumon, nous entendons la localisation correspondant à la rubrique A 50 de la nomenclature internationale : trachée, bronches, poumon. non spécifiée comme secondaire. En Turquie, la mortalité par cancer du poumon, en 1959 (tableau XV) vient au deuxième rang, avec 809 décès pour 100 000 habitants (10, 1), immé¬ diatement après celle par cancer de l’estomac (12,3). Cependant, pour le sexe masculin elle vient au premier rang, avec 630 décès contre 565 par cancer de l’estomac. Le nombre des décès féminins s’élevant à 179, la sex-ratio s’établit à 3,5: 1. Avec ce taux de 10,1 pour 100 000 habitants, la Turquie semble plus touchée que la France par le cancer broncho-pulmonaire (taux de 7,7 avec une sex-ratio de 4,7 : 1). Ceci parait à première vue assez surprenant dans un pays de niveau de vie plus modeste. Nous nous efforcerons d’en donner une explication. Pour cette localisation d’une gravité considérable, on peut admettre qu’en Turquie, comme ailleurs, la morbidité est superposable à la mortalité. De nombreuses études parues ces dernières années sur l’étiologie du cancer du poumon nous permettront peut-être d’avancer quelques hypothèses sur les raisons de cette fréquence élevée en Turquie. On peut admettre qu’il existe actuellement une unanimité quasi-complête sur le rôle cancérigène de la fumée de tabac, et particulièrement de cigarette. dans l’étiologie de l’épithélioma épidermoide des bronches. Depuis quelques dizaines d’années, le tabagisme s’est considérablement développé dans le monde, parallèlement à un accroissement impressionnant de la mortalité par cancer du poumon, de sorte qu’on a tenté d’établir une relation de cause à effet entre ces deux phénomènes. Cette hypothèse semble être étavée. aussi bien par les recherches expérimentales, spécialement sur la souris, que par les recherches chimiques sur la composition de la fumée de tabac. En pathologie humaine, on a pu mettre en évidence toute une série de modifications dans l’épithélium de revêtement de l’arbre trachéo-bronchique, d’autant plus mar¬ quées que le sujet fume davantage. D’autre part, les sujets atteints de cancer pulmonaire sont presque toujours de grands fumeurs de cigarettes. Des enquêtes rétrospectives, effectuées dans de nombreux pays ont abouti à des conclusions identiques : les sujets atteints de cancer du poumon sont en moyenne de plus grands fumeurs que les autres et les non fumeurs paient un tribut insignifiant à cette localisation cancéreuse. (1) Dermatolodia. Rey. Mericana, v. 4, nes 3-4, pp, 241-254, 1960. 64 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT L’enquête française de SCHWARTZ. DENOIX et ANGUERRA (1) portant sur 430 cancéreux pulmonaires, 430 sujets atteints d’un cancer non localise aux voies aćro-digestives supérieures, 430 malades non cancéreux et 430 sujets non malades, a confirmé la consommation anormalement élevée de tabac — et spécialement de cigarettes — dans le groupe des cancers broncho-pulmonaires ou, par ailleurs, on a seulement relevé 1%% de non fumeurs. La tendance à inhaler la fumée y est également plus marquée. Des enquêtes prospectives organisées, sur une grande échelle, en Grande¬ Bretagne (DORN) et aux U.S.A. (HAMMOND) ont permis de relever un taux de cancer environ dix fois plus élevé chez les fumeurs que chez les non fumeurs, ce qui revient à dire qu’en moyenne le risque « cancer du poumon » est pratiquement dix fois plus élevé chez les grands fumeurs, surtout lorsqu’ils inhalent habituellement la fumée. Si le tabac apparait maintenant comme le facteur no l dans la genèse de ce cancer, il ne faut pas, pour autant négliger le rôle étiologique éventuel de la pollution atmosphérique, notamment dans les régions industrielles ou les grandes agglomérations. A titre d’exemple, la mortalité par cancer du poumon, au Japon (SEG1) (). était ces dernières années considérablement plus faible que dans les pays occiden¬ taux. Actuellement, les taux de fréquence croissent rapidement dans les deux sexes, et ils sont d’autant plus élevés qu’ils concernent les centres industriels et les grandes agglomérations urbaines. A vrai dire, la pollution de l’air ne semble pas devoir être retenue comme étiologie possible en Turquie; non plus d’ailleurs qu’en Islandc ou en Finlande. où l’on relève également des fréquences élevées du cancer broncho-pulmonaire. La Turquie est peu industrialisée et la pureté de l’air y est, dans l’ensemble. remarquable. Le tabagisme, par contre, est fort répandu dans ce pays, grand producteur de tabac (114 000 t en 1954) (). Nous nous sommes laissé dire que ce tabac est plus riche en éléments nocifs que le tabac d’autres provenances, ce qui semblerait impliquer la présence d’une plus grande quantité de nicotine et. peut-être, de produits cancérigènes, bien que nous n’avons pu obtenir de don¬ nées précises à ce sujet. Nous n’en avons pas obtenu non plus sur la préférence accordée à la cigarette ou à la pipe : il semblerait cependant que les Turcs soient de grands fumeurs de cigarettes. L’usage du narguilé est répandu comme dans tout le Moyen-Orient : la fumée avant d’être aspirée par le fumeur barbote dans l’eau ou peuvent ainst se dissoudre certains produits solubles. Les hydrocarbures cancérigènes étant généralement insolubles, on peut penser qu’ils ne sont pas retenus par le barbotage. Les hommes ne sont pas seuls à s’adonner au tabagisme: les femmes des géné¬ rations âgées sont de grandes fumeuses également. Peut-être ce fait explique-t-il la différence relativement faible dans la sex-ratio des sujets décédés de cancer du poumon, en Turquie (H. E: 3, 5: 1 contre 4,7: 1 en France, par éxemple). (1) Bulletin du Cancer, 44/2, pp. 336-361, 1957. (2) Déjà cité. (3) Turkish Information Bulletin, 1/1, sept, 1956. d’Istanbul, dès 19359. T URQUIE 63 Comme dans nombre d’autres pays, le tabac est un monopole de l’Etat. Il représente comme tel une source de revenus importante pour le Gouverne¬ ment. Mais ceci ne doit en rien entraver la lutte qui doit être poursuivie, non seulement pour avertir le fumeur des risques qu’il court, mais encore pour limiter ces risques dans la mesure où l’industrie est à même de fournir aux fumeurs un tabac de bonne qualité et débarrassé des produits les plus nocifs. C’est le souhait qu’a exprimé S. AKSU (J), spécialiste de l’Institut du tabac B) LES LOCALISATIONS RARES. a) CANCER DE LA PROSTATE Les décès par cancer de la prostate, en l’urquie, en 1959, n’atteignent qu’un taux relativement faible (13 pour 100 000 habitants) si on le compare au taux relevé la même année en France (8,7 pour 100 000 habitants). On observe d’ailleurs pour cette localisation d’assez grandes variations selon les pays. C’est ainsi qu’HASK IN (5) constate que ce cancer est le plus fréquent des cancers observés chez l’homme, au-dessus de 50 ans, et la troisième des causes de décès à cet âge. HUGGINS (") note que 5 2% des hommes de plus de 50 ans meurent de cancer de la prostate. MARSDEN () relève que sur 4 650 cancers diagnostiques en Malaisie. 7 sont localises à la prostate parmi la population malaise (1,4 %), 15 parmi la population chinoise (1,1 %) et 4 parmi la population indienne (08 %). SEGI (5) constate que la mortalité par cancer de la prostate est une des plus faibles, au Japon, parmi celles qu’il a étudiées dans un grand nombre de pays : elle est la plus élevée parmi la population non blanche des U. S.A. Il ne sait à quoi attribuer la cause de cette faible mortalité par tumeurs de la prostate. au Japon, mais il suggère qu’elle pourrait être due à l’activité des organes avant un rapport avec les hormones, et qu’ainsi, seraient expliquées les diffé¬ rences de fréquence du cancer de cette localisation entre occidentaux et japonais. Cette interprétation — relativement peu explicite — ne saurait emporter la conviction. WOLFBOMM (e) note que la fréquence du cancer de la prostate apparait très différente dans les nombreuses statistiques connues. Actuellement, la majorité des auteurs s’accordent à reconnaitre un pourcentage de 1.4 %% chez l’homme de plus de 50 ans. D’après différents travaux, le maximum de fréquence se situe entre 60 et 80 ans. HAMOVICI () d’Israel, constate que tous les auteurs qui ont étudie la fréquence de ce cancer sont unanimes à le considérer parmi les cancers les plus (1) Tirk Kanser Haberleri, 750-51, 1959. (2) Amer. J. Roent, 8571, pp, 85-99, 1961. (3) Rep. Urologia de Mer, v. 7, pp, 220, 1949. (4) Brit, L. Cancer, 1272, pp, 161-175, 1958. (5) TohoRu J. Exp, med, 7272, pp, 169-193, 1960. (6) J. de Méd, et de Chir. Pratiques, pp. 1107-10, art, 35850. (7) 4.M. LF., 8° année, n° 78, pp. 13-52, 1959. 66 LE CANCER AU MOYEN-OBIENT importants, dans le sexe masculin : cette fréquence a augmenté en raison de la longévité croissante des populations, puisqu’elle s’accroit surtout après la cinquantaine. Il cite RICI qui, dans une série de 292 autopsies consécutives d’hommes de plus de 45 ans, morts de causes diverses, a trouvé des tumeurs bénignes et malignes de la prostate dans 41 cas (14 %): entre les âges de 71 et 75 ans, la prostate des sujets autopsiés contenait des cellules cancéreuses dans 28 9% des cas. Il cite également MOORE qui, dans une série de 375 autopsies consécutives a trouvé 63 cancers de la prostate (16,7 0% des cas). VOISIN (i) signale qu’à l’autopsie les tissus de la prostate chez 23 9% des hommes de plus de 60 ans, ont subi une transformation telle que le métabolisme des cellules en est perturbé. Une simple hypertrophie de cet organe fait diminuer de 35 % la teneur en zinc de la prostate, et quand celle-ci est atteinte de cancer la teneur en zinc est réduite au tiers de la normale. VOISIN se demande si cette transformation du métabolisme du zinc n’aurait pas son origine dans le zinc du sol, qui ne s’y trouve pas en quantité optima. On peut objecter à ceci qu’on ne voit pas pourquoi les vieillards d’une ville quelconque absorberaient moins de zinc que les jeunes de la même ville. Enfin, STEINER () étudie 320 cas de cancer de la prostate à Los Angeles où cette localisation arrive au cinquième rang de fréquence chez l’homme : elle représente 5, 3 9% de toutes les tumeurs, 8,8 0% de toutes les tumeurs chez l’homme et 1.5 9% de toutes les autopsies chez l’homme. Il constate que, d’après les résultats de nombreuses autopsies, les Mexicains de race indienne sont moins touchés par le cancer de la prostate que les sujets de race blanche et de race noire, en raison principalement d’un taux de mortalité très bas dans les tranches d’âge élevées (plus de 80 ans). Il semble donc qu’il y ait de grandes différences ethniques dans la fréquence du cancer de la prostate et il ne semble pas qu’il existe de facteur étiologique de milieu dans le développement de ce cancer. Bien ne prouve non plus que celui-ci soit d’origine génétique. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un cancer hormono-dépendant sur le plan thé¬ rapeutique et il est probable que l’influence hormonale n’est pas étrangère à son étiologie. De tout ceci, on ne peut tirer de conclusions valables qui permettent d’expli¬ quer la faible fréquence du cancer prostatique dans la population turque. Il est possible d’ailleurs que — surtout dans les régions rurales — la distinction entre adénome simple et adénocarcinome ne soit pas toujours faite par le médecin qui ne dispose d’aucun contrôle de laboratoire (dosages de phosphatases, en particulier). Il peut en résulter qu’un pourcentage plus ou moins important de cancers soit rangé, au décès du malade sous la rubrique générale « hypertrophie de la prostate » sans préjuger de la nature histologique. Cette éventualité restreint pour le moment toute possibilité d’estimation de la fréquence réelle du cancer prostatique dans la population turque. D) CANCER DE LA VERGE. Les tableaux XY et XVII qui font état de la mortalité et de la morbidité par cancer en Turquie ne signalent aucun cas de tumeur de la verge : de même le tableau de RICHTER concernant les malades de la clinique dermatologique d’Ankara, n’en rapporte aucun cas. (1) Sol, herbe, cancer. Livre 1960. La Maison Rustique, Paris. (2) Concer : race andgcographu, liore. The Williams and Wlkins Ce, pp, 11454. 1954. TURQUIE 62 On en observe cependant quelques cas, mais ils sont exceptionnels. ESER (), grâce à l’organisation de l’Institut du Cancer d’Istanbul, qu permet à tout moment de faire un tri par localisation des cancers observés, a pu étudier 20467 cas de cancer chez l’homme, pendant les treize dernières années. Il n’a trouvé que 23 cas de cancer de la verge, dont 10 chez des Musul¬ mans et 13 chez des chrétiens. Il en conclut que ce cancer est une localisation très rare en Turquie et que sa fréquence, de même que son incidence relative (0,066 2% de tous les cancers chez l’homme) sont très faibles parmi les Turcs musulmans qui pratiquent la circoncision chez l’enfant entre 5 et 7 ans. Bien que l’on reconnaisse que le cancer de la verge est rarissime chez l’homme circoncis, deux observations de CAPT () et de LEDLIE (") portent sur des épithéliomas de la verge chez des hommes circoncis, l’un à la naissance, l’autre au premier âge de la vie. Outre les considérations que nous avons été amenés à développer dans la monographie de l’ L N. H., no 19, p. 54, quelques travaux méritent d’être signalés: GRAMPA (5) cite POZZO, qui, dans ses statistiques italiennes, trouve que l’épithélioma de la verge représente 3 0% des épithéliomas cutanés. Cet auteur constate que chez les hommes atteints de ce cancer, la fréquence de la syphillis est plus grande que dans la population masculine, en général, et que chez les syphilitiques, ce cancer apparait 10 à 20 ans plus tôt que chez les non syphili¬ tiques. En outre, il existe des cas de cancer dé la verge au siège ou à proximite d’un syphilome, mais il n’est pas encore prouvé que la syphilis prédispose au cancer de la verge. EKSTROM (S), d’après un travail portant sur 229 cas de cancer de la verge traités entre 1920 et 1955 — ce qui constitue une des plus importantes statis¬ tiques publiées avec celle de l’Enquête Permanente Cancer de l’Institut National d’Hygiène créée par P. F. DENOIX — confirme les notions étiologiques classi¬ ques de ce cancer, à savoir le rôle indiscutable du phimosis et celui beaucoup plus relatif des maladies vénériennes. PERTTALA () en Finlande, a étudié, pour la période de 1937 à 1954, 82 cas de cancer de la verge, dont l’âge variait entre 26 et 84 ans (moyenne 58 ans). Un phimosis était présent dans 25, 7%, un condylome dans 7, 7 % et une maladie vénérienne dans 23 % des cas. On sait que ces états constituent des facteurs prédisposants. Dans 54 cas, le cancer de la verge était un épithélioma spinocel¬ lulaire, dans 21, de nature non spécifiée, et dans 3 cas, un sarcome. STEINER () constate que, chez les sujets de race blanche d’Europe et d’Amérique, le cancer de la verge est une tumeur rare. C’est ainsi que CLEM¬ MESEN, parmi 46 900 tumeurs malignes consignées en cinq ans (1943-1947) dans le registre danois du cancer, ne trouve que 124 tumeurs primitives de la verge (0,3 2%). (1) Yeni Tip Alemi, 10113, pp, 397-311, 1961. (2) J. Uroloou, 75, Dp, 728-729, 1956. (3) J. Uroloau, 76, pp, 756-757, 1956. (4) Tumori, 4371, pp, 194-113, 1957. (5) Acta chir. Scandinapica, 111-2, pp, 25-45, 1958. (6) Amn Chir. Cinace. Tenn, pp, 49-196, 1960. (7) Cancer, Race and gceoraphu, Baltimore, 1954. 68 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT D’après lui, chez le noir des U. S. A, et de l’Inde Occidentale, la fréquence plus élevée de cette localisation peut être attribuée à la fréquence élevée des maladies vénériennes ainsi qu’à la rareté des circoncisions. Une hygiène défec¬ tueuse est également un facteur non négligeable. Chez le noir d’Afrique, où les hommes sont généralement circoncis, il est relativement rare par rapport aux autres tumeurs. STEINER conclut par ces mots : « Les différences raciales et géographiques dans le cancer de la verge ne s’expliquent pas par des facteurs héréditaires mais par des facteurs de milieu. L’influence raciale n 'est pas génétique et n’est héréditaire qu’en ce que certaines coutumes se transmettent. L’absence de ce cancer, quand on pratique précoce¬ ment la circoncision, son taux plus élevé quand on la pratique plus tard, et son taux très élevé quand on ne la pratique pas et quand l’hygiène corporelle est défaillante, indiquent l’importance du facteur de milieu. En Malaisie. MARSDEN considère que le cancer de la verge est le seul cancer important du système génital masculin. Le mélange des populations dans ce pays illustre bien le rôle de la circoncision et de l’infection chronique dans l’étiologie de ce cancer. Chez les Chinois et la grande majorité des Indiens qui ne sont pas circoncis, la fréquence en est élevée: chez les Malais, peuple musulman, qui sont circoncis, elle est extrêmement faible. La grande différence entre la fréquence de ce cancer chez les Chinois et les Malais qui présentent. presque toujours, une fréquence semblable pour n’importe quel autre cancer, montre la protection que peut représenter la circoncision contre le cancer de la verge. « La circoncision est, selon MARSDEN, une protection puissante, mais la fréquence du cancer de la verge chez les non circoncis serait relativement basse s’il n’existait pas un facteur étiologique différent. C’est l’infection chro¬ nique qui est responsable de la fréquence si élevée du cancer de la verge chez les Chinois et les Indiens, et c’est le fait que le prépuce maintient ces infections qui en élève le taux, 90 0% au moins de ces malades avaient eu une suppuration chronique pendant nombre d’années. En l’absence de cette cause, la fréquence du cancer devient très faible. On le rencontre rarement chez les Chinois et chez les Indiens dont l’hygiène corporelle est satisfaisante. » P. F. DENOIX, dans son ouvrage sur les cancers humains (1) étudie la façon dont la circoncision est pratiquée dans les populations musulmanes et juives et la protection plus ou moins complête qu’elle pourrait conférer contre le cancer de la verge. En Turquie, nous considérons que la rareté — pour ne pas dire l’absence —- du cancer de la verge est due, pour une grande part, au fait que les hommes sont circoncis dans la majorité de la population, car il est peu probable que les soins corporels d’une population essentiellement rurale soient conformes aux règles de l’hygiène. C) CANCER DU FOIE. Le tableau XVII nous révèle que, à l’Institut du Cancer d’Istanbul, sur un la aphoaNYInous Pevcl, quet altbytuttd (ane.dhszmhdlu ti (1) Hachette, 1959. TU R QUIE 69 54 chez des hommes et 29 chez des femmes. Le diagnostic a été confirmé histo¬ logiquement pour 23 cas, et il nous a été certifié, d’autre part, que les tumeurs primitives du foie n’étaient pas rares en Turquie. D’après certains auteurs. ULKER entre autres, la fréquence de cette tumeur atteindrait 2 à 5 2% de tous les cancers, alors que dans les pays d’Europe occi¬ dentale, elle n’atteint guère plus de 1,2 0% de la fréquence totale des cancers. La sex-ratio 2: l diffère beaucoup de celle des pays ou la fréquence de cette tumeur est élevée et où les hommes sont atteints en grande majorité. De nombreux auteurs ont insisté ces dernières années sur la fréquence très variable du cancer primitif du foie selon la race ou la latitude (BERMAN (). STEINER). « Rare parmi les populations de l’Europe Occidentale et d’Amérique. il est remarquablement fréquent parmi les indigènes d’Afrique et de certaines parties de l’Asie. C’est ainsi que dans les races occidentales, le taux des cancers du foie, à l’autopsie, est de 0, 14 9% en Europe et de 0,27 9% aux U. S.A. Leur fréquence relative par rapport à tous les cancers est respectivement égale à 1,2 2% et à 2,5 9%. Dans les races orientales, le taux des néoplasmes hépatiques retrouvés à l’autopsie est de 0,8 % et la fréquence relative de presque 14 26. Celle-ci est très élevée chez les Indonésiens (41,6 9% de tous les cancers), élevée chez les Chinois (33 9%) et les habitants des Philippines (22 07). C’est dans les races africaines qu’on trouve la fréquence la plus élevée (50 2% en A.O.F. en 1958). Le taux post mortem est de 0.7 9% au Kenya et de 2,4 9%, en Union Sud Africaine. La fréquence relative oscille entre 17 9% et 53 9%, de l’ensemble des tumeurs malignes ». P. F. DENOIX, dans son étude sur le cancer en Afrique Francaise (5), a calculé que les tumeurs hépatiques représentaient 43 %% de l’ensemble des cancers chez l’homme, et 13 %0 chez la femme (sex-ratio: 4: 1). WATLER (5) remarque qu’à la Jamaique, la fréquence du cancer du foie occupe une position intermédiaire entre les taux constatés chez les Européens et les Africains. LIANG PO-CH’IANG () cite une étude effectuée sur une statistique natio¬ nale du cancer en 1958 ou, parmi 21 706 autopsies on a diagnostiqué 1 979 cas de tumeurs malignes. Le cancer du foie y avait une fréquence de 1. 