MINIS TE RE DE LA SANT E PU BLIQU E MONOG RAPHIE DE L’INSTITUT NATIONAL D’HYGIENE N° 10 RAPPORT D'ENQUETE SUR LA READAPTATION FONCTIONNELLE DES ADULTES EN FRANCE P A RIS 19 5 6 VIRTVTE DVCE CO MITE FORTITVDINE COLLEGIVM CIVILE AD SANITATEM par le Docteur H. G. POULIZAC Médecin-Conseil de la Sécurité Sociale Travail réalisé avec la contribution de la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale et de la FNOSS MINIS TE RE DE LA SANT E PU BLIQU E MONOG RAPHIE DE L’INSTITUT NATIONAL D’HYGIENE N° 10 RAPPORT D'ENQUETE SUR LA READAPTATION FONCTIONNELLE DES ADULTES EN FRANCE P A RIS 19 5 6 VIRTVTE DVCE CO MITE FORTITVDINE COLLEGIVM CIVILE AD SANITATEM par le Docteur H. G. POULIZAC Médecin-Conseil de la Sécurité Sociale Travail réalisé avec la contribution de la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale et de la FNOSS Numéro de chèque postol: Instilut Notionol d’Hvoiène, 9062, 32 Poris MONOGRAPHIES DE LINSTITUT NATIONAL D'HYGIENE DÉJA PARUES: N° 1. — Documents statistiques sur la morbidité par cancer dans le monde. Dor P. F. DENOIX, Paris 1953. — Epvisé. N° 2. - L’économie de l’alcoolisme, po L. DEROBRL, Pouis 1983 — fpoise N° 3. — Mortalité urbaine et rurale en France en 1928, 1933 et 1947, par Ch. CANDIOTI et M. MOINE, Poris 1983. — PR, 800 fr. N° 4. — Contribution à l’étude de l'anophélisme et du paludisme en Corse. por C. JOUMANOEE, Poris 1984. — PrN: 1200 Fr. N° 5. — De la diversité de certains cancers, par P. E DENOIX Paris 1984 Prix: 2000 fr. N° 6. — La lutte préventive contre les maladies infectieuses de l’homme et des animaux domestiques au moyen des vaccins, Dor (3. RAMON, Paris 1955. — Prix: 1.200 fr. N°. 7. — Études de socio-psychiatrie, oar H DUICHNE et cot Paris 1968 Prix: 900 Fr. N° 8. — Rapport sur la fréquence et le sensibilité aux insecticides de pédi¬ culus humanus humanus K. Linnaeus, 1758 (anoplura) dans le sud-est de le Fronce, por R. M. NICOU, Poris 1936. — Prix: 500 Fr. N° 2. — Etude syr la moladie de Bovillaud et son troitement por J CHEVALIER. Poris 1956. — Prix: 1.100 fr. Vente des pUblicotions L’INSTITUT NATIONAL D’HYGIENE 3, roe léon-Bonnot, Poris (16°). — AUTeuil 32-84. chantiers. PREFACE Malgré le développement intensif des mesures de sécurité et des méthodes de Prévention, malgré une propagande chaque jour plus active dans les centres industriels, les accidents du travail (4. T.) ne sont bas en régression. Bien au contraire, leur nombre suit depuis ces dernières années une courbe presque régu¬ lièrement ascendante. Alors que les grands fléaux sociaux du siècle dernier — Syphilis, tuberculose — sont, grâce d nos méthodes modernes de traitement. ramenés à de plus modestes proportions, l’importance toujours croissante des accidents, leur gravité souvent considérable, leurs séquelles parfois irrémédiables font de cette Pathologie nouvelle une des préoccupations les plus urgentes des pouvoirs publics. Qu’il nous suffise de rappeler quelques chiffres pour donner une idée de la gravité du problème : E1 1953, les 4. T, ont causé numériquement plus de mutilations que le dernier conilit mondial: 1.600,000 travailleurs se sont blessés, le plus souvent Par suite d’inobservation des consignes de prudence. 4 ce chiffre il convient d’ajouter celui de 126,000 personnes blessées au cours du trajet de leur domicile A leur lieu de travail. EI 1954, le nombre total des 4. T. Sest éleué A 1.920,063, soit À une moyenne de 160,000 bar mois. Le nombre des indemnités journalières corres¬ bondant aux journées de travail perdues, a atteint 24,347,640 contre 23,422,400. l’année précédente. Le nombre d’accidents de fravait avant entvainé la mort est de l’ordre de 4.000, ceux qui entraineront une invalidité permanente s’établissent autour 4e 93,000. Eufin, sur le plan financier, les dépenses assumées bar les Caisses de Sécurité Sociale pour frais médicaux, chirurgicaux, Pharmaceutiques, d’hosbita¬ lisation, d’orthobédie ont dépassé 26 milliards. En To55, les chiffres sont blus alamants encore : un pécent pelevé établi bar la F.N.O. S. S. fait état de 2,020,007 accidents de travail. La moyenne mensuelle s’élêve ainsi à 160,000. Enfin, le nombre des accidents graves atteint 1o1.576. L’énormité de ces chiffres se basse de commentaires, Elle met, en tout cas. en évidence l’importance exceptionnelle de cette traumatologie professionnelle. Elle donne une idée de la charge que fait Peser sur l’économie nationale la troA grande fréquence des accidents qui frappent les travailleurs des usines et des LA RÉADAPIATION FONCTIONNELE DES ADULTES EN FRANCE 8 Les causes de ces innombrables accidents du tranait sont évidemment maltioles: — inbrudence, bresque totjours: — méconnaissance des dangers réels d’une machine : — surmenage, fatigue, souci d’un rendement toujours blus Boussé: — vétusté du maténel : — alcoolisme enfin, dont le rôle non négligeable a fait l’objet de recherches intéressantes : c’est ainsi que le Docteur Molle a recherché systématiquement l’alcoolémie ches s2r accidentés traités a l’H6bital Pasteur de Colimar. Il a relevé 260 alcoolémies positives, soit 48 9%. On ne beut évidemment en conclure que les accidents de ces 260 sujets soient liés à l’éthylisme, mais le taux nous barait cepbendant excessif. Plus récemment, une enquête mende dans une importante entreprise a permis de constater que les éthyliques totalisaient 200 jours d’arrêt pour accident de travail, alors qu’un groupe témoin, numériquement identique. choisi barmi des sujets sains, n’en totalisait que 12. Ces considérations dendent une fois de olus A montrer qauelle lourde charge l’individu diminué Physiquement Par l’alcoolisme imbose à la collectivité et lui-même. Quels remèdes peut-on espérer apporter à cette multiplication prodigieuse des 4. T. 2 C’est évidemment dans le domaine de la prévention qu’il convient de faire d’abord porter le principal effort, mais la prévention totale des accidents de travail représente un ideal bien difficile à atteindre. Le problème a retenu l’attention des pouvoirs publics et la loi du 30 octobre 1946, innovant en cela sur sa devancière du 9 avril 1808 qui ne s’était préoccupée que de l’indemnisation des victimes, a jeté les bases d’une organisation rationnelle de la prévention. Un Institut National de Sécurité a été, créé sous l’égide de la Sécurité Sociale et des grandes Confédérations Syndicales. Ses buts sont essentiellement les suivants : I° Développer l’esprit de securite dans le travail : 2° Procéder aux études et recherches, en vue de la prévention et de l’amé¬ lioration des conditions de sécurité et d’hygiène du travail : 3° Recueillir, élaborer et difuser toute documentation intéressant la bré¬ vention. l’hygiène et la sécurité du travail. Il n’est pas douteux que, grâce à ces, initiatives et aux efforts de propa¬ gande bien concus qui en résultent, l’avenir verra peu à peu s’amorcer une nette régression du nombre et de la gravité des accidents du travail. Quoi qu’il en soit. ces derners représentent actuellement un fleau qui, du fait même de l’évolution des techniques, n’est bas appelé à disparaitre. Il importe donc de mettre sur pied les organismes et les méthodes qui permettront, non seulement de mieux traiter le blessé, mais aussi de lui assurer une réadaptation fonctionnelle aussi rapide et aussi complète que possible. Ce doit être une réadaptation bien comprise, le Docteur Harold Balme l’a excellemment défini il y a quelques années : « La réadaptation a pour but d’écourter la convalescence, de préparer l’individu moralement, socialement, et profession¬ nellement à un meilleur genre de vie, de minimiser ses incapacités et de le suivre jusqu'à ce qu’il ait récupéré son potentiel maximum et qu’il soit de nouveau apte à gagner sa vie en toute indépendance, ». C’est précisément à cette tâche que s’est attaché le Docteur Poulizac Il l’a fait avec un soin, une conscience et une connaissance parfaite du problême. PRETACE 5 auxquels il faut ici rendre hommage. Est-il besoin d’ajouter que nous souscrivons sans réserve a ses conclusions : Le Problème de la réadaptatiton des travailleurs physiquement diminues représente un objectif infiniment vaste et d’une urgence certaine. Toute atteinte Dhysiqué, même bénigne en apparence, peut être la source de perturbations graves dans la vie journalière d’un ouvrier ou d’une famille. Comme l’écrit très justement le Docteur Pierre Houssa. « il serait inhumain et immoral, étant donnée l'’évolution sociale moderne, de laisser certains travailleurs physiquement diminués devenir une charge bour la collectivité, alors que la réadaptation peut leur rendre l’indé¬ pendance et une valeur économique importante sur le marché du travail. » Une remise au travail aussi précoce que possible et dans les meilleures conditions permettra au blessé de redevenir réellement un membre productif de la communauté. Elle est pour lui bien préférable aux diverses indemnités et pensions parce qu’elle le hibère de l’obsession d’une frustration quelconque et le maintient dans sa forme Dhysique et morale antéricure. I nous parait intile de rabeler jci les princibes et les techniques de la récubération fonctionnelle. Le travail du Docteux Poulisac, qui jette en guelque sorte les bases d’une bolitique d’action sanitaire et sociale, abborte en ce domaine toutes les brécisions souhaitables. Nous voudrions seujement attirer l’attention sur quelques boints barticuliers que notre Bratique Bersonnelle nous fait considérer comme essentiels. — Tout d’abord, l’imbortance de l’hydpothérabie. Il est indisbensable qu’un centre modemne de récubération soit équibé de biscines (collectives ou individuelles) confortables, bermettant l’hydro-massage, l’hydro-mobilisation, les bains d’immer¬ son, etc.. Plongé dans l’eau, le blessé perd emvirot o'ro de sa Besanteur: il lui est alors bossible d’effectuer des mouvements que ses muscle affaiblis ou atrobhiés ne bourraient normalement exécuter. D’autre part, l’imbression de détente bhysique, de relachement du tonus qu’abborte l’immersion est ici un facteur hautement favorable. L’hydrothérabie Prébare le sujet — et d’une façon incom¬ barable — A tirer le maxinum de bénéfice de la Kinésithérabie. — Une autye méthode, toute modemne celle-la, ménite de retenir l’attention. Il s’agit de ce que les Anglo-Saxons abbellent « ocitpationat heraby », thérabeu¬ tique ar le travail dirigé. Elle bermét d’ocuber l’ésont du patient tout en lui faisant exécuter un travail à orientation thérabeutique. Ce déblacement de l’attention est salutaire, mais les activités choisies dojvent vanier suivant les cas et s’insbirer du résultat fonctionnel grécis oue l’on recherche. Il ne beut donc s’agir d’une méthode basse-fartout, mais de brocédés de trapail soigneusement édtudiés. Ainsi concue, celtte lherabeutique de distraction aura une valeur aussi bien sur le blan bsychique que sur le plan physique. Dans le même ordre d’idée, il nous garait souhaitable qu’un centre de réadabtation organise, sous contrêle médical, des séances de jeux collectifs. Dans l’ambiance stimulante de la combétition, le blessé est cabable d’exécuter des mou¬ vements qu’il ne Bourrait réaliser « froid ». LA encore, l’atmosbhère d’obtimisme qui en résulte peut avoir d’heureux effets bsychiques. — Enfin, nous uoudrions insister sur l’imbortance cabitale d’un serice social bien charbenté dans tout centre de réducation. Dès l’admision du blessé l’assistante sociale brend contact qvec lui et s’abblique à le libérer de toute bré¬ occubation familiale ou personnelle. Durant son séjour, elle se charge de toutes les formalités administratives, mais c’est surtout à la sortie du malade que le rôle de fassent bas trop attendre. LA RÉADAPTATION TONCTIONNEUE DES ADUITES EN FRANCE 6 l’assistante sociale devient brébondérant. Elle doit 2ourvoir au blacement du blessé réadabté et suivre soigneusement son comportement professionnel et familial en sachant bien qu’une défaillance n’est jamais exclue. Il lui faut enfin convaincre les employeurs qui témoignent trop souvent d’une hostilité évidente au ré embauchage de travailleurs considérés bar eux comme Physiquement diminués. Il y a la des préjuges bien ancrés contre lesquels l’assistante sociale aura à luter, le meilleur procédé a utiliser en pareil cas étant sans doute la mise à l’essai temporaire du réadapté. Si la rééducation fonctionnelle a été bien faite, l’employeur s’aperçoit rapidement que le rendement de l’ancien blessé s’équilibre aisément quec celui de l’ensemble du Bersonnel. Toutes ces tâches et bien d’autres, longuement analysées bar le Docteur Poulisac, bemmettent de combrendre combien la récubération fonctionnelle d’un blessé grqve est chose difficile. Les techniques mtses en œuune dans les meilleurs centres ne sauraient brétendre a la berfection. Bien des difficultés surgissent qut demandent, bour être ablanies, un laborieux effort. La réussite de toute technique de réadabtation débend de bien des facteurs et en Particulier de l’âge du blessé. L’exbérience montre qu’il est toujours bius difficile de rééduauer un blessé qui a débassé la quarantaine, et surtout qu’il est indisbensable d’avoir l’adhésion Pleine et entière du blessé defuis le début du traitement jusqu’a la fin de la réadabtation. Ceci n’est bossible que si tout le bersonnel du Centre sait entvretenir un climat Psychologique favorable dans une atmosbhère d’obtimisme dynamique. Il faut que le blessé acquière la certitude qu’il guénira et bourra ultérieurement travailler dans de bonnes conditions. Il faut connaitre et enraver dès l’origine ces bhases de dangereuse débression morale qui frabbent si facilement les grands traumatisés. L’exbérience nous a abbris combien cet asbect Bsychologique du traitement était cabital. Il conditionne dans une large mesure le succès de toutes les thérabeutiques mises en œuvre. Il nous Parait inufile d’abborter des conclusions bersonnelles bour clore ce trob long quant-bropbos. Le but à atteindre est Parfaitement défini dans les conclu¬ sions du Docteur Poulisac : — crer des centres sbecialisés bier couibes, et en nombne suffsant. — former des techniciens combétents. Cette monograbhie abborte des bases solides bour atteindre ce double but gr̂ce auquel les travailleurs Physiquement diminués bourront retrouver une blace honorable bammi les ouvriers valides. Il reste a souhlaiter que les réalisations ne se Doctexr J. LECUERINATS Chef de l Section Hygiène Générale. à l'INSTITUT NATIONAL D'HYGIENE AVANT-PROPOS La Fédération Nationale des Organismes de Sécurité Sociale a bien voulu nous contier une enquête, sur la Réadaptation Fonctionnelle des Adultes, enquête que nous avons effectuée en liaison avec l’Ipstitut National d’Hygène. te but de l’enquête Notre tache était d’estimer si l’équipement français en Services et Centres de Réadaptation pouvait qualitativement et quantitativement répondre aux besoips du pays et, dans le cas contraire, de préciser comment il conviendrait de le développer. Un examen rapide, en effet, montre que beaucoup de pays étrapgers possédent un armement plus complet et en particulier un personnel plus pombreux et mieux qualitié Il est certain que les thérapeutiques fonctionnelles ont évolué sous la poussée des récents conflits mondiaux, qui réclamaient sans cesse davantage de combattants et pous n’avons pas eu, dans ces copflits, les mêmes besoins que la plupart des autres Nations. Mais, des progrès accomplis pous devons, nous aussi, tirer les conclusions pratiques : la guérison d’un malade o d’un blessé pe peut plus désormais être considérée comme acquise si l’on n’a pas obtepu, par delà le silence clinique des symptômes, les meilleures aptitudes fopctionnelles et l’adaptation la plus exacte aux exigences sociales et protessionnelles de chacun. La Sécurité Sociale française, d’ailleurs, nous en fait un devoir car elle n’est pas seulement une assurance contre les dépenses occasionnées par la maladie et l’accident, mais elle garantit, dans une tout autre perspective, « la capa¬ cité de gain des travailleurs et de leurs familles ». Nous avons pris, comme terme de comoaraison l’exemple des expériences étrangères les plus valables pour mesurer le chemin à parcourir. C’est par cette méthode « comparative » que nous avons étudié nos besoins et nos moyens du double point da vue numérique et technique. Nous avons cepepdant tenu à rechercher des conceptions qui soient compatibles avec la mentalité et la législation françaises: il n’est sans doute pas d’activité 8 LA RÉADAPTATION TONCTIONNEULE DES ADULTES EN FRANCE Nos besoins L’estimation de pos besoins devait trouver sa base objective daps les statistiques de morbidité, c’est-à dire celles qui, chaque année, fixent le nombre d’affections médicales et chirurgicales nouvelles, Parmi ces affectiops, il en est qui guérissent totalement, alors que d’autres laissept subsister des séquelles, ll importait donc de déterminer la proportion de ces dernières, puisqu’aussi bien ce sont elles qui relèvent de la Réadaptation Fonctionnelle. Nous aurions aimé pouvoir étudier en détail les différentes catégories de déficiences : les séquelles motrices et celles des affections à recbutes ou à poussées évolutives, comme la tuberculose ou le rhumatisme. Le temps qui pous était imparti nous a conduit à centrer notre enquête sur la Béadap¬ tation des hapdicapés moteurs, les principes généraux dégagés par l’étude de ce cas particutier étant, au demeurant, valables pour l’ensemble. I1 fallait également distinguer parmi les atfections suiviee de séquelles, celles qui pouvaient être soigpées en « externat » et celles qui pécessitaient l’admission dans un Centre spécialisé. Connaissant ces deux proportions, il devenait alors possible de fixer approximativement l’impor¬ tapce quantitative des orgapismes nécessaires pour rébopdre à pos besom Nos moyens L’autre aspect de l’équipement de Réadaptation, aspect qualitatif. était celui des techniques en usage, et de leur groupement dans des orga¬ nismes efficients Nous avions déjà visité les principaux centres et services hospitaliers anglais. Nous avons diù étudier les documentations, les travaux. les articles oubliés sur les réalisations françaises et prendre contact avec les plus caractéristiques d’entre elles. Nous avions, pour cela le choix entre une métbode analytique qui détaillerait les organismes les uns après les autres, et une métbode syntbhétique, résumant et groupapt leurs caractères communs de manière à dresser le plap d’une unité-type de Réadaptation et à situer le sens gépéral de l’action à entreprendre La méthode synthétique évitait d’incessantes redites qui risquaient. au surplus de laisser une grande confusion dans l’esprit du lecteur. Notre seconde partie, consacrée aux tecbniques en usage et aux structures où elles se groupent, constitue, par conséquent, une synthèse ou chaque Centre ou Service reconnaitra ses caractères dominants et verra les éléments qui sopt de nature à constituer le « dénominateur commup » de tous les organismes de réadaptation. Cette méthode était le moyen le plus commode pour dégager et comparer idées et tendances, et pour élaborer upe doctrine d’ensemble. L’enseignement de l'enquet Dans notre conclusion pous avons donc schématisé un programme d’action et le plan techpique d’une unité-type. De toute évidence, ce pro¬ blème p’est pas posé en termes upiquement médicaux 6’il réclame une étroite liaison entre médecins traitants et spécialistes de « Médecine Fonc¬ AVANT-PROPOS 9 tionnelle » il ne saurait trouver de solution concrête et efficace sans une collaboration entre ces derniers et les tecbniciens de l’Entreprise. L’adapta¬ tion au poste de travail est le but réel à atteipdre si l’on veut supprimer dans toute la mesure du possible les incidences sociales et professionnelles de la déficience. C’est dire que, comprise dans ce sens, la Réadaptation iptéresse au premier chef la Sécurité Sociale er qu’elle devient un devoir non moins impératif pour la Médecine et l’Economie dans leur ensemble. Telles ont été pos idées directrices dans ce travail. Telle a été potre méthode, ipspirée davantage par le souci de clarifier une question imprécise que de juxtaposer des commentaires analytiques sur des réalisations qui apparaissent isolées et fragmentaires si nous les comparons aux meilleurs organimes étrapgers. Paris, le 24 dcembre 1955. F. N. 0. S. S. 3, rue Coq-Héron. PLAN GÉNÉRAL DE L’ENQUETE I - INTRODUCTION II - ENQUETE STATISTIQUE III- NOTRE ÉQUIPEMENT ACTUEL IV - LES RÉSULTATS DE L’ENQUETE HPPOCRATE II. Les Besoins du pays en services de Réadaptation Fonctionnelle : A) Les statistiques existantes : B) Comment estimer nos besoins : C) Le bilan professionnel et social. II. L’Equipement actuel. IV. Pour une politique d’Action Sanitaire et Sociale : A) Une politique de coordination : B) Cuérison médicale et guérison sociale. "Prévenir vaut mieux que guérir : I - INTRODUCTION I. Le Handicap fonctionnel : A) Ses incidences professionnelles : B) Ses incidences sociales : C) Ses incidences financières : D) Ses incidences économiques. I — LE HANDICAP FONCTIONNEL A. — Ses incidences professionnelles : Il est un fait d’observation courante, et nos statistiques le confirment, que la guérison médicale d’une maladie ou d’un accident laisse fréquem¬ ment après elle des séquelles fonctionnelles débordant largement le siège de l’affection initiale. Ainsi, la fracture de Pouteau peut-elle entrainer up décalage plus ou moins important des fragments osseux, mais bien plus souvent une raideur du poignet et des doigts autant qu’une faiblesse de l’ensemble des fonctions de la main et de l’avant-bras, Il est rare qu’un traumatisme un peu important n’atteigne pas, à quelque degré, la résistance globale de l’organisme, voire le psychisme lui-même. Un tuberculeux ne saurait, au sortir du sanatorium, supporter d’emblée tes rythmes et les exigences psycbologiques d’un travail régulier. Un poliomvélitique, s’il ne peut plus marcher, ne sait pas non plus marcher, et ne sait plus vouloir marcher. LA RÉADAPTATION FONCTIONNELLE DES ADULTES EN FRANCE 14 Nous pourrions illustrer cette potion que la guérison anatomique ne correspond nullement à la guérison fonctionnelle par une foule de cas particuliers puisés dans L’expérience quotidienne du Contrôle Médical de la Sécurité Sociale, et, avec plus d’évidence encore, dans la pratique d’un Centre de Réadaptation Fonctionnelle, Il faut y voir, sans doute, la consé¬ quepce directe de la blessure ou de la maladie, de la cicatrisation plus ou moins bonne des tissus atteints. Mais c’est aussi la sanction de l’immobi¬ lisation locale et générale imposée par la thérapeutique, et de l’inaction physique et mentale du séjour hospitalier. Toute fonction inactive s’atro¬ phie, pous dit une loi biologique depuis longtemps connue et vérifiée. Et il n’en est pas autrement pour les fonctions mentales que pour les fonctions physiques. Notre terme de « Handicap Fonctionnel » comporte donc l’intrication, à des degrés divers, de déficiences psychologiques et physiolosiques, puisqu’il p’est de motricité sans déterminisme meptal et sans une exacte coordination psycbomotrice. C’est dans ce sens très large. conforme à l’expérience de la Réadaptation et à l’orientation la plus actuelle de la science médicale, que pous l’entendrons. Dans tous les cas, te « Ian¬ dicap fonctionnel » aggrave les séquelles anatomiques. l n’est plus possible d’ignorer, à une époque ou se manifeste un besoin croissant de «population active », les incidences de ce bandicap fonctionnel sur les capacités professionnelles du malade et du blessé Une déficience motrice, minime en elle-même, peut empêcher ou gèner considé¬ rablement l’exercice d’un métier spécialisé, qui demande précision et habi¬ leté. Et l’atropbie psychomotrice consécutive à une affection grave et longue provoque une désadaptation évidente, au moins transitoire, à un métier dit « de force », qui exige endurance et résistance. Le « Handicap professionnel » accompagne souvent les séquelles anatomiques et fonctionnelles. La Réadaptation Fonctionnelle est, par conséquent, cet ensemble de techniques appliquées au traitement des séquelles fonctionnelles et de leurs incidences professionnelles. A la thérapeutique médicale et chirurgicale appartient l’affection morbide : son intervention cesse lorsque s’éteignent les symptômes pathologiques. A la Réadaptation Fonctionnelle appartiennent les séquelles, et son rôle se termine lorsqu’elles sont fixées et irréversibles. et lorsqu’elles ont été compensées avec assez d’efficacité pour permettre l’exercice d’un métier compatible avec la formation professionnelle et les aptitudes restantes. l arrive cependant que, malgré les thérapeutiques fonctionnelles les plus valables et les compensations les plus ingénieuses, le métier habituel ne puisse être repris et qu’une rééducation professionnelle s’impose. Nous n’envisagerons pas cette discipline particulière, qui sort du cadre de potre enquête. Nous n’en étudierons que les relations avec la Réadaptation Fonc¬ tionnelle, car il apparait de plus ep plus utile de ne pas limiter l’appren¬ tissage d’up métier nouveau à la seule acquisition de ses notions techno¬ logiques, mais d’entreprendre parallèlement un véritable « entrainement » à ses fatigues et à ses gestes habituels. Un métier réclame une habitude mentale et physique, upe manière d’être et de penser conformes à ses diffé¬ rentes opérations, simples ou complexes, lt réclame une résistance à la fatigue c’est-à-dire un rendement biologique en tous points comparable à celui de l’athlète qui donne dans upe épreuve sa meilleure mesure. Et la perfection de ce rendement n’est-elle pas une garantie contre l’accident et la 1A RÉADAPTATION FONCTIONNELLE DES ADULTES EN FRANCE 16 également possible épanouissement individuel dans la communauté fami¬ liate et sociale. Dans une civilisation évoluée et pensée au service de l’Homme. l’intérêt collectif se superpose exactement à l’intérêt des individus. C. — Les Incidences financières du Handicap : En effet, si la Réadaptation Fonctionnelle est de l’intérêt des indi¬ vidus et s’impose pour compléter la guérison médicale et lui donner une efficience pratique, elle présente sur le plan financier et économique des répercussions considérables. La Sécurité Sociale peut nous en dopper une estimation intéressante puisqu’elle groupe déjà la plus large part de potre population active. Sur 42,774,000 habitants, nous comptons 21, 720000 assurés sociaux environ. qui se décomposent schématiquement de la manière suivante : 10,330,000 — Cotigonts ............................ — Inaptes transitoires ou défipitifs et retraités.. 