Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
III.
Réduction des risques et des dommages, et stratégies de prise en charge des
consommateurs
2021
ANALYSE |
16-
Mésusage d’alcool en fonction
de l’âge, dépistage de la consommation
à risque
ou problématique, et intervention brève
Bien que l’évolution de la consommation d’alcool per capita depuis
les années 60 montre une nette diminution en Europe, la consommation
d’alcool reste un facteur majeur de mortalité et de morbidité. Dans ce
chapitre, après une partie étudiant les données sur le mésusage d’alcool
en fonction de l’âge, nous discuterons de l’importance du dépistage
systématique de la consommation et de l’intervention brève à mettre en
œuvre avec les consommateurs.
Mésusage d’alcool en fonction de l’âge
L’évolution de la consommation d’alcool per capita depuis les
années 60 montre une nette diminution de la consommation en France,
de même qu’en Europe en général, particulièrement pour la
consommation de vin (Organisation mondiale de la santé,
2018)
(cf. chapitre « Epidémiologie des consommations d’alcool : données
récentes »). Néanmoins, la consommation d’alcool reste un facteur
majeur de mortalité et de morbidité. Selon ce même rapport
(Organisation mondiale de la santé,
2018),
environ 10 % de la mortalité dans la région Europe est attribuable à
l’alcool. De la même manière, environ 10 % de l’espérance de vie
corrigée de l’incapacité (EVCI, Disability Adjusted Life
Years – DALY en anglais, c’est-à-dire les années de vie en
bonne santé perdues à cause de la maladie, d’un handicap ou de la
mort prématurée) peuvent être imputables à la consommation d’alcool.
Les causes principales de décès imputables à la consommation
d’alcool sont les maladies digestives, les blessures
non-intentionnelles, les maladies cardiovasculaires et le diabète.
Les causes principales d’EVCI imputables à la consommation d’alcool
sont les blessures non-intentionnelles, les maladies digestives et
les conséquences de la consommation d’alcool à risque.
La mortalité (cf. chapitre « Mortalité, faibles consommations et
effets biologiques et morbidité liée à l’alcool ») est fortement
influencée par l’âge. Cette influence est principalement due au lien
entre consommation d’alcool et blessures, la consommation d’alcool
étant ainsi responsable d’une large proportion de la mortalité parmi
les jeunes adultes (Shield et Rehm,
2015).
Ainsi en Europe, le pourcentage de décès imputables à la
consommation d’alcool dépasse les 25 % pour les tranches d’âge de 25
à 44 ans (Organisation mondiale de la santé,
2018).
Ce plus lourd fardeau pour les jeunes adultes est également observé
pour l’EVCI. Dans une étude mondiale sur le fardeau lié aux maladies
(Global Burden of Disease) chez les adolescents et jeunes
adultes (Gore et coll., 2011), la consommation d’alcool apparaissait
comme la première cause d’EVCI chez les 15-24 ans (8 %). Elle
restait une cause importante chez les 25-59 ans (8 %), mais était
moins importante pour les plus de 60 ans (3 %).
Ces différences nettes entre tranches d’âge sur la mortalité et la
morbidité peuvent s’expliquer par des modes de consommation
également nettement différents. Selon des données françaises de 2017
(Richard et coll., 2019), la consommation d’alcool quotidienne
augmente avec l’âge, alors que les alcoolisations ponctuelles
importantes (API) diminuent. Une étude similaire en Suisse (Kuntsche
et Gmel, 2013) montrait une image semblable. Un pic des API était observé à
20-24 ans (plus de 2/3 de cette population ayant une API par mois)
alors que la consommation quotidienne à cet âge était presque
nulle.
L’évolution des consommations problématiques et de la dépendance en
fonction de l’âge est étonnamment moins bien documentée. Une étude
dans la population générale suisse (Marmet et coll.,
2015)
montre que ce sont principalement les jeunes de 20 à 24 ans qui
présentent une consommation problématique et une dépendance probable
telles qu’indiquées par les tests de dépistage AUDIT (Alcohol use
disorders test) (Babor et coll.,
2001) et
CAGE (Cut-down, Annoyed, Guilty, Eye-opener) (Ewing,
1984).
Les proportions de consommation problématique et de dépendance
probable sont plus que 2 fois plus importantes dans ce groupe d’âge
que dans tout autre groupe d’âge. Ces problématiques semblent
ensuite toucher les 15-19 ans, puis on observe une lente diminution
avec l’âge, dès 25 ans. Ce phénomène est fréquemment observé dans la
littérature épidémiologique de l’alcool. Des auteurs ont proposé que
les jeunes adultes comprenaient peut-être différemment les questions
et pouvaient confondre les effets indésirables de l’alcoolisation
ponctuelle importante avec les symptômes de dépendance (Caetano et
Babor, 2006).
Dans les populations cliniques, la consommation problématique
d’alcool et la dépendance semblent se présenter différemment. Selon
une récente étude anglaise, l’incidence et la présentation annuelle
de cas de dépendance à l’alcool en soins de premier recours est
affectée par l’âge et ce sont les catégories d’âge entre 35 et
54 ans qui sont principalement concernées (Thompson et coll.,
2017).
De manière générale, les soins de premier recours connaissent une
haute prévalence de troubles de la consommation d’alcool (Rehm et
coll., 2016). Selon ce dernier article qui a revu la littérature sur ce
sujet, les praticiens de premier recours reconnaissent bien les
patients souffrant de troubles de la consommation d’alcool, mais
surtout les patients plus âgés, ayant des troubles plus sévères et
souffrant de comorbidités somatiques. En revanche, ces praticiens
semblaient manquer une part importante des patients souffrant de
troubles de la consommation d’alcool, principalement les plus jeunes
et ne présentant pas de comorbidités somatiques. Ainsi, un dépistage
systématique de la consommation problématique d’alcool paraît
souhaitable pour identifier toutes les personnes concernées.