19 2% de tous les cas autopsiés et de 26, 29 2% de l’ensemble des cancers. Dans une étude personnelle effectuée à Canton entre 1950 et 1958 et portant sur 3,304 autopsies, il a trouvé 38 cas de tumeurs hépatiques, représentant 1,15 2% de toutes les autopsies et de 25,33 9% de tous les cancers. Parmi ces 38 cas, il y avait 33 hommes et seulement 5 femmes, dont les àges variaient entre 38 jours et 77 ans, la tranche d’âge 40-49 ans apparaissant comme la plus touchée. En Algérie,. BREHANT (S) remarque que les données recueillies en 1959 et 1960 nous apprennent que 54 cas de cancer du foie ont été recensés, 46 chez des musulmans et 8 chez des Européens, ce qur qome un caus ue irsqrencc (1) BuIL. N. Y. Acad. Med, 3575, pp, 275-293, 1959. (2) Monographie de l’I.N HI, n° 12, p. 37, Paris, 1957. (3) Paboloaia et Microbhiotoia, Bale, 2474, pp, 698-706, 1961. (4) Chinese Méd. J., 79, pp., 336-347, 1959 (5) Buil, Aber, carcinol, 1873771540, 1961. 70 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT globale de 2, 1 0% pour cette localisation, sur l’ensemble des tumeurs malignes. le taux étant de 2, 2 % chez les musulmans et de 1.9 9% chez les Européens. Ces taux sont très proches de ceux que BREHANT avait calculés pour les huit années antérieures. MARSDEN constate qu’en Malaisie, il existe une différence raciale marquée dans la fréquence du cancer du foie: très élevée chez les Chinois (6,2 pour 100 000), elle n’atteint que 2,2 pour 160000 chez les Indiens. Cette localisa¬ tion ne s’observe pas chez les Malais. CRUICKSHANI (1) a trouvé, sur 60 600 autopsies, 88 cancers du foie. ce qui leur confère une fréquence de 0,149%, 82 concernant des hommes — parmi lesduels 70 exercaient le métier de marin — et 6 seulement, des femmes. En ce qui concerne les facteurs étiolooiques des tumeurs hépatiques. Veh TUAN-FU () en fait une étude détaillée. 50 à 85 9% des cas de cancer du foie consignés dans la littérature chinoise présentaient une cirrhose et il est certain qu’il existe une relation entre ces deux maladies. Sur les 537 cas de cancer du foie consignés dans cette même littérature. dans les dix dernières années, y compris ceux provenant de régions où la schistosomiase sévissait, dix cas seulement présentaient en même temps une schistosomiase. Sur 200 cas étudiés pendant sept ans par HON à Hong-kong, la clonorchiase coexistait dans 46 cas avec le cancer. TUAN-EU pense que le cancer s’était développé par suite de stimuli physiques ou chimiques produits par le parasite. Parmi les 33 cas d’hépatomes observés chezl’homme par LJANG PO-CH’TANG les 3/4 étaient secondaires à une cirrhose. Cet auteur considère que, parmi les facteurs étiologiques variables et multiples, la cirrhose du foie et la clonorchiase sont les plus importants. La première peut donner naissance à des hépatomes. la seconde à des cholangiomès. L’hépatome massif se produit habituellement dans un foie atteint d'une cirrhose de Laènnec légère où indemne de cirrhose : l’hépatome nodulaire se développe habituellement sur une cirrhose de Laennec avancée ou une cirrhose post-nécrotique. Sur les seize cas de CACHIN (5) observés en cina ans et demi, de 1954 à 1960. à Paris, tous concernaient des hommes. Il existe donc certainement un facteur cancérigène lié au sexe. Cependant, la cirrhose du foie, considérée comme un facteur étiologique important n’est pas rare chez la femme. Sur ces 16 cas. 12 présentaient antérieurement une cirrhose: 3 d’entre elles étaient consécutives à une hépatite infectieuse. Dans la série de CRUICKSHANK (88 cas), 58 avaient une cirrhose 7 une hémochromatose, 1 un syndrome de Banti, 2 une malformation Kystique des voies biliaires. BERMAN considère la coincidence observée fréquemment entre la cirrhose et le cancer du foie comme étant un stade intermédiaire important dans le procesus cancérigène. Il passe en revue les facteurs producteurs de cirrhose : (1) J. Clin, Path, 1472, pp, 120-131, 1961. (2) Chinese Med. J., 79, pp. 538-540, 1959. (3) cahiers R. M.T., ne 3, 1961. TURQUIE les parasites intestinaux, la schistosomiase, le Kyste hydatique, la syphilis hépatique, l’hépatite infectieuse, l’hémochromatose et la sidérose, l’alcool. les aliments épicés et dans les races noires, la diathèse chéloidienne. Il remarque qu’aucun de ces facteurs n’est commun aux pays connus pour leur fréquence élevée de cancer du foie. La malnutrition chronique qui prévaut dans certaines régions d’Afrique et d’Asie peut être une des principales causes de cirrhose et vraisemblablement. de cancer du foie. En Turquie, la cirrhose est une maladie fréquente et elle joue sans doute un rôle étiologique dans le développement des tumeurs hépatiques. Mais il doit exister également d’autres facteurs prédisposant. La Turquie est encore un pays sous-développé. L’alimentation présente des carences vitaminiques certaines et un déséquilibre des principes nutritionnels, consistant surtout en une quantité trop faible de protides et trop forte de glucides. La préparation des aliments — sauces, fritures, épices, piments — constitue peut-être également un facteur prédisposant, ainsi que la consommation de raki (alcool de vin) très répandue dans la population rurale. APERÇU D’ENSEMBLE ET CONCLUSIONS La Turquie, dont la superficie équivaut à une fois et demie celle de la France. a réalisé d’immenses progrès dans le domaine sanitaire depuis l’établissement de la république et les réformes décidées par ATATURK. La population — dans sa majorité rurale et vouée à l’agriculture — a doublé depuis 1927 : elle atteint actuellement près de 27 900 000 habitants. De ses trois facultés de médecine situées à Ankara — la capitale — Istanbul et Izmir 614 médecins sont sortis en 1960-61. Sur le plan hospitalier, c’est à près de 70 000 lits que s’élève l’ensemble des moyens d’hospitalisation mis à la disposition des malades. En ce qui concerne le cancer, les soins aux malades sont assurés dans les nombreux hôpitaux généraux et privés des grandes villes déjà citées et dans les services dont dépend la localisation de leur tumeur. Il n’est donc pas possible de déterminer le nombre de lits réservés aux affections cancéreuses. La Turquie dispose également de deux Instituts du cancer : le premier situé à Ankara fonctionnait comme centre de radiodiagnostic et de radiothérapie pour des malades ambulatoires, au moment de notre mission, en septembre 1961. Acquis par l’Etat à cette même époque, il était projeté d’y créer un service de chirurgie complétant les autres services (dont le nombre de lits ne nous a pas été communiqué). Le second Institut du Cancer, situé à Istanbul, est un centre d’études scien¬ tifiques sur le cancer, un centre de diagnostic sur pièces anatomiques envoyées par les hopitaux de Turquie ne disposant pas de laboratoire d’anatomie patho¬ logique et par les médecins privés: enfin, c’est un centre d’études statistiques. dont les données sont fournies par les examens des pièces anatomiques qui lui parviennent de toutes les régions du pays. Les statistiques de mortalité présentées par le ministère de la Santé et de l’Assistance Sociale dans son dernier rapport annuel de 1956-59 font apparaitre en 1956, dernière année publiée, un taux de 7oloo, qui correspond à un total de 168 458 décès, identique par conséquent à celui de l’Iran (7.I oloo) et à peine supérieur à celui d’Israel (6,3 olb0), les deux pays du Moyen-Orient que nous avons déjà prospectés. Plus du tiers des décès concerne des enfants de moins de 4 ans. De 5 à 44 ans, la mortalité diminue considérablement et se maintient en plateau, puis elle augmente progressivement pour atteindre son maximum dans la tranche d’âge 65-74 ans, qui se trouve d’ailleurs moins touchée que le groupe de 1 à 4 ans. Le cancer occupe le neuvième rang des causes de décès : en 1959, le nombre de décès attribuables au cancer s’est élevé à 5 035 soit 62,7 pour 100 000 habi¬ 74 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT tants (il est de 195 en France) et représente moins de 5 % de l’ensemble des décès (20 %% en France). Les décès par cancer (nombres absolus) sont en constante augmentation en Turquie depulis le début de la vie jusqu’à la soixantaine. Après 75 ans, le total des décès n’atteint plus que le tiers du chiffre relevé entre 55 et 64 ans. Pour les deux sexes réunis, l’estomac représente la localisation la plus fréquente avec plus de 12 décès pour 100 000 habitants (1 9% de l’ensemble des décès). Il en est de même pour le sexe féminin, mais chéz l’homme c’est le cancér broncho-pulmonaire qui apparait le plus meurtrier, avec 630 décès sur un total de 2 924. Parmi les cancers influencés également par l’usage du tabac la localisation larynge apparait relativement plus fréquente qu’en Europe. puisqu’elle vient ici au quatrième rang dans le sexe masculin. Ces trois locali¬ sations sont généralement d’une gravité telle qu’on peut admettre que la morbidité se superpose presque completement à la mortalité. Il n’existe pas en Turquie d’enregistrement général des cas de cancer, de sorte que les données que nous avons pu recueillir concernant la morbidité émanent de différentes sources : statistiques du ministère de la Santé, données fournies par l’Institut du Cancer d’Istanbul et par les hôpitaux d’Ankara Malgré leur manque d’homogénéité et leur caractère partiel, elles nous révèlent cependant certains aspects de épidémiologie du cancer en Turquie. L’étude des taux de fréquence par localisations montre que celles-ci présentent une répartition sensiblement différente de celle observée dans les pays occidentaux. Les statistiques d’origine hospitalière établies par le ministère de la Sante placent au premier rang le cancer de l’estomac et au deuxième rang le cancer de l’utérus, alors que celles de l’Institut du Cancer (centre de diagnostic sur pièces anatomiques) accordent une prépondérance marquée au cancer cutané. avec près du quart de l’ensemble des cas. Toutes ces statistiques font apparaitre la fréquence assez faible des tumeurs malignes de la prostate (13 décès pour 100 000 habitants). Quant aux tumeurs de la verge, elles ne figurent sur aucun des tableaux ci-dessus. Comme dans tous les pays musulmans et israélites où la circoncision est de règle dans l’enfance. La fréquence de cet épithélioma est extrémement faible en Turquie, malgré les conditions d’hygiène fatalement rudimentaires dans un pays à prédominance rurale. La prépondérance, d’une part des tumeurs malignes de l’estomac, de la peau et du poumon, l’importance relative des cancers du foie d’autre part, la rareté enfin des cancers de la prostate et de la verge, nous ont incités à tenter un essai comparatif d’interprétation étiologique de ces diverses localisations. La fréquence du cancer gastrique en Turquie pourrait être liée à des facteurs alimentaires inhérents à des habitudes ancestrales parmi la population rurale, chez laquelle on observe 75 9% des cancers gastriques : consommation d’aliments à gros volume accompagnés d’une grande quantité d’eau pour faciliter la déglutition, ce qui entraine assez souvent des troubles dyspeptiques favorables au développement de gastrites chroniques. Ces dernières se retrouvent fréquem¬ ment dans les antécédents des cancéreux de l’estomac. D’autres facteurs pourraient jouer un rôle dans l’étiologie de ce cancer tels que le mode de cuisson par friture des aliments et les condiments, épices et piments dont ils sont largement assaisonnes, surtout en Anatone du Sud: TU R OU1 E 73 tels également l'alcool consommé sous forme de raki (alcool de vin additionne d’anis), bien que les travaux de D. SCHWVARIZ n’aient pas révélé d’association entre l’alcool et cette localisation. De nombreuses études ont été consacrées aux facteurs étiologiques possibles dans les épithéliomas cutanés. Il semble admis - et cela s’applique particulièrement à la Turquie — qu’une forte irradiation solaire dans une atmosphère transparente détermine à la longue des lésions actiniques qui se comportent en quelque sorte comme une précancérose. En Turquie l’intensité du rayonnement ultra-violet est d’autant plus marquée que la majeure partie du pays est située entre 800 et 1 000 m d’altitude et que l’atmosphère y est d’une grande limpidité. Il faut également considérer que les vieillards sont nombreux en Turquie et que les épithéliomas cutanés frappent presque exclusivement les personnes âgées, et cela d’autant plus volontiers que les soins de la peau sont souvent négligés dans les populations rurales, vivant habituellement dans des conditions rudimentaires. Un tel faisceau de facteurs expliquerait pour une grande part le taux élevé de cancers de la peau en Turquie. Le cancer broncho-pulmonaire apparait maintenant, en Turquie comme dans la plupart des pays européens, le plus meurtrier chez l’homme. On ne peut ici incriminer la pollution de l’air : elle est pratiquement inexistante. Les Turcs. par contre, sont de grands fumeurs du tabac cultivé sur place. Il semble que l’usage de la cigarette soit plus répandu que celui de la pipe ou du cigare, mais aucune enquête n’a été effectuée, à notre connaissance, sur cet important problème. Nous avons cru bon d’attirer l’attention sur la fréquence assez faible des adénocarcinomes prostatiques (1 3 pour 100 000 habitants contre 8,7 en France). Cette notion est d’autant plus surprenante que la longévité proverbiale du peuple turc — d’ailleurs confirmée par les données démographiques — devrait correspondre à une fréquence élevée de cette localisation qui frappe électivement les hommes âgés. Les diverses hypothèses étiologiques envisagées au long de ce travail ne peuvent s’appliquer avec certitude à la population turque. Mais il est permis de penser que la distinction entre adénome simple et adénocarcinome n’est pas toujours faite par le médecin, qui, surtout dans les campagnes, ne dispose d’aucun contrôle de laboratoire. Il est ainsi probable qu’une proportion non négligeable des épithéliomas prostatiques est mentionnée dans les certificats de décès comme hypertrophies simples de la prostate. Les tumeurs du foie, d’une extrême rareté dans les pays d’Europe Occidentale. ne sont pas exceptionnelles en Turquie. A l’Institut du Cancer d’Istanbul on en a dénombré 83 (dont 54 chez l’homme et 29 chez la femme), sur un total de 2 098 cas de cancer (3,9 2%). D’après ULKER, elles représenteraient 2 à 5 % de toutes les tumeurs, pourcentage très diffèrent, à la fois de ceux observés IE CANCER AU MOYEN-ORIENI 76 en Europe Occidentale et en Afrique Centrale (où la fréquence est, au contraire. beaucoup plus élevée). Parmi les facteurs susceptibles de faire le lit du cancer hépatique, en Turquie. on pourrait incriminer la cirrhose (d’origine alcoolique ou virale), maladie assez répandue, mais également certains facteurs nutritionnels, comme les carences vitaminiques ou certains déséquilibres alimentaires (protidique, en particulier). En conclusion, si les aspects épidémiologiques du cancer en Turquie ne diffèrent pas essentiellement du reste de l’Europe, ils présentent cependant certaines particularités que l’on retrouve à quelques nuances près dans les autres pays du Moyen-Orient que nous avons visités. Beaucoup plus que la race, les facteurs géographiques, les traditions, les habitudes ancestrales, le mode de vie semblent conférer leurs caractéristiques propres à l’épidémiologie du cancer dans la population turque. 