Logo of MSmédecine/sciences : m/s
Med Sci (Paris). 37(6-7): 639–640.
doi: 10.1051/medsci/2021080.

Le mot des coordinatrices : La contraception, bien la connaître pour mieux la choisir

Geneviève Plu-Bureau1* and Brigitte Raccah-Tebeka1**

1Unité de gynécologie médicale Service de gynécologie chirurgicale (site Port-Royal)123 boulevard de Port-Royal , 75014Paris , France
2Service de gynécologie-obstétrique AP-HP, Hôpital Robert-Debré48 boulevard Sérurier , 75019Paris , France
Corresponding author.

MeSH keywords: Contraception, Humains

 

Le recours à la contraception, que celle-ci soit hormonale ou mécanique, constitue la méthode préventive de survenue d’une grossesse non désirée, la plus utilisée par les femmes dans le monde. En effet, elle renforce les droits des populations à choisir la date idéale des grossesses, le nombre d’enfants souhaités, tout en déterminant l’espacement des naissances. Parmi les 1,9 milliard de femmes en âge de procréer dans le monde en 2019, de 15 à 49 ans, elles sont 1,1 milliard à avoir besoin de planification familiale. Parmi celles-là, seulement 842 millions utilisent une méthode contraceptive, alors que 270 millions n’ont pas accès à la contraception dont elles auraient besoin [ 1 , 2 ]. En 2019, la proportion de femmes en âge de procréer utilisant des méthodes modernes de planification familiale était de 75,7 % [ 3 ]. La prévalence de méthodes modernes de contraception chez les femmes mariées en âge de procréer a trop faiblement progressé dans le monde entre 2000 et 2019, de 2,1 points, passant de 55 à 57,1 % [ 1 ]. Il existe également une grande disparité en fonction des pays, mais aussi du profil socio-culturel et clinique des femmes.

Les progrès majeurs de ce siècle

La découverte par Edgar Allen et Edward A. Doisy, au début du siècle dernier, de l’œstrogène ovarien chez le porc, suivie de celle de la progestérone, la réussite de la synthèse de différentes hormones et, enfin, les travaux de Gregory Pincus au milieu des années 1950, ont abouti à la première pilule contraceptive œstroprogestative. Parallèlement, des évolutions sont venues élargir les options contraceptives, avec des modifications de dosages et des voies d’administration des contraceptions hormonales, mais aussi avec l’amélioration et le développement des contraceptions mécaniques (dispositif intra-utérin, préservatif, diaphragme).

Les évolutions des différentes méthodes contraceptives et le choix ciblé

En France, l’utilisation des différentes stratégies contraceptives a évolué au cours du temps. Nous disposons ainsi d’informations précieuses grâce aux travaux de l’Institut national d’études démographiques (Ined), notamment les enquêtes réalisées depuis 1978.

Une meilleure connaissance des effets positifs et délétères des différentes stratégies de planification familiale a permis d’en optimiser la balance bénéfices-risques et de garantir à chaque femme, en fonction de son âge (adolescente, femme plus âgée, etc.), de son contexte clinique (facteur de risque vasculaire, obésité, syndrome des ovaires polykystiques, etc.) et de son mode de vie, le recours à la contraception à la fois la plus efficace et la moins contraignante, mais aussi à celle offrant une meilleure sécurité d’emploi.

Ce recours n’est malheureusement pas possible dans tous les pays, du fait du manque d’accès à l’éducation et donc de l’ignorance de certaines femmes des possibilités de contraception, mais aussi des difficultés d’accès aux moyens contraceptifs. Gageons que les organisations mondiales (Organisation des Nations-Unies, Organisation Mondiale de la Santé, Family planning , etc.), par leurs actions, permettront d’améliorer cet accès, notamment chez les très jeunes femmes.

Les développements futurs

Fort heureusement, la recherche se poursuit dans différents domaines. Certes, aucune contraception masculine, en dehors de la contraception définitive, n’est disponible, mais des recherches actuelles laissent poindre une lueur d’espoir pour les années à venir.

De nouvelles pistes contraceptives très innovantes (contraception à la demande via des procédés informatiques, nouvelles molécules, nouvelles voies d’administration, nouveaux matériaux, etc.) sont en cours d’exploration. Elles apporteront sans aucun doute un enrichissement de l’éventail de planification familiale. Soulignons en particulier la recherche concernant la double protection contre les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles, dont l’infection par le VIH/sida (virus de l’immunodéficience humaine/syndrome d’immunodéficience acquise), enjeu majeur de santé publique dans de nombreux pays.

L’élargissement du choix contraceptif, l’éducation des populations, le choix ciblé et partagé pour et avec chaque femme, le respect des droits et un accès facilité, satisferont sans aucun doute les besoins des femmes, des jeunes filles et des différentes communautés. Demain, parions que nos petites-filles assisteront à une deuxième révolution contraceptive personnalisée, totalement adaptée et évolutive !

Liens dintérêt

Les auteures déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.

References
1.
Kantorová V , Wheldon MC , Ueffing P , Dasgupta ANZ . Estimating progress towards meeting femmes’s contraceptive needs in 185 countries: A Bayesian hierarchical modelling study. . PLoS Med. 2020; ; 17 : :e1003026. .
2.
United Nations, Department of economic and social affairs, population division. . Family planning and the 2030 agenda for sustainable development. . New York: : United Nations; , 2019 . https://www.un.org/en/development/desa/population/publications/pdf/family/familyPlanning_DataBooklet_2019.pdf .