Dépistage de la consommation d’alcool et des troubles liés à la consommation d’alcool
Le dépistage de la consommation d’alcool et des troubles liés à la
consommation d’alcool peut se pratiquer à différents moments. Il est
recommandé en soins de premier recours (Rehm et coll.,
2016 ;
Société Française d’Alcoologie,
2015 ;
U.S. Preventive Services Task Force et coll.,
2018),
mais a également été proposé dans les services d’urgences (Barata et
coll., 2017), lors de suivi de grossesse (Burns et coll.,
2010 ;
Shogren et coll., 2017), en médecine du travail (Ames et
Bennett, 2011 ; Lee et coll., 2014), lors des procédures de conscription
obligatoire pour l’armée (Daeppen et coll.,
2011 ;
Gaume et coll., 2011), dans la communauté (Derges et coll.,
2017),
ou via les nouvelles technologies (Tansil et coll.,
2016).
Différents outils sont disponibles et incluent des questionnaires,
mais également des marqueurs biologiques. Le questionnaire de
référence pour le dépistage de la consommation à risque et/ou
problématique d’alcool est l’Alcohol Use Disorders Identification
Test – AUDIT (Saunders et coll.,
1993).
Cet instrument a été validé à de nombreuses reprises et s’est montré
performant pour dépister le mésusage d’alcool et la dépendance
probable dans de nombreuses conditions (Aalto et coll.,
2009 ;
Babor et coll., 2001 ; Reinert et Allen,
2007 ;
Shields et Caruso, 2003). Une version française est disponible et
validée (Gache et coll., 2005). Une récente analyse psychométrique a
montré que l’AUDIT avait essentiellement une seule dimension et que
celle-ci était invariante en fonction du sexe, de l’âge et du niveau
(Skogen et coll., 2019).
Une version courte de l’AUDIT a été testée et validée ; il s’agit de
l’AUDIT-C (pour Consommation) qui utilise uniquement les 3 premières
questions de l’instrument (fréquence de la consommation, quantité
par occasion, fréquence des alcoolisations ponctuelles importantes).
Les performances de cet outil abrégé sont équivalentes à celle de
l’outil complet (Kriston et coll.,
2008).
Cet outil est recommandé par l’Association française d’hépatologie
(Moirand et Daeppen, sous presse). Il s’est montré également
performant pour le dépistage dans des populations spécifiques : les
femmes enceintes (Burns et coll.,
2010),
les personnes présentant un trouble psychiatrique (Dawson et coll.,
2005),
les personnes âgées (Aalto et coll.,
2011),
les personnes âgées en maison de retraite médicalisée (Dreher-Weber
et coll., 2017), les jeunes adultes (Toner et coll.,
2019) ou
encore les étudiants utilisant les soins de premier recours de
l’université (Campbell et Maisto,
2018).
Chez les adolescents, l’AUDIT-C serait plus efficace pour dépister
la consommation à risque d’alcool, mais l’AUDIT complet est meilleur
pour identifier une dépendance à l’alcool (Coulton et coll.,
2018).
L’utilisation de marqueurs biologiques est plus controversée et
dépend du type de marqueurs et du domaine d’utilisation.
L’utilité des biomarqueurs en période périnatale est discutée dans le
chapitre « Boissons alcooliques dans la période périnatale :
prévention et prise en charge ».
En population générale, l’usage des marqueurs biologiques pour
dépister le mésusage d’alcool n’est pas recommandé (Moirand et
Daeppen, sous presse). Les questionnaires tels que l’AUDIT ou
l’AUDIT-C sont plus performants en termes de sensibilité et de
spécificité pour dépister la consommation d’alcool à risque et/ou
problématique (Coulton et coll.,
2006 ;
Fujii et coll., 2016 ; NICE,
2011).
Les marqueurs biologiques indirects tels que la CDT (Carbohydrate
Deficient Transferin ou Transferrine désialylée), la GGT
(Gamma Glutamyl Transférase), le VGM (Volume Globulaire Moyen) ou
encore les AST/ALT (Aspartate aminotransférase/Alanine
aminotransférase) sont largement utilisés en clinique pour évaluer
la consommation d’alcool et peuvent fournir des informations utiles,
mais leurs sensibilité et spécificité sont en général faibles
(Aguilar et coll., 2019 ; Fagan et coll.,
2014).
De nouveaux marqueurs directs de la consommation d’alcool, tel que
l’EtG (éthylglucuronide) et le PEth (phosphatidyléthanol), offrent
de meilleures performances que les tests indirects en termes de
sensibilité et de spécificité (Aguilar et coll.,
2019).
Ils ne sont néanmoins pour le moment que peu utilisés en pratique
clinique. À l’heure actuelle, ils le sont principalement dans le
cadre de suivis et d’expertises médico-légaux (Aguilar et coll.,
2019 ;
Alladio et coll., 2017 ; Kummer et coll.,
2016 ;
Schrock et coll., 2016). De récentes études montrent des
résultats prometteurs et proposent des valeurs limites pour
l’abstinence, la consommation modérée et la consommation excessive,
comparables aux données auto-reportées par questionnaire (Crunelle
et coll., 2014 ; Schrock et coll., 2017). Ces études concernent la population
générale (Schrock et coll., 2017), mais également des populations de
patients dépendants (Armer et coll.,
2017 ;
Barrio et coll., 2017 ; Crunelle et coll.,
2016) ou
en médecine du travail (Kilo et coll.,
2016).
L’EtG est également connu comme un marqueur fiable pour détecter un
usage d’alcool récent avant ou après une transplantation du foie
(Staufer et coll., 2011 ; Sterneck et coll.,
2014).
Pour cette indication, deux récentes revues de la littérature
recommandent la combinaison de différents marqueurs pour détecter un
usage d’alcool : EtG, PEth et GGT (Staufer et Yegles,
2016) ou
CDT, GGT et PEth (Allen et coll.,
2013).
Si de nombreux instruments validés sont à disposition, le dépistage
de la consommation d’alcool reste néanmoins rarement effectué. En
soins de premier recours, les études d’implémentation du dépistage
de la consommation d’alcool montrent des résultats très bas. Dans
une étude européenne dans cinq pays/régions (Angleterre, Pays-Bas,
Pologne, Suède et Catalogne), moins de 6 % de patients adultes
consultant une des unités de soins de premier recours sélectionnées
pour l’étude étaient dépistés (Anderson et coll.,
2016).
Selon une étude américaine, environ 1/6e des patients
avait abordé la consommation d’alcool avec un professionnel de la
santé aux États-Unis (McKnight-Eily et coll.,
2014).