31 LIRAN P° LE CANCER AU MOYEN-ORIENT DONINEES GÉNÉRALES A peine plus grand que l’un de nos départements (10 170 Km°), le Liban a cependant la plus forte densité démographique de toute l’Asie antérieure (150 habitants au Km°). Il est, dans son ensemble, admirablement irrigué par les nombreux ruisseaux qui jaillissent des flancs des monts du Liban et de l’Anti-Liban, vastes écrans montagneux parallèles à la côte. Le Liban est baigné par la Méditerranée orientale: il est approximativement situé au centre de ce vaste golfe qui se dessine entre le promontoire turc et l’Egypte. Le Liban est limité, au nord, par le Nahr el Kébir, au sud par une ligné qui, partant du cap (Râs) Naquoura s’étend jusqu’aux environs de Bent Dhébail, puis s’infléchit vers le Nord jusqu’à Mtoulé Andiar pour franchir la vallée du Jourdain et rejoindre, par le sud, la ligne de crêtes du mont Harmon. au Nord-Est, la frontière quitte le Nahr el Kébir pour longer le Diébel AKKar : un des maillons de la chaine subcôtière, puis traverse le sillon de la Békaa pour atteindre l’anti-Liban qui constitue, ainsi que l’Hermon (Diébel ech Cheikh), la limite naturelle du pays à l’Est. Ainsi défini, le Liban confine donc au nord et à l’est à l’état de Syrie, et au sud, à Israël, l’ancienne Palestine. Le systême orographique du Liban est très simple : à l’ouest, une première chaine parallèle à la côte, le mont Liban, domine une étroite plaine littorale : à l’est, une seconde chaine, formée par l’anti-Liban et le mont Hermon se dresse parallèlement à la première : entre les deux massifs, pour ainsi dire cloisonnés entre eux, se trouve la longue plaine de la Bekaa. Le Liban développe une façade maritime d’environ 250 km le long du bassin oriental de la Méditerranée. Le sable et le rocher apparaissent alternativement : le rocher, partout ou la chaine sub-côtière projette ses contreforts dans la mer : le sable, partout où la mer, afouillant dès terres ou des roches tendres, est venue les désagréger, Parfois, comme au Râs Cheaqa, ce sont de véritables falaises que le mont Liban pousse jusque dans les flots. Le Liban jouit d’un climat essentiellement méditerranéen caractérisé par des hivers très doux mais pluvieux, et des étés chauds et sans précipitation : il n’y a pour ainsi dire pas de printemps ni d’automne. Le caractère méditerranéen de ce climat est plus ou moins altéré par divers éléments parmi lesquels l’influence maritime, l’altitude et les vents sont les plus importants. La plaine côtière est particulièrement exposée aux grandes chutes de pluie de noyembre jusqu’en avril et, malgré des étés secs, l’humidité relative de l’air reste à peu près constante et très élevée en raison de la présence de la mer. Par contre, durant les mois de mars et d’avril, vers la fin de la saison des pluies. pendant les cinquante jours qui précèdent l’équinoxe de printemps, de grandes perturbations peuvent survenir, produites par intermittences par le Khamsin (cinquante) un vent très sec, suffocant, chargé de sable, dont le foyer est situé dans une zone de hautes pressions du Sahara nord-africain. l’hiver est pluvieux (plus de 1 000 mm par an) les chutes de neige abondantes. mais l’été est légèrement moins chaud qu’à Bevrouth, l’humidité relative étant à peu près nulle. Enfin, la Bekaa, située derrière l’écran de la chaine sub-côtière, connait un climat continental avec chutes de pluies pendant la saison hivernale, généralement froide, un été chaud et une atmosphère à peu près sèche. IE CANCER AU MOYEN-ORIENT 80 Les régions montagneuses qui correspondent au xast et au diourd de la chaine sub-côtière, jouissent en raison de l’altitude, d’un climat tempéré : RACES ET BELIGIONS Le Liban offre un extraordinaire mélange de races. Situé sur le gigantesque boulevard svrien mettant en relations trois continents : l’Europe, l’Asie et l’Afrique, ce pays a connu trop d’invasions pour qu’une certaine unité ethnique puisse se dégager des données actuelles. Au vieux fonds cananéen (phénicien) qui apparut sur les bords de la Méditerranée orientale probablement vers la fin du IVe Millénaire avant J.-C., vinrent se méler des éléments très variés tels qu’Ammorrhéens. Araméens. Egyptiens, Hlitites. Assyriens, llébreux. Arabes, etc. Marqué surtout par une lente infiltration de la race araméenne, commencée il y a plus de trente siècles, ce mélange s’est à peu près définitivement fixé après la conquête arabe pour aboutir à un amalgame semitique indéfinissable. qui a produit un type racial cependant bien particulier : le Levantin. La pure race arabe, dont l’étiaaette est surtout revendiquée par les Bédouins nomades. n’est pas représentée au Liban, ou très peu. Parmi les races non sémitiques figurent, en petit nombre seulement, les Ksurdes indo-européens et surtout les Arméniens transplantés de la Cilicie turque après la première guerre mondiale. A Bevrouth, réside une colonie européenne assez importante. La lanque arabe est d’un emploi universel dans toutes les couches de la population. Des mots et des expressions empruntés à des idiomes étrangers en ont altéré la pureté, si bien que l’arabe tel qu’il est parlé au Liban diffère très sensiblement non seulement de l’arabe littéraire, mais aussi de l’arabe tel qu’il est parlé en lrak, en Egypte ou dans le Maghreb. A côté du mélande des races, le Liban présente également une grande complexité contessionnelle. Le christianisme et l’Islam sont à peu près également représentés : l’un comme l’autre, ils sont divisés en un certain nombre de sectes ou de rites. Pour les chrétiens, on distingue surtout les maronites, du nom d’un saint moine. Maron. Pour fuir l’oppression des jacobites et des musulmans, les maronites se retirèrent dans la partie Nord des monts du Liban. Le rite maronite est assez rapproché des usages latins pour que ses 330000 adhérents soient considérés comme catholiques. Les adeptes du rite grec sont eux-mêmes divisés en grecs catholiques ou melkites (65 000 membres) ct en grecs orthodoxes (1 10 000 membres) qui ont pour chef chacun un patriarche résidant à Bevrouth. Le Liban compte également quelques adeptes de rite svrien, catholique (5 000 membres) et orthodoxe ou jacobite (4 000 membres). prédication de Daraz d’ou la secte tire son nom. de toute la cote. 11 8A N 81 Les Arméniens émigrés au Liban conservent leurs rites propres, catholique (10 000 membres) ou orthodoxe (60 000 membres). Au Liban, les adeptes de l’Islam se distinguent surtout selon leur appartenance à l’orthodoxie musulmane (les sunnites), à un mouvement schismatique (les chites ou métoualis), ou enfin au sectarisme druze. Le Sunnisme et le Chismesont à peu près également representés, les sunnites (250 000) le long du littoral, les chites (215000). dans le Nord de la Bekaa et au sud dans la région de Tyr, et les druzes (60 000). dans les montagnes du Sud et au pied de l’Hermon où commenca, dit-on, la POPULATION En 1953, la population du Liban atteignait environ 1 400 000 habitants, sa densité s’élevait à 128 habitants au kilomêtre carré. Les services de l’Etat Civil l’estiment actuellement à 1 60 000 habitants. Deux villes dépassent ou atteignent 100 000 habitants: Bevrouth qui en compte 500 000 avec sa banlieue. et Tripoli (100 000 habitants avec son faubourg d’el Mina). Les autres villes importantes sont Saida (45 000 habitants), Zahlé (15 000). Tyr (Sour 15 000 habi¬ tants) et Baalbeck (9 000 habitants). Administrativement, le Liban est divisé en cina districts (mohafazal) : 1° Bevrouth. 2° Liban Nord, avec Tripoli comme ville principale. 30 Liban Sud, avec Saida. 40 Mont Liban, avec Baalbe Baabda, 50 Bekaa avec Zahlé. L’économie du Liban repose surtout sur l’agriculture et le commerce. Depuis quelques années, l’industrie hôtelière contribue puissamment au bien-être national. Sur 200 000 ha de terres cultivables, 170 000 sont exploités et 47 500 sont irrigués. Les forêts couvrent 80 000 ha, les prairies et pâturages 7 000 ha. Les surfaces cultivées rapportent des produits très variés : agrumes, bananes. canne à sucre, céréales, oliviers, vigne, arbres fruitiers, pommes de terre. légumineuses. Doté d’une façade maritime, le Liban n’a pas failli à son rôle séculaire de nation commercante et Bevrouth est aujourd’hui le port le plus important CONDITIONS ET MODE DE VIE Pays relativement riche, grâce à la fécondité de la plaine de la Bekaa, grâce également à sa facade maritime qui entretient depuis la plus haute antiquité un commerce florissant, le Liban ne connait pas les problèmes inhérents aux autres pays du Moyen-Orient, sous-développés et sous-alimentés. Son économie est très voisine de celle des pays de l’Europe occidentale. 82 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT Dans ce pays où la population est à peu près également répartie entre chrétiens et musulmans, les deux tiers de la population sont cependant circoncis, les musulmans selon les exigences de la religion et les chrétiens par hygiène. Le Libanais a un mode de vie très voisin de celui des populations de l’Europe occidentale et sa façon de se nourrir et de se vétir ne présente pas de parti¬ cularités dignes d’être notées. La discrimination entre habitants urbains et ruraux est difficile à établir. la plupart d’entre eux habitant Bevrouth une partie de l’année et la montagne. l’autre partie. L’alcool est consommé en quantité négligeable et la cirrhose compte peu dans les causes de décès (22 cas sur 1 191 du tableau 1). La consommation du tabac est importante mais, jusque récemment, seule la population masculine adulte pratiquait le tabagisme. Elle consiste pour moitié en tabac oriental. pour moitié en tabac américain. L’âge du mariage est en moyenne de 22 à 23 ans pour la femme et en net recul sur les années antérieures. La fécondité des femmes varie suivant la classe sociale et la religion : elle est plus faible dans les milieux aisés et chez les chrétiennes. La moyenne des enfants se situe chez les musulmanes entre 7 et 9. alors que pour les chrétiennes, elle n’est que de 3 à 4. L’allaitement des enfants au sein est plus fréquent depuis ces cind dernières années. Tout en étant plus pratiqué qu’en Europe, il n’est pas la règle absolue On n’a que des données assez imprécises sur l’avortement, mais l’impression des médecins libanais est qu’il est assez fréquent. Les maladies contre lesquelles le Liban lutte avec énergie sont le paludisme. en voie de disparition, et l’amibiase, tres répandue encore. cancer au Liban. L’ORGANISATION SANITAIRE ENSEIGMEMENT DE LA MÉDECINE Le Liban possède deux facultés de Médecine à Bevrouth, sa capitale. 1. — UNIVERSITE AMERICAINE. L’enseignement débute, comme en France, par une année préparatoire prémédicale. A cette année fait suite un stage préclinique de deux ans, qul comprend l’étude de l’anatomie, de la physiologie, de l’anatomie pathologique, de la bactériologie, de la parasitologie et de la biochimie. Dans les trois années suivantes, l’étudiant s’initie aux questions cliniques, dans lesquelles une large place est faite aux études de laboratoire et à l’enseignement au lit du malade. Si l’étudiant ne désire pas s’en tenir à l’internat de cette période clinique, il choisit alors une spécialité, qui entraine trois ou quatre années d’études, selon la spécialisation. Il devient (ecturer » ou «instructor ), puis professeur assistant, professeur associé, enfin professeur à plein temps. A l’Université Américaine, le cancer ne fait pas l’objet d’une spécialisation. Il n’y existe ni chaire de cancérologie, ni service anticancéreux. La raison profonde en est que le cancer est un objet de crainte, on évite de prononcer ce nom et on lui atribue un caractère héréditaire susceptible de nuire à la réputation des familles et à entraver les unions. C’est pourquoi les essais de dépistage tentés à l’American University Hospital ont échoué et c’est également pourquoi les malades atteints de cancer sont soignés dans les services de cet hopital, dont relève la localisation anatomique de leur tumeur. L’hopital américain possède des services de recherche expérimentale sur le cancer et un laboratoire d’anatomie pathologique dont l’activité est impor¬ tante. Pour l’année 1956, il a effectué 3 214 examens de pièces anatomiques diverses, sur lesquelles 475 lésions malignes avaient été diagnostiquées. Le nombre de ces examens n’a fait qu’augmenter depuis. En 1961, il a atteint 4540, sur lesquels 554 lésions malignes ont été diagnostiquées (tableau 111). L’enregistrement des cas de cancer, précis et consciencieux, établi d’après les feuilles d’observation très détailles des malades de l’Hôpital américain pourraient donner lieu à des travaux statistiques intéressants dui ne manque¬ raient certainement pas d’apporter quelque lumière sur l’épidémiologie du 84 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT L’accès au fichier de l’hopital nous avait été aimablement proposé par le docteur WILSON, directeur de cet hopital. Nous avons regretté que le temps nous manquât pour réaliser une collation des cas, semblable à celle que nous avions pu faire en lran et qui nous avait permis d’établir une statistique sur un nombre significatif de cas de cancer. Un tel travail mériterait d’être envisagé dans l’avenir, au Liban. D’après AZAR (), l’hôpital de l’Universitéaméricaine disposait en janvier 1960 de 250 lits. Le nombre moyen des admissions à l’hopital êt à ses consultations externes était de 6 355 malades par an (moyenne de 5 ans) dont 70 2% étaient libanais : sur ces Libanais 25 9% étaient musulmans, 47 % chrétiens (non armé¬ niens) et 20 %% arméniens. Les autres groupes (druzes, juifs principalement) formaient 8 % de l’ensemble. La grande majorité des non-libanais comprenait des Syriens, des Palestiniens, des Arabes et des Jordaniens. Le tiers des malades admis à l’hopital de l’Université Américaine viennent d’Arabie Séoudite, d’Irak, du Koyeit et d’autres pays voisins. L1. — UMIVERSITE ERANCAISE. La Faculté de Médecine de l’Université française dispense un enseignemen qui se rapproche de celui pratiqué en France. Elle occupe un vaste quadrilatère ou se trouvent, d’une part, la cité hospi¬ talière et, d’autre part, le centre anticancéreux de Bevrouth dénommé Institut de Radiologie et de Lutte contre le Cancer. La première comprend: l’Hotel-Dieu de France (250 lits) avec ses services de médecine, de chirurgie, d’oto-rhino-la¬ ryngologie, de dermatologie et ses laboratoires d’anatomie pathologique, de bactériologie, de chimie, d’hématologie (avec un centre de transfusion sanguine). le bloc de la maternité (150 lits) avec ses services de gynécologie, d’obstétrique et son laboratoire de dosages biologiques. Le second a été fondé en 1924 par la Délégation de France avec des fonds français, sur terrain français. C’est là que se perfectionnent les étudiants de la Faculté de Médecine française dans la connaissance de la cancérologie et de l’électroradiologie. Ce centre recoit, en principe, tous les malades relevant de l’Assistance publique du Liban, et également de Svrie, en vertu d’un accord passé entre les Assistances publiques de ces deux pays. Mais, il reçoit aussi des malades de classes plus aisées dont l’état nécessite un traitement par les radiations. Dans la plubart des cas, les malades sont envovés par leur médecin ou celui de l’Assistance publique un très petit nombre de malades viennent d’eux-mêmes à l’Institut. t’Institut de radioloaie et de lutte contre le cancer comprend un ser¬ vice de radiodiagnostic, un autre de radiothérapie qui s’est enrichi, en 1956. d’une bombe au cobalt et un service de curiethérapie assez important pour pouvoir traiter quatre malades à la fois. Le traitement ne peut être appliqué qu’aux malades ambulatoires. En effet. l’Institut de radiologie, qui disposait de vinat lits à l’Hôtel-Dieu de France pour les malades relevant de l’Assistance Publique, s’est vu retirer la possibilité de les y hospitaliser, à partir du moment où une infirmière de l’hopital à présente (1) Cancer, 1571, pp, 6-7, 1962. 118 A N 65 une formule sanguine légèrement anormale. Par contre, dans la clientèlc privee il est possible d’hospitaliser deux ou trois malades par jour L’activité radiothérapique de l’Institut de Badiologie pour les malades atteints en grande majorité de lésions malignes, est la suivante pour 1960 : Consultations..................................... 2 375 Séances de radiothérapie (- bombe au cobalt)....... 17 353 Journées de radium............................... 651. (40 à 50 malades sont traités chaque jour avec la bombe au cobalt). Elle est donc en net accroissement sur 1956, ou cette activité était de : Consultations............... 2473 Séances de radiothérapie.......... 13 290 592 Journées de radium............. Le profeseur PONTHUS, directeur de l’Institut de radiologie, et son adiointe le docteur DOUAIHY ont acquis leur expérience de la cancérologie et de la radiothérapie du cancer en France. Le premier est sous le régime du plein temps. la seconde du mi-temps. Le personnel très réduit est nettement insuffisant pour les travaux de secrétariat qu’il serait souhaitable de pouvoir réaliser (mise à jour des observations, enregistrement des cas.). Les consultations externes ont lieu trois fois par semaine et s’adressent aux anciens comme aux nouveaux malades. Les pièces biopsiques sont examinées au laboratoire d’anatomie pathologique de l’Hotel-Dieu : elles concernent essentiellement l’utérus et la peau. Les examens de laboratoire sont également effectués à l’Hôtel-Dieu, à demi-tarif, pour les malades de l’Assistance publique. De ces deux facultés de médecine, l’américaine et la française, sortent chaque année environ cent médecins nouveaux. Cinquante autres proviennent d’univer¬ sités étrangères, agréées par le gouvernement, ce qui porte à cent cinquante médecins le recrutement annuel au Liban. Le nombre de médecins qui y exercent leur activité atteignait le chiffre de 1531 en 1960. Ils se répartissaient ainsi 955 à Beyrouth. 230 au mont Liban 187 au Liban Nord 84 au Liban Sud 75 dans la Bekaa Ce qui, pour une population de 1600000 habitants environ, représente un médecin pour 1 000 personnes. Ce taux est rarement atteint en Asie. Un certain contingent de ces médecins sont attachés au ministère de la Santé publique, soit dans les services généraux de Bevrouth, soit dans les directions régionales de la Santé, dans les vingt-quatre « caza » répartis dans les cina districts dont est composé le Liban. Les services de santé du Liban se trouvent placés en face de nombreux pro¬ blèmes, dont l’un des plus importants est la lutte contre le paludisme. Ils LE CANCER AU MOYEN-ORIENT 86 publient chaque année un rapport statistique. Celui de 1960, dont ils regrettent la brièveté et le caractère un peu sommaire, ne comporte malheureusement pas les données qui nous eussent été nécessaires pour notre étude sur le cancer. Nous verrons plus loin les nombres de mortalité générale établis par ces services L’HOSPITALISATION AU LIBAN HOPITAUX ET CLINIQUES. Le nombre total d’hôpitaux du Liban s’élève à 156, dont 16 dépendent du gouvernement et 21 sont des hopitaux privés comportant 2 326 lits réservés aux malades sous la tutelle de l’Etat, enfin 119 sont des hôpitaux privés où la Santé publique ne dispose pas de lits. La distribution par district de ces diff́rents hopitaux, pour l’année 1960. est la suivante (") : Le nombre total d’admissions de malades dans tous les hopitaux libanais a été de 52 047 en 1960, en très nette augmentation sur 1959 (47 410 admissions). Le nombre total de dispensaires était jusqu’en 1960 de 125: 40 à Bevrouth. 