1.360000 10000000 — Aants drOit ..................... ..... . Plus de la moitié de la population française bénéficie de la Sécurité Sociale. et plus de la moitié des assurés ne cotise pas. Nous pouvons remarquer l’intérêt financier d’un équilibre constant entre les cotisants et les avants¬ droit et du maintien au nivesu le plus élevé du nombre de la population active. Là encore, ce qui est vrai pour l’individu, à savoir que le piveau de vie dépend du rapport entre le salaire et les prix, l’est aussi pour l’ensemble. Et la masse des ressources de la Sécurité Sociale dépend de deux éléments indissociables : le pourcentage des cotisants et le taux de leurs cotisations c’est-à-dire le niveau de leurs salaires C’est dire que les Handicapés doivent être non seulement réemployés mais aussi replacés dans les meilleures conditions de travail et de gain. C’est aussi fixer le sens d’une politique générale qui est d’éviter ou de réduire l’Inaptitude au Travail par des efforts conjugués et coordonnés dans les domaines de la Prévention. de la Réadaptation et du Reclassement. Or, chaque année, de très nombreux accidents et des maladies de longue durée viennent notablement entamer la population active et peser lourdement sur les dépenses, Pour la seule année 1953, nous avons eu 1.245, 736 accidentés du travail, soit la proportion énorme de 12 % de la masse des cotisants : 52,560 d’entre eux ont bénéficié d’une pension, dont 43,732 à des taux supérieurs à 10 % En ce qui concerne la maladie 196,328 cotisants et avants droit ont été, en cette même année 1953. admis au bénéfice de la Lopgue-Maladie. Si nous considérons le nombre d’accidents graves suivis de séquelles indemnisées et celui des cas de Longue-Maladie, nous vovons que 248, 888 assurés au total ont été victimes d’affections susceptibles de réduire notablement leur capacité de travail. Et ce nombre croit sans cesse Pour les trois années 1949- 1950- 1951. le nombre total d’accidents graves a été de 162420, alors que pour les trois années 195 1-1952-1953 il est passé à 180, 1 19, soit une augmentation de 10 % sur la moyenne des années 1949-1950-1951. De son côté, le nombre des « Longues maladies » est passé de 150,887 en 1949 à 196,328 e 1253, sort gre dogrertator de plus de 36 %2, lIl convient de tenir INTRODUCTION 17 compte de l’augmentation du nombre des assurés, saps doute, mais nous voulions souligner les responsabilités croissantes de la Sécurité Sociale. Il est actuellement difficile de dégager de ces chiffres le nombre des Handicapés fonctionnels et encore plus le nombre de ceux qui ont subi un dommage professionnel partiel ou total De toute manière, un travailleur transitoirement ou définitivement inapte entraine dans le budget de l’organisme d’assurance la perte d’une cotisation et la charge d’une pension. D. — Les Incidences économiques du Handicaps L’Inaptitude n’est pas seulement une lourde chargè pour les orca¬ nismes d’assurance. Elle est aussi pour l’Économie la perte d’un travailleur productif, c’est-à-dire l’amenuisement du « capital main-d’œuvre » du pays. Ce capital ne peut sans doute pas toujours être apprécié de façon sensible au niveau de l’entreprise, surtout de la petite entreprise, mais il se révèle très important au niveau de la collectivité, Plus que n’importe quel autre pays, la France à valorisé sa main-d’œuvre par un ensemble d’avantages sociaux, tout en conservant up pouvoir d’achat qui, sans être le plus élevé n’en est pas moins encore appréciable. Nous attachons au tacteur bumair une valeur sans cesse accrue. D’autre part, ce capital est d’autapt plus précieux que la population active décroit régulièrement par rapport à l’ensemble : en 1778, nous comptions 7 adultes pour l vieillard: en 1950. nous n’en avions plus que 3, 3. L’âge moyen de la vie est passé de 30 ans au début du XVllle siècle à près de 65 ans de nos jours, et ceci laisse à penser que le nombre des handicapés sauvés de la sélection naturelle s’est considérablement accru. Il en résulte que nous devons utiliser au mieux notre main-d’œuvre, handicapé ou non. Là encore se rejoignent Prévention. Réadaptation et Reclassement, toutes mesures dont le dénominateur com¬ mun, celui qui devrait centraliser nos efforts et pos recherches scientifiques celui qui est certainement le plus « rentable », est l’Adaptation de l’Homme au Travail et à la Vie Sociale. La Prévention au service de l’ensemble de la population dépend du développement et de l’organisation de l’Hygiène sociale. Dans l’entreprise elle résulte, certes, de la mise en place des dispositifs relationnels ou légaux de protection des machines, mais aussi du dépistage systématique des maladies, et encore mieux du dépistage de ces états « prémorbides » ou il est encore temps d’agir pour éviter maladie ou accident, Elle résulte surtout d’une exacte adaptation, constamment vérifiée, du travailleur à son métier L’accident, par exemple, n’entraine pas seulement la charge des dépenses thérapeutiques, des indemnités journalières et des capitaux de rentes (10000,000,000 en 1953). Mais le total des pertes de temps, de l’absence de l’ouvrier, de l’arrêt momentané de la machine a pu être évalué daps des ouvrages américains, à 4 fois le cout de l’accident lui-même 5i l’on estime les dépenses de la masse annuelle des accidents du travail nous arrivons donc approximativement au chiffre étonnant de 10 milliards à la charge de la Sécurité Sociale et de 40 milliards à la charge de l’Economie sans compter la perte de mains-d’œuvre devenue définitivement inapte Eviter l'’accident et la maladie constitue un devoir collectif, et en particulier un devoir de solidarité de l’Economie. 18 LA BADAPTATION FONCTIONNEUE DES ADULTES EN FRANCE La Prévention n’intéresse pas directement notre enquête. Mais la solution du problème de la Réadaptation commence logiquement par elle. c’est-à-dire à ta fois par upe orientation rationnelle de la main-d’œuvre et par une organisation du travail lui-même, facteurs humain et technique devant s’adapter l’un à l’autre pour le bien commun de l’individu et de la production nationale. 1a Réadaptation si elle veut atteindre son objectif qui est de redonner à l’Économie le maximum de travailleurs valables doit s’attacher à résoudre concrètement les multiples désadaptations au métier. Et daps cette solution deux éléments sont aussi en présence: les handicapés qu’il faut réadapter, et le travail qui peut de son côté être modifié dans ses outils ou ses procédés. Toutes les transitions sont possibles entre la reprise du travail antérieur, sans le secours d’aucun artifice, jusqu’à la création d’un travail totalement pensé en fonction des aptitudes restantes. c’est-à-dire la reprise d’un travail dit « protégé », « spécial » ou « aménagé » dans des ateliers partiellement ou totalement consacrés à des déficients. Nous n’avons pas en France plus de 25 ateliers protégés, d’importance minime, et encore très insuffisants pour absorber ceux qui relèvent de ce genre d’emploi. Adapter le déficient au travail mais aussi le travail au déficient, tels sopt les deux acheminements de la pensée lorsque l’on s’attache à la Réadaptation de l’Homme à son Travail. 1 — LES BESOINS DU PAYS EH SERVICES DE RÉADAPTATION FONCTIOMNELE Ces considérations générales sur le Handicap fonctionnel et sur ses incidences sociales et professionnelles pous amènent à souhaiter l’esti¬ mation du nombre des handicapés actuels pour mesurer l’ampleur de l’équipement de Réadaptation nécessaire, Sommes-nous si loin des statistiques anglo-saxonnes, d’après lesquelles, sur 905,000 handicapés apparus en cina apnées, le Bovaume-Uni a pu en réadapter et en réemployer effectivement 887,000, soit 98 2% 2 A. — Les Statistiques existantes : Nous disposons pour la France de deux chiffres malheureusement assez peu éloquents parce qu’ils ne sont pas appréciés en fonction de l’Inaptitude au travail Le recensement de la population du 10 mars 1949 révèle 425, 329 infirmes déclarés, dont 258,55 l hommes et 166, 988 femmes. soit 1 %% de la population. De son côté, le Docteur B. Lafay, dans un projet de loi concernant la Réadaptation et le Reclassement, situait aux environs de 1.500,000 le chiffre des handicapés physiques, soit 3 % de la popu¬ lation, qui se décomposerait schématiquement de la manière suivante : 400,000 tuberculeux. 50,000 cardiaques. 42,000 aveugles. 39,000 sourds-muets. 19 Le chiffre fourni par le recensement de la population se rapproche sans doute du nombre des inaptes au travail et celui du Docteur Lafay du nombre total des sujets atteints d’un handicap fonctionnel, mais nous sommes très Une enquête est actuellement entreprise dans le département de l’Aisne pour tenter d’y dénombrer les handicapés fonctionnels et protes¬ sionnels. Elle rencontre des difficultés assez considérables : l'’imprécision de nos statistiques vient du fait que le dépistage et te bitan de la déficience Nous avons donc tenté de trouver, dans les Caisses de Sécurité Sociale, des potions plus précises : l’indemnisation de l’inaptitude et de l’incapacité permanente partielle devait, en effet, inciter ces organismes à s’entourer du maximum de moyens techniques propres à établir des bilans exacts. Les accidents du travail, en particulier, qui sont les causes les plus fréquentes de déficiences motrices, sont le monopole de la Sécurité Sociale et leur étude est à la fois commode et démonstrative. Dans cette recherche, nous avons pensé plus utile de dénombrer les déficients nouveaux qui se présentent chaque année, plutôt que d’esti¬ mer le nombre total des handicapés L’état de nos besoins dépend direc¬ tement de ce nombre, car un équipement ne saurait être pensé en fonc¬ tion d’un retard à combler mais du rythme normal qui découle des besoins nouveaux à satisfaire. Nous avons également pensé que les services attachés administra¬ tivement ou médicalement à la Réadaptation nous dopperaient un matériel statistique utile, pour estimer les résultats déjà obtenus Un centre de réadaptation expérimenté, en particulier, possède des documents qui décrivent les progrès réalisés, et nous permettent d’apprécier l’efficacité des techniques employées. Nous avons interrogé dans cet esprit l’Institut de Réhabilitation de Nancy. Nous avons enfin essavé, par une enquête statistique dans une Commission de Reclassement de situer aoproximativement les incidences professionnelles des séquelles fonctionnelles Ce travail n’est malbeureu¬ sement qu’indicatit car les Commissione de Beclassement ne sopt pas des services de dépistage et de bilan systématiques flles se borpent à résoudre les cas qui leur sont soumis et qui sont une fraction mipime de tous les cas d’inaptitude oartielle ou totale. C. — Le Bilan protessionnet et social. S’it est relativement aisé de saisir le pombre d’accidentés et de malades nouveaux et d’apprécier leurs séquelles fonctionnelles, nous ne INTRODUCTION 120,000 paralysés. 1700 blessés de guerre (depuis 1940) 100,000 accidentés du travail. 150000 malades mentaux. 85 000 amputés. 337,000 divers. loin d’une estimation exacte ne sont pas organisés. B. — Comment estimer nos besoins. LA RÉADAPTATION TONCTIONNEUE DES ADULTES EN FRANCE pouvons pas pour autant en dégager une notion exacte de leurs incidences Pourtant, cet élément est à notre sens capital si l’on veut aboutir à l’organisation d’un système de Réadaptation conforme à pos besoins. Nous avons vu les deux aspects de ces techniques, attachées successivement au côté médical puis au côté professionnel du Handicap fonctionnel : leur efficacité pratique dépend beaucoup d’une réadaptation à un travail bien Il est courant de dire, après l’expérience des Commissions de Reclas¬ sement, qu’un handicapé physique n’est pas un handicapé professionnel. Nous avons pu voir d’étonnantes reprises de travail d’un bon nombre de mutilés graves, soit que le métier ne nécessite pas l’utilisation des fonctions déficientes, tel cet amputé des deux jambes reprenant un travail de bureau soit que le déficient, à force de volonté, développe ce que nous avons appelle des « compensations » de sa déficience. Ainsi l’aveugle lit-il en Braille apprend-il les positions et gestes d’un travail sur machine, et arrive-t-il à vérifier par son seps tactile des pièces très fines ou à réaliser des assem¬ blages délicats. Or, aucun service spécialisé n’est actuellement en mesure de dénombrer systématiquement cette catégorie des « handicapés profes¬ sionnels » que l’on pourrait réadapter à un métier convenable, c’est-à-dire ceux qui sont déjà employés à des postes secondaires, au-dessous de leurs possibilités réelles, comme ceux qui sont totalement inemployés. Aucur service, à plus forte raison, n’est en mesure de dénombrer les « handicapés sociaux ». La loi de Sécurité Sociale, cependant, évolue dans le sens d’une indemnisation toujours plus exacte de l’Inaptitude. En ouvrant largement. par le décret du 20 mars 1955, le droit aux soins, le Législateur canalise les efforts des Caisses vers une estimation des incidences sociales et profes¬ sionnelles du handicap physique. Il ne s’agit plus tant d’attacher les presta¬ tions en espèces à telle ou telle maladie, et de les régler selon la destinée propre de cette maladie, que d’indemniser une incapacité globale de travail. C’est considérer la maladie de manière plus concrète : notre enquête entre dans le sens de ces préoccupations, car il devient de plus en plus important de mettre à la disposition des assurés les moyens les plus efficaces de réduire leur inaptitude, et à la disposition de la Sécurité Sociale les moyens d’en estimer de plus en plus exactement le degré, la nature et les copditions. Il s’agit la, non plus d’un diagnostic, pi même d’un bilan de séquelles anatomiques, mais d’un inventaire détaillé des causes d’inadaptation à up travail déterminé. Et ces causes sont multiples, liées à l’état physique et mentat, comme aux possibilités de Réadaptation, de Rééducation et de Réemploi. Nous verrons l’orientation que oeut donner une telle perspective à un « contrôle médical » exactement conforme à ces définitions légales de la Sécurité Sociale, et aussi à son équilibre financier et à ses responsabilités humaines. I1 n’est pas exagéré de dire que la Sécurité Sociale remplira ou non sa mission selon qu’elle saura penser et adapter ses rouages administratifs médicaux et sociaux en fonction de l’évolution voulue par le Législateur et selon qu’elle saura comprendre l’esprit de cette évolution et pe pas se 20 sur la capacité sociale et professionnelle cboisi. rielle et morale. NIRODUCTON 21 limiter à tre lettre qui est toujours rétrécissement de l’esprit la loi d’Asis tance du 2 aout 1949, intégrée dans le code de l’Assistance de 1953, et qui suit pas à pas la Sécurité Sociale, pous permet d’ajouter que, dans l’ensemble du pays, le problème de la Réadaptation sera d’autant mieux résolu que nous disposerons d’organismes de dépistage, de bilan et de trai¬ tement de l’Inaptitude, mis au service de toutes les catégories sociales. Ut — L’EQULPEMENT ACTUEL Après avoir tenté d’évaluer pos besoins quantitatifs et qualitatifs en matière de Réadaptation Fonctionnelle, pous entreprendrons l’étude de notre armement actuel. Nous avops, dans ce but, visité les services et centres existants et pris conpaissance d’un certain nombre de projets. Nous avons pu constater la grande diversité de leurs conceptions techniques et administratives, et vu l’importance d’une définition exacte des organismes soubaitables. Une mise au point s’impose, car la densité et la répartition des services suscep¬ tibles de répondre à pos besoins dépend très étroitement de leur structure et de leur définition. Devons-nous rechercher une extension des « centres » de Réadap tation fonctionnelle, créant ainsi ces « lieux de conquête de la guérisop » où seront réunies et conjuguées les nombreuses disciplines de psychothé¬ rapie, de traitement fonctionnel et d’adaptation au métier : Devons-nous au contraire organiser des « Services Hospitaliers » qul soient en mesure de réaliser une thérapeutique fonctionnelle d’autant plus plus efficace qu’elle sera précoce et systématique 2 Devons-nous enfin souhaiter davantage la création de centres dits de « réentrainement au travail », qui seront ces antichambres de l’usine où la Réadaptation trouvera ses objectifs concrets et sa spécialisation en vue de fatigues et de gestes déterminés. Et si nous réalisons ces trois sortes d’organismes, puisqu’ils montrent tous trois une suffisante importance pour se justifier, comment les articulel entre eux pour qu’aucune perte de temps et aucune divergence de vues n’atténuent le bénéfice des progrès acquis 2 Notre travail n’aura pas été iputile s’il permet au moips la clari¬ fication et la systématisation de cette question, complexe pour qui veut s’) attacher soigneusement, et dont nous avons reconnu l’importance maté¬ IV — POUR UNE POLITIQUE D’ACTION SANITAIRE ET SOCIALE Nous situerons, pour terminer, la Réadaptation fopctiopnelle dans le cadre d’une politique d’Action Sapitaire et Sociale du pays. Cette poli¬ tique, pour être cohérente, doit savoir associer, nous l’avons vu, la Préven¬ tion comprise dans son sens le plus large, avec les Soins, la Réadaptation et le Reclassement. 22 LA RÉADAPTATION FONCTIONNEHE DES ADUITES EN FRANCE A. — Une politique de coordination Pour sa part, la Réadaptation est encore tiraillée entre deux tendances qui menacent toutes deux de l’absorber : la tendance « médicale », qui considère la thérapeutique fonctionnelle comme partie intégrante des soins et la tendance « professionnelle et sociale » qui en voit surtout les relations avec la psychophysiologie appliquée, et la dissocie volontiers du climat quelque peu « passif et attentiste » de l’hôpital. Ces deux tendances ont leur raison d’être mais à des stades ditté¬ rents. Chacune d’elles ne peut prétendre résoudre le problème, car elles sont complémentaires. C’est dire que les services consacrés à l’upe et à l’autre doivent fonctionnel en parfaite liaison et totale communauté de conception. Située entre la médecine de soins et l’économie, la Réadap¬ tation les réunit l’upe à l’autre. Il est évident que pour stimuler et perfectionner les techniques en usage, nous avons besoin d’une recherche scientifique particulière, dont les deux préoccupations majeures soient, d’une part, l’étude des séquelles et de leurs traitements et, d’autre part, celle de la psychophysiologie du travail. Bien plus, les résultats de ces recherches doivent être enseignés à tous ceux qui touchent de près ou de loin aux problèmes de l’Inaptitude et de la Réadaptation : assistantes sociales, employeurs, associations des bandi¬ capés, syndicats ouvriers, responsables des services de l’Emploi et de la Sécurité Sociale, et surtout médecins ou futurs médecins Sans cette for¬ mation et cette information nous n’aboutirions pas à upe collaboration valable de tous les services responsables, car on ne s’attache pas à une. œuvre dont on n’a pas compris personnellement la nature et la portée. Aussi dominant et réunissant Médecine et Économie, nous voyons l’intervention de l’Enseignement des Facultés de Médecine, resoonsables techniques de l’organisation et des progrès de cette spécialité nouvelle mais pleine de promesses que nous appellerons « la Médecine Fonctionnelle ». dont pous pouvons entrevoir les relations intimes avec la Médecine du Travait. Or, Médecine, Economie et Enseignement ne peuvent agir en ordre logique et de manière cohérente que si une coordination les réunit au niveau des organismes de Réadaptation eux-mêmes, It n’est plus possible, si l’on veut aboutir à des solutions efficaces, de marcher en ordre dispersé en ce domaine où sont si parfaitement conjuguées les disciplines de l’adaptation de l’bomme au travail, Il n’est plus possible, devant l’ampleur des moyens à mettre en œuvre et la spécialisation des techniciens, d’imaginer une théra¬ peutique fonctionnelle isolée, entre les seules mains du praticien ou de son auxiliaire. Un travail d’équipe s’impose, de même qu’upe conception « syn¬ thétique » de l’individu, ou soient réunies ses composantes mentales et physiques, ses exigences médicales et sociales. Tet est le sens d’une politique d’Action Sanitaire et Sociale à la mesure des responsabilités du pays, Il va sans dire qu’un ordre d’importance et d’urgence doit être établi, pour que soient franchies avec la meilleure efficience, les étapes qui pous conduiront à un armement complet. B. — Guérison médicale et guérison sociale La notion de guérison médicale est arrivée à un stade où elle apparait de plus en plus imprécise, car elle est mal dégagée des traditions passées IININUOUIIN 23 et encore peu adaptée aux exigences futures. Il est difficile de comprendre. alors que la médecine n’a pas encore réalisé son indispensable insertion dans la vie sociale et professionnelle, ce que peut être une « guérison sociale », qui est le retour à un équilibre exact entre l’individu et son cadre d’existence quotidien. C’est dans ce seps que nous avons interrogé nos différentes statistiques, pour y découvrir les raisons objectives de pous pencher sur les éléments qui constituent ce que les textes appellent « la garantie et la capacité de travail et de gain ». Le temps est venu, semble-t-il. maintenant que la presse et la radio ont largement préparé les esprits, et que nous n’avons guère envisagé que des généralités, de jeter les bases d’une organisation technique précise au service de ceux qui, autrefois rejetés dans les cours des miracles, sont encore trop souvent condamnés à l’assistance et espèrent une légitime reconnaissance de leur droit au travail et à l’indé¬ pendapce. Trop de déficients sont encore abandonnés à leur propre inspiration. Trop souvent le corps médical se désintéresse du « fonctionnel » pour ne penser qu’à l’ « anatomique ». Une médecine fonctionnelle se cherche et doit se trouver, médecine psychosomatique qui saura considérer le malade comme un tout indissociable, soumis à des exigences morales et biologiques bien définies. Qu’il nous soit permis d’avancer que son avenir dépend beaucoup de la manière dont sera résolu le problème de l’organisation des services de Réadaptation, et de leur « enracinement » dans les réalités du monde du travail et de la vie quotidienne. Il n’est de véritable guérison, pour l’individu comme pour la société, qui pe soit à la fois médicale et sociale. Le principe de l’action comme But de l’humanité. substitué à ls contemplation, a pénétré aujourd’hui partout. dans les sciences, dans l’histoire dans l morale. 2S P H1 - ENQUÊTE STATISTIQUE A. — Les Accidents du Travail : Statistiques générales: les AT, en France pendant l’année 1963. Enquête sur les séquelles d’Accidents du Travail (Caisse Régionale de Paris). B. — Les Maladies : a) Statistiques de Lopgue-Maladie et d’Invalidité. b) La Poliomyélite. C. — Statistiques des Centres et Services actuels de Réadaptation : Les services externes de Réadaptation Fonctionnelle. Le Centre de Réadaptation de Gondreville. l a Commission de Reclassement de Nancy. La Commission de Reclassement de la Main-d’œuvre à Paris. D. — Conclusions de l’Enquête Statistique. A) LES ACCIDENTS DU TRAVAIL Statistiques générales Les accidents du travail en France pendant l’année 1953. L - NOMBRE D’ACCIDENTÉS Du TRAVAIL Pour L’ANINE 1955 (non compris maladies professionnelles et accidents du trajet) J. — Classification des Caisses Régionales Ce premier tableau nous donne une idée d’ensemble sur le nombre d’accidents du travail dans les 16 Caisses Régionales de France, Il nous montre surtout que la proportion des accidents du travail se situe aux 26 LA READAPTATION FONCTIONNIEHE DES ADULTES EN FRANCE appée. Dans l’absolu, il y a 10 hommes accidentés pour l femme, Paris. Lille et tvon totalisent à eux seuls environ 50 %% de l’ensemble des accidents. Lille et Lyon totalisent à eux seuls environ 50% de l'ensemble des accidents. Si nous ajoutons les accidents du trajet et ceux des régimes spéciaux. pous avons pour l’année 1953. 947 012 régime général 98 787 accidents de raiel 191,366 régimes spéciaux soit 1237, 165 accidents du travail et de trajet. Rapporté au pompbre total d'’assures oui est de 8 770 280 ce chiffre donne la proportion de 14 %% d’accidentés du travail et de trajet. Les régimes spéciaux en comptent 25 %. 1 — NOMBRE D’ACCIDENTS DU TRAVAIL POUR L’ANNéE 1953 (pon compris les accidents de trajet et les Maladies Professionnelles) 1. — Accidents par Branche d’Activité ta métallurgie et te bâtiment se présentent comme tes familles professionnelles les plus éprouvées. C’est dans le textile que les femmes sont te plus souvent accidentées. La densité accidents/assurés est la plus forte dans le « Bâtiment ». les « Pierres et Terres à Feu », la « Métallurgie » et les « Transports et 27 ENQUETE STATISTIQUE Manutentions ". Dans les régimes spéciaux, les mines sont particulièrement touchées puisqu'elles présentent une densité de 47% II - ACCIDENTS GRAVES (non compris les maladies professionnelles et les accidents de trajet) 25 LA BEADAPTATION FONCTIONNELE DES ADUUTES EN FRANCE A elles seules, les rentes de moins de 10 %% sont aussi nombreuses que les reptes de plus de 10 %2. Ce fait nous indique avec évidence que les séquelles fonctionnelles légères méritent autant d’attention que les gros handicaos : aipsi est posé dans son ampleur le problème de la réadaptation bospitalière destinée à éviter et à réduire ces nombreuses petites séquelles. trop discrêtes pour justifier un cooteux séjour dans un centre spécialisé. Notons aussi le chiffre de 16, 128 802 jourpées d’incapacité tempo¬ raire, qui représente une très lourde charge pour la collectivité. peut prc ccupeuxe ET PROPORTION DES ACCIDENTS CRAVES (pon compris maladies professionnelles et accidents de trajet) Nous avons classé te nombre d’accidents par rapport au nombre d’assurés, et établi la proportion des accidents graves par rapport au nombre total d’accidents. Les deux classements ne se superposent pas, à tel point que Nancy présente la plus forte depsité mais l’upe des proportions les plus faibles d’accidepts graves : ce qui sigpifie que les accidents bénins y sont très nombreux (77688 soit 95 %6) et méritent un effort de prévention au même titre que les autres. La proportion des accidents graves est la plus importante à Macseille, tvon et Montpellier, et la plus faible à Strasbourg. Mais à la notion de gravité de l’accident ne faut-il pas ajouter celle de la qualité du traitemept initial et de la réadaptation dont dépend l’état anato¬ mique et fonctioppel du blessé 2 Rappelons que Strasbourg possédait en 1953 notre seul centre français de Traumatologie. IV - JOURNÉES D’INCAPACITÉ TEMPORAIRE (L. T.) La lopgueur de l’Incapacité temporaire devrait, en principe, corres¬ pondre à la gravité de l’accident. Or Toulouse, par exemple, présente cette. particularité d’avoir une faible densité d’accidents et la durée moyenne d’Ipcapacité Temporaire la plus lopgue, alors que Paris a une depsité très ENQUETE STATISTIQUE 2 forte, une proportion d’accidents graves aux atentours de la moyenne, et la durée d’ipcapacité temporoire la plus courte. D’autre part, les séquelles importantes sont plus fréquentes en proportion à Paris qu’à foulouse: 11 %0 IPp de - de 10 %1 à Toulouse et 86 % à Paris %2 ipp de — de 10 %. C’est dire que pous devons attacher à la qualité des traitements chirurgicaux et fonctiopnels autant qu’à l’efficacité du contrôle, aux mesures de reclassement et au « facteur bumain », un rôle pon négligeable dans la lopgueur des arrêts de travail. Remarquons aussi que la durée moyenne d’I. T, est notablement plus élevée pour les accidepts de trajet que pour les autres accidents : 28,4 jours contre 17. Conclusion : En ce qui concerne la Réadaptation, les statistiques générales des accidents du travail nous montrent qu’il subsiste des séquelles fonction¬ nelles et anatomiques au moment de la consolidation médicale dans 6 % des cas. La plupart de ces séquelles pourraient être évitées ou améliorées par un traitement tonctionpel, mais nous devons préciser dans quelle mesure. Nous devons aussi définir de quelle manière peut se réaliser ce traitement spécial de Réadaptation, soit dans un service externe, soit par l’admission en internat dans un Centre. Conpaissant la répartition des bandicapés dans l’une et l’autre caté¬ gories nous pourrons estimer les durées moyennes des traitements et en déduire l’importance des services et centres nécessaires. La comparaison des techniques en usage dans les différents organismes actuels, français et étran¬ gers, pous permetfra epfin d’établir quelques principes généraux et le scbéma 6 gre rrteztype susceptible de servir de modèle aux cIcatOrs rocor cs 30 1A BÉADAPTATION TONCTIONNTHIE DES ADULTES EN FRANCE Enquête sur les séquelles des accidents du travail (Caisse Régionale de Paris : Année 1953). Dans l’étude suivante, pous avons analysé les dossiers d’accidents du travail de la Caisse Régionale de Paris liquidés en 1953. Nous n’avops retenu que les dossiers de rentes supérieures à 10 %, car les séquelles peu importantes relèvent en principe d’une réadaptation en service « externe ». Or ce qui intéresse notre enquête est surtout la répartition des handicapés graves : combien, parmi eux, relèvent également d’une réadaptation en exterpat et combien doivent être admis en internat dans des centres pour un traitement fonctionnel spéciatisé et intensit 2 La première question à résoudre est donc : — quelles sont les séquelles babituelles des traumatismes du tra¬ vail, leur répartition, leur ordre de fréquence et d’importapce 2 Et par « séquelles » pous entendons : — l’IP.P, moyenne des diférentes lésions : — les impotences fonctionnelles qui résultent à la fois de la lésion et de l’immobilisation tbérapeutique (longueur de l’I.T.). Il nous a semblé intéressant et significatif de rapporter à 1.000 acci¬ dents l’ensemble des cas étudiés, c’est-à-dire des 8.718 dossiers de rentes. supérieures à 10 % : c’est bien up pourcentage que nous rechercbons. Nous avons aipsi calculé, par lésion, la moyenne des L.T., le taux moyen d’IP.P. la répartition selon l’âge et le sexe des assurés. Nous avons ensuite détaillé et classé les séquelles de chaque lésion. Qu’il nous soit permis de remercier ici MM les Médecins chefs et Directeurs de Caisses qui ont facitité notre tâche et nous ont procuré les moyens de la mener à bien. Parmi les tésions laissant des séqueltes sugérieutes à 10 %, celles du membre supérieur sont les plus fréquentes, puisqu’elles atteignent la pro¬ portion de 548 960. Elles ont une durée moyenpe d’incapacité tempo¬ raire de 119 jours et une LP.P. de 25,8. Les femmes sont victimes de ces lésions graves du membre supérieur dans la prooortion de l pour 3 hommes. et ce sont les assurés de plus de 50 ans qui sont les plus atteints (deux fois plus souvent que les jeunes de 0 à 30 ag). La léeion la olus tréquente, apcès les plaies de la main, est la fracture de Pouteau. L’IPP, la plus forte a été attribuée oour les fractures du grapd os. Viepnent epsuite les scalps de la main, très longs et délicats à soigper : de nombreux éléments nerveux, vasculaires et tendineux sont blessés, amenant une impotence globale de la main. Les élongations du plexus brachial sont suivies de troubles sensitifs et moteurs très graves, de même que les plaies contuses du bras et de l’avant-bras. Les fractures de Pouteau laissent le plus tréquemment des séquelles chez les assurés de plus de 50 ans, de même que les luxations de l’épaule et les fractures du col chirurgical de l’humérus. Les lésions de la main et des dojets copstituent à eltes seules la moitié des lésiops du membre supérieur : leur IT moyeppe est de 127 jours et leur lPP moyenne de 28 %%. Elles sont donc très mutilantes et très longues 31 ENQUETE STALISTIQUE à guérir, ce qui pous incite à souligner l’importance d’une (érageutique chirurgicale compétente pour ces traumatismes dont les incidences sont si graves. Comme dans toutes les statistiques, les moyennes sont d’autant plus siepificatives qu’elles s’appliquent à un plus erand nombre de cas. Ainsi. pous pouvons affirmer que les chiffres relafifs à la fracture du Pouteau sopt plus éloquents que ceux qui se rapportent à la fracture du grand os ou au scalp de la maip par exemple. 