En utilisant une autre méthode d’enquête, ce chiffre était plus
important 3 ans plus tard : 77,7 % reportaient avoir été interrogés
sur la consommation d’alcool en personne ou dans un formulaire
d’entrée, 68,8 % avoir été interrogés sur combien ils buvaient et
32,9 % sur les alcoolisations ponctuelles importantes (McKnight-Eily
et coll., 2017). Si ces chiffres suggèrent une amélioration du taux de
dépistage, ils restent néanmoins très en-deçà des recommandations de
dépistage systématique de routine. De nombreuses études ont étudié
les barrières limitant ce taux. Une récente revue systématique
(Derges et coll., 2017) montrait que les principales barrières
incluaient l’attitude des cliniciens vis-à-vis de l’alcool, le
manque de soutien structurel et organisationnel, un manque de clarté
de la définition des rôles et des responsabilités des professionnels
vis-à-vis des problèmes d’alcool, la peur de compromettre la
relation entre soignant et patient, et la compétition avec d’autres
tâches et des besoins de santé.
Des stratégies d’implémentation ont été testées et montrent des
résultats encourageants. Le programme qui semble avoir été le plus
efficace a été mis en place dans le système des anciens combattants
aux États-Unis (Veterans Affairs, VA). Ce système prévoit le
dépistage intégré dans le processus de soins, des rappels dans le
dossier électronique et des mesures de performance et de contrôles
et de fait 90 % des patients ambulatoires sont dépistés (Lapham et
coll., 2012). En Suède, une campagne gouvernementale de promotion du
dépistage a permis un passage de 12 % à 32 % de dépistage (Lundin et
coll., 2017)
montrant l’importance du rôle de l’État dans le soutien à ces
mesures. Dans l’étude européenne dans cinq pays/régions citée
ci-dessus (Anderson et coll., 2016), les taux de dépistage restaient
globalement bas, mais deux stratégies d’implémentation avaient un
effet significatif : mise à disposition de formation et de soutien ;
et remboursement financier des prestations.
Une récente étude menée dans des cabinets de médecine générale en
Suisse a montré l’intérêt d’un dépistage électronique dans la salle
d’attente (Bertholet et coll., 2019). Cette étude indiquait que
l’implémentation d’un outil électronique (une tablette) pour
dépister la consommation à risque dans la salle d’attente était
faisable et acceptable. Néanmoins, son utilisation était limitée si
elle était seulement mise à disposition ; son utilisation était
fortement augmentée si une assistante en indiquait la présence et le
fonctionnement (17 % contre 60 %, respectivement). Le dépistage
(ainsi que l’intervention la suivant potentiellement) permettrait de
dépasser certaines barrières fréquemment observées telles que les
contraintes de temps et la réduction des stigma (Anderson et coll.,
2004 ;
Bertholet et coll., 2019 ; McCambridge et Rollnick,
2014 ;
McNeely et coll., 2018), et ceci avec des ressources
additionnelles minimales.
Intervention brève
Si une consommation à risque ou problématique est détectée, une
intervention brève est généralement ensuite proposée. Le terme
« intervention brève » est un terme général qui inclut différents
types d’interventions durant lesquelles le clinicien donne des
conseils et/ou une aide psychologique visant à comprendre les
risques et les effets négatifs de la consommation et explorer des
manières de la diminuer (Beyer et coll.,
2019).
Les différents modèles d’intervention brève partagent pour la
plupart les mêmes fondements théoriques, c’est-à-dire les théories
sociocognitives et motivationnelles (Heather,
1995).
Ces différents modèles partagent également des modalités pratiques :
elles sont conçues pour être effectuées lors de consultations
régulières, qui durent souvent de 5 à 15 minutes avec les médecins
ou de 20 à 30 minutes avec les infirmières et, bien que de courte
durée, elles peuvent être dispensées en une à cinq séances.
Finalement, elles comportent les mêmes composants structurels tels
que : un feedback personnalisé sur l’usage d’alcool et les
conséquences associées, une clarification de ce que constitue une
consommation d’alcool à faible risque, des informations sur les
risques associés à la consommation d’alcool, l’identification des
situations à risques et des stratégies pour y faire face, les
bénéfices attendus d’une réduction de la consommation, des conseils
pour réduire la consommation, des techniques inspirées de
l’entretien motivationnel visant à favoriser un changement, le
développement d’un plan personnalisé de réduction de la consommation
(Kaner et coll., 2018). De nombreux consommateurs d’alcool sont
concernés par une intervention brève : les consommateurs à risque
pour les inciter à réduire leur consommation et surtout éviter le
passage à la consommation nocive, mais également les adolescents
notamment sur les risques de la consommation épisodique massive ; ou
encore les femmes notamment pour rappeler les risques de la
consommation pendant la grossesse (Haute autorité de santé,
2014).
Pour les personnes présentant une consommation problématique, un
travail plus complet sera poursuivi.
L’efficacité des interventions brèves portant sur la consommation
d’alcool dans les soins de santé primaires pour les consommateurs
d’alcool à risque sans dépendance a été testée dans de nombreuses
études et revues systématiques. Une revue systématique de 34 revues
systématiques (O’Donnell et coll.,
2014)
montrait avec constance que l’intervention brève était efficace pour
aborder la consommation à risque. Différentes études ont également
montré le bon rapport coût-efficacité de l’intervention brève
(Cobiac et coll., 2009 ; Purshouse et coll.,
2013 ;
Tariq et coll., 2009). Les revues de la littérature prenant en
compte les différentes politiques étatiques pour diminuer le fardeau
collectif lié à la consommation d’alcool placent l’implémentation de
l’intervention brève dans les mesures les plus efficaces et les
mieux soutenues par les données probantes (Babor et coll.,
2010 ;
Burton et coll., 2017). Une analyse de l’OCDE (Organisation de
coopération et de développement économiques) avec des données
obtenues au Canada, en République Tchèque et en Allemagne montrait
également la place élevée de l’intervention brève par rapport à
d’autres mesures de santé publique en termes de coût-efficacité
(Sassi et coll., 2015). Ces analyses montraient que si des
interventions brèves étaient systématiquement proposées dans les
structures de soins primaires, elles pourraient générer des
bénéfices importants en termes de santé et d’espérance de vie. Elles
auraient notamment la capacité de prévenir un grand nombre de cas de
dépendance à l’alcool et auraient un impact significatif sur
l’incidence du cancer.
