MINISTÈRE DE LA SANTÉ PURLIQUE ET DE LA POPULATION MONO GRAPHIE DE L'INSTITUT NATIONAL D'HYGIENE N° 23 L’HOSPITILISITION DES ENFANTS UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE PARIS 363 VIRTDTX DUAE CA. AHTT JORTITLODIY COLLEGIVM CIVITE AD SANTTATEM par P. STRAUS avec la collaboration de N. COIFFARD, S. MARZOWEYL, M. LENOIR Travail de la Section de Pédiatrie de l'Institut National d'Hygiène: Che de Sedion : r. AUISON, Médecin des Hophaux de Paris). MINISTÈRE DE LA SANTÉ PUBLIQUE ET DE LA POPULATION MONO GRAPHIE DE L’INSTITUT NATIONAL D’HYGIENE N° 23 L'HOSPITALISATION DES ENFANTS UNE ÉTUDE DE DÉDIATRIE SOCIALE DANS L’AGGLOMÉRATION PARISENNE PARIS 1961 VARTVTE DVGE CO¬ MITT AORZITEDLYE COLLEGIVM CIVILE AD SANITATEM par P. STRAUS avec la colloboration de N. COIFFARD, S. MARZO-WEYL, M. LENOIR Travail de la Sedtion de Pédiatrie de l’Institut Naliondl d’Hyaiène : (Chet de secion : F. ALISON, Médecin des Hopitawx de Paris) Cette étude a été réaligée avec le concourg de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. L'enquête par sondage a été effectuée dans le Service de notre Maitre. le Dr Maurice Kaplan, Médecin de l’hôpital Bretonneau. Sans son soutien compréhensif depuis trois ans, ce travail n’aurait pu ge faire. MM. les Prs Agrégés Laplane, Thieffry, Rossier, M. le Dr Nouaille nous ont obligeamment donné accès aux archives de leurs sorvices. Mme Benoist. Directrice de l’hôpital Bretonneau, aingi que le personnel du Bureau des Adimissions, nous ont aidés, en particulier dansl’établissement de notre carte de répartition des domiciles d’enfants hospitalisés. Nous exprimons notre reconnaissance au Dr X. Leclainche. Directeur Général de l’Administration générale de l’Aggistance Publique à Paris, qui a bien voulu nous accorder leg autorisations nécessaires. EOUPE DE TRAVAL. Mme N. Coiffard, Interne des Hôpitaux de la Région de Paris. Dr S. Marzo-Weyl. Attachée de la consultation de Neuro-Psychiatrie de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Paris). Mme M. Lenoir. Assistante Sociale. Collaborateurs bénévoles : Mme Stern. Paychologue : MM. Foucault. exteme des hôpitaux : Vidal, externe des hopitaux. Photographies : J. M. Humeau. Coordination et Rédaction : P. Straus, S. Marzo-Weyl. AVANT-PROPOS Les questions hospitalières sont à l’ordre du jour et il est inutile de souligner une fois de plus leur complexité. L’étude que nous présentons ne propose pas des solutions : elle ge borne à apporter les résultats d’une enquête sur l’hospitalisation des jeunes enfants. Nous espérons cependant que certains des documents ici rassemblés pourront être de quelque utilité pour ceux qui s’intéressent à ce sujet : administrateurs, médecins, travail¬ leurs sociaux. Notre but gerait atteint si les faits exposés permettaient à d’autres d’en tirer des conclusions sur le plan de l’action Sans doute cette enquête n'’embrasse qu’une période d’une année (de mai 1958 à mai 1959) et, surtout, elle a da être limitée à trois hpitaux pari¬ siens. Elle est donc très marquée par des circonstances particulières. Un certain nombre de facteurs dont l’importance apparait ici comme majeure. par exemple les insuffisances dramatiques de l’habitat, sont appelés, sinon à disparaitre complêtement, tout au moins à s’atténuer. Il s’agit d’ailleurs de problèmes généraux dont les conséquences sur l’hospitalisation, pour impor¬ tantes qu’elles soient, ne sont pas les principales. En revanche, d’autres points concernent directement et essentiellement la politique hospitalière. A titre d’exemple, nous citerons le rôle du médecin praticien dans l’hospita¬ lisation, et la question connexe des admissions directes : l’enquête a montré que près de la moitié des hospitalisations des jeunes enfants ont été faites directement, sans intervention d’un médecin praticien. Or, si l’on excepte quelques cas d’extrême urgence, il est évident que ce procédé d’admission à l’hôpital n’est pas normal : le recours au médecin de famille aurait permis d’éviter un certain nombre d’hospitalisations inutiles. Pour terminer cet avant-propos, il nous reste à présenter le Dr Pierre Straus qui a eu l’initiative de cette enquête, et qui, lorsqu’elle a été acceptée par l’Institut National d’Hygiène et la Caise Nationale de Sécurité Sociale. en a assumé la réalisation avec un désintéressement et une conscience exem plaires. Le Dr Pierre Straus est à la fois hospitalier et praticien : il est assistant du Dr Kaplan depuis 1953, d’abord à l’hopital Hérold, puis à l’hopital Bretonneau et il exerce aussi la médecine comme pédiatre dans une localité proche de Paris. Il possède enfin une expérience de médecine sociale acquise par une pratique prolongée des consultations de protection maternelle et infantile, et aussi, sur un plan digérent, grâce à son activité de Médecin¬ Congultant de l’Organisation Internationale desxs Béfugiéssent 1950-1951. Le Dr Straus a mis à proft ses compétences personnelles pour la partie proprement hospitalìre de l'’enquête et pour l’étude des rapports avec les praticiens avant fait entrer des enfants à l’hôpital. Il a tenu aussi à travailler « sur le terrain », au domicile de certains enfants. Il a effectué lui-même l’itinéraire qu’il décrit à travers les « bidonvilles » de Nanterre, de Colombes et de Gennevilliers. Mais il a su encore s’entourer de bons collaborateurs. Nous les avons vu travailler, conjuguer leurs efforts et nous pouvons person¬ nellement leur rendre hommage, en particulier à Mme Marzo-Veyl, pey¬ chiatre d’enfant, à Mme Coifard et à Mme Lenoir, assistante socjale de l’enquête. Les nombreuses visites à domicile qui étaient nécessaires ne pou¬ vaient être effectuées par le Service Social normal de l’hôpital, dont la com¬ pétence et le dévouement sont bien connus, mais dont la tâche habituelle est déjà écrasante. C'est donc un travail d’équipe que nous propogons aux lecteurs de cette monographie. F. ALISON. INTRODUCTION Il est impossible d’étudier la facon dont ge pose qujourd’hui le problème des facteurs sociaux de l’hospitalisation sans rappeler combien la conception de l’hôpital considéré comme un centre de diagnostic et de traitement est une notion récente. Il faut arriver en effet au début du xIxe siècle pour que se dégage la distinction entre les indigents et les malades. Auparavant, ĥpitaux et hospices avaient comme commune et unique vocation la lutte contre le paupérigme, à la fois œuvre de charité et mesure de police, tendant au « renfermement » autant qu’à l’assistance de la popu¬ lation indigente. « Mendiants, vieux et infrmes, enfants malades de la teigne, femmes gujettes au mal caduc » y étaient enfermés ensemble dans une complète promiscuité. A la veille de la Révolution, à l’Ĥtel-Dieu de Paris, « les enfants scro¬ fuleux, dartreux, teigneux, imbéciles, sont confondus dans les mêmes galles et couchent à 3 par lit » : la mortalité est effrovable. D’ailleurs, jusqu’au milieu du xIxe siècle, l’hospitalisation des enfante s’adressait en pratique uniquement aux enfants apanqonhese ceo orphelins, et dans toute la mesure du posgsible on cherchait à les placer hors des établissements hospitaliers, en nourrice ou en apprentissage, afin de leur éviter la promiscuité hogpitalière dont les effetes étaient catastrophiques. Le xIxe giècle voit naître progresaivement la distinction entre les hopi¬ taux, établissementa de soina et les hoapices eagentiellement destinés aux vieillards et aux indigents, mais il faut encore près d’un demi-gìcle pour que s’impose la notion d’établiasemente réservés aux enfants malades. Cest ainsi qu’en 1851. Watteville, dans un rapport au Ministre de l’Intérieur. notait que « les administrations hospitalières de France, sans exception. ne se sont pae occupées de venir en aide aux pauvrea petita enfante, et qu’on les repougge de la plupart des hopitaux 2. C’est cependant vere cette date que aont créés les premierg établigge¬ ments hospitaliers pour enfants et leur nombre va se multiplier à Paris pendant toute la deuxième moitié du XIxe giècle et le début du xxe. Le rôle de l’hApital d’enfants, comme celui de l’hdpital d’adultes va rester longtemps cependant esgentiellement social. UNE ÉTUDE DE PÉDLATRIE SOCIALE 6 Il n’est pas inetitué pour soigner particulièrement les malades graves mais les malades indigents. Les conditions de soins n’y sont pas supérieures à celles existant en ville, les conditions d’hygiène y sont médioeres et la surinfection y est meurtrière. Pour se rendre compte combien cette situation s’est prolongée jusqu’à une date récente il n’y g qu a ec rcporter a r oayragc pumne par ri, Ttopcre Debré et Joannon en 1926, sur la rougeole. La première partie de ce travail traite de l’épidémiologie de la rougeole et analyse en particulier les facteurs de surmortalité. Une première constatation s’impose : la mortalité par rougeole dans les établissements hospitaliers, qui était exceptionnellement élevée à la fn du XIxe siècle, atteignant en moyenne 40 0% des cas, a progressivement diminué pendant le premier quart du Xxe siècles grâce aux mesures d’isolement indi¬ viduel qui ont été instaurées, mais elle oscille encore en 1925 entre 15 et 20 0% des cas. Les auteurs, qui défendent l’hospitalisation, contre l’accusation d’être le facteur essentiel de surmortalité morbilleuse, ne peuvent cependant s’em¬ pcher de reconnaitre que « l’hospitalisation peut, à n’en pas douter, exercer une infuence néfaste sur l’évolution de la rougeole ». Pour ces auteurs, ei les complications dues au’séjour à l’hpital n’inter¬ viennent que pour une proportion de décès, oscillant entre 115 et 1/6 de la mortalité morbilleuse totale, c’est, écrivent-ils « qu’il ne faut pas perdre de vue le mode de recrutement des malades des hôpitaux ». « A Paris, les hôpi¬ taux de l’Assistance Publique recoivent d’une part, et quel que soit leur état. tous les rougeoleux qui, habitant des taudis, ne peuvent absolument pas être soignés à domicile : d’autre part, des rougeoleux appartenant à des familles modestes dont l’état de gravité est tel que leurs parents, renoncant à les traiter chez eux, les amènent à l’hpital, ce demnier leur apparaissant alors comme une ressource suprême;, fréquemment inutile, hélas, elle aussi ». Ces quelques lignes, extraites de l’ouvrage de DIbré et loannon, éclairent parfaitement le rôle de l’hopital en 1926, c'est-à-dire il y a trente-cina ans. L’hêpital, à cette date, est concu pour accueillir, quel que goit leur état, les enfants de milieux déshérités, ainsi que les affections graves sur¬ venant dans les familles de condition modeste. Nulle part il n’est question de la gravité de la maladie en soi, indépendamment des conditions sociales. et ceci ne relève sans doute pas d’une omission involontaire. En effet, que pouvait offrir l’hopital à ces malades gravement atteinte. dans la mesure même où les facteurs de surinfection n’aggravaient pas leur état2. Le recours à l’hopital était le plus souvent llusoire et, de ce fait. personne ne poussait à l’hospitalisation, des enfants de milieux plus aisés qui pouvaient faire les frais de soins à domicile. A cette date, les hôpitaux permettaient cependant à la médecine d’effec¬ tuer des progrès considérables grâce, à l’observation plus rigoureuse des malades, à la multiplicité posible des investigations paracliniques, aux DANS L’ACGLOMÉRATION PARISIENNE 9 essais thérapeutiques plus gystématiques et naturellement auggi à la possi¬ bilité des examens post mortem. Au cours de ces dernières années, les conditions se sont profondément modifiées. Les progres de la médecine ont bouleversé l’efficacité des soins : certaines thérapeutiques actuelles, aisément administrées, ont transformé la gravité d’un grand nombre de maladies. D’autre part, l’équipement hospitalier s’est modernisé, les conditions d’hygiène y sont devenues satisfaisantes, la surinfection hospitalière, sans avoir totalement disparu, a diminué dans des proportions considérables. Surtout; la place de plus en plus importante prise par un équipement technique manié par des médecins et des infirmières spécialisés, ainsi que celle prise par les laboratoires de recherche, oriente de plus en plus l’hôpital vers une fonction nouvelle, celle d’un centre de diagnostic et de traitement pour les maladies graves et les cas difficiles, d’un centre de formation pour les étudiants et d’un centre de travail pour les chercheurs. Dans cette perspective se fait progressivement jour la notion nouvelle d’hospitalisation médicalement ou non médicalement justifiée, que nous nous sommes efforcés de circonscrire. Toutes cee rhinopharyngites, ces otites, ces diarrhées banales qui encombrent les lits des hôpitaux d’enfants ont-elles en effet leur place à l’hopital2 Ces maladies n’ont pas d’intérêt scientifque pour les médecins, elles sont sans gravité, elles n’exigent aucune exploration paraclinique parti¬ culière et surtout, grâce aux progrès de la thérapeutique, leur traitement est banal et leur pronostic favorable, Par contre, maloré les progrès que nous avons soulignés, elles peuvent être la source d’épidémies ou se surinfecter elles-mêmes à l’hôpital. Or il se trouve que, parallèlement à l’évolution de la médecine, les condi¬ tions de vie des populations urbaines se sont également transformées. Une certaine forme de panpérisme a diminué dans des proportions considérables. L’institution de la Sécurité Sociale permet aujourd’hui aux familles lès plus modestes d’assumer, dans une large mesure, leg frais de soins médicaux banaux. La pénurie de ressources n’oriente plus systémati¬ quement vers l’hôpital les malades les moins fortunés, d’autant plus que les frais à leur charge n’y sont pas toujours négligeables. L’augmentation du nombre des médecins praticiens, le développement des dispensaires et des centres de protection matemnelle et infantile (P.M.L.). multiplient également, pour les familles, les possibilités de soins à domicile. De ce fait, l’hospitalisation de maladies banales et bénignes commence à poser un problème d’autant plus préoccupant que, dans les perspectives modernes de l’équipement hospitalier, une part de plus en plus grande doit UNE éTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 10 être réservée aux laboratoires, aux services de radiologie, aux locaux d’enaei¬ gnement, etc. : ceci n’est guère compatible avec l’accroissement indéfini du nombre des lits. IlIs’ensuit que, dès lors que la vocation essentiellement sociale de l’hopital fait progressivement, place à une nouvelle orientation, il devient nécessaire d’analyser les raisons qui freinent encore cette évolution. A cet égard, le phénomène essentiel nous parait être le, suivant : Il existe actuellement un décalage considérable entre les extraordinaires progrès de l’eficacité thérapeutique et les progrès beaucoup plus modestes des conditions de vie de la population des grandes agglomérations. Si le niveau de vie moyen de la population ouvrière parisienne s’est sensiblement élevé, il n’en est pas de même de ses conditions de logement. A côté de ce problème majeur, bien d’autres facteurs, comme le travail de la femme, le placement des enfants en nourrice, la dissociation familiale la débilité sociale ou mentale, l’inadaptation de familles récemmenr trans¬ plantées, sont autant de conditions sociales déterminantes pour l’hospita¬ fisation de nos petits malades. La situation vue sous cet angle s’est moins modifée depuis trente ans qu’on ne le penserait à première vue. La véritable diff́rence réside moins dans la transformation des condi¬ tions d’hygiène et de surpeuplement que dans l’importance de leur rôle sur la gravité des maladies infectièuses des enfants. En 1926 MM. Robert Debré et Joannon pouvaient écrire que « le taudis et le surpeuplement étaient, les causes principales de la surmortalité par rougeole obgervée dans les quartiers pauvres des grandes villes ». De nos jours, ces mêmes facteurs jouent encore un rôle certain dans la fréquence des complications de surinfection, mais ces derières sont si effi¬ cacement contr̂lées par l’administration facile d’une thérapeutique anti¬ biotique largement répandue, que la mortalité morbilleuse en ville comme à l’hôpital a pratiquement disparu. En revanche, l’amélioration des conditions hospitalières, la quasi dispa¬ rition des risques de surinfection, les mesures de modernisation et d’ « huma¬ nisation » de l’hôpital prises pour attirer vers lui les malades graves indépen¬ damment de leur situation sociale, ont largement contribué à supprimer les réactions d’apprehension ou d’hostilité en face de l’hospitalisation des enfants. Il s’ensuit que, pour une partie, notable de sa clientèle, l’hopital a conservé sa fonction traditionnelle de centre d’hébergement temporaire. Certaines familles confient leur enfant à l’hôpital non tant parce que son état de santé implique une mise en observation ou des soins spéciaux, mais parce qué, quelle que soit la bénignité de la maladie, la- pression des conditions sociales interdit le traitement de l’enfant à domicile. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISENNE 3 C’est cette fonction sociale de l’hopital qui fait l’objet de notre travail. Nous avons pris comme cadre de cette étude le service de notre Maitre le Dr Kaplan, à l’hôpital Bretonnegt pensant en effet que les problèmes d'élevage de surveillance et de garde des Nous avons limité notre enquête aux enfants âgés de moins de 6 ans. enfants d’âge préscolaire sont trop différents de ceux posés par les enfants plus agés pour qu’il y ait intérêt à les confondre dans une même étude. Deux possibilités méthodologiques s’offraient à nous : la première consis¬ tant à classer les enfants du service suivant la signification médicale de leur maladie, a isoler le groupe des enfants atteints d’affections bénignes et banales. puis à étudier à l’intérieur de ce groupe les conditions psychologiques et socio-économiques des familles. Il nous aurait manqué dans ce cas, pour juger de la pression effective des conditions sociales sur l’hospitalisation, de disposer par comparaison d’un groupe témoin. La seconde méthode, celle que nous avons utilisée, était l’étude d’un échantillonnage de malades reflé¬ tant aussi exactement que possible l’ensemble des enfants de moins de 6 ans hospitalisés dans le service du Dr Kaplan. Chacun de ces enfants a eté l’objet d’une investigation approfondie. portant à la fois sur son état clinique, ses conditions d’admission et les condi¬ tions de vie dans sa famille. Dans un deuxième temps, à l’intérieur de cet échantillonnage, nous nous sommes efforcés d’igoler une catégorie de malades dont l’hospitalisation n’était pas médicalement justifée, et pour lesquels il y avait lieu de penser que les facteurs déterminants de leur hospitalisation étaient avant tout d’ordre extra médical. Cette catégorie de malades pouvait alors nous être utlle dans nos études de corrélation. En effet, chaque fois que dans un groupe d’enfants soumis à certaines conditions sociales ou psychologiques particulières, le pourcentage des hospitalisations médicalement non justifiées s’élevait de façon évidente. on était fondé de soupconner que la pression de ces conditions sur l’hospita¬ lisation des enfants était importante. Pour contr̂ler le caractère significatif des constatations effectuées dans notre enquête par sondage noue avons établi un questionnaire portant sui un nombre de points limités que nous avong fait remplir dans trois services d’enfants, respectivement situés dana les hôpitaux Trousseau, Hérold et Bretonneau. Le dpouillement de ce questionnaire fait l’objet de la premìre partie de ce volume. Cette présentation commode conduit à un certain nombre de répéti¬ tions dont nous tenons à nous excuser. A vrai dire, cette première partie constitue une sorte d’introduction et souligne le caractère général de certains phénomènes, qui ne peuvent être approfondis que dans une étude faite dans un cadre plus limité. DANS LAGGLOMÉRATION PARISENNE 97 Dans le service de neurologie infantile des Enfants-Malades (Pr Agr. Thieffry), 28 lits sont réservés aux poliomvélites graves et aux urgences neuro-respiratoires. A l’h6pital Saint-Louis, 30 lits du service de médecine infantile (Pr J. Bernard) sont réserves aux cas d’hématologie. Ces portions de gervices sont les seules avant acquis, à notre connais¬ sance, un caractère de spécialisation quasi officiel. Il existe entre ces gervices et ceux de médecine infantile sans spéciali¬ sation particulière, comme celui du Dr Kaplan, toute une série de situations intermédiaires. A titre d’exemple, citons : — Dans le service du Pr J. Marie aux Enfants-Malades, une trentaine de lits consacrés aux néphropathies et aux maladies du métabo¬ lisme, sous la direction du Pr Agrégé Royer. — A l’hopital Hérold, 25 lits réservés, dans le service du Dr Clément Launay, aux mises en observations neuro-psychiatriques. A vrai dire, chaque service de médecine infantile présente une physio¬ nomie particulière qui dépend à la fois de la notoriété de son chef de service. de l’orientation de, ses recherches, de la spécialisation de ses collaborateurs. du nombre et du domicile de ses médecins correspondants. Ces diff́rents caractères contribuent, dans une certaine mesure, à modifier la nature et la distribution géographique de son recrutement de malades. Le service de cardiologie infantile de Bicêtre, de même que la Salle Clovis-Vincent (Pr Thieffry) aux Enfants-Malades, sont deux exemples signi¬ ficatifs du recrutement d’un service à orientation hautement spécialisée. 10 Distribution géographique des admissions dans le service de cardiologie infantile de Bicètre (Dr Nougille) (carte II). Ce service admet uniquement des enfants atteints d’affections car¬ diaques : cardiopathies congénitales nécessitant des explorations et malades atteints de rhumatismes articulaires aigus avec complications cardiaques. 664 enfants y ont été admis du ler janvier au 31 décembre 1960. La répartition de ces admisions est la suivante : Total des admissions (664). En résumé, Paris et le département de la Seine fournissent moins de la moitié des admissions d’enfants de ce service et plus de la moitié d’entre eux proviennent de 43 autres départements. METHODE DE TRAVAIL Notre travail est esentiellement basé sur les résultats de deux enquêtes. 1) Une enquête par sondage dans le service de notre Maitre le Dr Kaplan. et portant sur une période de 1 an (ler mai 1958-ler mai 1959). 2) Un questionnaire ou enquête de référence, moins approfondi, mais intéressant 3 hôpitaux d’enfants (Bretonneau, Hérold, Trousseau) pendant une période de 6 mois (le" novembre-ler mai 1959). Nous avons limité notre étude à l’hospitalisation des enfants agés de moins de 6 ans, c’est-à-dire d’âge préscolaire. A. — Questionnaire ou enquête de référence. Cette enquête a pris comme cadre 3 services d’enfants situés à Paris : — Service du Dr Kaplan, à l’hôpital Bretonneau. — Service du Pr Agrégé Laplane, à l'hôpital Trousseau. — Service du Pr Agrégé Rossier, à l’hôpital Hérold. Dans ces trois services, pour tous les entrants âgés de moins de 6 ans, et pendant une période de 6 mois (du ler novembre au ler mai 1959), le ques¬ tionnaire suivant a été rempli : Questionnaire. 1. Français — Nord-Africain — Etranger. 2. Age de l’enfant : 3. Logement : nombre de pièces : nombre d’habitants. 4. Nombre d’enfants dans la famille 5. Entrée : — Avec un mot de médecin de ville. — Sans mot, mais avant vu un médecin les jours précédents. — Sane avoir été vui nar un médecin de ville. 6. Nombre d’hospitalisations antérieures : 7. Durée de géjour : 8. Diagnostic de sortie : 9. Placement gecondaire à l’hospitalisation : oui, non. Ce questionnaire était volontairement succinct afn de pouvoir être rempli sans diffculté par les externes des services intéressés, et complété. si nécessaire, par les secrétaires médicales de ces services. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 14 L’obiectif de ce gravail était double : a) Recueillir sur des pointe précie, dont l’importance nous avait frappés pendant les premiers mois de notre travail, des données statistiques d’une ampleur plus grande. 6) Pouvoir controler, grâce à la comparaison des pourcentages ohtenus dans chacun des trois hôpitaux choisis, la valeur de notre enquête par sondage faite à l’hôpital Bretonneau sur 393 cas. Ce questionnaire nous a fourni 1 771 réponges utilisables. B. — Enquête par sondage. Il nous a été matériellement impossible, en raison du débit tron imnor¬ tant des malades, d’étudier tous les entrants du service du Dr Kaplan pendant 1 an. Nous avons donc pris comme matériel d’étude, parmi les enfants de moins de 6 ans, un enfant sur trois dans l’ordre des admissions. en nous reportant strictement à la liste établie au Bureau de l’hopital, mais en éliminant cependant, pour des raisons techniques, les malades de pro¬ vince ou de banlieue éloignée. Ce matériel nous a fourni 363 observations utilisables. Pour chaque observation nous avons utilisé deux fches : une fche médicale, une fche sociale. L. Fiche médicale: Cette fche accompagnait l’enfat depuis son arivée jusqu’à sa sortie de l’hopital et était remplie au fur et à mesure par un collaborateur de l’enquête, qui notait les renseignements suivants : — Age de l’enfant. — Conditions d’admission : admission en urgence, ou par la consulta¬ tion, admission directe ou avec un mot de médecin. — Motifs invoqués lors de l’hospitalisation. — Antécédents pathologiques (en insistant sur les hospitaligations antérieures et leurs motifs). — Placements de l’enfant antérieurs à l’hospitalisation. — Renseignements concernant les frères et sœurs. Histoire de la maladie actuelle (en notant spécialement les rapports avec dispengaires ou médecins traitants antérieurement à l’admis¬ sion). Appréciation de la gravité à l’entrée dans le service (en s’appuvant sur les indications de l’interne de garde). — Régumé de l’obgervation clinique (y compris les examens de labo¬ ratoire et la thérapeutique). — Diagnostic de sortie. — Durée de l’hospicaligation. — Placement éventuel de l’enfant. En conclusion : compte tenu de tous les renseignements obtenus, et après discussion avec les autres membres de l’équipe, l’hospitalisation de l’enfant était classée dans l’une des deux catégories suivantes : — hospitalisation médicalement justifiée. — hospitalisation médicalement non justifée. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 15 2. Fiche socigha: L’Assistante Sociale de l'équipe se rendait, pour la remplir, au domicile de la famille pendant l’hospitalisation de l’enfant : elle notait sur cette fiche les données suivantes : — Etat-civil des parenta : Âge: nationalité. — Structure familiale. — Degré d’instruction, profession, revenus. — Conditions de logement (exiguité : confort : entretien : lover, etc.). Cette fiche comportait également un questionnaire concernant: — Les raisons invoquées par la famille pour justifier l’hospitalisation. — Le désir de la mère d’être hospitalisée avec son enfant. — L’opinion de la famille sur la qualité des soins hospitaliers et des renseignements fournis par l’hôpital. Lea fches médicales et sociales furent remplies pour tous les enfante A ces deux fiches principales se sont ajoutés d'autres instruments de de notre échantilonnage. travail : a) Fycte psychologique : Établie et remplie par une paychiatre d’enfants, membre de l’équipe. cette fiche comprenait deux parties : La première était destinée à noter le comportement de l'’enfant à l’hôpital. La seconde était remplie au domicile de la famille, après le retour de l’enfant et concemait : — Le retentissement de l’hospitalisation sur le comportement de l’enfant à son retour. — Le niveau mental des parents. — Le milieu afectif, et particulirement l’attitude de la mère à l’égard de son enfant. Cette fche fut remplie pour 85 cas conaidérés le plus souvent, soit comme des hospitalisations non justifiées médicalement, soit comme posant des problèmes psychologiques particuliers. b) Enquête quprès du médecin traitant : Nous avons rendu vigite à 64 des confr̀res qui nous avaient adresé un petit malade. Notre questionnaire portait essentiellement:* — Sur le caractère des relationa entre le médecin et la famille de l’enfant (médecin habituel ou première visite). sur les antécédents pathologiques de l’enfant. 1 — eur l’histoire de la maladie et les raisons de l’hospitalisation. — sur l’appréciation de la famille (niveau social, économique mental, etc.). e) Ces diff́rente questionnaires ont été complétés par un certain nombre de renseignements généraux sur les hospitalisations d’enfants que le gervice des statistiques de l’Asgistance Publique nous a obligeamment fournig. UNE ÉTUDE DE DÉDLATRIE SOCALE 16 C. — Trois cartes de répartition des domiciles des enfants hospitalisés ont été établies : I. domicile de tous les malades du service du Dr Kaplan (hopital Bretonneau), pendant l’année 1959: 2, domicile dos palades du service du Dr Nouaille à l’hopital de Bicêtre. pour l’année 1960; 3, domicile des malades de la salle Clovis-Vincent (service du Pr Agrége Thiefry), hopital des Enfants-Malades, pour l’année 1960. Nous avons, enfin, chaque fois que cela nous a été possible, comparé les renseignements fournis par notre échantillonnage avec les données statis¬ tiques de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (LN.S.E. E.), concernant l’ensemble de la population du département de la Seine. D. — Des documents photographiques ont été recueillis au domicile de certains enfants faisant partie de l’enquête par sondage. Nous en avons extrait les clichés qui fgurent dans ce travail. PREMIÈRE PARTIE QUESTTONNAIRE DE REFERENCE Questionnaire concernant tous les enfants de moins de 6 ans, admig à l’hopital entre le ler novembre 1958 et le ler mai 1959, dans chacun des gervices suivants : — Hopital Trousseau : Service du Pr Agrégé Laplane. — Hôpital Hérold : Service du Pr Agrégé Rossier. — Hôpital Bretonneau : Service du Dr Kaplan. Nombre total de réponses : 1771. CHAPITRE L ANALYSE DES RÉSULTATS GLOBAUX (1 71 cas) Les réponses de l’hÂpital Trousseau (394) sonr beaucoun moins nom. breuses que celles de l’hôpital Hérold (684) ou de l’hopital Bretonneau (694). Cette diffrence ne refète pas un débit moins important des admiesions. mais le fait que, par insufiaance de contrôle, les questionnaires n’ont pas été remplis aussi systématiquement à l’hôpital Trousseau. La valeur de nos résultats clobaux n’en est pas sensiblement modifée. Mais la comparaison entre eux des résultats des troja services témoins peut être entachée d’un certain degré d’erreur en ce qui concerne l’hopital Trousseau. 19 UNE ETUDEIDE PÉDIATRE SOCIALE La proportion d’enfants d’origine nord-africaine (14,9 9%) est gi congi¬ dérable qu’elle nous a conduits à une étude médico-sociale particulière de ce groupe ethnique. Nous nous sommes cependant heurtés ici à une dificulté maieure. Dans l’état actuel des travaux démographiques, il est trs diffceile d’obtenir un chiffre même approximatif de la population infantile d’origine nord-africaine dans le département de la Seine. Il ne nous est donc pas possible de chiffrer la mesure exacte dans laquelle les conditions particulières de vie des foyers nord-africains influent sur le taux d’hospitalisation de leurs enfante. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 16 Il est même possible de penser que le pourcentage d’enfants nord¬ africains hospitalisés n’exprime pas seulement un taux d’hospitalisation plus élevé dans cette catégorie particulière d’enfants, mais qu’il est le refet d’une situation démographique mouvante, et d’un afflux considérable de femmes et d’enfants nord-africains au cours de ces dernières années. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 90 La répartition des hospitalisations par tranches d’Âge montre que la moitié (49,2 0%) des admissions d’enfants d’age pré-scolaire, concerne des nourrissons de moins de 1 an. Il va, à cet état de fait, des raisons médicales : la diffculté du diagnostic. l’incertitude du pronostic sont fréquentes devant les états pathologiques du nourrisson. Certaines aggravations sonc rapracs; mais sodrgog6a deo 066 manifestations, et elles peuvent échapper à l’observation de la mère de famille. De nombreuses règles élementaires (de dietitique antidiarheique. par exemple, ou de rehydratation buccale) nécessitent de la part de l’entou¬ rage une persévérance et un bon sens, qui ne sont pas toujours retrouvég dans le milieu familial. Le caractère un peu myetérieux de la maladie chez le nourrisson, l’inten¬ sité, à cet âge, des relations affectives entre la mère et son enfant conduisont fréquemment cette dernière à manifester une anxiété sans commune mesure avec le degré de gravité de la maladie. Nous verrons enfin dans quelle mesure le développement des services de protection maternelle et infantile, d’une part, l’insuffisante formation pédiatrique de beaucoup de médecins praticiens d’autre part, accroissent aux veux du public le prestige de l’hôpital en ce qui concerne le traitement des maladies de la première enfance. 21 DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE La grande majorité des enfants hospitalisés (67 9%) habitent des loce¬ ments d’une ou deux pièces, mais beaucoup plus significatif encore ost le pourcentage des logements d’une seule pièce (38,0 79). UNE ÉTUDE DE DÉDATRIE SOCIALE 22 L’étude du nombre d’habitants par logement n’a d’intérêt qu’en corré¬ lation avec la dimension des logements. Nous réservons cette analyse à un paragraphe spécial que nous consacrerons aux conditions générales du logement. DANS LAGGLOMÉRATION PARSIENNE 63 Parmi les enfants hospitalisés, un cinquième (20, 1 6%) appartiennent à des familles de 5 enfants et plus. Le pourcentage d’enfants de cette catégorie dans le département de la Seine étant seulement de 8 9%, il en résvlte que le taux d’hospitalisation des enfants est près de trois fois plus élevé dans les familles nombreuses. Parmi les facteurs déterminants de cet état de fait, les conditions de logement tiennent une place prépondérante. Nous y reviendrons. UINE ÉTUDE DE PÉDLATRIE SOCIALE 24 La moitié de nos petits malades (48,5 9%) sont admis à l’hopital directement. sons mot de médacin traitant. Nous nous gommes efforcés, au cours de notre enquête, de dégager la signification de ces admissions directes. Plus du tiers (36,8 9%) des enfnts adnis à Phepital, pendant la dure de l’enquête, en étaient au moins ̀ leur seconde hospitalisation. Ce pourcentage considérable dépasse largement celui des maladies chro¬ niques ou À rechute, et laisse supposer que pour une partie de la population. l’hospitalisation des enfants est devenue une attitude presque syatématique devant n’importe quel état pathologique. Nous reviendrons sur ce phénomène. l’hôpitel. Une très faible proportion (3,6 22) restent plus de 2 moie. DANS L’AGGLOMERATION PARSENNE 25 Plus de la moitié des enfants (582 %) restent moins de 15 jours ̀ 38,2 9% restent de 15 jours à 2 moie. 12 0% des enfants sont envovés en placement à leur sortie de l’hôpital. gonie de malades, et ne peut donc avoir de valeur significative. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 91 La classification des diagnostics a posé un problème difficile. Il était indispensable de limiter le nombre de rubriques pour obtenir des chiffres statistiquement utilisables. Nous avons donc décidé de ne pas dépaser le nombre de 21 catégories. ce qui a eu pour conséquence de nous obliger à rassembler sous une même rubrique des maladies dont la signifcation et la gravité ne sont pas compa¬ rables. (Par exemple, la rubrique n° 13 groupe des méningites à germes pyogènes avec les méningites lymphocytaires ou tuberculeuses : de même, la rubrique n° 2 groupe certains états pathologiques proches des rhino¬ pharyngites et les pneumopathies les plus sévères.). D’autre part, la nosologie des affections du nourrisson reste souvent imprécise. Le même malade pouvant recevoir l’étiquette « rhino-pharyn¬ gite », « otite », « diarrhée », ou même « déshydratation », suivant l’impor¬ tance attachée à l’une ou l’autre des manifestations morbides. C’est dire que les conclusions tirées de l’étude des diagnostics doivent l’être avec la plus extrême prudence. Certaines constatations sont cependant significatives : a) La moitié des enfants (464 %) sont admis pour une maladie des voies respiratoires (rubriques nos 1, 2, 3, 4, 5, 12, 14). b) La pathologie du cavum et des voies respiratoires supérieures repré¬ sente, à elle geule, près du tiers (29 0%) des cas. Ces chiffres sont gignificatifs, bien qu’ils coient probablement majorée du fait que cette parrie de notre enquête s’est déroulée pendant la saison froide. C) Les troubles digestifs (rubriques no5 6, 7, 9) rassemblent 17 %% des cas. Nous avons vu les réserves qui s’imposent : certains malades pouvant indifféremment être classés ici, ou sous la rubrique du facteur étiologique (le plus souvent affection du cavum ou des oreilles), à l’origine des manifesta¬ tions digestives. d) Il en va de même pour les étars toxiques. Si le chifre de 57 9% peut être retenu à titre indicatif, il existe ici un facteur non négligeable d’appré¬ ciation qui conduit à claser la maladie sous la rubrique « diarrhée x ou « deshydratation ». e) Le pourcentace de « convulaions » esr concidérable (61 9%), bien que les méningites en soient, par définition, exclues. Ce symptôme est certainement un de ceux qui imposent l’hospitalisa¬ tion avec le plus de force, ausi bien de la part du médecin traitant que de la famille. f) Par contre, la proportion des maladies contagieuses banales (73%). est fonction de l’exigtence dans un service de ailles réservées à cette caté¬ 28 UNE éTUDE DE PÉDIATRE SOCIALE 3) La catégorie des « maladies non classées » (4 9%) rasemble toute une série d’affections dont le nombre de cas pour chacune était insuffsant pour être significatif et comprend, en particulier, les néphrites, les néphroses, les rhumatismes articulaires aigus, les poliomvélites, les hémopathies et d’autres affections plus rares, mais souvent sévères. Quant aux pourcentages des autres rubriques, ils sont tron faibles pour pouvoir en tirer des indications utiles. CHAPITRE IL LA PATHOLOGIE HOSPITALIERE Il résulte de l’orientation médico-sociale de notre enquête une pauvreté relative des renseignements médicaux au sens strict. Nous avons trouvé, néanmoins, suffisamment signifcatives certaines corrélations, pour les signaler ici, à titre d’exemple, afn de montrer l’intérêt que pourrait présenter une enquête similaire d’orientation plus directement clinique. Par souci de schématisation nous avons séparé les catégories de diagnostic en trois goupes principaux : — La pathologie digestive comprenant les diarrhées (6), les toxicoses (7) et les vomissements (9). — La pathologie respiratoire comprenant les rhino-pharyngites (1), lee pneumopathies (2), les otites (3), les bronchites (4), les angines (5). les laryngites (12) et l’asthme (14). Les autres rubriques (8, 10, 11, 13, 16, 17, 18, 19, 20, 21). Pathologie hospitalìre suigant l’âge de l’enfant hospitalige Pourcentage des rhino-phlaryngites et dge de l’enfant Pourcentage de toricoses et Age de l’enfnt hospitualise UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 30 a) Pathtologie dicestige. Les pourcentages des troubles digestifs et en particulier celui des toxi¬ coses diminuent de façon régulière de la naissance à 3 ans : de la naissance à 3 mois on note 37,2 9% de troubles digestifs (dont 12,1 9% d’états toxiques) : entre 2 ans et 3 ans, 4,5 9% de troubles digestifs, sans aucun état rozique. b) Patholagie respiratoire. Les maladies respiratoires suivent une évolution différenre e’élevant en pourcentage de 0 à I an, pour rester sensiblement stationnaires au cours de la deuxième année et décroitre légèrement entre 2 et 3 ans. Le pourcentage des rhinopharyngites s’élève de 4,5 % chez les enfants de 0 à 3 mois, jusqu’à 164 9% chez les enfants de 6 à 12 mois. DANS L’AGGLOMÉRATIONSPARISIENNE 51 Que peut-on déduire de ces constatations 2 Plus le nourrisson est jeune, plus important est le groupe des afections proprement digestives, parmi lesquelles les diarrhées infectieuses tiennent une très large place, Par contre, plus la nosologie des affections respiratoires reste imprécise, et plus on héeite à qualifer de rhinopharyngite des états Pathologiques dans lesquels se manifeste presque toujours une certaine gène réspiratoire, même ind́bpendamment de signes sthétacoustiques ou d’images radiologiques significatives. Chez le nounisson plus ge, au contraire, la rhino-pharyngite s’indivi¬ dualise avece son caractère de maladie etrictement localisée au cavum et 5à bénignité d’évolution. 