32 LA READAPTATION FONCTIONNELLE DES ADULTES EN FRANCE II - SEQUELLES DES LESIONS DU MEMBRE SUPERIEUR ENQUETE STATISTIQUE 33 34 1A BÉADAPTATION FONCTIONNTUE DES ADULTES EN FRANCE ENQUETE STATISTIQUE 35 Un élément constant domine les séquelles des tésions du membre. supérieur : la raideur de l’articulation voisine de la lésion. Mais les séquelles fonctionnelles débordent largement le siège de la blesure et la fréquence du syndrome « Epaule-Main » en est une preuve assez courante, Pour les plaies, piqures et coupures des doigts, l’amputation est la règle dans la moitié des cas sans pour cela que l’on aboutisse à up résultat fonctionnel satis¬ faisapt. Très souvent les raideurs sont associées à une notable perte de force de préhension de la main alors que ce handicap dynamique n'est pas tou- jours objectivé par une atropbie musculaire Il faut sans doute ajouter à l’obstacle anatomique un coefficient eubjectif qui np’en est pas moins réel. Pour agir il faut vouloir et la volonté p’est pas spécialement entrainée par le séjour hospitalier t’actiop musculaire est réellemept une association sensori-psycho-motrice et le traitement fonctionnel n’est pas complet s’il pe s’adresse à ces trois éléments imbriqués. Les lésions du membre intérieur cont moins nombreuses que celles du membre supérieur : 312 260 contre 548 260. Mais elles sont plus longues 32 LA RÉADAPTATION TONCTIONNELE DES ADULTES EN ERANCE à guérir, bien que n’entrainapt pas une lPP moyenne supérieure : 167 jours contre 119 et lpP de 22 8 contre 25 8 Les femmes sont potablement moins atteintes que les hommes (4 fois moins environ) et les assurés de 30 à 50 aps davantage que les plus jeupes et les plus vieux. Les plaies et br̂lures eptrainent les incapacités les plus longues. ainsi que les fractures du fémur. Dans ces différents cas, la nature du traite¬ ment d’urgence importe au premier chef, tant pour éviter les infections secondaires que pour réduire des tractures particulièrement eraves en raison d’une rapide rétraction de muscles vigoureux. Les 1PP tes plus fortes suivent les br̂lures, plus graves encore que pour le membre supérieur, ainsi que les fractures du témur. Remarquons que pous avons éliminé les blessures multiples, peu ips¬ tructives sur le plan statistique : nous n’avons retenu que les lésions bien défipies. 11 — LÉSIONS DU MEMBRE INFÉRIEUR ENQUETE STATISTIQUE 37 IV — SEQUELLES DES LESIONS DU MEMBRE INFERIEUR 38 1A PEADAPTATION EONCTIONNELE DES ADULIES EN FRANCE ENQUETE STATISTIQUE 39 40 LA READAPTATION TONCTIONNELIE DES ADUITES EN FRANCE Les mêmes remarques peuvent être faites pour le membre inférieur et pour le membre supérieur : les séquelles fonctionpelles débordent le siège de la lésion. Mais ici les signes objectifs en sopt plus nets : l’atrophie rruScurare est plus rrequente, signe evident que la statique et la marche développent une action musculaire plus importante que l’utilisation du membre supérieur. Les troubles trophiques et circulatoires sont presque constants, et pous ne pouvops igporer que la circulation est certes liée à l’état du muscte cardiaque et des tuniques vasculaires, mais aussi à la valeur des contractions des muscles du membre inférieur qui réalisent un véritable massage des vaisseaux. L’expérience prouve d’ailleurs que les œdèmes post¬ fracturaires, cèdept très rapidement à l’exercice musculaire, aidé au besoip d’une bande élastique de contention. Les astbénies et atropbies pusculaires ont d’autres répercussions graves, puisqu’elles aboutissent à l’affaissement des vodtes plantaires qui ne sont plus soutenues par les arcs tendineux habituels, et à de multiples déviations dans les diftérepts plans. Et nous remarquons des inflammations articulaires plus spectaculaires que pour le membre supérieur : le poids du corps aggrave l’inflammation post-traumatique. V — TETE ET TBONC Parmi les blessures de la tête et du tronc les fractures du crine et de la colonne vertébrale sont natucellement les plus tongues à guérir. Mais comparativement aux fractures du fémur elles sont moins graves et ceci est une potion intéressante. Il n’est oas étonnant que les contusions lombaires et les efforts soient également des lésions longues et graves, Il n’est peut-être pas d’affections ENQUETE STATISTIQUE 41 VI — SÉQUELLES DES LÉSIONS DE LA TETE ET DU TRONC 42 LA RÉADAPTATION FONCTIONNELE DES ADUUTES EN ERANCE chirurgicales si directement liées au « fonctionnel » et l’on connait encore très mal leur traitement. Creftes osseuses et tractions vertébrales ont tour à tour dominé la thérapeutique, sans que l’on ait pu apprécier nettement les ipdications et résultats des unes et des autres : il semble toutefois que les traitements fonctionpels prennent le pas sur les traitements chirurgicaux. Les hommes, et en particulier ceux de 30 à 50 ans sont particu¬ lièrement sujets à ces lésiops de la tête et du tronc. Dans l’ensemble, sur 1.000 accidents ataves nous ne comptons que 140 traumatismes de la tête et du tronc, qui présentent l’Incapacité tempo¬ raire la plus courte (99 jours contre 1679 et 1 19 pour les membres iptérieur et supérieur) et une l.P.P. poins forte que celle du membre supérieur (252 % contre 25,8 %). Parmi les séquelles des traumatismes et fractures du crâne, les troubles subjectifs prennent la première place, Ils en sont les copséquences obligatoires, à des degrés divers, et comportent l’association de troubles. psyehiques : — iritabilité du caractère. — perte de la mémoire rapprochée. avec des troubles peuro-végétatifs plus ou moins pombreux, en particul — Vertiges. — céphalées, surtout occipitales. L’hypoacousie, l’anosmie sont assez fréquentes. Les lésions de l’œeil ont en général des conséquences graves, et l’on doit souligner l’iptérêt d’une prévention systématique de ces traumatismes qui représentent 36 (% de l’ensemble des accidents. Un corps étranger de l’œeil immobilise en moyenne aussi longtemps qu’un traumatisme du crâne. La réadaptation des troubles subjectifs des traumatisés du crâne revêt une importance particulière, et nous avons pu observer d’excellentes techniques apglo-saxonnes, basées sur la relaxation neuro-psychique et la rééducation de l’équilibre. Nos tecbpiques françaises sont malheureusement 46 LA GEADAPTATION PONCHONNEIE DES ADUITES EN PANCE LONCUE MALADIE rance entiete de 1950 à 1954, efatistqutes cpoupapt le palalies selon leurs incidences fonctionnelles INVALIDITÉ France entière de 1950 à 1954: Statistiques groupant les maladies selon leurs incidences fonctionnelles ENQUETE STATISTIQUE 47 chaque année, puis le rhumatisme avec 9.000 et un certain pombre de cas de tuberculose osseuse, luberculose, rbumatisme et, psycboses demandent une réadaptation sous une surveillance médicale spécialisée. Aussi, voyons-nous se dégager, d’après ces chiffres, un ordre d’urgence de l’équipement de réadaptation, dominé par l’importance de ces deux catégories des handicapés « moteurs » et des handicapés « cardiorespira¬ toires p. lIl est très difficile de se faire une opinion sur les proportions de malades qui relèvent d’une réadaptation et de ceux qui guérissent sans séquelles. Au total, 22 %% de ces malades graves deviennent invalides. Mais nous ne pouvons savoir combien sopt des invalides définitifs. Nous pensons approcher la vérité en avancant qu’au minimum 50 6 de ces malades admis en Longue Maladie bénéficieraient d’une réadaptation médicate ou profes¬ sionnelle, qui écourterait leur ipaptitude ou améliorerait les conditiops de Paopaehe lhat coaE D) LA POLIOMYÉLITE Les statistiques de l’Institut Nationat d’Hygiène pous ont permis de nous faire une opinion sur la fréquence de la poliomvélite et sur sa répartition selon les âges. Nous remarquons une assez grande variation du nombre de cas nouveaux d’une année sur l’autre : la moyenne est de 1.417 cas par an. Les enfants et adolescents de 0 à 20 ans sont toucbés dans la proportion de 19 % dont 10 %6 ont de 0 à 14 ans. STATISTIQUE DES CAS DE POLIOMYELITE 1) Evoltution de 1949 à 1953 : 2) Année 1953 : 0-14 ans : 706 621 14-20 sans : 8,0 96 1 de 20 ans : 20,5 % 3) Places disponibles dans les centres de réadaptation Enfants : 1013 Adultes : 273 ENQUETE STATISTIQUE 49 Enfin, si des centres spécialisés sont justifiés pour la « réduction » des séquelles motrices, par contre le « réentrainement au travail » peut être réalisé dans des centres où les poliomyélitiques seront réunis avec les autres handicapés. Nous étudierons les raisons techniques de ce regrou¬ pement au dernier stade de la réadaptation, c’est-à-dire au moment où les séquelles ne peuvent plus rétrocéder et où il faut adapter le déficient à la vie sociale et professionnelle. C) STATISTIQUES DES CENTRES ET SERVICES ACTUELS DE RÉADAPTATION — LES SERVICES LEXTERNES » DE RÉADAPTATION FONCTIONMELLE. Dans les deux études suivantes, nous avons groupé les résultats du fonctionnement de services « externes » de réadaptation fonctionnelle à Paris et ceux du ceptre de Condreville à Nancy. Pour que puissent être comparés les cas ambulatoires et ceux qui nécessitent l’admission dans un centre, nous avops utilisé les rubriques établies à Paris par le service du contrôle médical de la réadaptation fonctiopnelle. Elles mériteraient une revision dans un sens plus conforme aux réalités actuelles de la réadaptation. Dans l’ensemble, les traitements « externes » s’adressent plutôt aux handicapés du membre supérieur, sauf les handicapés graves, 72 % des traitements ont été justifiés par ces lésions du membre supérieur, dont 36,6 7% pour des lésions des doigts, 244 %% seulement s’appliquaient au membre inférieur dont 13 3 %% pour des lésions du pied. Les traumatismes de la colonne vertébrale sont très rarement pris en charge dans ces conditions. Les traitements « internes » à l’ipverse s’appliquent surtout aux lésions du membre inférieur et aux traumatismes vertébraux 60 6% des cas traités à Condreville sont des traumatismes de ce genre, alors que 40 %% intéressent des lésions graves du membre supérieur. Ces considérations confirment très nettement les critères que nous avons avancée en conclusion de la ctatistique des accidents du travail. Si les proportions de lésions du membre supérieur soignées au centre de Condre¬ ville ont été plus importantes que celles que nous avions envisagées dans l’absolu c’est que l’éloignement géograpbique de beaucoup de blessés a imposé de plus pombreuses admissions en internat: le problème est différent dans une grande ville comme Paris. Notre proportion de 20 62 de déficients relevant d’un traitement en internat est valable pour Paris et constitue un minimum pour ls province. Nous pouvons aussi constater qu’un centre de réadabtation utilise la Kinésithérapie de préférence aux axents physiques, contrairement aux services externes : les agents physiques représentent dans le dernier cas 58 7% des traitements et dans un centre :14 6% seulement. Mais là pous devops reconpaitre que les centres suivent plus rapidement les progrès techniques et que leurs structures sont plus favorables à l’exercice actif pendant des temps assez longs. Une séonce de Kinésithérapie y dure au mnoins une demi-journée, ce qui est peu réalisable dans un service « externe » et à plus forte raison en clientèle privée. LA RÉADAPTATION TONCTIONNELE DES ADUITES EN FRANCE 50 REPARTITION DES SÉQUELLES TRAITÉES PAR UNE RÉADAPTATION (Caisse régionale de SS de Paris: Année 1953) FONCTIONNELLE EN SERVICE « EXTERNE » 1 — LE MEMBRE SUDÉRIEUR A) Doigts : Séquelles traitées A) Doigts : Nature des traitements et nombre de séances La moyenne des séances par malade est de 48, et nous remarquons une plus grande fréquence pour les handicapés âgés de plus de 50 ans. D’autre part, alors que 26.995 séances de traitements « passifs » ont été réalisées, la kinésithérapie n’en totalise que 18,489. 1 — LE MEMBRE SUPERIEUR B) Poignet : Séquelles traitées 52 LA RÉADAPTATION FONCTIONNEUIE DES ADULTES EN TRANCE 1 — LE MEMRBE SUPÉRIEUR B) Poignet : Nature des traitements et nombre de séances Les fractures du poignet constituent la part la plus importante des lésions de cette région principalement chez les persoppes Agées l es trai¬ tements fopctionnels ont du être plus nombreux que pour les doigts, ave 57 séances par malade contre 48. C) Coude: Séquelles traitées ENQUETE STATISTIQUE 53 1 — LE MEMBRE SUPÉRIEUR C) Coude : Nature des traitements et nombre de séances D) Fpaule : Séquelles traitées 54 LA RÉADAPTATION TONCTIONNELIE DES ADULTES EN FRANCE 1 — LE MEMBRE SUPÉRIEUR D) Epaule : Nature des traitements et nombre de séances Les contusions de l’éoaule sont presque aussi nombreuses que l’epsemble des fractures et luxations : 158 contusions pour 175 fractures et luxations. Elles ont des séquelles aussi pombreuses et aussi graves (LP.P moyenne de 23 % pour 20 %% de moyenne des fractures du col buméral. du trochiter, des luxations et eptorses, alors que la durée de l’LT, est sensi¬ blement la même). Le nombre moyen de séances de traitement fonctionnel est d’ailleurs important : 55 séances pour 57 séances consacrées au poignet. 48 aux doigts et 50 au coude. Notops que nous trouvons pour cette région le seul exemple où Agents physiques et. Kinésithérapie ont une fréquence à peu près équivalente (12. 17) pour les uns et 11521 pour l’autre). L1 — LE MEMBRE INFÉRIEUR A) Tibio-tarsienne et Pied : Séquelles traitées les hommes et les femmes. ENQUETE STATISTIQUE 55 11 — LE MEMBRE INFÉRIEUR A) Tibjo-tarsienne et Pied: Nature des traitements et nombre de séances Les fractures des malléoles, simples ou associées, sont tes plus nom¬ breuses, Elles ont entrainé deux fois olus de traitements passifs que tinési¬ thérapiques et ont atteint à peu près également les trois tranches d’Âge. B) Cepou : Nature des séquelles B) Cenou : Nature des traitements et nombre de séances 56 LA B́ADAPTATION TONCTIONNELE DES ADULTES EN FRANCE 11 — LE MEMBBE INFÉRIEUIR C) Coxo-fémorale: Séquelles traitées 57 ENQUETE STATISTIQUE 11— LE MEMBRE INEÉRIEUR C) Coxo-fémorale: Nature des traitements et pombre de séances Il — COLONNE VERTÉBRALE Séquelles traitées 58 LA READAPTATION FONCTIONNELLE DS ADULTES EN FRANCE III - COLONNE VERTEBRALE Nature des traitements et nombre de séances IV - LESIONS NERVEUSES Séquelles traitées ENQUETE STATISTIQUE 59 IV — LÉSIONG NERVEUSES Mhature des t'aitementes et popbre de séapces Y — LÉSIONS DIVERSES Séquelles traitées Nature des traitements et nombre de séances 60 LA RÉADAPTATION FONCTIONNELE DES ADUITES EN ERANCE BÉCAPITULATION DES TRAITEMENTS EXTERNES DE BÉADAPTATION EONCTIONNELLE (1953 - CR.S.6. Paris). Les services externes de réadaptation utilisept encore les agents physiques dans une très large mesure, malgré les enseignements des techni¬ ciens apglo-saxons. Nul doute que le développement de services hospitaliers et privés n’entraine une extension de ta kinésithérapie. Un service bospitalier, en effet permet d’articuler au mieux et d’harmoniser Kinésithérapie et agents physiques. Le succès du traitemept dépend, non de la perfection de l’une ou de l’autre techpique, mais réellement de leur parfaite associatiop. Il est certain, après pos visites daps les services actuels, que par delà les structures qui pourront être réalisées, l’avenir de la réadaptation dépendra surtout du nombre et de la compétence du personnel qui les animera. Un handicapé soigné en service externe suit en moyenpe 51 séances de traitement fopctionnel. Si nous prenons l’exemple de la région parisienne, nous avons déterminé que 12 792 bandicapés ambulatoires pouvaient être soignés dans ces copditiops. Or. 5 l séances correspondent schématiquement à deux mois d’un traitement suivi, ce qui signifie qu’en permanence 2, 132 accidentés du travail devraient être, avec un équipement idéalement complet, pris en charge dans des services externes. ENQUETE STATISTIQUE 61 Le Ministère de la Santé estime, dans la circulaire du 29 septembre 1953 fixant les conditions d’agrément des services et centres de réadap¬ tation, qu’it faut l Kinésithérapeute pour assurer te traitement de 10 handi¬ capés. Cette condition légale pous semble correspondre à la réalité technique. Pour les seuls accidentés du travail, la région parisienne, par exemple devrait disposer de 215 techniciens de ce genre répartis dans les services externes bospitaliers ou privés, et formés aux procédés modernes de la réadaptatiop. — LE CENTRE DE RÉADAPTATION DE CONDREVILLE. Le Centre que pous avons choisi pour étudier le traitement des déficients admis en « ipternat » est l’Ipstitut de Rébabilitation de Nancy. Il présente la caractéristique, à peu près unique en France, de réunir en un même organisme des services de soins bospitaliers de traitements « externes » et « internes », et un Centre de réentrainement au travail. Cette heureuse réupion nous a permis de préciser la destinée professionnelle des bandicapés et de voir dans quelle mesure peut être indiqué un « réen¬ trainement au travail » dans le cadre de la Réadaptation Fonctionnelle. Cet élément n’est malbeureusement pas connu des services « externes » et une semblable lacune nous permet de soubaiter pour ces services la collaboration d’un Service Social compétent, qui soit en mesure de prendre réellement en charge les bandicapés jusqu’à leur reprise ettective de travail. à l’image de ceux dopt sont dotés les centres fonctionnant en internat. La réadaptation se présente réellement comme un tout, dont l’aboutissement est la reprise du travail. Les chiffres fournis par l’analyse des dossiers du Centre de Réadap¬ tation de Nancy nous montrent qu’effectivement les lésions traitées en « interpat » sopt surtout celles du membre inférieur, de la tête et du tronc. et les lésions graves du membre supérieur. Il nous moptrent également : — que les sujets jeunes sont plus souvent soignés que les suijets g6́s. ce qui correspond à une préoccupation dominante de n’admettre que des bandicapés « améliorables », et un développement encore limité de la « compensation » des séquelles définitives que la tinésithérapie est la métbode la plus utilisée (85 %% des séances pour 13 % de séances d’agents physiques) : que le réentrainement au travail entre pour 18 séances dans les 8l séonces consacrées à chaque handicapé. L’extension de cette dicipline encore à ses débuts permettra sans doute d’augmenter ce chiffre en même temps que seront améliorés les résultats professionnels : que le réentrainement au travail a cependant permis le retour au travail immédiat dans 65 9 des cas : que le séjour au centre de réadaptation fonctionnelle est en moyenne de 50 jours pour un centre polyyalent ce qui confirme les chiffres apglo-saxons (4 1 à 50 jours pour te centre de Farnbam Park). Nous pouvons en conclure que, pour une capacité de 75 lits le Centre peut accueillir environ 500 malades de toutes catégories par ap. Ce chiffre permet à chaque région d’estimer ses besoins, si l’on sait que 20 %2 des 62 LA BÉADAPTATION PONCTIONNELE DES ADULTES EN FRANCE traumatismes graves sont justiciables d’un traitement en ipternat. Ainsi. dans la région de Nancy, par exemple, nous notons que chaque année. surviepnent 3, 766 accidents graves: 20 % de ceux-ci correspondent à 753 traumatisés justicisbles de l’admission dans un centre et 3013 d’uo traitement externe. Si l’on organise un centre polyvalent, admettant tous les handicapés moteurs, il faut ajouter à ce chiffre de 753 celui des malades poliomvétitiques et rhumatisants et celui des affections peurologiques. Ettectivement le Centre de Condreville est insuffisant, et pous en avons la preuve dans les délais d’admission et dans la sélection sévère des cas admis. Aussi est-il question de construire un second centre à Bourbonne¬ les-Bains, ou seront traités et réadaptés les « retards de consolidation » des fractures et les rhumatisants. 1— LE MEMRRE SUPÉRIEUR A) Doigts : Séquelles traitées B) Poignet: Séquelles traitées ENQUETE STATISTIQUE 63 I - LE MEMBRE SUPERIEUR C) Coude: Séquelles traitées D) Epaule: Séquelles traitées I- LE MEMBRE SUPERIEUR A) Doigts: Nature des traitements et nombre de séances B) Poignet: Nature des traitements et nombre de séances 64 1A PEADAPTATION (ONCTIONNEIE DES ADUITES EN FRANCE 1 — LE MEMBRE SUPÉRIEUR C) Clde Mhatce des daltement, et copbe de seame D) Epaule : Nature des traitements et nombre de séances 1 — LE MEMBRE INFÉRIEUR A) Tibio-tarse et Pied: Séquelles traitées ENQUETE STATISTIQUE 65 11 — LE MEMBRE INFÉRIEUR B) Cenou : Séquelles traitées C) Coxo-fémorale : Séquelles traitées A Tibjo-tarsienne et Pied : Nature des traitements et nombre de séances LA READAPTATION FONCTIONNELE DES ADULTES EN TRANCE 66 L — LE MEMBRE INT́RIEUR B) Cepou : Nature des traitements et pombre de séances C) Coxo-fémorale : Nature tes trartoments et orure de séances 11 — COLONNE VERTÉBRALE ET DIVERS Séquelles traitées Nature des traitements et nombre de séances BÉCAPITULATION DU TRALTEME EN CENTRE DE READAPTATION FONC (1) Chaque journée eat comptée comme une aéance de traitem NT DES TRAUMATISMES TIONINELLE (1954 - LR. Nancy) nemept au Travail. LA BéADAPTATION FONCTIONNEUE DES ADULTES EN TRANCE 68 ORICINE PROFESSLONNELLE ET CAUSES DES ACCIDENTS SOIGNES A GONDREVILLE Ce tableau, utile pout une étude de la prévention des accidents (importance des paputentions et chutes) pous montre aussi la répartition des familles professionnelles dans l’organisation du Centre de Réentrai¬ RÉSULTATS DU CENTRE DE RÉADAPTATION DE CONDREVILLE ENQUETE STATISTIQUE 69 — LA COMMISSION DE RECLASSEMENT DE NANCY. Cette enquête fut réalisée en collaboration avec le Service Social de la Caisse Régionale de Nancy, qui est respopsable du Secrétariat du Beclassement des handicapés assurés sociaux pour la circonscription de Meurthe-et-Moselle, flle réupit le travail de deux anpées. Nous avons pour la commodité de la lecture, rapporté à 100 les différents cas relevés. Répartition des lésions et leurs incidences. Les lésions du Membre inférieur sont les plus graves du point de vue de leurs incidences professionnelles. Il s’agit d’ailleurs de blessures importantes, puisque le temps moyen d’I.T, est de 409 jours et l’LP.P. de 37 %, Elles comportent, avec les lésions de la Tête et du Tronc, une proportion plus forte d’insuccès du Reclassement (chômage) que celles du Membre supérieur (24 %% contre 16 2%), Elles entrainent aussi le plus grand nombre d’amputations : 24 % contre 15 % pour le membre supérieur (il s’agit paturellement des seuls candidats au reclassement), Il en résulte que l’on doit s’attacher tout spécialement à la réadaptation de ces deux catégories de lésions du Membre inférieur et du Tronc et de la Tête. Nous confirmons là notre opinion qu’elles relèvept d’une admission en inter¬ nat dans des centres bien équipés particulièrement utiles pour un réen¬ trainement tapt physique que mental à l’activité: 409 jours d’arrêt de travail opt saps aucun doute de graves incidences à ces deux points de vue Consolidation médicale et sociale. Nous remarquons également que si la consolidation est très longue à iptervenir, retardée qu’elle est par l’importance de l’inaptitude, elle est en général décidée avant le reclassement effectif : en moyenne, la décision de la Commission de Reclassement survient 12 l jours après la date de copsolidation et le réemploi effectif est loin de suivre immédiatement cette décisiop. Ce fait nous semble grave sur les plans technique, législatif et humain, car les délais d’attribution et le taux de la pension (33 %2 en moyepne) condamnent l’assuré à une existence bien difficile pendant tout le temps qui sépare la consolidation du réemploi : n’est-ce pas une raison suffisante pour soubaiter que soient précisées les notions de « guérisor médicale » et de « guérison sociale et protessiopnelle » 2 La réadaptation et en particulier le réentraipement au travail per¬ mettraient de prepdre le déticient en charge et de le conduire activement à cette guérison professionnelle, dont la Sécurité Sociale est légalement responsable, « pour garantir les assurcés et leurs tamilles contre les risques de toute nature susceptibles de diminuer leur capacité de gain ». Rééducation et reclassement. Notons ausi qu’une experience de 13 apnées a permis à cette Commission de Reclassement de Nancy de voir combien étaient fragles les résultats de la rééducation professionnelle. Les chiffres le contirment. car les rééduqués, qui ne constituent que 22 % des bandicapés (parce qu’ils sont très soigneusement orientés) ne sont réemployés dans le meter apPrt 70 LA READAPTATION FONCTIONNELLE DES ADULTES EN FRANCE que dans 45 %% des cas. Nous avons eu l'occasion de souligner combien l’apprentissage était insuffisant s’il p’était complété par un entrainement physique et mental : cette perspective est de nature à modifier profondément les centres de rééducation professionnelle actuels. Nous sommes heureux de pouvoir confirmer la compétence et le dévouement des placiers et des assistantes sociales, dont l’action se révèle fort efficace, puisqu’il ne reste que 22 %% de chômeurs et d’inaptes, ce qui est le résultat le plus satisfaisant que l’op puisse constater si on le compare aux statistiques des autres Commissions de Reclassement. 1 — MEMBRE SUPÉRIEUR : Lésions (en pourcentage). L. — MEMBRE SUPÉRIEUR: Le reclassement ENQUETE STATISTIQUE 1 1 — MEMBRE INF́RIEUR : Lésions (en pourcentage). 1 — MEMRRE INFÉRIEUR: Le reclassement 11 — TETE ET TRONC: Lésions (en pourcentage). 