En termes d’efficacité, l’étude la plus importante est la
méta-analyse de Kaner et de ses collègues
(2018),
réalisée dans le cadre de la Collaboration Cochrane, qui
agrège les données de 69 études et 33 642 participants. Les études
comprennent 38 études en médecine générale et 27 études dans des
départements d’urgence. Les principaux résultats ont montré que les
personnes recevant l’intervention brève buvaient alors
significativement moins que les participants du groupe témoin. La
réduction moyenne était de 20 grammes d’alcool pur par semaine, ce
qui représente environ 2 verres standards. Dans l’ensemble, les
données probantes ont été évaluées comme étant pour la plupart de
qualité moyenne, ce qui signifie que l’ampleur et l’orientation de
l’effet rapporté sont susceptibles d’être proches de l’effet réel de
ces interventions. L’étude montrait également que des interventions
plus longues n’apportent probablement que peu d’avantages
supplémentaires.
Cette étude présentait également des résultats par sous-groupes.
L’environnement de l’intervention montrait des résultats
significatifs allant dans le même sens, même si la différence
moyenne était supérieure en médecine générale (-26 g/semaine) qu’aux
urgences (-10 g/semaine). L’effet significatif aux urgences est
intéressant, car les résultats des méta-analyses préalables
montraient des résultats contrastés, minimaux ou non significatifs
(Landy et coll., 2016 ; McGinnes et coll.,
2016 ;
Schmidt et coll., 2016). L’inclusion de nouvelles études semble
donner du poids à l’efficacité de l’intervention dans cet
environnement. Une autre étude récente montrant des résultats
significatifs (Barata et coll.,
2017)
semble confirmer cette tendance.
Les résultats en fonction du genre montrent également des résultats
similaires et significatifs pour les hommes (-42 g/semaine) et les
femmes (-30 g/semaine). L’efficacité démontrée chez les femmes est
également importante car de précédentes revues systématiques
montraient un manque de données probantes pour ce sous-groupe
(O’Donnell et coll., 2014). L’efficacité en fonction de l’âge est
plus contrastée (Kaner et coll.,
2018).
La plupart des études étaient menées avec des adultes et
l’efficacité dans ce sous-groupe est donc similaire à l’échantillon
global (-22 g/semaine). Seulement 3 études méta-analysées
comprenaient des adolescents ou des jeunes adultes et l’effet n’est
pas significatif (-7 g/semaine, intervalle de confiance de -17 à
+3 g/semaine). La plupart des études dans ce sous-groupe montrent de
la même manière des effets inférieurs, contrastés, voire non
significatifs (Diestelkamp et coll.,
2016 ;
Foxcroft et coll., 2016). Une large méta-analyse (185
échantillons d’étude analysés) a néanmoins montré des effets
significatifs sur la consommation d’alcool et les problèmes liés
(Tanner-Smith et Lipsey, 2015). Les effets étaient plus élevés chez les
adolescents (11-18 ans) que chez les jeunes adultes (19-30 ans). Les
auteurs concluaient que si ces effets restaient modestes, leur
potentiel en termes de santé était profitable vu la brièveté et le
faible coût de l’intervention. Une revue systématique a testé
l’efficacité de mesures pour diminuer la consommation excessive
d’alcool chez les personnes âgées (Kelly et coll.,
2018).
Malgré l’hétérogénéité des 8 études retenues, les effets étaient
significatifs et montraient notamment que des interventions brèves
pouvaient avoir un effet positif.
Les études sont plus rares, plus hétérogènes et les effets souvent
plus petits dans les autres environnements dans lesquels
l’intervention brève a pu être proposée. Une revue systématique
montrait des données prometteuses pour le petit nombre d’études
ayant testé une intervention brève en face-à-face pour maintenir
l’abstinence durant la grossesse (Gilinsky et coll.,
2011).
Dans le milieu des hôpitaux généraux, une revue Cochrane a
montré que l’intervention brève était bénéfique au niveau de la
consommation d’alcool et du taux de mortalité (McQueen et coll.,
2011).
Cependant ces résultats étaient limités à des études ayant inclus
principalement des hommes. Une revue systématique en médecine du
travail a montré que, malgré la faiblesse méthodologique des études
retenues et leur hétérogénéité, l’intervention brève dans ce milieu
avait le potentiel de délivrer des effets bénéfiques (Webb et coll.,
2009).
Des études plus récentes ont confirmé ce potentiel (Ito et coll.,
2015 ;
Watson et coll., 2015). Concernant l’efficacité des
interventions brèves électroniques, les données probantes montrent
des effets dans la communauté (Bewick et coll.,
2008 ;
Kaner et coll., 2017), mais également en médecine de premier
recours (Kypri et coll., 2008 ; Nair et coll.,
2015 ;
Ramsey et coll., 2019). Cette dernière étude montrait que si
les interventions basées sur la technologie en médecine de premier
recours semblaient être largement bénéfiques, les résultats
pourraient être améliorés par l’implication des cliniciens et par
l’utilisation de stratégies d’implémentation (Ramsey et coll.,
2019).
Il est important de souligner que l’efficacité de l’intervention
brève chez les personnes dépendantes n’est pas démontrée (Glass et
coll., 2017 ; Saitz, 2010). Pour les personnes dépendantes de
l’alcool, l’intervention brève ne suffit probablement pas à
infléchir un comportement aussi solidement ancré. Pour ces derniers,
l’exposition à une intervention brève, même si elle ne change pas le
comportement, pourrait constituer une première étape et conduire à
une prise en charge spécialisée, même si les données pour l’affirmer
manquent. Ce constat ne diminue pas l’intérêt de l’intervention
brève à l’échelon de la population en raison de la prévalence élevée
des bénéficiaires potentiels d’une intervention brève
(approximativement 20-30 % de la population avec une consommation
d’alcool à risque [Com-Ruelle et coll.,
2008 ;
Gmel et coll., 2017]) et des conséquences importantes
associées à la consommation d’alcool à risque sans dépendance en
termes de morbidité et de mortalité (Global Burden of Disease
Alcohol Collaborators, 2018 ; Rehm et coll.,
2012 ;
Weitzman et Nelson, 2004).