82 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRE SOCIALE Les maladies purement digestives perdent leur prépondérance dans le deuxième semestte de la vie. (On sait, par exemple, que les diarrhées à germes pathogènes y sont beaucoup moins fréquentes.). Les déshydratations et les états toxiques prédominent au cours du premier trimestre, mais restent fréquents pendant toute la première année et n’accusent une baisse sensible qu’à partir de la fin de la première année. Nous avons effectu le calcul de la durée moyenne d’hospitalisation pour chaque catégorie de diagnostic, et nous les avons ensuite classés par ordre de durée croissanté d’hospitalisation. Ce tableau permet quelques constatations intéressantes, mais il soulève également des hypothèses qui nécessiteraient une étude plus poussée pour leur confirmation. La catégorie des malades « en observation » a la durée d’hospitalisation la moins prolongée (7 jours), ce qui s’explique si l’on saisit la signifcation de cette dénomination. Cette catégorie n’intéresge paa les enfants dont la maladie, par sa gravité. son atypie, ou la nécessité d’examens paracliniques délicats implique la « mise en obgervation » hospitalière. Ces derniers sont classés à leur gortie de l’hopital gous l’étiquette du diagnostie, ou à défaut, du symptôme prédominant. Les malades « en observation » gont ceux dont un symptôme réel ou présumé a suscité l’inquiétude de l’entourage ou du médecin traitant, aymp¬ tôme qui n’est pas retrouvé durant le séjour à l’hopital. Parmi les diagnostics confrmés, le groupe des rhinopharyngites a la durée d’hospitalisation la plus courte. Cette dernière, cependant, est de 9,7 jours. En d’autres termes, le cot̂t de la journée d’hogpitalisation en médecine étant de 4 410 anciens francs, l’hospitalisation d’un enfant pour rhinopharyn¬ gite retient, en moenne, à 42706 anciens fiancs (42% NF), compte non tenu des honoraires médicaux. Puis viennent, par ordre de durée croissante, les : — laryngites (9,9 jours). — les angines (12 jours) — Tasthme (12,7 jours). UNE ÉTUDE DE PÉDATRIE SOCIALE 31 Dans le groupe des maladies dont la durée d’hogpitalisation e situe entre 2 et 3 semaines, nous trouvons dans l’ordre : — les diarrhées (141 jours) — les bronchites (15,7 jourg). — les convulsions (16,2 jours) On est en droit de se demander dans quelle mesure la durée d’hospita¬ lisation des convulsions n’est pas infuencée par le retard dans l’obtention L'esamens copplemcnhairae abumne les E. EC er par le couci de renoucler cet examen après un certain intervalle de temps, en gardant l’enfant hospi¬ talisé dans le but d’éviter à la famille l’avance de fonds qui lui serait réclamée en consultation externe. — les otites (16,6 jours). — les aections de la pequ et des muqueuses (16,7 jours). Il est facile de comprendre pourquoi les affections dermatologiques (dont les plus fréquentes sont les impétigos, les eczémas, les dermo-épidermites microbiennes, les stomatites), qui sont souvent des maladies bénignes, ont une durée d’hospitalisation relativement longue. La nécessité de leur hospi¬ talisation est parfois discutable : mais, une fois admis à l’hepital, comme leur traitement est souvent décevant et long, leur séjour se prolonge. — les pneumopaihies (17,6 jours). — les maltadies infectièuses (18,6 jours). La durée d’hospitalisation des maladies contagieuses est souvent grevée d’une duree d’isolement plus ou moins systématiquement appliquée qui. pour certaines d’entre elles (la rougeole ou la scarlatine, par exemple), dépas¬ sait sensiblement la période de contagiosité réelle. Vient ensuite un groupe de maladies dont la longue durée d’hospitalisa¬ tion s’explique par la gravité : — les foxicoses (20 jours). — les méningites (22,7 jours). — les malformations (24,6 jours). — le groupe des maladies non ctassées (27,6 jours) (toute une série de maladies dont le pourcentage était insufisant pour être significatif ont été rassemblées dans ce groupe, qui comprend, de ce fait, les néphrites, les néplroses, les hmopathies, les poliomyélites, etc, mala¬ dies dont la sévérité explique la durée d’hospitalisation). Noue parvenone, enfin, à un groupe de maladies dont la durée d’hospi¬ talisation est la plus longue, et qui soulèvent un certain nombre de problèmes : — Prématurité et acidents néo-nataux (28 jours). Ce groupe comiprend, à ĉté des prématurés, des états parhologiques fort disparates (complications des anoxies néo-natales, hémorragies méningées. manifestations d’incompatibilité; sanguine fœto-maternelle, etc.). I1 n’en reste pas moins que les enfants de ce groupe sont classés, pour la plpart. sous l’étiquette « prématurité ». (1) Voir amnexe II « Les prino-infections tuberculeuges ». DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 83 Comme les plus petits prématurés sont retenus dans les centres spécia¬ lisés des maternités, ou dirigés sur le centre spécialisé de l’École de Puéri¬ culture, il s’agit vraisemblablement ici d’enfants qui ont été jugés suffisam¬ ment robustes pour réintégrer leur foyer. Leur hospitalisation s’explique par des difficultés imprévues d’élevage. Leur maintien à l’hopital, en dépit du risque de surinfection, est fonction de l’impossibilité où se trouve le milieu familial de leur assurer les conditions d’un développement satisfaisant. — Rachitisme et hypotrophie (30,6 jours). A l’inverse de la catégorie précédente, il s’agit ici de nourrissons plus âgés (en majorité entre 6 mois et 2 ans) dont l’état pathologique s’explique en partie par de défectueuses conditions d’élevage dans le milieu familial. Les règles hygiéno-diététiques élémentaires n’y avant pas été appliquées, il est à crain¬ dre qu’elles ne le soient pas davantage à leur sortie de l’hôpital. — Prima-infctions tuberculeuses (49 7 jours). Ce dernier groupe est plus hétérogène qu’il n’apparait à première vue. L’âge y joue un rôle capital et 15 des cas sont des nourrissons de moins d’un an. Il’est dificile de placer sur le même plan clinique des primo-infections avec atteinte de l’état général et volumineuses images radiologiques, et les virages de cuti-réaction pratiquement latents. Il nous parait cependant abusif d’expliquer la durée prolongée d’hosprcansatton ue ces maiaues par la seule gravité de leur état. L’hospitalisation n’intéresse, en effet, qu’une fraction limitée des primo¬ infections et, rien ne permet de penser qu’il s’agisse électivement des cas les plus sévères. Il nous paraît, au contraire, que la majorité des enfants admis pour primo-infection sont dirigés sur l’hôpital en raison de conditions médico-sociales, et que ce sont ces conditions qui entrainent la prolongation de leur hospitalisation, ainsi que leur placement secondaire en établissement spécialisé (1). UNE ÉTUDE DE PÉDIATRE SOCIALE 36 A quelques variantes près, on note un parallélisme remarquable entre la courbe des durées moyennes d’hospitalisation et le pourcentage des placements consécutifs. Ce parallélisme est frappant, pour lès catégories d’une durée d’hospitalisation prolongée. Les malades « en observation », les rhinoplaryngites, les larvngites, les angines, les asihmes, les diarlées ont à la fois une durée d’hospitalisation n’excédant pas 2 semaines, et un taux de placement inférieur à 7 9%. Les bronchites ont une durée d'hospitalisation de 15,7 jours et un taux de placement de 9,7 9% (ces chiffres légèrement supérieurs à ceux du groupe précédent, laissent supposer qu’un certain nombre d’enfants atteints de dilatation des fronches ont été inclus sous l’étiquette de bronchire). Les convulsions, d’une part, les maladies de la peau et des muqueuses. d’autre part, dont nous venons de voir que la durée d’hospitalisation relative¬ ment prolongée peut s’expliquer par des considérations indépendantes de leur gravité propre, ont l’une comme l’autre un faible taux de placement secondaire (respectivement 5, 2 9% et 7 9%). A l’inverse, les « cas sociaux », dont la durée moyenne d’hospitalisation est inférieure à 2 semaines, ont un taux de placement secondaire de 14 9% Il n’est pas discutable que le placement dans ces cas répond à des considéra¬ tions essentiellement extra-médicales. Les groupes des « otites » (séjour moyen 16,6 jours, taux de place¬ ment 13,0 9%), et des « pneumopathies » (séjour moyen 17,6 jours, taux de placement 11,9 2%) forment une transition avec les catégories suivantes qui sont des affections sévères : Les ḿningites (séjour moyen 22,7 jours, taux de placement 14,8 9%). Les toxicoses (séjour moyen 20 jours, taux de placement 15,7 9%). Les malformations (séjour moyen 24,6 jours, taux de placement 22 9%). Les maladies non classées (séjour moyen 27,8 jours, taux de placement 262 94). Nous retrouvons enfin, dans le même ordre que précédemment : La prématurité (séjour moyen 28 jours, taux de placement 27,1 9%). Le rachitisme et l’hypotrophie (séjour moyen 30,6 jours, taux de place¬ ment 36,2 %). Les primo-infections (séjour moyen 49,7 jours, taux de placement 84,5 9%). Les diff́rentes catégories de placement et leur durée respective nenous sont pas révélées par notre enquête. On peut cependant déduire de l’expé¬ rience les indications suivantes : Les nourrissons de moins de l an, non tuberculeux, sont le plus souvent dirigés sur une pouponnière de l’Assistance Publique, ou sur une poupon¬ nière privée. Les enfants convalescents de maladies aiguss sonr diriges vers des Centres de convalescence de courte durée. Les rachitiques et les hypotrophiques de plus de l an sont placés dans des établissements de cure hélio-marine. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 37 Certaines affections particulières, telles que néphrites, néphroses, R.A.A, poliomyélites, sont orientées vers des établissements spécialisés. Les primo-infections sont envovées en préventorium. A première vue, les placements s’inspirent moins qu’on n’aurait pu le supposer de considérations extra-médicales. Ea eont, les maladies beniones de courte dure connaisent un taux modéré de placements secondaires. Le taux de placements s’élève ensuite, parallelement à la gravité de la maladie. Lorsquil existe une discordance entre la bénignité relative d’une catégorie morbide et la durée moyenne d’hospitalisation qu’elle entraine (les convulsions, les maladies de la peau), c’est au premier de ces deux facteurs que répond le taux de placement. Nous allons voir que cette première impression doit être corrigée dans une certaine mesure, et que les placements paraissent soumis en partie à la pression de considérations sociales. L’étude des trois dernières catégories de maladies illustre cet aspect du problème. En effet, les groupes des prématurés, des rachitiques et des primo¬ infections rassemblent, à des titres divers et pour des raisons différentes, des enfants pour lesquels la nécessité d’un placement s’impose moins en raison de la gravité de leur état que du fait de la nécessité de les soustraire à un milieu familial insufisant ou dangereux. Les prématurés qui, comme nous l’avons dit, sont rarement de très petits prématurés, nécessitent, pour leur élevage, certaines conditions tant hygié¬ niques que diététiques qu’il ne serait pas impossible théoriquement de trouver dans leur foyer, mais que les familles des enfants hospitalisés se révèlent, dans la grande majorité, impuissantes à appliquer. Les états dystrophiques acquis, groupés sous la rubrique « rachitisme et hypotrophie » ne nécessitent souvent, pour leur guérison, que des conditions d’élevage plus favorables que celles qu’ils ont trouvées dans leur milieu familial. Les enfants atteints de primo-infction tuberculense, dans l’état actuel de la thérapeutique antibiotique, pourraient pour la plupart être rendus à leur famille, s’il était certain qu’ils y fussent soustraits à toute possibilite de surinfection, que le traitemenr antibiotique leur fât régulièrement appli qué, que des contrôles réguliers pussent être assurés et que leur hygiène de vie fât satisfaisante. C’est parce que ces condirions ne peuvent être qu’exceptionnellement réunies que l’orientation préventoriale est la règle (1). Nous remarquons, enfin, que la longueur d’hospitalisation de ces 3 caté¬ gories de malades est en relation étroite avec la nécessité du placement consécutif, la lenteur de sa mise en route et l'impossibilité où l’on estime se trouver de rendre provisoirement l'’enfant à sa famille. (1) Voir ennece II et annexe HI. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 38 CONCLUSION En raison du caractère médico-gocial de notre étude les considérations d’ordre clinique ont volontairement été laissées de côté. Nous nous commes attachés escentiellement à l’étude de la durée moyenne d’hospitalisation ainsi qu’à celle dee placements médicaux congé¬ cutife à l’hospitalisation. l° La durée moyenne d’hospitalisation n’est pas uniquement fonction de la gravité de la maladie. Elle dépend au moins autant de congidérations sociales et plus particulièrement de l’impossibilité pour certaines tamilles d’assurer à l’enfant une thérapeutique réguilière et contrêlée, ou gimplement des condi¬ tione d’élevage gatisfaisantea. C’est ainsi que, pour dee raisons diverges, les maladies contagieuses, les affections de la peau et des muqueuses, mais surtout les enfante prmoturés. rachitiques, hypotrophiques, ou atteinte de primo-infections, voient se pro¬ longer leur séjour hospitalier. 2° L’étude des placements médicaux révèle dans l’ensemble un paralléliame remarquable entre la courbe des durées movennee d’hospitalisation et le pourcentage des placements congécutifs à ces hospitalisations. Les maladies bénignes et de courte durée connaisgent un taux modéré de placements secondaires, puis dans l’ensemble le taux de placement s’élève avec la gravité de la maladie : mis les enfants les plus frcéquemment placees à leur sortie de l’h8pital sont ici encore les prématurés, les rachitiques, les hypotrophiques et les primo-infectés, pour legquels la nécessité de placement e’impose moins en raison de la gravité de leur état que du fait de la nécessité de les soustraire à un milieu familial insuffieant ou dangereux. CHAPITRE II CONDITIONS DE LOGEMENT DES FAMILLES D’ENTANTS HOSPITALISES La pression démographique, l’accumulation des retards apportés à la rénovation du capital immobilier ainsi qu’à l’édification d’ensembles d’habi¬ tation, l’insufisance numérique des immeubles locatifs accessibles à la classe ouvrière et aux jeunes ménages, rendent particulièrement critiques les condi¬ tions de logement dans la région parisienne. De sorte qu’il n’est pas étonnant de retrouver ce problème, avec toute son acuité, pour les familles de nos hospitaligés. Il nous a paru intéressant de comparer, à titre indicatif, les conditions de logement rélevées dans notre enquête avec celles de l’ensemble de la population du département de la Seine, telles qu’elles ressortent du sondage au 1120 effectué par l’LN. S.E.E., d’après le recensement général de la popu¬ lation (mai 1954). Nous n’ignorons pas que notre échantillonnage porte sur un nombre de cas très faible en comparaison du nombre des habitants de la région parisienne. Il faut donc rester très prudent dans l’appréciation de données comparatives. Certaines differences sont néanmoins suffisamment significatives pour éclairer d’un jour particulier les conditions de logement de notre population. Nous avons donc comparé entre eux : — Les résultars de notre enquête. — Les résultats du sondage au 1/20 pour l'ensemble de la population de la Seine. Les réaultata du sondage du XVIe arrondissement, de la ville de Saint-Quen, représentant respectivement le plus peuplé des arron¬ disements de Paris-Nord et l’une des plus importantes aggloméra¬ tions de la banlieue Nord. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 40 Nombre de pièces par logements Ce qui frappe d’emblée, c’est l’importance du pourcentage de logement de 1 pièce dans notre enquête. Ce pourcentage (38,6 9%) dépasse largement aussi bien le pourcentage global pour la Seine (27 9%) que celui du XVIlIle arrondisement (32 2%) ou celui de Saint-Quen (25,3 20). détriment de celui des logements de 2 et 3 pièces. Ce pourcentage de logements de l pièce s’élève dans notre enquête au A l’inverse, les logements de 4 pièces et plus dont le nombre et d’ailleurs. minime, paraissent proportionnellement plus nombreux dans notre enquête (15,4 2%) que dans l’ensemble de la population de la Seine (13,9 9%). Cette comparaison nécessite une correction : en efet, dans le cadre de la statistique générale, une proportion considérable de logements sont occupés par une personne seule ou par un couple sans enfants. En éliminant de nos deux statistiques les logements occupés par moins de 3 personnes, nous obtenons deux groupes de populations moins dissem¬ blables, et notre comparaison devient plus signiféative. Nombre de pìces par logements ocupes par 3 personnes (ou plus) Cette comparaison permet les constatations suivantes : a) Le nombre des logements de l pìce est 3 fois plus élevé (37,2 0%). dans notre enquête que dans l’ensemble de la population de la Seine (12,6 9%). b) Les proportions s’inversent pour toutes les autres catégories de loge ment, mais essentiellement pour les logements de 3 pièces ou plus. Nombre d’enfants dans les familles d’Iospitaliss Il existe un rapport tellement étroit entre les conditions de logement et la dimension des familles qu’il nous a paru nécessaire d’effectuer icicette étude. comparaison. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 31 Les statistiques de l’I N.S E E, pour le département de la Seine donnent des chiffres concernant les enfants de moins de 16 ans. Nous ignorons, dans notre enquête, l'âge exact des frères et soeurs de nos enfants, mais en tenant compte du fait que l’enfant hospitalisé est agé de moins de 6 ans, nous en avons déduit que le nombre des enfants de nos familles âgés de plus de 19 ans était suffisamment faible pour pouvoir être négligé sans fausser la comparaison entre les deux statistiques. Comparaison du nombre d’enfants par famille Il résulte de cette comparaison que le pourcentage des familles de 5 enfants et plus est 2,6 fois plus élevé dans la population hospitalière que dans l’ensemble de la population de la Seine. En d’autres termes, si nous appelons « taux moyen d’hospitalisation » des enfants dans la région parisienne un coefficient représentant le rapport existant à un moment donné entre le nombre total des enfants et le nombre des enfants hospitalisés, on peut conclure que les enfants appartenant à des familles de 5 enfants et plus ont un taux d’hospitalisation égal à 2,6 fois le taux moyen d’hospitalisation dans la région parisienne. Nombre d’habitants par pièce d’habitation Nous avons ́liminé des statistiques de l’ILN.SEE. les logements ocuypes par moins de 3 personnes pour rendre plus homogène notre UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 42 Nous constatons que le pourcentage des familles habitant à 5 personnes ou plus dans une seule pièce est 11,5 fois plus élevé dans notre enquête que dans l’ensemble de la population de la Seine. En termes de « taux d’hospitalisation » on peut donc dire que le taux d’hospitalisation des enfants habitant avec plus de 4 autres personnes dans une pièce est égal à 11,5 fois le taux moyen d’hospitalisation des enfants dans la région parisienne. D’une facon plus générale, toutes les catégories de familles en état de surpeuplement sont plus largement représentées dans la population des hospitalisés que dans la population de la Seine dans son ensemble. Densité moyenne par pièce d’habitation (Nous n’avons tenu compte, comme précédemment, que des logements occupés par plus de 2 personnes.). DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 43 Un caleul simple (addition d’une part du pombre total de pièces et. d’autre part, du nombre total d’habitants et calcul du quotient) fournit les résultats suivants : Enquête. 27 habitants par pièce Population de la Seine (I.N.S.E.E.) .. 1,49 habitants par pièce La densité moyenne par pièce d’habitation est donc sensiblement plus élevée dans les familles d’enfants hospitalisés. CONCLUSION L’étude isolée des logements apporte la notion d’une plus grande exi¬ guité de ceux-ci chez les hospitaligés. L'étude du nombre d’enfants par famille indique un pourcentage plug élevé de familles nombreuses. Maie seule l’étude corrélative de ces deux aanecta du problème revèle le phénomène essentiel : centage de familles logées dans des conditions de surpeuplement intolérable. Ce qui caractérise la population des hospitalisés c’est l’extraordinaire pour¬ En effet, 17,7 %, des enfants habitent à 5 personnes ou plus dans un geule pièce. En d’autres termes, parmi les logements de l pièce (38,6 9% danas notre échantillonnage) 44 0% sont occupés par au moins 5 personnes. C’est dire que, parmi les familles de 5 personnes ou plus (55,7 0% dans notre échan¬ tillonnage) 30,6 0%, habitent dana une seule pièce. Suivant lea critèrea du Ministère de la Reconstruction et de l’Irhanisme (M.B. U.), une « condition de surneuplement critique » est atteinte par une famille loraque le nombre de personnes par nièce d’habitation est égal ou gupérieur à 2. Dans notre échantillonnage, 58 0%, des tamilles gtvent dans des conditons de surpeuplement critique. Ce pourcentage est tellement élevé que, dans le but d’étudier l’incidence du surpeuplement aur certains aspecta de l’hoapi¬ talisation de enfants nous avons du regrouper sous la dénomination de « mal logés », une population comprenant le troig catégories suivantes : 1 pièce pour 5 personnes et plus .. 17,7 7% 2 pièces pour 6 personnes et plus .. 8,5 9% 3 pièces pour 8 pergonnes et plug.. 2,4 9% ce qui donne un tatal de 28 6 %. Pre du tiera de la population que noue avons étudiée ce trouve soumise à de telle conditions de surpeuplement. CHAPITRE IY LES HOSPITALISATIONS MAULTIPLES Alors que l’étude des conditions de logement n’aboutit qu'’à chiffrer. de facon d’ailleurs éloquente, une notion déjà fort répandue parmi les méde¬ cins hospitaliers, l’étude des réhospitalisations chez les enfants révèle un phénomène moins immédiatement perceptible et dans une certaine mesure contraire à l’opinion première que l’on se fait de l’hospitalisation. En effet, dans l’esprit du public, comme dans celui des médecins, l’idée d’hospitalisation est le plus souvent associée à celle d’une situation d’excep¬ tion, d’accident, de crise. Un jour, en raison d’une maladie grave, d’un diagnostic difficile, d’examens complémentaires délicats ou de conditions sociales particulièrement critiques, on se décide à hospitaliser un enfant : encore faut-il l’autorité du médecin, la confance de la famille, parfois l’appel à un médecin consultant pour vaincre la répugnance instinctive qui s’attache à cette séparation. Dans cette optique, les réhospitalisations devraient être exceptionnelles et pratiquement l’apanage des seules maladies graves et chroniques, ou à rechutes. Nous avons vu cependant précédemment que 36,38 6% des entrants, 6ges de moins de 6 ans, en sont au moins à leur seconde hospitalisation. L’analyse de certaines statistiques de corrélation va nous permettre une meilleure approche de ce phénomène. Hospitalisations multiples et ̂ge de l’enfant hospitalisé UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 46 Ce tableau corrélatif permet de se faire une idée plus précise de l’impor¬ tance des hospitalisations multiples. Il est bien évident en effet que les chances pour un enfant d’être hospitalisé plusieurs fois sont proportionnelles à son âge. De fait, on s’apercoit que si 10 0% seulement des nourrissons de moins de 3 mois ont déjà été hospitalisés, ce pourcentage s’élève à 113 pour les enfants de plus de 6 mois, et à plus de la moitié pour les enfants de plus de 3 ans. Hospitalisations multiples et diagnostic Nous avons cherché à comprendre les raisons médicales qui conduisent un enfant à des hospitalisations successives. Malheureusement, les résultats obtenus sont très diffcilement analysables en raison, d’une part de la mulri¬ plicité des catégories morbides, d’autre part de l’imprécision même de ces catégories. De plus, le nombre total des cas dans une catégorie déterminée est souvent insuffisant pour que le pourcentage soit significatif. des élements plus significatifs. DANS L’AGGLOMÉRATON PARISIENNE 37 Pour simplifer, nous avons groupé les états pathologiques en 2 caté¬ gories : — Ceux dont le pourcentage est plus élevé au cours de la première hospitalisation. — Ceux dont le pourcentage est plus élevé au cours des réhospitali¬ sations. Le premier groupe comprend: Les diarrhées, les toxicoses, les convulsions, les vomissements, les laryngites. les rachitismes, les malformations, les prématurés, les maladies de la peau et des muqueuses, les malades en observation, les maladies non classées. Le deuxième groupe comprend : Les rhinopharyngites, les pneumopathies, les otites, les bronchites, les angines, les maladies infectieuses, les primo-infections tuberculeuses, les méningites, l’asthme, les cas sociaux. Cette confrontation ne nous éclaire guère. En effet, les maladies du premier groupe sont surtout des affections prédominant dans la petite enfance, ce qui s’explique très simplement du fait que le pourcentage des réhospitalisations augmente avec l’âge de l’enfant. De fait, nous retrouvons ici le balancement déjà noté entre le groupe des affections digestives, plus important dans la première année, et le groupe des affections respiratoires dont le pourcentage s’élève avec l’âge de l’enfant. Sur le plan de la gravité, les résultats globaux ne sont guèreplus signifcatifs. Force nous est de reconnaître notre impuissance à donner aux réhospi¬ talisations d’enfants une signification précise en rapport avec l’état patho¬ logique. La catégorie « asthme » est la geule qui représente une maladie chro¬ nique et à rechutes pouvant impliquer dans les cas graves des réhospitalisa¬ tions successives. La catégorie « maladies non classées » (nous avons vu qu'’elle représente un lot d’affections le plus souvent sévères) prédomine dans le groupe des premièrés, hospitalisations. En revanche, une autre catégorie de maladies graves, « les méningites ». prédomine dans le groupe des réhospitalisés. Seule, l’étude des catégories « rhinopharyngite » et « otite » apporte Hospitalisations muliples Pourcentages des rhinoplaryngites et des otites UNE ÉTUDE DE PÉDATRIE SOCIALE 48 Si l’on considère, en effet, la « rhimopharyngite » comme le type de l'’affection respiratoire bénigne, on constate une progression régulière du pourcentage au cours des réhospitalisations successives. Celui-ci s’élevant de 10,2 9% au cours des premìres hospitalisations, jusqru’à 19 % du total des cas au-dela de la 3e hospitalisation. Il en est de même pour les « otites » dont le retentissement sur l’état général est d’autant moins important que l’enfant est plus agé, et dont le pourcentage progresse de 10,3 % au cours des premières hospitalisations jusqu’à 13 % au-delà de la 3e. En résumé, au-delà de la 3e hospitalisation, plus de 1/3 des cas corres¬ pond à des affections somme toute bénignes des voies respiratoires supérieures. Enfin, la catégorie des « cas sociaux » prédomine chez les réhospitalisés. 49 DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE Tout ceci nous montre bien que la gravité de la maladie n’est pas l’éle¬ ment décisif qui conduit aux réhospitalisations des enfants. Hospitalisations muliples et durée de séjour à l’hpital Ce tableau corrélatif confirme l’impression précédente. En admettant qu’il existe grossièrement un parallelisme entre la gravité d’une maladie et sa durée d’hospitalisation (nous avons vu les quelques réserves que cette estimation comporte), nous constatons que la durée moyenne de séjour à l’hopital est sensiblement équivalente au cours des lres. 2emes et 3emes hospitalisations, mais s’abaisse nettement au-delà de la 3ene hospitalisation. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 5 Hospitalisations multiples et placements consécutifi Nous avons vu que, sur un plan général, il existe un parallelisme entre la durée d’hospitalisation dans une catégorie pathologique et le pourcentage de placements consécutifs. Il est donc particulièrement intéressant de faire ici une constatation opposée. Le pourcentage de placements s’élève en effet régulièrement avec le nombre des réhospitalisations, passant de 10,2 % après la lre hospitalisation à 18,4 9% au-delà de la 3e hospitalisation (alors que la durée moyenne de l’hospitalisation s’abaisse dans ce cas). Les conditions qui déterminent les hospitalisations multiples chez l’enfant favorisent également son placement. Hospitalisations muliples et nombre d’enfants dans la famille Les deux catégories extrêmes : — enfant unique — famille de 5 enfants et plus donnent des chigres particulièrement signifcatifs. Le pourcentage des enfants uniques tombe de 27,6 % lors de la lre hospi¬ talisation, à 8, 1 9% au-dela de la 3e. Le pourcentage des familles nombreuses (3 enfants ou plus) s’élève de 16,4 6% (lre hospitalisation) à 23,8 0% (2e hospitalisation), 29,2 0% (3e hos¬ pitalisation) et 343 % au-delà de la 3e hospitalisation. Il existe un rapport certain entre le nombre d’enfants dans la famille et la tendance aux réhospitaligations. Hospitalisations multiples et conditions de bogement UNE ÉTUDE DE PÉDLATRIE SOCIALE 52 Si nous reprenons la catégorie des enfants « mal logés », telle que noug l’avons précédemment définie (1), nous constatons — que les conditions de surpeuplement paraissent bien constituer un facteur déterminant dans les réhospitalisations des enfants. CONCLUSION Le pourcentage considérable des réhospitalisations successives chez le enfants est une des constatations surprenantes de notre enquête. Le pourcentage de ces réhospitalisations dépasse de beaucoup celui des maladies chroniques ou à rechute. Il est manifeste qu’une partie de la population considère l’hospitalisation non comme une solution d’exception, mais comme la règle qui s’impose devant n’importe quel état pathologique. Il est vraisemblable que des considérations sociales ou tout au moins extra-médicales, interviennent dans ces réhospitalisations successives. Notre enquête ne nous fournit de précicions que sur le nombre des enfants dans la familie et sur les conditions de logement. La situation de famille nom¬ breuse logée dans des conditions de gurpeuplement extrême favorise indiscuta¬ blement la répétition des hospitalisations de l’enfant. Le fait de retrouver, aussi bien chez les mal logée que chez les réhospita¬ lisés, un pourcentage considérable d’affections bénignes des voies respiratoires guprieures, peut s’expliquer de deux manières : Pour une part, les conditions de eurpeuplement, ainsi que l’insalubrité du logement favorisent la répétition des affctions rhinopharyngées. Mais d’autre part ces mêmes conditions déterminent l’hospitalisation de petits mala¬ des qui, dans d’autres conditione, pourraient être goignée à domicile. Nous ne prétendons pas limiter aux seules conditions de logement l’expli¬ cation des réhospitalisations d’enfants. Notre enquête par sondage nous per¬ mettra de tenter de déterminer dans quelle mesure d’autres facteurs psycholo¬ giques ou socisux (dissociation familiale, travail de la mère de famille, situa¬ tion de l’enfant hors du foyer, etc.) interviennent dans ce phénomène. (1) voir page 45. CHAPITRE VY CONDITIONS D’ADMISSION A L’HOPITAL Près de la moitié (48,4 9% ) des enfants qui entrent à l’hpital sont admis directement sans avoir été préalablement examinés par un médecin traitant. Cette partie de notre questionnaire nous a été suggérée par les consta¬ tations effectuées pendant les premiers mois de notre travail par sondage. Ce sont ces constatations qui nous ont également incités à isoler la catégorie particulière des enfants admis sans mot de médecin, mais avant consulté pour la maladie actuelle soit un medecin traitant, soit un dispensaire dans les jours précédant leur hospitalisation. Seule, notre enquête par sondage nous fournira des éléments pour étudier la signifcation de cette catégorie particulière d’admissions directes. C’est pourquoi, pour simplifier, nous n’envisagerons ici que deux catégories : 1) les enfants admis avec un mot de médecin, 2) les enfants admis sans mot de médecin. Une premire constatation s’impose. Le pourcentage consilfrable de enfants admis à l’hôpital sans mot de médecin traitant oblige à reconsidérer les notions communément admises concernant l’hospitalisation des enfants. Dans la mesure où les hospitalisations répondent à des conditions d’excep¬ tion, qu’il s’agisse de gravité particulière de la maladie ou de problèmes délicats de diagnostic, les admissions directes ne devraient correspondre qu’à des états pathologiques associant aux données précédentes une notion d’urgence, un caractère dramatique, amenant la famille de l’enfant, par excès d’inquiétude, à conduire ce dernier à l’hôpital sans attendre l’intervention du médecin traitant. Cett réaction se rencontre effectivement parfois, par exemple dans certains cas de convulsions, dans certains états toxiques d’évolution fou¬ drovante, dans certaines manifestations de dyspnée paroxystique. En fait. ces cas restent exceptionnels et ne sauraient expliquer l’importance numé¬ rique des admissions directes. Nous allons voir d’ailleurs, par l’analyse des tableaux de corrlation. que la signifcation, générale des admissions directes est toute autre. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRE SOCIALE 534 Conditions d’admision à l’hpital et diagnostic de ta maladie Tenant compre du fait que la moitié environ (48,6 9%) des enfants entrent à l’hopital sans mot de médecin traitant, nous avons divisé les caté¬ gories de diagnostics en deux groupes : Le ler groupe comprend les états pathologiques où prédominent les admissions avec mot de médecin. Le 2e groupe comprend les états patholo¬ giques où prédominent les admissions directes. a) Dans le ler groupe on trouve : — les pneumopathies — lea bronchites — les diarrhées — lea étata toxiques — les convulsions — les vomissements — les primo-infections — les laryngites — les méningites — l’asthme — le rachitigme — lea malformations — la prématurité — lea malades en obgervation — les maladies non classées b) Dans le 2e groupe on trouve : — les rhino-pharyngites — les angines — lea maladies infectieuses — les maladies de la peau et des muqueuges — les cag sociaux Cette confrontation est signiffcative, Toutes lea catégories de maladies sév̀res se retrouvent dans le ler groupe : les admissions directes ne prédo¬ minent que dans des catégories de maladies considérées dans l’ensemble comme bénignes et n’offrant, de toute facon, aucun caractère d’urgence. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 88 Les enfants admis directement à l’hopital y géjournent en moyenne légèrement moins longtemps que les enfants admis avec un mot de médecin. Ces cas sont rares. 56 UNE ÉTUDE DE PÉDLAIRIE SOCIALE La différence, cependant, est faible et peu signifcative. On peut supposer que, parmi les raisons qui provoquent les admissiona directes, certaines infuent également sur la prolongation du séjour hospi¬ talier. Nous citerons à l’appui de cette hypothèse 2 groupes de maladies — Les admissions pour maladies infectieuses concernent souvent des enfants vivant en collectivité (crèches, jardins d’enfants, écoles maternelles) du fait de leur situation familiale. Leur temps d’hospi¬ talisation correspondra donc au minimum à la durée requise d’évic¬ tion de cette collectivité, quelle que soit la bénignité de leur maladie. Les maladies de peau, même sans gravité, entrainent souvent une hospitalisation parce que la mère de famille n’est pas capable d’assurer convenablement les soins à domicile. De ce fait, les enfants séjourneront à l’hôpital jusqu’à ce qu’une amélioration suffisante soit constatée, et celle-ci est souvent tardive, en particulier en cas d’eczéma. Conditions d’admission l’hépital et placement consécutif de l’enfant Les enfants admis directement à l’hopital sont, dans l’ensemble, moins souvent placés à leur sortie de l’hôpital que les enfants admis avec un mot de médecip. Ceci va de pair avee la constatation précédemment faite, concernant le parallélisme entre le taux de placement et la durée moyenne d’hospitali¬ sation dans une catégorie morbide déterminée. Conditions d’admission et hospitalisations muliples Les chiffres sont ici éloquents et montrent qu’au fur et 3 mesure du hospitalisations se répêtent le pourcentage des admissions directes s’élève. On peut avancer plusieurs hypothèses pour expliquer cet état de fait; Dans certaines maladies, la famille est avertie dès la sortie de l’hopital de la nécessité d’une réhospitalisation immédiate en cas de rechute possible. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCALE Plus souvent, l’histoire de la maladie qui a nécessité la première hospi¬ talisation (surtout lorsque cette maladie a été grave), les conditions dans lesquelles sont successivement intervenus le médecin traitant puis l’hopital pour établir le diagnostic et le traitement, ont fait perdre à tort ou à raison. la confiance de la famille dans le médecin de ville au profit de l’organisation hospitalière. De plus, un état d’anxiété s’est installé dans l’entourage de l’enfant, qui craint dorénavant la reprise de la même maladie sévère. La majorité des cas, toutefois, nous parait relever du mécanisme euivant : Quelles que soient les circonstances qui ont déterminé la premìre hospitalisation, la famille s’est rendu compte que cette hospitalisation a assuré de façon satisfaisante la guérison de l’enfant, avec une qualité des soins dificile à obtenir à domicile, et à de moindres frais. Il en résulte que l’hospitalisation de l’enfant péniblement acceptée la première fois, devient progressivement la solution de facilité devant tout nouvel état pathologique. 83 Conditions d’admission À l’hepitale conditions de logement Ilressort de ce tableau que le pourcentage des mal logés s’élève considé¬ rablement dans la catégorie des admissions directes à l’hopital. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 59 CONCLUSION Le pourcentage des admissions directes à l’hôpital est considérable. La moitié des enfants sont hospitalisés sans mot de médecin traitant. Cete situation résulte avant tout du régime des admigasions dans lea hpitaux de l’Assistance Publique. Il n’existe en effet aucun barrage administratif freinant l’hospitalisation directe d’un petit malade. L’admission de l’enfant dépend en fin de compte de la geule décigion de l’interne de garde, compte tenu du nombre de lits disponibles. De plus, chaque hpital comporte un service de consultation externe drainant une partie de la population locale et ce sont les médecins de cette consultation qui décident de l’opportunité d’hospitaliser un enfant amené à cette consultation. Il en résulte que chaque fois que la famille, en raison de son anxiété devant l’état de Penfant, juge l’hospitalisation de celui-ci indispensable et urgente, elle l’amène directement à l’hôpital. Il semble bien, cependant, que la majorité des admisions directee réponde à des cas où l’hospitalisation est décidée en fonction de considérationa extra¬ mélicales (enfant élevé hors du foyer, travail de la mère de famille, conidé¬ rations financières, mauvaises conditions de logement, ou même simple habitude). Il n’apparait pas alors nécesaire à la famille de faire appel à un médecin de ville et le concours de ce dernier ne sera requis que dans le but de faciliter un transport en ambulance, ou pour faire pression sur l’hopital lorsque la bénignité de la maladie fait redouter un refus d’admission. CHAPITRE V LA POPULATION NORD-AFRICAINE C’est sans surprise, mais non sans intérêt, que nous relevons sur le total des enfants de notre enquête le chiffre de 14,9 0% d’enfants de familles nord¬ africaines. L’importance de ce pourcentage reflête bien la réalité quotidienne telle que la vivent actuellement les médecins des hôpitaux parisiens et plus parti¬ culièrement des hôpitaux d’enfants que nous avons pris comme objets d’étude. Deux questions viennent aussitôt à l’esprit : Quel rapport y a-t-il entre le pourcentage d’enfants nord-africains parmi nos hospitalisés et le pourcentage de ces enfants dans la population infantile du département de la Seine 2 En d’autres termes, peut-on déterminer le taux d’hospitalisation des enfants nord-africains par rapport aux enfants métro¬ politainse Quelles raisons déterminent l’élévation du taux d’hospitalisation des enfants nord-africains 2 Malheureusement, dans l’état actuel des choses, il est à peu près impos¬ sible d’obtenir un chifre même approximatif de la population infantile nord-africaine du département de la Seine. Les Nord-Africains algériens sont décomptés comme Français, ce qui empêche tout recensement discriminatoire : nous en sommes donc réduits à un travail d’extrapolation des plus hasardeux. Les seuls renseignements oficiels noug sont fournis par le Bulletin de la Conioncture économique de la Préfecture de la Seine (ler trimestre 1956). On y estime à 100 00 environ le nombre des travailleurs nord-afificains. mais on ajoute que cette population ne comprend guère que des hommes adultes vivant en grande majorité en célibataires et que 3 % seulement ont fait venir leur femme d’Algérie, et 3 9% se sont mariés en Métropole. Aucune indication n’est fournie sur le nombre des enfants. Ces renseignements fournissent donc le chifre total de 6 000 ménages nord-afficains dans le département de la Seine. Pour obtenir le nombre d’enfants on peut procéder de la manìre guivante : UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCLALE 6) Le nombre moyen d’enfants par famille dans le département de la Seine nous est fourni par la statistique générale. Il est approximativement de 1. b) Dans nos statistiques d’hospitalisés, le rapport entre le nombre d’enfants dans les familles métropolitaines et nord-africaines est de 1.5 au proft de ces dernières. D’où l’on peut déduire un chifre total d’enfants nord-africains égale à 6 000 x 1.5 — 9000, ce qui revient à estimer le nombre d’enfants nord¬ africains à moins de 1 9% du nombre total des enfants (1 080 000) du dépar¬ tement de la Seine. Dans ce cas, le taux d’hospitalisation serait 13 fois plus eleué chez les enfants nord-afficains. Devant l’invraisemblance de ces résultats, nous nous sommes adressés aux bons ofices de la E.S. N.A. (Etudes Sociales Nord-Africaines) qui, par une série d’extrapolations, d’après les relevés des « soldes migratoires » établis depuis 1954 pour les hommes, femmes et enfants nord-africains, sont parvenus à des chiffres sensiblement différents, à savoir pour le département de la Seine : 72 750 hommes, 190 000 femmes et 23 760 enfanis. Ce dernier chiffre, qui seul nous intéresse ici, ne tient pas compte des enfants nés en Métropole et n’avant jamais été en Afrique du Nord. Il doit donc être largement majoré. Même dans ces conditions, le taux d’hospitalisation des enfants nord. africains reste largement plus élevé que celui des enfants métropolitains. En résumé, le pourcentage de 15 %% d’enfants nord-africains, dans les hopi¬ taux parisiens, résulte de 2 phénomènes : D’une part, l’augmentation rapide du nombre de ces enfants dans le département de la Seine, augmentation qui ne parait pas avoir retenu sufi¬ samment l’attention. D’autre part, un taux d’hospitalisation des enfants nord-africains tr̀s supérieur (plus du triple probablement) à celui des enfants français métro¬ politains. Afn de déterminer dans quelle mesure les conditions de vie des enfants nord-africains influent sur leur taux d’hospitalisation, nous procederons de la facon suivante : Dans un premier temps nous soulignerons, sans les commenter, les éléments comparatifs de nos tableaux de corrélation. Nous nous efforcerons, ensuite, d’en dégager une vue d’ensemble. 62 Population nord-afficaine et ̂ge de Fenfant bospitalisé respiratoires : ( 2,3 2% contre 1,2 %). DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 65 Le pourcentage des enfants de moins de l an est sensiblement le même dans les deux groupes ethniques (nord-afriçains : 48,4 92, trançais métropo¬ litains : 49,3 9). Mais si l’on subdivise les nourrissong en enfants de moins de 6 mois et enfants de plus de 6 mois, on note que les enfants nord-africains sont proportionnellement moins hospitalisés dans le premier semestre (22,6 0% contre 27,8 0%) et plus souvent hospitalisés pendant le deugième semestre de la vie (25,8 9% contre 21,5 9%). Population nord-africaine et diagnostic de la maladie Les maladies dont le pourcentage est plus élevé chez les enfants nord¬ africains que chez les enfants métropolitains sont les affections des voies (157 %% contre I1.5 2%) — les rhinopharynaites — les pneumopathies (15,3 96 contre 1I,3 2%). (13,3 6% contre 10,3 6%). — les otites ...... (2,7 9% contre 1,6 %). — leg laryngites... — l’asthme...... auxquelles s’ajoute le rachitisme (4,3 9% contre 2,2 0%), la dernière catégorie morbide étant représentée par les diarrhées (10,6 9% contre 9 9%) : ce qut donne encore plus de valeur à la constatation suivante, à savoir que les toxicoses sont exactement 2 fois moins fréquentes chez eux que chez les métro¬ politains (3,1 26 contre 6,2 26). Population nord-ogicaine et dures du séjour A l’hpital On note, dans les 2 catégories, sensiblement le même pourcentage d’enfants hospitalisés moins de 15 jours. Population nord-africaine et placement secondaire à l’hospitalisation Les enfants nord-africains ont un taux de placement gecondaire légère¬ ment inférieur à celui des enfants métropolitains. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 64 Population nord-afficaine et hospitalisations multiples Parmi les enfants nord-afficains, 46,5 6% sont hospitalisée à plusicure reprises, contre 35,7 0% parmi les enfants métropolitains. Cette différence est surtout frappante au-delà de la deuxième hospitali¬ sation. En effet, si le pourcentage des deuxièmes hospitalisations est sensi¬ blement comparable dans les deux groupes (23,5 9% contre 23 1 9%), il s’élève brusquement au-delà de la deuxième hospitalisation (nord-africains : 23 70. métropolitains : 12,6 9%). En d'autres termes, parmi les efnants hospitalisés pour la premoière* fois, on note 12,7 9% de nord-africains, pour la deuxième fois, 15, 1 0%, pour la troisième fois, ou au-dela, 24,2 0% de nord-africains. Ponultation nord-afficaine et conditions d’adnission à l’hépital 61,3 9% des enfants nord-africains sont admis directement À l’hépital sans mot de médecin traitant, contre 46,3 9% pour les enfants métropolitains. Population nord-afficaine et nombre d’enfants dans la famille Le nombre moyen d’enfants dans les familles de nos hospitalisés s’elève à 3,9 pour les familles nord-africaines contre 2,7 pour les familles métro¬ politaines. DANS L’AGGLOḾRATON PARISIENNE 65 Le contragte est encore plus grand en ce qui concerne les familles nombreuses. 38,1 2% des familles nord-africaines comprennent 3 enfants ou plus. contre 17,3 9% des familles métropolitaines. Population nord-africaine et conditions de logement Le pourcentage de logements de l pièce s’élève à 56 6% pour la popula¬ tion nord-afriçaine contre 35, 4 0% pour la population métropolitaine. La densité moyenne par pièce d’habitation à 3,5 contre 2,4 pour la popu¬ lation métropolitaine (parmi les hospitalisés). Le contraste est encore plus frappant dans les catégories les plus défavorisées : Si l’on considère, en effet, les familles habitant dans des conditions de surpeuplement telles que nous les avons définies antérieurement, à savoir : — 1 pièce pour 5 personnes et plus. — 2 pìces pour 6 personnes et plus — 3 pièces pour 8 personnes et plus. on constate que 56% des familles nord-africaines vivent dans de telles conditions, contre 22 0% pour les familles métropolitaines. CONCLUSION C’est avec intention que nous avons terminé notre ligte de comparaisoua par l’étude des conditions de logement de la population nord-africaine. En admettant même que ces conditione de logement soient nour nos hospitalisés, plus mauvaises que celles de la population nord-africaine dang son ensemble, elles révèlent cependant une situation qu’on ne saurait passer soug silence. Les familles nord-africaines de la région parisienne vivent actuellement dans de telles conditions d’entassement qu’il leur est pratiquement impossible. dans une grande partie des cas, de soigner à domicile un enfant malade. Les conditions de logement paraissent donc directement responsableg de l’élévation du taux d’hospitalisation chez les enfants nord-africains ainsi que du pourcentage élevé des hogpitalisations itérativee et des hoepitalieations directes sans mot de médecin traitant. Eles favorisent gans doute également, même gi l’on tient compte d’une susceptibilité ethnique particulière, l’importance des maladies des voies respi¬ ratoires supérieures chez ces sujets. A vrai dire, cependant, ce raisonnement offre prise à la critique. Notre questionnaire n’interrogeant que les conditions de logement de nos hospi¬ talicés tend à en hynertronhier le râle dans le déterminfeme social des hospi¬ talisations. On peut aussi bien soutenir que des facteurs esgentiels, non révélés par notre enquête, infuent en ce domaine autant et plus que le logement. UINE ÉTUDE. DE PÉDLATRIE SOCIALE 68 La population nord-africaine avant sous bien dee rapports une gertaine homogénéité, il n’et done pas inutile d’en soulligmner quelques caractères gpécifiques : — Le niveau économique bas : la plupart des travailleura nord-afticains sont en effet des ouvriers non qualifiés dont le revenu mensuel reste faible, en dépit du complément apporté par les allocations familiales. — La transplantation récente dans la région parisienne qui, associée à un certain degré de ségrégation de fait, conditionne une insertion eociale médiocre. — L’insufisance, non tant de moyens intellectuels que de moyena cultu¬ rels et eesentiellement de moyens de contaet (un certain nombre de Nord¬ Africains ne eavent ni lire ni écrire le français, beaucoup de femmes ne le parlent pas). — Le poids de certaines traditions d’levage des enfants, en particulier gur le plan diétégique. D’où il réeulte toute une gérie de difficultée dans les rapporta entre cette population et les médecins praticiens, par suite des difficultés fnancières et de la méconnaiggance de la langue (d’ou mauvaise interprétation des congeils et des ordonnances). Ces difficultés sont incomplêtement aurmontées par les dispensaires, lea centres de goins et les congultations hogpitalières. Toua cea ftcteura contrihuent à faire des Nord-Africaina le type d’une population qrui, dès la première expérience, trouve, dans l’hoapitalisation la solution la plus favorable aux problèmes pogés par la canté de ses enfante. En revanche, la persistance de liena familiaux aggez forta rendent les mères nord-afficaines, à égalité de gituation, moing dégireuges que d’autres de confier leurg enfante à des placements de longue durée. Enfn, l’allaitement maternel, beaucoup plus généralisé pendant les premiers moie parmi les femmes nord-africaines, a vraisemblablement pour conséquence, non geulement l’hospitalisation comparativement moins impor¬ tante des nourrigsons au-desous de 6 mois, mais encore, malgré des conditions d’hygiène générale défectueuses, un nombre d’étata toxiques nettement moine élevé que chez les nourrissons métropolitains. SECONDE PARTIE ENQUETE PAR SONDAGE HOPTTAL, BRETONNEAU (Service du Dr KAPLAN ler Mai 1958 - ler Mai 1959 (393 ohservations). SECONDE PARTIE ENQUETE PAR SONDAGE CHAPITRE 1 JUSTIEICATION MÉDICALE DE L’HOSPITALISATION Dans gon rapport au séminaire sur les hêpitaux d’enfants organisé par le Centre International de l’Enfance en 1956, le Professeur Marcel Lelong déclarait : « L’obligation de limiter les hospitalisations d’enfants aux cas strictement justifés est la première règle qui s’impose, » Nous montrerons pourquoi cette opinion est aujourd’hui largement partage par les médecins hospitaliers, et les problèmes qu’elle soulève coucernant la fonction et le rôle de l’hôpital, mais nous nous efforcerons tout d’abord de rechercher les critères sur lesquels peut s’effectuer une classi¬ fcation des hospitalisations d’enfants en fonction de leur justifcation médicale. Dans un service de médecine infantile, il existe tous les intermédiaires entre les maladies dont la sévérité ou la diffculté du diagnostic exigent la mise en œuvre d’un équipement technique que les centres hospitaliers sont seuls, actuellement, capables de fournir, et les affections banales et bénignes qui ne nécessitent à priori ni investigations ni thérapeutique particulière. Certains enfants sont admis à l’hopital alors même que ni leur famille. ni l’éventuel médecin de ville ou de dispensaire, ni le personnel médical de l’hopital ne jugent que leur état de santé nécessite des soins compliqués. prolongés ou même seulement onéreux. Les considérations qui conduisent à leur hospitalisation sont de nature strictement extra-médicale. En parti¬ culier, certaines affections bénignes des voies respiratoires supérieures. certaines maladies infectieuses non compliquées rentrent dans ce cadre. L’échantillonnage de notre population (un enfant sur trois pris parmi les entrants, agès de moins de 0 ans, dans l ordre des admissiong, pendant une période de l an) nous paraissant convenable pour une juste appré¬ ciation de la pathologie hospitalière des enfants d’âge préscolaire, nous UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 19 avons cherché à déterminer, à l’intérieur de ce groupe, le pourcentage des hospitalisations non médicalement justifiées. 1° Nous nous sommes demandés si l’étude des diagnostics de sortie de nos malades ne donnait pas une image assez fdèle de la justifcation médicale de leur hospitalisation. Une première constatation s’impose : la nécessité de limiter le nombre des diagnostics rend pratiquement méconnaissable la physionomie du service étudié en ce qui concerne les maladies graves, rares, ou de diagnostic délicat. Ces maladies constituent en effet non seulement l’essentiel de la catégorie des maladies non classées, mais encore, par suite d’une extension abusive. mais nécessaire, certaines ont été regroupées avec d’autres à la faveur d’un symptôme dominant. Ce classement par diagnostic a-4-il du moins le mérite de permettre l’isolement et le décompte des hospitalisations non justifées 2 Il n’en est malheureusement rien. La seule rubrique pour laquelle le diagnostic implique un pronostic général de bénignité est celui des rhinopharyngites. Dans toutes les autres rubriques coexistent des maladies dont la gravité peut différer du tout au tout, cette dernière dépendant en effet de nombreux facteurs : âge de l’enfant, étiologie, chronicité, retentissement sur l’état général, etc. Il existe cependant une exception : La rubrique des « cas sociquz » groupe des enfants dont le diagnostic de sortie précise qu’il s’agit bien d’une catégorie de malades pour laquelle les conditions sociales représentent le facteur déterminant de leur hospitalisation. Or, son pourcentage est extré¬ mement faible (0,8 9%) : faut-il en conclure que les hospitalisations non justi¬ fiées ne représentent que cette quantité négligeable 2 33 DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE En fait, il est exceptionnel qu’un symptôme réel ou abusivement invoqué ne soit pas mis en avant pour justifier une hospitalisation lors de l’admisse de l’enfant. Quand le symptôme existe, si minime et hénin soit-il, il servira à étiqueter l’enfant à sa sortie de l’ĥpital. C’est ainsi que certains diagnostics de rhinopharyngites, de diarrhées, d’angines, de pneumopathies, de maladies de peau, etc, recouvrent des épisodes pathologiques pratiquement insigni¬ fants. Si le symptôme n’est pas retrouvé à l’hôpital, l’enfant sera plus volon¬ tiers classé dans la rubrique « en observation » que dans la rubrique « cas gocial». En conclusion, la clasgification suivant le diagnostic de gortie rend insufigamment compte à elle seule du caract̀re plus ou moins justifié (au point de vue médical) de l’hospitalisation de l’enfant. 20 Pour tenter de gerrer de plus près ce problème, nous avons clasgé nos malades en fonction d’un certain nombre d’autres facteurs. A. — Cravité de l’tat au moment de Fentrée (d’apr̀s l’opinion de l’interne garde). Il est inutile de soulignor le caract̀re subiectif de cette classifcation qui dépend aussi bien de l’expérience de l’interne de garde, des circonstances de l’admission, du mot du médecin traitant, que des explications données par la famille. Cette classification donne néanmoins une physionomie assez fdèle des conditions de l’admission hospitalière. B. — Traitement à l’entrée donnant une justification médicale à l’hospitalisa¬ tion d’urgence Nous n’avons retenu dans cette rubrique que les thérapeutiques sui¬ vantes : oxygénothérapie, perfusion intraveineuse, transfusion sanguine. traitement d’un collapsus, d’un état convulsif, d’une défaillance cardiaque, antibjothérapie massive ou polyvalente. C. — Ezgmens complémentaires pratiques à l’entrée et justifiant l’hospitalisation d’urgence. Nous n’avons retenu ici que les examens qui, par leur caractère un peu particulier ou leur technique de prélèvement, sortent du cadre des exament UNE ÉTUDE DE DÉDATRIE SOCIALE de routine, Par exemple l’hémoculture, la ponction lombaire, les jonogrammes sanguins, la glycémie, etc. 12 D. — Totat des ecamens complemontaires pratiques durant le séjour bospitalier. Nous avons éliminé de ce total les quatre examens suivants considérés comme examens systématiques : cuti-réaction, recherche d’albumine dans les urines, coproculture, examen O. R.L. lorsque ces examens présentent un caractère de routine). On peut constater que le pourcentage des enfants n’avant subi aucun examen complémentaire particulier est extrêmement faible (8,2 0%) : ceci tient au fait que certains examens de laboratoire, comme la numération globulaire, sont devenus dans beaucoup de services hospitaliers des examens de routine n’impliguant aucune opinion particulière eur l’état pathologique de l'enfant. Il 'est vraisemblable qu’une partie des enfants avant subi de 1 à 3 examens complémentaires (30, 1 0%) rentre dans ce cadre. F. — Total des cliclés radiographiques effctiues durant le séjour l’hopital Un peu moins de la moitié des enfants n’a pas subi d’examen radiolo¬ gique, 39,5 0% d’entre eux ont eu moins de 2 clichés (le plus souvent un cliché pulmonaire), 16,8 0% ont eu plus de 2 clichés radiographiques. F. — Antibiothérapie administrée pendant le séjour a l’Ipital DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 73 biotiques, ni sulfamides. 58,7% des enfants ont reçu de la pénicilline, soit On voit que 21,4 9% des enfants n’ont recu en cours de séjour ni anti¬ seule, soit associée à d’autres antibiotiques, 19,9 9% des enfants n’ont pas recu de pénilline, mais d’autres antibjotiques ou des sulfamides. G. — Durée de la pénicillinothérgpie Du point de vue qui nous occupe, à savoir la jusfifcation médicale de l’hospitalisation, il est clair que ces différentes statistiques ont une signifi¬ cation très variable. Les 3 premières statistiques : gravité à l’entrée, traitement à l’entrée et examens complémentaires à l’entrée, permettent de délimiter le groupe des mglades considéres à l’entrée comme des cas légers ou lanaux et n’avant, de ce fuit, subi ni investigations particulières ni traitement spécial en urgence. En dehors de ce groupe, il ne saurait être question d’hospitalisation non justifie. Par contre, l’étude des statistiques concernant les examens complé¬ mentaires ou la thérapeutique en cours de séjour expriment, tout autant que l’importance de la maladie, l’orientation d’esprit des médecins de l’hopital. C’est ginsi, par exemple, qu’un enfant admis à l’ĥpital pour rhino¬ pharyngite, mais présentant un rachitisme discret, peut subir une cuti¬ réaction, un examen otologique, une recherche de l’albuminurie, une numé¬ ration globulaire, une étude de la calcémie, de la phosphorémie, des phos¬ phatases alcalines, une radiographie pulmonaire, un cliché du poignet, sans que cet ensemble d’examens constitue une justification de son hospitalisation. Cet exemple, qui pourrait être multiplié, illustre l’impossibilité d’appc cier le pourcentage des hospitalisations médicalement non justifiées unique¬ ment en fonction de données statistiques concernant les examens ou la théra¬ peutique. De fait, lorsque nous nous sommes limités à l’utilisation de ces critèreg, nous n’avons trouvé que 15 enfants n’avant subi au cours de leur séjour à l’hôpital ni examens complémentaires (en dehors des examens de routine), ni radiographies, ni traitement antibjotique. Pourtant 297 enfants avaient été considérés à l’admission dans le service comme des cas légers ou banaux. Nous avons done été conduits à examiner un par un chaque dossier pour déterminer, compte tenu non seulement des schémas fournis par nos différents pourcentages mais de l’ensemble du tableau clinique, les cas pour lesquels l’affection morbide, sans grqvité, sans diculté diagnostique, n’avait occasionné ̀ aucun moment du séjour, des investigations ou des thérapeutiques Justifiant l’hospitalisation du petit malade. 1 UNE ETUDE DE PéDIATRIE SOCIALE Ce travail a conduit à l’isolement d’un groupe de 107 enfanta dont l’hospitalisation nous a paru médicalement non justifée. Etude du groupe des hospitalisotions médicalement non justifes (107 cas) a) Diagnogies Ce groupe comprend : DANS LAGGLOMÉRATION PARISIENNE 15 Cette répartition des cas appelle quelques remarques : 19 La disperaion des diagnostics montre bien l’impossibilité de juger de la signifcation réelle d’un état pathologique sur le seul énoncé du diagnostic de sortie. 20 Le souci d’être aussi limitatifs que possible dana l’appréciation des caa de « non justification » est illustré par le fait que près d’un tiers des rhino¬ pharyngites a été exclu de ce groupe, ainsi que la totalité des pneumopathies aiguès, dont certaines cependant n’avaient aucun caractère de gravité cli¬ nique, mais présentaient une image radiologique anormale. 30 Par contre, le nombre important de « malades en obgervation » prouve que cette catégorie rassemble en majorité, non des malades soumis à des explorations en raison d’un problème de diagnostic, mais des enfants hospi¬ talisés en raison d’un symptôme interprété trop péjorativement lors de leur admigsion. b) gravité ̀ l’entrée 82,5 2% des cas ont été considérés comme bénins lore de l’admission. 17,5 2% comme banaux, aucun comme grave e) examens complémentaires d’urgence aucun cas d) thérapeutique importante d'urgence aucun cas e) nombre des examens complémentaires effctués en cours d’hospitalisation (non compris les egamens de routine) 23,4 9% des enfants n’ont subi aucun examen particulier. 57,5 6% en ont subi moins de 3. 19,1 %% en ont subi plus de 3. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 76 f) antibiothérapie 41 9% des enfants n’ont pas reeu de traitement antibjorique 47 6% des enfants ont eu un antibiotique 11,8 %% en ont eu plusieurs. 5) durée de la pénicillinothérapie 56,1 0% des enfants n’ont pas recu de pénicilline 35,7 0%, en ont recu moins de 7 jours 7,5 9% en ont recu plus de 7 jours Hospitalisations médicalement non justifees et dge de l’enfant hospitalise Le pourcentage des hospitalisations non justifées s’élève avec l’âge de l’enfant. En effet : 12,7 9% des enfants de moins de 3 mois. 21,6 0% des enfants de 3 à 6 mois rentrent dans notre groupe, alors qu’au-delà de 6 mois le pourcentage dépasse le quart des entrants et atteint 43,2 9% pour la catégorie des enfants âgés de 12 à 18 mois. Ce phénomène s’explique de deux manières. D’une part, le jeune nour¬ risson n’a souvent pas encore été séparé de sa mère, et l’étroitesse des rela¬ tions affectives entre celle-ci et son enfant joue le rôle de frein à l’égard d’une première hospitalisation. D’autre part, la pathologie du premier age présente des évolutions si soudaines et si sournoises qu’il est exceptionnel qu’une mise en observation hospitalière soit considérée comme abusive lorsqu’elle a été réclamée par le médecin traitant, ou même par la famille Hospitlisations ndicalement non justiffes e duree d’hospitalisation Hospitalisations médicalement non justifiées et cot de l’hospitalisation Le coût d’hospitalisation moyen calculé pour les 390 enfants de l’enquête est de 719 NF. Le même calcul effectué pour le groupe des hospitalisations non justifiées donne le chifre de 455 NF. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 27 CONCLUSION La notion de « non justification médicale » d’une hospitaligation pré¬ sente un aspect subjectif que nous ne méconnaissons pas. Comme cliniciens, nous gentons la fragilité d’une classification qui parait négliger la part d’indétermination dans l’évolution des états pathologiquee. Pour apprécier en face d’un malade le degré de gravité, l’imprécision du diagnostic, c’est-à-dire la nécessité d’examens complémentaireg, de mise en observation rigoureuse ou de thérapeutique d’urgence, il y a lieu de tenir compte non seulement des qualités propres à chaque médecin mais du carac¬ tère plus ou moins atypique de la maladie. Les exemples ne nous ont pas manqué où les conclusions d’une première observation clinique ont dù être remises en question en cours d’hospitalisation. Sur un plan plus général on ne saurait nier que les maladies « banales » puissent présenter de l’intérêt dans le domaine de la recherche médicale, et l’on peut citer à titre d’exemple les études récentes au cours des maladies bénignes des voies respiratoires supérieure qui ont permis l’identiffcation de myxo-virus. La concentration dans les services hospitaliers d’un certain nombre de malades atteints d’affections firéquentes et banales détermine en outre, grâce à des investigations et à des essais thérapeutiques systématisés, une connais¬ sance meilleure de ges cas, ce qui permet ensuite aux médecins praticiens de soigner en ville des malades semblables de façon plus efficace. Enfin, l’enseignement médical hospitalier serait incomplet si les étu¬ diants ne pouvaient examiner et voir traiter à l’hopital les cas de médecine courante qui seront la base de leur activité de praticiens. En dépit de toutes ces réserves, nous pensons néanmoins que notre egsai de classification répond à une préoccupation actuelle de la médecine hospi¬ talière. L’unanimité du corps mélical hospitalier s’accorde en effet pour constater l’existence, dans chaque service, d’un certain nombre de malades dont la prégence ne se justifie que par des raisons extra-médicales au sens strict. Dans l’appréciation clinique de chaque cas individuel, les opinions peuvent naturellement différer suivant l’orientation d’esprit de chaque médecin. et il est fort possible qu’en d’autres mains l’étude de nos dossiers et̂t about à un rétrécissement ou à un élargissement plus ou moins considérable de notre groupe d’hospitalisations non médicalement justifiées. C’est dire que nous n’attachons nas de valeur particulière au nombre absolu des cas que noug avons isolés. Mais comme ces cas représentent dans l’ensemble des maladies particulièrement bénignes et banales, nous disnosons ainsi d’un instrument commode pour étudier les conditions socio-psycho¬ logiques qui influent, indépendamment de la gravité propre de la maladie. gur les hospitalisations d’enfants. CHAPTRE 1 L’ADMISSION HOSPITALIERE A l’ĥpital Bretonneau, de même que dans la plupart des ĥpitaux de l’Assistance Publique, les admissions s’effectuent de la façon suivante : à côté des services hospitaliers proprement dits fonctionne, le matin, une consultation externe qui accueille indistinctement tous les malades. Ceux-ci. après un triage destiné à éliminer les enfants atteints de maladies conta¬ gieuses, sont examinés par le personnel médical de la consultation : externes, internes, puis assistants ou chef de service, suivant le cas. La consultation externe recoit donc, aussi bien les malades adressés par leur médecin que ceux qui viennent de leur propre initiative, aussi bien les malades aigus dont l’état nécessite l’hospitalisation d’urgence que les consul¬ tants atteints d’une affection chronique ou ambulatoire. La décision d’hospi¬ taliser un malade incombe en tout état de cause à la congultation. 4 partir de 13 heures, et jusqu’au lendemain matin, l’interne de garde reste seul pour assumer à la fois la surveillance des malades hospitalisés. l’examen des consultants externes et leur éventuelle admission à l’hopital. Les conditions matérielles et paychologiques qui déterminent ces admis¬ sions diffèrent donc sensiblement suivant qu’il s’agit des admissions du matin par la consultation ou des admissions d’urgence dans l’après-midi ou dans la nuit. Ces diffrences concernent aussi bien le fonctionnement hospitalier que la clientèle hospitalière. Du ĉté médical, le travail de la congultation est asauré par une équipe nombreuse, disposant de temps, pouvant faire appel à des spécialistes ou obtenir rapidement des examens de laboratoire. L’intérêt scientifique du personnel médical est donc, dans la mesure où l’état de l’enfant lui parait compatible avec une surveillance ambulatoire, de traiter les affections bénignes comme le ferait un dispensaire et de garder sous son contrôle, ou de renvoyer au médecin traitant après examens complémentaires, les malades dont l’état ne paraît pas imposer l’hospitalisation. De plus, une fois hospitalisés, les malades passent sous la responsabilité des services intérieurs de l’hôpital et échappent, de ce fait, à l’observation et au contrôle des médecins de la consultation. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 80 Pendant la période où toute la responsabilité médicale repose sur les épaules de l’interne de garde, les conditions sont presque inversées. L’interne de garde ne dispose d’aucune facilité matérielle, Avece un per¬ sonnel infirmier réduit, et de grandes difficultés pour obtenir les secours des spécialistes ou du laboratoire, il doit faire face en même temps aux appels de la consultation de la porte et aux soins réclamés par les malades hospita¬ lisés. Enfin sa réaction psychologique diffère de celle des médecins de la consultation. Tout malade renvové à son médecin traitant, à la consulta¬ tion externe du lendemain, ou à son domicile, lui échappe complêtement. C'est dire que chaque fois qu’un symptême clinique ou une histoire natho¬ logique lui paraitront justifer des investigations complémentaires d’un certain intérêt, sa tendance sera d’hospitaliser l’enfant dans son service afin de pouvoir poursuivre l’observation de la maladie. La clientele hospitalière diff̀re également suivant l’heure de la journée. Le matin, plus de la moitié des consultants sont des consultants régu¬ liers, parfois même convoqués par l’hôpital pour la surveillance ou le traite¬ ment d’une affection chronique. Parmi les malades nouveaux, qu’ils soient envovés par leur médecin traitant ou qu’ils s’adressent directement à l’hopital, la plupart ne sollicitent qu’un avis médical, des examens complé¬ mentaires, ou un traitement ambulatoire. Une minorité seulement s’adresse à la consultation externe dans le but de faire hospitaliser l’enfant. Dès la fin de la matinée, les consultants se font beaucoup plus rares, mais la quasi-totalité des malades adressés par leurs médecins le sont en vue d’une hospitalisation d’urgence. Parmi ceux qui viennent de leur propre chef, il en est qui se présentent l’après-midi ou en fin de journée pour des raisons de commodité personnelle (par exemple après le retour du travail du père de famille ou plus simplement pour éviter l’attente à la consultation du matin). Mais la majorité des consultants viennent pour solliciter l’hospitali¬ sation de leur enfant. Le tableau suivant indique le nombre des consultants et le pourcentage des admissions pour les mois de mars, de juillet et de novembre 1959. On peut faire les constatations suivantes : a) Le nombre des admissions s’élève à 12,0 9% du nombre total des consultants. b) A la consultation externe le pourcentage des admissions n’est que de 3,5 0%, mais il s’élève à 29 9% pour les malades se présentant en dehors des heures de consultation. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 8 e) Sur un total de 958 admissions, 214 onr été faites par l’intermédiaire de la consultation externe (soit 22,3 0%) et 744 par l’intermédiaire de l’interne de garde (soit 77,7 9%). Un facteur constant intervient cependant pour contraindre les Iheu à élargir ou à restreindre leurs décisions d’admission c’est le nombre de places disponibles dans l’hôpital. La ductuation du nombre des places est quotidienne, mais elle obéit avant tout à un rythme saisonnier. En été l’éloignement de Paris d’un pour¬ centage considérable d’enfants réduit le nombre des hospitalisés : certaines conditions météorologiques favorisant les coups de chaleur, et surtout cer¬ taines épidémies de grippe agissent en sens contraire. La limitation des places disponibles pèse cependant moins lourdement sur les décisions de la consultation externe que sur celles de l’interne de garde. La consultation externe fonctionne pendant un temps limité, les urgences Y sont peu nombreuses, la plupart des malades sont déjà présents lorsque les médecins commencent leurs examens et ces derniers peuvent donc prévoir dans une certaine mesure le nombre des hospitalisations possibles. Par contre, l’interne de garde, averti par l’administration du nombre de places disponibles, se trouve placé au cours des 18 heures de garde en face d’une série de sollicitations vis-à-vis desquelles il devra agir avec le maximum de discernement, dans le but de réserver les lits aux malades les plus graves et sachant par ailleurs qu’il lui sera de plus en plus difficile au cours de la nuit de refuser l’hospitalisation d’un malade que l’ambulance ne pourra le plus souvent reconduire à son domicile, qui ne trouvera plus de pharmacie ouverte et qui ne disposera même plus pour rentrer chez lui d’un moyen de transport en commun. Les résultats de notre enquête confrment l’infuence saisonnière à la fois sur le nombre des hospitalisés et sur l’élargissement corrélatif des indi¬ cations de l’admission à l’hôpital. La valeur de cette statistique se trouve légèrement faussée du fait de l’interruption de notre enquête pendant le mois d’août. Néanmoins, la dimi¬ nution des hospitalisations durant les mois d’été reste indiscutable (61 0% des hospitalisations entre octobre et avril contre 309 2% seulement entre avril et septembre). On peut noter également l’infuence négligeable des jours fériés sur le nombre des hospitalisations (la proportion des hospitalisés un dimanche UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE ou un jour de fête légale est très voisine de la proportion de ces jours dans l’année, c’est-à-dire de 15 0% environ). Le tableau suivant illuetre plus particulièrement le rôle joué par la disponibilité en lits sur les admissions hospitalières. 