55 au mont Liban, 10 au Liban Nord, 6 au Liban Sud et 14 dans la Bekaa. (1) Annuat report of pitat and heath statistics for the vear 1960. Ministère de la Santé publique du Liban. Departmnent of vital and heaith statistics. LES STATISTIQUES STATISTIQUES MEDLCO-SOCIALES. Le Liban dispose d’un Centre International d’Enseianement de la Statistique sis à Bevrouth. Ce Centre qui entre dans le cadre du programme d’enseignement de la statis¬ tique de l’Institut International de Statistique a été fondé en février 1953. en collaboration avec le gouverncment libanais, l’Université Américaine et le Centre d’Etudes mathématiques et physiques de Bevrouth et avec l’aide des gouvernements français, anglais et américain : il se maintient grâcc à de nombreuses subventions. Il est doté d’une bibliothèque statistique, de salles de travail équipées de machines à calculer et de perforatrices. Les cours sont professés en français, en anglais et en arabe, par des professeurs à temps partiel, mis à la disposition du centre par l’Institut international de Statistiques, l’O.N.U, le B.L. T’. l’O M.S., etc. Les étudiants, au nombre de quarante pour un cycle de six mois et demi, sont astreints à des épreuves et à des examens fréquents, et après leur sortie, continuent à remplir périodiquement des formu¬ laires qui permettent au centre de les suivre dans leur nouvelle situation. Depuis sa création en février 1953, plus de deux cents étudiants de quinze pays différents, de l’Iran à la lunisie et au Soudan, de la T’urquie au Vémen ont bénéficié de l’enseignement de ce centre. Celui-ci n’est d’ailleurs pas unique¬ ment orienté vers les statistiques médico-sociales, mais il groupe toutes les branches de la statistique socio-économique. On constate malheureusement que le douvernement libanais n’encourage pas ses autochtones à suivre ces cours, de sorte que les statistiques, dans un pays doté d’un organisme apte à les faire progresser, sont encore à leur stade de début et apparaissent sensiblement en retard sur celles des pays du Moyen¬ Orient que nohs avons prospectés. DÉMOGRAPuIE. Au Liban, il n’existe pas de recensement de la population. Les derniers. chifres établis en 1953, d’après les déclarations des naissances et des décès. faisaient état de 1 416 000 habitants répartis en 53 0% d’hommes et 47 % de femmes. Depuis le début de 1950 le mouvement de la population est suivi et au début de 1962, une nouvelle appréciation de la population doit être effectuée. Pour le moment, on évalue la bopulation à environ 1 600 000 habitants. Les prochaines statistiques comporteront, pour la première fois, la répartition par sexe et par âge des habitants. 88 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT Le nombre de naissances enregistrées chez les garçons est supérieur au nombre enregistré chez les filles. On ne peut en tirer de conclusions sur les proportions exactes de sujets de l’un et l’autre sexe. En efet, les parents sont pressés de déclarer les garçons — surtout dans les famllies musulmanes, pour qui les garçons comptent plus que les filles, et qui attendent fréquemment de longs mois (voire quelques années) pour déclarer ces dernières. Celles-ci ont donc officiellement un àge inférieur à leur age réel, ce qui leur permet de dispose d’un plus long laps de temps pour se marier : MORTALITÉ GÉMÉRALE (). Le nombre total de décès enregistré en 1960 au Liban a été de 12471, alors qu’il n’était que de 8 468 en 1958. Cette augmentation est peut-être due à un meilleur enregistrement des décès. Mortalité aénérale, au Liban, par sexe pour les années 1959 et 1960 Ces décès sont sensibiement plus nombreux dans le sexe masculin, de sorte que la sex-ratio s’établit approximativement à 1. 1 : I pour l’ensemble du pays en 1960, alors qu’elle était de 1.2: 1 pour 1959. Selon les districts de fésidence, la distribution des d́cès a été la suivante : Le tableau 1 présente pour 1960 la répartition de ces décès par sexe d’abord. puis par tranches d’âge de 5 ans et 10 ans, deux sexes réunis. La proportion des hommes est un peu plus importante (51,1 %) et le nombre le plus élevé de décès s’observe à un àge re’ativement avancé (70-79 ans), ce qui laisse bien augurer de la longévité de la population. On peut cependant regretter que la mortalité infantile demeure importante (14, 1 2) chez les moins de 5 ans. mais il convient de remarquer qu’au Moyen-Orient des taux bien plus élevés encore sont courants dans certains pays (1) Annuat Beport or Vitat statisties for the Vear, 1960. Ministry of Public Heaith, p. 4. Tableau MORTALITE GENERALE AU LIBAN PA (1) Annual Report of Vital and Health Statistics for the vear 1960 - N PAR AGE ET PAR SEXE, EN 1960 (1) T. causent encore des ravages importants. (1) Annuail Report of Vitat Statisties for the Year, 1960. Ministry of Health. 60 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT La mortalité infantile, au-dessous de l an, enregistrée en 1960 s’élève à 867 dêces soit 7 2%, au lieu de 903 en 1959. En comparant la mortalité totale pendant ces deux années avec la mortalité infantile on note une diminution significative de cette dernière en 1960. On estime le taux de mortalité brut à environ 8 pour 1 000 habitants (1). Les principales causes de décès classées selon la nomenclature internationale sont les suivantes, par ordre d’importance : — 19 B 26. Artériosclérose des coronaires et mvocardite dégénérative........ 16 2% du total des décès — 20 B 45. Sénilité sans mention de psychose et 12 9% causes mal définies ou inconnues — 39 R 18 et B 19. Tumeurs maliones tumeurs benignes et de nature non spécifiée.. 11,5 % — 49 B 24. Lésions obstétricales, asphyxie et atélectasie post-natales.......... 9,5 % — 50 B 27 Autres maladies du cœur........ 9 9% — 60 R L. Tuberculose de l’appareil respiratoire 8,5 2% Il convient d’éviter toute conclusion hâtive, à la lecture de ce tableau, car les données n’ont été établies qu’à concurrence de 10 % de l’ensemble des décès cnregistrés au ministère de la Santé. Les 90 2% restants comportaient des erreurs ou même n’ont pas été signalés à l’Administration centrale. L’étude de la répartition détaillée des causes de décès est présentée dans le tableau I, pour les 10 % comportant une indication précise. C’est évidemment à partir de ce tableau qu’a été établie la répartition en six causes de décès principales, présentée ci-dessus. On remarque que, si l’ensemble des tumeurs (bénignes et malignes) représente 113 % du total desydécès, les tumeurs malignes seules n’y figurent que pour 6 6% (d’après le tableau 1I). Cette proportion est beaucoup plus faible que celle relevée en Europe Occidentale, ou, pratiquement, un décès sur cina est le fait du cancer. Il est vrai que l’on peut estimer que la proportion élevée de décès par sénilité ou causes mal définies (129%) cache certainement une proportion non négligeable de tumeurs malignes. Bemarquons enfin que la tuberculose pulmonaire demeure au Liban plus meurtrière que le cancer (8,5 2% des décès) et que les maladies infectieuses MORTALITE PAR CANCER. Comme nous l’avons vu, il n’existe sur la mortalité par cancer que des données fragmentaires et très succinctes dans le tableau de la mortalité générale (tablcau 1I), et il est impossible pour le moment de connaitre avec certitude le nombre ou la proportion de décès attribuables au cancer dans la population libanaise. Bornons-nous à rappeler que les tumeurs malignes se sont vu attribuer en 1960 6 %, de l’ensemble des deces. lors de notre mission. L I B A N 9 Tableau I (i). MORTALTE GENERALE AU LIBAN EN 1960 Répartition selon la nomenclature internationale (1) Renseignements fournis par le Ministère de la Santé du Liban, non publiés encore. MORBIDITE PAR CANCER. De même, il n’existe pas de statistique générale de morbidité hospitalière qui permettrait d’avoir une idée approximative de la répartition des tumeurs malignes au Liban. Cependant, il existe quelques sources de renseignements, dont l’intérêt n’est pas négligeable : — La statistique établie par l’Institut de Badiologie et de lutte contre le cancer de Bevrouth, établie d’après les cas observés et traités à cet Institut. 62 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT — L’étude statistique des cancers uro-génitaux du Service de chirurgie générale de l’Ilôtel-Dieu de France, pour une période de quinze ans. L’enregistrement des cas au Laboratoire d’Anatomie pathologique, dont son directeur, le professeur SAHYOUN nous a aimablement adresse un relevé pour l’année 1961, depuis notre retour de mission (tniversité américaine de Bevrouth). La statistique du Service de Radiologie de l’hopital de l’Université américaine de Bevrouth, pour les années 1956 à 1961, établie à l’ Institut national d’hygiène, grâce au relevé que nous a envoyé le docteur ISSA. Le travail réalisé par AZAR, d’après les relevés du Service d’Anatomie pathologique (section chirurgie) de l’Université américaine, pour une période de sept ans (janvier 1953 à janvier 1960). Nous regrettons que ces données n’aient pas le caractère d’homogénéité qu’exigent de telles statistiques et que le risque de duplication des cas soit important. 1. — UNIVERSITE FRANCAISE. a) Institut de radiotogie et de lutte contre le cancer. Nous ne pouvons mieux faire que de rapporter ici, dans son intégralité l’article sur « l’endemiologie du cancer au Liban », que le professeur PONTHIUS nous a adressé (ce dont nous le remercions vivement) en nous autorisant à le reproduire. Cette étude fort documentée apporte une contribution maieure à notre travail. Remarquons que cétte statistique, malgré son grand intérêt, n’est que le reflet d’une morbidité cancéreusé particulière, puisqu’elle ne concerne que les cas justiciables de la radiothérapbie (peau, sein, utérus, etc.), à l’exclusion de ceux dont l’état ou la localisation anatomique nécessite une intervention chirurgicale, c’est-a-dire la plupart des tumeurs viscérales (appareil digestif. poumon, etc.). SUR LENDEMIOLOGIE DU CANCER AU UIBAN por P. PONTHUIS et H. DOUAIHY Antérieurement (1), nous avions présenté quelques documents sur la fréquence du cancer au Liban et en Syrie, lci même nous pensons possible d’exposer sommai¬ rement quelques données concernant le cancer qu Liban. (1) P. PONTHUS et Th. MARQUN, Données statistiques sur le cancer qu Levant. RulL. Cancer, 35, 86, 1948. P PONTHUS. Données statistiques sur le cancer cutané au Levant, « Rey. Méd. Moyen-Orient », 5, 38, 1948. P. PONTHUS, Th. MARQUN, AGE BERRIR et H. ZAKHLA-DQUALUY, Coup d’œit sur le cancer au Liban, « BUIl. AC. Nat. Méd. », 141, 320, 1957. LIBAN 93 Bien que le Liban soit un pays petit et au nombre d’habitants peu élevé et bien qu’il n’existe pas de service de statistiques intéressant l’ensemble de la population, il nous a semblé que l’expérience de notre hôpital, l’Institut de radiologie et de lufe contre le cancer, est, dans une certaine mesure, valable car les malades qui y sont examinés et traités constituent un échantillonnage représentatif de la population libanaise étant donné que tous les malades assistés par le Gouvernement Y sont adressés. AU surplus, étant donné la composition ethnique du Liban, pays de passade et pays intermédiaire entre l’Orient et l’Occident, mais aussi pays peuplé à peu près à parties égales par des populations chrétiennes et musulmanes, l’étude même sommaire, de l'épidémiologie du cancer y revêt un intérêt certain. Il nous semble maintenant nécessaire de situer l’Institut de radiologie et de lute contre le cancer. Cet Institut est le centre le plus important de lutte contre te cancer de Beyrouth et une grande majorité de cancéreux du Liban s’y présentent pour consultation et traitement éventuel. Tous les malades de l’Assistance publique du Liban sont nécessairement traités à cet Institut. D’autre part, il y a un pourcentage important de la clientèle privée étant donné la réputation dont il jouit. Cependant, il faut noter que certains cancers chiruraicaux sont traités par leurs chiroraiens et ne sont jamais vus à cet Institut. ce déficit est équilibré par les malades des pays voisins qui vennent fréquemment pour consultation ou traitement à Bevrouth. Il est donc clair que nous n’avons pas la prétention de donner des chiffres corresoondant riqoureusement à la morbidité. Nos chiffres ne sont cependant pas loin de la vérité. Nous crovons qu’ils reflètent assez fidèlement l’incidence réelle du cancer au Liban. Les données suivantes comportent 8 500 tumeurs néoplasiques dont 254 Iympho¬ aranulomatoses malianes et 84 leucoses. Ces 8 500 malades ont consulté et recu un traitement à l’Institut de radiologie et de lute contre le Cancer, ls possédent donc des observations cliniques complêtes. Seuls les cancers du tube digestit (estomac, intestin arèle et côlon) ont élé en partie déduits des constatalions faites dans les services de radioloaie de cet Institut. Ceci explique leur nombre reld¬ tivement élevé. Le nombre des malades présentant une localisation aastro-intes¬ tinale qui reçoivent un traitement à l’Institut est relativement faible. Ce sont habituellement des malades qui sont ateints de lympho-sarcome vérifé hisolo¬ diqvement après intervention cnirvrdicale. LOCALISATION. Le tablequ A indique les localisations en fonction du sexe selon la nomenclature internationale des concers de 1952, Sur le tablequ Il ces localisations sont présentées par ordre de fréquence décroissante. On voit que le cancer du col utérin est le plus fréquent : 20 16 6% des cas. Vient ensuite le cancer de la pequ : 13,322, le cancer du sein : 10,570%, puis les tumeurs du système lymphatique e01 9%, (tableau B). Ces quatre localisations se partaaent à elles seules plus de la moitié des cas. 1o Le pourcentaae d’ateinte du col otérin opparait particulièrement éleve puisqu’il représente à lui seul 20,16 9% de l’ensemble des cancers et 38,13 %% des cancers de la femme. LE CANCER AU MOYEN-ORIENT 94 Tableau A RÉPARTITION SELON LA NOMENCLATURE NTERNATIONALE LI BA N 95 Tableau B RÉPARTITION PAR LOCALISATION ET PAR ORDRE PE FRÉQUENCE 96 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT En lran, une enquête récente a montré que cette localisation représentait seulement 8,2 9% des cas (). Au Maroc, tes chiffres sont très voisins des nôtres puisque le col utérin représente 12 2% de l’ensemble des localisations (). 29 Tumeurs cotanées : Le tiban est un pays tempéré où le soleil brille neuf ou dix mois par ap On serait donc tenté de croire que le cancer cutané y est plus répandu que dans les pays d’Europe où le ciel est souvent voilé. Sur un total de 8500 cas de cancers observés à l’Institut de radiologie et de lute contre le cancer de 1930 à 1961, les quteurs trouvent 1 144 cas cutanés ce qui représente environ 13,32 9% de l’ensemble des malades. Les proportions publiées dans les autres pays varient de 7.2 % (DUANY-PUENTE, Fréquence des cancers d’après leur localisation, le sexe et la race : Bull. Ass. Fr. du Cancer Paris, 1952) à 31 9% d’après DUCUING. Le cancer cutané ne parait donc pas plus fréquent au Liban qu’ailleurs. Le problème mérite cependant d’être étudié. Le cancer qu Liban n’est pas plus fréquent qu’ailleurs étant donné sans doute la forte humidité de l’atmosphère, qui ampute laraement le spectre des ravons UIV. Par ailleurs, l’atmosphère est particulièrement pure et limpide qu Levant du fait même des conditions climatiqves et qussi du fait de l’absence de toute pollution de l’atmosphère (plaine en littoral), montaanes et platequx bien veptilés, pas de vallée encaissée, pas de souillure de l’aimosphère par les fumées industrielles ou domestiques. 30 Les tumeurs maliqnes du sein viennent en troisième lieu par ordre d’impor¬ tance et représentent 10,57 % de l’ensemble des tumeurs, Elles ont atfeint 32 hommes pour 867 femmes. 49 Les tumeurs du système Iymphatique sont qu nombre de 511 cas soit 6.01 6% et viennent en quatrième lieu par ordre d’importance, Elles afteianent électivement les hommes qui représentent 363 cas pour 148 femmes. Onremarque que les tumeurs malianes des os Sont éaalement plus fréquentes chez les hommes : 88 cas pour 29 atteintes chez les femmes, tes sarcomes du lisu conloncif atejgnent 177 hommes pour 72 femmes. 5° Le cancer du tarynx s’inscrit en cinquième lieu avec 398 ateintes soit 4,67 0%. Cette locatisation est environ dix fois plus fréquente chez les hommes : 362 cas contre 36 femmes. 6° Si on aroupe ensemble les tumeurs de la cavité buccale : muqueuse des lèvres, lanque, plancher de la bouche et face muqueuse des joues, on obtient le chiffre de 672 cas soit 7.90 0% dont plus de la moitié sont localisées sur la face muqueuse de la lèvre inférieures VARIETES HISTOLOGIQUES. Le tableau C montre la répartition histologique de l'ensemble des cas rapportés dux deux sexes. (1) « Bulletin de l’Institut national d’Hyaiène », 1. 16, n° 4, pp, 669-691, 1961. (2) "Bulletin de l'Institut national d'Hygiène ", f. 13, n°1, pp.73-80, 1958 98 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT Pour les femmes il est de 2873 822 soit 0.07. Pour tes hommes il est de 663/2 522. — 026. La valeur moyenne admise pour l’Europe étant de 1/15 (0.05 à 0,1 soit une moyenne de 007) on voit que cet indice est normal pour les femmes, mais trois à quatre fois plus fort pour les hommes. Indice de sarcomatisation. — De nombreux quteurs ont sianalé que dans les pays tropicaux et subtropicqux, la proportion des sarcomes par rapport qux épithéliomas s’élevait et « tendait vers l’unité » (J. M. et J. MONTPELLIER), dans certaines zones tropicales et équatoriales, plus particulièrement en Afrique Noire. Ces mêmes auteurs rapportent en leur livre les données suivantes — en Europe on compte environ l sarcome pour 1R ̀ 20 épithéliomas; en Suisse, 1 pour 12 (RENAUD, 1239) : en Hollande, 1 pour 30 (DEELMAN, 1223): en Allemaane. 1 pour 40 (SCHAMONI, 1932). En outre, B. JOYEUX trouve, qu Tonkin, l sarcome pour 5,3 épithéliomas, C MOLIGTARDIER (Madaaascar) rapporte: sarcome pour 4 épithéliomas A. GEYER (cité par J.-M. MONTPELLIER et J. MONTPELLIER) compte l sarcome pour 3,6 épithéliomas : 13 sarcomes pour 25 épithéliomas en provenance de l’AE F, ont été étudiés par J.-M. MONTPELLIER. On sianale que la lympho-aranulomatose maliqne est relativement fréquente qu Liban : 254 cas soit environ 3 9% de l’ensemble des cas. Rapports avec l’̂de et le sexe. Les tablequx ci-joinis permetent de déqaaer certains points. A) 1° Moyenne des d̂des des cancéreux au Levant : L’Âde indiqué a été oblenu en prenant la moyenne des ades des cancéreux examinés, il a été calculé a'obalement, puis séparément pour les sexes et les diverses localisations. La moyenne des d̂des est de 48 ans lI mois (épithéliomas et sarcomes). On fixe l’âde ordinairement entre 55 et 60 ans en France, Il s’abaisse entre 43 et 45 ans en Indochine (J. BABLET-B. IOYEUX), à 40 ans à Madaaascar (G. MOUS¬ TARDIER): à 3 ans environ qu Cameroun (M. CHABEUE, cité par L-M MONT¬ PELLIER et J. MONTPELLIER). Il semble donc que le Levant, pays subtropical, occupe une place intermédiaire entre l’Europe tempérée et les pays tropicaux. 2° Moyenne des ̂des en fonction du sexe. Nos résultats indiquent : 49 ans et 7 mois pour l’homme et 48 ans et 5 mois pour la femme. Ce fait ne peut surprendre si l’on retient la arande fréquence des cancers du col vlérin et du sein. It correspond d’ailleurs à ce que l’on constate en Europe et en Amérique. B) Nombre de cancéreux en fonction du sexe. L’e tablequ A montre que sur 8 500 tumeurs malianes 4 007 hommes (soit 47, 149%) ont été queints contre 4 493 femmes (soit 52,86 2%). 32 cyrns prs onoops CNrIR d donds) Localisation en fonction de la religion 23 LIB A N 69 Ces nombres diffèrent peu de ceux que l’on admet aénéralement pour l’Europe. Des statistiques européennes, il ressort que les deux sexes sont frappés de manière sensiblement éqale par le cancer. C) Pourcentade de morbidité cancéreuse et retiaion. 