Malgré les informations fournies pour différents sous-groupes,
quelques zones d’ombre demeurent encore, l’efficacité dans les
minorités ethniques ou dans les pays en voie de développement
(O’Donnell et coll., 2014) par exemple, mais également concernant
le contenu des interventions efficaces (Gaume et coll.,
2014 ;
Kaner et coll., 2018). De plus, l’implémentation de
l’intervention brève demeure également limitée. Dans une étude
anglaise, les données montraient que seuls 10 % des personnes
consommant excessivement avaient reçu un conseil sur leur
consommation (Brown et coll., 2016). En comparaison, dans cette même étude,
50 % des fumeurs recevaient un conseil pour le tabac. Dans une étude
européenne dans 5 pays ou régions (Angleterre, Pays-Bas, Pologne,
Suède et Catalogne), l’effet de l’implémentation de l’intervention
brève s’est révélée minime (Bendtsen et coll.,
2015).
Dans cette étude, seulement 11 patients éligibles sur 1 000 étaient
dépistés et recevaient une intervention. Lors du suivi à 9 mois
(Anderson et coll., 2017), la proportion de patients dépistés et
recevant une intervention était 1,39 fois plus élevée si des
démarches d’entraînement et de soutien étaient proposées. S’ils
restent minimes, ces effets étaient néanmoins significatifs et
donnent des indications sur les voies possibles pour développer
l’intervention brève. Devant ces difficultés à implémenter le
dépistage et l’intervention brève systématique en routine dans les
cabinets de soins de premier recours, certains auteurs ont proposé
de repenser le modèle et de privilégier une intervention par paliers
(McCambridge et Rollnick, 2014 ; McCambridge et Saitz,
2017).
Ce modèle privilégierait les interventions brèves électroniques
(internet, applications mobiles) pour la population générale et
offrirait une intervention brève courte seulement pour les personnes
le nécessitant, alors qu’un référencement vers un service spécialisé
serait préconisé pour les problèmes sévères.
Conclusion
En résumé, le dépistage et l’intervention brève sont des outils de
santé publique indispensables au vu de la morbidité et de la
mortalité élevées associées au mésusage d’alcool. Ils permettent un
dépistage et une intervention précoce et efficace pour les
consommateurs d’alcool à risque. Malgré les outils disponibles, leur
pratique reste très limitée. Lorsqu’ils sont mis en œuvre, le
dépistage et l’intervention brève sont efficaces. Ainsi, nous
recommandons de prioriser les efforts d’implémentation du dépistage
de la consommation d’alcool à risque et de l’intervention brève à
large échelle. Pour que ces efforts soient en même temps bon marché
et efficaces, nous recommandons de promouvoir des dépistages et
interventions brèves électroniques, dans les collectivités publiques
(écoles, universités, armée) et dans les salles d’attente des
cabinets médicaux, particulièrement en médecine générale et aux
urgences. La pratique de l’intervention brève pour les consommateurs
d’alcool à risque inclut de fait les personnes dépendantes à
l’alcool. Pour ces dernières, on ne peut pas s’attendre à ce que
l’intervention brève modifie le comportement, mais elle pourrait
initier une discussion et constituer une première étape dans la
prise en charge d’une dépendance à l’alcool.
Références
[1] Aalto M, Alho H, Halme JT, et al . AUDIT and its abbreviated versions in
detecting heavy and binge drinking in a general
population survey.
Drug Alcohol Depend. 2009;
103:25- 9
[2] Aalto M, Alho H, Halme JT, et al . The alcohol use disorders identification
test (audit) and its derivatives in screening for heavy
drinking among the elderly.
Int J Geriatr Psychiatry. 2011;
26:881- 5
[3] Aguilar AA, Bamert L, Sporkert F, et al . Nouveaux marqueurs biologiques de la
consommation d’alcool.
Revue Med Suisse. 2019;
15:1173- 6
[4] Alladio E, Martyna A, Salomone A, et al . Evaluation of direct and indirect ethanol
biomarkers using a likelihood ratio approach to identify
chronic alcohol abusers for forensic
purposes.
Forensic Sci Int. 2017;
271:13- 22
[5] Allen JP, Wurst FM, Thon N, et al . Assessing the drinking status of liver
transplant patients with alcoholic liver
disease.
Liver Transpl. 2013;
19:369- 76
[6] Ames GM, Bennett JB. Prevention interventions of alcohol
problems in the workplace.
Alcohol Res Health. 2011;
34:175- 87
[7] Anderson P, Bendtsen P, Spak F, et al . Improving the delivery of brief
interventions for heavy drinking in primary health
care : outcome results of the optimizing delivery of
health care intervention (ODHIN) five-country cluster
randomized factorial trial.
Addiction. 2016;
111:1935- 45
[8] Anderson P, Coulton S, Kaner E, et al . Delivery of brief interventions for heavy
drinking in primary care : outcomes of the ODHIN
5-country cluster randomized trial.
Ann Family Med. 2017;
15:335- 40
[9] Anderson P, Laurant M, Kaner E, et al . Engaging general practitioners in the
management of hazardous and harmful alcohol
consumption : results of a
meta-analysis.
J Stud Alcohol. 2004;
65:191- 9
[10] Armer JM, Gunawardana L, Allcock RL. The performance of alcohol markers
including ethyl glucuronide and ethyl sulphate to detect
alcohol use in clients in a community alcohol treatment
programme.
Alcohol Alcohol. 2017;
52:29- 34
[11] Babor T, Higgins-Biddle J, Saunders J, et al .2001;
AUDIT – The alcohol use disorders
identification test: guidelines for use in primary
care.
Geneva:World Health
Organization;
2001;
[12] Babor TF, Caetano R, Casswell S, et al . Alcohol: no ordinary commodity. research
and public policy.
Oxford:Oxford University
Press;
2010.
[13] Barata IA, Shandro JR, Montgomery M, et al . Effectiveness of SBIRT for alcohol use
disorders in the emergency department : a systematic
review.
West J Emerg Med. 2017;
18:1143- 52
[14] Barrio P, Mondon S, Teixidor L, et al . One year clinical correlates of etg
positive urine screening in alcohol-dependent patients :
a survival analysis.
Alcohol Alcohol. 2017;
52:460- 5
[15] Bendtsen P, Anderson P, Wojnar M, et al . Professional’s attitudes do not influence
screening and brief interventions rates for hazardous
and harmful drinkers: results from ODHIN
study.