72 LA READAPTATION FONCTIONNELE DES ADUUTES EN FRANCE 1I1 — TéTE ET TRONC: Le reclassement RÉCAPLTULATION DE L’ENQUETE SUR LE FONCTIONNEMENT DE LA COMMISSION DE RECLASSEMENT DE NANCY Accidentés du gravail 1 - Répartition : 11 - Amputations : 16 2% 111 -— L.T, et L.P.P, moyennes : ENQUETE STATISTIQUE 3 IV - Temps moyens de reclassement : V - Rééducation professionnelle et réemploi des rééduqués : VI - Béemploi des autres cas : — LA COMMISSION DE RECLASSEMENT DE LA MAIN-D’GUVRE A PARIS (consacrée aux chômeurs non pris en charge par la Sécurité Sociale) : » Statistiques générales comparées de 1953 et 1984. A noter que les entrées connues dans les Centres de Bééducation Protessionnelles (1 10 en 1954) ne correspondent certainement pas aux entrées effectives. N’étant pas orcanisme de prise en chatge, la Commission n’est pas toujours renseignée sur ces entrées: 74 LA BEADAPTATION TONCTIONNELE DES ADUITES EN ERANCE Répartition par déficience des diminués physiques vus au service de Reclassement Professiopnel, 113, rue Cardinet, entre le l° janvier et le 31 décembre 1954. Soit, en groupant les déficients selbon la nature de leurs séquelles : 3° Répartition des handicapés par qualification professionnelle antérieure à l’affection (pour 1.000 dossiers) : encore 60 % de métiers « de force » de manœeuvres ou d’ouvriers ENQUETE STATISTIQUE 75 4° Répartition par profession de 1.000 déficients avant tenu dans l’emploi : Nous pouvons remarquer, dans ces statistiques, les éléments suivants — Une tendance à préférer de plus en plus le placement direct à la réédu¬ cation professionnelle, car ce service, comme tous les services similaires. a constaté les difficultés de la rééducation, tant pour l’apprentissage lui¬ même que pour le réemploi en fin de stage. — Les difficultés du placement, puisque les résultats coppus pous montrent que le 1/3 seulement des handicapés pris en charge par le service a pu être placé. — Les éléments intéressant directement notre enquête, c’est-à-dire les proportions de déficients groupés selon ta nature de teur handicap, montrent la prédominance des déficients moteurs, cina fois plus nom¬ breux que les sensoriels, et l’importance à peu près équivalente de l’ensemble des tuberculeux et insuffisants cardiorespiratoires, Toutefois. pous devons soulignet que les digestifs les rénaux, les malades de la putrition, qui, de quelque manière sont atteints dans leur état général et relèvent du réentrainement à un travail convenable, posent uD problème non pégligeable, puisqu’ils totalisent 31 %% des inaptes. Les handicapés sollicitant teur reclassement sont d’autant moins nom¬ breux qu’ils sont plus agés. Les sujets de 18 à 30 ans constituent le 173 de l’epsemble des travailleurs désireux de reprendre une activité professionnelle. Les métiers exercés antérieurement par les salariés devenus ipaptes sont dans une proportion de 80 %2 des métiers de mangeuvres ou d’ouvriers spécialisés. tes métiers repris après reclassement sont assex variés et comportent 76 1A BÉADAPTATION FONCTIONNELE DES ADULTES EN FRANCE spécialisés. Aussi n’est-il pas conforme à la réalité de réserver systé¬ matiquement aux handicapés des métiers dits « secondaires » ou des postes « doux ». Cette potion ne peut qu’être confirmée si l’on organise un rationnel Réentrainement au Travail, qui ouvrira très largement les portes du Marché du Travail à ceux qui pe sont pas des diminués pro¬ fessionnels, mais des désadaptés transitoires. D) CONCLUSIONS DE LENQUeTE STATISTIQUE 1 — SYSTÉMATISATION DE LA RÉADAPTATION TONCTIONNELLE ET ESTIMATION DE NOS BESOINS : Nous avons remarqué l’existence de deux groupes principaux de déficients, les moteurs et les cardio-respiratoires, auxquels il faut ajouter les mentaux, les sensoriels, les malades de la nutrition, et bien entendu les enfants et les vieillards qui n’entrent pas dans le cadre de potre travail. Les moteurs comportent les traumatisés les rhumatisants et le groupe des poliomyélitiques et des paraplégiques que l’on peut isoler en raison des caractères particuliers que donnent à la déficience fonctionnelle les phénomènes neurologiques : — les rhumatisants présentent des localisatiops musculo-articulaires, sujettes à de fréquentes poussées évolutives, qui imposent l’association d’une thérapeutique symptômatique aux procédés de réadaptation actifs et passifs : — les poliomvétitiques les paraplégiques et les neurologiques ont des déficiences qui résultent d’une atteinte du système nerveux, et l’étroite association fonctionnelle sensori-psychomotrice réclame la mise en œuvre de techniques complexes, ou se combinent la psychotbérabie. la Kinésithérapie, l’ergotbérapie et les agents physiques : les traumatisés peuvent se rapprocher des uns et des autres selon que prédomipent les séquelles articulaires ou psycbomotrices, mais les techpiques sont plus simples, parce que les déficiences motrices pe résultent pas de processus infectieux généraux, mais babituellement de l’immobilisation ou de processus mécaniques qui ont des racines moips protondes : — les cardio-respiratoires comprennent deux groupes principaux, les tuber¬ culeux et les cardio-respiratoires non tuberculeux : — les fuberculeux sont à traiter à part, en raison de la nécessité d’une étroite surveillance médicale de la réadaptation. Celle-ci est dominée par tes tecbniques de récupération de l’amplitude et de l’efficience respiratoire en même temps que par celles d’un entrainement général à l’exercice musculaire — les non-tuberculeux comprepnent les ipsuffisapts respiratoires. broncbiteux cbroniques, astbmatiques, empbysémateux, chez lesquels interviennent à des degrés divers l’insuffisance du débit circulatoire. Aussi pouvons-nous inclure dans ce groupe les déficients cardiovascu¬ ENQUETE STATISTIQUE 77 laires qui présentent écalempent des ipeutisapces variabte de La vepti. lation pulmonaire. Ce groupe est important, puisqu’il représente 16 %% des « longues maladies » que nous avons isolées et 26 %, des « ipvali¬ dités », alors que les psychoses n’en représentent respectivement que 10 22 et 12 %. — Les malades mentaux, les sensoriels et les malades de la putrition forment des groupes très particuliers. Les premiers sont obligatoirement traités, pendant leur période de réadaptation, sous la tutele des hôpitaux psycbiatriques. lIl est cependant soubaitable de constituer pour eux des blocs où ils trouvent des conditions d’existence voisines de la vie normale. Le cas des malades de la putrition n’a pas encore été envisagé dans le cadre de la médecine fopctioppelle. Il semble intéressant de se dégager peu à peu des conceptions théoriques pour insérer davantage ces malades dans les conditions concrètes de la vie sociale et profes¬ sionnelle : la diététique et l’exercice pe peuvent trouver leur équilibre exact que dans une application pratique aux tâches babituelles des bandicapés. Nous avons donc cette première notion que la systématisation des handicapés en quelques catégories ne vecouvre pas exactement les classi¬ fications pathogéniques. Les nécessités du diagpostic et du traitement qédical et chirurgical imposent une spécialisation poussée, alors que les nécessifés de la réadaptation conduisent à un regroupement selon la nature des séquelles. Nos besoins, tels qu’ils se dégagent des statistiques peuvent être ainsi estimés pour la population des assurés sociaux : 1 — SÉQUELLES BéNICNES BELEVANT D’UINE BÉADAPTATION EN EXTERNAT : A) Déficiences motrices : 50,000 9) Accidents du travait (80 %% des L.PP.)........ Autres accidents et séquelles motrices (neurologi¬ 10,000 ques, tuberculose osseuse, etc.).............. b) Rhumatisme (estimation approximative à 50 %% des cas de longue maladie)..................... 5.000 B) Déficiences cardiorespiratoires non tuberculeuses (50 6% des cas de longue maladie)...................... 8,000 C) Psychoses et psychonévroses (même estimation)..... 5.000. D) Autres aftections médicales (maladies de la nutrition 4000 6n particulier)................................ rotat...... 82000 78 LA RÉADAPTATION TONCTONINIEIE DES ADLLTES EN FRANCE H — GÉOLEL LES COAVES PELIEYANT DLINIE PEADAPTATIRNS INTERNAT : A) Déficiences motrices : Actnr d NL202 , 155 12,000 Autres accidents et séquelles motrices (neurologi¬ 10000 ques, tuberculose osseuse, etc..) 5.000 b) Rbumatisme C) Poliomvélite 1.500 B) Déticiences cardiorespiratoires : a) Tuberculeuses........ b) Non tuberculeuses... 50,000 800 Co 4000 Total......, 95,500 C) Psychoses et psychonévrôses D) Autres attections médicales. Nous avons donc, schématiquement, 175.000 déficients nouveaux. chaque année, qui relèvent d’une réadaptation médicale et professionnelle. Les handicapés moteurs et les insuffisants cardiorespiratoires sont à eux seuls au nombre de 160,000 et méritent une attentiop particulière. Les ser¬ vices et centres qui leur sont destinés semblent devoir être spécialement encourasés et développés. Si pous considérons à la suite des règlements de la Santé Publique et conformément aux résultats de nos statistiques, qu’il faut 1 kinésithéra¬ peute pour soigner 1O bandicapés et que la durée moyenne des traitements est de 2 mois, nous en concluons : — que pour réadapter 93 500 déficients moteurs it faut environ 1600 masseurs kinésithérapeutes répartis dans les différentes régions et dans les différents organismes : — que pour réadapter 28,500) bandicapés en internat it faut une cinquaa¬ taines de centres spécialisés, consacrés aux enfants et aux adultes. La Réadaptation apparait nécessaire dans la plupart des cas de traumatologie et dans un grand nombre d’affections médicales. A tel poipt que Médecine de soins et Médecine fonctiopnelle sont obligatoirement associées. La Béadaptation prend de ce fait un aspect tel que le terme lui¬ même de Réadaptation devient inexact : on ne réadapte que des séquelles déterminées, alors qu’il convient d’abord d’éviter qu’elles ne s’installent. Le terme plus gépéral de « Traitement Fonctionnel » permettrait de recouvrir les deux stades de Prévention et de Réduction des séquelles ces deux mani¬ festations de la Médecine Fonctionnelle pendant et après le traitement médical. 80 LA RÉADAPTATION FONCTIONNELE DES ADUUES EN FRANCE Mais, surtout, il deviendrait possible, par les pécessités d’une codi¬ fication précise, d’orienter les investigations et l’action médico-sociale des Médecins-Conseils. Nous vovons là le moyen le plus concret et le plus efficace d’aboutir à une doctrine d’ensemble et de clarifier par une expé¬ rience étendue la question de la Réadaptation. Actuellement mesure d’exception, elle deviendrait la règle et la préoccupation majeure d’up contrôle dont le but n’est pas seulement de constater, mais d’agir dans le sens des intérêts du malade, c’est-à-dire de sa réinsertion sociale et professionnelle : le Médecin conseit est l’associé et non le contrôleur du Médecin traitant. Et la copdition d’une collaboration utile est qus le Médecin conseil puisse apporter au Médecin traitant tous les éléments qui manquent à son information : les données sociales et professionnelles, les possibilités de réadaptation et de reclassement. Aussi vovons-nous la notion de Médecin conseil peu à peu transformée en celle d’équipe médico-sociale comprenant tous les techniciens nécessaires à un bilan complet de l’inaptitude, médecin. psychotechpicien, assistante sociale, services administratifs en particulier. MVIais hous Y reviendrops dans le chapitre suivant. B) Pour la Sécurité Sociale. Les études statistiques éclairent de la même façon la gestion admi¬ nistrative et la politique générale de la Sécurité Ssociale Elles révelent les chapitres de dépenses les plus importants, selop les maladies, selon les profesions, selon les traitements aussi, Puique le but recherché est la reprise du travail, quels sont les moyens les plus efficaces pour y atteindre 2 Quelles sont les modalités les plus valables de la réadaptation, quels sont les techniciens les plus utiles pour obtenir une complète guérison sociale 2 Des fonds importants sont réservés chaque année à l’Action Saai¬ taire et Sociale. Allons-nous suivre la politique de l’offre et de la demande et pous contenter de satisfaire les demandes selon un pourcentage qui variera en fonction directe de leur nombre et de leur importance 2 Allons¬ nous au contraire porter le maximum d’efforts sur telle création vitale pour résoudre l’une ou l’autre des difficultés révé̂lées par les enseignements de la statistique 2 Il p’est pas d’autre moyen d’être «efficace » et de bâtir des programmes judicieux. C) Pour la Recherche Scientifique. Le Corps Médical, de son côté, ne peut manquer de comprendre l’intérêt de la métbode statistique sur le plan de la rechercbe scientifique. Tel traitement, compte tenu de son prix, de ses modalités, de l’équipement qu’il suppose, est-il couronné de tout le succès soubaitable du triple point de vue anstomique, fonctionnel et social 2 Mais aussi, quelles sont les destipées des différentes maladies. quelles sont leurs séquelles babituelles qu’il convient d’éviter en temps utile et par quels procédés 2 Nous n’insisterons pas sur ce point la méthode statistique avant largement conquis droit de cité en tant que méthode scientifique, surtout depuis la mecarograbrre. Ere Poceue à la fois de la « méthode comparative ». ENQUETE STATISTIQUE 81 essentielle en biologie bumaine, et de la « méthode expérimentale » puisque l’on peut, daps un cadre aussi vaste que celui d’une région ou d’un pays. trouver des lots de malades assez pombreux et des méthodes de traitement assez variées pour les confronter valablement. Pour rester dans tes limites de notre enquête, nous pensons que la Réadaptation ne peut trouver meilleure assise objective que la méthode statisfique pour orienter et affermic ses techniques : c’est dans la mesure ou ces statistiques doivent s’inscrire, pour être complêtes dans des staris¬ tiques plus générales, que nous avons insisté sur l’importance de cette métbode pour, les Médecins conseils, les Médecins traitants et la Sécurité Sociale. Il'est tout à fait chair que lhorixon de lobservation médecale de la vie est incomparsblepent plus vaste que le champ des mapieststion vitales observées par les physioloaistes dans leurs laboratoires L. PANLOY II - NOTRE ÉQUIPEMENT ACTUEL LES TECHNIQUES 1 — La Réadaptation médicale. A) La Médecine Physique: — Flectrotbérapie. — Hydrothérapie. — Massages. — Autres agents physiques : B) L’Exercice. — Kinésitbérapie. — Frgotbérapie. — Psychotbérapie. — Service social. — Prothèse. 11 — La Réadaptation protessionnelle. A) Réentrainement au travail et Ergothérapie : B) Réentrainement au travail et Rééducation professionnelle : C) Les Buts du réentrainement : D) Les Moyens. 111 — Les Disciplines apnexes. Documentatiop, diététique. N- L. Pscosa. A) Les Médecins : — Spécialistes de Médecine Physique. Aṕcialistes de Medecine Fonctionnelle 84 LA RÉADAPTATION FONCTIONNELE DES ADULTES EN TRANCE B) Les Auxiliaires : — Kinésithérapeutes. — Ergothérapeutes. — Psychologues. — Autres techniciens. LES STRUCTURES 1 — Sur le plan individuel. 11 — Sur le plan collectif : a) Les services hospitaliers : b) Les centres de réadaptation : — Précocité du traitement. — Equipemept techpique. — Polyvalence ou spécialisation : c) Le réentraibement au travait: — Le bilan professiopnel et social. LA LECISLATION 1 — Détinition légale. 1 — Les Procédés de réadaptatiop. 11 — Les Etablissements : — Décret du 6 janvier 1950 : — Arrêté du 29 septembre 1953. IV — La Prise en charge des traitements. V — Le Contrêle médical. Services et Centres actuels de Réadaptation fonctionnelle Services hospitaliers. Centres de réadaptation fonctionnelle. LES TECHNIQUES Avant d’étudier la structure des services et centres actuels de Réadaptation fonctionnelle, nous voudrions d’abord analyser les techniques en usage, sans tenir compte de leurs différents modes de groupement. Alors que cette question est si diversement concue et réalisée il nous est apparu logique de rechercher ainsi les bases d’une nécessaire unité, concré¬ tisée par la définition d’une spécialité médicale attachée au bilan des séquelles de la maladie et de l’accident, et à leur traitement : la Médecine Fonctionnelle, dont les deux aspects sont la Réadaptation Médicale et Réenfrainement au Travail. 1 — LA RÉADAPTATION MÉDICALE NOTRE éQUIPEMENT ACTUEL 85 A - La Médecine Physique : Depuis fort lopgtemps, les traités médicaux font une large place à l’action thérapeutique des agents physiques, tets que soleil, air, eau¬ chaleur, etc. Le développement considérable de l’étectricité est venu ajouter à ces éléments naturels toute une gamme de possibilités nouvelles. Telle inflammation articulaire est combattue par, l’application de chaleur, les bains de paraffine, ou par certains procédés électrothérapiques comme les ravons infra-rouges, les opdes courtes, les ultra sons. Telle dégé¬ pérescence neuro-musculaire est corigée par la gymnastique que réalise l’excitation électrique des éléments atrophiés. Le cancer a trouvé dans les Rayons X et les substances radioactives l’un de ses traitements les plus efficaces. Beaucoup d’affections médicales sont soignées par des agents physiques : la copgestion hépatique par les douches locales, l’hyperexcita¬ bilité nerveuse par les bains chauds généraux sédatits, la déminéralisation. la dévitalisation et les troubles de la croissance par l’héliotbérapie naturelle ou artificielle. Les stations thermales associent volontiers l’utitisation médi¬ camenteuse de l’eau ep usage interne et son application externe selon d’infinies modalités. Les stations climatiques vantent à juste titre les effets heureux du changement d’air et les actions spécifiques de tel climat mon¬ tagnard ou marin sur telle déficience particulière. A son point de déve¬ loppement extrême, l’emploi des agents physiques a donné naissance aux nombreuses écoles dites « naturistes », qui refusent toute autre thérapeu¬ tique que les manœuvres diététiques pour l’usage ipterne et l’application de ces agents physiques pour l’usage externe. a) L’Flectrothérapie. Parmi tous les traitements physiques l’électrotbhérapie tient main¬ tenant la première place. Une spécialité médicale a été créée pour qu’elle soit confiée à des techniciens connaissant l’électricité médicale et son utilisation dans le diagnostic et le traitement t a plupart du temps radio¬ logie et électrothérapie sont réunies dans un même service, ce qui semble logique et soubaitable du point de vue pratique mais qui impose des locaux très vastes, un appareillage couteux et des auxiliaires compétents. Si pous reprenons notre distinction entre symptômes et séquelles des affectiops médicales et chirurgicales nous pouvons dire que l’électro¬ thérapie s’applique aux uns et aux autres : elle est à la fois une thérapeu¬ tique de soins et une thérapeutique fonctionnelle, Elle peut faire céder up symptôme et aussi lever un obstacle douloureux cicatriciel ou circulatoire à la mobilisation pusculo articuaire Rien plus elle réatise une véritable Kinésithérapie des groupes peuro-musculaires déficients par l’excitation galvanique ou faradique. Loutefois, elle ne saurait à elle seule, constituer toute la Médecine fonctionnelle, Elle n’en est qu’une très petite partie, occasioppelle d’ailleurs. dans la mesure où son action favorise l’exercice, et lorsqu’elle réalise une modalité de cet exercice par des courants spéciaux. Il ne peut donc êfre duestion de superposer Flectrothérapie et Médecine Fonctionnelle, puisque LA PÉADAPTATION TONCTIONNEULE DES ADULTES EN TRANCE 86 cette derpière, attachée au seul traitement des séquelles, utilise et conjugue dans ce but de très nombreux autres procédés. b) L’Hydrothérapie. L’hydrothérapie est également un agent physique propre à favoriser l’exercice. Les bains chauds, par exemple, permettent upe mobilisation plus facile et plus poussée des articles déficients. L’exercice dans l’eau d’une piscine, et la marche en particulier, sont actuellement recherchés dans de pombreux cas de radeurs ou d’atrophies. Les effets décontractants et décongestionpants de l’eau chaude sont ainsi associés eu bépéfice de la poussée d’Archimède, qui réduit le poids du corps et du membre mobilisé. Les travaux du Professeur Leroy, de Rennes, montrent comment l’hydrothérapie prépare et favorise l’exercice actif, exercice d’autant plus précoce qu’il peut être réalisé avant même que la force musculaire pe soit suffisante pour un exercice libre dans l’air. Les séquelles de poliomyélite semblent être l’indication majeure de cet exercice en piscine, que ce soit une piscine assez grande pour la marche dans l’eau, ou une baignoire de forme et de taille convenables pour la mobilisation en position coucbée (tank des anglo-saxons). Bien d’autres séquelles en sont également justi¬ ciables, qu'’elles soient neuro-musculaires ou articulaires Au même titre que l’électrothérapie, l’bydrothérapie est up procédé de traitement des symptômes et des séquelles: les douches locales ou générales, chaudes ou froides, les, douches-massages, les bains de toutes sortes sont d’excellents traitements d’affections circulatoires ou nerveuses et sont aussi des auxiliaires efficaces de l’exercice, Pour aménager un service complet possédant une gamme tbérapeutique suffisapte, il faut également beaucoup de place et surtout une très couteuse piscine, dont il faut pouvoir rapidement et fréquemment changer l’eau. Les indications de l’hydrothé¬ rapie sont si variées qu’il nous semble important de la placer, comme l’électrothérapie, sous une surveillance médicale compétente. c) Le Massage. On a beaucoup écrit et discuté sur le massage, que l’on peut aussi considérer comme un « agent physique » et qui, de la friction superficielle aux différents pétrissages musculaires, est utilisé pour assouplir les tissus et accélérer les circulations locales, Parfois emplové seul, plus souvent associe à la mobilisation active et passive, il a longtemps constitué le traitement Unique des séquelles de fractures et des différentes déficiences motrices Recherché par les malades pour le bien-être qu’it procure, la détente nerveuse et mentale qu’il favorise, le massage est toutefois un traitement essentiellement « passif », au même titre que l’électrotbérapie et l’hydro¬ thérapie. Comme elles, il lève les obstacles à l’exercice, et comme elles il peut être indiqué pour réduire les symptômes de certaipes affections Ainsi, la cellulite et l’obésité trouvent parfois dans le massage leur unique traitement. Dans ses applications à la Réadaptation Fonctionnelle, une tendance s’est récemment manifestée, qui dimipue la portée du massage au bénéfice de la Kinésitbérapie. Colson, en Angleterre, disait, dès avant la guerre: NOTRE ÉQUPEMENT ACTUEL 87 « Le glas du massage a sonné. » Il en subsiste cependant de très pom¬ breuses ipdications, mais qui sont tellement dépendantes de l’exercice actif que, par la 1oi du 30 avril 1946 le Ministère de la Santé fusioppait massage et Kipésithérapie en une seule et même profession : la masso-kinésithérapie. d) Autres agents physiques. A l’intérieur de ces grands chapitres de l’Electrothérapie, de l’Hydro¬ thérapie et du Massage, entrent de nombreuses techniques annexes : les bains de paraffine, par exemple, sont de plus en plus utilisés dans l’assou¬ plissement des petites articulations des extrémités. L’acupuncture elle-même nous a montré de spectaculaires résultats dans les douleurs incoercibles des moigpons d’amputation.. L’eau thermale modalité particulière de l’hydrotbérapie comme le climat, sopt des éléments parfois assez déterminants pour justifier l’instat¬ lation de services médicaux de traitement et de réadaptation fonctionnelle. chaque fois qu’ils constituent l’essentiel de la thérapeutique e) Caractères communs des agents physiques. Si nous rassemblons et résumons les caractères communs des diffé¬ rents agents physiques, nous remarquons : — qu’ils sont nombreux et variés, et que certains d’entre eux sont si complexes qu’ils imposent une spécialisation médicale : ainsi l’élec¬ trothérapie. — qu’en règle générale ils réclament des installations techniques qui, pour être valables, doivent être importantes et cotteuses. — qu’ils se caractérisent par leur application « externe ». — que, dans leurs liaisons avec la Médecine Fonctionnelle, ils sont pour elle de précieux auxiliaires, préparant et favorisant l’exercice. que Médecine Fonctionnelle et Médecine Pbysique sont pettement définies et séparées, parce que l’une est attachée à un objectit parti¬ culier qui est le traitement des séquelles fonctionpelles, et l’autre tire son unité du caractère spécial de son armement tbérapeutique. qu’il importe d’attacber tout potre soin à umpe telle distipction, car l’intérêt et l’avenir de la Réadaptation Fonctionnelle reposent sur la définition précise de son objet et sur l’unité de ses moyens. 8- L’Exercice. a) La Kinésithérapie. L’évolution des idées et des connaissances scientifiques nous permet de placer désormais la Kinésithérapie au centre de toutes les tecbniques attachées au traitement des séquelles fopctionnelles. Les pays anglo-saxons pous fournissent de multiples preuves de cette potion que l’exercice d’une fonction déficiente est le véritable moyen de lui redonner sa valeur un instant diminuée par la matadie ou l’immobilisation, Il ne s’ogit plus là dune application « externe » d’agents extérieurs à l’organisme, d’un trai¬ tement « passit» subi par le malade, mais d’une mise en mouvemept progressive et dosée de fonctions ralenties ou en sommeil. Et cette mise 88 LA RÉADAPTATION TONCTIONNELE DES ADULTES EN FRANCE en mouvement doit être active, déterminée par la volonté, pour que soient réentrainées les fonctions motrices dans leur totalité, dans leur véritable pature, c’est-à-dire dans leur indissociable unité psycho-neuro-musculaire. La mobilisation passive est certes très utile pour libérer des adhérences. les postures que l’on maintient un certain temps dans des protbèses ou des appareils spéciaux favorisent une rééquilibration fonctiopnelle, mais ce ne sont là qu’adiuvants d’un exercice actif et volontaire. Nous ne nous étendrons pas sur les arguments physiologiques qui tont de cet exercice actif le seul traitement efficace des déficiences fopc¬ tionnelles, Ils résultent de l’expérience de tous les centres et services que nous avons visités, en France et à l’étranger. Encore imprécise et limitée à l’application de «procédés » gymniques individuels ou collectifs, la kinésithérapie étend peu à peu son champ d’action : elle commence à entrevoir l’intérêt, par exemple, d’une prothèse dite de « réadaptation » qui prolonge et complête ses interventions. Elle commence à comprendre qu’elle a besoin d’une psychothérapie à sa mesure si elle veut obtenir l’adhésion du matade à son traitement. Elle commence aussi à saisir ses relations avec l’ergothérapie si importante à la fois sur le plan psychologique et sur le plan plus spécialement « Kinésithérapique ». lssue de l’Education Physique, puis de la gymnastique corrective. la Kinésithérapie pénêtre de plus en plus dans les réalités médicales et découvre qu’elle peut et doit y jouer un rôle de premier plan, Elle s’adapte de plus en plus aux exigences des multiples catégories de déficiences qui lui sont confiées, et tend à se spécialiser pour répondre plus exactement aux besoins de chacune d’elles. Les bandicapés respiratoires, par exemple, posent un problème particulier, d’autant que les perfectionnements de la chirurgie thoracique réclament l’intervention très précoce du Kinésithérapeute. La réadaptation respiratoire précède même l’interveption, car l’opéré doit apprendre, avant d’être limité et iphibé par ses plaies opératoires, à utiliser au mieux ses lobes pulmopaires restants. Le temps de cicatrisation et la valeur fonc¬ tionpelle du poumon et du « surtout musculaire » thoracique sont très notablement améliorés par, une réadaptation ainsi concue : 8 à 10 jours après l’intervention, le malade peut lever son bras à la verticale et a récupéré une capacité pulmonaire voisine de la normale, Plus tard, il a retrouvé une musculature capable d’éviter les déformations que nous vovons encore trop souvent. D’autre part, les tecbniques appliquées aux poliomvélitiques sont assez différentes des techniques appliquées aux traumatisés et des procédés de « suppléance » utilisés pour les paraplégiques définitifs. La réadaptation des malades de la nutrition supposent d’autres procédés encore, différents eux-mêmes de la Kinésitbérapie que certains commencent à employer pour les malades mentaux. Nous n’avons pas l’intention d’énumérer les méthodes de Linési¬ thérapie en usage dans les organismes que nous avons étudiés : eles sont dominés par le souci d’obtenir un exercice actif le plus précoce possible et d’établir des progressions dans l’amplitude et la force des mouvements. Les résultats sont d’autant plus décevants que les handicapés se sont adressés plus tardivement au service de réadaptation. Cette constatation. absolument générale, nous a semblé suffisamment éloquente pour que nous NOTRE ÉQUIPEMENT ACTUEL 89 la mettions en évidence, Elle est de nature à inspirer upe politique sanitaire et une ligne de conduite du corps médical dans son ensemble, Elle rentorce notre opinion que la réadaptation ne doit pas suivre plus ou moins tardi¬ vement la fin de la période de soins, mais lui être contemporaine pour que puisent être evitees les-déticiences qui sanctiomnent une trop systématique inaction, et que soient appliquées sans discontinuer les disciplines de réduction de ces déficiences dès l’extinction des symptômes de l’affection. N’est-ce pas souhaiter que l’hopital et le service de réadaptation fonc¬ tionnelle constituent une unicé cohérente » La Kinésithérapie, thérapeutique « active », se caractérise épalement par le fait qu’elle exerce à la fois la fonction déficiente et l’ensembte de l’orgapisme, la musculature comme les fonctions cardio-respiratoires et nutritives. Elle est sans doute analytique, puisqu’elle veut donner à la fonction atteinte la meilleure valeur possible. Mais elle est aussi synthé¬ tique, globale, et elle corrige les effets généraux de l’inaction hospitalière. N’est-il pas essentiel qu’une surveillance et une orientation médicales de tous les instants s’exerce sur une disciplipe qui met en jeu à ce point tout l’équilibre psycho-physiologique 2 Les résultats obtepus dépendent d’une connaissance exacte des possibilités de chaque handicapé, pour que l’exer¬ cice ne soit jamais ni au-dessous ni au-dessus de ses aptitudes. L’unité psychophysiologique de l’individu est déjà une suffisante raison de rechercher un traitement qui soit à la fois mentat et physique. L’expérience en fait un devoir impératif: l’exercice actif pe peut être obtenu dans toute son ampleur et n’est efficace que si les hapdicapés l’exécutent avec toute leur volonté. Aussi vovons-nous la kinésithérapie sortir peu à peu de ses « procédés ipdividuels » pour rechercher tous les autres moyens d’entrainer la volonté. Cet aspect psychologique de l’exercice est si important qu’il a conduit certaips centres à s’assurer la collaboration d’un psychologue ou d’un psychiatre. De telles considérations pous font regretter que les médecins traitants se contentent habituellement de copfier leurs malades à des auxiliaires Kipésithérapeutes et ne se soucient guère des procédés qu’ils utilisent. D’ailleurs ces procédés sont généralement limités à la mobilisation passive et active de certaines articulations enraidies et à l’exercice de certains groupes musculaires déficients, Ils tiennent rarement compte des incidences générales de l’exercice local, de ses effets sur l’équilibre cardio-respiratoire. sur la putrition, sur le psychisme Il y a là une lacune certaine dont il est pris copscience dans la plupart des services soécialisés de réadaptation. Une recbercbe scientitique et upe direction médicale s’imposent, si l’on veut sortir la Kipésifhérapie des procédés où elle risque de s’enfermer et de se scléroser, pour l’adapter de mieux en mioux aux fois de la psycho¬ physiologie et à leurs variations seton les cas individuels. Le médecin doit sen préoccuper sérieusement, s’il veut que le traitement des symptômes soit prolongé et perfectionné par un traitement des séquelles éclairé et efficace Et c’est pour lui le seul moyen de former ses auxiliaires kinésitbérapeutes au contact d’upe pratique réfléchie, dont il saura leur montrer les enseignements. Sur le plan technique nos besoins dépassent larcement nos moyens et, ce qui est plus grave encore, nos copnaissances. Nous sommes très loin traitement. 