3 000 cas de cancers aénitaux ont été étudiés sur le tablequ D en fonction de leur répartition selon la religion. Tableau D Le pourcentage parait netement supérieur chez les chrétiens, Il varie du sim¬ ple qu double. Bien que la population chrétienne du tiban soit éqale à la fraction musulmane. le nombre netement inférieur des musulmans observé pourait provenir de ce que ces derniers, résianés dans leur fatalisme et peu enclins à se confier à des médecins étrangers, renoncent fréquemment à se soumetfre à l’examen. Il est donc prudent de ne pas ajouter une foi totale à la valeur des pourcentages concernant chrétiens et musulmans. LA LUTTE ANTICANCEREUSE AU LIRAN : SON ETAT ACTUEL, SES BESOINS Selon nos chiffres comparés à ceux des statistiques internationales, le cancer au Liban est moins fréquent qu'en Europe et aux U.S.A. Nous estimons que l'indice 100 LE CANCER AU MOYEN-ORIENI de morbidité cancéreuse au Liban est probablement de l’ordre de 80 à 100 pour 100 000 habitants, ce qui fait que le nombre des cas nouveaux est compris entre 1 100 et 1400 par an. Les variétés de cancer que l’on rencontre qu Liban sont les mêmes qu’en Furope et aux U.S.A, mais le pourcentade de fréquence selon les localisations diffère sensiblement, Ainsi, les tumeurs du tube diqestif, si fréquentes dans les pays d’Europe sont beaucoup plus rarement observées qu Liban. Posons d’emblée que la lute anti-cancéreuse qu Liban devrait satisfaire qux trois exiaences fondamentales suivantes : — Propaaande et dépistade précoce : — Traitement et surveillance prolondée des pafients : — Recherche clinique et biostafistique. En examinant les termes de cete énumération, il sera aisé de faire l’inventaire de ce qui existe et de ce qui manque et d’établir sainement et à une juste échelle les besoins réels de ce pays. J. — PROPAGANDE ET DEPISTAGE PRECOCE. Voyons ce qu’il en est de ces deux termes : 1° La propaaande est presque inexistante, Le public ne connait que le nom de « ce mal qui répand la terreur » : pour lui ce nom est à coup sor un arrêt de mort. Le poblic n’est pas instruit des premières manifestations du mal : de la nécessilé de la quérison d’un cancer traile corectement en lemps vlile, de l'’otilité des seuls traitements classiques, de l’action néfaste des quérisseurs et des charlatans. en bref, il janore les vérités premières de la cancéroloaie. La propaaande doit être l’œeuvre principale de la Liqve libanaise contre le cancer. C’est à elle qu’incombe la lourde charde de l’éducation du public. Fondée en 1953. reconnue d’utilité pubtique en janvier 1954, cette association morit dans le silence son ofensive contre le cancer, Puissent sa cohésion et sa compétence, son esprit de décision et son dévouemant la faire œuvrer utilement. 20 Le dépistqge précoce, oraanisé sur le plan national par le ministère de la Santé publique, n’existe pas encore qu Liban. Des dispensaires avec consultations aratuites devraient être créés dans les divers camaicans (arrondissement) du pays : les consulalions devraient en être assurées par des médecins avant bénéficié d’une instruclion particulière en cancérologie, médecins appartenant qux équipes du centre anticancéreux ou au corps médical du mohafazat intéressé. Somme toute, ces dispensaires devraient être des anlennes avancées du centre anticancéreux. Rappelons que ce dépistage ne serait pas, pour diverses raisons, systémalique et destiné à tous les citoyens quel que soit leur état de santé mais bien réservé dux personnes croyant présenter un symptôme de cancer qu début. I1. — TRAITEMENT DU CANCER. Comme on le sait, il est essentiellement physiothérapique et chiruraical. L’hormo¬ nothérapie et chimiothérapie sont considérées actuellement comme étant parfois d’utiles adiuvants. 19 La physiothérapie du cancer comporte l’emploi des courants de haute fréquence, des ravons X, du radium et des isotopes radioactifs. La plupart de 1I BNIR 101 ces armes thérapeutiques existent déjà qu Liban et sous des aspecls techniques satisfaisanis. 2 ta chiruraie du cancer pose un délicat problème, Bien que le tiban compl d’excellents chiruraiens, il nY existe pas de chiruraien stridement spécialisé en cancéroloaie, La spécialisation est lonque et ardue : ici plus qu’ailleurs elle doif être basée sur une vaste et solide culture de chiruvraie aénérale. La chiruraie du cancer d progaressé comme celle d’autres domaines et à notre époque, rares sont les chiruraiens capables d’exécuter avec riqueur lardes exérèses du sein, lympha¬ dénectomies, pelvectomies, pharynaectomies. Nous souhaitons sincèrement qu’un lour nous applaudisions à la vente d’un tel spécialiste. Par ailleurs, il faudrait créer un service de chiruraie du cancer, destiné à recevoir les malades avant besoin d’une intervention ou d’un traitement mixte radiochiruraical. Un tel service devrait faire partie intégrapte du centre de lotle contre le cancer, et son chef appartenir à l’équipe de ce dernier. Il nous semble qu’un service de chiruraie rattaché qu centre de lute contre le cancer devrait comporter environ 40 lits. Ce chifre est basé, outre la multiplicité et la variété des bôpitaux au Liban, sur deux données : a) Seuls doivent être hospitalisés au centre de lutte contre le cancer les malades relevant d’une intervention réellement spécialisée, les qutres patients (tumeurs rénales, larynaées, diqestives, etc.), devant être admis dans les hôpitaux et services de chirurgie aénérale et spéciale. b) Des rensejanements qui nous ont été fournis à ce titre par le Secrétariat d’Etat de la Santé publique de France montrent les faits suivants : Nombre d’habitants : 42 369 000. Nombre de lits actuels : 1 757 soit 42 lits pour l million d’habitants. Nombre après extension : 2 285 soit 53 lits pour l million d’habitants. Ce dernier chiffre est un maximum car la population de la France est en voie d’quamentation continue, Il est possible de retenir pour ce pays le nombre moyen de 47 lits pour 1 million d’habitants. Au Liban, le nombre de lits nécessaires serait donc théoriquement de 66, mais il faut tenir compte de ce que l’indice de mortalité est inférieur à ce qu’il est en France : nous l’avons estimé entre 80 et 100 pour 100 000 habitants au tiban alors que les chiffres de l’O. MS, le fixent à 168 pour 100 000 habitants pour la France en 1949 (). « L’enquête effectuée par l’Institut national d’Hvaiène de France pendant les années 1951 et 1952 sur l’ensemble de la population du dépar¬ tement du Loir-et-Cher, fait apparaitre que le nombre minimum de nouvequx cas de cancer observés qu cours d’une année serait de 293 pour 100 000 habitants. Ramené à l’ensemble de la population métropolitaine, ce nombre donnerait 123 000 nouveaux cas de cancer par an, au minimum (E. AUIALEU, communication personnelle). L’indice de morbidité cancéreuse serait donc en France de 293 (Enquête Loir¬ et-Cher, 1951-1952) contre 90 (ordre de arandeur) au Liban. Le nombre théorique de lits nécesaires:66, devrait donc être réduit qu minimum dans la proportion des 90/168, ce qui donnerait environ 35. (1) l atejanait 182 décès pour 100 000 habitants en 1261 (indice de mortalité). par les médecins traitants. 102 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT C’est pourquoi il nous parait permis de proposer le chiffre de 40 lits comme devant satisfaire les besoins actvels d’un éventuel service de chirvraie du cancer. 30 l existe actuellement qu Liban des laboratoires d’anatomie patholoaique bien équipés en personnel et matériel : il y qurait tout qu plus lieu d’quamenter la potentialité de certains d’entre eux afin d’accroitre leur rendement. 40 la surveillance prolongée des malades est bien assurée. C’est ainsi entre qutres, que les malades de l’Institut de radiologie et de lutte contre le cancer sont astreints à une surveillance qussi stricte que possible. Munis de cartes portant leur nom, leur adresse, le numéro de teur dossier, les dates des consultations, ils se présentent réqulièrement à des visites de contrôle et sont ainsi suivis pendant plusieurs années. Rares sont ceux qui par néaliaence ou par janorance ne se sou¬ mettent pas à cette rèale. C’est pour ces derniers que le manque d’assistantes sociales se fait le plus lourdement sem LIL. — RECHERCHE CLINIQUE ET BIOSTATISTIQUE. Ce qui précède nous dispensera d’insister sur deux points importants : lo Recherche clinique. — La recherche cancérologique pure, systémalique. orqanisée, sans application médicale immédiate et pratique, ne peut pas être entreprise par un pays dont les ressources sont limitées, Faire appel à l’étranaer pour créer un tel centre de recherches conduirail, croyons-pous, en ce domaine si hautement spécialisé et si profondément ardu, à diluer et à noyer l’élément local dans un ensemble anonyme et artificiel. Rappelons combien sont parsemés. de par te Monde, les instituts où se pratiquent les véritables recherches sur, le cancer. Par contre la recherche clinique au lit du malade, ta bonne observation des diverses formes de cancer, de leurs anomalies symptomatiques et évolutives. la vérification nécropsique et microscopique des lésions, leur étude approfondie et la communication des observations ainsi faites aux sociétés savantes constituent la marque d’une bonne et honnête besoqne, difficile à bien effectuer mais profitable à tous. 20 Recherche biostatistique. — Elle a été défnie ci-dessus : bien qu’une telle enquête ne donne pas, même menée sur le plan national, des résultats indiscutables, son ufilité n’est pas contestable. Alors qu’a Bevrouth existent deux centres d’études statistiques et nombre de mathémaiciens spécialisés, il y qurait peu à faire pour que le ministère de la Santé poblique fasse démarrer une enquête nationale. Le point de départ à l’aboutissement d’une telle investiaation doit être le ministère en connexion étroite avec le centre de lute contre le cancer, les dispensaires afeclés au dépistqde et les hôpitaux dénérqux. Par ailleurs, pourront concourir à l’amélioration des résultats de l’enquête nationale, d’une part, quelques assis¬ tantes sociales chardées de retrouver les malades qui se soustravent à la surveillance du centre de traitement, et d’autre part, l’exactitude des certificats de décès établis l es raisons de luder contre le cancer sont muliples. Cette lutte est un Apre combat mené sur plusieurs fronts. Depuis très lonatemps, peut-être depuis qu’il Y a des hommes sur terre, en tout cas depuis des millénaires, le cancer frappe sournoisement et lue sans considération d’espèce, de race, de sexe, d’âde. LIBAN 103 Il a été trouvé des momies appartenant à la IVe Dynastie dite de Giseh, remontant donc à 2 700 et 2 200 ans avant l’ère chrétienne et dont certaines présentaient des tumeurs osseuses vérifiées à la radiographie. On possède d’anciens manuscrits. tels le papyrus découvert par l’éayploloque Georges EBERs datant de 1500 avani J.-C., lels qussi les premiers documents médicaux indiens et persans, qui mention¬ nent les « tumeurs ulcérées ». Dans les pades flétries des vieux auteurs, depuis Galien jusqu’à Xavier Bichat, fiqurent nombre de descriptions de tumeurs mais le maitre reste Hippocrate qui, d’une plume que l’on pourrait croire aciuelle, a laissé des tablequx dont le femps a respecté la couleur. Le nom aénéral que le maitre de Cos choisit : Karcinoma, carcinome, crabe, symbolise bien le cancer si l’on songe à la voracité de l’horrible crustacé et de l’effroyable cancer dévorant à qui mieux mieux les fissus selon les tortures les plus raffinées. En pays arabes, triomphant du crabe, l’écrevisse a donné son nom aux tumeurs cancéreuses, tout comme, avec une majuscule elle peut le supplapter dans le Zodiaque et désigner le signe du Cancer Quoi qu’il en soit, les crustacés décapodes ont la charde de fiqurer le cancer dévorant depvis bientôt 2 500 ans, et, de nos jours, le crabe fiqure, imqde d’Epinat. sur les tracts de propaaande édilés par les liques contre le cancer. On concoit ainsi que la perspective d’être rondé, dans les conditions les moins confortables. par un mal implacable qui s’étend localement et qui essaime à distance puisse répandre la terreur, tout comme le firent les arands fléqux du Moyen Ade, mais qussi, déctencher la résistance systématique à son aaression. Des raisons précédentes découlent les trois modalités de la arande bataille du cancer : 19 le ne ferai que citer ici la louable émulation des nations pour l’étude théorique de ce mal et la recherche de ses causes. Des efforts prodidieux sopt déployés. des sommes considérables sont dépensées dans les laboratoires de recherche. Plusieurs poinls concernant certains capcers des animaux, les daents cancéridènes. la transmission, l’hérédité de cette maladie sont connus, et un jour viendra où la lumière sera faite. Mais s’il est certain que le cancer sera vaincu, croire qu’une réaction permetant le diaanostic ou qu’un remède, un sérum souverain seront découveris serait se leurrer, Il faut actuellement, sans espérer une victoire reten¬ lissante, continuer une lutte méthodique et tenace. 29 Les traitements efficaces des tumeurs restent les mêmes qu’il y a vinat ans. Seules, la suppression électrique, l’exérèse sanalante ou la destruction par les ravons peuvent amener la quérison et encore faut-il que le traitement soit précoce et correctement effectué. La compétition qui existe entre ces diverses méthodes thérapeutiques est saine car elles ne s’appliquent pas, le plus souvent, qux mêmes tumeurs. Chacune enaendre l'espoir et peut quérir, seule ou associée qux qutres. Lorsque quérir est impossible est-il possible de soulager " Peut-on être utile tout en restant humain jusqu’qu bout, jusqu’à l’instant ou it faut capituler : La fin des cancéreux perd actuellement un peu de son horreur, mais elle reste tror souvent une telle somme d’indicibles misères que l’on peut se demander s’il est humain de prolonaer de quelques jours ou de quelques heures le martyre d’une crédture dont la mort est médicalement sre et prochaine ? Reconnaitre, comme le Code pénal suisse parait délà l’admetre, le « droit de mourir » voire même l’« assistance au suicide » n’est pas recourir e l’euthanasie dont le monde entier a discuté en 1950 lors du procès du docteur H. SANDER qui, à Manchester, dans le New Hampshire avoit libéré une misérable cancéreuse. Au Moyen-Orient, les traitemenls classiques du cancer peuvent être fort bien appliqués, qu’ils soient chiruraicaux ou radiothérapiques, hormonauxou chimiques. 104 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT Quelques formations hospitalières se rapprochent plus ou moins de la structure des centres anticancéreux, c’est le cas notamment de l’Insfilut français de radiologie et de lutte contre le cancer dont le statut est calqué sur celui des centres français similaires. Pour que l’organisation anticancéreuse atteigne la perfection qu’elle pourrait avoir, quelques directives pourraient être formulées : d’autre part, spécialisation hardie de quelques chirurgiens, complément de l’outillage radiologique, utilisation des corps radioactifs artificiels, dont il ne saurait être question d’ailleurs d’attendre des merveilles. D’autre part, création d’un corps d’assistantes sociales pour établir une liaison entre les malades et l’échelon de traitement : création, en province, de consultations avancées de dépistage et de surveillance, ouverture d’un fichier du cancer et mise en train d’une enquête permanente du cancer. Les concours ne manqueraient pas pour avancer sur cette voie : instituts spécia¬ lisés déjà existants, avec leur personnel et leur matériel, leur expérience et leur dévouement, Piles atomiques des amis du Liban et des pays du Proche-Orient. Section libanaise de l’Union internationale contre le cancer, fondée ̀ l’automne 1953, reconnue d’utilité publique en janvier 1954 qui morit, lentement. dans le calme et la discrétion, son plan d’action. Enfin ministère de la Santé publique dont les dirigeants peuvent encourager, coordonner, amplifier ce qui se fait déjà. comme créer des moyens nouveaux et les confier aux hommes compétents. Tout récemment (1962) le professeur PONTHUS a fait paraitre une étude complémentaire sur la lutte anticancéreuse au Liban. Ses conclusions sont évidemment superposables à celles exprimées ici. Nous en extrayons cepen¬ dant les grandes lignes suivantes qui précisent la valeur du «risque cancer » au Liban. « En 1962 (1), 8 500 dossiers de cancéreux traités à l’Institut français de radiologie et du cancer de Beyrouth avaient été dépouillés : ils comportaient l’immense majorité des cancéreux du Liban examinés ou traités par les moyens physiques mais ne tenaient pas compte des cancers viscéraux. Même avec cette déduction, l’indice de morbidité cancéreuse atteignait 120 p9 100000 habitants. » b) Service de chirurgie générale de l’Hôtel-Dieu de France. A la suite de divers échanges de vue, le docteur ATALLAH nous a remis ce travail sur sa spécialité génito-urinaire, Intéressé par notre enquête, il nous a même proposé de faire collationner tous les cas de cancer hospitalisés à l’Hotel-Dieu, de janvier 1950 à janvier 1962. En voici le relevé, que leur envoi récent ne nous permet pas de commenter (1) P. PONTHUS et H. DOUAIHY, Sur l’épidémiologie du cancer au Liban, Journées médicales du Proche et du Moyen-Orient, Athènes (22-2% octobre 190 Rey, méd. Mouen-orient, 19, n° 22, 1962. 105 1I 8A Total des cas de cancer : 435 sur 24 720 sujets hospitalises de Janvier 1950 à Janvier 1952. ETUDE STATISTIOIE DES CANCEPS LIRO-CÉNITAUX DU SERVICE DE CHIRURCIE CÉNVÉBAIE DE LHOTEL-DIEU DE FRANCE (BEYRQUTI SUR UNE PÉRIODE DE 15 ANS oor F. ATALAH et H. INGFA Nous reporterons d’abord dans un tablequ aénéral le nombre de cas qui ont été relevés. 106 LE CANCER AU MOYEN-ORENT De l’étude de ce tableau, il apparait que : lo Les tumeurs urinaires sont plus fréquentes que les tumeurs aénitales. 29 Parmi les tumeurs aénitales, le cancer le plus fréquent chez l’homme est celui de la prostate, et chez la femme, celui du col de l’utérus. 30 Parmi les tumeurs urinaires, les tumeurs vésicales sont les plus fréquentes. Nous insisterons au cours de ce travail, plus particulièrement sur les néoforma¬ tions prostatiques, rénales et vésicales. L. — CANCER DE LA PROSTATE. Parmi les cancers aénitaux de l’homme, le cancer de la prostate est le plus fréquent. En effet, nous en trouvons vinat cas, avec un maximum de fréquence entre 6́0 et 75 ans avec une pointe vers 65 ans. Le diaanostic a été porté dans la majorité des cas par le toucher rectal, quatre fois seulement à la suite de métastases vertébrales et une fois après intervention. Quant qu traitement, la thérapeutique œestroaénique a été presque toujours instituée et associée, dans les cas de rétention d’urine, à des résections. endoscopiques. Il nous est impossible de parler de la survie puisque nous ne revovons prati¬ quement plus ces malades en raison du fatalisme si naturet au monde arabe. I. — CANCER DU REIN. Mous réunissons seize cas qui se répartissent ainsi : — Huit cas chez les hommes, dont un chez un nourrisson de 2 mois. — Huit cas chez les femmes, dont un chez une epfant de 5 ans, l’âde moyen variant de 40 à 75 ans. Les siqnes diniques les plus fréquents qui nous ont permis de poser le diaanostic sont : 19 Tumeur - Uroaraphie intra-veineuse — 8 cas. 20 Douleur 1- Hématurie — 8 cas IlL. — CANCER DE LA VESSIE. Il est le plus fréquent. En effet, nous en réunisons 50 cas : 3 hommes. 