Alcohol Alcohol. 2015;
50:430- 7
[16] Bertholet N, Cunningham JA, Adam A, et al . Electronic screening and brief
intervention for unhealthy alcohol use in primary care
waiting rooms. A pilot project.
Subst Abuse. 2020;
41:347- 55
[17] Bewick BM, Trusler K, Barkham M, et al . The effectiveness of web-based
interventions designed to decrease alcohol consumption :
a systematic review.
Prev Med. 2008;
47:17- 26
[18] Beyer FR, Campbell F, Bertholet N, et al . The Cochrane 2018 review on brief
interventions in primary care for hazardous and harmful
alcohol consumption: a distillation for clinicians and
policy makers.
Alcohol Alcohol. 2019;
54:417- 27
[19] Brown J, West R, Angus C, et al . Comparison of brief interventions in
primary care on smoking and excessive alcohol
consumption: a population survey in
England.
Br J Gen Pract. 2016;
66:e1- 9
[20] Burns E, Gray R, Smith LA. Brief screening questionnaires to
identify problem drinking during pregnancy: a systematic
review.
Addiction. 2010;
105:601- 14
[21] Burton R, Henn C, Lavoie D, et al . A rapid evidence review of the
effectiveness and cost-effectiveness of alcohol control
policies: an English perspective.
Lancet. 2017;
389:1558- 80
[22] Caetano R, Babor TF. Diagnosis of alcohol dependence in
epidemiological surveys: an epidemic of youthful alcohol
dependence or a case of measurement
error?.
Addiction. 2006;
101 (suppl 1):111- 4
[23] Campbell CE, Maisto SA. Validity of the AUDIT-C screen for
at-risk drinking among students utilizing university
primary care.
J Am Coll Health. 2018;
66:774- 82
[24] Cobiac L, Vos T, Doran C, et al . Cost-effectiveness of interventions to
prevent alcohol-related disease and injury in
Australia.
Addiction. 2009;
104:1646- 55
[25] Com-Ruelle L, Dourgnon P, Jusot F, et al . Les problèmes d’alcool en France :
quelles sont les populations à
risque ?.
In: IRDES, editors.
Questions d’Économie de la
Santé. 2008;
No 129:
[26] Coulton S, Alam MF, Boniface S, et al . Opportunistic screening for alcohol use
problems in adolescents attending emergency
departments : an evaluation of screening
tools.
J Public Health. 2019;
41:e53- 60
[27] Coulton S, Drummond C, James D, et al . Opportunistic screening for alcohol use
disorders in primary care: comparative
study.
Br Med J. 2006;
332:511- 7
[28] Crunelle CL, Verbeek J, Dom G, et al . Hair ethyl glucuronide and serum
carbohydrate deficient transferrin for the assessment of
relapse in alcohol-dependent
patients.
Clin Biochem. 2016;
49:554- 9
[29] Crunelle CL, Yegles M, Nuijs ALNV, et al . Hair ethyl glucuronide levels as a marker
for alcohol use and abuse: a review of the current state
of the art.
Drug Alcohol Depend. 2014;
134:1- 11
[30] Daeppen JB, Bertholet N, Gaume J, et al . Efficacy of brief motivational
intervention in reducing binge drinking in young men : a
randomized controlled trial.
Drug Alcohol Depend. 2011;
113:69- 75
[31] Dawson DA, Grant BF, Stinson FS. The AUDIT-C: screening for alcohol use
disorders and risk drinking in the presence of other
psychiatric disorders.
Compr Psychiatry. 2005;
46:405- 16
[32] Derges J, Kidger J, Fox F, et al . Alcohol screening and brief interventions
for adults and young people in health and
community-based settings: a qualitative systematic
literature review.
BMC Public Health. 2017;
17:562
[33] Diestelkamp S, Drechsel M, Baldus C, et al . Brief in person interventions for
adolescents and young adults following alcohol-related
events in emergency care: a systematic review and
european evidence synthesis.
Eur Addict Res. 2016;
22:17- 35
[34] Dreher-Weber M, Laireiter AR, Kuhberger A, et al . Screening for hazardous drinking in
nursing home residents: evaluating the validity of the
current cutoffs of the alcohol use disorder
identification test-consumption questions by using ethyl
glucuronide in hair.
Alcohol Clin Exp Res. 2017;
41:1593- 601
[36] Fagan KJ, Irvine KM, Mcwhinney BC, et al . Diagnostic sensitivity of carbohydrate
deficient transferrin in heavy
drinkers.
BMC Gastroenterol. 2014;
14:97
[37] Foxcroft DR, Coombes L, Wood S, et al . Motivational interviewing for the
prevention of alcohol misuse in young
adults.
Cochrane Database Syst Rev. 2016;
7:CD007025.
[38] Fujii H, Nishimoto N, Yamaguchi S, et al . The alcohol use disorders identification
test for consumption (AUDIT-C) is more useful than
pre-existing laboratory tests for predicting hazardous
drinking : a cross-sectional study.
BMC Public Health. 2016;
16:379
[39] Gache P, Michaud P, Landry U, et al . The alcohol use disorders identification
test (audit) as a screening tool for excessive drinking
in primary care : reliability and validity of a French
version.
Alcohol Clin Exp Res. 2005;
29:2001- 7
[40] Gaume J, Gmel G, Faouzi M, et al . Is brief motivational intervention
effective in reducing alcohol use among young men
voluntarily receiving it? A randomized controlled
trial.
Alcohol Clin Exp Res. 2011;
35:1822- 30
[41] Gaume J, Mccambridge J, Bertholet N, et al . Mechanisms of action of brief alcohol
interventions remain largely unknown: a narrative
review.
Front Psychiatry. 2014;
5: 108p.
[42] Gilinsky A, Swanson V, Power K. Interventions delivered during antenatal
care to reduce alcohol consumption during pregnancy: a
systematic review.
Addict Res Theory. 2011;
19:235- 50
[43] Glass JE, Andreasson S, Bradley KA, et al . Rethinking alcohol interventions in
health care : a thematic meeting of the international
network on brief interventions for alcohol and other
drugs (INEBRIA).
Addict Sci Clin Pract. 2017;
12:14
[44]Global Burden of Disease Alcohol
Collaborators. Alcohol use and burden for 195 countries
and territories, 1990-2016: a systematic analysis for
the Global burden of disease study
2016.