90 1A PEADAPTATION TONCTIONNEIE DES ADLILTES EN FRANCE de copnaitre les lois de la physiopathologie appliquée au mouvement ou plus exactement à la thérapeutique par le mouvement. Et nous ignorons beaucoup des relations de la physiologie appliquée et de la psychologie. En résumé la Kinésithérapie s’attache à la Prévention et à la Réduc¬ tion des séquelles fopctionnelles par l’exercice des fonctiops menacées ou atteintes, qu’elles soient locales ou générales, et par l’entrainement des fonctions mentales à ce traitement qui, pour être efficace, doit être le plus précoce et le plus actif possible. b) L’Ergothérapie. Toute autre est la perspective de l’Ergothérapie, puisqu’elle ne recherche plus le développement d’une fonction en elle-même, mais son utilisation dans des gestes concrets et utilitaires, Aipsi, une déficience de l’index qui entraine une perte globale de la force de prébension de la main. doit être non seulement corrigée en elle-même, mais les fonctions de l’in¬ dex doivent être intégrées dans les gestes habituels de la main Il a semblé intéressant d’obtenir ces gestes par les travaux variés que nous fournissent des activités professionnelles telles que poterie, vannerie, menuiserie, tissage ou epcore de pultiples jeux collectifs ou individuels. Les métiers, quels qu’ils soient, et en particulier les métiers artisanaux, nous offrent en effet de pombreuses possibilités gestuelles, à des degrés extrémement variables. donc facilement dosables. Cette exploitation des gestes professionnels dans un but Kinésithérapique est relativement récente et le mérite en revient aux anglo-saxons, parmi lesquels nous nous permettons de citer Mrs lones. en Angleterre, qui nous a paru spécialement avertie et ipgénieuse dans cette discipline. Nous connaissions ep France depuis Duchêne de Boulogne l’intérêt psychothérapique et pédagogique de, at fabrication d’objets et du travail en général. Développées par l’Ecole Montessori, les métbodes actives ont été utilisées dans l’enseignement, et ont été largement appliquées aux malades mentaux dans les instituts médico-pédagogiques et les hôpitaux psychiatriques. Les Docteurs 1. Sivadon et Le Cuillant se sont attachés à systéma¬ tiser l’ergothérapie, jusque-là emplovée comme un dérivatif psychologique. Ils ont montré ses relations avec la pédagogie et la psychothérapie, et son importance dans une réadaptation positive à la vie sociale : la maladie mentale est toujours, à quelque degré, une crise d’adaptation de l’individu à ses conditions d’existence. A l’intérêt kinésithérapique de l’ergothérapie pous pouvons donc ajouter un rôle déjà largement expérimenté en psychotbérapie. Le malade, quel qu’il soit, effectue avec plus d’intérêt ses gestes thérapeutiques lorsqu’ils aboutissent à un résuttat pratique, à la création d’un objet, avec des matériaux et par des procédés conformes à son tempérament propre. que lorsqu’ils sont exécutés dans l’abstraction d’une séance de kipésitbé¬ rapie, même collective, Il en résulte pon seulement une réadaptation globale de la fonction déficiente et des groupes neuro-musculaires où elle se trouve quotidieppement intégrée, mais aussi une sorte de réentrainement à l’activité mentale et motrice, et bien plus encore, une meilleure adhésion au NOTRE ÉQUIPEMENT ACTUEL 91 L’ergothérapie ainsi concue et utilisée se présente comme une prolopgation de la Kinésithérapie. Mais abors que la Finesithérapie consid̀re la fonction déficiente en elle-même, l’ergothérapie considère son intégration dans des gestes concrets et utilitaires, c’est-à-dire dans l’ensemble des orcs réflexes sensori-psychomoteurs développés en nous par tes exigences qnultiples et particulièrement polygestuelles de la vie courante. D’autre part, la Kinésithérapie développe des qualités psychologiques particulières, surtout la volopté, tandis que l’ergothérapie met en jeu une gamme d’activités mentales et psychomotrices autrement riche et variée : aptitudes sensorielles, atteption, jugement, sens kinesthésique, contrôle volontaire de l’action musculaire, complexe etc. Aussi n’est-il aucunement question que l’ergothérapie se substitue à la Kipésithérapie, ou inversement, mais leurs rôles, parfaitement définis et distincts, se présentent comme nécessairement complémeptaires. lle sup¬ posent par conséquent une direction unique, qui sacbe doser et articuler ces disciplines selon les cas individuels. Les services d’ergotbérapie sont en réalité assez peu pombreux. mais la plupart des organismes de réadaptation s’y iptéressent et font le projet d’en créer. Nous avons là une tecbnique ancienne en psychothérapie. mais récente et aussi pleine de promesses dans ses applications aux défi¬ ciences motrices. c) La Psychothérapie. L’ergothérapie, plus encore que la Kinésithérapie, pose avec acuité le problème psycbologique de la réadaptation tonctionnelle. Nous avons souligné que l’on ne réadaptait pas un hapdicapé, mais qu’il se réadaptait dans la mesure de sa participation aux exercices actifs. Cette perspective. différente de celle des soins médicaux et chirurgicaux qui ne demandent au malade que d’être un « patient » obéissant, nous conduit à envisager une véritable pédagogie de la réadaptation. En effet la règle gépérale est qu’après un violent traumatisme ou une longue maladie, surtout s’il en subsiste un handicap important, les aptitudes psychologiques, et en particulier la volonté, soient diminuées et imposent un réentrainement mental condition du réentrainement fonc¬ tionnel. Dans certains cas la déficience psychique peut même être telle qu’il ne s’agit plus de « pédagogie » mais de psychothérapie. Ainsi, les séquelles subjectives des traumatismes craniens comportent des troubles du caractère et de la pémoire qu’aggravent les troubles de la sensibilité et du système neuro-végétatit Rappelons aussi l’exemple des poliomvé¬ litiques, où les atroohies neuro-musculaires s’accompagnent d’atropbie caractérisée de la volopté, et celui des tuberculeux où le « bed rest » met en sommeil tout le fonctionnement psychosomatique. Si la psychothérapie individuelle est ipdiquée dans des cas bien définis l’ensepble de la réadaptation doit être mené dans un climat psychologique favorable II s’agit de créer une ambiance de « conquête » de la guérison or les bandicapés puissent prendre copscience de leur besoip d’ipdépendance par ces moyene déjà bien connus qui, sont la psycbo¬ logie de groupe et de l’environnement, l’organisation des loisirs et des 92 LA B́ADAPTATION TONCTIONNTHIE DES ADLILTES EN FRANCE disciplipes extra-thérapeutiques. La psychologie collective doit, dans ur centre de réadaptation, constituer l’une des principales préoccupations du médecin désireux de réunir les conditions les plus propices à la réussite du traitement. La réadaptation médicale sera d’autant plus efficace qu’elle saura miputieusement établir les éléments du déterminisme mental collectif et ipdividuel de cette pédagogie du déficient Le problème d’ailleurs n’est pas uniquement posé en termes psychologiques individuels ou collectifs. Il est aussi posé en termes « psycho¬ moteurs » qui révèlent l’articulation entre le mental et les fonctions motrices. Nous avons pu remarquer l’intéressante utilisation des tests psychomoteurs à la fois pour le bilan fonctiopnet et pour le traitement de la déficience. Toutefois, ces tests psycbotechpiques sont spécialement intéressants au début de la période de réentrainement au travail. Ils permettent alors de décider, selon l’état définitif des séquelles, si le métier antérieur pourra être repris, ou si une orientation doit être faite vers un autre métier. Ils tentent, dans ce but, de superposer les aptitudes et les coordonnées du poste de travail, Ils fournissent des éléments précis et mesurés qui donnent à cette épreuve une valeur objective certaine. La « pédagogie » du déficient reprend tous ses droits au cours du réentrainement au travail, lorsqu’il faut « compenser » les séquelles défi¬ nitives et, par conséquent, lever d’importants obstacles psychologiques à l’exercice du métier. Nous sommes epcore très loin de cette psychologie de la réadap¬ tation systématisée et spécialisée. Les, méthodes sont incertaines, non vérifiées par de suffisantes expériences pratiques. Toutefois, il est admis par tous que la psychologie s’insère étroitement dans les réalités fonction¬ nelles et professionnelles de la réadaptation. Elle doit donc se dégager des vues théoriques de la psychologie pure et des tendances « psychiatriques » de la psycbothérapie des maladies meptales, pour devenir une psychologie appliquée de l’adaptation et de la réadaptation. N’est-ce pas suffisant pour souhaiter que des médecips se penchept sur cette discipline dont dépendent les résultats de la Réadap¬ tation, aussi bien à son stade médical qu’à son stade professionnel 2 Le Docteur Apdré Sivadon, dans son service de Médecine du travail. nous a montré un premier effort dans ce sens, très exactement conforme à ce besoin nouveau, et qui pous semble devbir engager la science de l’Adaptation au Travail dans la voie du progrès. d) Le Service Social. Le Service Social joue un rête primordial dans la création du climat psychologique tavorable à la Réadaptation. Plusieurs éléments sont classi¬ quement du ressort de l’Assistante sociale : — l’accueil des malades, la présentation des différentes techniques en usage et des bénéfices que l’on peut en retirer. — l’organisation des loisirs et des activités extra-thérapeutiques, en liaison étroite avec le psychologue et les autres techniciens du service ou du centre. NOIRE ÉQUIPEMENT ACTUEL 93 — la solution des difficultés administratives de tous ordres qui peuvent parfois canaliser les préoccupations des bandicapés et géper leur totale aobésion au traitement. A ces tâches déjà importantes pous pouvons ajouter celle d’une partieipation au diagnostic paychologique, l’assistante, en effet, par ses contacts personnels avec les bandicapés et avec leur milieu familiat et pro¬ fessionnel, peut réupir les éléments d’upe observation objective de l’envi¬ ronnement, si déterminant dans le comportement mental. Et cette obser¬ vation suppose une métbode sure qui ne peut être acquise que par une formation spéciale, en particulier par une collaboration avec le psychologue. Le Service social est déjà nettement orienté vers une pratique journalière débarassée de l’approximation, de l’esprit « d’assistance » et de cette sorte de « materpalisme » qui exécute au lieu d’intormer et d’éduquer. Il est plus éducatif de faire comprepdre au déficient le sens et les détails des démarches à effectuer, de lui laisser prendre les initiatives et les responsabilités qui lui incombent, plutôt que de se substituer à lul et d’en faire ainsi un individu « dépendant ». L’assistante sociale, de plus en plus, considère les sujets qui lui sont confiés comme des individus majeurs. et ses interventions comme une véritable pédagogie La collaboration avec le psychologue, sa participation au diagnostic demandent à l’assistante sociale d’aller plus loin encore dans l’acquisitior d’une méthode rigoureuse: les éléments d’observation qu'elle apporte au diagnostic doivent être minutieusement apalysés, dégagés de l’interprétatior subiective, et avoir le caractère de faits obiectifs. Né de la charité, développe par les techniques d’assistance, le service social s’établit peu à peu sur une connaissance et des méthodes scientifiques. Son objet est une étude positive des pbénomènes sociaux, collectifs et individuels qui permettent une pédagogie d’autant plus efficace qu’elle respecte l’individu et se garde de le supplanter dans ses responsabilités sociales. Mais à être promues au rang de science, les techniques sociales n’en doivent pas pour autant oublier leurs origines dans la charité, c’est-ଠdire dans cette manifestation copstante des liens de solidarité qui réunissent l’homme à la collectivité, Il n’est sans doute pas de secteur d’activité où il soit plus nécessaire de porter attention au langage, aux besoins et aux respopsabilités de chacun. La Réadaptation est précisément destinée à rétablir l’équilibre entre les exigences de l’individu et celles de son milieu. C’est à ce titre que nous avons placé le service social au cœur même des techniques psychologiques, ou il collabore au diagnostic et au traitement de l’inadaptation et de ses multiples causes. Son action s’étend du début à la fin de la période de réadaptation, autant à sa pbase médicale que professionnelle, et dépend de la qualité d’un travail d’équipe qui saura lul définir sa place dans l’ensemble du traitement. e) ta Prottèse. A la kipésithérapie nous avons associé l’ergothérapie qui la complête et la posycbologie si directement liée à l’upe et à l’autre pour en garantin l’efticacité Nos visites aux centres de réadaptation nous permettent d’insérer dans l’ensemble des disciplipes atachées à l’exercice actif la confection de certaines prothèses spéciales, partois très simples, favorisant cet exercice. Ce sont les prothèses « de réadaptation » qui comprennent les appareils 94 LA BEADAPTATION TONCTIONNEUE DES ADUITES EN ERANCE de posture, corrigeant les déséquilibres fonctiopnels, les prothèses provisoires pour la préparation du moignon et l’exercice du segment de membre restant chez les amputés, et ces multiples dispositifs permettant l’exercice « assisté », « orienté » ou « contre résistance » des groupes musculaires déficients ou compensateurs. Nul doute que la kinésithérapie et l’ergo¬ thérapie ne soient puissamment aidées par de telles protbèses qui au surplus contribuept à donner au déficient une nécessaire confiance en lui-même. En Angleterre, la prothèse de réadaptation est souvent réalisée dans les services d’ergotbérapie, où elle est particulièrement utile et où elle doit être très individualisée. De toute manière la protbèse pe sera tecbniquement valable que si elle est fabriquée par un spécialiste capable de travailler dans les meil¬ leures conditions les multiples matériaux, tels que fer, bois, matières plastiques, cuir et si le prothésiste tire son expérience du contact avec toutes les disciplines de réadaptation. Ce contact avec la réalité du handicap ne peut qu’améliorer nos connaissances, encore bien théoriques en cette matière. Si le rôle du prothésiste est déjà très important au service de la réadaptation médicale, il l’est encore plus au service de la réadaptation professionnelle. Les prothèses de travail constituent parfois les seules com¬ pepsations possibles à des déficiences définitives pour que puissent être effectués les gestes du métier, Il nous est apparu intéressant que ce prothé¬ siste soit attaché à temps complet aux organismes de réadaptation, car sa collaboration est permanente avec leurs différents techniciens : il faut sans cesse modifier et adapter les appareils en étroite liaison avec les respon¬ sables, de la inésithérapie de l’efgotbérapie et du réentrainement au travail. I1l faut surtout, et nous l’oublions la ptupart du temps, entrainer l’amputé à son appaceil, pour qu’il en tire le maximum d’efficacité. L — LA RÉADAPTATION PROFESSLIONNELLE LE RÉENTRAINEMENT AU TRAVAIL Pour n’être pas encore très développées, les techniques de réentrai¬ nement au travail n’en sont pas moins généralement soubaitées et consi¬ dérées comme le nécessaire complémept de la réadaptation médicale. De nombreux bandicapés, qui ne peuvent plus être améliorés par une thérapeutique fonctionnelle, peuvent cependant espérer une « compen¬ sation » de leurs séquelles de nature à permettre leur reprise de travail. Il ne s’agit plus ici de développer une fonction motrice déficiente, mais de placer le sujet dans les conditions biologiques les plus favorables à l’exercice du métier pour lequel il est technologiquement, mentalement et pbysio¬ logiquement apte. Nous ne saurions mieux caractériser et définir cette discipline « protessionnelle » de la réadaptation qu’en la distipguant de l’ergothérapie et en précisant ses relations avec la rééducation professionnelle. A - Réentrainement au travail et Ergothérapie Pendant la phase de réadaptation médicale attachée à la prévention et à la réduction des séquelles fonctionpnelles, l’ergothérapie utilise le moyen NOTRE ÉQUPEMENT ACTUEL 95 d’activités professionnelles nombreuses et variées pour exercer la fonction déficiente dans des gestes concrets et utilitaires. Ces activités sont donc choisies conformémept au but que l’on poursuit, cest-à-dire selon les fonctions à réadapter, qu’elles soient physiques ou mentales, et aussi selop les goûts et aptitudes naturelles des bandicapés : au rôle Kinésithérapique de l’ergothérapie pous avons ajouté un rôle pédagogique, voire, dans certains cas, psychothérapique. Il arrive parfois que l’une des activités répondant le mieux à ces deux préoccupations soit le métier antérieur, mais ce n’est là qu’upe rencontre tout à fait occasionnelle des différents facteurs réclamés par la réadaptation. En visitant un atelier industriel de réadaptation, pous constatons à quel point les modifications des machines, pour répondre aux exigences fonctionnelles, sont complexes, et combien souvent il faut oublier le métier antérieur pour placer le déficient sur la machine la mieux adaptée à son traitement. De toute manière, le nombre et la variété des gestes et attitudes mentales sont des copditions de réussite de l’ergothérapie. Le réentrainement au travail, de son côté, est tout entier dominé et orienté par le métier à reprendre. Ce n’est plus la fonction déficiente qui commande les tecbniques, mais ce sont les gestes, les fatigues et les multiples conditions de ce métier. Dailleurs, dans le temps, l’ergothérapie précède le réentrainement, puisqu’elle se situe pendant la période théra¬ peutique. Et il n’est pas possible de commencer le réentrainement avant d’être en mesure d’établir up bilan définitif des aptitudes et inaptitudes fonctionnelles, c’est-à-dire de procéder à l’orientation vers un métier com¬ patible avec les capacités restantes. Le premier acte du réentrainement est donc le bilan fonctionnel et professionnel, qui précise si le métier antérieur peut ou pon être repris. et si pour cela des « compensations » doivent être envisagées. On ne saurait compenser que des séquelles définitives, sinon nous aboutirions à fixer des séquelles dans un état inférieur à celui qu’on pourrait atteipdre après upe réadaptation médicale rationnelle. Nous avops constaté, dans certains centres, cette erreur physiologique qui consiste à recommander très tot des sports violents et de dures activités professionnelles, dans l’intention d’entraiper mentalement le sujet, sans remarquer qu’ils conduisent à des compensations prématurées, développant ainsi des attitudes et habitudes vicieuses. Nous risquons aussi, à décider trop précocement de l’orientation professionnelle, d’envisager des changements de poste ou de métier qui ne s’imposeraient pas après une réadaptation mieux systématisée. Pour préciser encore les différences qui séparent ergotbérapie et réentrainement, il n’est que de comparer les activités et le matériel de l’un et l’autre service l’ergotbérapie tire son efficacité de métiers variés permettant de nombreux gestes. Les activités artisanales présentent ces caractères, car elles sont polygestuelles par définition et elles sont aussi « créatrices ». La poterie la vannerie le tissage, la menuiserie, permettent d’aboutir à des objets qute l’on peut aisément imaginer et marquer d’un caractère personnel 1"« Homo Eaber » y découvre toutes les raisons de s’exprimer et de s’affirmer et l’ergothérapeute y trouve les gestes utiles au but qu’il poursuit Malgré la grande richesse et le choix très large de gestes qu’offrent les métiers artisapaux, il est parfois nécessaire de les ménager par des adantations mais celles-ci sont moins complexes que lorsqu’il s’agit d’activités industrielles standardisées, souvent mopogestuelles. 96 LA RÉADAPTATLON FONCTIONINEUIE DES ADUITES EN ERANCE D’autre part, l’intérêt psychologique d’une activité repose sur la nature de l’objet créé, et aussi sur la matière travaillée et les procédés de création, Il n’est pas ipdifférent de tabriquer complêtement un objet utile. de partir de la matière première pour aboutir à la finition, plutôt que de faire en série des pièces fragmentaires dont on ne voit pas immédiatement l’utilisation. Ce « choix » des activités n’existe plus lorsqu’il s’agit du réentrai¬ nement au travail. Le métier est là, auquel il faut adapter le déficient pour aboutir au meilleur « rendement » biologique, condition du retour à upe capacité pormale de travail et de gain. B- Réentrainement au travail et rééducation protessionnelle Si le retour au travail antérieur, ou du moins à un travail de la même famille professionnelle est souvent possible et toujours recherché, le chan¬ gement de profession peut simposer pour des raisons d’inaptitude ebsolue. Si nous développons nos ressources en matière de « compensation » des déficiences, cette mesure sera de moins en moins nécessaire : il est toujours difficile d’assimiler la technologie d’un métier nouveau et de s’babituer à ses rythmes, à sa psycbologie et à sa physiologie, lorsque l’on a été rompu. pendant de longues années, à d’autres disciplines. Aussi n’est-il pas étonnant que les centres de rééducation profes¬ sionnelle s’attachent de plus en plus à compléter l’apprentissage techno¬ logique par un entrainement progressif psychophysiologique. Lorsqu’il s’agit de déficients, cette tâche est particulièremeft importante, puisqu’à la mise en sommeil de l’ensemble des aptitudes physiques pendant la maladie s’ajoute une perte de confiance en soi et une atropbie des aptitudes mentales. Ce qui est vrai pour les handicapés l’est aussi pour des sujets normaux : l’appreptissage des jeunes présente les mêmes exigences, qui peuvent se résoudre dans cette notion que, plus qu’un CA P., il faut préparer une exacte adaptation du facteur humain aux conditions du métier. — Les buts du réentraipement au travait. Le réentrainement au travail isolé de l’ergotbérapie tbérapeutiqut fonctionnelle, et intégré dans la rééducation professionnelle, se présente donc comume l’ensemble des moyens propres à « compenser » les séquelles défi¬ nitives de la matadie et de l’accident. Ces compensations sont nombreuses, et elles le seront encore plus avec l’expérience. C’est d’abord t’entrainement génécal à la tatigue du métier. La fatigue, en effet, dépend de la nature et du rytbme des efforts dépensés et aussi du tempérament propre des handicapés. Nous connaissons assez bien l’entrainement sportif, mais nous n’avons pas encore défini l’entrai¬ pement à un travail déterminé. L’autre aspect du réentrainement au travail est celui des compen¬ sations sensorielles et motrices. L’aveugle peut apprendre à se servir de son sens tactile, de son sens auditif ou kinesthésique pour effectuer des travaux de précision, et les résultats obtenus montrent éloquemment les ressources encore insoupconnées de l’organisme, ses aptitudes physiologiques « poten¬ tielles » que « n’actualise » pas notre existence moderne, standardisée et NOTRE ÉQUIPEMENT ACTUEL 97 stéréotypée. C’était l’idée de l’abbé de l’Epée et de Louis Braille, lorsque pour les sourds-muets et les aveugles ils recherchaient cet entrainement parallèle des aptifudes sensorielles et des connaissances professionnelles : c’étaient la les bases exactes de l’entraipement au travail De même, lorsqu’un geste n’est plus possible, de nombreur procedes permettent de le suppléer par d’autres gestes, ou par des prothèses pensées en fonctiop du travail à réaliser. Ainsi, une paralysie radiale peut être compensée par une traction élastique des doigts en extension, une ampu¬ tation de la main corrigée par la fixation de l’outil de travail au moignon. Un métier bimanuel peut être exécuté de manière mopomanuelle par un entrainement particulier, ou encore par une modification de la machine ou de l’outil. Nous voyons là comment la prothèse est réellement cet artifice qui permet l’harmonisation du geste avec l’opération à effectuer et comment elle comporte autant l’appareil fixé au membre déficient que la modifi¬ cation éventuelle de l’outil de travail. Nous sommes malbeureusement encore dominés par une conception trop « anatomique » et « mimétique ». qui nous conduit) à rechercher la ressemblance de la prothèse avec le segment absent. Cette tendance, jointe à une nomepclature quelque peu rigide des appareils et à la tabrication en série et commercialisée qu’elle provoque, paralyse une discipline qui devrait, au contraire trouver son extension et sa richesse dans une individualisation conforme à la réalité médicale et professionnelle. Aussi est-il bien souvent soubaité que les « pomenclatures » s’assouplissent et que les services de réadaptation soiept les laboratoires d’étude et de réalisation de la prothèse. Nous ne vovons pas qu’il Y ait lieu par là de changer quoi que ce soit aux règlements et structures dont nous disposons : c’est une collaboration des prothésistes avec les services de réadaptation que nous devons soubaiter, en même temps que la possibilité de prise en charge de ces prothèses de réadaptation et de travail qui garaptiront, le succès du réemploi malgré la déficiepce motrice. Aux prothèses de travail, enfin, il faut ajouter les prothèses utiles à la vie sociale, certainement moins spécialisées, mais indispensables pour élargir les possibilités gestuelles. Partois, lorsque la déficience est très grave, la technique du travait elle-même peut être modifiée. Dans la majorité des cas, la simplification gestuelle est condition du progrès industriel, et nous avons effectivement remarqué que, pour résoudre certaines inadaptations, l’ingénieur imaginait des procédés de fabrication plus rationnels. Là encore, c’est au travers des cas pathologiques que peuvent être découvertes des solutions valables pour tous. Plus encore que par la poditication des procédés de travail, pous devons espérer une compensation des déficiences par le « glissement » des handicapés d’un poste à un poste voisin, plus qualifié la plupart du temps à l’iptérieur de la même famille protessionnelle Le complément d’appren tissage indispensable ne peut pas être considéré comme une rééducation profesionnelle : la même formnation de base prépare à de nombreux postes et pous pouvons ici soubaiter que l’apprentissage en général et la réédu¬ cation professionnelle en particulier prennent de plus en plus ce caractère PolyValent qui est la meilleure garantie de la cabacité de gain en cas de 98 LA BÉADAPTATIONI FONCTONNIEULE DES ADUITES EN fBANCE chomage ou de handicap. Nous avons beaucoup apprécié la très heureuse expérience du centre Suzanne-Masson, qui a réalisé pour les bandicapés cet apprentissage polyyalent, en n’enseignant pas un métier « fermé ». L’ap¬ prentissage, au contraire, tend à atteindre pour chacun le plafond de ses possibilités mentales et physiques, tout ep lui donnant, par un enseigne¬ ment de base assez large, la possibilité de trouver un emploi dans une gamme étendue de postes de la même « famille professionnelle ». Les travaux américaips et quelques réalisations françaises en matière d’appren¬ tissage confirment l’intérêt d’une définition de ces « familles profession¬ nelles », dans ce même but d’assurer aux travailleurs une formation poly¬ valente. — Les moyens emptovés. Les procédés de réentrainement sont nombreux et variés: ils doivent préparer aux différents postes de travail d’une région industrielle déterminée. Nous avons tout d’abord, lorsqu’un simple réentrainement à la fatigue est nécessaire, la reprise progressive du travait dans l’eptreprise elle-même. La condition de sa réussite est une surveillance par un médecin du travail qualifié, c’est-à-dire formé aux techniques et aux copnaissances scientifiques de la psychopbysiologie appliquée. Mais n’est-ce pas la défini¬ tion et la responsabilité spécifique de la Médecipe du Travail 2 Après quelques appées d’hésitation, nous constatons que celle-ci est à la recherche d’une assise scientifique qui la dégagera de « l’examen systématique » en série et, il faut le reconnaitre, de sa postalgie des soins médicaux et chirurgicaux. Et cette assise n’est autre que l’étude de la psycbophysiologie du travail et des facteurs d’adaptation, mentale et physique de l’Homme à son Métier. A cette condition, le médecin du travail deviendra le précieux auxiliaire de la réadaptation professionnelle qu’il doit être, en raison de ses fonctions dans l’entreprise. Toutefois, lorsque les déficiences définitives sont importantes, elles ne peuvent être compensées que dans un centre spécialisé et très bien équipé. Nous avons vu que la prothèse, la compensation sensorielle et motrice. l’eptrainement à la fatigue du métier, l’adaptation psychologique au travail. comme certains compléments d’apprentissage, posaient des problèmes complexes : ils doivent être résolus dans un cadre et avec un équipement où se trouvent rétpies les conditions d’uIn travail pormal et les moyens techniques propres à réaliser les appareillages convepables et l’entrainement des fonctions « compensatrices ». La difficulté est certaine de réunir en un même centre les ateliers de base qui vont préparer les handicapés aux pombreux postes de travail de la région. Une première notion s’impose à nous, qui est l’intérêt de situer le centre de réentrainement au cœur même de la région industrielle. pour répondre à des besoins bien détinis et délimités. De même lorsqu’il s’agit de