82 En été, du fait de la diminution de la population enfantine, l’hôpital n’est pas rempli, les demandes d’hospitalisation sont donc plus facilement satisfaites, même lorsque celles-ci ne se justifient que par des raisons extra¬ médicales. La pression des conditions sociales sur les admissions hospitalières se manifeste de différentes façons. Lorsqu’un médecin traitant adresse un enfant à l’ĥpital, dans un certain nombre de cas il joint à sa demande d’hospitalisation une description détaillée DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 83 des symptômes qui ont attiré son attention et qui justifient la mise en obser¬ vation de son pétit client. Parfois, à la guite de son observation clinique, il ajoute que les conditions sociales ou les conditions de logement rendent impossibles les soins néces¬ gaires à domicile. Souvent la partie clinique de la lettre se résume à l’énoncé d’un symp¬ tôme (diarrhée, vomissements, otite, etc.) suivi d’une référence aux mauvaises conditions sociales, et ces dernières prennent de ce fait une importance prépondérante dans la justification de l’hospitalisation. Enfin, le mot du médecin peut être dépourvu de toute indication. La famille, dans les réponses qu'’elle donne à l’interrogatoire de l’interne, ou dans ses explications spontanées, complête souvent les données de la lettre du médecin traitant en insistant particulièrement sur les conditions sociales ou de logement qui imposent à ges veux l’hogpitalisation de l’enfant. Parmi les familles qui s’adressent directement à l’hopital, un certain nombre sont uniquement poussées par l’inquiétude que leur inspire l’état de santé de l’enfant. Elles viennent pour recevoir un avis médical, pour être rassurées, pour avoir un traitement, et il est remarquable de constater que les familles les plus inquiètes sont parfois lea plus réticentes en face d’une éventuelle admission. A l’opposé, certaines familles arrivent dans l’intention manifeste de faire hospitaliser leur enfant : dans ce but, elles n’hésitent pas à majorer les symptômes cliniques, et si la bénignité de la maladie conduit néanmoins le médecin à refuser l’admission, elles n’hésitent pas à mettre alors en avant l’énumération de leurs difficultés sociales. Nous nous sommes eforcés de schématiser dans le tableau suivant les motifs invoqués tors de l’hospitalisation. Cette analyse qui s’appuie sur les termes du mot du médecin traitant, gur l’observation de l’interne de garde et sur l’interrogatoire de la famille permet les constatations suivantes : Les conditions sociales interuiennent dans 30 9% des cas pour mofiver l’Iospitalisation des enfants. Il existe à cet égard une différence remarquable entre les admisgions avec mot de médecin traitant et les admissions directes. Lorsqu’un médecin adresse un enfant à l’hôpital, le motif de l’hospita¬ lisation est uniquement médical dans 62 % des cas. 84 UNE éTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE Par contre, des motifs d’ordre social interviennent à un plus ou moins grand degré dans 05 26 des hospitalisations directes. Ceci confirme les conclusions de notre étude précédente sur les hospi¬ talisations directes. Nous constatons à nouveau dans cette enquête par sondage, que les admissions directes dont le pourcentage est considérable (50,4 9% des entrants) sont beaucoup plus en rapport avec les conditions sociales défavorables de la famille qu’avec l’urgence de la maladie. L’infuence de l’âge de l’enfant parait peu signifcative sur les conditions de l’admission, sauff en ce qui concerne toutefois les nouveau-nés et les très Jeunes nourrissons. 69 0% des enfants âgés de moins de 3 mois sont adressés à l’hôpital par un médecin traitant alors que ce pourcentage est inférieur à 50 0% pour toutes les autres catégories d’âge. Ceci va de pair avec la constatation que 65 0% des enfants de moins de 3 mois sont admis à l’hopital pour des motifs uniquement médicaux alors qu’il n’en est ainsi que pour 50 9% de l’ensemble de nos hospitalisés. L’explication de cette diff́rence tient au fait d’une part, qu’un certain nombre de nouveau-nés sont adressés directement à l’hôpital par la clinique d’accouchement ou la maternité. D’autre part, les relations entre la mère et son enfant sont très étroites pendant les premières semaines de la vie, le bébé n’est souvent pas encore sorti hors du foyer et, de ce fait, son hospita¬ lisation n’est pratiquement jamais envisagée d’emblée. CONCLUSION DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 85 Conditions d’admission À l’hpital et jusification médicale de l’ospitalisation La proportion des hospitalisations médicalement non justifées s’élève donc sensiblement pour les catégories de malades qui arrivent directement à l’hôpital sans avoir consulté au préalable un médecin traitant. A cet égard, il est signifcatif de constater que les deux catégories de diagnostics qui comportent le plus fort pourcentage d’hospitalisations non justifiées proviennent essentiellement d’admissions directes à l’hopital : Malades en observation : admissions directes — 60 0%. Rhinopharyngites « admissions directes 80 26 La responsabilité d’admettre un enfant à l’hpital incombe au pergonnel médical. sociales qui prennent souvent autant d'importance dans ses décisions que la Or ce dernier se trouve chaque instant confronté avec des situations gravité ou l’intérêt de la maladie de l’enfant. Comme le dit fort justement le Dr Magdelaime : « S’il existe un seuil de morbidité à partir duquel un malade doit être hospitalisé, il existe un seuil social qui impose l’hospitalisation quelle que soit la gravité de la maladie, » C’est ce qui donne son intérêt à l’analyse des facteurs gociaux de l’hospitaligation. rehospitalisations. CHAPITRE u LE PRORLEME DES HOSPITALISATIONS MULTIPLES La lecture des observations cliniques des enfants admis à l’hpital révle la fréquence de leurs hospitalisations antérieures. Cependant, comme il s’agit le plus souvent d’affections sans rapport direct avec la maladie actuelle, l’attention ne s’y fixe guère, ce qui fait que l’importance de ce phénomène n’est pas toujours apparent. Nous avons donné sur ce gujet, dans un précédent chapitre, les résultata des questionnaires remplis à Bretonneau, Hérold et Trousseau. C’est pour¬ quoi, sans nous attarder à analyser les pourcentages globaux obtenus dans notre sondage, qui se superposent très exactement à ceux-ci, nous nous atta¬ cherons plus particulièrement à déterminer la nature et les motife de ces Hospitalisations antérieures à l’hospitalisation actuelle On constate que plus du tiers des enfants hospitalisés ont déjà fait un géjour antérieur à l’hôpital et que ce pourcentage dépasse la moitié pour les enfants âgés de plus de 2 ans. Hospitalisations amtfrieures et Age de Tenfan insolite ou de sa gravité. UNE éTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 83 Causes médicales des rehospitalisations Schématiquement, à la lumière de nos documenta, les differentes dven¬ tualités cliniques peuvent se grouper de la façon suivante : 1° Certaines maladies chroniques sont parsemées d’épisodes aigus dont la sévérité peut nécessiter à chaque fois l’hospitalisation du petit malade. Nous en trouvons 2 exemples dans notre enquête : l’asthme et la comi¬ tialité sévère. Mais bien d’autres maladies, telles que les néphroses, le diabète, certaines hémopathies, etc, peuvent justifer une série de rehospitalisations. 29 Certains enfants porteurs de molformations ou de dystrophies congénitales présentent une fragilité constitutionnelle qui rend particulièrement difficile le traitement de toute maladie surajoutée, et impose leur hospitalisation fréquente. C’est le cas dans notre enquête pour un mongolien, pour un enfant atteint d’une malformation cardiqque congénitale. 30 Certains enfants ont été hospitalisés antérieurement pour une affection chirurgicale : Nous trouvons ainsi dans notre enquête une intervenfion pour pieds ots, une sénose du pylore. 49 Dans quelques cas. l’enfant est contaminé à l’hôpital. Le pourcentage des surinfections hospitalières s’élève en effet dans l’enquête à 12 0% du total des hospitalisés. (Il s’agit le plus souvent d’affections des voies respiratoires, de diarrhées à germes pathogènes ou de maladies éruptives communes). Lorsque la maladie se déclare pendant le séjour de l’enfant, la durée de l’hospitalisation en est prolongée d’autant. Il arrive cependant parfois que le germe ou le virus responsable ne manifeste ses effets qu’après le retour de l’enfant dans son fover et conduise, de ce fait, à sa rehospitalisation. 59 Parfois l’épisode pathologique qui a provoqué la première hospitalisation est une maladie sévère survenue chez un jeune nourrisson : diarrhée qoec déshydratation, pneumopathie aigué dyspnéisante, coqueluche avec quintes asphyxiantes, ete. La gravité de lh première maladie a sensibilisé l’entourage de l’enfant et toute nouvelle maladie suscite des réactions anxieuses de la part de la famille, du médecin traitant ou de l’interne de garde, pouvant conduire à une mise en observation hospitalière plus ou moins abusive. 60 Certains nourrissons font, à l’occasion d’une première maladie, une crise conpulsive hyperpyrétique. Ce symptôme, malgré son absence fréquente de signification et de conséquence, alarme toujours la famille et provoque souvent l’hospitalisation. Si le même épisode se renouvelle à l’occasion d’une autre maladie fébrile, l’enfant pourra être à nouveau hospitalisé. 79 Cependant, dans la majorité deg cas, les hospitalisations successives de l’enfant répondent à des épisodes patbologiques sans sienifcation particulière : maladies contagieuses diverses, rhinopharyngites, otites, diarrhées, etc, dont aucune ne semble avoir imposé une hospitalisation en raison de son caractère médicales. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 89 Les conditions de vie de l’enfant, les conditions sociales de la famille paraissent être à l’origine de ces rehospitalisations. conditions d'existence, l'absence d'hygiène, le surpeuplement, impriment à la C’est jci qu’il importe de faire la part des caractères particuliera que les pathologie du jeune enfant, et de ce qui, dans son hospitalisation, résulte de facteurs principalement extra-médicaux. Certaines études contemporaines montrent que les conditions socio¬ économiques influent encore de façon sensible sur le taux de la mortalité infantile, sur la mortalité tuberculeuse, sur le poids et la taille des enfants, etc. En ce qui concerne les maladies contagieuses, il est notoire que certaines conditions de surpeuplement, de même que l’élevage de l’enfant hors du foyer. en particulier dans les crèches, favorisent la contamination par ces maladies dès la première enfance. Les maladies contagieuses, les affections virales saisonnières, ont en outre une fâcheuse tendance à se compliquer de surinfection des voies respiratoires supérieures dans les familles nombreuses, lorsque les enfants vivent entassés dans des logements trop exigus, humides, ou mal aérés. Les otites suppurées, les bronchites s’y rencontrent plus volontiers qu’ailleurs et prennent souvent un caractère trainant et récidivant. Ces surinfections répétées peuvent être graves, elles fatiguent toujours l’enfant, elles imposent des soins prolongés. En ce sens on peut dire que certaines conditions sociales impriment une coloration et une gravité particulière à la pathologie infectieuse banale de la première enfance et peuvent imposer l’hospitalisation pour des raisons L’adaptation et l’Iatitude — Le prestige bospitalier Quelle que soit la raison médicale qui conduit à l’hospitalisation d’un enfant, le comportement de la famille diffère presque toujours selon qu’il s’agit d’une première expérience ou d’une décision succédant à un ou plusieurs séjours antérieurs de l’enfant à l’hôpital. Lors de la première hospitalisation les parents ne se résolvent à se séparer de leur enfant que s’ils sont convaincus de la gravité de la maladie ou lorsque les conditions sociales sont absolument contraignantes. Ils ne tardent pas cependant à prendre conscience du retentiesement souvent insignifiant d’une hospitalisation de courte durée sur le comporte¬ ment psychologique de l’enfant, de la qualité des soins infirmiers et médicaux, de la modicité des frais à la charge de la famille, du soulagement apporté à la mère pour qui la maladie de son enfant représente toujours un surcroît de fatigue et de responsabilités. Tous ces facteurs contribuent à vaincre le sentiment d’hostilité pré¬ concue à l’égard de l’hopital, et c’est avec moins de répugnance que l’hospita¬ lisation de l’enfant sera envisagée lors d’une nouvelle maladie. UNE éTUDE DE PéDATRIE SOCLALE 90 Les condigons sociales Pour que les parents d’un petit malade aient tendance à le faire hospita¬ liser plutôt que de recourir aux soins d’un médecin de ville encore faut-il qu’ils y soient poussés par leurs conditions d’existence. Nous verrons, à cet égard, le rêle déterminant joué par les mauvaises conditions de logement, l’insuffisance des ressources fnancières, le travail salarié de la mère de famille, l’élevage de l’enfant hors du foyer, la transplan¬ tation récente dans la région parisienne, etc. Lorsque plusieurs de ces conditions se trouvent réunies, l'hospitalisation de l’enfant tend à devenir la solution de facilité devant n’importe quel état pathologique. Les corrélations suivantes illustrent que la signifcation de l’hoapitalia¬ tion tend à faire place à des considérations sociales au fur et à mesure des hospitalisations successives. Hospitalisations qmnérieures et conditions d’afmission Les admissions directes passent de 45,4 %% à la première hospitalisation à 70,7 % au-delà de la seconde hospitalisation. Hospitalisations antérieures et motifs intoqués lors de l’hospitalisation Lors de la première hospitalisation des raisons sociales ne sont invoquéea que dans 35,6 26 des admissions, au-delà de la seconde hospitalisation, dang 66,2 9% des cas. Hospitalisations antérieures et justifcation médicale de l’hospitalisation Au-delà de la deuxìme hospitalisation, dans 41 6% des cas, l’admission de l’enfant ne ge justife pas par la sévérité ou l’atypie de la maladie. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 91 Hospitalisation des fères et sœours Pour chaque famille avant plusieurs enfante, nous avons procédé à un interrogatoire soigneux non seulement des antécédents pathologiques du petit malade, mais encore de ceux de ses frères et sœurs et nous nous sommes attachés tout particulièrement aux hospitalisations antérieures dans la fratrie. Les résultats obtenus sont extrêmement significatifs. Hospitalisations anérieures dans la fatrie En résumé, dans les familles de 2 enfanta, dans 44 6% des cas, l’autre enfant a déjà été hospitalisé auparavant. Dans les familles de 3 enfants ou UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE plus, dans 76,3 % des cas, un ou plusieurs membres de la fratrie ont déjà été hospitalisés. Ces résultats confrment le rôle capital joué par les facteurs sociaux ou psychologiques dans l’hospitalisation des enfants. Hospitalisations antérieures de l’enfant et hospitalisation des frères et sœurs (familles avant au moins 2 enfants) 92 Lorsque l’enfant est hospitalisé pour la troisième fois et qu’il y a des frères et sœurs, l’un d’entre eux au moins a déjà été hospitalisé dans la quasi totalité des cas. Hospitalisations antérieures des frères et sœpurs et conditions d’admission à P’hpital (familles avant au moins 2 enfants) Quand un ou plusieurs enfants ont déj̀ été hospitalisés dans une famille. celle-ci est beaucoup plus souvent amenée à conduire directement un autre enfant à l’hôpital. Hospitalisations antérieures des frères et soeurs et justifications médicales de l’hospitalisation de l’enfant (familles avant au moins 2 enfants) Le pourcentage des hospitalisations médicalement non justifiées est supérieur lorsque d’autres enfants ont déjà été hospitalisés, mais les chiffres ici ne sont pas signifcatifs. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 93 RESUME D'après l'examen de nos dossiers, les raisons médicales des rehospitali- sations d’enfants peuvent se schématiser de la façon suivante : Certaines maladies chroniques gévères et à rechutes imposent à l’enfant des rehospitalisations successives. Certains enfants ont fait l’objet d’une intervention chirurgicale antérieure. Une surinfection hospitalière peut ne manifester ses effets qu’après la sortie de l’enfant et imposer une nouvelle hospitalisation. Parfois une première maladie sévère ou impressionnante suscite de réactions anxieuses de la famille à l’occasion de toute nouvelle maladie de l’enfant. répondent à des épisodes pathologiques variés, sans gravité évidente (mala- Le plus souvent, cependant, les hogpitalisations guccegsives de l’enfant dies infectieuses, diverses, affections des voies respiratoires, etc.). Peut-être dans ces cas certaines conditions de vie de l’enfant reten¬ tissent-elles aur la gravité de maladies en principe banales. Il semble bien cependant que sous la pression de conditiong gociales certaines familles adoptent de plus en plus facilement la solution hospita¬ lière pour résoudre les problèmes posés par la maladie de l’enfant. L’élévation du pourcentage des admissions directes à l’hpital, Pimpor¬ tance prise par les motifs sociaux au moment de l’admission et le pourcen¬ tage grandissant des hospitalisations médicales non justifiées au cours des rehospitalisations successives de l’enfant llustrent l’évolution du comporte¬ ment de certaines familles vis-à-vis de l’hopital. L’étude des hospitalisations antérieures des frères et sœurs de l’enfant montre d’ailleurs que dans les familles de 2 enfants, dans 44 0% des cas, l’autre enfant a déjà été hospitalisé et que dans les familles de plus de 2 enfante ce pourcentage s’élève à 76,5 9%, et à 88,5 % lorgque l’enfant est hospitalisé pour la troisième fois. CHAPITRE IY FACTEURS DE L’HOSPITALISATION : L’HABITAT RÉPARTITION DES HOSPTTALISATIONS D’ENFANTS DANS LE DÉPARTEMENT DE LA SEINE Sans négliger, pour autant, les hopitaux privés comme l’hépital Saint¬ Joseph ou l’hôpital Saint-Michel qui possedent un service d’enfants, on peut admettre que la majorité des hospitalisations d’enfants s’effectue dans les hôpitaux de l’Assistance Publique. En 1959, le nombre des enfants admis en médecine, dans les hopitaux de l’Assistance Publique de Paris, s’est élevé à 33 000 (voir carte 1), se répar¬ tissant de la façon suivante : Il convient d’ajouter à cette liste les enfants admis pour maladie conta¬ gieuse à l’hopital Claude-Bernard, dont le nombre c’est élevé à 6 150 en 1959. Le nombre d’admissions en médecine, dans chaque hôpital, est propor¬ tionnel au nombre des lits. Deux hôpitaux faisant cependant exception à la règle et avant un nombre d’hospitalisation inférieur au chiffre que laisserait supposer le nombre de lits : ce sont Bicêtre et la Salpêtrière. Nous donnerons l’explication du phénomène en ce qui concerne le premier de ces établissements. Le gecteur géographique de chacun de ces hôpitaux est dificile à déter¬ miner de façon précise, car, contrairement aux hôpitaux d’adultes, il n’existe en principe aucun secteur strictement déterminé pour effectuer une hospita¬ lisation d’enfant, et les médecins traitants peuvent adresser leurs petits malades dans le service de leur choix, sous réserve d’une place disponible. Les secteurg de répartition des admissions s’interpénêtrent donc largement. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 98 De plus, depuis quelques années, certains services tendent à se spécialiser dans une branche particulière de la pathologie infantile : cardiologie, héma¬ tologie, néphrologie, neurologie; neuro-psychiatrie, rhumatologie, génétique. Dans certains cas, cette spécialisation est pratiquement admise par l’Administration de l’Assistance Publique, bien que les lits de ces services ne soient jamais officiellement réservés à une catégorie précise de malades. Le recrutement de ces services devient régional, voire national. Les malades y sont toujours adressés par leur médecin traitant, souvent même ils y sont transférés par d’autres hôpitaux dans lesquels les enfants ont été admis tout d’abord. Ces services fonctionnent donc, véritablement, comme des centres de diagnostic et de traitement, tels que nous avons cherché à les définir pré¬ cédemment. La nature de la maladie et la nécessité d’investigations ou de traite¬ ments spéciaux sont seuls à intervenir dans l’admission de ces enfants. Les facteurs sociaux de l’hospitalisation ne jouent ici qu’un rôle négligeable. Il n’existe, à notre connaissance, qu’un petit nombre de services ou de fractions de services avant acquis ce caractère : Le service du Dr Nouaille à Bicêtre (90 lits) est consacré oficiellement aux enfants atteints d’affections cardiaques, congénitales ou acquises. BIDONVILLES LOGHMENT (SOUS-SOL) BIDONYLLE BIDONVILLE CIES PURGENCE CITÉS D’URGENCE HOTELS MEURLES HOTELS MEURĹS AUTORUS ROULOTTES 98 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 29 Distribution géographique des anissions de la Salle Clois-Vincent (Pr. Agrége Thiefry aux Enfants-Molades) (carte III). Cette salle comprend 28 lite, mais elle a constamment fonctionné en 1960 avec des lits en eurnombre et le chiffre de malades hospitalisé n’est guère descendu au-dessous de 35. Ele comporte tout un équipement d’assistance respiratoire : lits bas¬ culants, poumons d’acier, appareils d’Angstroem : un personnel médical et infirmier hautement qualifié, des gardes de réanimateurs. Elle est habilitée à recevoir les poliomyélites graves et lea urgences neuro-respiratoires de Parig, de la Seine, de Seine-et-Oise, de Seine-et-Mamne. de Seine-Maritime, de l’Eure, de l’Oise, de l’Eure-et-Loir, du Loiret, de l’Yonne, de l’Aube, de la Marne et de l’Aisne. permet les constatations suivantes : DANS LAGGLIOMÉRATON PARISIENNE 98 La repartition des admissions à la Salle Clovis-Vincent, pour l’année 1960. En résumé, Paris et le département de la Seine fournissent la moitié des admiagions de cette galle. La Seine-et-Oise et la Seine-et-Marne 24 0%: les nutres départements 26 94. La distribution géographique des admissions est schématisée dans la carte de répartition et montre une dispersion centrifuge des points unifor¬ mément répartie autour de Paris. Si nous prenons, par exemple, le cours de la Seine comme ligne de gépa¬ ration pour Paris et le département de la Seine nous trouvons : Cette répartition uniforme s’explique par le caractère même des mala¬ dies admises dans cette salle. Seule l’existence d’une épidémie poliomvéli¬ tique massive dans une localité pourrait donner une concentration régionale des admissions, mais en dehors du fait que l’endémie poliomvélitique prend exceptionnellement le caractère d’une épidémie massive de forme paraly¬ tique, les poliomyélites nécessitant d’urgence une assistance respiratoire UNE éTUDE. DE PÉDIATRE SOCIALE 19 sont, heureusement, l’exception et leur nombre est insuffisant pour avoir une traduction sur une carte de répartition. Ceci est plus vrai encore pour les urgences neuro-respiratoires non polio¬ myélitiques. Les admissions directes dans le service sont inexistantes. Tous les malades ont été préalablement vus par un médecin traitant et plus de 30 enfants ont été dirigés vers cette salle par l’hôpital de Paris ou de province dans lequel ils avaient été admis. Nous verrons que ces différents caractèrés opposent les deux services que nous avons étudiés à celui de l’hôpital Bretonneau que nous avons choisi comme cadre de notre enquête. Il y a lieu cependant de remarquer que le nombre des admissions au service de cardiologie infantile de Bicêtre (664) ne représente que 28,0 9% des 2 296 enfants hospitalisés en médecine alors que le nombre de lits de ce gervice (90) représente 44 % des 205 lits de médecine infantile. De même, les 244 admissions à la salle Clovis-Vincent ne représentent que 3,8 0% des 9 455 enfants admis aux Enfants-Malades pendant l’année 1960. Nous avons momentanément écarté de notre étude l’h6pital des Enfants¬ Malades. En effet, l’existence des services de neurologe infantue et d dies du métabolisme, la présence concomitante dans cet hôpital de 3 services de clinique, le grand nombre de ses médecins assurant en ville une fonction de consultants, le réseau considérable et dispersé des médecins correspon¬ dants, la notoriété traditionnelle de cet hôpital qui attire vers lui un grand nombre de malades de banlieue ou de province, donnent au recrutement des Enfants-Malades une physionomie trop particulière pour qu’il soit possible d’intégrer son étude sans précaution dans l’ensemble de nos constatations concernant les hospitalisations d’enfants. Nous estimons néanmoins, et l’exemple de la salle des poliomyelites nous confirme dans notre opinion, que l’importance du recrutement médi¬ calement sélectionné reste numériquement moins signifcative qu’on ne serait tenté de le croire. Il est de fait que dans un service toute l’attention médicale se porte sur le lot des maladies graves, rares ou de diagnostic délicat. Celles-ci font l’objet d’examens prolongés, d’investigations multiples, de présentatione aux étudiants, et, éventuellement, de publications scientifiques. Leur importance est proportionnellement beaucoup plus grande que la place effective qu’elles occupent, et l’interne qui est tenu d’examiner systématiquement tous les malades de ses salles est parfois mieux à même que les assistants ou les chef de service d’apprécier le pourcentage de ces cas par rapport à l’engemble. Il nous parait donc probable que, dans une forte proportion, les admis¬ sions d’enfants à l’hôpital des Enfants-Malades sont soumises à des pressions DANS L’AGLOYERATON PANSENNE 102 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE socialea identiques à celles que noug avons étudiées dans les hopitaux du nord de Paris. L’h́pital Saint-Vincent de Paul pose un problème diff́rent : cet hapital compte 350 lits de médecine infantile, mais ceux-ci se répartisgent en deux fractions dont la fonction est très différente. — 180 lits forment le gervice de la policlinique infantile, dont le recru¬ tement s’efectue, comme pour les autres hôpitaux, par l’intermédiaire de la consultation externe et des urgences, avec une proportion assez importante de malades sélectionnés adressés par les médecins collaborateurs du sorvice et les médecins correspondants. — 170 lits sont, par contre, réservés à l’hospitalisation au titre de l’aide à l’enfance (anciennement enfants assistés), qu’il s’agisse d’enfants en dépot temporaire, ou d’enfants placés en nourrice ou en pouponnière. Les conditions sociales interviennent dans ces admisgions de façon oncore plus impérieuse qu’ailleurs, mais il s’agit d’un cadre particulier qui doit être étudié à part. C’est pourquoi nous avons pensé qu’il était préférable de ne pas inclure cet hôpital dans notre étude. Nous pensons en revanche que les gervices de médecine infantile de Bicêtra (mis à part le service de cardiologie), de La Salpétrière et de Saint¬ Louis présentent des caractéristiques parfaitement comparables à cellea de Troussequ, d’Hérold et de Bretonneau. ETUDE COMPARATIVE DES HOPTAUX BRETONNEAU HÉROLD ET TROUSSEAL Ces trois hopitaux qui nous ont servi pour notre enquête de réfrence comptent un total annuel de 14 437 admissions, c’est-à-dire 43,5 0% du nombre des admissions dans les hopitaux d’enfants de l’Assistance Publique de Paris. Situés respectivement dans les 186, 19e et 12e arrondissements, ils ge rapprochent par une origine commune. C’est en effet en 1895, à la guite de la démolition de l’ancien hôpital Trousseau situé rue de Charenton, qu’on décida l’implantation simultanée dans la moitié nord de Paris de ces trois hopitaux d’enfants. Dans les rapports qui accompagnèrent la décision du Conseil Municipal, il est intéressant de constater qu’en dehors de la néces¬ sité d’augmenter le nombre de lits hospitaliers d’enfants dans la région parisienne, le problème de la décentralisation hospitalière fut posé. On considéra comme important de rapprocher l’hopital de sa clientèle locale, afin d’éviter aux jeunes malades de trop longs trajets. En particulier. l’implantation de l’hôpital Bretonneau dans le 18e arrondiggement fut congé¬ cutive à une pétition de la population de cet arrondissement. Nés vers la même époque, de conception architecturale comparable. ces trois hôpitaux ont suivi dans l’ensemble une évolution parallèle. Ils desservent actuellement une population de plus de 5 millions d’habitanta comprenant la moitié nord de Paris ainsi que les communes du nord-ouegt. du nord, du nord-est et de l’ost du département de la Seine. explique égaloment les différences notées dans les deux corrélations suivantes : DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 193 Le questionnaire qui fut respectivement rempli pour toue le enfante de moins de six ans, admis pendant une période de six mois dans les services guivants : Hopital Bretonneau. Service du Dr Kaplan : Hopital Herold. Service du Pr Agrégé Rossier : Hôpital Trousseau. Service du Pr Agrégé Laplane montre qu’il existe pour ces trois hpitaux une étroite similitude dans les conditions d’hospitalisation, et les sondages approfondis efectués à l’hopital Bretonneau nous ont donné des résultats très voisins de ceux de ce questionnaire. Certaines différences ont été cependant relevées entre ces trois gervices. Nous allons voir qu’elles sont peu signifcatives et plus apparentes que réelles : La différence entre Trousseau et les deux autres hôpitaux : nombre nettement moins important de malades, et proportion beaucoup plus forte de nourrissons, trouve son explication dans le fait que l’enquête effectuée à Trousseau l’a été de manière irrégulière : le relevé des entrants des crêches s’est effectué de façon complête, mais les enfants admis dans les salles de grands ont été très irrégulièrement recensés. Cette différence dans l’échan¬ tillonnage permet d’expliquer la plupart des autres discordances notées. Le bourcentage des Nord-Africains de Bretonneau est intermédiaire entre celui d’Hérold et celui de Trousgeau : mais nous savons que le pour¬ centage des admissions nord-africaines est inférieur aux admissions d’enfants originaires de la métropole au-dessous de l’âge de six mois, alors qu’il s’élève nettement ensuite (l’allaitement maternel constituant un frein certain à l’hospitalisation). La proportion plus élevée de jeunes nourrissons dans les statistiqnes de Trousseanl doit done mipimiser pour ce dernier hÂpital le pourcentage des admissions nord-africaines. Cette prépondérance des nourrissons dans la statistique de Trousseau UNE ÉTUDE DE PÉDLATRE SOCIALE 194 Nombre d’hospitalisations antrieures. Mais nous savons que le pourcentage des hospitalisations antérieures est proportionnel à l’âge de l’enfant hospitalisé. Les différences notées sont peu significatives et paraissent là aussi, devoir être mises sur le compte du nombre plus élevé de jeunes nourrissons à Trous¬ seau. (Nous avons vu, en effet, que dans la catégorie des enfants de moins de trois mois les admissions avec mot de médecin sont nettement B dominantes). Par contre, les deux corrélations suivantes, pour lesquelles l’âge de l'enfant n'intervient pas, montrent une similitude remarquable: Enfin, la comparaison des diagnostics reflète une fois de plus la différence de pourcentage entre les nourrissons et les enfants plus âgés. C’est ainsi que le pourcentage des troubles digestifs (diarrhée, toxicose, vomissements) est plus élevé à Trousseau (20,9 %) qu’à Bretonneau (14,8 %), alors que la pro¬ portion des affections respiratoires est plus élevée à Bretonneau (48,2 26). qu’à "Trousseau (40,5 9%), ce qui correspond bien aux variations suivant l’âge, que nous avons étudiées dans le chapitre concernant la pathologie hospitalìre. L’analyse des diagnostics permêt également de noter cértaines diffé¬ rences dans la structure et l’orientation de chacun de cés services. La pré¬ sence d’un pavillon de contagieux à Hérold élève lé pourcentage des mala¬ dies contagieuses (12,3 96) contre 5,6 2% à Trouseau et 4,7 9% à Bretonneau. Trousseau possédant, par contre, un pavillon réservé aux primo-infec¬ tions, voit de ce fait, s'élever le pourcentage de ces dernières à 4,8% contre 2,9 9% à Bretonneau et 1.9 0% à Hérold. En fin, le fait qu’à Hérold le Profeseur Agrégé Bosier ait eté long temps chef de service du Centre de Prématurés de l’Ecole de Puériculture (1) Seine-et-Marne, Oise, Marne, Manche, Doubs, Algérie, La Réunion. DANS LAGGLOMÉRATION PARISIENNE attire vers cet hopital un certain nombre de prématures. Le pourcentage de ces derniers s’élève donc à 4 9% contre 080% à Trousseau et 04 0% à Bretonneau. En résumé, malgré certaines nuances qui différencient les conditions d’hospitalisation à Bretonneau, Hérold et Trousseau, et que certaines défail¬ lances de notre enquête permettent d’expliquer en partie, nous retrouvons. dans ces trois hôpitaux, des constantes fondamentales : — un pourcentage important d’enfants d’origine nord-africaine. — un pourcentage élevé d’admissions directes et de réhospitalisations. — de mauvaises conditions de logement. — et un nombre anormalement élevé de familles nombreuses parmi les hospitalisés. De ce fait, notre enquête à l’hopital Bretonneau, bien que n’explorant qu’un secteur géographique localisé, peut, dans une certaine mesure, consti¬ tuer une observation significative dont les résultars sont révélateurs des conditions d’hospitalisation des enfants dans l’ensemble de la région parisienne. 105 Domicile des enfnts fospitalises l’hapital Bretonnen, : Service du Dr Kaplan, 1959 (carte IV) J. Le nombre total des admissions est de 2 414. Sur ce nombre, 2 048, soit 85 ont été réparties sur la carte à l’emplacement exact de leur domicile. 366 se trouvent situées en dehors des limites de la carte. H1. Paris et le département de la Seine fournissent la quasi-totalité des admissions dans le service. 11. 196 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE L'hapital Bretonneau dessert done un secteur parisien bien délimité. Seuls, les 17e, 18e et oe arrondisements sont essentiellement tributaires de cet hopital. La présence de l’hopital Hérold dans le 19e arrondissement et de l’hopital Saint-Louis dans le 10e, expliquent la limitation de son ravonnement vers l’est. Pour l’ouest de Paris, il faut tenir compte de 2 facteurs : les 16e et 8e arrondissements ont un taux d’hospitalisation moindre, et les malades eont hospitalisés plus volontiers aux Enfants-Malades. Au sud, l’infuence de Trousseau et des Enfants-Malades, concurrence Bretonneau dans les arrondissements situés au nord de la Seine (deuve). IV. Les admissions de banlieue se localisent dans trois secteurs principaux : a) Les communes de Levallois. Chicly et Saint-Qhen, qui sont à la fois les plus proches de l’hpital et les plus faciles d’accès, totalisent le tiers des admissions du département. D) Les communes suivantes situées à l'’intérieur de la boucle de la Seine (feuve) totalisent 376 admissions, c’est-à-dire 30 %% du total. 6) Vers l'est, les cantons de Saint-Denis, d’Aubervilliers et la commune d’Epinay-sur-Seine fournissent encore un fort contingent d’hospitalisations (250 admissions, soit 20 2% du total). Mais nous nous trouvons ici dans une zone marginale, où les hospitalisations sont dirigées aussi bien vers l’hôpital communal de Saint-Denis que vers les hopitaux Hérold et Saint-Louis. Plus à l’est, les cantons de Pantin, de Noisy-le-Sec et de Montreuil sont desservis par Hérold ou Trousseau. Ils fournissent toutefois 70 admissions, mais les points de répartition sont très clairsemés. A l’ouest, on constate la brusque chute du nombre des hospitalisarione dans les cantons industriels de Courbevoie et de Puteaux. Ce phénomène g’explique en partie du fait de l’existence de deux hôpitaux sicués respecti¬ vement à Levallois et à Neuilly, mais il est probable que l’hôpital des Enfants¬ Malades attire aussi vers lui la population de ces cantons. Notons cependant que Nanterre présente à son pôle septentrional une zone limitée, de forte densité d’hospitalisation. En résumé, la carte de répartition montre que le secteur géographique desservi par Bretonneau est assez nettement délimité et s’inscrit à l’intérieur mité sud-est du 18e arrondissement. 198 UNE éTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE d’un angle largement ouvert vers le nord-ouest avant pour sommet l’extré¬ Compardison des taux d’hospitalisation des enfants suivant l’arrondissement ou la commune (carte V) Cette carte a été établie en calculant dans chaque commune et chaque arrondissement le nombre des enfants agés de moins de 15 ans, d’après les données statistiques fournies, par l’LN.S.E. E., en rapportant à ces chiffres le nombre des admissions d’enfants dans le service du Dr Kaplan en 1959 et en en tirant un nombre d’hospitalisations pour 1 000 enfante. Il est clair qu’il s’agit uniquement ici d’établir une échelle de compa¬ raison et que les chiffres absolus sont sans valeur puisqu’ils ne concernont les hospitalisations que dans un seul service de médecine. Chifres des hospitalisations dans le Service du Dr Kaplan pour 1.000enfants : Les autres communes ou arrondissements présentent moine de 2 hospi¬ talisés pour 1 000 enfants. On remarquera que les taux d’hospitalisation les plus élevés se situent en banlieue et que le 18e arrondissement, malgré un chiffre absolu d’hospita¬ lisations beaucoup plus considérable, est nettement dépassé par les com¬ munes de Villeneuve-la-Garenne, de l’Ile-Saint-Denis et de Saint-Quen. A première vue, la carte des taux d’hospitalisation est plus signifcative que la carte de répartition par domicile puisqu’elle reflête de facon plus précise l’intensité du phénomène que nous cherchons à analvser. En étudiant de la même manière certaines conditions soc'o écono¬ miques, comme le niveau de vie, le logement, le pourcentage des Nord¬ Africains, etc, peut-être pourrions-nous mettre en évidence les corrélations existant entre certains de ces phénomènes et l’hospitalisation des enfants. Les données statistiques de l’L N. S. E.E. fourniesent pour 1954 des rengseigne¬ ments valables sur la population et les logements du département de la Seine. Pour Paris, les études ont été effectuées par quartiers, mais malheu¬ reusement, pour la banlieue nous ne possédons que des rengeignements giobaux pour chaque commune. Ur, l’analyse plus minutieuse de la carte de répartition des domiciles révèle combien l’étude par avrondissement et par commune est peu significative. L’exemple le plus frappant est celui de la commune de Villeneune-la-Carenne : cette commune qui compte 4 035 habi¬ tants, dont 000 enfants de 0 à 14 ans, vient largement en tête pour le taux des hospitalisations, avec 40 hospitalisés dans le service en 1959 ; or, gi nous 149 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRE SOCIALE examinons la répartition des hospitalisations dans cette commune, nous constatons que 36 admissions d’enfants proviennent d’un même flot gitué à l’extrémité sud de l’agglomération, alors que le reste de la commune fournit geulement 6 admissions (carte VI). L’ilot en question est une cité d’urgence de la Préfecture de la Seine. et géographiquement bien délimitée. conditions de logement. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 13 Cet exemple met en évidence que l’étude des hospitalisations dans le cadre des divisions administratives peut conduire à des erreurs d’interpré¬ tation, alors que l’étude des lots de concentration des cas d’hospitalisation permet de saisir certaines relations significatives. Malheureusement, l’étude par ilots se heurte à de multiples dificultés. Ele nécessite une connaissance approfondie de la localité. Elle s’appuie sur des éléments plus subjectifs et, de ce fait, plus sujets à caution. Il n’èst done pas pratique d’en généraliser l’emploi. Mais lorsqu’il est possible de déter¬ miner l’existence de certaines conditions démographiques ou sociales spéci¬ fques dans les limites géographiques d’un ilot particulièrement dense, il y a tout lieu de déduire qu’il existe certaines relations de cauge à effet entre ces conditions sociales particulières et les hospitalisations d’enfants. Nous nous sommes donc volontairement limités à l’étude de quatre lots où la concentration des cas d’hospitalisation est particulièrement intense Ttots à taux d’hospitalisation particulirement éleve (carte VI) 1o Le quartier des Epinettes (17e arrondissement). Parmi les arondisements de Paris et les communes de banlicue, le 17e arrondisement vient seulement au onzième rang pour le taux des hospi¬ talisations d’enfants, avec 203 admissions pour 34 000 enfants, soit un taux de 6 pour mille. Mais la distribution des cas y est très inégalement répartie. Les trois quartiers des Ternes, de la Plaine Monceau et des Batignolles tota¬ lisent ensemble 90 hospitalisations pour une population de 24 300 enfants. ce qui donne un taux de 3,7 pour mille enfants. Par contre, le quartier des Epinettes fournit à lui seul 113 hospitalisations pour une population de 9 100 enfants, c’est-à-dire un taux de 12,3 pour mille enfants. Le taux d’hospitalisation y est donc 4 fois plus élevé que dans les trois autres quartiers du 17e arrondissement. Nous nous sommes eforcés, en conséquence, en utilisant les renseigne¬ ments de l’LN.S. E.E. de rechercher si certaines conditions sociales permet¬ taient de distinguer le quartier des Epinettes du reste du 17e arrondissement. Comparaison des conditions sociales suivant les quartiers du Ie arrt Le quartier des Epinettes se distingue donc des autres quartiers du 17e arrondissement par une population plus ouvrière et de plus mauvaises UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE De plus, alors que les quartiers des Ternes et de la Plaine Monceat n’ont que des hôtels de tourisme fréquentés par une clientèle passagère de vova¬ geurs, le quartier des Epinetes possède toute une série d’hôtels meublés de dernière catégorie occupés par une population sédentaire d’ouvriers dont une forte proportion de Nord-Africains. Ceux-ci sont, en effet, très nombreux dans ce quartier qui concentre environ 60 0% de la population musulmane de l’arrondissement. Ils sont groupés, pour la plupart, dans une quarantaine d’hôtels dont la clientèle est essentiellement nord-africaine. La carte de répartition des ĥtels meublés de notre enquête est très éloquente à cet égard. Tous les hotels meublés du l7e arrondisement sont situés dans le quartier des Epinettes et ce dernier concentre à lui seul 15 0% des cas d’enfants provenant d’hôtels meublés. 2e Les habitations bon marché du boulevard Ney (I8e arrondissement). A l’angle nord-ouest du 18e arrondissement, entre l’hepital Bichat et l’avenue de la Porte-Clignancourt, on remarque une zone limitée où la densité des cas est considérable, puisqu’on trouve rassemblés ici 50 cas d’hospitalisation, c’est-à-dire près du 1/10 des admissions du 18e arron¬ disement sur une surface géographique qui n’en représente que le 1150. Cette zone de densité remarquable correspond à un groupe d’habitations à bon marché (H. B. M.) construits à partir de 1920 sur l’emplacement des anciennes fortifications. Les données statistiques de l’LN.S. E.E, établies par ilots d’habitation nous ont procuré les éléments démographiques suivants pour ce groupe d’H.B M. du boulevard Ney en 1954 : 112 L’analyse de ces chifres permet les constatatione suivantes : a) Les H. B. M. du boulevard Ney forment une zone de densité élevée de population, mais ce qui la caractérise essentiellement c’est le pourcentage nettement plus élevé de la population enfantine (28 0%) comparé à celui de l’ensemble du 18e arrondissement (16,5 0%). Le taux d’hospitalisation rapporté à une population de 1 000 enfants donne les chiffres suivants : 2) Le nombre des Nord-Africains dans cet lot est négligeahle. Leur présence n’intervient donc pas ici dans l’élévation du taux d’hospitalisation. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 119 En conclusion, les H.B.M. du boulevard Ney présentent un taux d'hospi- talisation nettement supérieur à la moyenne de l’arrondissement et ceci semble avant tout en rapport avec l’importance des familles nombreuses En dehors de cette constatation primordiale, les conditions de vie de la dans cet ilot. population dans les H. B M. de type ancien ont été bien étudiées par plusieurs auteurs qui se sont en particulier penchés sur le problème de la délinquance juvénile. Ces derniers ont insisté sur un certain nombre d’éléments défavo¬ rables. Les familles qui ont occupé ces H. B. M. provenaient en grande partie de l’ancienne zone et comprenaient surtout des ouvriers non qualifiés et de petits employés de la ville de Paris, population à niveau économique bas et comportant un fort pourcentage d’inadaptés sociaux, de tuberculeux et d’éthyliques. La mortalité infantile y est longtemps restée élevée. Le regrou¬ pement de cette population dans un vaste ensemble d’habitations de type caserne, à confort limité (sans salle d’eau en particulier), sans a’icun améns¬ gement pour favoriser la détente et les loisirs des enfants, et notamment sans jardin, n’a pas eu que des résultats favorables et l’on a même pu dire que ces types d’habitation favorisaient, de facon manifeste, le développement des bandes d’enfants et la délinquance juvénile. Actuellement, les enfants de la première génération sont devenus des adultes, beaucoup sont déjà mariés et ont eux-mêmes des enfants. Ils sont souvent demeurés dans les logements occupés par leurs parents et la coexis¬ tence dans un même appartement des grands-parents, parents, jeunes et enfants est fréquente. Notre enquête par sondage nous a montré d’ailleurs l’existence d’un véritable surpeuplement dans ces H. B.M. Les 12 cas d’IL. B.M. du boulevard Ney fournis par notre sondage nous apportent les données numériques suivantes : ce qui représente une densité moyenne de population de 2,3 par pièce (supé¬ rieure donc au taux de surpeuplement critique suivant les critères du Minis¬ tère de la Reconstruction et de l’Urbanisme). Cette densité de population est d’illeurs largement dépasśe dans certains logements. A titre d’exemple, nous citerons : UNE ÉTUDE DE PÉDIATRE SOCIALE 113 30 Quartier de la Coutte-d’Or (I8e arrondissement) Ce n’est pas eans hésitation que nous avons inclu dans notre étude le quartier de la Coutte-d’Or : mais peut-on passer gous gilence le fait que 186 hospitalisations intéressent ce quartier de 38 700 habitants et que parmi celles-ci 123 se concentrent dans l’étroit ilot délimité au nord par la rue Ordener : à l’ouest par les rues Léon. Myrrha et le boulevard Barbès : au sud par le boulevard de la Chapelle et à l’est par les rues de Jessaint et Stephenson. Les données gtatistiques de 1954 donnent pour l’ensemble du quartier les précisions guivantes : Le taux d’hospitalisation dans ce quartier s’élève donc à plus du double du taux d’hospitalisation moyen de l’arrondissement, sans que le pourcentage des enfants y soit supérieur. La présence de familles nombreuses ne paraît pas jouer ici un rôle essentiel dans l’élévation du taux d’hospitalisation. En revanche, la comparaison des conditions sociales montre que le quartier de la Goutte-d’Or se distingue des quartiers des Grandes-Carrières et de Clignancourt sur les points suivants : En résumé, population ouvrière de niveau social et économique plus bas, conditions de logement plus défavorables, pourcentage de Nord-Afri¬ cains plus élevé, tels sont les éléments chiffrables qui distinguent le quartier de la Goutte-d’Or des deux quartiers ouest du 18e arrondissement et per¬ mettent d’expliquer en partie un taux d’hospitalisation des enfants plus élevé. Parmi ces éléments, il en est un dont l’importance n’a fait que grandir depuis 1954. Nous voulons parler de l’afflux des familles nord-africaines dans ce quartier. A cet égard, l’étude de l’ilot que nous avons délimité au sud du quartier de la Goutte-d’Or est particulièrement instructive : Dans cet lot, les données statistiques de 1954 fournissaient le chiffre de 1 801 Nord-Africains, c’est-à-dire de 9,4 0% de la population totale alors DANS L’AGGLOMERATION PARISIENNe 45 18 UNE ETUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE qu’il n’était que de 14 0% pour l’ensemble de l’arrondissement. On notait donc, dès 1954, dans l’lot de la Coutte-d’Or un pourcentage de Nord-Afri¬ cains 7 fois plus élevé. Les statistiques, malheureusement, ne précisaient pas sur ce total le nombre de femmes et d’enfants. Notre enquete par sondage, en 1959, nous montre que plus de 30 %% des cas d’admissions dans cet flot sont des enfants Nord-Africains. Si le chiffire des Nord-Africains était donc resté le même depuis 1954, et en tenant compte d’un pourcentage d’enfant identique dans les populations nord-africaines et métropolitaines, on aboutirait au taux invraisemblable de 130 hospitali¬ sations dans le service du Dr Kaplan, pendant l an, pour 1 000 enfants nord¬ africains, c’est-à-dire à un taux d’hospitalisation 10 fois plus élevé que le taux moyen du 18e arrondissement. En fait, tout en restant convaincus que la population nord-afficaine présente un taux d’hospitalisation nettement supérieur à celui de la popu¬ lation métropolitaine, nous pensons que le pourcentage des hospitalisations nord-africaines dans notre lot correspond à l’afflux considérable de popula¬ tion musulmane et particulièrement de femmes musulmanes depuis 1954. Les enquêtes pratiquées par le Dr Rosh dans sa thèse de 1057 sur la popula¬ tion nord-africaine de la Seine montrent que le nombre d’hospitalisations de femmes musulmanes a quintuplé entre 1951 et 1956 et que 60 9% d’entre elles ont été hospitalisées dans les services de maternité. Rien n’autorise à penser que cette progression ait diminué depuis 1956. ni surtout que le taux de fécondité de cette population se soit modifié. De fait, l’ilot que nous avons délimité s’est progresivement transformé en un quartier à prépondérance nord-africaine. Les familles musulmanes Y ocupent presque intégralement une portion des rues suivantes : boulevard de la Chapelle, rue de la Goutte-d’Or, rue Charbonnière, rue de Chartres. rue Laghouat, rue Myrrha, rue Cavé, etc., s’entassant dans une cinquantaine d’hôtels vétustes et délabrés, souvent insalubres et dont la surpopulation a ĥté la dégradation, envahissant les immeubles contigus où leurs conditions de logement sont aussi peu satisfaisantes en raison du surpeuplement et d’un manque total de confort, transformant certaines parties de ce quartier en véritables médinas, tandis que quelques dizaines de mêtres plus loin persiste la coexistence dans une même rue d’hôtels nord-afriçains et d’une population métropolitaine dense d’ouvriers et de petits commercants. En résumé, la concentration remarquable des hospitalisations d’enfants dans le quartier de la Goutte-d’Or parait correspondre essentiellement à l’aflux dé la population nord-africaine dans ce quartier et se justife par les conditions de vie particulières de cette population, que nous avons étudiées précédemment. 49 « Bidonvilles » et « Cites d’Urgence » (carte VIID) Cette dernière étude se distingue des 3 précédentes par un certain nombre de caractères. Tout d’abord, il ne s’agit pas ici d’un lot unique, géographiquement bien délimité, mais de foute une série d’ilots dont nous verrons rapidement la DANS LAGGLOMÉRATION PARISIENNE 147 répartition. D’autre part, nous ne possédons, sauf exception, aucun rensei¬ gnement statistique valable sur le chiffre de population de chacun de ces flots, ce qui nous interdit l’analyse rigoureuse de leur taux d’hospitalisation d’enfants. Leur importance nous a paru cependant si grande que nous n’avons pas cru pouvoir les passer sous silence. a) « Bidonuilles » Lorsque les hôtels meublés se sont avérés trop exigus pour contenir la population nord-africaine, malgré les conditions d’entassement qui y régnaient. on a vu apparaitre, en banlieue, ce que tout le monde actuellement désigne du nom de « bidonvilles ». Ce nom était réservé primitivement à certains quartiers sub-urbains des villes d’Afrique du Nord, constitués de cabanes faites de matériaux de récupération les plus divers et, en particulier, de matériaux provenant de vieux bidons. Entre 1950 et 1955 on a vu naître successivement de telles aggloméra¬ tions à Gennevilliers, à Nanterre, à Asnières, à Colombes, à Argenteuil, à Saint-Denis, etc. Il s’agit de terrains vagues sur lesquels ont etré édides de perits baraou ments avant au plus 2,50 m sur 2 m, voire sur 1,50 m, confectionnés avec des matériaux de fortune : planches provenant de caisses d’emballage, torchis. tôles ondulées, toiles goudronnées ou papiers bitumés. Ces baraques, tassées les unes contre les autres, laissent entre elles d’étroits passages. Leur gol est en terre battue. Le plafond est fait de tôles ou de planches disiointes. Elles n’ont ni fenêtres, ni eau courante, ni écoulement, ni W.-C., ces derniers étant remplacés par des trous creusés à même la terre. L’électricité manque le plus souvent, ou bien elle est installée avec une absence totale de sécurité. les fils n'’étant pas placés sous tube. Le plus souvent, une bougie, un broc pour aller chercher l’eau, une ou deux casseroles, une cafetière composent l’essentiel de l’équipement ménager de ces baraques. A côté de ces baraquements, de vieilles roulottes, des carcasses de camionnettes ou de vagons ont été transformées en locaux d’habitation. Les terrains de ces bidonvilles appartiennent soit à un propriétaire privé, soit à une municipalité. Souvent, ils ont été concédés à un trafiquant musulman qui loue à son tour les baraques à ses coreligionnaires. De fait, les loyers sont loin d’y être négligeables. Dans un « bidonville » de Nanterre. chaque baraque se loue 60 NE par mois et les nouveaux arrivants sont tenus d’acquitter un « pas de porte x allant parfois jusqu’à 2 000 NF. Trois dangers permanents menacent ces agglomérations : l’incendie tout d’abord, en raison de l’installation défectueuse de l'’électricité et de l’usage des lampes à alcool dans ces baraquements en bois (c’est ainsi que dans le même « bidonville » de Nanterre 3 sinistres ont été signalés en l’espace de 15 mois, privant d’abri plusieurs centaines d’Algeriens), l’asphyxie, par manque de tirage, et le froid. Le caractère démographique de ces « bidonvilles » s’est progressivement transformé au cours de ces dernières années, Initialement, ils étaient occupés par des Nord-Africains vivant en célibataires : depuis, le nombre des femmes musulmanes et des enfants s’y est accru dans des proportions considérables nette recrudescence. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRE SOCIALE 18 et, presque chaque jour, de nouvelles naissances y augmentent le pour¬ centage d’enfants en bas-age. à la campagne déclenchée vers cette époque en faveur des " sans abri" et b) Les « Cit́s d’TIrgence » Edifées à partir de 1955 par la préfecture de la Seine, elles répondent des « mal loges » métropolitains. C’est ainsi qu’y furent rassemblées les populations habitant dans les villages de tentes de Noisy-le-Grand, du Pont¬ Sully, etc, après une période transitoire où elles avaient été logées dans des hôtels meublés réquisitionnés. portent des logement de 3 pièces-cuisine avec eau courante, mais sans Bâtiments préfabriqués construits en agglomérés ou en ciment, ils com¬ W.-C. individuels ni salles d’eau. L’équipement sanitaire comprend des W.-C. communs, du type «guérite» sans chasse d’eau ni tout-à-l’égout, et des buanderies collectives. Les cités les plus importantes ont en outre une école, une permanence ménagère et un centre social. Les conditions sanitaires des Cités d’Urgence sont donc médiocres, sans que l’on puisse parler cependant, au départ, ni d’un surpeuplement excessif. ni d’une absence totale d’équipemfent. Par contre, le rassemblement d’une population hétérogène, dans laquelle prédominent des éléments asociaux et à laquelle est imposé un mode de vie partiellement communautaire, conduit rapidement à des résultats très défavorables. Considérant ces logements comme une étape transitoire à une réinstal¬ lation défnitive, la population de ces Cités n’était nullement incitée à en assurer l’entretien. Les conditions de promiscuité favorisèrent l’influence des éléments les moins désirables, d’où le développement de l’immoralité. de l’éthylisme, de l’instabilité, et une dégradation progressive des locaux. Ce fut bientôt le règne de la saleté et du désordre, d’autant plus que la natalite Y étant élevée, la population infantile y prit une place de plus en plus grande. jusqu’à atteindre le pourcentage de 50 %% de la population totale et les loge¬ ments furent progressivement soumis à des conditions de surpeuplement critiques. Parmi ces Cités d’Urgence, les plus anciennes ont essentiellement regroupé une population d’origine métropolitaine. D’autres, par contre, édifiées plus récemment, sont précisément desti¬ nées à reloger provisoirement les Nord-Africains des « bidonvilles » dont les terrains ont été expropriés, souvent pour y construire des H. L.M. (habitations à loyer modéré). Malheureusement, malgré les conditions d’habitation moins défavorables, il n’est guère possible de limiter l’aflux de nouvelles familles nord-africaines dans ces Cités et le surpeuplement y prend rapidement un caractère dramatique. Ajoutons qu’au fur et à mesure de leur disparition. d’autres « bidonvilles » se reconstituent quelques centaines de mêtres plus loin sur un nouveau terrain, et que leur nombre semble actuellement en inscrit, en 1960 : DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 119 Répartition géographique des « bidonvilles » et « Cités d’Urgences » : taux d’hospitalisation des enfants Sans prétendre en établir une liste exhaustive, nous étudierons sommai¬ rement les agglomérations de ce type situées à l’intérieur de la boucle de la Seine et qui se superposent de façon manifeste à des ilots de concentration des hospitalisations d’enfants. Nous citerons seulement pour mémoire quelques ilots dispersés repérés en dehors de ces limites, sur notre carte de répartition. Nous proposons à l’observateur désireux de se rendre compte de l’impor¬ tance et du caractère de ces agglomérations l’itinéraire suivant : NANTERRE : après avoir traversé le pont de Chatou, prendre, en direction de Colombes, la rue de Chatou, l’avenue Henri-Martin, puis la rue de la République. Le premier « bidonville » sur la droite, au 259 avenue de la République, groupe 300 Nord-Africains dans une quarantaine de baraques, telles que nous les avons décrites, en torchis, en bois, en tôles et toiles goudronnées, ainsi qu’un vieil autobus et un vieux vagon. Upe fois franchie la voie du chemin de fer entre cette dernière et la Seine, dans le quartier du Petit-Nanterre, on rencontre : Rue de Sartrouville, en face du cimetière de la Maison Départementale de Nanterre, un terrain vague actuellement décharge d’ordures et de vieux pneumatiques où logent dans une dizaine de roulottes hors d’usage et quelques carcasses de voitures, une centaine de gitans. Rue des Marguerites, un centre de transit de la Préfecture de la Seine dans lequel ont été regroupés des habitants d’lots insalubres provenant de tous les quartiers de Paris après démolition de leurs logements. C’est une popu¬ lation essentiellement métropolitaine, présentant les caractères d’hétérogé¬ néité sociale que nous avons définie plus haut. La Cité des Crands-Prés, de population essentiellement nord-africaine. où ont été relogés récemment les Nord-Africains de certains « bidonvilles » de la, rue des Pâquerettes. Rue des Paquereltes : une Cité d’Urgence nord-africaine puis tout un groupe de « bidonvilles », situés respectivement rue des Paquerettes, rue Tartarin, rue Alfred Dequéant, rue Géorges-Bizet, qui sont actuellement en nette extension. Plus au sud, on rencontre également un important « bidonville » dans la rue de la Carenne. La consultation de P.M. L, qui dessert le quartier de Petit-Nanterce a 306 nourrissons de 0 à 1 an 179 enfants de 1 à 2 ans 563 enfants de 2 à 6 ans c’est-a-dire un total de... 1948 dont les 415 sont Nord-Africains et la quasi-totalité proviennent des « bidon¬ villes », des Centres d’h́bergement et des Cités d’Urgence. Ce chifre repré¬ UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE sente à lui seul environ le 1/5 de la population d’enfants âgés de 0 à 6 ans. recensés en 1954 dans l’ensemble de la commune de Nanterre. Dans le secteur géographique ainsi délimité, on trouve 21 cas d’admis¬ sions d’enfants, c’est-à-dire 65 6% des hospitalisations de Nanterre, et nous savons, d’autre part, que les enfants de ces ilots sont hospitalisés non seule¬ ment à Bretonneau, mais aux Enfants-Malades, à l’hôpital de Neuilly, à l’hopital de Levallois et à l’hôpital Claude-Bernard pour les maladies contagieuses. COLOMBES : poursuivant notre itinraire par la rue de Sartrouville. nous pénétrons dans Colombes où se situe un des plus vastes «bidonvilles » de la région entre la rue de Besons, la rue Colhert et la rue des Côtes-d’Alby. Une ou deux agglomérations plus restreintes se rencontrent un peu plus loin. le long de la rue de Bezons ainsi qu’une Cité d’Urgence nord-africaine, plus à l’est dans la rue des Renouillers. Cet ilot correspond approximativement à une concentration de 18 cas d’hospitalisation (13 9% des hospitalisations totales de Colombes). ASNIERES : sans s’attarder sur les centres secondaires de Colombes. nous conseillons de se diriger par les rues de Bezons, de Saint-Denis, de l’Agent-Sarre et le carrefour des Quatre-Routes vers un troisième lot de densité d’hospitalisations : l’extrémité septentrionale de la commune d’Asnières. Tout le quartier centré par le nouveau cimetière d’Asnières est, à un degré plus ou moins grand, parsemé d’agglomérations de type « bidonville » dont on peut discerner 2 éléments principaux : « bidonvilles » nord-africains rue des Mourinoux et plus particulièrement rue Henri-Poincaré : « bidonvilles » de chiffonniers et de ferrailleurs transplantés de l’ancienne zone et regroupés plus particulièrement avenue de la Redoute. Cette zone correspond à un ilot de concentration de cas d’hospitalisation particulièrement dense puisqu’on y trouve rassemblés 37 cas d’admissions hospitalières, c’est-à-dire 28 0% des hospitalisations pour l’ensemble d’Asnières. CENNEVILLIERS : la zone des « bidonvilles » nord-africains d’Asnières se prolonge sans solution de continuité vers Gennevilliers où elle s’étale largement le long du Vieuz Chemin d’Argenteuil à proximité du Port, prenant ici un aspect particulièrement misérable, s’étendant sur plu¬ sieurs centaines de mêtres jusqu’à l’avenue de Colombes, essentiellement constituée de baraquements de tôle ondulée aux toits crevés. On y rencontre également un ensemble de constructions préfabriquées en bois, «les Foyers du Bâtiment Nord-Africain ». Au-delà de cette zone, l’envahissement de Gennevilliers par la popula¬ tion nord-africaine, ainsi que notre très imparfaite connaissance de cette commune, nous interdisent toute systématisation. Nous citerons cependant le quartier limitrophe du cimetière avec la rue du Puis- Cuvon le passage Magne, le passage et l'avenue Chandon, le tout formant un véritable quartier nord-africain représenté sur notre carte par un ilot d’hospitalisation significatif. 120 DANS L’ACCGLOMERATION PARSIENNE 131 de référence). 12 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRE SOCALE Dans l’ensemble, il est possible d’estimer approximativement à une vingtaine les cas d’hospitalisation de Gennevilliers provenant de « bidon¬ villes ». De plus, le niveau socio-économique particulièrement bas de la popula¬ tion de Gennevilliers, la présence de toute une cerie d’H B. M. de type ancion (rue Pierre-Thimbaud, avenue Chandon, rue Basly, etc.) se joignent à l’infl¬ tration de cette commune par les « bidonvilles » nord’africains pour expli¬ quer l’importance de sa densité d’hospitalisation (13,5), la plus élevée parmi les communes inscrites dans la boucle de la Seine, après celle de Villeneuve¬ la-Garenne. VILLENEUVE-LA GARENNE : La Cité d’Urgence de Villeneuve-la¬ Garenne, située à l’extrémité sud de cette commune, entre le boulevard Caliéni et la rue du Moulin-de-Cage a été prise comme type de description : nous n’y reviendrons pas (voir plus haut la carte VI). En 1961, son importance numérique a fortement diminué, une partie de sa population avant été relogée en H.L.M. ou dirigée vers les Cités d’Ur¬ gence de Nanterre ou de Stains, mais elle comprend encore 667 personnes dont plus de 50 %% d’enfants. A l’époque de notre enquête, par contre, on y trouvait rassemblées 257 familles totalisant 1 295 personnes dont 694 enfants, 33 cas d’admissiong dans le service y ont été dénombrées ce qui reprégente un taux d’hospitalisa. fions de 47 pour 1 000 enfants. En résumé, si nous considérons les 5 communes de Nanterre, Colombes, Asnières, Cennevilliers et Villeneuve-la-Garenne, elles totalisent ensemble 373 cas d’hospitalisations sur lesquels 140 cas environ, soit plus de 35 %6 pro¬ viennent des « bidonvilles » et des « Cités d’Urgence ». La zone des Cités d’Urgence et des bidonvilles ne se limite d’ailleure pae à la boucle de la Seine, mais comme nous n’avons pas effectué l’exploration systématique de toute la banlieue nord, nous nous contenterons de citet jei le bidonville de la rue Enile-Cordon à Saint-Qhen, de la rue Baily à Saint-Denis et surtout la Cité de la Cerisaie à Stains, qui représente à elle soule un lot de 20 hospitalisations. Enfn, nous devons citer également une population dont notre carte de répartition de baraquements met en évidence l’importance, à savoir les roulottes de fbrains des portes de Clichy. Saint-Quen, Montmnartre et Clignan¬ court. Plus du 1I5 des admissions sur notre carte de baraquements pro viennent de ces véritables villages de roulottes. Conditions de bogenent des enfants Hospitualisés (enquête par sondage à l’hopital Bretonneau) Nous insisterons surtout dans ce chapitre sur les élémenta qui n’ont pas fait l'objet d'une étude dans la première partie de notre travail (enquête DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 123 L’élément le plus remarquable de cette statistique reste le pourcentage considérable (41,9%) de logements d une seule pièce. La cohabitation" avec d’autres membres de la famille est relativement rare dans notre statistique, du fait probablement de l’extrême exiguité des logements. Cette cohabitation s’élève en effet sensiblement dans certains groupes de logement, par exemple dans les H. L.M. oa elle atteint 25 0% En résumé, nous vovons que 9 6% des logements sont des logements de fortune et que 17,5 0%, sont des hôtels meublés. La moitié de notre population occupe donc son logement depuis moins de 3 ans. Il existe à cet état de choses deux explications : tout d’abord cette population est en majorité formée par des jeunes ménages avant des enfants en bas âge. Il est done naturel que l’installation dans leurs logements ne UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 124 remonte qu’à quelques années, mais nous pensons que ce pourcentage consi¬ dérable d’installations récentes relève également d’une autre cause. Toutes les familles transplantées, qu’il s’agisse avant tout de Nord-Africains, mais aussi de provinciaux ou même de familles avant récemment changé de domi¬ cile dans Paris, subissent une période d’adaptation plus ou moins longue. Pendant cette période, elles ont perdu leurs anciennes relations, en parti¬ culier, leur médecin traitant habituel ou leurs consultations de nourrissons : elles éprouvent un gentiment d’abandon et d’isolement et sont plus enclines à confier directement leurs enfants à l’hopital en cas de maladie en raison des garanties que ce dernier leur parait ofrir à priori. De fait, nous avons trouvé dans notre population un important pour¬ centage de transplantés récents dans la région parisienne. DANS LAGGLOMÉRATION PARISIENNE 125 En résumé, 66,6 9% des logements n’ont nas de W. C. individuels et 334 9% n’ont pas de cuisine. Nous avons groupé dans cette rubrique les trois appareils : machine à laver, frigidaire et télévision. Notre enquête nous a fourni les résultate Suivants : 196 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE L’étude des corrélations montre que le niveau des lovers n’est en aucune façon proportionnel à la dimension ou au confort des logements. Nous y reviendrons à propos des hôtels meublés. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISTENNE 127 Au terme de cette sèche succesgion de tableaux il ressort que les condi¬ tions de logement des enfants hospitalisés sont particulièrement defavo¬ rables. Nous avons cherché à déterminer si ces conditions étaient plus mau¬ vaises que celles de la population de la Seine prise dans son ensemble. Les statistiques de l’LN.S.E. E. de 1954 fournissent sur le logement de la population de la Seine un certain nombre de précisions permettant l’éta¬ blissement d’un tableau comparatif. Comparaison des conditions de bogement des enfants hospitalisés (enquéte par sondage) avec celles de la population de la Seine (données statistiques de l’L. N. S. E.E. 1954). UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 128 Sur tous les points pour lesquels la comparaison a été pogeible les conditions de logement des hospitalisés sont plus défavorables que celles de la population de la Seine prise dans son ensemble. La situation réelle est encore plus mauvaise si l’on tient compte du fait que les statistiques de l’I. N. S. E. E, ne distinguent pas entre les catégories d’occupants et qu’elles concernent aussi bien les célibataires et les ménages sans enfant, que les familles avec enfants. L’exiguité et le manque d’équipement sanitaire des logements de notre enquête sont d’autant plus significatifs qu’il s’agit ici uniquement de foyers avec des enfants en bas âge. Une catégorie particulière de logement : les hotels meubls Parmi les catégories de logement que nous avons signalées il en est une qui mérite une étude particulière en raison de son importance dans notre enquête, à savoir les hôtels meublés. a) Taux d’hospitalisation des entants dans les ĥtels meublés Les statistiques de l’LN.S.E. E, nous apprennent que 400 000 personnes sur un total de 5 150 000, soit 7,5 9% de la population de la Seine, occu¬ paient en 1054 les hôtels meublés dispersés dans le département. D’après les mêmes sources, 38 700 enfants habitaient dans des hôtels meublés sur une population enfantine totale de 934 500, soit un pourcentage de 4, 1 9%. Or, les enfants habitant en hôtels meublés forment 17,5 0% de notre popu¬ lation hospitalière. Si l’on estime qu’entre 1954 et 1959 le nombré des enfants vivant en hôtel ne s’est pas sensiblement modifé, on peut en conclure que leur taux d’hospitalisation est 4 fois plus élevé que, le taux moyen d’hospitaligation des enfants pour l’ensemble du département. Nous allons tenter d’en déter¬ miner les raisons. b) Caractères généraux des Hêtels meublés Les hôtele meublés ou « garnis » sont des établissements comportant des pièces meublées, louées par des commercants inscrits au registre du commerce, après une déclaration à la préfecture de Police. Cette appellation les distingue des hôtels de tourisme qui dépendent du commissariat au tourisme. On leur assimile, par contre, les maisons meublées, établissements qui comprennent un nombre de chambres plus restreint. En 1954, on recensait environ 12 500 ĥtels meublés dans le départe¬ ment de la Seine, dont 8 000 à Paris et 4 500 en banlieue. Sur 400 000 habitants des hôtels, 300 000 vivaient à Paris et 100 000 en banlieue. 6) Eolution Ristarione La législation sur la fixation du prix des lovers ne s’appliquant pas aux hôtels, le premier tiers du Xxe sìcle a vu la transformation progressive d’immeubles de rapport en hôtels et maisons meublés, puis à l’intéreur de ces hôtels la spéculation a conduit à la multiplication des pièces destinées à 129 DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE la location, au mépris de toute relle d’hvgìne. C’east ainai que malgré les ordonnances fixant le cubage d’air minimum à 20 m5 par personne, il arriva de loger 2 ou 3 locataires dans des « piécettes » ne dépassant pas 12 à 15 me. A partir de 1949, on assiste à un autre phénomene : non seulement le nombre des locataires e’acroit, mais le caractère de l’habitat en hôtel meublé se modife profondément. Destinées primitivement à loger des passagers ou des sédentaires de courte durée, les chambres d’ĥtels meubliés se trans¬ forment progressivement en habitations permanentes pour la population qu’elles abritent. D’autre part, la proportion des ménages s’y accroit au détriment de celle des célibataires. En 1954, la durée moyenne d’occupation était déjà supérieure à un an pour 80 %% des locataires et le pourcentage de ménages habitant en hôtels gélevait à 45 9%. d) Manque de confort et d’Ivgine Les ĥtele meublés, à la diff́rence des ĥtela de tourisme, sont par définition, dépourvus de confort. Ce sont, en majorite, des immeubles vétustes et délabrés, situés dans les rues les plus misérables de quartiers populaires dont l’habitat général est médiocre. Ils ne possedent le plus gouvent, ni chauffage central, ni eau courante individuelle, ni cuisine. Une partie des chambres donne sur d’étroites cou¬ rettes et leur obscurité oblige à l’ugage de l’éclairage électrique pendant la journée. Les W. C., communs ne sont pas bien entretenus, et il n’est pas exceptionnel qu’il n’y en ait qu’un seul pour 40 à 50 personnes. Le manque d’aération développe l’humidité et les odeurs nauséabondes. Le surpeuplement dans ces logements exigus et insalubres est particu¬ lièrement dommageable pour des familles comptant parfois plusieurs enfants en bas âge. D’ailleurs, dans certains hâtels, les tenanciers ne tolèrent pas la présence de jeunes enfants, et les parents, pour conserver leur logement, sont tenus de s’en séparer et de les placer, Parfois, la simple exiguité du logement les oblige à agir de même. De plus, les locataires aont souvent l’objet d’inter¬ dictions diverses : interdiction de laver ou d’étendre con linge, d’utiliser l’électricité en dehors de certaines heures, de faire la cuisine, de garer une voiture d’enfant : interdiction pour les enfanta de jouer dans la cour ou de faire du bruit, etc.. Un climat de tension s’installe et ge répercute sur l’équi¬ libre de la famille, dont la cohésion devient de plus en plus précaire, et l’enfant est la première victime de cette situation. e) Le loyer Bien que représentant, comme nous venons de le voir, le type même de l’habitat insu6sant et insalubre, l’hôtel meublé constitue une catégorie de logement particulièrement onéreuse. Les loyers, malgré certaines régle¬ mentations survenues depuis 1945, en sont demeurés très élevég, d’autant plus que beaucoup de locataires — même lorsqu’ils résident de facon perma¬ nente à l’hôtel — paient souvent leur chambre à la journée, et que les chambres au mois voient leure lovers majorés de charges diverses (pour l’usage de l’électricité, pour l’utilisation d’un poste de radio, pour l’entretien 130 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIAE des locaux, pour le droit d’y faire la cuisine, etc.) qui en elèvent sensiblement le prix. 1) Enquête par sondage: fetels meubles (66 cas) L’étude des hôtels meublés de notre enquête permet de préciser sur certains points ces constatations générales : Répartition géographique Les principales zones de concentration des hôtels meublés sont les guivantes : — Le quartier de la Coutte d’Or entre la rue Ordener et le boulevard de la Chapelle, ainsi que la zone limitrophe du quartier Clignancourt. On trouve dans ce quartier, avant tout des hôtels nord-africains, mais également des hôtels regroupant certaines autres catégories ethniques ou nationales (Śnégalais. Espagnols, etc.), ainsi que certains hôtels à clientèle d’ouvriers métropolitains. Le boulevard de Rochechouart et de Clichy, ainsi que les rues avoiei¬ nantes des quarfiers Chignancourt et Grandes Carrières, dont la clientèle assez dans la cour. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE mélangée comprend moins de Nord-Africains, mais dans lesquels habitent par contEG dI CeTLAIH HOmDEC dC PTOStIcuCCS; — Le quartier des Epinetes — En banlieue, les communes de St-Quen. Clichy et Levallois. 131 La majorité des chambres d’hôtels meublés n’ont pas l’eau courante. parfois celle-ci se trouve sur le palier ou à un étage inférieur, parfois seulement UNE ÉTUDE DE PÉDIATRE SOCIALE 132 Loyers Nous avons comparé les lovers des hôtels meublés avec ceux des autres catégories de logement (56 cas) : En résumé les 3/4 des locataires paient plus de 50 NE de lover mensuel. Les lovers des hôtels meublés sont non seulement sensiblement plus élevés que les loyers des autres catégories de logements défectueux, mais ils sont également plus élevés que ceux des logements corrects de notre onquête. Salubrite visite, tenant compte à la fois de l'exiguité du logement, de sa clarté de Une classifcation a été tablie par notre assistante sociale après chaque son aération, de son humidité ainsi que de son degré d’entretien ou de dégra dation. Les résultats en gont les guivants : Nombre d’habitants par pièce (61 cas) L’avant-dernière catégorie (2 personnes par pìce) correspond soit à une mère geule avec l enfant, soit à un couple dont l’enfant est placé. La deneité moyenne atteint, malgré le placement d’un certain pourcen¬ tage d’enfants, le éhiffre de 4 personnes par pièce d’hatitation. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 183 Consquences de l’habitation en hAtel meublé sur l’hospitalisation des enfants A. — Sur les conditions d’hospitalisations : B. - Sur les hospitolisations muhiples (quel que soit l’âge de l’enfant) C. — Sur la justifcation médicale de l’Rospitalisation : En résumé, l’habitat en ĥtel meublé se caractérise par un surpeuplement qui rend proprement intolérable l’existence normale pour un fover chargé d'enfants et auquel vient s'ajouter une absence quasi totale de confort, d’équipement sanitaire ou même de simple salubrité, en dépit d’un loyer très élevé qui absorbe une part importante du revenu familial. Or, nous constatons que le retentisgement de ces conditions de logement sur l’hospitalisation d’enfants est parfaitement démonstratif. En effet, plus qu’aucune autre catégorie de population, les habitants des hôtels meublés amènent directement leurs enfants à l’hâpital à l’occasion de n’importe quel épisode morbide. Au terme de cette étude nous pensons avoir montré l’importance des conditions de logement sur l’hospitalisation des enfants. Mais les pressions qu'il est artificiel de dissocier et pour illustrer cette interdépendance de sociales et psychologiques qui s’exercent sur les familles forment un tout facteurs nous pensons qu’il n’est pas de meilleur exemple que celui des hôtels meublés. Nous avons donc étudié, dans ce cadre, certaines corrélations autres que celles de l’habicat A. — Nationalit du p̀re : 134 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE La proportion des Nord-Africains dans les hôtels meublés atteint 30,6 7% alors qu’elle n’est que de 11,5 9% pour les autres catégories de logement. B. — Salaire globdl (père plus mère, mais sans les allocations familiales) : Le niveau socio-économique est nettement plus bas chez les habitants des hôtels meublés et ceci s’explique d’ailleurs en partie par le pourcentage élevé de Nord-Africains qu’ils abritent. C. — Situation de l’enfant par rapport au foyer familial antérieurement à l’hospitalisqtion : Nous avons vu les raisons qui contraignent souvent les parents habitant en ĥtel à placer leurs enfants hors du foyer. D. — Situation du père par rapport à la mère: Le pourcentage des dissociations familiales est nettement plus elevé dans les hôtels meublés. RÉSUME J. — Parmi les facteura gociaux, l’infuence du domicile et des conditions de logement est prépondérante aur l’hospitalisation des enfanta de l’agglo¬ mération parisienne. Cette influence varie cependant suivant la physionomie propre de chaque hpital et de chaque gervice. En particulier, dans les services hautement spécialisés sla presion des conditions sociales sur l’hospitalisation tend à s’atténuer et même à disparaitre. L’étude de la distribution géographique des admissions dane deux gervices spécialisée de l’Assistance Publique llustre ce phénomène DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 135 Toutefois, l'importance numérique des admissions médicalement sélec- Toutefois, l’importance numérique des admiesions médicalement sélec¬ tions d’enfants. En particulier, la comparaison des conditions d’hospitalisaton dans trois services d’hôpitaux respectivement situés à Bretonneau. Hérold et Trousseau révèle entre ces trois gervices une étroite similitude et certaines constantes fondamentales : — Un pourcentage élevé d’admissions directes et de réhospitalisations. — Un pourcentage élevé de Nord-Africains. — Un pourcentage élevé d’enfants de familles nombreuses. — De mauvaises conditions de logement (surtout). Il en régulte que l’enquête effectuée à l’hnitat Bretonneau peut fournir des indications révélatrices sur les conditions d’hospitalisation des enfants, dans l’ensemble de la région parisienne. H. — L’étude du domicile et des conditions de logement dee enfante hospi¬ talisés à Bretonneau (service du Dr Kaplan) ge présente de la façon euivante : a) Dans un premier chapitre, une analvee de la carte de répartition des domiciles d’enfants hospitaligés permet d’en établir les limites géographiques. A l’intérieur de ces limites, un taux des hospitalisations (arbitrairement déterminé par le nombre d’enfante hospitalisés dans le service pendant un an sur une population de 1000 enfants) a été calculé dans chaque arrondisse¬ ment de Paris et chaque commune de banlieue et une carte de densité des hospitalisations a été ainsi établie. La comparaison des taux d’hospitaligation dans le cadre des divisions administratives parait cependant entachée de graves erreurs d’interprétation, alors que l’étude des ilots de concentration des cas d’hospitalisation lorsqu’elle est possible donne des résultats beaucoup plus significatifs. L’analyse de 4 ilote de concentration particulièrement bien limitée, à savoir : — le quartier des Epinettes. — les Habitations à Bon Marché du boulevard Ney. — le quartier de la Goutte-d’Or. — la zone des bidonvilles et des Cités d’Urgence met nettement en lumière l’influence de certains facteurs, comme le niveau socio-économique de la population, le pourcentage des familles nombreuses, l’afflux de la population nord-africaine, et surtout les mauvaises conditione de logement sur les hospitalisations d’enfants. b) L’étude statistique des conditions de logement des enfants hoanita¬ ligés met en évidence : — le pourcentage considérable (41,9 2%) de logements de 1 pièce : — l’importance des logements de fortune (baraques ou roulottes 2 7). et hâtels meublés (17,5 0%) : — l’installation récente dans le logement (depuis moins de 3 ans pour la UNE ÉTUDE DE PÉDIATRE SOCIALE 136 moitié de la npopulation), qui g’exphique en partie par l’induence d’une trangplantation récente eur l’hospitalisation des enfants : — l’insuffigance de l’équipement sanitaire (27,9 9% des logements n’ont pas l’eau courante, 33,4 26 n’ont pas de cuisine, 69,6 %6 n’ont pas de W.-C. individuel). On notera également que 16,8 6% des enfants couchent à plusieurs dans le même lit. Un tableau de comparaigon met en évidence que les condigions de loge¬ ment des hospitaligés gont eur tous les pointe plus défavorables que celles de la population de la Seine prige dans gon ensemble, la gituation réelle étant encore plus mauvaise puisqu’il s’agit ici uniquement de familles avant des enfants en bas-âge. IHl. — Parmi le5 eatégories de logementa jieolés dans notre enquête, les hôtela meublée font l’objet d’une étude particulière. En effet, le taux d’hospitalisation y est égal à quatre fois le taux moven des hoepitaligsations d’enfants dans l’ensemble du département de la Seine. Or. l’habitat en hêtel meublé est particulièrement défavorable du fait d’un surpeuplement excessif (densité moyenne de 4 personnes par chambre) et d’un équipement sanitaire presqu’inexistant (en particulier 57 0% des chambres n’ont pas l’eau courante). L’induence de cet habitat défavorisé aur l’hospitalisation d’enfants est bien mise en évidence par l’étude de certaina tableaux de corrélation : en particulier parmi les enfants habitant en hôtel meublé les admissions directes. les rehospitalisations successives et enfn les hospitalisatione médicalement non justifiées sont proportionnellement beaucoup plug fréquentes que pour l’ensemble des autres catégories de logements. Il importe cenendant de noter qu’en étudiant dans le cadre des ĥtels meublés certaines conditions sociales autres que l’habitat, on met en évidence dans la ponulation des hêtels : — un niveau économique plus bas : — un pourcentage beatucoup plus important de Nord-Africains : — un beaucoup plus grand nombre d’enfants placés hors du foyer : — un plus grand nombre de ménages dissociés. Ce qui montre l’interdépendance de ces différents facteurs, ninal qie m culté de les étudier séparément et d’apprécier leur inffuence respective gur l’hospitalisation des enfants. Il ne parait pas douteux cependant que lorgque les conditions de logement sont particulièrement défavorables ces dernières exercent une inffuence aggravante sur toutes les autres difficultés de la vie familiale. CHAPITRE V FACTEURS DE L’HOSPITALISATION : LE MILIEU SOCIAL Le premier critère permettant de préciser le milieu social des enfanta hospitalisés réside dans la catégorie socio-professionnelle du père de famille, dont le tableau suivant donne la physionomie d’ensemble : Nous avons cherché à comparer notre échantillonnage à la population active du département de la Seine, prise dans son ensemble : ce qui nous a donné les résultats suivants : suivante : UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 133 Nous n’étions pas en possession au moment de notre enquête de la liste des catégories socio-professionnelleg de l’LN. S.E. E, et de leur regroupement. Il existe donc dans notre statistique des classements discutables. Le groupe des « Instituteurs — Cadres — Militaires » comprend des éléments assez disparates sur le plan du niveau socio-économique. De même, le groupe des personnels de service (ex. : garçon de café) a été regroupé avec celui des employés ou des ouvriers suivant le cas. Ces quelques imprécisions dans le classement ne paraissent pas avoir eu de conséquences importantes et n’enlèvent rien à la valeur de la constatation DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 139 Les familles d’enfants hospitalisés sont essentiellement des familles ouvrières. La catégorie des ouvriers, dans son ensemble, forme en effet 71,7% de nos cas, contre 41,6 pour la population de la Seine. La différence est d’autant plus gensible que la qualification profesionnelle et le niveau socio-écono¬ mique sont plus bas, puisqu’on note 29,5 %% de manœuvres contre 7,3 2% pour l’ensemble de la population et 26,1 %6 d’O-S. contre 12 %6. En revanche, les proportions s’inversent au fur et à mesure que l’on g’élève dans l’échelle des qualifications professionnelles ou du niveau social. C’est ainsi qu’on ne note que 16,1 9% d’ouvriers qualifiés contre 22,3 9% pour la population de la Seine dans son ensemble, 2,2 % de commercants contre 6,09%, et geulement 0,8 0% de professions libérales, cadres supérieurs et industriels contre 10,4 2% dans l’ensemble du département. En d’autres termes, le taux d’hospitalisation dans les familles de manœuvres est 4 fois plus élevé que le taux moyen d’hospitalisation : il est 2 fois plus élevé chez les ouvriers spécialisés et 13 fois plus faible dans les catégories sociales plus favorisées. Ressources salariées de la famille Cette statistique a été établie dans le but d’apprécier les resources des ménages. Elle n’est donc pas rigoureusement superposable à la précé¬ dente, puisqu’elle englobe aussi bien la majorité des cas où seul travaille le père de famille que les cas où l’homme et la femme travaillent et ceux où la femme assume seule la charge du foyer. (Nous verrons que, dans notre enquête, 30 2% des femmes exercent une activité professionnelle.). UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 149 Salaire global (pàre plus mère) mais sans les abocations familiales Il résulte que 44,6 9% de nos familles ont des ressources salariées infé¬ rieures à 500 NF. En fait, si l’on tient compte de ce que, sur les 51 cas où la qualifcation professionnelle a été précisée, mais non le salaire, nous avons 38 manœuvres et ouvriers spécialisés, on peut considérer que les familles disposant de moins de 500 NF de ressources salariées sont en nette majorité. Catégorie socio-profèsionnelle et salaire global Du fait de la confuiion dans une somme totale des salaires du père et de l’éventuel salaire de la mère le tableau de corrélation entre la catégorie socio-professionnelle et le salaire ne peut être interprété valablement. Il résulte toutefois de ce tableau l’existence d’un parallélisme entre le niveau de la qualification socio-professionnelle dans la catégorie des ouvriers et le revenu galarié de la famille. Diff́rents auteurs, en particulier Mme Chombart de Lauve dans son ouvrage gur la psychopathologie sociale de l’enfant inadapté, ont insisté eur les rapports étroits existant entre la qualification socio-professionnelle, le niveau du revenu et les conditions de logement. Notre enquête confrme cette notion : Nous avons, pour gimplifer, groupé notre population en deux lots suivant le revenu du ménage : au-dessous et au-dessus de 500 NF, et noug avons confronté ces deux groupes avec un certain nombre d’éléments carac¬ téristiques du logement. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE A. — Saltaire global d catgorie de bogemont : B. — Salaire gobal et nombre de pièces. 141 C. — Sdlaire bobal et quipenent aonitoire. D. — Salaire global et densité moyenne par pìce d’habitation. En résumé, les familles dont le revenu familial est le plus bas sont égale¬ ment les plus défavorisées sur le plan du logement. Il n’y a donc rien d’étonnant de retrouver chez les familles dont le salaire global est inférieur à 500 NF, comme nous l’avons déjà noté chez les familles mal logées : Un plus fort pourcentage d’admisions diredes à l’hépitat Il s’agit, en effet, dans l’ensemble du même groupe de population. des femmes métropolitaines. 142 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE UIn plut fort pourcentace d’hospitalisations médicalement non justifes Les tamilles nord-afficaines L’étude de la population nord-africaine trouve ici sa place en raison de ses conditions socio-économiques particulièrement défavorables. En outre. le niveau de culture et les habitudes de vie de la femme nord-africaine lui confèrent une physionomie très particulière. Les enfants nord-afriçains de notre enquête sont au nombre de 57, mais comprennent 2 groupes distincte : — Les enfants de ménages mixtes, au nombre de .......... 23 — Les enfante de ménages dont les deux parents sont Nord-Afri¬ ......... 34 cains, au nombre de ........... Nous limiterons notre étude à ces 34 ménages qui présentent une homo¬ généité particulière en raison de la personnalité de la mèro de famille. La mère de famille nord-africaine Notre enquête nous fournit à ce gujet quelques données précises : a) Nitequ cuturet b) Duŕe de l’alaitement maternel Il résulte de ce tableau que le pourcentage des femmes musulmanes allaitant leur enfant au-dessus de 3 mois et deux fois plus élevé que celui DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 143 e) Structure familiale La structure familiale est beaucoup plus colide dans les ménages musul. mans en raison de facteurs multiples, dépendance de la femme par rapport au mari, isolement dà à la transplantation récente, mode de vie, niveau culturel. d) Actioite professionnelle. La femme nord-africaine n’a pas d’activité galariée (I seul cas sur 34 fait exception : fêmme nord-africaine tenant un café-hôtel musulman en l’absence momentanée du mari). e) Nombre d’entants Le nombre moyen d’enfants par ménage est donc légèrement infé¬ rieur à 4. f) Déc̀s antérieur d’un enfant dans la fratrie Le décès antérieur d’un enfant est une éventualité fréquente pour la femme musulmane. Dans la grande majorité des cas, le décès a eu lieu en Algérie, avant l’arrivée de la famille en métropole. De ces tableaux ge dégagent quelques traits caractéristiques de la femme musulmane, le plus souvent illettrée, ne ligant pas et souvent parlant à peine quelques mots de français : c’est une mère de famille nombreuse, restant au fover, allaitant plus volontiers son enfant que la femme métropolitaine. A l’intérieur de ce cadre général, la situation de la femme nord-africaine connait des variantes non négligeables et il existe des diff́rences de vie (1) dont l ca de bigamie. afficaines. 144 visite, et les femmes déjà plus ou moins émancipées qui sortent seules, font UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE concidérables entre les femmes arrivées depuis peu d’un bled jsole, restées très primitives, ne sortant jamais, laissant à l’homme toutes les initiatives dont celle même de conduire seul l’enfant à l’hôpital et d’aller seul lui rendre leur marché, viennent seules à l’hopital ou aux consultations de dispensaire et comprennent suffisamment le français pour profter des conseils médicaux. Les conditions de vie des familles nord-africaines Ressources du ménage Les ressources du ménage n’ont pas ́té décomptées à part pour les ménages nord-africains homogènes. Pour l’ensemble des hommes nord-africains, la situation est la suivante : Il est possible que le pourcentage des ressources familiales égales ou supérieures à 500 NF soit moins élevé dans les familles musulmanes homo¬ gènes en raison de l’absence de travail salarié de la mère. Ce qui donne une densité moyenne de population par pièce d’habitation de 3,8 environ. En résumé, conditions socio-économiques mauvaises, mais surtout très mauvaises conditions de logement, tant du point de vue exiguité qu’inconfort. telles sont les principales caractéristiques relevées parmi les familles nord¬ 145 DANS L’AGGLOMÉRATION PARSIENNE Betentissement des conditions de vie des familles sur l’hospitalisation des enfants La plupart des enfants sont conduits directement à l’hpital. Rehospitalisations Plus de la moitié des enfants ont déjà été hospitalisés. Dans près de la moitié des cas l’hospitalisation de l’enfant n’est pas justiffée par la gravité de la maladie. RÉSUMÉ Les familles d’enfants hospitalisés sont essentiellement des famille ouvrières. Dans la majorité des caa le nère de famille exerce une activité d’ouvrier non qualifé, et dans la moitié des cas les resources salariees de la famille ne dépassent pas 500 NE par mois. Les résultats de notre enquête confirment l’exietence des rapports étroite entre le degré de la qualifcation socio-professionnelle, le niveau du revenu ménage, nous constations, en effet, que les familles dont le revenu mensuel mensuel et les conditions de logement. En groupant notre population en deux lots suivant les ressources du est inférieur à 500 NF sont, dans l’ensemble, moins bien logées et vivent dans des conditions de surpeuplement plus critique que les autres. Il n’y a donc rien de surprenant de retrouver dans ce groupe un plus grand pourcentage d’admissions directes à l’hopital, de réhospitalisations et d’hospitalisations non justifiées, puisque ce groupe se confond en partie avec celui des mal logés. Les familles nord-africaines homogènes (c’est-à-dire dont le père et la mère sont musulmans) ont fait l’objet d’une étude particulière. Elles ge caractérigent en effet, non geulement par des conditions socio-économiques 148 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRE SOCIALE médiocres, par des conditions de logement déplorables (densité moyenne : 3,8 personnes par pièce), rendues plus critiques encore en raison d’un plus grand nombre d’enfants, mais par la personnalité même de la femme musul¬ mane : le plus souvent illettrée, ne sortant guère de chez elle, cette derière éprouve de grosses difficultés de contact avec les médecins et les dispengaires. Cet ensemble de conditions défavorables explique que l’hoepitalisation des enfants devienne vite, dans les familles nord-africaineg, la solution de facilité devant n’importe quel état pathologique CHAPITRE MI FACTEURS DE L’HOSPITALISATION : LE TRAVAIL, PROFESSIONMEL. DE LA MÈRE DE FAMLLE Une premìre facon d’apprécier le retentiasement du travail salarié de la mère sur l’hospitalisation de gea enfants congiste à comparer les pourcen¬ tages de mères de famille exercant une activité profesgionnelle, dans notre enquête, et dans la population générale de la Seine. D’après les renseignementa de l’LN.S E.E, le pourcentage des mères d’enfanta agés de moina de 16 ane et exercant une activité professionnelle s’élève à 22 9%. Dans notre enquête, nous trouvons les pourcentages suivants : La diff́rence entre ces deux pourcentages n’est pas considérable et. compte tenu du fait que certaines activités à temps partiel ou à domicile ont pu échapper au récensement de l’LN.S.E E, cette diff́rence pourrait paraître peu significative. Cette constatation se trouve confrmée par l’étude des trois corrélations : admissions directes, rehospitalisation et hospitalisations non justifées, qui constituent comme nous l’avons vu un ensemble de critères significatifg de la pression de facteurs extramédicaux sur l’hospitaligation des enfants. Travail profegionnet de la mre et conditionz d’admission UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIAE Les admissions directes sont légèrement moins fréquentes dans les familles où la femme travaille. 148 Travait professionnel de la mère et rehospitalisations Les hospitalisations multiples se rencontrent moins fréquemment dans les familles où la femme travaille. Trauait profssionnel de la m̀re t jusiffation ḿficale de l’hospitalisation Il n’existe pas de diff́rence significative quant à la justification médicale de l’hospitalisation entre les familles où la femme reste au fover et celles En conclusion, l'étude des pourcentages globaux ne permet pas d'affirmer où la femme travaille. que le travail salarié de la mère de famille exerce une infuence sur l’hospr talisation des enfants. UIne analyse plus poussée tend à modifier cependant cette impression première : a) Nous savons que les femmes nord-africaines dont le pourcentage est insignifiant dans les statistiques de l’I.N.S.E.E. de 1954, fgurent dans notre enquête pour 10 2% de la population féminine totale. Or, sur 37 femmes musulmanes, une seule exerce une activité salariée. Il s’ensuit que si l’on soustrait de nos statistiques le groupe des femmes musulmanes pour n’envi¬ sager que l’ensemble des femmes métropolitaines ou étrangères, le pourcen¬ tage d’activité salariée s’élève à 32,2 0%. 9) L’infuence du travail salarié de la mère sur l’hospitalisation des enfants ne peut s’envisager valablement qu’en tenant compte du nombre d’enfants dans chaque famille, et c’est pourquoi nous avons groupé des familles comprenant un même nombre d’enfants pour y comparer les pour¬ centages de femmes qui travaillent. Si l’on compare entre elles les familles avant un même nombre d’enfante on constate donc qu’à l’intérieur de chaque groupe le pourcentage de femmes exercant une activité salariée est sensiblement plus élevé dans notre enquête que dans l’ensemble de la population de la Seine., En d’autres termes, pour un même nombre d’enfants dans la famille le travail salarié de la mère élève sensiblement le taux d’hospitalisation des enfants. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 149 Actiuité professionnelle de la mère suivant le nombre de ses enfants L’activité professionnelle de la m̀re de la famille figure donc bien parmi les facteurs sociaux qui interviennent dans l’hospitalisation des enfants. Mais l’infuence du travail de la mère est nettement moins déterminante que ne le sont les conditions de vie des familles nombreuses dans la région parisienne. Le résultat de nos constatations peut en effet se formuler de la façon Dans les familels ne comprenant que 1 ou 2 enfants, le taux d'hospita- suivante : lisations des enfants est presque deux fois plus élevé lorsque la mère à un travail salarié. De même l'activité professionnelle de la mère élève considérablement le taux d’hospitalisation dans les familles nombreuses. Mais l’ensemble des pressions sociales qui s’exercent sur les familles nombreuses sont telles (en raison en particulier du surpeuplement dans des logements trop exigus) que des familles nombreuses dont la me foyer hospitalisent beaucoup plus facilement leurs enfants que les familles de l ou 2 enfants dont la mère a une activité salariée. des familles de 1 ou 2 enfants, il en résulte que l'influence du travail de la Comme l’activité profesaionnelle de la femme intérese essentiellement mère ne se remarque pas dans les pourcentages globaux parce que l’influence des familles nombreuses y est beaucoup plus sensible. L’infuence de l’activité professionnelle de la mère sur le taux d’hospi¬ talisation des enfants illustre une notion communément admise : à savoir que le cumul du travail salarié et des charges de mère de famille s’effectue le plus souvent au détriment des intérêts de l’enfant. Les adversaires du travail de la femme mariée insistent sur l’importance des soins maternels pour le développement psycho-affectif de l’enfant, sur la nocivité plus ou moins grande des solutions de remplacement qui impliquent l’élevage de celui-ci par une tierce personne (nourrice) ou par une collectivité (crèche). Ils font valoir que le salaire de la femme, en raison de ces charges supplémentaires ne contribue pas de façon gignificative à l’élévation du niveau de vie familial. E Dans les cas les plus favorables pour l'’enfant, lorsque ce dernier reste au fover à la charge d’un membre de la famille ou d’une personne salariée, ou lorsque confié à une nourrice de jour ou à une crèche la mère le ramène à son domicile après sa journée de travail, le cumul pour la femme, de son activité professionnelle et de ges tâches de ménagère et de mère de famille, UNG éTUDE DE PÉDLATRIE SOCLALE 150 lui impose un surcrôt de travail au détriment de son repos, de son sommeil, de son équilibre nerveux et en conséquence, de la nature de sea relations avec ses enfants. Ceux qui, sans encourager systématiquement l’activité profesgionnelle de la mère de famille lui trouvent de nombreuses justifications, font valoir en sens contraire un certain nombre d’arquments : L’insuffigance de l’allocation de salaire unique défavorise les ménages dont la femme ne travaille pas. Lorsque cette dernière, au contraire, conserve une activité professionnelle suffisamment rétribuée, l’augmentation des ressources de la famille permet d’entreprendre certaines dépenses dont les enfants sont les premiere bénéfciaires. C’est ainsi que dans beaucoup de jeunes ménages la femme a conservé son activité professionnelle dans le but de faciliter l’acquisition d’un nouveau logement. Certains éléments paychologiques ne sont pas nédligeables. Il est de fait que l’activité ménagère de la mère de famille, bien que représentant une somme de travail et de fatigue que certaines enquêtes récentes ont bien mise en lumière, ne jouit pas de la considération sociale qu’elle mérite, du fait qu’elle représente essentiellement une sorte d’épargne invisible et qu’elle ne s’exprime pas en termes de rémunération chiffrable. Il existe, d’autre part, un désir légitime d’activité professionnelle qui se manifeste de façon différente suivant le niveau social ou culturel de la femme. Pour certaines, le travail à l’extérieur répond au besoin de s’évader de l’isolement et de la monotonie des tâches ménagères, de retrouver un senti¬ ment d’indépendance et de maintenir les liens de solidarité et d’amitié qui les unissent à leurs camarades de travail. Pour d’autres, il s’agit, en contri¬ buant aux ressources du ménage, de se valoriser vig-à-vis de leur mari ou de leur famille. Pour d’autres, enfin, le désir d’activité professionnelle répond à une qualification acquise par des années de travail, à des goûts ou à des aptitudes particulières, parfois à une véritable vocation. A la lumière de notre enquête, il nous paraît cependant que les juge¬ ments portés sur l’activité professionnelle de la mère de famille ne sont pas toujourg fondés sur une connaissante réaliste des données sociales de ce problène. On discute bien souvent du travail de la femme mariée, comme s’il exgistait toujours pour cette dernière une possibilité d’option entre l’activité profesionnelle ou le maintien au foyer. Cette faculté d’option suppose un certain nombre de conditions : une situation familiale normale (les parents vivent ensemble) : Une activité profesionnelle du père de famille régulìre et sufieamment rémunérée pour assurer une vie normale à sa femme et à ses enfants : Un logement sufisant pour permettre d’élever les enfants au foyer. Nous avons étudié dans notre enquête les 103 cas ò la mère de famille exerce une activité professionnelle afin d’y déterminer la nature du travail de la femme, la situation familiale, les ćonditions de logement. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 15 Voici les résultats globaux que nous avons obtenus. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 156 Le niveau de la qualifcation professionnlle est extrêmement bas. 60 % de femmes exercent une activité de main-d’œuvre non qualifée. Nous verrons que ce pourcentage s’élève encore avec le nombre des enfants à charge. Siquation faimiliale et travail de la mère de famille DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 185 Il résulte de ce tableau que même en englobant dans les situations fami¬ liales normales les cas où les parents vivent maritalement sans être mariés (et l’on sait que l’union libre offre à la femme moins de sécurité que le mariage), dans 44 9% des cas la situation du ménage n’est pas normale. Dans 28 9%, dés cas la femme est seule pour élever ses enfants. ménages où la femme reste au foyer. Dans ce groupe, 84,2% peuvent être Il existe à cet égard une opposition tranchée avec la situation des considérés comme normaux, et la femme n’est seule que dans 1.5 des cas. Travail de la mère de famille et conditions de logemen (100 cas). Dans 50 6% des cas, les ménages vivent dans une seule pièce, et dans 46 9% des cas ils habitent dans des logements sans cuisine (dont 14 9% en hêtel meuble). Salaire Les ressources salariées globales du menage (salaire du p̀re 1 salaire de la mère) avant été confondues en une même somme dans notre codif¬ cation, il devienr diffcile de fournir une physionomie précise de l’éventail des salaires féminins. Trois catécories de travailleuses ont cependant pu faire l’objet d’un calcul de salaire mensuel moyen. D’autres categories professionnelles, comme les femmes de ménage, les concierges, mais ausi les travailleuses à domicile, ont des gaine tropvariables cité des ressources, l’obligation de laisser les enfants partillement sans UNE ETUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 154 pour pouvoir être aisément convertis en rémunération mensuelle moyenne. Nous savons cependant que ce sont des activités mal rétribuées et souvent à temps partiel. Le niveau moyen des salaires féminins dans notre enquête reste donc. dans l’ensemble, très bas. En résumé, compte tenu des cas où la femme vit seule avec ses enfants. dans 42 9% des cas la mère subvient en totalité ou de façon prépondérante à l’entretien de sa famille. Etude de quelques catégories professionnelles a) Les concierges (18 cas) L’importance de cette catégorie professionnelle (14,5 9% des cas) dans les famililes d’enfants hospitalisés est d’autant plus remarquable que le travail de concierge peut être assimlé à un travail’ à temps partiel, qué dans la grande majorité des cas la situation du ménage peut être considérée comme normale et que les enfants sont élevés au foyer. Les raisons qui expliquent l’élévation du taux d’hospitalisations dans cette catégorie professionnelle sont les guivantes : — les familles de concierge sont des familles nombreuses (nous relevons dans notre enquête des ménages avec 4, 5 et même 6 enfants, et le nombre moyen d’enfants par famille est de 3) : le mobile de l’activité profesionnelle de la mêre a été bien souvent l’obtention du logement : la sécurité de l’habitation, sa gratuité justifient une profession dont la rémunération de base est négligeable (20 à 50 NE par mois) et qui, compte tenu des gratifications des locataires, reste d’un rapport très modeste. Le niveau social des concierges est bhas, leur mari étant, dans la majorité des cas, manœuvre ou ouvrier spécialisé. Les ressources globales du ménage ne dépassent pas 600 NE par mois. Les loges de concierges sont insuffisantes, tant en dimension (1 ou 2 pièces) qu’en confort (obscurité, manque d’aération, humidité en particu¬ lier) le surpeuplement y est la règle. C’est à tort que l’on considère le travail de concierge comme un travail à domicile. Le service des escaliers, du courrier, des heures de femme de ménage effectuées pour augmenter les ressources éloignent ces femmes de leur loge plusieurs heures par jour. Elles y laissent leurs, bébés à la charge d’une voisine, ou parfois seuls, et leurs enfants en âge de se déplacer vont jouer sans surveillance dans la cour ou dans la rue. En résumé, le surpeuplement dans des logements sans hygiène, la modis DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 155 surveillance sont ici les facteurs esgentiels favorisant l’hospitalisation des enfants. b) Les manœuvres (22 cas). Les femmes travaillant comme manœuvres en ugine (21,4 0% des cas) sont le plus souvent des mères de l ou de 2 enfants. Le problème du nombre d’enfants n’intervient donc pas ici pour élever le taux d’hospitalisation, Par contre, la situation familiale de ces femmes est le plus souvent anormale et dans près de la moitié des cas (10 fois sur 22) la femme est seule, abandonnée ou séparée avec ses enfants à sa charge. Si l’on se rappelle le niveau du salaire de cette catégorie professionnelle, les, conditions matérielles y sont donc particulièrement diffciles. Les conditions de logement y sont également précaires puisque dans 15 cas sur 22 elles habitent dans une seule pièce et que dans la moitié de ces cas elles, ne disposent pas d’eau courante. Elles sont donc amenées fréquemment à se séparer de leurs enfants. Dans la moitié des cas ce dernier est confé soit à une crèche, soit à une nourrice. Elles ne peuvent en effet conserver leurs enfants au foyer que lorsqu’elles cohabitent avec d’autres membres de la famille (le plus souvent leur mère ou leur belle-mère) ce qui a lieu dans plus de la moitié des cas (13 fois sur 22). Ilfaut ajouter d’ailleurs que c’est dans cette catégorie profes¬ sionnelle que nous avons rencontré le, plus de débiles légères, d’éthyliques ou de psychopathes. c) Les employées (20 cas). Dans cette rubrique, nous avons groupé le pétit personnel administratif les sténo-dactylos et les secrétaires, les vendeuses de magasin, les agents deg Postes et Télécommunications, etc. Cette catégorie professionnelle bénéfcie par rapport à celle des manœuvres de conditions de vie plus favorables: : salaire moyen supérieur, situations familiales moins perturbées (bièn que 25 0% de ces femmes soient seules pour élever leurs enfants) : logements moins défectueux (9 cas sur 20 dans une pièce et l’eau courante dans 75 0% des cas). Par contre, le placement de l’enfant hors du fover y est plus fréquent (12 fois sur 20), ceci s’expliquant probablement par une cohabitation moins fréquente avec d’autres membres de la famille (7 fois sur 20). Les autres catégories profesionnelles groupent chacune trop peu de cas pour faire l’objet d’analyses particulières RESUME L'’activite profeccionnelle de la mère de famille, loin d’être toujours le résultat d’un choix délibere, découle couvent d’une situation de fait qui l’oblige à acaurer l’entretien de ges enfante. Dans 28 % des eas, en efet, la femmne a té abandlonmnée ou vit épare de con mari. UNE ETUDE DE PÉDATRE SOCIALE 186 Parfois, la femme vit en ménage, mais elle a été antérieurement mariée. puis séparée, elle a dù prendre un emploi salarié et les conditions de son union présente ne lui offrent pas une sécurité morale ou matérielle suffisante pour l’inciter à abandonner son travail. Dans 14 2% des cas, le père de famille est en chomage ou en invalidité. Il faut enfin souligner que l’insuffeance des salaires dans certaines caté¬ gories socio-professionnelles pousse la mère de famille à chercher des ressources complémentaires dans certaines activitég à temps partiel (travaux domestiques, travaux à domicile). D’autre part, le cumul du travail ealarié de la femme et de ses charges de mère de famille est rendu considérablement plus pénible par les mauvaises conditions de logement. Le maintien de l’enfant au fover implique souvent la cohabitadon avec d’autres membres de la famille, dans des conditions de surpeuplement cri¬ tique. Lorsque le logement est trop exigu ou insalubre, la mère qui travaille ne peut reprendre son enfant avec elle chaque soir et doit le placer en nour¬ rice plutêt que de le confer pendant la journée à une tierce personne ou à une crèche. L’élévation du taux d’hospitalisation des enfante dans les familles oN la mère travaille dépend donc moins de son activité professionnelle que des conditions dans lesquelles celle-ci g’exerce. La survenue d’une maladie chez son enfant pose toujours à la femme qui travaille un problème diffcile. L’enfant est parfois confié à une personne qui en agsume complêtement la charge pendant sa maladie s le plus gouvent, cependant, la mère se trouve devant l’alternative soit d’arrêter son travail pendant la durée de la maladie. soit de faire hospitaliser son enfant. Pour pouvoir arrêter son travail et soiguer son enfant à domicile, il est nécessaire que la femme ait la sécurité de son emploi, que le manque à gagner résultant de cet arrêt de travail ne mette pas sa famille dans la gêne et qu’enfin son logement lui permette de garder l’enfant chez elle dans des condi¬ tions satisfaisantes. I en résulte que lorsque la mère de famille est dana l’obtigation de travailler pour nourrir les giens, lorsqu’elle n’est pas certaine de conserver son emploi, lorsqu’elle vit dans un logement surpeuplé, exigu ou insalubre, et surtout lorsque ces situations coeristent, l’hoapitalisation de l’enfant s’im¬ pose devant n’importe quel ́tat pathologique nécessitant l’immobilisation du malade. CHAPITRE VI FACTEURS DE L’HOSPITALISATION : ÉLEVAGE DE L’ENEANT HORS DU FOYER L’enfant peut être élevé par sa mère au fover. Il peut être élevé au fover par un autre membre de sa famille ou par une personne salariée. Il peut être confé pendant la journée à une tierce personne ou à une crèche. Il peut être placé en nourice pendant la semaine et repris par sa mère pendant le veek-end. Enfin, il peut être confié en permanence à une nourrice. Dans 25 9% des cag, l’enfant n’est nas elevé entièrement par sa mère. La comnaraison avec les placements d’enfants dans la population de la Seine ne peut se faire de façon précise qu’en ce qui concerne les enfants firéquentant les crèches. En 1958, sur 171 000 enfants du département de la Seine agés de moins de 2 ans, 8 400, soit 4,9 %, ont fréquenté les crèches. Dans notre enquace aur 321 enfants de moins de 2 ans 20, goit 6,2 0%. fréquentent une crèche pendant la journée. Le pourcentage des enfants fréguentant une crèche est un peu plus élevé parmi nos hospitalisés. En ce qui concerne les placements en nourrice, nous disposons des données suivantes : En 1958, sur 250 00 enfants environ, agés de moins de 3 ans, 6 884 ont été placés en nourice dans la Seine, soit 2,8 %2. UNE ÉTUDE DE PÉDLATRE SOCLALE 188 Dans notre enquête, aur 331 enfants âgés de moina de 3 ans, 20 enfants ont été placés en nourrice, soit 6 6%. Comme la quagi-totalité de ces enfants gont en nourrice dans le dépar¬ tement de la Seine, même en tenant compte de ce qu’un certain nombre de nourrices ne sont pas déclarées oficiellement, la différence des pour¬ contages reste nette. En résumé, le placement en nourrice de même que la firéquentation des crèches élèvent indiscutablement le taux d’hoapitaligation des enfants. Phacement de l’enfant et aefjviti profasaionmelfe de ta mâre Le placement de l'’enfant est une conséquence du travail salarié de la mère de famille. Lorsque la mère travaille à l’extérieur, dans la moitié des cas l’enfant fréquente une crèche ou est placé en nourrice. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 159 L’incidence du travail de la mère sur le placement de son enfant est encore plus manifeste si l’on prend soin de distinguer le travail à temps partiel du travail à temps complet. Les crèches sont pratiquement réservées aux enfants dont les mères travaillent (19 des 22 enfants fréquentant une crèche sont dans ce cas). De même, 18 des 22 enfante placés en nourrice à l’époque de leur hospi¬ talisation ont une mère occupant un emploi salarié. Enfin, lorgque l’enfant hoapitalisé a fréquenté antérieurement une cr̀che ou a été placé en nourrice mais se trouve actuellement au foyer, son retour a coincidé avec l’arrêt de l’activité profesionnelle de la mre. Phacemont de l’enfant et dissociation familiale L’étroite relation qui existe entre la gituation familiale et l'’levage de l’enfant hors du fover s’explique par le fait que lorsque la femme est seule elle est le plus souvent obligée de travailler et doit donc placer son enfant en crèche ou en nourrice. Les conditions de logement exercent également une influence déter¬ minante gur le placement de l’enfant. Pour dissocier le rêle joué par les mauvaises conditions de logement de celui, prénondérant, jqué par le travail de la mère de famille, il suffit de considérer la aituation dans les hôtels meublés : Le pourcentage des entanta placé est nettement plus élevé parmi les habitants des botels meublés alore que le pourcentage des femmes qui travillent n’y eat pas plus levé que dans les autres catégories de logement. 