Lancet. 2018;
392:1015- 35
[45] Gmel G, Kuendig H, Notari L, et al . Monitorage suisse des addictions :
consommation d’alcool, tabac et drogues illégales en
Suisse en 2016.
Lausanne:Addiction Suisse;
2017.
[46] Gore FM, Bloem PJ, Patton GC, et al . Global burden of disease in young people
aged 10-24 years: a systematic
analysis.
Lancet. 2011;
377:2093- 102
[47]Haute Autorité de Santé. Note de cadrage : repérage précoce et
intervention brève en alcoologie en premier
recours.
Saint-Denis:HAS;
2014;
[48] Heather N. Interpreting the evidence on brief
interventions for excessive drinkers: the need for
caution.
Alcohol Alcohol. 1995;
30:287- 96
[49] Ito C, Yuzuriha T, Noda T, et al . Brief intervention in the workplace for
heavy drinkers: a randomized clinical trial in
Japan.
Alcohol Alcohol. 2015;
50:157- 63
[50] Kaner EF, Beyer FR, Garnett C, et al . Personalised digital interventions for
reducing hazardous and harmful alcohol consumption in
community-dwelling populations.
Cochrane Database Syst Rev. 2017;
9:CD011479.
[51] Kaner EF, Beyer FR, Muirhead C, et al . Effectiveness of brief alcohol
interventions in primary care
populations.
Cochrane Database Syst Rev. 2018;
2:CD004148.
[52] Kelly S, Olanrewaju O, Cowan A, et al . Interventions to prevent and reduce
excessive alcohol consumption in older people : a
systematic review and meta-analysis.
Age Ageing. 2018;
47:175- 84
[53] Kilo S, Hofmann B, Eckert E, et al . Evaluation of biomarkers assessing
regular alcohol consumption in an occupational
setting.
Int Arch Occup Environ Health. 2016;
89:1193- 203
[54] Kriston L, Holzel L, Weiser AK, et al . Meta-analysis: are 3 questions enough to
detect unhealthy alcohol use?.
Ann Intern Med. 2008;
149:879- 88
[55] Kummer N, Wille SMR, Poll A, et al . Quantification of EtG in hair, EtG and
EtS in urine and PEth species in capillary dried blood
spots to assess the alcohol consumption in driver’s
licence regranting cases.
Drug Alcohol Depend. 2016;
165:191- 7
[56] Kuntsche E, Gmel G. Alcohol consumption in late adolescence
and early adulthood: where is the
problem?.
Swiss Med Week. 2013;
143:w13826.
[57] Kypri K, Langley JD, Saunders JB, et al . Randomized controlled trial of web-based
alcohol screening and brief intervention in primary
care.
Arch Intern Med. 2008;
168:530- 6
[58] Landy MSH, Davey CJ, Quintero D, et al . A systematic review on the effectiveness
of brief interventions for alcohol misuse among adults
in emergency departments.
J Subst Abuse Treat. 2016;
61:1- 12
[59] Lapham GT, Achtmeyer CE, Williams EC, et al . Increased documented brief alcohol
interventions with a performance measure and electronic
decision support.
Med Care. 2012;
50:179- 87
[60] Lee NK, Roche AM, Duraisingam V, et al . A systematic review of alcohol
interventions among workers in male-dominated
industries.
J Men Health. 2014;
11:53- 63
[61] Lundin A, Danielsson AK, Hallgren M, et al . Effect of screening and advising on
alcohol habits in Sweden: a repeated population survey
following nationwide implementation of screening and
brief intervention.
Alcohol Alcohol. 2017;
52:190- 6
[62] Marmet S, Notari L, Gmel G. Suchtmonitoring Schweiz. Screening für
problematischen Alkoholkonsum im Jahr
2015.
Lausanne:Addiction Suisse;
2015.
[63] McCambridge J, Rollnick S. Should brief interventions in primary
care address alcohol problems more
strongly?.
Addiction. 2014;
109:1054- 8
[64] McCambridge J, Saitz R. Rethinking brief interventions for
alcohol in general practice.
Br Med J. 2017;
356:j116.
[65] McGinnes RA, Hutton JE, Weiland TJ, et al . Review article. Effectiveness of
ultra-brief interventions in the emergency department to
reduce alcohol consumption: a systematic
review.
Emerg Med Australasia. 2016;
28:629- 40
[66] McKnight-Eily LR, Liu Y, Brewer RD, et al . Vital signs: communication between health
professionals and their patients about alcohol use: 44
states and the district of Columbia,
2011.
MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2014;
63:16- 22
[67] McKnight-Eily LR, Okoro CA, Mejia R, et al . Screening for excessive alcohol use and
brief counseling of adults – 17 states and the district
of Columbia, 2014.
MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2017;
66:313- 9
[68] McNeely J, Kumar PC, Rieckmann T, et al . Barriers and facilitators affecting the
implementation of substance use screening in primary
care clinics: a qualitative study of patients,
providers, and staff.
Addict Sci Clin Pract. 2018;
13:8
[69] McQueen J, Howe TE, Allan L, et al . Brief interventions for heavy alcohol
users admitted to general hospital
wards.
Cochrane Database Syst Rev. 2011;
10:CD005191.
[70] Moirand R, Daeppen JB. Comment repérer une consommation
excessive d’alcool en médecine générale et en
consultation spécialisée.
2021 (sous presse);
[71] Nair NK, Newton NC, Shakeshaft A, et al . A systematic review of digital and
computer-based alcohol intervention programs in primary
care.
Curr Drug Abuse Rev. 2015;
8:111- 8
[72]Nice. Alcohol-use disorders : diagnosis,
assessment and management of harmful drinking and
alcohol dependence – Clinical
guidelines.
Manchester, UK:National Institute for Health and
Clinical Excellence;
2011.
[73] O’donnell A, Anderson P, Newbury-Birch D, et al . The impact of brief alcohol interventions
in primary healthcare: a systematic review of
reviews.
Alcohol Alcohol. 2014;
49:66- 78
[74]Organisation mondiale de la
santé. Global status report on alcohol and
health.
Genève:World Health
Organization;
2018.
[75] Purshouse RC, Brennan A, Rafia R, et al . Modelling the cost-effectiveness of
alcohol screening and brief interventions in primary
care in England.