travailleurs agricoles, il est essentiel de situer le centre dans la région où l’on veut réinsérer les handicapés, car les travaux varient d’une ré¬ gion à lautre daps leur pature et leurs procédés. La logique veut même que le réentrainemept au travail, pour être cohérent, soit organisé par « famille professionnelle » : bâtiment, métatlurgie, transports, etc.. professionnelles », le centre régional initial restera ce lieu de recherche ou NOTRE ÉQUIPEMENT ACTUE 99 Ulne telle organisation « corporative » pe saurait cependant être réalisée d’emblée. Une période transitoire est pécesaire, pour étuder et préciser les métbodes, les quelques centres expérimentaux ainsi ctéés ser¬ viront de point de départ pour une orgapisation régionale à la mesure des besoins. Ils serviront à stimtller et à orienter les créations futures, pour qu’elles ne paissent pas dans le désordre. Si bien que les centres régionaux du début doivent comprendre un certain pombre d’ateliers correspondant aux principales acfivités économiques de la région où ils se situent. Le centre de Condreville, par exemple, comprend : travail du métal, du bois, travaux du bâtiment, céramique, dessin industriet et emplois de bureau, It faut y ajouter les différentes instatlations ménagères et « sociales » nécessaires au réentrainement des handicapés à la vie quotidienne, Pour aboutir à une structure convenable une étude approfondie des activités régionales doit être conduite, parallèlement à une étude statistique de la morbidité et des traumatismes du travail par profession. Deux sortes de procédés permettent donc d’aboutir à un réentrai¬ nement au travail des bandicapés — le procédé spécifique qui est l’exercice progressit du métier recberché lui-même : — le procédé non spécifique qui est l’exercice d’activités n’avant pas de rapport techpologique direct avec le métier recherché, mais des simili¬ tudes gestuelles, sensorielles et psychiques. Les ateliers d’up centre régional polyvalent constituent, pour des cas assez rares, un procédé spécifique, lorsque le travailleur peut y exercer exactement son activité professionnelle, lls sont plus souvent un procédé non spécifique : les travaux du bâtiment, par exemple, sont assez poly¬ gestuels pour préparer aux travaux du manœeuvre et pour réentrainer à la fatigue des bandicapés dont le métier comporte une grande dépepse physique. Un amputé d’un membre inférieur peut y être entrainé à porter des fardeaux à monter une échelle, à pelleter, équipé de sa prothèse. Un amputé de l’avant-bras y trouve aussi de multiples utilisations de son appareil : l’impor¬ tant est de découvrir, au travers de tous les gestes possibles dans l’une ou l’autre des professions du Centre ceux qui sont les gestes de base de la profession recherchée. Il est certain que des centres « corporatifs » élimi¬ peraient ces difficiles problèmes de « similitude » gestuelle, et placeraient d’emblée les bandicapés dans leur cadre protessionpel exact, Ils permet¬ traient, dans de meilleures conditiops, ces « glissements » de poste dont nous avons reçonnu le rôle compenpsateur. De toute manière le réentrainement aux activités professionnelles est heureusement complété par un réentrainement plus global, plus syptbé¬ tique: l’Education Dhysique et les Soorts. De grands terrains d’évolution et un gympase spacieux constituent le complément indispensable des ateliers. Epfin, le centre de réentrainement comorend tous les moyens de contrôle fonctionnel des progressions: les tests et épreuves utilisés seront d’autant plus valables que la recherche scientifique sur la psycboDhysiologie. du travail avancera. Au Doint de développement complet du réentrainement par « familles 100 LA RÉADAPTATION FONCTIONNELE DES ADULTES EN FRANCE seront confrontées les données de laboratoire avec la réalité de l’inadap¬ tation au travail pour les cas particulièrement difficiles, Il restera surtout ce lieu de « bilan » ou les handicapés seront orientés dès la fin de leur réadaptation médicale vers l’un ou l’autre des centres « corporatifs ». Dans la pratique, une solution peut être envisagée pour la création de ces centres régionaux : l’utilisation des meilleurs centres de rééducation professionnelle pour le réentrainement au travail, suivant l’exemple du Centre Suzanne-Masson. Le conseiller du travail. Mais ce réentraipement au travail, qui dépend sans doute d’un bilan initial détaillé et complet dépend surtout d’une collaboration avec les entreprises. A quoi servirait de réentrainer un bandicapé dans l’abstrac¬ tion si l’on ne trouvait pour lui te réemploi qui signera la réussite 2 Et ces possibilités du réemploi doivent être connues dans leurs détails dès le début. car c’est la connaissance du poste de travail qui oriente l’ensemble des procédés de réentrainement. Aussi devons-nous prendre un contact précoce avec l’emploveur. Il faut lui décrire toutes les caractéristiques du déficient afip qu’il puisse désigner un poste convenable pour la reprise du travail. Seul un contact persopnel, pour des cas individuels bien copnus, faisse quelque chance d’obtenir l’indispensable collaboration du chef d’entreprise à la Réadaptation de « son » travailleur. Un conseiller du travait semble convenir à cette tâche, à la copdition d’y être formé tout spécialemept, au contact des techniques de réentrai¬ nement, Il doit connaitre les procédés possibles de « compensation » et conpaitre tes notions élémentaires de psychophysiologie du travail, Il doit aussi pouvoir étudier les postes proposés selon des critères utiles à la réadaptation, en liaison avec le médecin du travail de l’usine et également avec le psychologue du centre. D’ailleurs, l’entreprise ne pourra que profiter d’une étude de poste de ce gepre, menée en collaboration avec les techpiciens de la réadaptation. C’est le moyen d’approfondir la question de l’adaptation biologique de la main-d’œuvre et, nous l’avons vu, d’envisager parfois une simplification des procédés de fabrication. Le conseiller du travail est donc placé dans une position détermipante, éclairant et réunissant l’Entreprise et les organismes de Réadaptatiop, Il est à notre seps la seule chance que nous avons de dégager la reprise de travail d’un aspect administratif qui n’est pas une garantie de succès : il n’est de bonne solution qui ne soit individuelle. Le conseiller du travail est surtout celui qui saura poser les problèmes en termes techniques et: non plus en termes « sociaux » ou « charitables » : il ne s’agit pas de réemplover à tout prix et n’importe où un bandicapé, parce que c’est humainement soubaitable, mais de résoudre les difficultés pratiques, physiques et mentales qui l’empéchent de reprendre son travait et d’aboutir à son adaptation exacte au poste le plus convenable. Les ateliers et le travait protégé. Il ne faut pas pourrir d’inutiles illusions et espérer qu’à l’issue du réentrainement seront résolues toutes les difficultés et que seront réemployés tous les handicapés. Les statistiques du Centre de Condreville montrent que commune mesure entre les besoins quantitatifs et qualitatifs du malade NOTRE ÉQUIPEMENT ACTUEL 101 40 %% des handicapés doivent être orientés soit vers la rééducation profes¬ stonnelle, soit vers des postes de travail « aménagés » ou « protégès», ou sont totalement insptes. Cette proportion peut sans doute être réduite. mais il restera toujours un problème du travail en ateliers protégés. Notre enquête ny est pas consâcrée : nous voudrions cependant insister sur le caractère de ces ateliers, lIls sont saps doute le lieu définitif de travail des hapdicapés graves, qui pe peuvent tolérer le rytbme de la productiop industrielle. Mais it importe qu’ils ne soient pas uniquement des reftges d’assistance : ils sont aussi des poyens de réentrainer au travail certains sujets qui demandent une longue préparation ou une attentive surveitance médicale : tuberculeux, certains malades mentaux, certains rhumatisants. Ils sont aussi une garantie contre des reprises de travait basardeuses, déci¬ dées trop tôt, sans que l’on puisse donner de suffisantes assurances à l’em¬ ployeur dun rythme de travail pormat et suivi. Ils sont epfin le moyen d’éviter des arrêts complets de travail dans les cas ou seul un ralentisse¬ ment du rythme suffirait. Les ateliers protégés prolongent par conséquent les centres de réentrainement au travail et constituent l’une de leurs armes tbérapeu¬ tiques, lIls laissent à tous ceux qui en relèvent, l’espoir qu’un jour se présen¬ tera un poste possible dans l’Economie normale, et leur climat psycho¬ logique dépend au premier chef de cette porte toujours ouverte sur un avenir meilleur. Les centres de réentrainement ne peuvent mapquer de soubaiter qu’en leur voisinage se créent de tels orgapismes. 11 — LES DISCIPLINES ANNEXES La Documentation. Ainsi définies, réadaptation médicale et réadaptation professionnelle reposent sur l’utilisation thérapeutique de l’Exercice actif. Elles sont les deux aspects de ce que nous avons appelé la Médecine Fonctionnelle. Nous avons reçonpu l’importance d’upe recherche scientifique qui la vitalise sans cesse, recherche sortie des laboratoires pour devenir une psychophysiologie appliquée aux réalités professionnelles et sociales, Parallèlement à cette recherche, upe documentation complè̂te doit permettre de ne rien laisser échapper qui puisse orienter et améliorer les efforts de tous. Les réunions de technicieps sur le plan pational, comme la création de bulletins et de revues, renforceront encore l’assise technique de ces disciplines nouvelles. La Diététique. Une préoccupation permanente semble devoir inspirer les spécia¬ listes de la Réadaptation, Elle se fait jour dans plusieurs services étrapgers. et dans quelques services français : le souci d’équilibrer le régime alimentaire avec les dépenses de l'’exercice. En règle générale les hôpitaux et services de soins ne prétent qu’une attention discrête à la diététique, quand ils ne sont pas tentés par des régimes que l’on pourrait appeler « démagogiques » ou par le désir d’uniformité qui supprime tout prpblème Et pourtant pouvons-nous ignorer que les recettes doivent correspondre aux dépenses, et qu’il n’existe aucune 102 1A BÉADAPTATION TONCTIONNELE DES ADUUIES EN FRANCE au lit, au repos physiologique, et ceux du sujet qui s’entraine physiquement et meptalement à conquérir sa meilleure « forme » biologique 2 Bien plus, nous avons remarqué plusieurs travaux consacrés à l’in¬ fluence directe de l’équilibre alimentaire sur les aptitudes fonctionnelles. Un régime byperazoté, par exemple, favorise la mobilisation articulaire. Le fonctionnement cardio-respiratoire dépend de la qualité des émonctoires et de leur capacité à éliminer les décbets. Le tonus mental ne saurait être développé si les organes digestifs sont surmenés. Ces ipfluences générales et locales de la diététique demandent que l’on s’y penche plus spécialement car elle constitue un moyen thérapeu¬ tique efficace en matière de Réadaptation, comme un devoir permanent du médecin traitapt. Le spécialiste de médecine fopctionnelle n’a qu’une action fragmentaire s’it omet d’équilibrer les apports alimentaires avec les activités qu’it recommande. Spécialiste de l’exercice, il est nécessairement spécialiste de la diététique qui lui est imposée par l’exercice. Aussi est-il soubaitable qu’il conpaisse parfaitement cette question : il est placé dans des conditions de travail telles que la diététique n’est pas pour lui accessoire, mais doit être étudiée et ipdividualisée pour chacun de ses bandicapés en relatiop svec son traitement fonctionnel et avec son tempérament propre. Hippoccate disait : « Le régime se réduit à découvrir si les aliments sont plus forts que les exercices ou bien s’il y a une juste proportion entre les uns et les autres. Le juste équilibre constitue la santé ».( IV — LE PERSONNEL Au service des différentes techniques utilisées, nous avons actuel¬ lement un personnel dont la caractéristique est d’être en nombre insuffisant et surtout de ne pas répondre exactement aux aspects nouveaux de la Réadaptation Fonctiopnelle. L’extension des services et des centres et une meilleuce définition de leurs activités permettront sans doute d’orienter la formation de ce personnel dans un sens plus pratique et plus efficace. flles permettront aussi d’organiser une médecine d’équipe, dont nous avons fait une condition de progrès. A) Les Médecins Det catories, de pdcine clbprot a l Pdtooes ese tionnelle : les spécialistes de Médecine Physique et ceux qui, sans avoir encore obtenu de spécialisation légale, sont attachés à la Médecine Fonc¬ tiopnelle. Nous avons souligné le caractère accessoire et épisodique des traitements physiques, qui sont des adiuvants du véritable traitement fonc¬ tioppet : l’exercice actif. C’est dire que la direction des traitements de Réadaptation doit être confiée au Médecin de Médecine Fonctiomnelle, qui s’entourera des spécialistes ou auxiliaires utiles pour résoudre chaque cas individuel. a) Les spécialistes de Médecine Physique. L’opipion qui se dégage de la situation actuelle de la Médecine Physique est que, pour apporter à la Médecine Fonctionnelle son aide la suader sans artifice. NOTRE ÉQUIPEMENT ACTUEL 103 plus valable, elle doit s’insérer dans les services et centres de réadaptation et y préciser de quelle manière, par quels procédés techniques, elle favorisera t’exercice actit et sarticulera avec ses différeptes modalités. Sinon, pous risqueriops fort d’assister à l’élimination progressive de procédés, tel l’élec¬ trothérapie, qui, pour n’être pas l’essentiel du traitement fonctionnel, n’en sont pas moins très etficaces. Nous avons pu constater une tendance assez nette à l’abandon des procédés « passifs », et nous pensons que le remède est dans l’iptégration systématique du spécialiste de Médecine Physique dans les équipes médicales de Béadaptation. b) Les spécialistes de Médecine Fonctionnelle. Les médecins, epcore peu nombreux, qui sont attachés aux services et centres actuels de Réadaptation fonctionnelle prennent progressivement conscience de l’ampleur de leur tâcbe, étabtie sur la recberche d’un équi¬ libre entre les fonctions nutritives et motrices, pbysiques et mentales, entre les aptitudes psycbomotrices et les exigences de la réalité sociale et professioppelle. lIls ont surtout la difficile mission d’organiser un travail d’équipe avec tous leurs colaborateurs : spécialistes de Médecine Physique, auxi¬ liaires Kinésithérapeutes, ergothérapeutes, assistantes sociales, psychologues. prothésistes, moniteurs protessionnels, personnel administratif. Nulle spé¬ cialité n’est à ce point instaurée sur l’unité tecbpique et la cobérence d’un traitement aux aspects multiples, réalisé par tant de disciplines diverses. Aussi, ne sommes-nous pas étonnés d’avoir rencontré assez peu de médecins réupissant toutes les connaissances nécessaires. La plupart d’entre eux sont attirés plus spécialement par l’aspect médical de la Réadaptation. Si bien que leurs services ont très souvent un aspect fragmentaire, consacré uniquement à une kinésithérapie plus ou moins associée à la médecine Dhysique et à l’ergothérapie, et exceptionnellement tournée vers la prépa¬ ration concrête au travail et à la vie sociale. La condition d’une extension des compétences du médecin attaché à la réadaptation est, une organisation matérielle complête qui demande des locaux et un équipement importants. La condition est également que de tels services soient administrativement et techniquement associés aux ser¬ vices de soins et en mesure d’établir des coptacts efficients avec l’Economie. Il ne peut donc être question de tormer des spécialistes de Médecine Fonctionnelle « in abstracto » mais au contact de services bien organisès. Aussi vovons-nous la formation de ce personnel médical de réadaptatiop marcher de pair avec la mise en place de structures valables. Mais plus que de formper des spécialistes il importe d’informer les futurs médecins et en particulier les Médecins du fravail, sur les ressources de la Réadaptation pour qu’ils sacbent dans teur pratique, lui réserver la place qui convient D’autre part des conférences renseigperaient utilement les emploveure les ascistantes sociales les administrateurs et directeurs d’organismes d’assurance et d’assistance, ainsi que les travailleurs et les bandicapés eux-mêmes It ne s’agit pas de « propagande », mais d’une information objectyve, llustrée par des cas conctrets, seul moyen de per¬ 104 LA RÉADAPTATION EONCTIONNEUIE DES ADULTES EN FRANCE Quant à la recherche scientifique, elle ne peut qu’être le fruit d’un travail en équipe de chercheurs attachés à des matières différentes, comme la physiologie neuromusculaire, la physiologie appliquée à l’éducation phy¬ sique et aux sports, la psycbopbysiologie et la pathologie physique et mentale du travait. Le laboratoire est ici autant le faboratoire expérimental que tes services de réadaptation et l’entreprise elle-même B) Les Auxitiaires a) Les Rnésithérapeutes. Les Kinésithérapeutes sont les principaux artisans de la Médecine Fonctionnelle Actuellement définis comme des « masseurs Kinésithéra¬ peutes », il se dégagent peu à peu des techniques passives, massage et kinésithérapie passive, et se copsacrent davantage à la kipésithérapie active. Dans ce but, ils souhaitent généralement qu’une troisième année d’appli¬ cation soit ajoutée à leurs études pour l’exercice pratique de la Kinési¬ thérapie active dans différents services de réadaptation, et éventuellement pour une spécialisation : réadaptation des malades respiratoires, neurolo¬ giques, traumatisés en particulier Nous avons souligné les prolongements logiques de la Kipésithérapie dans la psychologie, la prothèse, l’ergothérapie. Ce sont là des disciolines qui devraient être également connues des tinésithérapeutes d’un point de vue théorique et pratique, bien qu’elles soient le fait de techniciens spécialisés. En raison de son contact de plus en plus étroit avec les réalités médicales la kinésitbérapie n’est plus une tecbpique « para-médicale ». Elle constitue un traitement, et à ce titre, le entre dans les compétences et les responsabilités du médecip. Comme tous les traitements médicaux. elle doit faire l’objet d’études et de rechercbes. La Kinésitbérapie, sans cela se scléroserait dans ses « procédés » avec l’inconvénient de la routine et le danger d’une insuffisante individualisation : aux procédés « d’écote » s’ajoutent souvent des procédés «’personnels » dont la valeur n’a pas été rigoureusement éprouvée. N’est-ce pas aussi la preuve qu’une direction technique s’impose, lorsqu’une discipline est divisée en des conceptions et des méthodes multiples, exposant les bapdicapés à des traitements imprécis et insuffisants 2 L’iptégration de la kinésithérapie dans une spécia¬ lité médicale nous parait indispensable. Au reste, légalement, le kinésithérapeute est un auxiliaire médical. Il ne peut prétendre à l’exercice d’une thérapeutique s’il n’est sollicité et dirigé par up médecin qualifié. Malbeureusement, trop de prescriptions sont évasives, limitées à l’indication du nombre de séances de traitement. indication purement administrative la plupart du temps. Trop d’incertitudes. nées dans l’esprit du Kinésithérapeute sur le diagnostic et la marche du traitement, sont résolues approximativement et empiriquement. L’absence de prescriptions détaillées et de liaison avec le médecin eplèvent souvent au traitement son efficacité, car le kinésithérapeute hésite à prendre des risques ou en prend trop, selop son tempérament propre, Il conviendrait de redomner à l’autorité médicale des responsabilités qui lui incombent : au médecin appartient l’indication et la surveillance du traitement, à NOTRE EQUPEMENT ACTUEL 105 l’auxiliaire médical, une exécution conforme aux prescriptions qui tui sont faites. Mais pour que ces définitions légales puissent, être maintenues. chirurgiens et médecins traitants doivent être en mesure de s’adresser à des spécialistes quatifiés de Médecine fonctionpelle pour leur confier cette responsabilité de la Réadaptation. Un autre point a retenu notre attention : si l’on décide d’augmenter la durée de l’enseignement de la Kinésithérapie et de lai doqger in tour plus pratique, il convient de n’envisager cet enseignement qu’au contack de services suffisamment bien organisés. Cette remarque, que pous avons faite pour l’enseignement médical, pous amène à penser que le terrain d’exercice pratique de la Kinésithérapie est un centre régional bospitalier où l’on puisse trouver les différentes spéciatités médicales et chirurgicates. et un centre de Réadaptation fonctionnelle étroitement articulé avec les services de soins : chirurgie thoracique, traumatologie, neurologie, etc.. La Kinésithérapie sous ses diftérents aspects tecbpiques et légaux mérite qu’on lui porte toute son attention : elle est un facteur essentiet dans l’organisation et les progrès de la Réadaptation fonctionnelle. b) Les Ergothérapeutes. Aucun statut légal ne règlemente la profession d’ergothérapeute. Aucun enseignement officiel n’a été codifié pour ces auxiliaires médicaux dont l’action est si directement conjuguée avec celle des kinésithérapeutes. Les services anglo-saxons ont maintenant une expérience assez longue pour nous confirmer qu’il existe réellement deux spécialisations distinctes de l’ergothérapie, l’une appliquée aux malades meptaux et médicaux, où domipe la psycbothérapie, et l’autre aux déficients moteurs. Un enseignement logique doit donc envisager ces deux spécialisations, sans pour cela laisser ignorer à l’une les disciplines de l’autre : il existe upe psychothérapie des malades moteurs et une kinésithérapie des malades mentaux et médicaux, qui doivent être connues de tous les ergotbérapeutes. La Kinésithérapie constitue dans tous les cas une base essentielle de l’enseignement, si bien que nous pouvons soubaiter la réupion en une même école des ergothérapeutes et kinésithérapeutes. De nombreux cours et exercices pratiques peuvent être communs, au contact des mêmes ser¬ vices de soins et de réadaptation, à la condition d’être techniquement suffisants pour alimenter un enseignement de qualité. Deux écoles cherchent actuellement leur voie dans ce sens, et leur expérience sera précieuse lorsque l’extension de cette discipline sera suffisante pour qu’elle soit codifiée L’ergothérapie est une thérapeutique, au même titre que la kipési¬ thérapie, et l’ergothérapeute un auxiliaire médical. Mais alors que le tinésitbérapeute peut exercer en clientèle privée, l'’ergothérapeute doit nécessairement être intégré dans un service bospitalier ou un centre de réadaptation, Si bien que nous possédons un nombre très restreint de tecbniciens de ce genre et il serait heureux que cette protession si impor¬ tante, propre à transformer l’atmosphère des soins et de la réadaptation. puisse se développer et s’organiser. Au reste, Kipésithérapie et ergothérapie méthodes tout à fait parallèles et comparables, toutes deux à la base de la Médecine Fonction¬ 106 LA RÉADAPTATION TONCTIONNELE DES ADUUTES EN FNRANCE pelle devraient obtenir pe place à leur mesure dans les services bospi¬ taliers et les centres de réadaptation. Un statut commun semble s’imposer. pour teur donper d’indispensables garanties de stabilité et de progression des salaires. L’avenir de ces professions repose en grande partie sur la place qui leur sera faite dans le cadre du personpel hospitalier, car, nous l’avons vu, tes progrès techniques et la recherche scientifique ne peuvent avapcer qu'à l’intérieur de structures complêtes et valables. c) Les Paychologues. Nous pe nous attarderons pas sur les qualifications utiles au psycbo¬ logue. Nous avons déjà souligné qu’elles devaient se dégager des conceptions théoriques de la psychologie pure et des tendances psychiatriques de la psychothérapie des maladies mentales caractérisées. Une spécialisation est nécessaire, orientée vers les réalités de la réadaptation et de l’adaptation au travail. Un autre aspect de cette psycbologie est la connaissance des ipcidences mentales de telle ou telle catégorie d’affection médicale ou chirurgicale. L’hôpital, en générat, bénéficierait de l’action de ce spécialiste comme de celle de tous les techpiciens de la réadaptation, daps le cadre de ce que nous avons appelé la « Prévention » des séquelles. Et la guérison médicale elle-même s’en trouverait améliorée : physique et mental sont toujours associés daps les processus de guérison. Nous retrouverions ainsi la plus pure tradition médicale, celle qui considère le malade comme un tout ipdissociable. d) Les autres (echniciens Prothésistes, assistantes sociales et moniteurs professionnels des ateliers de réentrainement doivent également tirer leur qualification d’un contact quotidien avec les problèmes de réadaptatiop, Il n’est pas possible d’imaginer qu’une formation puisse leur être donnée en dehors de services spécialisés. De même que les Kinésitbérapeutes et les ergothérapeutes, ces auxitiaires doivent bénéficier d’un statut particulier puisqu’ils collaborent de manière active au traitement des bandicapés. C’est là le moyen d’obtenir qualification et stabilité de ce personnel, ce qui suppose que la Réadap¬ tation soit également bien définie et strucuuree. e) Les Handicapes. Il nous semble que l’on oublie très souvent dans l’équipe de Réadap¬ tation celui qui en est le membre essentiel: le déficient lui-même. Les apglo-saxons se plaisent à le répéter, et l’expérience prouve que rien d’efficace n’est possible sans la collaboration totale de l’intéressé. Aussi plus encore qu’une psychothérapie organisée, un libre épanouissement de chacun dans des organisations collectives de son choix apparait être un but important : l’association ou l’amicale des handicapés, responsable du maximum d’activités « extra thérapeutiques », est une nécessité dans la création d’up climat moral favorable, Elle est susceptible de développer des liens de solidarité qui survivront au temps du traitement et pourront être à la base d’un mouvement fécond au service de tous les handicapés. Elle est le mleu de culture de ce que l’on appelle le « sens social ». NOTRE CQUIPEMENT ACTUEL 107 Pour résumer cette analyse des techniques de Réadaptation, nous pouvons distinguer les différents stades auxquels elles s’appliquent : — Le stade des soins médicaux et chirurgicauy, II pe s’agic pas epcore de Réadaptation proprement dite, mais d’une mobilisation précoce locale et gépérale destipée à éviter l’apparition de séquelles fonctionnelles ou à en diminuer l’importance. C’est le stade de la Prévention des séqueltes. où médecine de soins et médecine fonctionnelle forment un tout, dont est responsable le médecin traitant. — Le stade de la Réadaptation Médicale, Si des séquelles persietent lorsque les soins médicaux et chirurgicaux ne sont plus pécessaires, un traitement spécial de réadaptation s’impose, attaché à la Réduction de ces séquelles. — Le stade de ls Résdaptation Professionnelle, Lorsque les traitements de réadaptation médicale n’ont pu effacer totalement les séquelles, celles-ci doivent alors être compensées pour que soient possibles les activités sociales et professionnelles malgré le bandicap. C’est le stade de la Compensation des séquelles, ou du réentrainement au travail et à la vie sociale. Ce schéma des trois, stades de la Béadaptation montre qu’il existe upe continuité de la Médecine Fonctionpelle de l’hôpital à l’usipe, biep que les buts et les procédés varient, d’up stade à l’autre, Il moptre aussi l’importance d’une unité de vues et d’une direction cohérente des tech¬ niciens. Epcore faut-il que cette unité de direction techpique, concrétisée dans la spécialité de Médecine Fonctionnelle, soit possible pratiquement. à l’intérieur de structures pensées et réalisées pour garantir la réussite de la Réadaptation tant médicale que professionnelle. LES STRUCTURES Les techpiques que nous avons analysées sont groupées de manière assez variable daps des structures dont pous pouvons distinguer deux aspects : sur le plan individuel, c’est l’expression de l’exercice libéral de la médecine : sur le plan collectif, ce sont les services et centres de réadap¬ tation. Leur caractéristique commune est qu’elles pe sont que très rarement articulées avec la médecine de soins et avec l’entreprise. Les thérapeutiques fonctionnelles deviennent ainsi des disciplines accessoires, dont le sens et la portée p’apparaissent pas clairement au malade, et dont les indications échappent aux "médecins et chirurgiens traitants autant qu’aux ingénieurs et aux médecins du fravail. LES ORCANISMES INDIVYIDUELS L’attachement du corps médical à un exercice libéral de la médecine devait le conduire à réaliser individuellement l’une ou l’autre des théra¬ peutiques fonctionnelles. Ainsi, l’électrotbérapie est-elle le fait de spécia¬ listes qui, s’ils interviennent dans le cadre de leur cabinet personpel, peuvent sans doute prétendre contribuer seuls au traitement des symptômes des différentes affections, mais doivent adresser leurs malades à d’autres tecb¬ niciens et, en particulier, aux masseurs kinésithérapeutes s’ils veulent NOTRE ÉQUIPEMENT ACTUEL 109 c’est-à-dire la réadaptation médicale et la réadaptation protessionnelle la présence de « services » de réadaptation médicale ne pourra que favoriser leur articulation éventuelle avec les services et ceptres de réeptrainement au travail. Le déficient sera plus judicieusement et selon des critères précis orienté vers un « centre » de réadaptation médicale spécialisé, lorsque les séquelles réclameropt pour être réduites, l’epsemble des procédés fonc¬ tionnels les plus perfectionnés. Placés sous la responsabilité médicale du spécialiste de Médecine Fonctionnelle, les « services » privés seront donc compétents autant pour la prévention que pour la réduction des séquettes des handicapés ambulatoires, lorsque ces séquelles ne sont pas de nature à porter atteinte aux aptitudes sociales et professionnelles. Nous retrou¬ verons d’ailleurs la même définition pour les « services » hospitaliers de réadaptation. Nous pouvons espérer ainsi un équipement national valable. puisqu’il sera utilisable en clientèle comme à l’bôpital. Il en résulte que, sur le plan administratif, pous pourrions plus aisément distinguer ce qui constitue les soins médicaux proprement dits de ce qui est réellement Réadaptation. Médecine Physique et Masso¬ kinésithérapie s’appliquent à faire céder certains symotômes morbides nous l’avons vu. Dans ce cas, les traitements dépensés peuvent très bien être rémunérés « à l’acte ». Mais lorsqu’il s’agit de Réadaptation, c’est-à-dire d’up ensemble de traitemepts appliqués aux séquelles fonctionnelles, la rémuné¬ ration serait plus simple et plus exacte si elle était basée sur le principe du « torfait journalier ». Dans ce cas, les dépenses réelles du « service » seraient réparties sur l’ensemble des malades traités, ce qui est conforme aux ten¬ dances les plus profondes des organismes d’assurance et d’assistance. Ces services « privés », par ailleurs, ne porteraient aucune atteinte au principe partout admis et soufenu du « libre cboix », le malade avapt la possibilité de s’assurer de l’avis de son médecin traitant pour préférer tel ou tel service, lls garantiraiept aussi, et ce serait un réel progrès sur la situation actuelle, le coptact très personnel des bandicapés et du spécialiste de Médecine Fonctionnelle, collaborateur direct du médecin traitant. Tel nous parait être le sens d’une évolution médicale sachant harmoniser ses plus solides traditiops avec le progrès des techniques la tradition médicale n’est-elle pas esseptiellement un souci et un respect de l’individu, avant d’être une structure 2 L’esprit doit ipspirer la forme et non pas s’y laisser emprisonner. Tel nous parait être également le moyen de garantir upe réadap¬ tation médicale précoce, c’est-à-dire une liaison organique avec les médecins traitants de clientèle privée, et de favoriser le prolongement éventuel de le réadsptation médicale par le réentrainement au travail: il n’est de meilleure liaison que par le contact personnel des responsables techniques. LES ORCANISMES COLLECTIES Les organismes collectifs de Réadaptation fonctionnelle peuvent être groupés selon les trois stades que pous avons distingués : — les services hospitaliers (prévention) : — les centres de réadaptation fonctionnelle et les services « exterpes » (réduction) : — les organismes de réentrainement au travail (compensation) NOTRE ÉQUPEMENT ACTUEL 111 solution ne peut être que temporaire, en attendant la création de centres de réadaptation où pourront être adressés tous les malades graves. La meilleure formule nous semble avoir été réalisée à Nancy, à Strasbourg et à Rennes. Cette formule, qui découle d’une conception « uni¬ taire » de la Réadaptation, réunit en un centre unique, situé dans l’enceinte du groupe bospitalier, les différentes modalités d’application pratique de la Réadaptation Médicale, Joutes les techniques y sont groupées, et peuvent être utilisées : — à l’intérieur des services de soins hospitaliers, pour une thérapeutique fonctionnelle précoce : — dans le centre spécialisé, pour la Réadaptation médicale proprement dite, en exterpat ou en internat. Cette conception permet d’installer à l’hopital un service commun de Médecine Physique très étofté, possédant l’ensemble des ressources théra¬ peutiques par les agents physiques et de le mettre à la disposition à la fois des soins et de là réadaptation. La Réadaptation y gagne d’être concue et réalisée de manière globale, sans discontinuité entre son stade hospitalier et son- stade de réduction des séquelles. Un autre avantage est que tous les soips pour les bapdicapés « externes » et « ipternes » peuvent être dispensés par les mêmes techni¬ ciens dans le centre juxta-bospitalier, techniciens qui se déplacent dans les services de l’hôpital pour la prévention des séquelles des malades alités. Les Centres de Réadaptation fonctionnelle. Pour trouver air, espace et climat psycbologique favorable, un cer¬ tain nombre de centres de Réadaptation Fonctionnelle ont été installés en debors des villes. Il est évident que leur efficacité dépend beaucoup de leur acticulation avec tes services de soins et de la possibilité d’y réaliser une thérapeutique fonctionnelle précoce. Si de tels centres sont consacrés à la réduction de séquelles graves. au traitement fonctionnel de déficiences dont les incidences sont impor¬ tantes sur le plan social et professioppel, ils doivent être en mesure de recevoir des malades en internat et posséder l’armement thérapeutique le plus complet. Lorsque les conditions géographiques et les moyens de com¬ munication le permettent, certains malades peuvent terminer leur traite¬ ment au centre en tant qu’ « externes » mais ce n’est pas la règle La Béadapation médicale comprend donc : — des services externes utilisables en clientète privée : — des services hospitaliers dont les deux activités sont les traitements fonctionnels en externat et à l’intérieur des services de traitement des centres pour tes handicapés graves annexés ou non aux services de réadaptation bospitaliers, mais dans toute la mesure du possibte étroitement coordonnés avec eux et dans leur voisinage. L’équipement technique. Les différences d’équipement tecbnique des centres actuels s’expli¬ quent par l’absence d’une définition et dune detimitation execte 6es bots poursuivis. LA RÉADAPIATION TONCTIONNELE DES ADUITES EN TRANCE 112 Ainsi trouvons-pous des centres dont l’équipement se limite à la masso-kinésithérapie, individuelle ou collective, associée à un plus ou moins grand nombre d’agents physiques. La psycbologie en est absente, laissée à l’improvisation des moniteurs ou à la direction de médecins, souvent mal informés de l’évolution de cette science daps le sens d’une application concrête aux réalités de l’hopital, du centre et du monde du travail. L’er¬ gothérapie est très rarement associée à la kinésithérapie et, dans les cas ou elle existe, elle conjugue assez mal ses actions Kinésithérapique et psycho¬ thérapique avec les autres tecbniques. Elle est d’ailleurs diversement appli¬ quée, utilisant des travaux artisanaux ou des métiers industriels, dans des perspectives pédagogiques ou fonctionnelles, analytiques ou sypthétiques. Nous ne reviendrons pas sur ces diverses tendances, signes manifestes que cette technique cherche encore sa voie et qu’elle ne la trouvera qu’au contact de l’expérience des centres et des services de réadaptation. Nous avons, par exemple, visité des ateliers créés à l’intérieur de certaines entreprises dans le but d’utiliser l’ergotbérapie comme procédé essentiel de réadaptation : les modifications des machines de base de l’en¬ treprise permettent de faire varier les gestes professionnels et de les adapter aux nécessités fonctionnelles du traitement, en même temps que le retour précoce dans le milieu de travail favorise l’entrainement mentat. Le meil¬ eur exemple de cette copception industrielle de la réadaptation nous sem¬ ble être celui des ateliers Vauxhall, qui a certainement fait école et servi de modèle aux quelques créations françaises. Or, l’atelier de réadaptation est la plupart du temps isolé de l’unité de traitement et ce biatus est regrettable. D’autre part, nous avons reconnu. au sujet des techniques emplovées, les rôles complémentaires de la kipé¬ sitbérapie, de l’ergothérapie et de la psychothérapie. Il n’est pas possible d’espécer que l’ercothérapie remplace la kinésithérapie le geste protes¬ sionnel, même « aménagé », ne pouvant prétendre à la précision analytique et à la rigueur des progresions de la kinésithérapie l'’atelier de réadapta tion doit, pour être valable, s’articuler avec l’unité de traitement médica et chirurgical, et comporter les conditions techniques babituelles de la réadaptation, réglementées par le Mipistère de la Santé Publique. Il doit être un véritable « centre de réadaptation », dont le service d’ergothérapie présente un aspect industriel: encore faudrait-il démoptrer la supériorité « psychothérapique » et « kinésithérapique » de l’activité industrielle sur l'’activité créatrice de pature artisanale. La vocation propre de l’entreprise ne nous semble pas être « médi cale » mais plutôt « professionnelle ». L’entreprise est à même d’organiser la compensation des séquelles, une fois obtenue leur réduction par les tech¬ niciens médicaux. L’atelier réservé aux handicapés est un moyen de réen¬ trainement au travail, d’autant plus valable qu’it est créé à l’intérieur d’une entreprise ou d’une « famille professionnelle ». Polyalence ou spécialisation Deux conceptions s’affrontent dans l’organisation des centres de réa¬ daptation fonctionnelle selon que l'on souhaite des centres polyvalents ou spécialisés. NOIRE ÉQUIPEMENT ACTUEL 113 Le centre polyvalent accueille toutes les catégories de déficients. quelle que soit l’origine du handicap. Ainsi voisinent avec les traumatisés les poliomyélitiques, les rhumatisants et les déficients sensoriels. Le bépé¬ fice psychologique èst certain d’une coexistence des bandicapés rapidement et leptement améliorables. Le traumatisé stimule le poliomyélitique et l’on voit rarement l’inverse, c’est-à-dire une sorte de démoralisation du trau¬ matisé par le voisipage de déficients graves. Mais l’intérêt le plus évident de la polyyalence est que le climat moral peut être créé et entretenu par les bandicapés séjournant le plus longtemps au centre. Ainsi l’amicale des pensiopnaires peut-elle bénéficier d’une certaine coptipuité de direction et organiser un accueil des nouveaux dans de meilleures conditions. Par contre, du point de vue technique, il est certainement plus simple d’organiser des centres spécialisés. Les kinésithérapeutes, pous l’avons vu. développent leurs connaissances et leurs métbodes daps le sens d’upe plus exacte adaptation aux réalités médicales, et les poliomyélitiques par exem ple imposent des traitement sensiblement différents de ceux des trau¬ matisés ou des rhumatisants. Bien plus, les insuffisants cardio-respira¬ toires n’ont pas du tout les mêmes exigences que les déficients moteurs, et les enfants demandent des compétences pédagogiques et des copnaissances Physiologiques très particulières. La réunion de plusieurs catégories de déficients peut très bien se justifier, si toutefois leurs déficiences présentent des caractères communs suffisants pour être traitées ensemble. Les « moteurs » forment up groupe assez cohérent pour, constituer un centre, de même les « meptaux », les « sensoriels », les « cardio-respiratoires » et les enfants. Une solution inté¬ ressante est que chaque centre ait une spécialisation assez large, tout en conservant une certaine « domipante » pour telle catégorie : ainsi, le cen¬ tre spécialisé en réadaptation motrice peut traiter de préférence les polio¬ myélitiques et les paraplégiques, mais profitera de la présence de quelques traumatisés et rhumatisants. Nous n’insisterons pas sur les déficients cardio-respiratoires qui com¬ prennent les tuberculeux stabilisés, les insuffisants de l’appareitl cardio¬ vasculaire, de l’appareil resoiratoire, voire des fonctions de nutrition. Ils doivent rester accrochés aux services de soins encore plus étroitement que les autres, en raison de la surveillapce médicale qu’ils imposent. Les mêmes principes sont valables pour tous, et ce que le décret du 6 janvier 1950. réglant la post-cure, appelle le réentrainement à l’effort n’est pas autre chose que la réadaptation fonctionnelle de l’ensemble des fonctions orga¬ niques et des fonctions cardio-respiratoires en particulier. Nous p’avons pas vu de différences notables qui puissept justifier, pour les tuberculeux une autre structure que celle des trois stades valables pour les autres malades : — Prévention hospitalière des séquelles physiques et mentales; — Béduction des séquelles dans le centre de réadaptation fonc¬ tionnelle au contact de l’organisme de soins. — Réentrainement au travail au contact de l’entreprise, soit dans un centre, soit dans un atelier spécialement concu dans l’entre¬ prise. 114 1A gÉADAPTATION FONCTIONNEUIE DES ADLITES EN FRANCE Le réentrainement au travail. Nous ne pouvons malheureusement pas signaler de centres complets et expérimentés de réentrainement au travail, ni même reconnaître que dans les ateliers de réadaptation cette discipline soit précisée et généralisée. Beaucoup d’éléments en sont connus ou soubaités, mais rarement ils se trouvent réunis en un même service. Nous avons vu à Condreville l’ébauche d’un centre régional de réen¬ trainement à partir duquel pourront se constituer les services « corporatifs » que nous avons envisagés. Ce ceptre régional doit être d’abord un organisme de « bilan » orientant les handicapés vers telle ou telle famille profession¬ nelle, estimant, l’importapce du handicap social et posant en termes précis les problèmes d’adaptation à résoudre. Or, le bilan professionnet et social est, encore mal défini, divisé par deux tendances divergentes : la tendapce médicale et la tendapce professionnelle, Selon que l’on dresse l’inventaire du dommage physique ou que l’on étudie les incompatibilités de l’individu avec tel ou tel poste de travail, on aboutit dans les deux cas à des vues théoriques. t’inaptitude p’a de véritable définition que si elle s’applique à une activité déterminée et l’adaptation n’est, pas une « sélection » mais un « entrainement » général et local au poste de travail et à des gestes précis de la vie quotidienne. Le rôle des ceptres de réentrainement au tra¬ vail est avant tout de réunir ces deux tepdances d’animer par un tour d’esprit thérapeutique les copceptions statiques des médecins d’entreprise ou de main-d’œeuvre et de concrétiser au contact de la réalité les concep¬ tions théoriques des médecins traitants. Quant aux tecbniques elles-mêmes de réentrainement au travail elles supposent que l’on réalise la plus étroite liaison avec l’entreprise. Eles ont certes leurs meilleures chances de développement dans les ateliers créés par les usines, mais à la condition de conserver leur définition d’organismes consacrés à la « compepsation » des séquelles. Toutetois, un centre régional s’impose où soient centralisés les recherches, les bilans, les fabrications de protbèses spécialisées, et résolus les cas les plus difficiles. L’avantage de cette centratisation est de pouvoir stimuler les créations de centres selon les familles professionnelles et l’orgapisation d’ateliers protégés et du travail à domicile. Ainsi pourront être résolues toutes les désadaptations, des plus simples aux plus complexes, des plus passagères aux plus longues. Les han¬ dicapés ne seront plus, comme il est de règle actuellement, sélectionnés. triés et rejetés dans l’assistapce chaque fois qu’une inaptitude un peu im¬ portante empêche la reprise d’un travail à temps complet et au rythme de la production normale. Il nous a été très agréable de constater que plusieurs commissions de reclassement, dont celle de l’Inspection du Travail de la région pari¬ sienne, et plusieurs ceptres de réadaptation fopctionnelle et de rééducation zprofessionnelle, avaient compris le problème et formaient le projet d’orga¬ piser ce réentrainement, soit en externat, soit en interpat, pour donner à la réadaptation médicale les conclusions pratiques, dont elle a besoin pour être efficiente. Certains ateliers d’entreprise ont également compris la nêces¬ S d, roiler cete, dhestion avee fout le soin et le coppétence tecbpique possible NOTRE ÉQUPEMENT ACTUEL 115 Le fait le plus significatif et le plus important est certaipemenc que les centres de rééducation professionnelle voire les écoles d’aopren¬ tissage, désirent eptreprendre, parallèlement à la formation technologique. un entrainemept physique et mental au métier appris. Nous avons déjà soubaité, sur le plan technique, de telles orientations et suggéré que sur le plan des structures certains centres valables de rééducation protessionnelle soient complétés par, une section de réentraipement, au travail et constituent ainsi les centres régionaux pécessaires au développement de la question Que les centres de réadaptation fonctionnelle se complêtent par un centre de réentraipement au travail ou que les centres de rééducation pro¬ fessionnelle organisent une section spéciale, la règle est ici la même que pour l’articulation entre sections bospitalières et centres de réadaptatiop : la liaison entre réadaptation médicale et professionnelle doit être très étroite, et dans toute la mesure du possible établie par la direction médicale unique du spécialiste de médecine fonctionnelle. Si pous résumons ce chapitre des structures de réadaptation, nous voyons qu’il existe une grande cobérence entre tous les organismes, ce qui suppose une politique régionale qui coordonne les initiatives privées et publiques. — Les services privés de réadaptation médicale. — Les services externes bospitaliers. — Les centres de réadaptation fonctionnelle. sont tous trois en liaison avec les orgapismes de soips, Ils restent spéciali¬ sés, non pas tant d’après la nature de l’affection initiale que par celle des déficiences fonctionnelles, ce qui permet un certain regroupement des malades. — Les ceptres et services de réadaptation protessionnelle, ou de réen¬ trainement au travail. s: .: reçoivent les bandicapés définitifs de toutes catégories. Ils sont le lieu de préparation active à la vie professionnelle et sociale, et ils s’articulent avec l’économie locale l’existence d’un centre régional doit permettre de résou dre l’ensemble du problème avec la collaboration éventuelle de centres secondaires et surtout des entreprises elles-mêmes. Le lien technique ipdispensable entre ces différentes structures est une « médecine fonctionnelle » qui sorte la psychophysiotogie de ses labo¬ ratoires et l’applique aux réalités quotidiennes, qui sont un champ d’expé¬ rience autrement vaste. 116 LA BEADAPTATION FONCTIONNELIE DES ADUITES EN TRANCE TABLEAU RÉCAPITULATIE DES TECHNIQUES DE BÉADAPTATION A) READAPTATION MEDICALE. a) Prévention hospitalière : Kipésithérapie, Ergothérapie, Psycbothérapie : Agents physiques Diététique b) Réduction des séquelles : — Linésitbérapie. Ergothérapie, Agents physiques : — Psycbothérapie Service social : — Pcothèse de réadaptation : — Diététique. B) RFADAPTATION PROFESSIONNELLE ET SOCIALE. 9) Compensation des séquelles : — Education des suppléances sensorielles et gestuelles, réentrai¬ pement à la fatigue du travail : — Protbèse de travail et d’usage courant, modifications des outils et machines : — Compléments d’apprentissage et, éventuellement, rééducation : — Psychothérapie, service sociat : — Diététique. b) Liaisons avec l’entreprise : — Psycbotechnique : — Conseiller du travait. C) Liaisons avec te milieu sociat : — Assistante sociale. DES STRUCTURES DE RÉADAPTATION NOTRE ÉQUIDEMENT ACTUEL 17 TABLEAU BÉCAPITULATIE A HOPITAL : — Services de soins : Traitement de l’affection medicale ou chirur¬ gicale. — Services de Médecine Fonctionnelle: Prévention des séquelles Exfinetion des symptômes Bitan des séquelles Cuérison médicale B SERVICES ET CENTRES DE RÉADAPTATION MÉDICALE : — Services « externes » bospitaliers: Réduction des séquelles légères — Centres spécialisés de Réadaptation : Réduction des séquelles graves (sensoriels, moteurs, mentaux, cardio-pulmonaires) Stabilisation des séquelles Cuérison médicale et fonctionnelle 1 V1UEL N BSELEEE — Centres régionaux : — Bilans après réadaptation médicale — Compensation protessionnelle et sociale des séquelles graves (éventuellement avec rééducation professiopnelle) — Centres d’entreprises et de familles professionnelles: — Compensation des séquelles légères Cuérison sociale et professionnelle Reprice du travait technique. 118 LA RÉADAPTATION FONCTIONNELE DES ADUITES EN FRANCE LA LÉGISLATION La Réadaptation Fonctionnelle est maintenant admise daps les différentes législations sanitaires et sociales françaises. Les dépenses qu’elle entraine sont prises en charge par les organismes d’assurance et d’assistance ainsi que par les Offices d’Anciens Combattapts. La création de services et de centres nouveaux est soumise à des conditions d’agrément de mieux en mieux définies et adaptées aux grandes catégories de déficiences. Nous pourions regretter une certaipe imprécision des termes juridiques employés, mais c’est dans la mesure où les unités de réadaptation se développeront que les textes s’adapteront plus étrortement à la realite LA DÉFINITION LÉCALE DE LA RÉADAPTATION Qu’est donc pour le Législateur la Réadaptation Fonctionpelle 2 Lorsqu’il s’agit de tuberculeux les termes emplovés sont ceux de réen¬ trainement à l’effort qui n’est pas autre chose que la réadaptation médicale. de réadaptation et de rééducation protessionnelle, selon que le sujet se réadapte à son métier antérieur ou apprend un nouveau métier. Nous avons appelé « réentraipement au travail » cette réadaptation au métier antérieur, car nous pensons aipsi mieux définir le but rechercbé et les tecbniques employées. Notons que la reprise progressive du travail est considérée comme un procédé de réentrainement et qu’il justifie le maintien des prestations de la maladie. Ce qui est valable pour les tuberculeux l’est aussi pour les déficients moteurs. Les textes de la Sécurité Sociale prévoient des prestations « maladie », « invalidité » ou’ « accident du travail » dans ces deux éven¬ tualités d’une réadaptation effectuée dans un service ou un ceptre et d’une reprise progressive du travail estimée utile à la réadaptation. — La réadaptation effectuée dans un service ou un centre et dans certains cas par un praticien est prise en charge selon les articles suivapts : Accidents du travail : article 39 de la loi du 30octobre 1946: Maladie : article 22 de l’otdonnance du 19 octobre 1945. Invalidité : article 62 du règlement d’administration publique du 29 décembre 1945. — La reprise progressive du travail est admise par les dispositions suivantes : - Accidents du travail : article 45 de la loi du 30 octobre 1946 Maladie : article ,26 de l’ordonnance du 19 octobre 1945 Invalidité : article 60 de l’ordonnance du 19 octobre 1945. I1 est très intéressant de noter que daps l’un et l’autre cas l’on considère qu’il s’agit de soins, ou plus exactement de ce complément de soins qu’est la Réadaptation. Certes, la rééducation professionnelle est mieux définie et les textes sont plus pets à son sujet. Mais généralement l’imprécision est plus grande pour la maladie et l’invalidité que pour les accidents du travail: il faut chercher les éléments de la législation sur la Réadaptation et la Réédu NOTRE EQUIPEMENT ACTUEI 119 cation dans des chapitres assez éloignés les uns des autres. Aussi pouvons¬ pous souhaiter le groupement de tous les textes en un chapitre unique de manière à simplifier la tâche de leurs utilisateurs et d’éventuelles erreurs d’interprétation. ta tendance générale des législations est de n’accorder les prises en charge que pour l’admission dans des établissements agréés. Ainsi les Offices des Anciens Combattants ont-ils créé dans cet esprit un centre de réadaptation à l’Ilôtel des lpvalides, où ils adressent toutes les victimes de la guerre. L’Aide Sociale et Médicale, de son cêté, suit le même orincipe et les préfectures ne passent des conventions qu’avec les établissements habilités à dispenser des traitements valables. Le règlement d’admipistration publique du 30 janvier 1950, et en particulier l’article 22 du décret du 2 septembre 1954, prévoient la prise en charge de la Réadaptation à cette seule condition. Ils prévoient aussi une allocation « différentielle » en cas de reprise partielle du travail et la création d’ateliers protégés, pour les grands handicapés. Si bien que, pour le Législateur, la Réadaptation Fonctiopnelle a pour but de replacer les handicapés dans les conditions d’une reprise de travail pormale. La Rééducation Professionnelle vient la compléter et réglen les cas d’inaptitude totale et définitive au métier antérieur par l’aporen¬ tissage d’un métier pouveau. Réadaptation Fonctionnelle et Rééducation Professionnelle sont donc les deux grands chapitres d’une « Réhabilitation » qui prolonge la guérison médicale en une véritable guérison profesionnelle et sociale. LES PROCÉDES DE RÉADAPTATION Il est reçonnu que cette Réadaptation Fonctionnetle peut utiliser des procédés divers, et pous trouvons dans la circulaire 21 S5 du 13 février 1952 les termnes suivants « L’établisement qui dispense un traitement médical qu’it s’acisse de soins proprement dits ou d’un traitement de réadaptation fonctionnelle (réadaptation motrice, mécanotérapie physiothérapie, etc, cette énumé¬ ration n’étant pas, bien entendu, limitative), doit obtenir l’autorisation de la Commission Régionale prêvue à l’article 17 de l’ordonnance du 19 octobre 1945 » Soins et Réadaptation fonctionnelle sont là aussi considérés comme des disciplipes médicales, sans qu’il soit question de limiter leurs modalités par des textes, puisqu’ils évoluent tous deux sous l’impulsion des progrès techniques. Et la réadaptation, complétée éventuellement par la rééducation professionnelle, ne s’arrête qu'’à la reprise effective d’un travail à temps complet ou du moins d’un travail compatible avec les aptitudes des bandi¬ capés, car toutes les transitions sont possibles dans cette reprise de travail. Nous retrouvons notre constatation, issue de l’étude des différentes tecbniques actuelles, que la Réadaptation Fonctionnelle est un tout cobérent une thérapeutique unique malgré ses modalités diverses et ses trois stades successifs. Elle tire son upité de la nature de son objet, qui est le traitement des séquelles de la maladie et de l’accident, daps le but de compléter 1a guerison médicale et de lui donper sa meilleure efficience pratique. 