Vignette : Maladie de Steinert. Cellules musculaire de patient atteint de dystrophie myotonique. L’ADN nucléaire en bleu, les agrégats d’ARN typiques de la dystrophie myotonique en rouge et le cytoplasme en vert.
La dystrophie myotonique de type 1 (maladie de Steinert, DM1) est caractérisée par des atteintes pluri-systémiques (neuromusculaire, respiratoire, cardiaque, endocrinienne, neurologique centrale, oculaire, digestive…). Elle a un impact sur de nombreux aspects de la vie des patients et est responsable d’une réduction de l’espérance de vie et de la participation sociale.
À Nantes, les patients atteints de DM1 sont suivis au sein du Centre de Référence des Maladies Neuromusculaires du CHU. La prise en charge est organisée, sous la forme d’une consultation multidisciplinaire (CMD) qui se déroule, avec une fréquence idéalement annuelle, sur une matinée, au cours de laquelle huit patients DM1 sont successivement vus par le cardiologue, le pneumologue, le médecin MPR, le médecin spécialiste du sommeil, l’ophtalmologue, le généticien et le neurologue. L’atteinte cognitive de ces patients a pour conséquence qu’ils ne sont généralement pas très demandeurs de soins : c’est dire l’importance de l’organisation en CMD qui permet de ne pas multiplier les rendez-vous médicaux, à l’hôpital ou en ville, auxquels les patients ne se rendraient pas. Au rythme d’une CMD par mois, ce ne sont que 80-90 patients qui peuvent être pris en charge sur une année à Nantes. Les recommandations d’experts relatives à la DM1 suggèrent un suivi annuel [ 1 ]. Malheureusement, l’augmentation constante de la file active de patients DM1 à Nantes (actuellement plus de 200 patients adultes suivis) et l’absence de possibilité d’augmentation de cette activité médicale ne permettent pas de suivre cette recommandation. En pratique, les patients ne sont revus que tous les 18-24 mois.
À Jonquière, au Québec, où l’incidence de la DM1 est encore plus importante qu’en France, une consultation dédiée à cette pathologie a été mise en place depuis 2008 et est réalisée par une infirmière de spécialité [ 2 ]. Nous avons développé une approche similaire au CHU de Nantes, avec la mise au point d’outils permettant à une infirmière spécifiquement formée de réaliser ces consultations. L’objectif est d’alterner une année sur deux CMD classiques et consultations par l’infirmière spécialisée de façon à améliorer la qualité du suivi des patients. Ce projet a fait l’objet d’un protocole dit d’ « infirmière de coopération » , dont la validation officielle par la HAS vient d’intervenir [ 3 ].