17 femmes, répartis de la façon suivapte : soit de l’uretérostomie bilatérale. LI R AN 107 On constate que le maximum de fréquence se situe entre 40 et 70 ans (ara¬ phiqve A). Une deuxième courbe (araphique B) nous permet de confronter la fréquence chez les hommes et les femmes, et de mettre en évidence un maximum de cas masculins entre 40 et 70 ans et un maximum de cas féminins entre 50 et 60 ans. Macroscopiquement, la forme la plus fréquente est la forme tumorale. Dans notre statistique nous avons incorporé les papillomes, élant donné la fréquence de leur dégénérescence et leur fréquente apparition à l’âge moyen de la vie. Le traitement. La majorité des cas a été traitée de la façon suivaple : 1° Cystostomie 1 Résection de la tumeur au bistouri électrique t- Pose de Radium par Ballonnet de Dardet : 20 Quelqves cystectomies partielles pour tumeur du plafond et des faces lalé¬ rales, suivies de Cobaltothérapie : 39 Cas inopérables, relevant soit de la sonde à demeuvre, soit de la cystostomie. 168 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT L — UIMIVERSITÉ AMÉRICAINE. a) Laboratoire d’anatomie patholodique (1961). Le tableau III qui nous a été adressé par le docteur SAHIYQUN, professeur d’anatomie pathologique à l’Université américaine, présente la répartition histologique des cas de cancer, en fonction de la localisation. Toutes les pièces ont été examinées dans le laboratoire de cette Université, en 1961. Sur un total de 4 540 prélèvements, 554 se sont révélés cancéreux. Il y avait 471 épithéliomas et 83 sarcomes, ce qui donne une proportion de 6 épithéliomas pour 1 sarcome. Dans cette statistique, la localisation cutane occupe la première place et représente le quart des cas (24,7 0%): l’appareil digestif, le système réticulo¬ endothélial et les organes génitaux féminins se partagent la deuxième place (chacun, pour environ 15 26). On constate donc de très grandes divergences avec les données de l’Institut de radiologie, ou le cancer du col utérin occupe le premier rang (20, 16 0% des cas) et la peau seulement le deuxième (13,32%) quant à la localisation réticulo¬ Tab) RÉPARTITION HISTOLOGIQUE DES CAN Hopital de l’Université Service d’anate CERS EN FONCTION DE LA LOCALISATION ne viennent que très loin derrière (8,3 9%), ne dépassant qu’à peine les tumeurs 110 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT endothéliale qui représente ici 14,8 0% des cas, elle est deux fois et demie plus fréquente qu’à l’Institut de radiologie. Il est inutile d’insister sur le caractère arbitraire d’une statistique à visée épidémiologique portant uniquement sur des pièces d’anatomie pathologique. Les prélèvements cutanés qui sont faciles à faire y tiennent évidemment la plus grande place, alors que les tumeurs digestives, d’accès techniquement plus dificile n’yoccupent pas la place importante qui est la leur dans la morbidité par cancer. De même, on peut s’étonner de la proportion élevée de tumeurs du système réticulo-endothélial (14,8 9%), mais on doit tenir pour certain que les adénopathies primitives et secondaires y ont été incluses. Au total, on doit surtout retenir de l’examen de ce relevé la notion que les épithéliomas cutanés apparaissent comme assez fréquents au Liban. b) Service de radiothérapie de l’hôpital. Le docteur ISSA, à bien voulu nous communiquer le relevé des cas de cancer observés dans son service de radiologie, soit au total 651 cas, de juillet 1956 à juin 1961. Ils se répartissent de la façon suivante : 159 de juillet 1956 à juin 1957 135 de — 1957 à — 1958 109 de — 1958 à — 1959 123 de — 1959 à — 1960 125 de — 1960 à — 1961 Le nombre de malades traités dans ce service, depuis l’année 1956-57 n’a pas augmenté, en raison de l’arrivée au Liban de chirurgiens spécialisés en oto-rhino-laryngologie, en chirurgie plastique, etc., qui ont opéré certaines formes de cancer, les formes cutanées entre autres. D’autre part, le nombre limité d’appareils ne permet pas de traiter plus de vingt malades par jour, chiffre d’ailleurs rarement atteint, du fait, qu’en général. un même malade subit chaque jour une irradiation sur plusieurs champs (avec la bombe au cobalt, qui fonctionne depuis mars 1962). Il y a maintenant possi¬ bilité de traiter un plus grand nombre de malades. Le docteur ISSA nous a avertis du risque de duplication des cas, le même malade pouvant figurer dans le relevé de différentes années, en raison des séries de traitement qui ont pu lui être appliqués à des périodes différentes. Tout récemment, il nous a fait savoir que sur ses 650 cas, 42 se sont trouvés inclus dans les statistiques d’années différentes. Les cas traités ont été, pour la grande majorité, vérifiés par biopsie. L’Institut national d’hygiène a tiré de ces données le tableau IY (gra¬ phique 11). Le total des cas y est à peu près équivalent dans les deux sexes (330 et 321), mais il est malheureusement trop faible pour permettre d’apprécier convenablement la fréquence relative des localisations rares (langue, plancher de la bouche, prostate, etc.). pour les deux sexes réunis — et plus encore chez l’homme — ce sont les adénopathies malignes primitives (120) qui apparaissent comme les tumeurs les plus fréquentes (18,4 9%). Il est bien surprenant que les tumeurs cutanées LI R AN 111 Tableau Iy REPARTTION DES CAS DE CANCER SELON LA LOCALISATIR Juillet 1956 à Juin 1961 service de Radiothérapie de l’hopital de l’Université Américaine (Bevrouth). 114 tE CANCER AU MOYEN-ORIENT peut manquer d’être surpris du nombre élevé de tumeurs malignes observé chez les jeunes de 1 à 19 ans, dans le sexe masculin (40 sur 330, soit 12 9%). Le taux de fréquence sinfléchit ensuite et reste asez bas entre 30 et 40 ans. Il remonte rapidement ensuite pour atteindre son maximum après la cinquan¬ taine mais, si au lieu du nombre de cas, on portait en ordonnées le taux de fréquence pour 100 000 habitants du groupe d’âge considéré, la courbe, au lieu de s’infléchir rapidement après 60 ans, prendrait, au contraire, une allure ascendante : comme dans presque tous les pays, le « risque » s’accentue ici avec l’âge. Il serait intéressant de connaitre la localisation qui vaut ce surcroit de morbidité aux jeunes. Il est certain qu’on n’observerait pas une proport aussi élevée en Europe Occidentale. c) Laboratoire d’anatomie pathotogique de l’HIniversité améri¬ caine (pièces opératoires), de 1953 à 1960. Bien que les données portent sur des années antérieures à celles émanant du même laboratoire (1961), nous les présentons en dernier lieu, car nous ne les LI BA N 115 avons pas recueillies nous-même mais nous les avons extraites de l’article « Cancer in Lebanon and Middle East » de H. AZAR () Elles portent sur une période de sept années, de janvier 1953 à janvier 1960 et reposent sur un ensemble de 2 845 cas de cancer diagnostiqués d’après des pièces opératoires ou des biopsies examinées au laboratoire d’anatomie patholo¬ gique américain. Ces 2 845 cas se décomposent comme suit : — pìces opératoires de malades de l’hopital de l’Université américaine et de la consultation externe: 1 541 cas dont 900 masculins et 640 féminins. — pièces opératoires de malades d’autres hôpitaux et cliniques : 1 304 cas dont 631 masculins et 673 féminins. Le tableau VI (graphique, 13) concerne le sexe masculin et porte sur un ensemble de 1 532 tumeurs : les cas relevés dans le sexe féminin (tableau VII et graphique 13) sont sensiblement moins nombreux (1 313 cancers) et provien¬ nent pour moitié de l’hôpital de l’Université américaine et des autres centres hospitaliers. En revanche, les deux tiers des cas observés chez l’homme proviennent de l’hopital américain. La localisation cutanée apparait, ces dernières années, comme la plus impor¬ tante, alors qu’au cours des années 1926-1940, elle n’occupait que le deuxième rang, immédiatement après les lymphomes. Cette prédominance des tumeurs cutanées — deux fois plus fréquentes chez l’homme que chez la femme (tableaux VI et VII) — est liée pour une part à l’orientation histologique du service d’anatomie pathologique : les cancers de la peau sont d’un accès facile et les biopsies en sont faites systématiquement avant aiguillage La notion la plus remarquable est la fréquence exceptionnelle des tumeurs du système lymphatique et hématopoiétique : 238 cas sur 1 532 soit 15,5 76. 30 sur 350 cas (8,6 22) étaient des lymphomes malins du tube digestif. Les leucémies n’entrent ici que pour une faible part (13 cas), du fait que les hémo¬ pathies sont diagnostiquées habituellement dans le sang par des laboratoires d’hématologie. (Une moyenne de huit nouveaux cas de leucémie, dans tous les groupes d’age, sont diagnostiqués chaque année à l’Université américaine d’après AZAR.) Il s’agit donc bien d’un taux de fréquence des tumeurs lympha¬ tiques plus élevé qu’en Europe. Ces tumeurs comprennent vraisemblablement outre là maladie de HIodgkin (35,7 2% du nombre des lymphomes malins), les lympho-et réticulosarcomes, la maladie de Brill-Simmers, êtc., une proportion non négligeable d’adénopathies secondaires à des tumeurs primitives inconnues. La nomenclature de ces tumeurs est, en France, franchement séparée (198 au lieu de 206). Ces métastases ganglionnaires dont il est parfois fort dificile de retrouver le point de départ viennent certainement grossir la proportion des lymphomes malins observés au Liban. Il n’en reste pas moins que ces derniers sont ici plus fréquents qu’en Europe, ainsi qu’on l’observe souvent dans les statistiques d’Afrique Centrale et que nous l’avons observé en lran. AZAR signale que la fréquence apparemment élevée de lymphomes malins, au Moyen-Orient, chez les jeunes a déjà été notée par FIZZLI (J. Mled. LibaR, 8, 13-36, 1955). Le sexe masculin est ici plus particulièrement atteint (sex-ratio H. F: 2: 1). Comme dans la plupart des pays, les tumeurs des voies aériennes s’observent également avec prédilection chez l’homme. (1) Cancer, 1571, Dp, 66-77, 1962. Tableau 11RAN 119 Les cancers buco-pharyngé, bronchopulmonaire et laryngé y sont représentés dans des proportions très voisines. Leur ensemble constitue près du quart des tumeurs masculines. Il est frappant de remarquer que leur fréquence a presque doublé (décuplé pour le poumon), en 25 ans, ainsi qu’il appert de la confrontation avec les statistiques de 1926-1940. Ce phénomène n’est évidemment pas propre au Liban, il est d’cbservation quasi universelle. Un meilleur dépistage des épithéliomas bronchopulmonaires et une augmentation certaine du tabagisme expliquent, pour une grande part, cette évolution. La place relativement réduite occupée par les tumeurs digestives dans ce tableau VI ne correspond évidemment pas à un taux de fréquence anormale¬ ment bas, mais elle est simplement liée à la difficulté de leur exérèse-biopsie qui nécessite uue laparotomie (sauf pour le rectum). On ne peut donc parler ici de données épidémiologiques, mais simplement d’un bilan d’activité du laboratoire d’anatomie pathologique. Il est cebendant surprenant de voir les conjonctivomes (os et tissus mous) atteindre une fréquence presque identique à celle des tumeurs gastriques. Leur abord chirurgical étant assez souvent dificile, on peut penser que la fréquence réelle de ces tumeurs est particulièrement élevée, au Liban. La proportion élevée des localisations non spécifiées (plus de 15 6%) interdit de pousser plus avant l’interprétation de ces chiffres. Dans le sexe féminin (tableau VII et graohique 13), il semble qu’on relève des différences moins marquées avec les pays de l’Europe Occidentale, puisque les tumeurs mammaires et cervico-utérines occupent, comme en France, les deux premiers rangs. La fréquence des cancers du sein est même remarquable, puisque cette localisation représente près du quart de l’ensemble, et ceci est également vrai, au cours des années 1926-1940. L’écart entre les épithéliomas du sein et ceux du col utérin semble plus marqué qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Ainsi que nous l’avons signalé, le cancer de la peau menace deux fois plus l’homme que la femme, sans doute parce que celle-ci est moins exposée à l’iradiation solaire. Les tumeurs lymphatiques et digestives sont également moins fréquentes chez la femme, mais c’est surtout dans la localisation bronchopulmonaire que la différence est marquée (2,4 9% contre 7,2 9%, soit une sex-ratio de 1: 3). Cette localisation était pratiquement inconnue dans le sexe féminin, il y a 25 ans. Il est à noter que les localisations non suécifées sont trois fois moins nom¬ breuses chez la femme que chez l’homme, ce qui donne davantage de validité à l’interprétation des tableaux. Le tableau VIII (graphique 14) qui présente pour les principales localisations les formes histologiques les plus habituelles n’a en réalité, qu’un intérêt réduit. précisément en ralson du falt qu’il ignore presque systématiquement les aspects bistologiques moins fréquemment "rençontres, Par ailleurs, il précise tro souvent la localisation anatomique (foic, pancréas, etc.), sans indiquer la nature histologique de la tumeur. Pour certaines localisations, cebendant, on releve quelques spécitications anatomo-pathologiques : — 22 adeno-carcinomes broncho-pulmonaires contre 106 épithéliomas spino¬ cellulaires, soit 1 pour 5. PENDANT LA PERIODE 1953-1960 LE CANCER AUL MOVEN-ORIEN 120 Tableau VHI TUMEURS MALIGNES DIAGNOSTIQUEES DAN LE SERVICE D’ANATOMIE PATHOLOGIQUE (section chirurgicale) de L’UNIVERSTE AMERICAINE (Ecole de Médecine de Bevrouth). LIBAN 121 Tableau VIH (suite). TUMEURS MALIGNES DIAGNOSTIQUEES DANS LE SERVICE D’ANATOMIE PATHOLOGIQUE (section chtrurgicale) de L’UNIVERSTE AMERICAINE (Ecole de Médecine de pevroutn PENDANT LA PERIODE 1953-1960 d’après AZAR 122 LE CANCER AU MOYEN-OBIENT 10 adéno-carcinomes du col utérin contre 177 épithéliomas spinocellulaires, soit l pour 18. les cancers cutanes, en revanche, donnent lieu à des précisions intéressantes : on remarque que, si pour les localisations céphaliques les épithéliomas baso-cellulaires sont de loin les plus fréquents — ils représentent plus des deux tiers de l’ensemble — il en est tout autrement pour les tumeurs du tronc et des membres ou la forme spino-celulaire est beaucoup blus fréquem¬ ment rencontrée (dans plus de la moitié des cas). Ceci semble bien confirmer l’hypothèse selon laquelle les irritations cutanées (irradiations solaires. poussières minérales, etc.) favoriseraient le développement d’épithéliomas baso-cellulaires — surtout chez les vieillards —- alors due les régions cutanées protégées par le vêtement seraient plus volontiers le siège d’épithéliomas spino-cellulaires. Il faut également remarquer quc les nacvocarcinomes. rares au visage (4 cas sur 286) représentent un tiers des tumeurs malignes du tronc et des membres où ils sont, par conséquent, beaucoup plus fréquents que les épithéliomas baso-cellulaires. les tumcurs du système nerveux assez nombreuses où prédominent nettement astrocytomes (un tiers des cas) et schyannomes. les Iymphomes malins, entin, dont nous avons déjà signalé la fréquence élevée. Sur un total de 318 tumeurs ganglionnairès primitives on relève 193 lympho-reticulosarcomes, soit 62 %. Les 38 9% restants sont représentés par la maladic de lodokin. Il est certain que le pronostic fatal de ces adénopathies malignes primitives incite les médecins à orienter leurs irane (18,5 22). Ccla correspondrait-il à des habitudes alimentaires particulières : LLRA N 123 vers les centres spécialisés où l’on a quelques chances de prolonger leur survie. Le tableau IX (graphique 15) présente la répartition par tranches d’âge de 10 ans des 901 cas de cancer observés chez l’homme à l’hopital américain de Bevrouth. Les chiffres n’ont de valeur que pour les quatre localisations les plus fréquentes, ils reposent sur un nombre insuffisant de cas pour les autres. A part les Iymphomes et leucémies dont la répartition est assez homogène dans tous les groupes d’âge, on observe en général, un maximum de fréquence pour une tranche d’âge donnée qui varie selon la localisation : chez les sexagé¬ naires pour la peau : entre 41 et 60 ans, pour la cavité buccale : entre 51 et 70 pour les voies respiratoires (larynx et poumons). On remarque que pour les tumeurs du systême nerveux la fréquence la plus élevée s’observe chez les jeunes enfants de l à 10 ans et cela est vrai dans les deux sexes. Pour l’ensemble des cancers le maximum de frquence s’observe après la cinquantaine (51-60 ans). Le tableau X (graphique 15) concerne le sexe féminin ou les cas sont d’ailleurs sensiblement moins nombreux (640 au lieu de 901). Là encore c’est après la cinquantaine qu’on observe le plus grand nombre de cas. Comme chez l’homme cette répartition n’a de valeur que pour les trois loca¬ lisations les plus fréquentes : — le sein, dont la fréquence maximum s’observe dans le groupe d’âge 41-50 ans, avec une courbe de répartition en cloche presque parfaite. le col utérin, où on note un décalage de dix années vers les âges élevés. de même d’ailleurs que pour les autres organes génitaux. On remarquera que — comme pour le sexe masculin — les lymphomes malins ont une répartition assez homooène, frappant toutefois avec une légère prédilection les femmes au-dessous de 30 ans. Le tableau XI, où ont été condensées, pour le sexe masculin, diverses notions qui pourraient intervenir dans l’étiologie de certaines localisations, est — au moins pour les deux premières rubridues — d’une interprétation difficile et incertaine. Deux raisons, au moins, y contribuent : les échantillonnages de population cancéreuse ne sont nullement repré sentatifs de la morbidité au Liban. le calcul des taux de fréquence en fonction des données démographiques n a pu être réalisé. On peut cependant essaver de dégager quelques remarques, sans perdre de vue les restrictions ci-dessus. Il est assez surprenant que les malades non libanais soient un peu plus nombreux (466) que les Libanais (435). Selon AZAB, ceci tient peut-être au fait que les Libanais sont plus susceptibles d’être hospitalisés pour dés états mineurs ou non cancéreux que les personnes habitant hors du Liban (en grande majorité. Syriens, Jordaniens et Palestiniens). Les musulmans semblent fréquemment atteints de tumeurs de la cavité buccale et surtout du tissu conionctif (os et tissus mous) qui représentent 11 % de tous les cancers (2 9% en moyenne en Eurobe Occidentale). Les Arméniens présentent une proportion élevée de cancers gastriques LE CANCER AU MOYEN-OBIENT 124 Tapleau IX DISTRIBUTION DE 901L CAS DE CANCER, CHEZ L’HOMME, PAR GRQUDES D'AGE: d’après 2hert AZAR pense que l’épicage généreux des aliments avec du poivre rouge chaud pourrait peut-être jouer un certain rôle. Les chrétiens non arméniens seraient plus fréquemment atteints du cancer du larynx (14 9%). Il est certain que le tabagisme est beaucoup plus répandu chez les chrétiens que chez les musutmans. Il est difficile de tirer d’utiles conclusions de la répartition des cancers en fonction de l’état socio-économique : on peut seulement remarquer que les tumeurs cutanées sont proportionnellement beaucoup plus fréquentes chez les malades de condition modeste (salles) — où elles représentent un sixième de l’ensemble — que chcz les malades plus aisés, où elles représentent seulement le treizième. L’hvgiène insufisante de la peau et les conditions de travail au soleil expli¬ quent sans doute, en partie, cette particularité. Cette influence de la condition socio-économique se retrouve d’ailleurs dans de nombreux pays. Les mêmes remarques s’appliquent d’ailleurs à la localisation bucco-pharyngée beaucoup plus fréquente dans les « salles ». L’hygiène bucco-dentaire à peu près inconnue dans les milicux pauvres n’y est sans doute pas étrangère. LI B A N 125 Tableau X PISTRIBUTION DE 640 CAS DE CANCERS, CHEZ LA FEMME, PAR GRQUDES D'AGE: d’après AZAR Le rôle du tabac — étudié en fonction des quatre catégories pour chaque localisation — apparait ici sous un aspect fort intéressant. Il est seulement reorettable que dans ce dernier tableau le groupe non spécifié représente plus du tiers de l’ensemble. Si les grands fumeurs sont, relativement rares pour les cancers de la peau. des ganglions, du côlon, du système nerveux et du tissu conionctif, ils sont. bar contre, significativement plus fréquents pour les tumeurs des voies aériennes (cavité buccale, pharynx, larynx, poumon, etc.) et — mais à un degré moindre bour les tumeurs gastriques et vésicales. Cette constatation rejoint très exacte¬ mnent les conclusions de l’importante cnquête poursuivie en France, par P. F. DENOIX D SCLIWVALRTZ et G. ANGUERA (). Le tableau XII qui concerne le sexe téminin est établi sur un échanillonnage de malades sensiblement plus faible : 610 contre 901 chez l’homme. Les données (1) Bull, du Cancer, aunéc 1958. t, 45, n° 1. pp, 1 à 37. 