120 1A BRÉADAPTATION FONCTIONNELIE DES ADUITES EN EBANCE Réadaptation médicale et protessionnelle sont les deux aspects d’upe seule et même disciptine : te traitement des séquelles fonctionneltes de la maladie et de l’accident. LES ÉTARLISEMENTS DE RÉADAPTATION Si nous reprenons les textes de la Santé Pubtique consacrés à l’agrément des établissements de Réadaptation Fonctionnelle, nous remar¬ quons — le décret du é janvier 1950 relatif à la post-cure et qui distinque dans le cadre de la « post-cure » la réadaptation médicale et la réadaptation professionnelle. Dans le premier stade, les techpiques sont dominées par la réduction des séquelles fonctionnelles en elles-mêmes, et dans le deuxième elles sont organisées dans te but d’adapter exactement le tuberculeux guéri médicalement et fonctionnellement au travail le plus convenable, soit, par un réentrainement au travail antérieur, soit par l’apprentissage et l’entrainement à un nouveau métier : l’arrêté du 29 septembre 1953 relatif à la réadaptation fonctionnelle. des déficients moteurs et qui fixe les conditiops techniques minima auxquelles doivent obéir les établissements qui s’y consacrent, Il s’en dégage une confirmation de ce que pous avons avancé au sujet de la pratique « libérale » de la réadaptation, à savoir l’importance d’une évotution des structures individuelles vers l’organisation de « services » où soient réunis tous les movéps valables Il ne saurait être question de Réadaptation Fonctiopnelle sans la réunion des techniques actives et des agents physiques, et la Bolitique des organismes d’assurance et d’assistance pe peut qu’être éclairée par cet arré̂té très important. Il n’est pas encore question, dans cet arrêté, des techniques de réen¬ frafnement au travail et à la vie sociale. Nous devons attendre, que des réalisations suffisamment précises orientent le législateur et lui permettent de compléter l’arrêté du 29 septembre 1953. I1 n’est pas non plus question des conditions de la réadaptation des déficients sensoriels, des enfants et des mentaux. Le chapitre des cardio¬ respiratoires est encore exclusivement dominé par les tuberculeux et doit s’étendre à l’ensemble des très nombreux cas de déficiepces des. appareils putmonaire et cardio-vasculaire. Là encore il faut attendre. des réalisations concrêtes pour légiférer. La condition essentielle d’une extension des techniques de Réadap¬ tation, de leur oroloncemenr par le réentraipemept au fravail est qu’elle soit considérée comme un ensemble cohérent, et comme une modalité de la thérapeutique confiée à la direction que pous avons soubaitée, d’up spécialiste de Médecine Fonctionpelle. LA PRISE EN CHARGE DES TRAITEMENTS DE RÉADAPTATION Les textes des Anciens Combattants et de l’Aide Médicale et Sociale lient la prise en charge à l’agrément des établissements. Cela suppose que les commissions compétentes soient au courant de l’évolution des tech¬ niques et permettent les créations valables de réadaptation médicale et de NOTRE EQUIPEMENT ACTUEL 121 réentraipement au travail: les garanties doivent être recherchées dans la cohésion et l’upité des structures, dans la qualité de leur direction médi¬ cale, plus encore que dans les hypothèses techniques de départ Ces com¬ missions, par conséquent, ont un rôle particulièrement important, qui est de choisir entre la fixité et le progrès. S’attacher rigoureusement aux règlements actuels aboutirait à momifier une discipline qui demande au contraire à s’étendre et à s’affirmer. Les textes de la Sécurité Sociate subordonnent également tes prises en charge à l’agrément des établissements. La ligne de conduite des caisses est définie par les deux principes de l’ « entente préalable » pour les actes isolés et de « l’agrément » pour l’admission dans un établissement quel¬ copque. Puisqu’it est, dans tous les cas, préférable de réaliser la réadaptation dans des services ou des centres qualifiés et bien équipés, le « forfait jour¬ nalier » est le meilleur moyen de clarifier et de simplifier les prises en charge. L’Institut de Nancy réalise ce principe d’un forfait ajouté au prix de jourpée hospitalier chaque fois que le malade est traité par la section de réadaptation, fortait qui est le même pour les traitements « externes » et les traitements au centre de réadaptation. A l’unité techpique de la Réadaptation correspond par conséquent une unité administrative de prise en charge. Récemment, une modification de l’article 39 de la loi du 30 octobre 1946 est intervenue, qui impose avant toute prise en charge d’un traitement spécial de Réadaptation Fonctionnelle une expertise systématique, même si médecin traitant et médecin conseil se sopt mis d’accord sur les indications et les modalités du traitement. Ces dispositions risquent de provoquer up ralentissement dans les traitements. Une expertise demande un délai mini¬ mum d’un mois pour arriver à exécution, et les experts vont être certaine¬ ment surchargés par une augmentation considérable du nombre de leurs examens. Cependant un expert est seul compétent, sur le plan locat pour définir un traitement, Il peut par conséquent avoir un rôle déterminant dans l’orientation générale de la thérapeutique En ce domaine si nouveau de la réadaptation, l’expertise systématique peut être un excellent moyen de développer des techniques qui ne sont pas encore spontanément et préco¬ cement envisagées par le corps médical, surtout en clientèle privée. La condition est paturellement que les experts soient très qualifiés en la ma¬ tière et puissent, disposer d’un temps suffisant pour se consacrer à cette tâche si importante : une solution serait dans l’organisation d’un corps d’experts emplové à temps plein, ce qui, par ailleurs éviterait les risques de se trouver à la fois juge et partie. Un amépagement des textes semble opportun pour tenir compte de cette règle technique absolue qui est la précocité de la réadaptation. LE CONTROLE MéDICAL Il est donc devenu très important que médecin-conseil et médecin traitant collaborent dans cette tacbe de « Réhabilitation », Ils peuvent décidet ensemble, en temps utile, de la thérapeutique suivant qu’elle doit s’appliquer à la Préventiop, à la Réduction ou à la Compensation des séquelles. La pré¬ 122 LA KEADAPTATION TONCTIONNELE DES ADUUTES EN FRANCE sence d’un spécialiste de médecine fonctionnelle, nous l’avons vu, per¬ mettrait d’assurer la continuité de ces stades successifs, l’unité du trai¬ tement et son barmonisation avec les soins médicaux et chirurgicaux. A ces considérations, nous tenons à ajouter notre souhait de voir estimer la capacité de travail selon des critères valables, d’ailleurs précisés par les textes. Ce sont : l’âgé, le sexe, la profession, les aptitudes physiques et mentales, les conditions sociales de logement et d’existence. A l’issue de la réadaptation médicale, le déficient doit être orienté vers son métier antérieur ou vers là Commission de Reclassement grâce à un bilan très dé¬ taillé : n’est-ce pas l’évolution logique du Contrôle Médical, surtout depuis le décret du 20 mai 1955, de s’entourer de toutes les collaborations utiles à un tel bilan 2 Il s’agit en effet d’estimer l’aptitude au travail et non d’établir ou de confirmer des diagpostics en vue de fixer un P. A. M. Les prestations de Sécurité Sociale sont de plus en plus liées à la capacité de travail, estimée dans son ensemble, et le rôle du contrôle médical est de dopner aux Caisses des éléments d’appréciation précis à ce sujet. L’action des médecins conseils est désormais dominée par ce souci de favoriser le retour rapide à une existence professionnelle et sociale normale. Encore faut-il qu’il dispose de la formation spécialisée et des moyens de bilan et de traitement nécessaires. Aussi voyons-pous le médecin conseil placé dans un centre de bilan fonctionnet, où seraient confrontés des enquêtes sociales précises, des examens psychologiques et psycbotechniques estimant les aptitudes psychomotrices au travail, des examens fonctionnels détaillés apalysant les séquelles et posant les indications de leurs traitement « fonc¬ tionnel » ou « professionnel » dans des organismes compétents. Nous avons là l’occasion d’instaurer ce travail « d’équipe », dont dépendent l’exactitude et l’efficacité des mesures envisagées. Nous avons remarqué une très nette tendance, dans plusieurs caisses de sécurité sociale, à demander au médecin conseil une véritable « prise en charge » du déficient : ainsi la Caisse régionale de Nancy a prévu un contact très précoce et continu du médecin conseil et des accidentés du travail, en liaison avec le service social, de mapière à décider en temps utile de toutes les mesures de réadaptation et de rééducation qui s’imposent. C’est là une heureuse modification, dans un sens « constructif » d’une mission jusqu’alors considérée commeun simple « contrôle ». La Réadaptation" Fonctionnelle devient ainsi la préoccupation maieure d’un contrôle médical bien adapté aux tâches de la Sécurité Sociale. Elle devient, conjuguée avec la Rééducation Professionpelle l’arme essen¬ tielle de la guérison sociale des hapdicapés. Elle apparait comme un incon¬ testable facteur de «Sécurité», si elle sait se dégager de son aspect purement médicat et se prolonger par une réadaptation professionnelle systématique et objective. Le Réemptoi : Des opinions très contradictoires sont avapcées sur la Législation souhaitable du réemploi. Certaips estiment nécessaire d’étendre aux assurés sociaux et à tous les handicapés en gépéral le bépéfice des lois de réemploi prioritaire qui s’appliquent aux victimes de la guerre. Mais la faillite de ces lois, leur inefficacité matérielle et morale incitent soit à renforcer les NOTRE ÉQUPEMENT ACTUEL 123 sanctions qu’elles prévoient, soit à les supprimer pour les remplacer par un développement des orgapismes de réadaptatiop. lIl est évident qu’un réemploi prioritaire fixerait les handicapés dans des postes secondaires et dans des états fonctiopnels inférieurs à ceux où ils pourraient être: ce serait le moyen le plus ser d’ôter à la réadaptation la plupart de ses raisons d’être, qui sont la recherche de la meilleure capacité de gain et le désir de conquérir une véritable guérison sociale et, avec elle. l’ipdépendance. Cependant, des mesures sont nécessaires pour inciter les emploveurs à reprendre leurs travailleurs bandicapés. De nombreuses solutions sont possibles pour une organisation du réemploi par familles « professionnelles ». Mais ce problème n’entre pas dans le cadre de notre travait. Nous ne l’avons signaté à l’attention des départements compétents qu’en raison de sa très grande importance pour l’avenir de la Réadaptation. Conclusion : La législation évolue de manière évidente vers (ne garantie des capacités de travail et de gaip, Il peut en résulter un alourdissement de pos charges dites « sociales» si l’Economie rejette entièrement sur les organismes d’assurance et d’assistance le soin d’indemniser l’inaptitude. Aussi Médecine et Economie sont-elles solidaires dans la réadap¬ tation de la main d’œuvre au travail le plus qualifié et le plus productif. On commence à saisir les ipcidences énormes de la Prévention sur les dépenses de la maladie et de l’accident La Réadaptation a pour sa part des incidences aussi importantes, car elle permet, à la fois de réduire les charges d’inaptitude et de maintenir à son niveau le plus élevé potre popu¬ lation active. Les textes, certes, méritent d’être précises et complétés Plus encore, nous avons besoin de structures médicales à la mesure de cette tâche. Surtout, il manque des tecbniciens et plus encore des bommes conscients du rôle qu’ils joueront en apimant ces structures. NOTRE FOUIPEMENT ACTUEL SERVICES ET CENTRES DE RÉADAPTATION EONCTIONNELLE LISTE DES CENTRES ET SERVICES ACTUEt e DE RÉADAPTATION EONCTIONNELLE 1 — SERVICES HOSPITALIERS : Consultations et soins « externes ». PARIS a) Maladies des os et des articulations - Fractures : Hôtet-Dieu. Consultations le mercredi, 9 b. 30. Salpêtrière. Consultations le mercredi, 9 beures. Laennec. Consultations le lundi, 92 beures. Raymond-Poipcaré Consultations les lupdi et jeudi 6 beures. Antoine-Chantip. Consultations les jeudi et vendredi, 9 h. 30. Beauion Consultations le jeudi, 9 b. 30. Broussais. Consultations le samedi, 9 beures. 124 1A RADAPTATION FONCTIONNEUE DIES ADULTES EN FRANCE b) Orthopédie : — Cochin. Copsultatiops lupdi, mardi, mercredi, jeudi, vepdredi. 9 beures. - Enfants Malades. Consuttations tous les jours 9 beures (sauf dimanches et fêtes). Lariboisière. Copsultations mercredi samedi 9 heures. Corentin-Celton. Consultations vendredi, 9 h. 30. Saint-touis. Consutatiops mercredi, jeudi, 9 beures (enfants). Bretonneau. Consultations mardi, jeudi, samedi, 9 b. (enfants). Trousseau. Copsultations mardi, samedi (enfants). St-Vincent-de-Paut. Consultations mardi, jeudi, samedi, 9 b. (enfants). Saloétrière. Consuttations lundi tadutes), 9 beures. Vendredi (entants), 9 heures. Bichat. Consultations mercredi, 9 heures. c) Maladies professionqelles : — Bcoussais Coosultations mardi jeudi samedi 9 beures. — Saint-Louis. Copsultations lupdi, jeudi, samedi, 9 beures. d) Séquelles de poliomvélite : Raymond-Poincaré. Consultatiops mardi, vendredi, 9 b. 30. PROVINCE Nancy : Ceptre Hospitalier Régiopat (Pr Pierquin). 5 — Bordeaux : Hóoital des (enfants (Dr Fontan) et Centre de phono-audiologie régionat. Rennes : Centre de Pontchaillon (Dr Leroy). — Litte : Centre de l’Hôpitat de la Charité..: -— Lvon : Hôpitat Saint-Alban. — Strasbourg : Bospices civils - Clinique infantile. Toutouse : Hépitat Purpan (Dr Despevroux). 3 — LoDgwy : Hôpitat des Mines (Or Cruninger). CTENTIES DE PFADAPTGTION PONCTIORiRR A) ADULTES : — Teur de Caasies à Bruges (Cironpde) — Cajase Bégionale de S.S. de Bordeaux : — Adutes H. — Infirmes moteurs, toutes catégories. — Gondreville (M.-et-M.) — Caisse Bégionate de S.S, de Mancy : — Adultes I et F. — Infirmes moteurs, toutes catégories. - Bagnères-de-Bigorre (Pyrénées) : — Adiultes (externat). — Iptirmes moteurs. 125 LES BéSUUTATS DE LENQUETE - Chamalières (Puy-de-Oôme) : — Adultes H et F. — Infirmes moteurs. - Strasbourg (Bas-Bhin) — Caisse Régionale de S.S. de Strasbourg; — Adultes H. — Ipfirmes moteurs (centre de traumatologie). . Rerct « La Mollière » (P-de-C). — Caisse Régionale de S.S. de- tille : — Adultes H — Infirmes moteurs (surtout tuberculose ostéo-articulaire). . Oignies (Pas-de-Calais). — Mines du Nord et Pas-de-Calais : — Adultes H.. — Infirmes moteurs. Fontainebleau (Seine-et-Marne) — Caisse Régionsle de S5. de Paris : — Adulttes (. — Infirmes moteurs (surtout polio et paraplégie). - Carches (Seine-et-Oise). — Assistance Publique de Paris : — Adultes H et F. — Intirmpes moteurs (polio et paraplégie). - Pacis — Cenere Mational des lnvatides (Anc. Comb.) — Adultes H. — Infirmes moteurs: (surtout paraplégiques). Saint-Cloud (Seine-et-Oise). — Ligue pour l’Adaptation du Diminué Physique au travait : 6, rue de Seine, Paris-Vle. — Adultes H et F. — Infirmes moteurs, toutes catégories. - Vitry-sur-Seine (Oise). — Centre de la S.NCT. : — Adultes. — Inficmes moteurs (ODr Chevreau). - Valenton (Seine-et-Oise) — Associatioa Privée : — Adultes H et F. — Infirmes moteurs (traumatisés saut peurologiques). — Paris « Sainte Isabelle » : — Adultes. — Infirmes moteurs. Paris « Les Peupliers » — Croix-Rouge Française : — Adultes. — Infirmes moteurs. - Vlle-Fyrard, Hépitat Psycbiatrique — Service du Dr Sivadon : — Détficients mentaux. Hepital Psychiatrique de Villejuit — Service du Dr te Cuillant : — Déficients meptaux. LES RéSUUTATS DE LENQUETE 127 Cove-la-Foret (Seine-et-Oise) — Guvre en faveur des enfants mutilés : 8, avenue de la Bourdonnais, Paris-7e — 4 à 12 aps. C et F. — Infirmes moteurs. - Carches (Seine-et-Oise). — Assistance Publique à Paris : — 5 à 20 ans. G et F. — Infirmes moteurs (surtout polios et paraplégiques). —- Montfort-l’Amaury « Les Mesnuls » — Fondation pour le traitement et la formation protessionnelle des jeunes infirmes. — 10 à 17 ans C. — Infirmes moteurs. A cette liste, il nous faudrait ajouter celle des Centres de réentrai¬ nement à l’effort des tuberculeux, Malheureusement, « ta post-cure » si elle est bien définie dans les textes, est plus floue dans la réalité. Nous ne pouvons établir d’état exact des Centres consacrés uniquement à la réadap¬ tation fonctionnelle, pulmopaire et générale, des tuberculeux. Celle-ci se confond très souvent avec la rééducation professionnelle, saps qu’il soit possible de dire dans quelle mesure l’entrainement au travail est associé à la réducation elle-meme. Conclusion. la cêle de l société est de fourair à chaque jodiidl le milieu mstériel et mentslpropre 5 stistaie ses Besoins fondamentaux A. CARRL IV- LES BÉSULTATS DE L’ENQUEIE L. Les Principes généraux. IL. L’Equipement de Réadaptation Fonctionnelle. IL. Les Techpiques. IV. L’Unité-ype de Réadaptation. 1 — LES PRINCIPES CÉNÉRAUE Nous ne reviendrons pas sur les commentaires de notre étude statistique, ni sur ceux de notre étude technique, mais nous en résumerops les points essentiels. Tout d’abord nous avons reconnu l’importance de la méthode statistique, organisée rationnellement et généralisée à tout le pays. Métbode scientifique, surtout depuis les progrès de la mécanographie : elle constitue la base objective d’une étude de la Réadaptation Fonction¬ nelle, daps ses structures et dans ses différentes disciplines, Elle est aussi le seul moyen concret d’orienter la politique sanitaire et sociale autant que le contrôle médical de la Sécurité Sociale. Nos différentes investigations dans le domaine des accidents du travail, des services externes et centres de réadaptation et des commissions de reclassement, nous ont permis de poser quelques principes : — La quafité du traitement initial détermine dans une très large mesure l’avenir fonctionnel la création de services et centres de traumatologie apparait comme le premier élément de prévention des séquelles pour les accidentés de toutes catégories. La réadaptation fonctionnelle n’est pas une mesure d’exception, ni une thérapeutique secondaire, qui suit plus ou moins tardivement le trai¬ temept médical ou chirurgical. Elle est, au contraire, obligatoirement associée aux soins eux-mêmes et l’on peut dire que si les symptômes sont la préoccupation du médecin traitant, les séquelles sont l’objet essentiel d’une médecine fonctionnelle attachée à la guérison sociale et professionnelle des handicapés et qui n’a termipé son action qu’à la reprise effective du travail. 130 LA READAPTATION FONCTIONNELE DES ADULTES EN ERANCE — Si bien que le spécialiste de Médecine fonctionnelle commence ses interventions dès le stade hospitalier. La précocité de la Réadaptation est reconnue par tous comme upe copdition formelle de sa réussite. Ensuite, selon que le malade est ambulatoire, qu’it présente des défi¬ ciences tégères ou qu’il est gravement handicapé dans ses fonctions motrices, il relève, après la guérison de son affection, d’un traitement fonctionnel en service « exterpe » ou daps un centre de réadaptation compétent. Dans tous les cas, il importe que cette « réduction » des séquelles post-hospitalières soit suivie d’un bilan détaillé du bapdicap, pour que soient fixées les méthodes d’un « réentranement au travail et à la vie sociale » propres à placer le déficient dans les meilleures conditions physiques et meptales pour reprendre son travail ou pour apprendre un métier pouveau. Le changement de métier se heurte à de grosses difficultés de réemploi. dont l’origine est davantage l’absence d’un entrainemept systématique au métier nouveau, qu’une déficience de l’apprentissage lui-même. AUSSi, devons-nous en tirer la double conclusion qu’il est toujours prétérable de rechercher la reprise du métier antérieur et d’associer. en cas d’impossibilité absolue, l’entrainement physique et mental aux gestes et fatigues du métier pouveau à l’apprentissage techpologique. — Pour des raisons techpiques autant qu’humaines, la réadeptation aips envisagée sous ses deux aspects médicaux et professionnels constitue un tout, une discipline unique qui permettra d’éviter au mieux ces pépibles « chômages » qui suivent souvent une consolidation envisagée du seul point de vue «médical ». — D’ailleurs, les résutats controlables de la réadaptation nous montrent son efficacité pratique, puisque scbématiquement 65 %% des handicapés graves admis dans les centres reprennent immédiatement le travail. 11 — L’EQUIPEMENT DE RÉADAPTATION A) La Réadaptation médicates Notre équipement actuel en services et centres de réadaptation médicale est nettement insuffisant : il devrait être au moips doublé Les services de réadaptation bospitaliers divent être créés les premiers. puisque ce sont eux qui déterminent exactement les besoins en centres d’interpat. Si bien que nous pouvons avancer le principe suivant : — Chaque centre régional bospitalier est l’organisme le plus qualifié pour promouvoir une politique générale et veller à l’installatiop de services de réadaptation annexés à chaque service de soins et à la création de services de traumatologie. — La répartition régionale, des ceptres sera ensuite le résultat de l’expé¬ rience des services de réadaptation bospitaliers. La règle simple, rappelons-le, est qu’un centre traite en moyenne 500 handicapés par an et qu’il en faut assez pour admettre 20 %% des. IES RÉSUUTATS DE L’ENQUETE 131 traumatisés qui présentent des séquelles, auxquels s’ajoutent les autres déficients moteurs dans des proportions variables suivant la défipition du cenre. Quant aux malades, ils se divisent en plusieurs catégories dont les deux principales sont les handicapés moteurs et cardiopulmonaires. Les moteurs eux-mêmes comprennent les neurologiques, poliomvélitiques, para¬ plégiques, d’une part, et les rhumatisants, d’autre part. Dans une première étape et dans les régions peu peuplées, il est possible de grouper les moteurs ensemble, se réservant ultérieurement de créer des centres spécialisés, au besoin en réunissant deux ou trois régions autour du même centre de rbumatisants ou de neurologiques. Le principe d’une « prévention » des séquelles, au cours du traitement reste, pour les malades, aussi valable que pour les traumatisés. Les centres, quels qu’ils soient, doivent rester en contact avec fes services de soins hospitatiers. En ce qui copcerne les tuberculeux puimopaires, teur attache hospi¬ talière est le sanatorium et nous pe saurions trop insister sur l’intérêt de centres de réadaptation bien définis, distincts des services de, soins sana¬ toriaux, mais en liaison technique avec eux. B) La Réadaptation professionuelle. Si les handicapés se regroupent en quelques grandes catégories au stade de la réadaptation fonctionnelle, ils se réunissent tous dans les mêmes centres de « réentrainement au travail et à la vie sociale ». Nous avons lopguement distingué la réduction des séquelles de leur compensation. Cette distinction nous a permis de donner à la réadaptation médicale des tâches, bien définies, qui cessent lorsque les séquelles ne sont plus amélio¬ rables. Et c’est seulement à ce moment-là que peuvent être envisagées. après un bilan détaillé, les compensations en vue de la vie sociale et profes¬ sionnelle. C’est le temps de la prothèse de l’apprentissage des gestes compensateurs. de l’eptrainement à la fatigue, lorsque l’on sait exactement les objectifs concrets que l’on poursuit et que l’on copnait les aptitudes et inaptitudes définitives. Notre équipement, dans ce sens est très réduit Selon les cas. il est dominé par le métier (centres de rééducation professionnelle) ou par un point de vue encore médical (centres de réadaptation médicale qui pro¬ lopgent leur action). Et nous n’avons rencontré que le seul exemple du Centre de Condreville qui soit réalisé dans cet esprit d’un « réentrainement au travail et à la vie sociale ». C) L’Unite des 3 scades¬ Quoi qu’il en soit des possibilités de réalisation de la Réadaptation. elle comporte toujours les trois stades successifs de : — Prévention bospitalière des séquelles : — Réduction en « externat » ou en « internat », réadaptation médicale — Compensation en « externat » ou en « internat », réadaptation pro¬ tessionnelle. 19 132 LA gEADAPTATION FONCTIONNTHLE DES ADUITES EN ERANCE Et ces trois stades doivent être coordopnés la meilleure garantie de l’unité et de la continuité du traitement étant une direction médicate ghique. LI — LES TECHNIQUES DE RÉADAPTATION Nous avons-souligné la complexité des techniques et leur orgaai¬ sation autour de l’Egercice Actit. Elles s’adressent autant au physique qu’au mental, à l’ipdividu autant qu’aux circonstances de son existence sociale La direction du- médecin s'exerce sur deux catégories de disciplipes, actives et passives : — actives : Kinésithérapie, ergothérapie, psychothérapie, service social, réentrainement au travail, liaison avec l’entreprise : — passives : agents physiques, prothèse, bilans psycbotechniques et fonctionnels. Nous avons aussi montré l’intérêt d’upe recherche scientifique. basée sur la psychophysiologie du travail et de la réadaptation. Si l’on veut tirer parti des constatations statistiques et animer les tecbniques dans le sens du progrès, il faut sans cesse maintenir le contact entre les cas parti¬ cutiers et les principes généraux. Et la recberche ici s’inspire de cette copjugaison entre pratique et théorie, entre clinique et laboratoire, entre atelier et expérimentation. Au laboratoire expérimental, qui bénéficiera des travaux déjà amorcés par Payloy et, sés collaborateurs et des copnais¬ sances déjà acquises en psychophysiologie et en physiopathologie, il faut adioindre les Centres de Réadaptation et l’Entreprise. Cette science nouvelle de l’adaptation au métier p’avancera que sur la voie solide de la connaissance positive : c’est probablement ce que la France peut apporter pour sa part à la Réadaptation si elle sait tirer profit du protond réalisme des expériences étrapgères. Notre vocation a toujours été de systématiser ce qui, ailleurs, reste empirique. Cette recherche scientifique est la condition d’un enseienement vivant des techpiciens attachés à cette œuvre de réadaptation. Aux « pro¬ cédés » quelque peu momifiés, il faut substituer la souplesse d’adaptations ipdividuelles que permet la connaissance exacte des lois et des principes. A l’étude scientifique, pous devons donc associer un enseignement dispensé dans des ceptres valables, Il n’est pas possible d’imaginer la formation de kinésithérapeutes et d’ercothérapeutes en dehors d’un organisme de réadap¬ tation qui ne comporterait pas les garanties d’un fonctionnement optima. et de services bospitaliers bien articulés avec lui. Nous avons vu comment Kinésithérapie et ergothérapie se transtormaient peu à peu au contact des réatités médicales. rous les secteurs de l’activité médico-sociale et de l’écopomie seront d’autant plus accueillants à la Réadaptation qu’ils seront exactement infor¬ més sur ses ressources et ses résultats. IES RÉSUITATS DE VENQL̀re 133 IV - LUNITÉ TVPE DE RÉADAPTATION TONCTIONNELLE Il n’est de meilleur résumé de potre enquête qu’un schêma d’une unité type de Réadaptation Fonctionpelle. CONCLUSION Au terme de ce travail, pous tenons à faire remarquer que les opinions qui s’y trouvept exposées n’ont aucupement la valeur de dogmes définitifs. Elles ne pous ont semblé intéressantes que dans la mesure où elles permettaient de construire des structures et de former des techniciens susceptibles d’ouvrir largement la voie au progrès de cette science, encore nouvelle et cependant essentielle, de l’ adaptation de l’Homme à son existence sociale et professionnelle. Nous avons copstamment recherché l’efficacité pratique, car pous savons bien que le défaut majeur de notre pays est de se contenter souvent de raisonnements logiques, mais éloignés de la réalité Et nous avons constaté qu’il manquait aux réalisatiops étrapgères, efficaces sans doute, mais empiriques, de ne pas systématiser les observations indivi¬ duelles : il n’est de science que du général. Si bien que pous avons du trouver des solutions qui, si elles ne reprennent pas les dogmes étrangers ou si elles ne suivept pas exactement les tepdances françaises, tentent de rendre féconde leur synthèse. La Médecine Fonctionnelle, désormais associée à la Médecine de soins, est responsable de l’avenir techpique de la Réadaptation, et par elle. de l’avepir social des bandicapés. Elle est cette forme supérieure de la « charité » autrefois seule arme sociale contre l’infirmité, car elle réunit sur le plan de la connaissapce objective le souci de l’Individu et celui de la Collectivité : elle est le moyen positif de démontrer que l’ipdividu mutilé diminué par la maladie, est toujours membre de la collectivité et qu’il peut Y retrouver sa place. Il pous vient à l'’esprit cette pensée d’Hippocrate : « Imaginer mais, ne pas réaliser, c’est une preuve que l’on manque de science et d’art. » Mais Auguste Comte répond aussitôt : « Le Médecin ne saurait prétendre à la connaisapce scientifique en raison de ses trob solides adhérences à l’arr appliqué ». N est-ce pas dans l’équilibre entre ces deux dispositions d’esprit que la Médecine Fonctionnelle trouvera sa véritable pbilosophie 2 Elle n’existera que si elle sait être à la fois scientifique et efticace. Nous remercions ceux qui dans le cadre de la Santé Publique et de la Sécurité Sociale nous ont copfié la tâche redoutable de jeter les bases d’une politique d’Action Sanitaire et Sociale en cette matière A travers toutes les difficultés et tes imprécisions la Sécurité Sociale continue sa marche vers le but qui lui a éré indiqué Elle restera fidêle à sa missiop légale si elle sait découvrir derrière chaque dossier un travailleur aux prises avec des difficultés matérielles et morales et si elle sait conceptrer toutes ses énergies sur la création des structures qui allègeront et supprimeront ces difficultés. Et personpe pe poura contester la valeur de ces créations si elles procédent d’études positives et en particulier de la rigueur de statistiques amples et précises. Notre enquête aurait réalisé l’un de ses princioaux objectifs si elle était l’occasion d’un départ vers de si vastes horizons. 121 TARIE DES MATIERES AVANT-PROPOS. NTEODUCTION 13 13 Le handicap fonctionnel Les besoins du pays en services de réadaptation fonctionnelle... 18 21 L’équipement actuel.............. Pour une politique d’action sanitaire et sociale........ 21 EHIOLETE STATISTOLE 28 25 Les accidents du travail 48 Les maladies....... 49 Statistiques des centres et services actuels de réadaptation..... 76 COHCIUSIOS ................................... NOTRE EQUIPEMENT ACTUEL 83 84 Les tecbniques................... 85 La réadaptation médicale....... 94 La réadaptation professionnelle..................... Les disciplipes annexes............................ 101 102 Le Dersopnel.................................... Les strucntes 107 102 Les structures individuelles............... Les structures collectives.......................... 109 118 La légielation......................... 116 Définition légale............ 119 Les procédés de réadaptation........ 120 Les établissemente................... 120 La prise en charge des traitements..................... Le contrôle médical............................... 133 133 1A BADAPTATION FONCTONNELE DES ADUUTES EN FRANCE Services et centres actuels de réadaptation fonctiopnelle...... 123 Services hospitaliers.............. 123 Centres de réadaptation fopctionelle................ 124 LES RESULTATS DE L’ENQUETE.. 126 Les pripcipes généraux...... 129 130 L’équipement de réadaptation fonctionnelle 132 Les techpiques.......... 133 L’onité-type de réadaptatiop..... CONCLUSION ACHEVE D’IMPRIMER LE 2A NOVEMRRE 195e SUR LES PRESSES DE J. e R. SE NVAC 54, Fba Montmantre, 24 PARIS (9 N° d'lopince 7101 INSTITUT NATIONAL D’HYGIENE 3. RUE LÉON BONNAT, 3 A R 1 s- X Y 1 AUT, 32-84