160 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRE SOCIALE Les raisons de cette gituation sont les guivantes : — la majorité des femmes qui exercent une activité salariée et habitent en hôtel meublé sont seules, abandonnées ou séparées de leur mari, avec leurs enfants à charge : elles sont donc tenues de les placer au dehors, tout au moins pendant la journée : la situation de certainès autrès, vivant en concubinage plus ou moins instable ne se distingue guère de celle des précédentes : enfin, certains ménages dont la situation est normale, ou dont la femme ne travaille pas, sont dans l’obligation de se séparer d’un enfant, uniquement en raison de l’exiguité de leur logement, de son surpeuplement, de son insalubrité et des restrictions multiples impo¬ sées par le tenancier à l’exercice d’une activité ménagère normale (cuisine, lavage, repassage, etc.) : dans certains cas même en raison de l’interdiction de la présence d’enfants en bas âge dans l’hôtel. Retentissement de l’élevage de l’enfant hors du foyer sur la fréquence des hospitalisations Nous distinguerons la fréquentation d’une crèche et le placement en nourrice. Enfants féquentant une crèche La vie au sein d’une collectivicé fait courir à l’enfant qui fréquente une crèche des risques supplémentaires de contamination infectieuse. Les épidé¬ mies de maladies contagieuses ne sont pas rares dans les crèches et les mesures d’éviction individuelle sont le plus couvent inefficaces, puisque la plupart de ces maladies se transmettent avant l’apparition des signes cliniques spécifiques permettant leur diagnostic. Les durées d’éviction pour maladies contagieuses sont, par contre, très strictement appliquées, même torsqu’elles dépassent largement la durée de contagiosité réelle de la maladie (ce qui est le cas en particulier pour la rougeole) (1). D’autre part, la nécessité de sortir l’enfant pour le conduire à la crèche chaque jour, et quel que soit le temps, risque d’aggraver les épisodes infec¬ tieux saisonniers. Enfn, l’éviction de l’enfant esr souvenr décidée au moindre état parho¬ logique et il n’est ensuite réintégré qu’après un examen médical de contrêle. Comme la mère ne peut interrompre son travail qu’exceptionnellement et pour un temps limité, elle ne peut souvent pas soigner son enfant à domis¬ cile et l’hospitalisation de ce dernier devient une nécessité. Enfants places en nourrice Lorsque la nourrice élève plusieurs enfants à la fois, ceux-ci sont soumis aux mêmes risques de contagion que dans les crèches, avec souvent moins de garanties. (1) Récemment une modifcation eat intervenue qui abaisse la durée légale d’igolement pour certaines maladies (areté du 10 avril 1961 : Journat Ofciel du 3 mai 1961). DANS L’AGGLOMÉRATON PARISIENNE 161 sont toujours difficiles même lorsque celui-ci est en parfaite santé. Il règne Les rapports psychologiques entre la mère et la nourrice de son enfant fréquemment entre les deux femmes une méfance réciproque. La nourrice fait état de son expérience pour justifer ses méthodes d’élevage. Elle fait suivre l’enfant par un médecin qui, souvent, n’a jamais vu la mère. Lorsque l’enfant est ramené au foyer chaque week-end, les frictions et les malen¬ tendus se multiplient concernant des details d’alimentation, d’habllage. de sorties, de sommeil. Lorsque l’enfant tombe malade, la situation se complique encore. La nourrice peut craindre la contagion pour ses autres pensionnaires. Elle redoute le surcroit de travail et de soucis que la maladie de l’enfant risque de lui occasionner. Elle craint surtout l’incomprehension de la mère qui lui reproche d’avoir laissé son enfant tomber malade ou de ne pas savoir le soigner. Pour dégager ses responsabilités et éviter des malentendus supplé¬ mentaires, la nourrice poussera donc à l’hospitalisation de l’enfant chaque fois que la maladie se prolonge et elle agit en ce sens aussi bien auprès de la mère qu’auprès du médecin traitant. L’infuence de l’élevage en crèche ou en nourrire aur les hoapitalisations d’enfants est nettement mise en lumière par l’étude des corrélations suivantes : Enfant élevé bors du foyer et conditions d’admission Le pourcentage des admissions directes à l’hôpital est plus élevé parmi les enfants placés en nourrice ou fréquentant une crèche. Enfant élegvé hors du fyyer et rehospitalisations Les hospitalisations multiples se rencontrent plus fréquemment chez l’enfant en crèche ou en nourice. Enfant élevé hors du fyer et justifeation mdicale de l'hospitalisqtion l’enfant devient inévitable. UNE ÉTUDE DE PÉDLATRIE SOCIALE 162 Dans prè de la moitié des cas, les hospitalisations d’enfants vivant en nourrice ou fréquentant une crèche ne sont pas justifées par la sévérité de leur état pathologique. RÉSUME L’élevage de l'’entfant hore du fover est une congemuence directe de l’acti¬ vité profeagionnelle de la mère. 50 6% des femmes qui travaillent confient en effet leur enfant à une crèche ou à une nourrice. Cette solution devient presque inévitable lorgqu’au travail de la femme s’ajoute la dissociation familiale, en particulier lorsque la femme est geule avec son enfant à charge, ou lorsque les conditions de logements sont parti¬ culièrement défavorables. La comparaison des pourcentages avec la population du département de la Seine dans son ensemble montre que le placement des enfants hors du foyer élève leur taux d’hogpitalisation. Les râigons de cette situation sont les guivantes : — Dans les crèche, les rigques de contagion sont plus grande, les durées d’éviction strictement appliquées et l’enfant est souvent rendu à sa mère au moindre épisode morbide. — Les nourrices, quant à elles, répugnent toujours à assumer la regpon eabilité d’un enfant malade, en raison nop sculement du surcroit de travail et de soucis que cela leur procure, mais en raison de malen¬ tendus paychologiques fréquents avec la mère de l’enfant. Comme cette dernière est presque toujours dans l’impossibilité d’inter¬ rompre son travail salarié pour un temps prolonge, l’hospitalisation de CHAPTRE VIu LES MÉDECINS PRATICIENS ET LES DISPENSAIRES LEUR ROLE DANS L’HOSPITALISATION DES ENTANTS L’étude suivante a pour objet de préciser le rôle joué par les médecins de ville dans l’hospitalisation des enfants. Conditions d’admission à l’hépital (1) La moitié seulement des enfants de notre sondage ont été adresés à l’hopital par un médecin de ville. Une analyse plus minutieuse des circonstances de l'’hospitalisation montre que la séparation entre les admissions directes et les admissions par l’intermédiaire d’un médecin est moins tranchée qu’il n’apparait à première vue, et qu’il existe toute une série de situations intermédiaires. Conditions d’admission à l’Répitat (ID) UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 164 Cette statistique présente un double intérêt parce qu'’elle diminue la signifcation de l’importance des admissions directes à l’hôpital et parce qu’elle conduit cependant à minimiser le rôle des médecins traitants. On conctate, en effet, que 25 0% seulement des enfants ont été amenés par leur famille à l’hopital, sans que celles-ci aient cherché préalablement à les faire soigner en ville. 4 l’opposé, ce n’est que dans 25 9% des cas seulement que le medecin praticien habituel avant la confiance de la famille a pris la décision d’hospi¬ taliser l’enfant. Dans 15 0% des cas, en elfet, le medecin qui a été apple ne connait pas la famille, soit qu’il s’agisse d’un remplaçant du médecin traitant habituel. soit plus souvent, d’un médecin appele pour la premìre fois. Ce médecin ne dispose pas, vis-à-vis de ses clients occasionnels ou nouveaux, d'une autorité fondée sur des relations confiantes antérieures. Il est donc mal armé pou UNE ÉTUDE DE DÉDLATRIE SOCIALE 165 lutter contre l’anxiété de la famille ou pour freiner son désir d’hospitaliser l’enfant, et il hésite également à assumer certains risques. Dans 64 %% des cas, l'’enfant est adressé à l’hôpital par un dispenaaire de quartier ou par une consultation de protection maternelle et infantile, et ceci s’explique fort bien. Le rôle du médecin de dispensaire est particulièrement diffcile lorsqu’un enfant malade lui est amené par sa famille. Il devrait, théoriquement, le renvoyer à son médecin traitant : mais il est de fait que les familles qui conduisent leur enfant malade à un dispensaire n’ont, en général, pas de médecin habituel. Dans ces conditions, deux possibilités seulement s’offrent À lui : Lorsque la maladie parait benigne, il prescrit une thérapeutique et demande à revoir l’enfant. Mais cette solution n’est pas sans risques : l’enfant peut avoir intérêt à rester alité chez lui :; l’intervalle entre deux consultations est, en général, de plusieurs jours, souvent d’une semaine, et entre temps la famille ne peut recourir à ses conseils en cas d’aggravation imprévue de la maladie. D’autre part, il n’a pas — comme un médecin traitant — la notion concrête des conditions de vie de la famille et des possibilitées réelles de soins à domicile. Aussi sera-t-il tenté fréquemment d’adresser l’enfant à une consultation hospitalière, ou même de faire directement un mot d’admission pour l’hôpital. D’ailleurs, dans 107 6% des cs, la famille, après avoir consulté un dispensaire ou une consultation bospitalìre, pour la maladie de l’enfant. décide d’elle-même, dans les jours qui suivent, en raison de la persistance ou de l’aggravation des symptômes de faire hospitaliser ce dernier. Dans 9,5 9% des cas, l’enfant est amené directement à l’hopital par ses parents, mais il a été examiné et soigné pour la maladie actuelle dans les jours précédents par un médecin de ville. L’abandon du médecin traitant au-proft de l’hÂpital répond jci, le plus gouvent, à l’un des motifs suivants : — L’insuffisance des ressources de la famille qui redoure les fais médi¬ caux qu’entraine la répétition des visites et des ordonnances. — Le manque de confiance dans le diagnostic ou la thérapeutique du médecin traitant, surtout lorsqu’il s’agit d’un médecin appelé pour la première fois à l’occasion de la maladie de l’enfant. Bepartition des domiciles des enfants admis directement ou par un médecin traitant (carte XII) L’étude des conditions d’admissions en fonction du domioile de la famille montre qu’il existe une relation etroite entre la prozimité de l’hApital et l’admis¬ sion directe des enfamts. A cet effet, nous avons comparéles conditions d’admis¬ sion : dans le 18e arrondissement, dans les trois communes limitrophes de Levallois, (lichy et Saint-Quen et dans les communes plus éloignées situées à l’intérieur de la boucle de la Seine. DANS LAGGLOMÉRATION PARISIENNE 187 I8e arrondigsement Communes Communes Au fur et à mesure que la distance augmente entre le domicile de l’enfant et l’hôpital, le pourcentage des admissions directes diminue. Ce phénomêne parait bien lié esentiellement à l’éloignement de l’hôpital, comme le montre la comparaison sur ce point des 2 flots de concen¬ tration des hospitalisations : La Cite d’urgence de Villeneupe-la-Caronne, d les habitations ̀ bon morche (H. B.M.) du boulevard Ney qu'ils sont décidés à faire hospitaliser leur enfant, hésitent à effectuer directe- Tout se passe comme si les habitants de la Cité d’Irgence, même lors¬ ment le long parcours qui les sépare de l’hôpital, surtout s’ils ont lieu de craindre que l’enfant ne soit pas accepté. L’appel au médecin traitant n’a bien souvent comme but que d’obtenir un mot facilitant l’admission, et leur permettant d’effectuer le déplacement en ambulance. Ces considérations n’interviennent pas pour les habitants du boulevard Ney qui demeurent à proximité de l’hpital. Conditions sociales et existence d’un médecin traitant habituel Nous nous sommes effarcés de voir s’il existait une relation entre les conditions sociales des familles et la nature de leurs relations avec le médecin responsable de l’hospitalisation. Salaire gtobal declaré Catgorie de logements UNE ETUDE DE PéDIATRIE SOCALE 165 .. Niveau cutturel de la mère Il résulte de ces corrélations que l’absence de médecin traitant habituel prédomine dans les catégories sociales les plus défavorisées. Pour préciser le rôle du medecin, nous avons recherché après combien de visites la décision d’hospitaliser l’enfant avait été prise. Hospitalisation par un médecin traitant : 180. Dans la moitié des cas, l’hospitalisation est décidée des la premìre visite du médecin. Mombre de oisites et qualité du métecin gaitan Les enfants adressés à l’hôpital dès la première visite du médecin sont envovés le plus souvent par un médecin appelé pour la première fois. Au contraire, le médecin habituel de la famille cherche plus volontiere à soigner l’enfant à domieille. Si la décision d’hospitaliser un enfant n’était dictée que par des congidé¬ rations d’ordre médical, on devrait trouver dans le groupe des enfants hospi¬ talisés dès la première, visite un pourcentage plus important de maladies graves. Il semble qu’il n’en soit rien. Nombre de visites médicales et gravité de la maladie à l’entree DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 169 Il résulte de ce tableau que les enfants adressés à l’hopital dès la première visite du médecin traitant sont considérés, dans l’ensemble, au moment de leur admission, comme moins grâvement malades que les autres. Nombre de visites et justiffcation medicale de l’hospitalisation Le pourcentage des hospitalisations médicalement non justifées est plus élevé dans le groupe des enfants hospitalisés dès la première visite du médecin. Il est donc permis de supposer que lorsqu’un médecin décide l’hospita¬ lisation d’un enfant dès sa première visite, cette décision ne résulte pas toujours uniquement de considérations médicales. C’est ce que nous montre d’ailleurs le tableau suivant : Nombre de visites et motifs invoqués dans le mot d’hospitalisation Le médecin qui adresse un enfant à l’hopital des sa première visite fonde sa décision, dans près de la moitié des cas, sur des arguments médico-sociaux. Les tableaux suivants illustrent les relations existant entre les conditiong gociales des enfants hospitalisés et le fait que l’hospitalisation est décidée dès la premìre visite du médecin. Nombre de visites et salaire Lorsque les ressources mensuelles de la famille sont inférieures à 500 NF. l’enfant est hospitalisé dès la première visite dans 65 2% des cas. Ce pour¬ centage tombe à 39,5 %6 pour les revenus plus élevés. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 179 Nombre de visites de catégories de logement Nombre de visites et nombre de pièces Plus les conditions de logement sont défavorables, plus le médecin est tenté d’hospitaliser l’enfant dès la première visite au domicile de la famille. ce qui est conforme à la lodque RÉSUME L’intervention du médecin de (ville dans l’hospitalisation des enfanta est difficile à schématiser. Une analvyee minutieuse montre, en effet, que 25 9% geulement des enfants ont été amenés directement à l’h8pital, sans qué leur famille ait cherché à les faire soigmer en ville. Par contre, ce n’est que dans 25 6% des cas qu’un médecin traitant connu de la famille a décidé l’hospitalisation de l’enfant. Les autres admigsiona (80 9% dea cas) corresnondent à des gituations intermédiaires, qui eont rapidement envieagées. Lorsqu’un médecin adresge un enfant à l’hpital, dans un fers des cas il est appelé pour la première foie dans la famille : ce pourcentage nous a paru conidérable et peut e’expliquer de deux manières : — L’abgence de médecin hahituel parait caracteriger les catégorles sociales les plus défavorigées. — Lorsque le médecin ne connait pas la famille (médecin appelé pour la première fois ou remplacant du médecin traitant), il a moins d’autorité sur celle-ci et hésite à assumer certains risques. Il eet donc souvent tenté d’hospitaliger l’enfant dès la premìre Meite. aurtout loraque les conditions sociales lui paraiegent défavorables. CHAPITRE IX LES FACTEURS DSYCHOLOGIQUES DE L’HOSPITALISATION (E J. — INTRODLICTION A) Choix des tumilles examinées Lorsque les premières bages de cette enquête avaient été établies, il avait été prévu que geraient présentées au psychiatre toutes les hospitalisa¬ tions considérées comme « non justifiées » (au sens défni dans le chapitre 1 de la seconde partie) et uniquement celles-ci. En fait, le choix des familles soumises à un examen psychologique s’est fait un peu différemment, comme en témoignent les chiffres suivants : La comparaison avec la totalité des enfants de l’enquête est fournie par le tableau suivant : La diff́rence entre la proposition méthodologique et les chifres ci-desus tient à plugieurs facteurs : a) pour diverses raisons d’ordre pratique, les enfants examinés par le psychiatre ont été désignés dès l’entrée à l’hêpital, le critère de « non justi¬ hcation x étant alors présupposé par une première impression clinique plutôt qu’établi par le déroulement de l’observation. () Dr Solange Marzo-Weyl. UNE ETUDE DE DÉDIATRIE SOCIALE 172 Pour cette raison, un certain nombre d’hospitalisations finalement « justifiées » a pu être examiné, 74 0% de nos cas avant été considérés comme « légers » ou « banaux », à l’entrée à l’hôpital. b) enfin, en plus des cas apparemment non justifiés, ont été soumises à une investigation psychologique (quelle que soit la gravité de la maladie les familles qui d’emblée ont paru avoir un comportement particulier, surtout si ce comportement semblait avoir une incidence, directe ou indirecte, gur l’hospitalisation de l’enfant. C’est ainsi que des enfants atteints de aymptomes sévères (justifant largement l’hospitalisation) ont pu être examinés par le psychiatre s’il est apparu que la mère, par son comportement habituel, pouvait être respon¬ sable de l’aggravation de l’état de son enfant par suite d’erreurs alimentaires, hygiéniques ou autres. Pour ces diverses raisons, 43 hospitalisations « justifées » ont été exami¬ nées, soit 17 2% des hospitalisations « justifées » de l’enquête. B) Linites de notre étude En raison de l’orientation générale de l’enquête, l’examen paycholo¬ gique proprement dit de l’enfant a tenu une place mineure dans nos investi¬ gations, alors que l’étude du contexte psycho-social de la vie de l’enfant a paru d’une importance primordiale. Ce contexte comprend principalement : — Le cadre matériel de vie : logement, hygiène, surpeuplement, pro¬ miscuité, possibilités de calme et de repos, envisâgés du point de vue de leura incidences sur l’ambiance psycho-affective de l’enfant. — La qualité des relations et des tensions familiales, et principalement de la relation mère-enfant hospitalisé. Nous nous sommes particulièrement intéressée à l’étude de la mère de l’enfant, de ses capacités intellectuelles, de son comportement affectif et social. Nous n’avons pu qu’exceptionnellement faire participer les familles, de façon réféchie, au sens de notre enquête. Il n’a pas été davantage possible de soumettre les parents de l’enfant hospitalisé à des tests objectifs de mesure du développement intellectuel. Nos conclusions sont le résultat d’une observation et d’un entretien qui ont été effectués au lieu même du domicile de la famille. Nous tenons à dire. à ce propos, compren nous àv ons cte frappce par la facilité et même souvent par l’amabilité avec laquelle nous avons été recue, malgré la motivation imprécise de notre vIIte, comme sr les ramilles que nous avons visitées étaient habituées à ouvrir leur intérieur et leur vie, de droit, à qui demande à y entrer. Certes, cette étude n’a pas la rigueur comparative et statistique d’un questionnaire point pour point qui aurait pu être proposé aux familles. Mais la méthode choisie nous a paru plus adaptée à notre étude, et les rela¬ tions établies au cours de ces entretiens ont eu, le plus souvent, un caractère sufisamment authentique pour que nous nous soyons autorisés à utiliser cette seule méthode. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE C) Plan suipi. Nous étudierons successivement : 1° La physionomie générale de la population examinée, comparée à l’ensemble de la population de l’enquête. 2° Les capacités intellectuelles de la mère, confrontées avec le niveau gocial (logement, profession, situation de famille) et le degré de justification de l’hospitalisation. 30 La qualité de la relation mère-enfant et son incidence ou ses coinci¬ dences avec divers facteurs étudiés par ailleurs dans l’enquête. 4° Avant eu le privil̀ge de voir la famille apr̀s le retour de l’enfant. nous dirons quelques mots : — de l'’avis rétrospectif de la famille aur les motifs de l’hospitalisation : — de l’opipion de la famille sur l’hopital. 173 II. — PHYSIONOMIE GENERALE DE LA POPLLATION EXAMINÉE Les tableaux suivants permettent de situer les familles que nous avona examinées par rapport à l’ensemble des familles de l’enquête : 19 Age de la mère 29 Nationalité de la mère — coit un peu moins de métropolitaines que dans l’enquête générale : 73 9% contre 79 9% et un peu plus d’Algériennes : 13,7 2 contre 9,7 2%. 3° Nationalité du pre La nationalité du pre se répartit de façon similaire à celle de la mère. 49 Situation familiale 59 Activité professionnelle de la mère UNE ÉTUDE DE PÉDLATRIE SOCIALE soit 60 9 9% de structures familiales normales (1 et 2) contre 762 9% dans l’enquête générale : ce qui représente une diminution notable de la propor¬ tion des structures familiales normales. 174 Toutes les femmes nord-afficaines (au nombre de 12) doivent être comptées parmi les 48 femmes sans profession. Le pourcentage de femmes avant une profession est à peu près identique dans la population que nous avons examinée et dans l’enquête générale : 28,7 9% contre 25,2 96. Au nombre des 25 femmes travaillant à l’extérieur, on compte : Notons que dans la catégorie « personnel infirmier » une seule de ces 6 femmes était infirmière diplômée, les autres n’avant aucune qualification hospitalìre, et faisant partie du personnel mouvant, dont l’emploi pour plusieurs d’entre elles était particulìrement instable. 60 La protession du pêre Elle se répartit de façon tout à fait cimilaire pour nos examens et pour l’enquête générale. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 175 79 Le salaire familial. Plus de la moitié des familles examinées ont un salaire mensuel inférieur à 500 NF. 89 Le logement chiffres comparables à ceux de l’enquête générale (respectivement 86,4 et 13,6 %%) avec, cependant, un peu plus de logements indépendants, qui, noue le verrons, sont des ĥtels meublés, donc finalement, quoique « indépen¬ dants », représentant de moins bonnes conditions de logement. En effet, les catégories de logement sont réparties de façon trèe diff́¬ rente, avec une plus forte proportion, dans la population soumise à l’examen psychologique, de chambres en hôtel meublé et de baraques. On peut remarquer que 45 familles sur 85 vivent dans des logements sans cuisine, et souvent dans des logements de fortune. Nous verrons ultérieurement que les plus mauvaises conditions (sociales, affectives, et même intellectuelles) semblent concerner les familles vivant en hôtel meublé. Ces familles sont au nombre de 22, soit le quart de la popu¬ lation examinée. 90 Nonbre d’enfants. Plus du gnart des familles evaminées (26,3 6%) comprennent plus de quatre enfants, chiffre supérieur à celui de l'enquête générale (1982%). lui-même nettement plus élevé que celui de la population générale du dépar¬ tement de la Seine (8 9%). UNE ÉTUDE DE PéDLATRIE SOCIALE 176 II. — LES CAPACTES INTELLECTUELLES DE LA MERE DE L’ENTANT HOSPTTALISE Etant donné les circonstances de notre enquete, il n’a pas été posible. nous le rappelons, de chercher à obtenir une mesure chiffrée et objective du niveau intellectuel de la mère par la méthode des tests L’appréciation des capacités intellectuelles de la mère reste basée sur l’observation clinique, avec toutes les réserves que cela comporte. Nous avons cru cependant pouvoir tenir compte de cette appréciation pour le classement nécésaire à notre étude. Dans la catégorie « psychopathes », nous avons inscrit les femmes atteintes d’un syndrome psychiatrique caractérisé ou traitées dans un service spécialisé. Le bilan ainsi établi pour l’ensemble des 87 femmes examinées est le suivant : ce qui laisse apparâtre : — une proportion très importante de femmes débiles : — une répartition des éthylismes dans chacune des catégories, avec cependant une beaucoup plus forte proportion d’éthylisme chez les femmes débiles. Ce tableau faisant ressortir une forte proportion de femmes débiles se rapporte uniquement, nous le rappelons, aux familles sélectionnées pour être soumises à un examen psychologique. On ne saurait en tirer de déduction directe par extension à l’ensemble de la population de l’enquête. Cependant si, pour situer la population examinée par rapport à l’ensemble de l’enquête. nous comparons le niveau culturel de ces 2 populations, nous nous apercevons qu’il, est très similaire. Ce tableau laisse apparaitre dans les deux cas une proportion relative¬ ment faible de femmes ritulaires du certifcat d’études primaires, alors que le pourcentage de la population métropolitaine astreinte à la scolarité obli¬ gatoire est beaucoup plus important. Pour notre étude, nous avons groupé : d’une part, les 34 femmes classées « normalement intelligentes » : DANS L’AGGLOMÉRATION PARISENNE 47 d’autre part, les 53 femmes comprenant l’ensemble des trois autres caté¬ gories que nous groupons sous le terme de « déficiences mentales ». a) Groupées par nationalité, les « déficiences mentales » se répartissent comme suit : Il semble donc que, pour les femmes métropolitaines examinées, la de6¬ cience mentale joue un rôle important alors que, pour les autres, d’autres facteurs interviendraient davantage. b) La situation familiale des femmes classées dans le groupe des « déf¬ ciences mentales » est, dans l’ensemble, assez différente de celle de l’autre groupe. Les « situations complexes » sont de beaucoup plus fréquentes chez les femmes déficientes qu’elles ne le sont chez les normales. e) Le loxement est aussi asez diff́rent d’un groupe à l’autre : Il apparait donc que la moitié des femmes « normales » vivent en loge¬ ment ou H L. M alors que un viers des femmes défcientes vivent en hôtel meublé. On constate que, même dans le groupe « normales » la moitié seulement des familles sont décemment loges. Pour le groupe des femmes « def¬ cientes » la proportion des logements dignes de ce nom s’abaisse encore davantage au proft de l’ĥtel meublé. Plus signifcative dans ce sens sera l’étude de la répartition de la salubrité et de l’entretien du logement en fonction de la santé mentale de la mère. L’hospitalisation étanr en partie déterminée par la qualité du logement d’une part, par l’aptitude de la mère à soigner son enfant d’autre part, il nous a semblé intéréssant de dresser un tablesu synoptique comportant à la fois ces trois facteurs : UNE ÉTUDE DE PÉDATRIE SOCIALE 178 — justifcation de l'hospitalisation : — aanté mentale de la mère : — catégorie de logement. Un groupe ressort, particulièrement intéressant et homogène : c’est celui des 17 femmes déficientes vivant en hôtel meublé et pour lesquelles 12 fois sur 17, l’hospitalisation de l’enfant a paru médicalement non justifiée. Nous avons cherché, dans chacun de ces 2 groupes,: comment inter¬ venait : d) La solubrie de lhabitat Nous sommes frappés dans chacun de ces deux groupes par la fréquence des logements insalubres, même bien entretenus. Nous avons été suffisamment sév̀res aur lea crit̀res de salubrité (humi¬ dité importante, défaut d’aération) pour que ces chiffres prennent une haute signiffcation. Il s’agit, le plus gouvent, de baraques, de chambres, de loge¬ ments, souvent en instance de démolition, extrêmement humides, ou de chambres d’hôtel meublé sans aération. Une d’entre elles, notamment, était assez remarquable par le fait que sa seule source d’aération tait un petit guichet donnant sur les W. C. de l’hôtel : 3 personnes (père, mère, enfant). vivaient dang cette chambre, par ailleurs exigue. Des logemente invraisemblablement petits pour leur nombre d’habitants ou très insalubres peuvent être impeccablement tenus par dea femmes qui suscitent une admiration bien méritée, ei l’on pense aux multiples problèmes d’entretien, de géchage du linge, de sommeil et de repos dea enfants, etc.. que peut poser la promiscuité de toute une famille vivant dans une seule pièce, souvent petite et sans confort. 4 l’opposé, d’autres femmes se laisent aller à une négligence excesive. ou même à abdiquer devant tout effort, dans un logement correctement salubre et d’entretien plus facile. La défcience intllectuelle intervient de facon maieure dens la qualité de l’entretien de l’habitat. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 179 proportion importante de logements insalubres. Certes les familles mentale- Cependant, on constate qu’il existe dans l’un et l’autre groupe une ment déficientes semblent vivre plus souvent dans des logements insalubres, sans doute par manque de moyens intellectuels et économiques pour accc à de meilleures formes de logement. Il n’en reste pas moins vrai que, même pour les familles considérées comme mentalement normales, le nombre de logements insalubres est très important. Nous avons cherché s’il y avait une corrélation entre le diagnostic d’une part, la salubrité du logement et les capacités maternelles d’autre part. Il est ainsi apparu que : — 7 rachitismes sur 8 ont été observéa chez des enfants de mères déf¬ cientes, vivant en logement insalubre mal entretenu. (Le 8e étant un enfant de mère « normale », vivant en logement insalubre bien entretenu). — 4 enfants hospitalises pour diarrhée (sur 8) étaient également des en¬ fants de mères défcientes vivant en logement insalubre mal entretenu. e) Ce qui nous conduit à chercher directement la corrélation entre la déficience mentale et la justification de l’hospitalisation. On trouve alors : 24 mères défcientea parmi les 43 enfants « justement hospitalisés », soit et 29 mères déficientes parmi les 44 enfants pour lesquels l’hospitalisation a éte considérée comme « non justifée », soit 65,0 9%. Le pourcentage de mères déficientes est donc légèrement plus fort parmi les hospitalisations médicalement non justifées que parmi les hospitalisations médicalement justifiées. Cependant, comme on le voit. 1e la débilité n’explique pas toutes les hospitalisations « non justifées »: 29 55 6% des hospitalisations « justifées » présentent, à un degré variable. une déficience mentale. On peut se demander à ce sujet si la déficience maternelle n’a pas joué un rôle quant à la pathologie de l’enfant. Nous avons cherché à comparer la répartition des diagnostics de gortie pour les 2 catégories d’enfants : — enfants de mères « déficientes » : — enfants de mères « normales » 150 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE On remarquera de façon très nette que les toxicoses, les diarrhées, lea cas légers gardés "observation" (dont 6 sur 7 dans un cas. L sur 2 dans l’autre ont été considérés comme abusivement hospitalisés), le rachifisme s’observent avec une particulière fréquence chez les enfants de mère déf¬ ciente. Au contraire, les primo-infections tuberculeuses semblent se répartir indépendamment du niveau intellectuel de la mère. f) Déficiences mentales chez la mère et fréquence des hospitalisations Les hospitalisations multiples sont plus fréquentes dans le groupe des enfants de mère déficiente. g) Défcience mentdle et mode d’admission à l’hApitat 1) Les admissions en urgence sans mot semblent se répartir de la même façon dans les deux groupes (12 sur 34 et 10 sur 53). 2) Mais l’intervention d’un médecin de ville est, d’une facon générale, moins fréquente pour lea familles défcientes qui, dans près de 75 0% des cas. viennent à l’hôpital soit directement, goit envovées par un dispensaire (39 fois sur 53). Il est cependant intéressant de noter que 1La 97 dea mares « déf. cientes » sont envovées à la consultation hospitalière par leur médecin traitant, contre 2,9 0% pour les femmes normales. Peut-être les médecins dégagent-ils ainsi leur respongabilité vig-à-vis de milieux psychologiquement incapables. h) Corrélations entre la d́fcience maternelle et le retara du Aucbnpement intellectuel constaté chex l’enfant : DANS L’AGGLOMéRATION PARISIENNE 181 Le niveau mental de l’enfant a pu être précigé par la méthode dea teate (les tests de Gesell pour la plupart, les tests de Mme Borel ou les teste de Binet et Simon pour les plus grands). On constate que la plupart des enfanta accusant un retard de déve¬ loppement sont des enfants de mère déficiente. IV. — LA QUALTE DE LA RELATION MERE-ENFANT ET SES INCDENCES Nous avons cru pouvoir diff́rencier les mères que nous avona examinées en gix catégoriea esgentielles qui se répartissent comme guit : Nous avons clagsé dans la rubrique « très bonne attitude maternelle » les mères qui nous ont paru particulìrement maternelles et chaleureuses : dans une rubrique séparée, « attitude maternelle apparemment bonne ». 5 cas où nous n’avons pas pu recueillir les élémenta nécessaires pour nous faire une opinion plus précise. Enfin, dans les rubriques « rejet » ou « mère captative », nous avons fait figurer les mères avant, selon l’un de ces types. une relation franchement pathologique, excluant volontairement de ces rubriques l’attitude réactionnelle transitoire due à une situation exception¬ nelle, comme par exemple l’inquiétude légitime d’une mère dont l’enfant est hospitalisé. Noua précisons enfin que nous envisageons uniquement, dans ce cha¬ pitre, sous le terme de « bonne mère », la qualité de la relation affective de la mère pour son enfant, sans tenir compte de l’aptitude maternelle en général, et donc sans tenir compte du nivéau intellectuel de la mère dont les incidences ont été étudiées par ailleurs et gont, nous l’avons vu, d’une importance primordiale. Nous verrons d’ailleura que si des mères « débiles » peuvent être de bonnes mères, par contre les mères « rejetantes » sont presque toutes menta¬ lement déficientes. Un certain nombre de corrélations entre l’attitude maternelle et d’autres facteurs étudiés nous ont paru particulièrement intéressantes : par ailleurs). 1821 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIATE a) Autitude maternelle et âge des enfants examinés Sans que nous puissions en tirer des conclusions hâtives, il est curieux de noter que : — alors que les âges des enfants examinés s’étalent à peu près norma¬ lement de l mois à 6 ans : — les 6 enfants dont la mère a été considérée comme « ouvertement Nous n'en tirons aucune conclusion absolue. Nous remarquons seulement rejetante » ont tous entre 6 et II mois. que c’est précisément l’âge où le nourrisson traverse une « crise affective ». ébauche de son individualisation et de relations affectives plus complexes. notamment avec sa mère. Cette crise s’accompagne, on le sait, d’exigences affectives plus grandes, et, se développant parallèlement, d’une motricité plus entreprenante. En dehors des complications pratiques quotidiennes qu’une telle évolu¬ tion représente, cette crise ne peut pas ne pas être ressentie par la mère qui est, en quelque sorte, obligée de prendre position par rapport à elle, et de renoncer à une relation symbjotique qui n’était pas vécue comme telle par le seul enfant. b) Attitude maternelle et âge de la m^ère (pour 3 femmes l’âge n’a pas été précisé). La dispersion est telle que les chifres deviennent trop faibles pour tirer des conclusions. On peut cependant remarquer que : — Pour les « bonnes mères » la répartition se fait à peu près unifor¬ mément de 20 à 40 ans. — Alors que les mères « ouvertement rejetantes » et « inquiètes » sont, en moyenne, plus âgées que les précédentes. Si l’on sait que, par ailleurs, les familles nombreuses sont particulière¬ ment importantes (en fréquence et en nombre d’enfants) dans la population examinée, il apparait que les femmes de plus de 25 ans sont justement mères de familles nombreuses (dans les conditions de vie et d’habitat exposées 183 DANS L’AGGLOMÉRATION PARISENNE e) Atitude maternelle et nonbre d’entants dons la fatrie: On remarque que des sentiments de rejet ne sont jamais ouvertement exprimés pour un enfant unique et que 4 fois sur 6 ce rejet concerne des mères de quatre enfants au moins. d) Nationalite de la mère (3 non précisées) Il apparait que les rejets sont surtout le fait de la population métropo¬ litaine examinée. Notre impression clinique nous conduisait à cette conclusion avant la confrontation des chiffres. Nous faisons cependant la réserve que. malgré notre vigilance, les diffcultés de langage ont pu, avec les familles non métropolitaines, faire que des nuances de comportement nous ont échappé. Par ailleurs, la structure familiale nord-afficaine est, on le sait, très différente de la structure métropolitaine. Les familles nord-africaines consti¬ tuées sont habituellement stables, le p̀re généralement très attaché à son rôle, et la mère occupée exclusivement à son foyer. e) Relation maternelle et nivequ mental 24 mères déficientes ont été considérées comme de « bonnes mères ». Cependant la plupart des mères « rejetantes » sont des femmes menta¬ lement déficientes. UNE ÉTUDE DE PÉDATRE SOCIALE 184 f) Qualité de la relation mère-enfant et situation famitiale On s’aperçoit que la qualité de la relation maternelle n’est pas fonction de la structure familiale apparente, qui renseigne finalement assez mal sur l’éventualité de tensions intra-familiales, indépendantes de cette structure: mais cette qualité serait plus étroitement liée à l’interférence des person¬ nalités de chacun des individus cohabitants. Ceci apparaît très nettement si on étudie la corrélation existant entre la qualité de la relation maternelle et l’attitude du père de l’enfant. (1) ou paychopathe. On s’aperçoit que la plupart des rejets maternels sont associés soit à la débilité ou à une psychopathie du père, soit à l’éthylisme ou à la carence paternelle. Si l’on se souvient que les attitudes maternelles de rejet sont gurtout le fait de mères débiles il apparait que-le rejet de l’enfant fait généralement partie d’une carence familiale globale. g) Qualité de la relation maternele et justifcation médicale de l’hospitalisation Le « rejet » affectif de l’enfant semble faciliter les hospitalisations non justifiées, bien davantage que l’inquiétude. Il ne faut cependant pas acorder à ce rejet une importance déter¬ minante dans l’hospitalisation. En efet, 53,8 %% des « bonnes mères » exa¬ minées ont fait hospitaliser leurs enfants sans justification médicale. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 185 Enfn, il nous a gemblé intéressant de chercher la corrélation existant entre la qualité de la relation maternelle et la tolérance de l’enfant À l’hospitalisation : Il est frappant de constater que les enfants habituellement « rejetés » tolèrent remarquablement l’hospitalisation, alors que, à l’opposé, les enfants de m̀res « captatives inquiètes » ont été très nettement perturbés par l’hospitalisation, et que 43,3 6% des enfants bénéficiant de relations chaleu reuses avec leur mère font, à des degrès divers, une réaction de détrèsse. Cette réaction d’ailleurs ne dure pas, ou cède très rapidement au retour dans la famille, tout au moins pour les hospitalisations de courte durée. objet de notre étude. La fréquence des hospitalisations itératives est d’ailleurs plus impor¬ tante pour les enfants « rejetés ». 5 sur 6 des mères considérées comme manifestement rejetantes ont fait plusieurs fois hospitaliser leurs enfants en l’espace de 6 à II mois, qui est — nous le rappelons — l’Âge de ces enfants. Il est classique de dire que la répétition des séparations sensibilise les enfants aux réactions de dêtresse. Dans ce cas, il n’en est rien, puisque nous avons vu que ces enfants tolèrent apparemment très bien l’hospitalisation. Mais on sait, par ailleurs, que pour les très jeunes enfants la détresse à la séparation est d’autant plus importante que les relations antérieures avec la mère étaient meilleures. (C’est l’inverse de ce qui se passera ensuite, où l’enfant plus grand tolèrera d’autant mieux une séparation que son acquit affectif sera plus solide.). Il semble donc que dans ces hogpitaliaations itératives on puiese géparer deux grounes d’enfanta : — les enfants habituellement carencés de soins maternels (pour lesquels l’hospitalisation n’est qu’un des multiples aspects de cette carence. et qui, de ce fait, semblent bien supporter leur séjour à l’hôpital. (Mais on sait ce que, pour ceux-là, signifie cette trop bonne tolérance.). et les enfants qui, par ailleurs, bénéficient de soins maternels affec¬ tueux, qui tolèrent bien ou mal l’hospitalisation, et pour lesquels les hospitalisations itératives semblent dues à de tout autres facteurs. 188 UNE ETUDE DE PÉDATRE SOCIALIE Ces mêmes facteurs sont sans doute responsables de la proportion impor¬ tante d’enfants placés à la sortie de l’hôpital. Or ces placements sont indépendants de la qualité de la relation maternelle :: Il semble que ces facteurs déterminant le placement soient essentielle¬ 31 ment : le logement et le travail de la mère à l’extérieur. V. — PRINCIPAUX MOTIES EXTRA-MÉDICAUX DE L’HOSPTTALISATION Au cours des entretiens du psychiatre avec les familles qui, nous le rappelons, ont eu lieu après le retour des enfants de l’hopital, a été tentée — en collaboration avec la famille — une synthèse des raisons essentielles qui avaient motivé l’hospitalisation (même si elles n’avaient pas été invo¬ quées au moment de l’admission). En conclusion de ces entretiens, il nous a semblé pouvoir grouper les motifs médicaux et extra-médicaux de l'hospitalisation en sept groupes: 1. Gravité de la maladie, de l’avis d’un médecin (traitant ou à l’hopital). 2. Gravité de la maladie crainte par la mère. 3. Logement impropre (mais salaire suffisant pour subvenir aux frais d’un traitement). 4. Salaire insuffisant. 5. Association des 2 motifs précédents. 6. Prestige hospitalier (dà à de précédentes hospitalisations de l’enfant ou de l’un de ses proches). 7. Impossibilité pour la mère de soigner elle-même son enfant (urme¬ nage, travail à l’extérieur, incapacité tenant à sa culture ou à son manque d’aptitudes). La fréquence de ces motifs apparait dans le tableau ci-dessous : DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 187 On constate : 1° que l’incapacité pour la mère de s’occuper de son enfant tient une place importante, Parmi ces 32 cas, on rélève : — 13 femmes travaillant à l’extérieur : — 6 femmes nord-africaines avec diffcultés de langage et de commu¬ nication, et craignant de ce fait de ne pas savoir lire et exécuter une ordonnance : — II femmes débiles mentales. 2° que l'anxiété maternelle tient une place importante ce qui tend à montrer que, indébpendamment des conditions sociales, la mère, par son anxiété impoge plus ou moins l’hospitalisation au médecin traitant ou à l’hopital. 30 Enfn, 19 fois (sur 67) le manque d’argent semble avoir joué unrêle déter¬ minant dans l’hospitalisation. L’on pourrait s’en étonner, étant donné l’exis¬ tence de la Sécurité Sociale et de l’aide médicale, mais on sait que celles-el sont loin de couvrir tous les besoins, ne comprenant pas la totalité des frais et n’étant pas étendues à la totalité de la population. VI. — OPINION DE LA FAMILLE SUR L’HOSPTTALISATION Au cours de ces entretiens, nous avons également cherché à sonder l’opinion de la famille sur l’hôpital : Dans l’ensemble, les familles sont satisfaites de l’hpital. Nous avona cependant été frappés de constater que des familles totalement ignorantes du diagnostic (même approché) comme de la forme des soins donnés à leur enfant, ont cependant estimé être sufisamment renseignées. Mais, si l’on compare la curiosité légitime de beaucoup de parente sains au résultat de notre enquête, on est frappé par la passivité relative de la population examinée ; passivité qui nous semble étroitement liée au niveau mental de cette population. Enfin, il faut insister, pour conclure, sur le fait que très rares sont ceux qui se plaignent des infirmières. Bien au contraire, les familles ont eu souvent à cœur d’insister pour louer l’accueil des infirmières et, surtout, leur gentillesse à l’égard des enfants. UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE 183 RESUME Une partie importante de la population que nous avona examinée au point de vue psychologique semble se caractériser, sinon par une débilité mentale au gens strict, du moins par une « débilité socialex importante. La gravité de la maladie n’a été le motif esgentiel de l’hospitalisation que dans 17 0% des cas (gravité appréciée par le médecin) et dans 12,6 0% des cas, une gravité supposée par la mère. Cette « délilité sociale » comnorte, dans une pronortion notable, soit une débilité mentale, soit un état psychopathique ou un éthylisme du père ou de la mère. Cette population est souvent sous-rémunérée et mal logée. Le logement en hôtel meublé est trèe fréquent, d’une fréquence bien supérieure à celle de l’enquête générale. Ce type de logement parait très nettement être le lot d’une population instable, de structure familiale com¬ plexe et mouvante, avec un nombre d’enfants important, de loin supérieur à la movenne des enfants par famille calculée pour le département, de la Seine. Les capacités d’amour maternel nous ont paru généralement bonnes. malgré ces conditions difficiles. Il existe cependant un nombre relativement important d’attitudes de rejet qui sont, dans la grande majorité des cag, le fait de femmes débiles, mères de familles nombreuses. Mais il ne semble pas que ce rejiet doive être considéré comme un motif important d’hospitalisations non justifiées : celles-ci étant le plus souvent dues à la « débilité sociale » des familles et à ses corollaires de logement, de rémunération, de promiscuité. RESUMÉ GÉNÉRAL. Notre travail a pour point de départ l’observation guivante : Dans tous les services de médecine infantile de la région parigienne on trouve un nombre plus ou moins important d’enfants atteinte d’affectione bénignes et banales dont l’hospitalisation n’est pas justifiée par des raisons strictement médicales. Ces enfanta gont hospitalisés uniquement parce que les conditions dans lesquelles ils vivent interdisent leur traitement à domicile, en dépit de la bénignité de leur maladie. L’hopital d’enfants congerve donc partiellement, du moins dans la région parisienne, une fonction traditionnelle de Centre d’hébergement temporaire d’enfanta, pour une certaine catégorie de population. C’est cette fonction sociale de l’hôpital qui fait l’objiet de notre étude. II Nous nous sommes donc eforcés tout d’abord de rechercher les critères eur lesquela peut g’effectuer une claasification des hospitalisations d’enfants en fonction de leur justification médicale. La notion d’hospitalisation médicalement non justifée présente un ĉté gubjectif qui la rend difficilement réductible à une analyge statistique. Par une méthode d’approximations succeggivee, et en tenant compte en dernier ressort de l’ensemble du tableau clinique, nous pouvons conclure cependant que dans un service comme celui que nous avons étudié, plus du quart des enfants au minimum sont atteints de maladies sans gravité, sans difficulté de diagnostic, et n’ont subi à aucun moment de leur séjour hospi¬ talier d’investigafions ou de thérapeutique justifant leur hospitalisation. Pour ce groupe de malades, il est manifeste que les raisons détermi¬ nantes de leur hospitalisation eont avant tout d’ordre extra-médical. M L’étude des modalitée de l’admission hospitalière conduit à souligner les différences eristant entre lea conditions de travail de la coneultation externe et celles de l’interne de garde. La majorité des admissions sont effec¬ tuées par l’interne de garde, en dehors des heures de consultation, mais les 190 UNE ÉTUDE DE PÉDATRIE SOCIALE décisions de celui-ci ne sont pas uniquement déterminées par des considé¬ rations médicales. Elles sont sous la dépendance du nombre de lits dispo¬ nibles. Elles dépendent également des pressions d’ordre social exercées par le médecin traitant ou par les familes elles-mêmes, lorsque celles-ci amènent un enfant directement, gans être passées par l’intermédiaire d’un médecin L'analyse des conditions d'admission révèle en outre que la moitié des de ville. enfanta sont admis à l’hpital sans mot de médecin traitant. Seuls font excep¬ tion à cette règle les nouveau-nés et les nourrissons de moins de 3 mois. L’étude des motifs invoqués lora de l’admission montre que les condi. tions sociales interviennent dans 50 0% des cas pour motiver l’hospitalisation de l’enfant, et dans 65 0% des cas lorsque l’enfant est amené directement à P’hôpital par sa famille. IV Plus du tiers des enfante de moins de 6 ans faisant l’objet de notre enquête ont déjà effectué un séjour antérieur à l’hôpital et ce pourcentage dépasse la moitié pour les enfants de plus de 2 ans. L’étude des causes médicales de ces réhospitalisations montre que, si l’on met à part un petit nombre de maladies chroniques ou à rechutes. les raisons médicales tendent à laisser la place à des considérations sociales ou psychologiques, au fur et à mesure des hospitalisations successives de l’enfant. La pression des conditions sociales se vérife par l’étude des hospitalisa¬ tions antérieures dans la fratrie. Lorsqu’un enfant hospitalisé a des frères et gœurs, dans 44 2% des cas un membre de la fratrie a déj̀ été hospitalisé, et ce pourcentage s’élève, à 89 2% lorsque l’enfant étudié en est à sa troisième hospitalisation. V Parmi les facteurs sociaux, l’influence du domicile et des conditions de logement est prépondérante gur l’hogpitalisation des enfants de l’agglomé¬ ration parisienne. Nous en avons donc effectué une étude détaillée. L’analyge de la carte de répartition des domiciles d’enfants hozpitalisés met nettement en lumière l’influence gur les hospitalisations des enfant de certains facteurs, comme le niveau socio-économique de la population, le pourcentage de familles nombreuses, l’affux de la populationgnord-afri¬ caine et surtout l’influence des mauvaises conditions de logement. L’étude des conditions de logement met en évidence : — Le pourcentage congidérable (42 9%) de logements d’une pièce. — L’importance des logements de fortune (9 9%) et des ĥtela meu¬ blés (17,5 %). — La fréquence d’une installation récente dans le logement. — L’insuffisance de l’équipement sanitaire (28 0% des logementa n’ont pas l’eau courante, 33 % n’ont pas de cuisine, (0 % n’ont pas de WV.-C. individuel). 19t DANS L’AGGLOMÉRATION PARISENNE On notera également que 17 2% des enfants couchent à plusieura dans le même lit. Les conditions de logement des familles des enfants hospitalisés sont. sur tous les points, plus défavorables que celles de la population du dépar¬ tement de la Seine prise dans son ensemble, la situation réelle étant euco plus mauvaise, puisqu’il s’agit uniquement de familles avant des enfants en bas âge. En raison de son importance et de son caractère particulièrement défavorable, l’habitat en ĥtel meublé a fait l’objiet d’une étude particulière. L’influence de cet habitat défavorié sur les hospitalisations d’enfants est mise en évidence : les admissions directes à l’hopital, les rehospitalisatione successives et les hospitalisations médicalement non justifées sont propor¬ tionnellement beaucoup plus fréquentes parmi les enfants de familles habitant en hôtel meublé. VI Les familles d’enfants hospitalisés sont principalement des familles ouvrières. Dans la majorité des cag, le père dé famille exerce une activité d’ouvrier non qualifié, et dans 45 0% des cas les ressources mensuelles salariées de la famille sont inférieures à 500 NF. Les études de corrélation montrent que l’insuffisance du niveau socio-économique exerce sur les hospitalisations d’enfants une influence analogue à celle des mauvaises conditions de loge¬ ment : ces deux facteurs sont d’ailleurs fréquemment associés. VII 15 6% des enfants hospitalisés sont d’origine nord-africaine. I est actuelle¬ ment impossible de connâtre de facon précise le nombre d’enfants nord¬ africains dans la région parisienne, mais il ne fait aucun doute que le taux d’hospitalisation des enfants nord-africains est considérablement plus élevé que celui des enfants métropolitains. L’étude des conditions de vie de la nopulation nord-africaine fournit l’explication de cet état de chose. Les familles nord-aficaines de notre enquête vivent dans de telles condi¬ tions d’entassement et de manque d’hygiène qu’il leur est, la plupart du temps, impossible de soigner à domicile un enfant malade. Dana ces familles, la densité moyenne s’élève en effet au chiffre de 4 habitante par pièce d’habitation et prèe de la moitié d’entre elles vivent en baraque ou en hôtel meublé. Leur niveau socio-économique est bas. La plu¬ part de travailleurs nord-africains sont des ouvriers non qualifiés et gagnent moins de 500 NE par mois. Leur transplantation récente dans la région pari¬ gienne, associée à un certain degré de ségrégation de fait, conditionne une ingertion sociale médiocre. Enfin, la personnalité de la femme musulmane. le plus souvent illetrée et ne sortant guère de chez elle, complique encore. Pour ces familles, les problèmes pose par la majaqie d unr emant 199 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE VIII Dans notre enquête, 30 0% des mères de famille exercent une activité salariée. Ce pourcentage est supérieur à celui de la population du départe¬ ment de la Seine considérée dans son ensemble (22 0%), mais la différence est encore plus significative lorsqu’on compare entre elles les familles avant un même nombre d’enfants. L’activité professionnelle de la mère fgure donc parmi les facteurs sociaux qui interviennent dans les hospitalisations d’enfants. L'étude du travail de la mère de famille révèle un niveau de qualification socio-professionnelle et de galaire extremement bas. 60 0% des femmes exercent une activité de main-d’œuvre non qualifiée. Les conditions de logement sont médiocres ou mauvaises (50 0%, dans une seule pièce, 14 % en ĥtel meublé). Mais surtout, dans près de la moitié des cas (42 0), la femme subvient en totalité à l’entretien de sa famille, soit parce qu’elle est seule, soit parce que son mari ne travaille pas. L’élévation du taux d’hospitalisation des enfants dans les familles où la mère travaille parait donc moins dépendre de l’activité professionnelle de cette dernière que deg conditione dans lesquelles cette activité s’exerce. Lorsque la mère de famille est tenue de travailler pour nourrir les giens. lorgqu’elle n’est pas certaine de conserver son emploi, lorsqu’elle vit dans un logement tron exigu ou insalubre, elle ne peut quitter son travail pour soigner à domicile son enfant malade et doit donc le faire hospitaliser. IX L’élevage de l’enfant hors du fover est une conséquence directe de l’acti¬ vité professionnelle de la mère. » Dans notre enquête, 50 0%, des femmes qui travaillent confient leur enfant à une crèche ou à une nourrice. Cette colution devient presque inévitable lorsque la femme est seule avec son enfant à charge ou lorsque les conditions de logement sont parti¬ culièrement défavorables. Cependant, certains ménages dont la femme ne travaille pas sont obligés de se géparer d’un enfant uniqu ement en raison de l’exiguité de leur logement. de son insalubrité, dans certains cas même en raison de l’interdiction de la présence d’enfants en bas âge par le tenancier d’un ĥtel meublé. L’infuence de l’élevage hors du fover sur les hospitaligations d’enfants est facilement mise en évidence : les pourcentages d’admissions directes à l’hôpital, de réhospitalisations successives et d’hospitalications pour mala¬ dies bénignes sont en effet beaucoup plus élevés parmi les enfants placés en nourrice ou fréquentant une crèche. DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 193 X La moitié des enfants admis à l’h8pital sont adressés par un médecin de ville, mais ce n’est que dans 25 %% des cas seulement qu’un médecin prat cien habituel, avant la confiance de la famille, a pris la décision d’hospita¬ liser l’enfant. Dans les autres cas, en effet, il s’agit soit d’un médecin de dispen¬ gaire, soit du remplacant du médecin traitant, soit d’un médecin appelé pour la première fois. L’intervention d’un médecin de ville limite indiscutablement le nombre des hospitalisations médlicalement non justifées. Cependlapt, un pélecin oni pe cotinst pae la Camille a moine d’outerite sur elle : il hésite à assumer certaines responsabilités et il est donc plus enclin à faire hospitaliser un enfant dès sa première visite, lorsque les conditions psychologiques ou sociales lui paraissent défavorables. A cet égard, il est intéressant de noter que les enfants adressés à l’ĥpital dès la première visite du médecin traitant sont considérés dans l’ensemble comme moins gravement atteints que les autres au moment de leur admission. Une enquête partielle effectuée auprès des médecins traitants montre d’ailleurs que, dans plus de la moitié des cas, le motif réel de l’hospitalisation n’est pas uniquement médical. Des considérations sociales comme le logement le travail de la mère, l’insuffsance des ressources fnancières ou l’incapacité maternelle ont influé sur la décision du médecin. XT Les capacités intellectuelles de la mère, ainsi que la qualité des relations affectives de celle-ci avec son enfant, ont fait l’obiet d’une étude particulière. Il ne nous a pas été possible de soumettre à cette investigation psycho¬ logique l’ensemble de la population de l’enquête. Notre choix s’est donc porté sur des enfants dont l’hospitalisation, au moment de leur admission, paraissait médicalement peu justifiée, ou sur des familles dont le comportement psychologique particulier semblait à première vue avoir une incidence plus ou moins directe sur l’hospitalisation de l’enfant. Il ne saurait donc être question de généraliser à l’ensemble de la popula¬ tion hospitalière le résultat de ces observations. Parmi les femmes examinées, le pourcentage des déficientes mentales est considérable. Il s’agit soit de débilité mentale au gens etriet, souvent associée à l’éthylisme, soit de femmes qui, en raison de la médiocrité de leurs ressources intellectuelles, de leur passivité, de leur comportement infantile ou franche¬ ment psychopathique, peuvent être regroupées dans le cadre plus large dela « débilité sociale ». Il existe d’ailleurs d’étroites relations entre cette défcience mentale de la mère. l’existence de structures familiales complexes et mouvantes, le mauvais entretien du logement et même la qualité de ce dernier. Le tiers de débilles mentales examinées vivaient en effet en ĥtel meublé. 194 UNE ETUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE Les relations affectives de la mère et de son enfant ont paru d’une manière générale bonnes, malgré des conditions de vie difficileg. Les attitudes de rejet eont dans la majorité des cas le fait de femmes débiles, mères de familles nombreuses. L’induence de la déficience mentale maternelle gur l’hospitalisation des enfants est indiscutable, bien qu’il ne soit pas toujours facile de faire la part du râle resnectif des insuffsances peychologiquea et des conditiona socio¬ économiques défavorables qui leur sont très souvent associées. XH Dans le cadre de l’enquête peychologique, la tolérance de l’enfant à l’hospitalisation a fait également l’objet d’une étude. Les réactions de désarroi ou de détresse fréquemment observées dans les jours qui suivent l’admiasion ne durent généralement pas et le retentissement secondaire du séjour hospi¬ talier sur le comportement de l’enfant, son sommeil ou son appétit paraissent céder rapidement au retour dans la famille, tout au moins en ce qui concerne les hospitalisations de courte durée. ANNEXE L ENQUETE AUPRÈS DES MAÉDECINS TRALTANTS Pendant la durée de notre enquête par nondage, nous nous sommes efforcés de prendre un contact direct avec les médecina traitants qui nous avaient adressé les enfants. Notre obiectif était de leur rendre viaite qugsi reapidement que possible epr̀s l’admision de l’enfant afin d’obtenir de leur part un complément d’information sur les débuts de la maladie, le caractère de leur intervention et les motifs de l’hospitalisation. Ce programme n’a pu être complètement réaligé, et nous ne sommes entrés en rapport qu’avec un peu plus du tiers des médecins traitants (60 sur un total de 170). Cette sélection avant été faite en fonction de nos seules posaibllités de temps et de dépla¬ cement et sans critère particulier, il ne saurait être question d’utiliser les renseignements ainsi recueillia gur un plan etatistique. Cependant, plutôt que de négliger complètement le matériel ainsi accumulé, nous en avone extrait quelques élements qui nous ont parus significatife. A) Nature de la maladie de Fenfant : B) Age de l’enfant : C) Nombre de visites efectuées et diagnostic de la maladie : sans qu’on puisse établir une relation nette avec la gravité de la maladie. 196 UNE ÉTUDE DE PÉDIATRIE SOCIALE Dans la moitié des cas l’hospitaliation a été décidée d̀s la premìre visite du médecin. D) Renseignements concgrnant le mdecin gaitant : E) Raisons de l’hospitalisation actuelle Dans 10 cas le médecin manifeste une hostilité marquée à l'égard des dispensaires et des F) Opinion des médecins traitants sur les dispensaires de P M.J. : consultations de PM L, qui lui font concurrence et l’amènent à ne plus voir d’enfants qu’en cas d’urgence et de maladie fébrile aigue. (Cette question n’avant pas été systématiquement posée n’à pas de valeur significative). 6) Raisons des hospitalisations d’entants en gnérat : Leaprincipalesraisons voquéeapar les médecina se superposent a celles du paragraphe E. — inquiétude médicale (en particulier pour les diarrhées de nourrieson) : — désir de ne pas perdre la confance de la famille : — incapacité de la mère : — travail de la mère : — ituation fnancière des parente : — conditions de logement (motif très important). DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 197 ANNEXE n PLACEMENTS SECONDAIRES A L’HOSPITALISATION 18 %% des enfants de l’enquête ont été placés à leur sortie de l’hpital. La nature des placements ge décompose comme suit : Phacement secondaire et diagnostic de la maladie En observation Primo-infection Rachitisme¬ Hypotrophie Ces chiffres sont évidemment beaucoup trop faibles pour avoir une valeur significative. sauf en ce qui concerne l’importance des placements dans les rubriques « Primo-infections » et « Rachitieme-Hypotrophie » ce qui confirme les résultats de notre étude sur la pathologie hospitalìre (voir premìre partie, chapitre I). infantile du Roc de Fiz, 1959. UNE ÉTUDE. DE PÉDLATRIE SOCIALE 198 ANNEXE uI LES PRIMO-INTECTIONS TUBERCULEUSES (1) Etude portant aur 13 cas de primo-infection (sur 14) de notre enquête par sondage avant entrainé un placement secondaire. 1° Condifions d’admission À V’hApitat : Dans la grande majorité des cas, les enfants ont été envoyés avec un mot de médecin. ce qui ne correspond pas au pourcentage général d’enfants hospitaligés. Cette anomalie tient sans doute au fait que la primo-infection, à l’opposé de beaucoup d’affections communes de l’enfance, ge manifeste rarement par un début brutal et que le plus souvent des troubles mineurs (toux, anorexie, état sub-fébrile) amènent la famille à consulter médecin ou dis¬ pensaire, sans songer à l’hospitalisation. Enfn, dans 4 cas, la cuti-réaction fut pratiquée en ville aygtématiquement (avant une vaccination, avant une cure de R.U. V., en raison d’un contage tuberculeux). Cependant, dans 6 cas sur 13, le diagnostic de primo-infection n’avait pas été posé préalablement à l’hospitalisation. 20 Conditions de logement Nous avons clasé lea logements en a groupes guivant leura carectériatiques : a) Logements trop exigus et inaalubres : 5 — véritables taudis, baraquements comprenant 2 pièces de 6 me pour 5 pergonnes. sans eau, gang gaz, sombres, humides, entretien nul, sol encombré de détritus : l’enfant couche dans le lit de ses parents. — Hôtel Nord-Africain — 1 pièce de 12 me pour 5 pergonnes, humide, sombre, mal aérée, gana eau : l’enfant couche dans le lit de ges parents. — 1 pièce de 12 m° pour 5 personnes avec eau et gaz, très humide, l’enfant couche avec son frère atné. — 2 pièces de 9 me pour 5 personnes, aans gaz, gans cuisine, sombres, humides. — 3 pièces de 12 me pour 9 pergonnes : baraquement sale et mal entretenu. D) Logemente trop exigua mais galubres : 5 ces ; ile ge décompoaent comme guit : e) Logements satisfaigante : 3 En réaumé, dans 5 cas sur 13 le logement présente des caractéristiques d’exiguité et d’in¬ salubrité qui constituent une menace directe pour la santé de l’enfant. 3) Sruqture familiale a) Structure familiale normale, entente atiefaisante entre les parenta : 6 cas : (1) Résumé de la communication faite à l’occasion des Journées de Pneumo-phtisiologie DANS L’AGGLOMÉRATION PARISIENNE 199 6) Structure familiale anormale : 7 cas: 1. 2 enfants placés à l'Assistance Publique 2, mère mariée antérieurement, a eu un premier enfant qu’lle a abandonné, vit actuellement en concubinage avec le père de l’enfant hogpitalisé. 3. Mère abgente (hoapitaligée pour tuberculoge pulmonaire). 4. Mère seule, avec 1 enfant, vit chez ses parents. 5. Mère geule, avec I enfant en nourrice. 6. M̀re geule, avec 3 enfanta en nourrice. 7. Mère seule, avec 5 enfants gardés par la grand’mère. 4) Adivité profesionnelle de la mère: 4 cas Dans tous les cas où la mère est scule, elle exerce une activité galariée. s) Débilite mentale de la mère : 3 cas 6) Ethylisme patent des parents : 3 cas 7) Contaminateurs de l’enfant restant au fover et reftsant de se faire coigner : 3 cas a) le malade (père) ge refuse aux contrêles bactériologiques et aux examens : se fait traiter en ville par le vaccin de Friedmann : b) le père est rentré au foyer après 15 jours d’hospitalisation pour tuberculose pulmo¬ naire : 6) le malade (grand’p̀re) eat rentré au fover aprèa l mois d’hogpitlisation pour tuber¬ culose pulmonaire. 8) Formes cliniques de primo-infections 9) Raisons inpoques Lors de l’hospitlisation. a) essentiellement médicales : 6 foia — 4 fois pour primo-infections gévères. — 2 foia pour état pathologique sévère sans diagnostic posé. b) essentiellement sociales : 7 fois — 2 foia pour virage de cuti-réaction tuberculinique gana gignes cliniques. — 5 fois pour état pathologique sans gravité apparente (diagnostic non posé.) En ŕumé : dans la majorité des cas, des conditions extra-médicales ont d́terminé l’hospitaliation de l’enfant. 19) Ptcemont socondaire A l’hospialisation : 13 cas Dans tous les cas, l’enfant a té placé en préventorium à la guite de son hospitalisation. Mais loraqu’on considère, indépendamment de la gravité de la maladie, les conditione coci-patbologiqnes contre-indituant fomllenent la traitepent, de l’enfent, à domieile. a savoir : — La pergistance d’une contamination au foyer : — Le logement trop exigu et ingalubre : UNE ÉTUDE DE PéDLATRIE SOCIALE 290 — L'éthylisme s’ajoutant à la dissociation familiale : — L’enfant placé en nourrice. nous vovons qu’il existe un interdit de cette nature dans 9 cas sur 13. Sur les 4 cas restants, 2 concernent des enfants dont l’état clinique nécessite une surveillance bospitalìre. Il ne reste donc que 2 cas où la réintégration de l’enfant dans son foyer aurait pu être Résumé: Les enfants atteints de primo-infection sont hospitalisés dans plus de la moitié envisagée. des cas sans que le diagnostic ait été posé. Dans la majorité des cas, également, la gravité de l’état clinique n’est pas le mobile de leur hospitalisation, et des considérations sociales ou familiales jouent un rôle non négligeable dans leur entrée à l’hôpital. Ces mêmes considérations extra-médicales déterminent pour la majorité d’entre eux. la prolongation de l’hospitalisation et l’envoi en préventorium. BIBLIOGRAPHIE CHOMRART DE LAUNE Y. M. L. Psychopathologie Sociate de l'’enfant inadapte. Editions du CN. R.S. (1959). CHOMRART DE LAUWE P. H., Paris et l’agglomération parisienne. Pregges Universitairee de France, édit. (1952). CHOMBART DE LAUNE P. H. La vie quotidienne des familles ouvrìres. Editions du CN.R.S. (1956). CENTHE INTERNATIONAL DE L’ENTANCE. Séminaire sur les hépitaux d’enfants (juin 1956). Voir plus loin : Hepitaux d’enfants. COMET P. L’hÁpital public. Berger-Levrault, édit, Paris (1960). La Conioncture Economique dans le Département de la Seine, (ler Trimestre 1956), Imprimerie Municipale, Hôtel de Ville, Paris. DEBRE Robert et JOANNON P. La Rougeole, Mason, édit, (1926). FRANCOIS R., « Problèmes epéciaux posés par l’hospitalisation des enfants ». Techniques Hospitalières, (Mai 1959). CARDIE. « Les hepitaux des grandes agloḿrations urbaines — Introduction à l’étude des problèmes hospitaliers ». Revue de l’Assistance Publique, Paris (1956). GIRARD A. HENRY L., et NISTRI R, Facteurs sociaux et culurels de la mortalité infantile. Une enquête sur le comportement des familles dans le Nord et le Pas-de-Calais, Paris. Presses Universitaires de France (1960, p. 211). Coll. Tr, et Doc. LN.E.D. — Cahier 36. CIRARD A. « Budget temps de la femme mariée dans les agglomérations urbaines ». Popu¬ lation (oct. déc. 1958, p. 591-619). GIRARD A, « Une enquête sur l’aide aux mères de famille, extension des crèches, Travail à temps partiel » : Population (1951, p. 103-124). GUILDERT M. et ISAMBERT-SAMATI V., Travail feminin et Travait à domicile. Enquête sur le travail à domicile de la confection féminine dans la Région parisienne. Editions du CN. R.S. (1956). « Hopitaux d’enfants, Séminaire du Centre International de l’Enfance », Revue de l’Assistance Publique. (T. VIII, 1957, p. 45). LN.S.E.E. Résultat statistique du recensement générat de la population, (mars 1954): Presses Universitaires de France, Paris (1948). LNS F. E. Recensement ganerat de la population en mai 1954. Résultats du sondage au 1/29 (population - ménage - logement) Département de la Seine, Paris. Presses Universitaires de France (1955). MDERT 1. Les hpitux en France, Preases Universitaires de France (1958). ISAMHERT SAMATI, Travail professionnel de la mère. Ecole des Parents, No 8 (juin 1959). KAPLAN M. STRAUS P. COIFFARD N. WEYL S., et LENOIR M. « Enquête sur les conditions médico-sociales des hospitalisations de jeunes enfants avec apercu sur les conditions d’hospitalisation des primo-infections tuberculeuses. ». Comptes rendus présentés qux journées d’études du Roc de Fis (Tome II, 1959, pp. 77-89). LELONC Marcel « Centre hospitalier de pédiatrie ou services d’enfants dans les hopitaux généraux ». Techniques Hospitalières (avril 1961, p. 61). MACDELAINE Michel, Technique d’́ude de la foncion hospitalìre, Paris: Magson (1959. P. 170). MACDELAINE Michel. Recherches sur la clientle Jospitalìre. Thèse Médicale, Paris (1958). MAYER M. et F. MORIN, « Activité Profesionnlle de la femme enceinte ». Reoue d’Hygiène et de Medecine Sociale (Oct., Noy, 1959). MICIHEL Andrée. Famille, Industrialisation, Logement,. Editions du CN.R.S. (1959). MICHEL Andrée. Les Trayateurs Aigériens en France, Editions du C.N R. S. (1956). MONTHEUIL-STHAUS G. « Activité Menagère — Agpecta humains et économiques — le Sur¬ menage de la Mère de Famille Française ». Informations Sociales. (ler oct, 1955). PEQUTGNOT H. « Etudes cliniques de Médecine Sociale ». Semaine des Hépitaux de Paris (35e année, n° 5, 1959, p. 299-326). PEQULGNOT H. MACDELAINE et ESTEVE, « Umne enquete hospitalière p, IRenute de l’Aasis¬ tance Publique (n° 41, 1956, p. 391). ROcHATX M. Esai sur l’étolution des questions lospitalières. Edit. Fédération Hogpitalière de France: Saintes (1959, p. 329). RosCcH G. « Les Africoins du Nord dans la Seine, Une enquête hospitalìre et aociale. ». E S. N.4. (féy, mars 1957). SAUYY A, et MALTGNAC G. « Le logement des faibles, Nouvelles données gur l’élimination du prolétariat », Population (1957, pp. 585-606). STOEEL L., « Etude du Budget — Temps de la femme dans les agglomérations Urbaines. ». Poputation (1958, p.p 47-62). VALTEaY-RADoT Pierre, Deux siècles d’Histoire Hoapitalière, Edit, Paul Dupont (1947). VILLEY-DESMESERETS « Quclques familles nord-afrficaines en France ». E S NA. Cahiers Nord-Aricains (Cahier 67, 1958). VIELLE-MICHEL A. « La Population vivant en meublé — Quelques données sur le dépar¬ tement de la Seine. » Population (1954, n° 2). 3 TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS INTRODUCTIoR METRODE DE TMAVAIL 13 PREMTERE PARTTE: QUESTIONNAIRE DE RÉFÉRENCE 37 CHAPTRE I. — Analyse des résultats globaux CHAPITRE II. — La pathologie hospitalière (durée d’hospitalisation, place¬ 29 ments)............. 39 CHAPTTRE III. — Les conditions de logement des familles d’enfants hospitalisés. CHAPTRE IV. — Les hospitalisations multiples......................... 45 CHAPITRE V. — Conditions d’admiasion A l’RApital................... 53 61 CHAPTRE VL. — La poptlation nord-afficdine......................... DEUXTEME PARTIE : ENQUETE PAR SONDACE CHAPTRE L. -— Justifcation medicale de l’hospitalisaion............ 69 79 CHAPITRE II. — L’admission hospitalièro............................. 87 CHAPTRE II. — Le problme des Bospitulisations muhtiples............ CHAPTRE IV. —- Facteuras de l’hospitalisation : l’habitat............... 95 CHAPITRE V. — Facteurs de l’hospitalisation : te milieu sociat.......... 137 CHAPITRE VI. — Facteurs de l’hospitalisation : la travait profasionnet de la 147 mère de fomll............................... CHAPTRE VI. — L’enfant logé hors du foyer........ 157 CHAPITRE VIII. — Les mdecins pratieiens et les dispenaires : leur rle dans 163 V’hospitalisation des enfants............................ CHAPITRE IX. — Les facteurs psychologiques ACT ANNEXE I. - Enquête auprès des médecins traitants 189 RÉSUMÉ CÉNERAL. 195 197 ANNEXE II. — Placemente gecondoires à l’hospitalisation... 198 ANNEXE III. — Les primo-infections tuberculeuses . 291 BIRLIOCRAPHIE ACHEVÉ D" IMPRIMER LE 4 OCTO R R E 19 6 1 SUR LES PRESSES DELLTE. 45, que Colbert COLOMRES MONOGRAPHIES DE L’INSTITUT NATIONAL, D’HYCENE DEJA FARUES 8 N° L. — Docments statistiques sur la morbidite par cancer dans le monde, par P. F. DENOIX, Paris 1953. — Épuisé. N° 2. — L’écononle de l’alcolisme, par L. DEROBERT, Paris 1953. — Epuise. N° 3. — Mortalité urbaine et rurale en France en 1928, 1933 et 1947, par Ch. CANDIOTTI et M. MOINE, Paris 1953. — Prix : 9 NF. N° 4. — Contribution à l’étude de l’anophélisme et du paludisme en Corse, par C. TOU. MANOFTE, Paris 1954. — Prix : 12 NF. N° 3. — De la diversité de certains cancers, par P. F. DENOIX, Paris 1934. — Epuisé. N° 6. — La lute préventive contre les maladies infectieuses de l’homme et des animanx domestiques au moyen des vaccins, par G. RAMON, Paris 1955. — Prix : 12 NF. N° 7. — Etudes de socio-psychiatrie, par H. DUCHENE et coll., Paris 1953. — Prix : 9 NF. N° 3. — Rapport sur la fréquence et la sensibilité aux insecticides de pediculus humanus humanus K. Linaeus, 1758 (anoplura) dans le sud-est de la France, par R. M. NICOLI, Paris 1936. — Prix : : NF. N° 9. — Etude sur la maladle de Bouillaud et son fraitement, par J. CHEVALLIER, Paris 1936. — Prix : 11 NF. N° 10. — Rapport d’enquête sur la réadaptation fonctionnelle des adultes en France, par H. G. POULIZAC, Paris 1956. — Prix : 10 NF. N° 11. — Etude pour l’établissement de rations alimentaires pour le tuherruleuy en cans¬ torium, par F. VINIT et J. TRÉMOLIERES, Paris 1957. — Prix : 12,50 NF. N° 12. — Le cancer chez le noir en Afrique francaise, par P. F. DENOIX ct J. R. SCHLUM¬ BERGER, Paris 1957. — Prix : 15 NF. N° 13. — Bronchopneumopathies à vims et à richettsies chez l'enfant, par R. SOHIER. M. BERNHEIM, J. CHAPTAL et M. JEUNE. — Prix : 13 NF. N° 14. — L’assistance psychilatrique aux malades mentaux d’origine nocd-africaine musnt¬ mane en métropole, par G. DAUMEZON, V. CHAMPION et Mmc J. CHAM PION-BASSEI, Paris 1957. — Prix : 12 NF N° 15. — Documents statistiques sur l’épidémiologie des infections typho-paratxphoidiques. de la poliomyélite et des brucelloses en Francc en 1954 et 1955, par P. CHAS SAGNE et VY. GAIGNQUX. — Prix : 11 NF. N° 16. — La pathologie régionale de la France. Tomc 1. Régions du Sud et de l’Ouest, par R. MAROT. — Prix : 35 NF. N° 17. — La pathologle régionale de la France. Tome I. Régions du Nord, de l’Est et du Centre, par R. MAROT. — Prix : 34 NF. N° 18. — De la destruction des bactéries par la chaleur. — Etude l’eflicacité de la pasteuri¬ sation du lait, par A. NÉVOT, Ph. et J. LATONT. — Prix : 14 NF. N° 19. — Le Cancer au Moyen-Orient (Israel et fran). Données épidémiologiques par C. LAURENT et J. LEGUERINAIS. — Prix : 13 NF. N° 20. — Problèmes posés par la définition des aliments, par l’Unité de Rccherche de Nutri¬ tion humainc de l’Institut National d’Hygiène. — Prix : 15 NF. N° 21. — Acidents du travail et facteur humain, par H. G. POULIZAC. — Prix : 18 NF. N° 22. — Enquête sur les enfants et les adolescents attcints d’infirmité motrice, par F. ALISON, J. FABIA et J. RAYNAUD. — Prix : 11 NF. Vente des publications ̀ L’INSTITUT NAXIONAL, D’HYGIÈNE 3, rue Léon-Bocnat, paris (165) — AUTeuil 32-84. Numéro de chèque postal: Institut National d'Hygiène, 9062-83 Paris