125 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT qui y sont présentées sont pratiquement les mêmes à cette ditf́rence près que la rubrique « tabagisme » a été remplacée par « état matrimonial ». L’usage du tabac est, en effet, peu répandu dans la population féminine du Liban. Bien entendu, l’interprétation de ce tableau entraine les mêmes restrictions que celles du tableau XI. On ne retrouve pas ici la prédominance de malades d’origine non libanaise observée dans le sexe masculin. La prédominance du cancer mammaire se retrouve dans toutes les races ou religions, y compris chez les non-libanaises, mais les chrétiennes non armé¬ niennes sont seules à présenter unc incidence également élevée de tumeurs du col utérin. Remarquons, à ce propos, que leur taux de fécondité est habituelle¬ ment élevé et que les hommes ne sont pas circoncis, comme il est de règle chez les musulmans. D’autre part, ces derniers appliquent dans la vie conjugale des règles assez analogues à celles observées par les lsraélites. On retrouve, de même que pour le sexe masculin, une proportion plus élevée de tumeurs gastriques chez les Arméniennes. Cette particularité justifierait une enquête étiologique. En revanche — et ceci est vrai au Moyen-Orient comme en Furoue — Il apparait que les femmes, quelle que soit leur race, sont beaucoup moins mena¬ tces que les Irommes par le cancer de la cavité buccale et des voies respiratoires. Tableau 3 DISTRIBUTION DE 901 CAS DE CANCER CHEZ L’HOM L’ETAT SOCIO-ECONOMIQUE 128 IE CANCER AU MOYENOBIENT Pour les autres localisations, on ne relève aucune influence de la race ni de la religion. Tout au plus, peut-on considérer que les musulmanes sont plus spécia¬ lement frappées par le cancer des systèmès Iymphatique et hématopojétique (10 2% de f’ensemble), mais le nombre total de cas est trop réduit (95) pour attribuer une signification précise à ce taux. L’influence de la situation socio-économique apparait, comme chez l’homme. sensible pour certaines localisations. Si les malades de condition aisée présentent plus volontiers des tumeurs du sein (habituellement plus fréquentes chez les femmes qui n’allaitent pas), les localisations cervico-utérines et cutanées sont proportionnellement beaucoup plus fréquentes chez les malades de situation modeste (salles). La multiparité, les cervicites chroniques et l’insuffisance des soins d’hygiène cutanée n’y sont sans doute pas étrangers. L’influence de l’état matrimonial est plus difficile à apprécier dans l’ignorance où nous sommes de la proportion relative de femmes mariées et célibataires dans la population. Toutefois, il semble bien que le cancer du col soit excentionnel chez les célibataires (l cas sur 83 tumeurs malignes), ce qui inciterait à invoqner une fois de plus le rôle favorisant du facteur obstétrical, sinon l’influence d’une vie sexuelle active. Les tumeurs cutanées sont rares également (2 cas sur 83 tumeurs malignes). mais on peut admettre qu’un autre facteur intervient ici : les épithéliomas cutanés sont presque exclusivement l’apanage des malades àgées et il est logique de penser que beaucoup, parmi les célibataires, sont des femmes jeunes qui n’ont pas encore atteint l’âge du mariage. La même remarque pourrait s’appliquer aus tumeurs de l’appareil digestif. Au total, les problèmes soulevés par ces deux derniers tableaux (XI et XII) sont intéressants, mais une telle étude, pour être statistiquement valable, devrait s’étendre sur une dizaine d’années au moins et recucillir ainsi plusieurs milliers d’observations au lieu des quelques centaines dont nous disposons ici. Tableau : DISTRIBUTION PE 640 CAS DE CANCER CHEZ LA E L’ETAT SOCIO-ECONOMIQUE ET EMME SELON LA NATIONALITE, LA RELIGION, ESSAL D’INTERPBÉTATION DE CEBTAINES DONNEES CONCERNANT L’ÉPIDEMIOLOGIE DU CANCER AU LIRAN A) TUMEURS MALIGNES DE L’UTERUS. Si l’on se réfère aux statistiques de l’Institut de radiologie et de lutte contre le cancer, les tumeurs malignes du col utérin apraraissent comme les plus fréquentes, représentant 20, 16 0% des cas et 38, 13 2% des caucers chez la femme. à cet Institut. En fait, on ne retrouve pas une prépondérance aussi massive dans les autres centres hospitaliers : le travail de AZAR confère aux tumeurs cervico-utérines une fréquence beaucoup plus réduite (187 cas sur un ensemble de 1 313 cancers féminins), et en tout cas bien inférieure à celle des cancers du sein (313 cas). Là encore, se manifeste l’influence du recrutement des malades très différent suivant l’orientation du centre hospitalier. En fait, on peut cependant admettre que le cancer du col utérin est fréquent au Liban, infiniment plus qu’il ne l’est en Israèl, son voisin immédiat. Et cette notion mérite tout de même qu’on sy arrête. Aux données déjà présentées dans la monographie de l’Institut national d’hygiène (1), concernant cette localisation, sa fréquence dans le monde et son étiologie probable, nous en ajouterons de plus récentes, extraites de la littérature de ces deux dernières années, qui apporteront peut-être un peu plus de lumière sur ce difficile problème. YII AL-FENG (2) a étudié 12 108 cas de cancer du col utérin observés dans 22 hapitaux de 9 villes chinoises, Il y a trouvé une fréquence de 72,3 %% à 93, 120 de tous les tynes de cancer des organes génitaux féminins et de 35,3 %% à 72,3%6 de tous les types de cancer chez la femme. Il cite une investigation récente de la Société chinoise d’Obstétrique et de Gynécologie montrant que le cancer du col occupe la première place de tous les cancers génitaux féminins, en Chine. 10 873 cas sur les 12 108 observés faisaient partie du groupe d’aoe 36-50 ans : trois cas seulement avaient moins de 20 ans (0,03 2%) et 31 cas plus de 70 ans (03 9%). (1) Monoarapbre de l' T N IL, no 19, ouvrage cité. (2) Chinese Med. J, 80, 53-61, 1960. 132 IE CANCER AU MOYEN-ORIENT De tous ces cas, sept seulement étaient des célibataires (, 1 23). Ceci n’autorise pas à conclure que le célibat protège contre cette localisation. Parmi les statistiques de l’Académie chinoise des Sciences médicales, 51 9% des cas de cancer du col atteignaient des femmes mariées avant l’âge de 18 ans. Darmi les statistiques de l’hopital anticancéreux de Changhai, 70 0% se rappor¬ taient à des femmes mariées avant l’âge de 20 ans. Ces statistiques sembleraient montrer que plus le mariage a eu lieu tôt, plus la fréquence du cancer du col est élevée. D’autres auteurs ont soutenu une interprétation semblable. En ce qui concerne le nombre de grossesses, les statistiques font ressortir que les nullipares ne représentent que les 5,67 9% de l’ensemble : les primivares 10,2; les multipares 84, 13 9%. Parmi les quadri-et les quintipares, le taux de fréquence le plus élevé atteignait respectivement 12,41 9% et 11, 16 0% : après le sixième enfant, la fréquence diminuait, ce qui semblerait montrer que le nombre de grossesses ne joue pas un rôle important dans la fréquence du cancer du col utérin. TERRIS (), dans son étude épidémiologique portant sur 122 femmes atteintes de cancer du col et sur un nombre équivalent de témoins avant d’autres troubles gynécologiques, ces deux groupes étant appariés par race et âge, n’a trouvé aucune corrélation entre le cancer du col et le nombre de grossesses, et la fréquence des iniections vaginales, contenant ou non des dérivés du goudron (coaltar). Il a trouvé une possibilité d’association entre le cancer du col et la syphilis et la non-circoncision du conjoint, mais il n’a pu le prouver, en raison de la proportion élevéc de malades pour lesquelles les données n’étaient pas disponibles. Dar contre, il a trouvé une association signifcative entre le cancer du col et le mariage précoce, les mariages multiples, les relations extra-conjugales, la précocité des rapports sexuels, leur fréquence et la non-utilisation de produits anticonceptionnels. Les résultats de son enquête suggèrent que le coit est un facteur de première importance dans l’étiologie du cancer du col utérin. TERRIS pense que le. facteur le plus vraisemblable cst le contact fréquent et pendant dé nombreuses années du col de l’utérus avec un agent rancérigène hypothétique, et il a ten¬ dance, en s’appuvant sur des faits expérimentaux, à incriminer un composant du smegma. D’autres auteurs sont arrivés à des conclusions analogues. BOTKIN (5), en revovant la littérature, montre que, dans diverses études un nombre significativement plus élevé de malades atteintes de cancer du col se sont mariées plus tôt que les témoins appariés correspondants. Dans de nouvelles études, il montre que le risque de cancer du col augmente lorsque le premier coit a eu lieu à un âge précoce. Il est démontré, dit-il, que lorsque le premier coit a eu lieu à l’âge de 15 à 20 ans, le risque de cancer du col est aug¬ menté. Des séries de femmes atteintes de cancer du col et de témoins appariés suggèrent que, dans les mariages précoces, le facteur responsable d’une augmen¬ tation du risque de cancer du col’est le premier rapnort sexuel, ce facteur étant étendu aux relations préconjugales des adolescents évidemment. La période moyenne de latence entre le premier coit et le dépistage du cancer du col serait d’environ 30 ans. (1)J.4. M.4, 17414, Dp, 1847-1853, 1960. (2) 7.4. M.4, 1797, Dp, 486-491, 1960. 1I B A N 133 Il est conduit à admettre le rôle possible d’un facteur masculin qui aoirait sélectivement sur les adolescentes, parce que celles-ci y seraient particulièrement sensibles. Ce facteur pourrait être une substance ou une particule étrangère au sperme, veut-être apportée par la verse ou due à un manque d’hvgiène person¬ nelle ou accessoirement à l’usage d’un condom. Cette substance resterait quiescente dans la période de latence et aurait plus tard pour effet une stimu¬ lation mitotique continue. Faut-il souligner qu’i) s’agit là d’hypothèses reposant sur des bases fragiles et certainement contestables. SEGI (1) remarque que la mortalité par cancer de l’utérus est élevée au Japon, par rapport à nombre d’autres pays et que la plupart des cancers utérins affectent le col. 3,5 2% seulement atteignant le corps de l’utérus. Il constate, d’autre part, que la syphillis congénitale et le cancer de la verge ont une fré¬ quence très élevée dans la région de Kyushu, l’ile la plus au sud du Japon, ou le taux du cancer utérin est le plus elevé. Il remarque également que le chorio¬ épithélioma est plus fréquent au Japon qu’en Angleterre ou aux Etats-Unis. BBEHANT (2) en Algérie, a trouvé, pour la période 1959-1960, 382 cancers de l’utérus pour 1 130 tumeurs malignes de la femme (33,79 9%) dont 322 chez la musulmane pour 934 tumeurs malignes de la femme (34,4 0%) et 57 chez l’Européenne pour 183 tumeurs malignes (31, 1 70). Les taux de morbidité qu’il a obtenus pour les deux années étudiées se trouvent un peu inférieurs à ceux établis pour les huit années précédentes : ils confirment l’extraordinaire fréquence du cancer de l’utérus en Algérie. Cette particularité peut s’expliquer par la fréquence des lésions locales inflam¬ matoires (exo-et endocervicites) et l’influence traumatisante des grossesses répétées, mais il ne faut pas perdre de vue que les différences dans les taux de mortalité relevés en Algérie et en France tiennent essentiellement au fait que le cancer de l’utérus est dépisté beaucoup plus tard en Afrique du Nord, en raison surtout de la répugnance des femmes à se faire examiner et sans doute aussi du fatalisme propre à l’Islam. RUNGE (5), d’après un examen statistique de plus de 1000 cas de cancer du col utérin et de témoins du même groupe d’âge, toutes femmes mariées. montre que le premier rapport a eu lieu à peu près au même âge pour les deux groupès ; que le premier accouchement se situe en moyenne deux ans plus tot chez les cancéreuses que chez les témoins. Dans les deux groupes, les femmes sont d’autant plus jeunes lors du premier accouchement que le premier rapport a été plus précoce : le début de la maladie se situe à un age d’autant plus jeune que le premier rapport sexuel et la première naissance ont été précoces. En outre, la comparaison des femmes des deux groupes avant eu des rapports sexuels au même age, qu’elles les aient eus jeunes ou tardivement, donne un nombre substantiellement plus élevé de naissances chez les cancéreuses. De plus, les classes de niveau inférieur présentent une fréquence plus élevée du cancer du col que les classes de niveau supérieur. Le nombre moyen de naissances est plus élevé chez les cancéreuses que chez les témoins et ceci pour les deux classes sociales. (1) TOhOEu J. EED. Med, 7272, pp, 169-193, 1960. (2) Bull. Ataérien de Carcinologie, 13737, pp. 15-39, 1961. (3) Acta inter, c. Cancrum, 15/2, pp. 398-402, 1959. 134 IE CANCER AU MOMEN-ORIENT De cet ensemble de recherches récentes sur l’épidémiologie et l’étiologie du cancer du col utérin, peut-on faire ressortir quelques notions qui, s’appliquant au Liban, permettraient d’expliquer, au moins en partie, la fréquence élevée des néoplasmes cervico-utérins dans ce pays 2 Nous ne disposons malheureusement d’aucune enquête sur la vie sexuelle des femmes libandises et nous ne pouvons évoquer ici le problème de la précocité des rapports sexuels. Cependant, il semble bien que l’âge au mariage soit dans l’ensemble assez précoce. En outre, le taux de fécondité est assez élevé (moyenne 7 à 9 enfants chez les musulmanes, 3 à 4 chez les chrétiennes). Si l’on évoque le rôle protecteur éventuel de la circoncision, il ne faut pas perdre de vue que celle-ci est, chez les musulmans, souvent moins complête, moins «radicale» que chez les juifs et que, d’autre part, la religion chrétienne est pratiquée par la moitié de la population qui échappe ainsi partiellement (:) à la circoncision rituelle. D’autre part, les faits rapportés par BREHANT à propos de la carcinidie algérienne, sont peut-être, également — à quelques nuances près — applicables au Liban, pays d’influence musulmane. Il n’y a là, sans doute, que de vagues hypothèses et il faudra encore de longues années avant de pouvoir en vérifier le bien-fondé. Enfin, on ne peut manquer de signaler la confirmation d’un phénomène déjà décrit par P. F. DENOIX, l’existence d’une sorte de balancement entre la fréquence du cancer du co) — élevée au Liban — et celle du cancer du sein. Ce dernier est ici relativement plus rare qu’en Europe, puisque son taux de fréquence (Institut français) est deux fois plus faible que celui du col. Chacun de ces cancers se développerait sur un terrain biologiquement opnosé. B) TUMEURS MALIGNES DU SYSTEME LYMPHATIQLIE ET HEMATOPOIETIQUE (LEUCEMIES NON INCLUSES). Les statistiques dont nous disposons pour le Liban font ressortir la frquence exceptionnellement élevée des tumeurs de cette localisation : pour les sexes réuns : 6,01 9% dans le tableau A 18,4 9% dans le tableau IV 11,7 2% dans les tableaux VI et VII réunis (dont 15,5 chez l’homme). Si nous groupons tous ces pourcentages, nous obtenons un pourcentage moyen de 12,3 %% pour les sexes réunis. Ce taux qui correspond à l’ensemble des groupes hospitaliers doit refléter assez bien la morbidité réelle du pays. L’ipfluence de l’orientation clinique propre à chaque centre se trouve ainsi théoriquement neutralisée. Il apparait donc certain que les tumeurs ganglionnaires représentent au Liban une localisation anormalement fréquente du cancer et cette notion justifie, crovons-nous, une étude comparative avec les autres pays. (1) Un nombre appréciable de chrétiens ont cependant adopté la circoncision. par mesure d'hygiène. LI RA N 35 Cette étude a été rendue possible grâce aux statistiques établies par l’Orga¬ nisation mondiale de la Sante () (tableau XII), en isolant les cas de cette localisation. Il ne s’agit, bien entendu, que de statistiques de mortalité, mais, étant donné le pronostic très sombre de ces tumeurs, la morbidité est pratiquement superposable à la mortalité, ce qui autorise une étude comparative, qui poul d’autres localisations, serait dépourvue de valeur. La confrontation des données libanaises avec celles de divers autres pays montre que la fréquence de ces tumeurs au Liban est pratiquement deux fois plus élevée qu’en lsrael, trois fois plus qu’aux U.S.A. et au Danemark, quatre fois plus qu’en Angleterre et six fois plus qu’en France. Sans doute est-il probable que la morbidité par tumeurs du systême lympha¬ tique et hématopojétique n’est pas aussi élevée qu’elle le parait, car, nous l’avons vu, une certaine proportion d’adénopathies secondaires ont pu être classées à la rubrique 206 (alors que dans les autres pays, elles en sont séparées et rangées sous le numéro 198). Mais il est certain que, dans des pays comme les Etats-Unis, le Danemark et la France entre autres, la proportion des cas qui échappent au diagnostic médical est, pour diverses raisons, plus