Alcohol Alcoholism. 2013;
48:180- 8
[76] Ramsey AT, Satterfield JM, Gerke DR, et al . Technology-based alcohol interventions in
primary care: systematic review.
J Med Internet Res. 2019;
21:e10859.
[77] Rehm J, Anderson P, Manthey J, et al . Alcohol use disorders in primary health
care: what do we know and where do we
go?.
Alcohol Alcohol. 2016;
51:422- 7
[78] Rehm J, Shield KD, Rehm MX, et al . Alcohol consumption, alcohol dependence and
attributable burden of disease in Europe. Potential
gains from effective interventions for alcohol
dependence.
Toronto:Centre for Addiction and Mental
Health;
2012.
[79] Reinert DF, Allen JP. The alcohol use disorders identification
test : an update of research
findings.
Alcohol Clin Exp Res. 2007;
31:185- 99
[80] Richard JB, Andler R, Cogordan C, et al . La consommation d’alcool chez les adultes
en France en 2017.
Bull Épidémiol Hebd. 2019;
5-6:89- 97
[81] Saitz R. Alcohol screening and brief intervention
in primary care : absence of evidence for efficacy in
people with dependence or very heavy
drinking.
Drug Alcohol Rev. 2010;
29:631- 40
[82] Sassi F, Cecchini M, Devaux M, et al . Impacts sur l’économie et la santé des
principales mesures possibles en matière
d’alcool.
In: In : Sassi F (ed), editors.
Lutter contre la consommation nocive
d’alcool : politiques économiques et de santé
publique.
Paris:Éditions OCDE;
2015;
[83] Saunders JB, Aasland OG, Babor TF, et al . Development of the alcohol use disorders
identification test (audit) : who collaborative project
on early detection of persons with harmful alcohol
consumption-II.
Addiction. 1993;
88:791- 804
[84] Schmidt CS, Schulte B, Seo HN, et al . Meta-analysis on the effectiveness of
alcohol screening with brief interventions for patients
in emergency care settings.
Addiction. 2016;
111:783- 94
[85] Schrock A, Hernandez Redondo A, Martin Fabritius M, et al . Phosphatidylethanol (PEth) in blood
samples from “driving under the influence” cases as
indicator for prolonged excessive alcohol
consumption.
Int J Legal Med. 2016;
130:393- 400
[86] Schrock A, Wurst FM, Thon N, et al . Assessing phosphatidylethanol (PEth)
levels reflecting different drinking habits in
comparison to the alcohol use disorders identification
test-C (AUDIT-C).
Drug Alcohol Depend. 2017;
178:80- 6
[87] Shield KD, Rehm J. Global risk factor rankings: the
importance of age-based health loss inequities caused by
alcohol and other risk factors.
BMC Res Notes. 2015;
8:231
[88] Shields AL, Caruso JC. Reliability generalization of the alcohol
use disorders identification test.
Educ Psychol Measurement. 2003;
63:404- 13
[89] Shogren MD, Harsell C, Heitkamp T. Screening women for at-risk alcohol use :
an introduction to screening, brief intervention, and
referral to treatment (SBIRT) in women’s
health.
J Midwifery Women Health. 2017;
62:746- 54
[90] Skogen JC, Thorrisen MM, Olsen E, et al . Evidence for essential unidimensionality
of AUDIT and measurement invariance across gender, age
and education. Results from the WIRUS
study.
Drug Alcohol Depend. 2019;
202:87- 92
[91]Société Française
d’Alcoologie. Mésusage de l’alcool : dépistage,
diagnostic et traitement – Recommandation de bonne
pratique.
Alcoologie Addictologie. 2015;
37:5- 84
[92] Staufer K, Andresen H, Vettorazzi E, et al . Urinary ethyl glucuronide as a novel
screening tool in patients pre- and post-liver
transplantation improves detection of alcohol
consumption.
Hepatology. 2011;
54:1640- 9
[93] Staufer K, Yegles M. Biomarkers for detection of alcohol
consumption in liver transplantation.
World J Gastroenterol. 2016;
22:3725- 34
[94] Sterneck M, Yegles M, Rothkirch Von G, et al . Determination of ethyl glucuronide in
hair improves evaluation of long-term alcohol abstention
in liver transplant candidates.
Liver Int. 2014;
34:469- 76
[95] Tanner-Smith EE, Lipsey MW. Brief alcohol interventions for
adolescents and young adults: a systematic review and
meta-analysis.
J Subst Abuse Treat. 2015;
51:1- 18
[96] Tansil KA, Esser MB, Sandhu P, et al . Alcohol electronic screening and brief
intervention: a community guide systematic
review.
Am J Prev Med. 2016;
51:801- 11
[97] Tariq L, Van Den Berg M, Hoogenveen RT, et al . Cost-effectiveness of an opportunistic
screening programme and brief intervention for excessive
alcohol use in primary care.
PLoS One. 2009;
4:e5696.
[98] Thompson A, Wright AK, Ashcroft DM, et al . Epidemiology of alcohol dependence in UK
primary care: results from a large observational study
using the clinical practice research
datalink.
PLoS One. 2017;
12:e0174818.
[99] Toner P, Bohnke JR, Andersen P, et al . Alcohol screening and assessment measures
for young people: a systematic review and meta-analysis
of validation studies.
Drug Alcohol Depend. 2019;
202:39- 49
[100]U.S. Preventive Services Task
Force. Curry SJ, Krist AH, et al . Screening and behavioral counseling
interventions to reduce unhealthy alcohol use in
adolescents and adults: US preventive services task
force recommendation statement.
JAMA. 2018;
320:1899909
[101] Watson H, Godfrey C, McFadyen A, et al . Screening and brief intervention delivery
in the workplace to reduce alcohol-related harm : a
pilot randomized controlled trial.
Int J Nurs Stud. 2015;
52:39- 48
[102] Webb G, Shakeshaft A, Sanson-Fisher R, et al . A systematic review of work-place
interventions for alcohol-related
problems.
Addiction. 2009;
104:365- 77
[103] Weitzman ER , Nelson TF. College student binge drinking and the
“prevention paradox”: implications for prevention and
harm reduction.
J Drug Educ. 2004;
34:247- 65
→ Aller vers SYNTHESE