Logo of MSmédecine/sciences : m/s
Med Sci (Paris). 37: 11.
doi: 10.1051/medsci/2021215.

Axel, un amoureux des mots et de la Science

Jean-Pierre Grünfeld*, Membre du comité de rédaction de m/s (1985-1997)

Corresponding author.

MeSH keywords:

 

Axel, toi qui aimais tant les mots, surtout les verbes à l’imparfait du subjonctif. La mort a eu le dernier mot et nous a rendus muets. Ton éloquence combinait le solennel et le sourire, la fougue et la rigueur, le panache, un peu à l’image de Cyrano de Bergerac (qui, lui aussi, cultivait l’imparfait du subjonctif).

Mais tu aimais aussi la Science, les sciences, toutes les sciences, y compris celles dont tu n’étais pas familier. Je t’ai entendu parler d’astrophysique avec brio, clarté et passion. De quoi parlait-on au Comité de rédaction à ses débuts ? Les réunions se tenaient à Cochin dans une salle assez sinistre. On écoutait surtout Axel. Je venais en grande partie pour l’entendre. Sans Axel, pas de conseil ! Les objectifs scientifiques de m/s ont été résumés dans la vidéo du 30 e anniversaire de la revue. Réconcilier ou mieux relier la Médecine et les Sciences à un moment où la révolution génétique s’installait en médecine. L’ARN messager commençait sa lente ascension et tu cherchais à mettre ce nouveau vocabulaire à la portée de tous. m/s était le fer de lance et la vitrine en francophonie de cette révolution. Plusieurs « Lexiques » ont été consacrés à la mise à niveau des lecteurs, notamment des médecins.

La revue était née d’une coopération France-Québec. Les échanges franco-québécois au comité de rédaction étaient pittoresques, souvent savoureux, parfois musclés. Les deux bonnes fées de la revue, représentant l’Inserm et le ministère de la Recherche, comptaient les points et les sets.

Parmi les thèmes de débat au comité, je me souviens du souci récurrent du lectorat : qui lit m/s ? Comment lit-on m/s ? Comment la nouvelle culture génétique est-elle reçue et assimilée ? Les médecins hospitaliers adhèrent-ils à la ligne éditoriale ? En bref, lisent-ils m/s ? Une ou deux enquêtes ont été faites pour mieux connaître les lecteurs et mieux cibler les articles.

L’une d’entre elles avait montré que beaucoup de lecteurs commençaient par la lecture des Nouvelles et des Brèves. J’étais de ceux-là. La revue avait tellement besoin de la diversité de ces Brèves, sélectionnées dans différents domaines de la recherche médicale et écrites par un scientifique averti. Je me souviens qu’Axel avait une grande capacité à produire des Brèves et cela nous avait impressionnés.

Après Axel, médecine/sciences a connu plusieurs rédacteurs en chef. Chacun d’eux, selon son orientation et ses talents, a poursuivi l’Ĺ“uvre initiée par Axel.

Axel, animateur d’une revue à laquelle il a donné une âme.

Jean-Pierre

Cocktail marquant le départ d’Axel de sa fonction de rédacteur en chef en 1998. De gauche à droite : Jacques Hanoune (membre du CE), Jean-François Lacronique (ex-rédacteur en chef), Jean-Pierre Grünfeld et Claude Matuchansky (membres du CE), à l’écoute d’Axel Kahn.

Un exemplaire du Lexique qu'évoque Jean-Pierre dans son texte.