faible qu’au Liban, de sorte qu’on peut, en dernier ressort, considérer que la fréquence de cette variété tumorale y reste très élevée. En ce qui concerne la répartition par sexe, les hommes au Liban, comme dans nombre d’autres pays, paient un plus lourd tribu que les femmes à cette forme de cancer. La sex-ratio s’y établit à 2, 3: l et correspond à celle des statistiques de l’Organisation mondiale de la Santé pour vinat pays (), où le taux moyen des décès est régulièrement plus élevé de 40 à 60 %% chez l’homme que chez la femme. Il ent été intéressant de connaître l’évolution de la mortalité par tumeurs du système lymphatique et hématopojétique au Liban, afin de pouvoir se rendre compte si elle suivait la tendance générale accusée par l’Organisation mondiale de la Santé. En effet, dans les pays qui lui apportent leur collaboration, la mortalité due à cette forme de cancer a augmenté considérablement entre 1950-52 et 1956-58, et cette augmentation est en moyenne de l’ordre de 20 à 40 9% (2). L’étiologie des lymphomes malins reste encore très obscure. Certains leur attribuent une origine familiale (PAYET) (s), phénomène observé surtout dans la race noire: d’autres considèrent (AMAYA, au Mexique) (2) que l’histo¬ plasmose et les infections par Trichophyton rubrum pourraient jouer un rôle dans l’apparition de ces variétés tumorales. Il est également possible que certaines affections virales favorisent leur apparition. Mais il faut bien reçonnaitre que les recherches dans ce domaine sont des plus décevantes. (1) Statistiques épidémiologiques et démographiques annuelles (1958). Orga¬ nisation mondiale de la Santé (1961). Mortalité par tumeurs malignes, selon le sexe et l’âge, d’après la localisation (1958). (2) Informations épidémiologiques et statistiques Chronique de l’Oraapisalion Mondiale de la Santé, 1674, pp, 143-45, avril 1962. (3) Bull. Soc. Méd. Afrique noire de lanque française, 5/3 (205-222), 1960. (4) Dermatologia. Repista Mericana, vol, 4, déc, 1950. APERCU D’ENSEMBLE ET CONCLUSLONS Le Liban, à peine plus grand qu’un département français, est un pays reh¬ tivement riche, voué au commerce et à l’agriculture. Sa densité démographique est la plus forte de toute l’Asie Mineure (150 habitants au Kilomêtre carré). Sa population, pour laquelle aucun recensement n’a jamais été effectué est évaluée à 1 600 habitants. Son mode de vic est très voisin de celui des populations de l’Europe occidentale. Le Liban possède deux facultés de médecine, sises toutes deux à Bcvrouth — L’Université américaine, dont l’enseignement médical est le même que celui dispensé aux Etats-Unis, dispose d’un hopital d’environ 250 lits, fréquente pour les deux tiers, par des Libanais, le tiers restant comprenant des Syriens. des Jordaniens et des Palestiniens. Les cancéreux sont traités dans les services dont relève la localisation anatomique de leur tumeur, car il n’existe pas de centre ni de service anticancé¬ reux spécialisés. L’Université française, dont l’enseignement médical est calqué sur l’ensei¬ gnement français, dispose de la cité hospitalière de l’Ilotel-Dieu de France et d’un Institut de radiologie et de lutte contre le cancer. Cet institut comprend un service de radiodiagnostic et un autre de radiothérapie pour malades ambu¬ latoires. Son activité s’est bien développée depuis quelques années Des facultés de médecine de ces deux universités sortent chaque année cent nouvcaux médecins, auxquels s’ajoutent cinquante médecins provenant d’universités étrangères. Dans l’ensemble la densité médicale est satisfaisante puisqu’on dénombre un médecin pour 1 000 habitants. Le nombre des hôpitaux s’élève à 156. Le Centre international d’Enseignement de la Statistique sis à Bevroutl serait à même de rendre de grands services dans ce domaine, encore peu pros¬ becte. Malheureusement, il n’est fréquenté que par des étudiants non libanais. Le nombre totat de décès enregistré en 1960 au Liban a été de 12 471. Le taux de mortalité correspondant ne peut être connu en raison de l’absence de données démographiques précises : cependant on l’estime à 8 pour 1 000 habi¬ tants. Les décès sont sensiblement plus nombreux chez l’homme que chez la femme. La mortalité infantile a nettement diminué en 1960. La longévité des Libanais est confirmée par les statistiques. Le cancer occupe le troisième rang des causes de décès avec 6 % du total Ce taux établi à concurrence de 10 9% de l’ensemble des décès (enregistrement partiel), est, par conséquent, sujet à caution. relativement élevé. 140 IE CANCER AU MOYEN-OBIENT I1 n’existe pas de statistique généralle de morbidite hospitaliere, en ce qul concerne le cancer, mais il est possible de se référer à quclques sources de renscigncments, dont l’intérêt n’est pas négligcable. Les données émanant de l’Institut de radiologie et de lutte contre le cancer qui font l’objet d’un article du professeur PONTHUS, portent sur un échantil¬ lonnage non véritablement représcntatif de la population libanaise et comportent 8 500 tumeurs mnalignes dont 254 lymphogranulomatoses malignes et 84 leucoses. Les localisations les plus fréquentes sont le col utérin (20, 16 6% des cas), la peau (13,32 9%), le sein (10,57 9%), puis les tumeurs lymphatiques (6,01 9%) et le larynx (1.67 27.), celui-ci atteignant dix fois plus d’hommes que de femmes. Du point de vue histologique, on relève 6 351 épithéliomas pour 950 sarcomes. Le maximum de fréquence s’obscrve à 49 ans, soit sensiblement plus tôt qu’en France (tranche d’âge : 55-60 ans). Sur 8 500 tumneurs malignes, 4 007 ont atteint des hommes et 4 493 des femmes (17,14 %, et 52,86 2% respectivement). Bien que partielles, les données tendent à prouver que le cancer est moins fréquent au Liban qu’en Europe De mhême, la fréquence des diverses localisations diffère sensiblement de celle observée en Europe : elle est beaucoup plus élevée pour le cancer de la peau et du col, apparemment beaucoup plus faible pour les tumeurs gastriques (mais, l’Institut de radiologie recoit une clientèle très « orientée » du fait de la spécialisation). Le vrofesseur PONTHIUS fait le bilan de la lutte anticancéreuse au Liban et considère qu’il faut intensifier la propagande et le dépistage précoce: i s’efforce de déterminer les besoins du pays, en ce qui concerne le traitement du cancer et la recherche clinique et biostatistique. Enfin, il trace un historique de la maladie afin de montrer la nécessité d’intensifier son étude et d’en bien codifier le traitement. Le docteur A'l’ALLAH présente un travail sur les localisations génito-urinaires de son service de chirurgie générale de l’Hotel-Dieu de France, pour une période de 15 ans : il en ressort que le cancer de la vessie est observé avec une fréquence relativement élevée, surtout dans le sexe masculin. Les données statistiques du laboratoire d’anatomie pathologique de l’Univer¬ sité américaine, pour l’année 1961, portent sur 4 540 prélèvements, dont 554 se rapportcnt à des tumeurs malignes qui se répartissent en 471 épithéliomas et 83 sarcomes. Ici, la localisation cutanée occupe la première place (24,7 %% du total des cas) : l’appareil digestif, le système réticulo-éndothélial et les organes génitaux fémi¬ nins se partagent la deuxième place (chacun pour 15 6%): mais on ne peut tirei de conclusions épidémiologiques solides de statistiqués basées uniquement sur des pièces d’anatomie pathologique. Les données émanant du service de radiothérapie de l’hopital de l’Université américaine et portant sur 651 cas donnent comme les plus fréquentes, pour les deux sexes réunis, les adénopathies malignes primitives (18,4 %%), les tumeurs cutanées venant loin derrière (8,3 9%). Mais chez les femmes les épithéliomas du scin et surtout du col utérin représentent plus du quart de l’ensemble des cancers féminins. Le nombre de tumeurs malignes observé chez les jeunes de 1 à 19 ans semble 1I B AN 14 Les données recueillies par AZAR et provenant du laboratoire d’anatomie pathologique, pour les annćes 1953 à 1960, portent sur 2 845 cas de cancer dont 1532 masculins et 1 313 feminins. lci également, cest la localisation cutanée qui est la plus fréquente (deux fois plus chez l’homme que chez la femme), puis les tumeurs du systême lymphatique et hématopoiétique (15,5 7). dont la fréquence semble réellement beaucoup plus élevée au Liban qu’en Europe. L’ensemble des tumeurs buccopharyngées, laryngées et bronchopulmonaires constitue près du quart des tumeurs observées chez l’homme. Les conioncti vomes (os et tissus mous) sont également fréquents. Chez la femme, les tumeurs mammaires et cervico-utérines occupent les deux premiers rangs, la localisation mammaire rebrésentant près du quart de l’ensemble. Par contre, la localisation cutanée est deux fois moins fréquentes que chez l’homme et la localisation bronchopulmonaire l’est trois fois moins. Du point de vue histologique, les épithéliomas basocellulaires affectent surtout la face et le cou (plus du tiers de l’ensemble) et les épithéliomas spinocellulaires, le tronc et les membres (plus de la moitié des cas). Les naevo carcinomes, rares au visage, représentent le tiers des tumeurs malignes du tronc et des membres. Pour l’ensemble des cancers, le maximum de fréquence s’observe chez l’homme et chez la femme, après la cinquantaine (51-60 ans). Les musulmans semblent plus fréquemment atteints de tumeurs malignes de la cavité buccale et surtout du tissu conionctif (11 % de tous les cancers). les Arméniens, de cancer gastrique (18,5 27), les chrétiens non arméniens, de cancer du larynx (14 2%). Comme dans toutes les statistiques, les gros fumeurs présentent une fréquence des tumeurs des voies respiratoires plus élevée que les non-fumeurs et les petits fumeurs. Les cancers cutanés sont proportionnellement plus fréquents chez l’homme. dans la classe modeste (malades des salles) que dans la classe aisée. Ainsi que nous l’avons déjà signalé pour l’Iran et la Turquie, le rôle cancérogène de l’irra¬ diation solaire intensive peut être invoqué dans le développement de ce cancer. La localisation pharyngée également est beaucoup plus fréquente chez les malades des salles. Chez la femme, la prédominance du cancer mammaire se retrouve dans toutes les races et religions, alors que la proportion des tumeurs cervico-utérines et Sastriques est plus élevée chez les chrétiennes non arméniennes. Les tumeurs du sein frappent plus volontiers les femmes de condition aisée : les tumeurs cervico-utérines et cutanées, les femmes de condition modeste. Le cancer du col, exceptionnel chez les célibataires, apparait beaucoup plus fréquemment chez les multipares. Après une revue de la littérature récente sur la localisation cervico-utérine et malgré l’absence de données sur la vie sexuelle des femmes libanaises, i semblerait cependant que le mariage à un âge précoce et le taux de fécondite assez élevé pourraient être des facteurs prédisposant à ce cancer, alors que la circoncision des deux tiers des hommes pourrait être un facteur de diminution du taux du cancer cervico-utérin. 142 LE CANCER AU MOYEN-ORIENT De l’ensemble de ces données, dont l’origine hospitalière et le caractère partiel limitent évidemment la portée, on ne peut conclure avec certitude sur la fré¬ quence réelle des diverses formes de cancer au Liban. D’une façon générale, il semble que le risque y soit un peu moins élevé qu’en Europe centrale ou occiden¬ tale. Mais ceci est vrai de tous les pays du Bassin méditerranéen. Le climat très sain, l’absence de grands centres industriels, la luminosité et la pureté de l’atmosphère ne sont sans doute pas étrangers à cette diminution du risque « cancer ». Par contre, l’intensité de l’irradiation solaire y est favorable — comme en lran et en T’urquie — au développement de tumeurs cutanées, spécialement sur les parties non protégées par le vêtement. Les conditions de vie au Liban se rapprochant de celles de l’Europe occiden¬ tale, il serait possible et souhaitable qu’y fut réalisé dans l’avenir un systême d’enregistrement complet des cas de cancer (analogue à celui récemment instauré en Israél). Ce travail pourrait sans doute être confié à la section sanitaire du Centre international d’enseignement de la statistique. En outre. cet établissement devrait avoir la charge des statistiques annuelles et complêtes de mortalité, en admettant que les certificats de décès anonymes soient rendus obligatoires dans l’ensemble du pays. Ce n’est qu’à cette condition que l’épidé¬ mologie du cancer sera basée sur des données statistiques valables. Bien que le pays soit géographiquement peu étendu et moins peuplé que certains départements français (Nord. Seine-et-Oise, etc.), la mise au point d’un tel système d’enregistrement du cancer se heurte à des difficultés majeures au Moyen-Orient : la routine, le fatalisme oriental, la pudeur excessive des femmes de l’Islam, le goût des méthodes de guérison « surnaturelles » (quéris¬ seurs, rebouteux, etc.) tout cela se conjugue pour faire échapper bien des malades à l’examen médical. Il serait donc prématuré de prétendre instaurer au Liban des systèmes d’enregistrement du’cancer — ou d’autres drands fléaux sociaux analogues à ceux qui fonctionnent si remarquablement en Scandinavie, par exemple. Il faut d’abord laisser se faire une lente évolution des esprits dans le sens imposé si puissamment par la civilisation moderne. 68 73 TABLE DES MATIERES TUBQUIE Pagcs DONNEES GÉNÉRALES Population.......... Baces et Religions........ Conditions et mode de vie 12 L’ORGANISATION SANITAIRE 3 Enseignement de la Médecine... 18 Ecole de la Santé Publique .. 13 L’Hospitalisation en Turquie 18 A) Généralités sur les hôpitau 26 B) Institut du Cancer d’Ankara . C) Institut du Cancer d’Istanbul 21 9 6 13 15 LES STATISTIQUES MÉDICALES 25 23 Mortalité générale........... 26 Mortalité par cancer............. 36 Morbidité par cancer................. 36 a) Ministère de la Santé Publique........... 9) Institut du Cancer d’Istanbul........ 46 52 C) Hopitaux d’Ankara.................................. estomac- peau - utérus- poumon - larynx- foie- prostate ESSAL D’INTERDRÉTATION COMPARATIVE DE CERTAINES 52 DONNEES CONCERNANT L’EPIDEMIOLOGIE DU CANCER. 52 A) Localisations fréquentes ou relativement fréquentes....... 57 a) Cancer gastrique.............. 60 b) Cancer de la peau............................... 63 C) Cancer du poumon............................... 65 B) Localisations rares............... 63 9) Cancer de la prostate........................... 66 0) Cancer de la verge............................... 0) Cancer du foie.................................. APERCU D’ENSEMBLE ET CONCLUSIONS............ 84 LI BA N 145 LIBAN Pages DONNÉES GÉNÉRALES Baces et religions..... Population............ Conditions et mode de vie L’ORGANISATION SANITAIRI Enseighement de la médecine. Université américaine... Université française....... L’hospitalisation au Liban.... Hôpitaux et cliniques... 79 « 81 81 83 83 83 86 86 LES STATISTIQUES Statistiques médico-sociales (Centre international d’Enseignement d 87 la Statistique)...... 87 Démographie............ 88 Mortalité générale..... 90 Mortalité par cancer...... 91 Morbidité par cancer..... L. Université française : a) Institut de radiologie et de lutte contre le cancer : « Sur l’endémiologie du cancer au Liban », par P. PONTHUS et H. DOUAIHY.................................. 92 b) Service de chirurgie générale de l’Hôtel-Dieu de France : «Etude statistique des cancers uro-génitaux pour une pé¬ riode de 15 ans», par F. ATALLAH et H. INGEA... 105 Il. Lpiversite americaipe: a) Laboratoire d’Anatomie pathologique (année 1961)....., 108. 119 b) Service de radiothérapie de l’hopital (juillet 1956- juin 1961). C) Laboratoire d’anatomie pathologique (pièces laboratoires) (1953-1960), article de H. AZAR................... 114 87 ESSAL D’INTERPRÉTATION DE CERTAINES DONNEES EPIDE¬ MIOLOGIQUIES CONCEBNANT LE CANCER : 131 A) Tumeurs malignes de l’utérus........... B) Tumeurs malignes du système lymphatique et hématopojétique 134 (leucémies non incluses)........ APERCU D’ENSEMBLE ET CONCLUSIONS, 139 TARLE DES FIGUBES 1. — CARTES TURQUIE LIBAN II. — GRAPHIQUES a) TURQUIE. 1. Bépartition de la population de la T’urquie, par sexe et tranche d’Âue, lors du recensement de 1955............................ 2. Mortalité générale en Turquie, selon le groupe d’âge, pour les années 1950, 1955 et 1956................................... 3. Mortalité générale, sexes réunis, pour l’année 1959 (taux pour 100 décès toutes causes)...................................... 4. Mortalité par cancer sexes réunis, par tranches d’âge, pour l’année1959. 5. Mortalité par cancer, pour l’année 1959: les dix principales locali¬ 8911018 ...................................7..7 6. Bépartition du nombre total d’admissions pour cancer dans les lopitaux de Turquie, selon la localisation : moyenne des annes 1957. 1958 et 1959......................... 7. Répartition histologique de 436 cas de cancer cutané sur un ensemble de 23734 malades : (clinique dermatologique d’Ankara)......... 8. Répartition histologique des cancers cutanés, selon deux groupes d’âge (clinique dermatologique d’Ankara)...................... 9. Répartition des cancers cutanés, dans la population urbaine et la population rurale (clinique dermatologique d’Ankara)............. 10. Répartition par âge des cas de cancer consignés en 1954 à l’Institut du Cancer d’Istanbul.............................................. LE CANCER AU MOYEN-ORIENT 148 9) LIBAN. A. Répartition des cas de cancer de la vessie, sexes réunis, selon l’âge: Service de Chirurgie de l’Hotel-Dieu de France de Bevrouth (pour 15 années)........ B. Répartition des cas de cancer de la vessie, sexes séparés, selon l’âge : Service de Chirurgie de l’Hlôtel-Dieu de France de Bevrouth (pour 15 années)................................................... 11. Bépartition des cas de cancer, selon la localisation : Service de radiothérapie de l’hopital américain de Bevrouth (juillet 1956. juin 1961).............. 12. Repartition des cas de cancer, selon l’âge et le sexe: Service de radiothérapie de l’hopital américain de Bevrouth (juillet 1956¬ juin 1961).......... 13. Fréquence relative, par localisation, de 1 552 cas de cancer masculins et de 1 313 cas de cancer féminin (à l’exception des pabillomes et tumeurs non invasives de la vessie): Servicé de Pathologie (section chirurgicale) de l’Université américaine (1953-1960).........., 118 14. Bepartition histologique des tumeurs malignes de la neau: Servico de Pathologie (section chirurgicale) de l’Université américaine (1953. 1960).......... 15. Répartition, selon le groupe d’âge, des cas de cancer masculins ct féminins : Service de Pathologie (section chirurgicale) de l’Universite amérIcaln6............................................... J. K R. SENNAC, Imprimeurs, 34, Faubourg Monrmartre, PARIS 9e -— 12250. INSTITUT NATIONAL D’HYGIENE 3. RUE LÉON BONNAL, : A R1 S xY1 AUT, 32,84