Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool
II. Actions de prévention des consommations
2021
| ANALYSE |
13-
Interventions efficaces
de prévention de la consommation d’alcool en
différents milieux
Interventions efficaces selon les milieux et les stratégies d’action
Interventions efficaces dans le milieu scolaire et l’enseignement supérieur
Programmes génériques de développement des compétences psychosociales des élèves
). Elle prend généralement la
forme d’un programme structuré composé de plusieurs séances,
souvent hebdomadaires et d’une durée moyenne d’une heure,
dont les activités ciblent à la fois des CPS de nature
cognitive (par exemple, la prise de décision, la résolution
de problème, la pensée critique, la conscience de soi et des
influences), sociale (par exemple, la communication,
l’affirmation de soi, la négociation, la gestion des
conflits, l’empathie, la coopération et la collaboration en
groupe, le plaidoyer) et émotionnelle (par exemple, la
régulation émotionnelle, la gestion du stress). Les CPS
fonctionnent alors comme des ressources ou des facteurs
protecteurs permettant d’éviter aux jeunes de s’engager dans
une large gamme de comportements à risques.
; Lewis et Neighbors,
2004
; Perkins et coll.,
1999
). Enfin, elle comporte souvent
un volet concernant la connaissance des SPA et centré sur
les effets négatifs à court terme des produits.Life Skills Training (LST)
) est sans doute l’un des
programmes de développement des CPS ayant fait l’objet
du plus grand nombre de publications scientifiques.
Lorsqu’on s’intéresse à la prévention de la consommation
d’alcool, il est l’un des plus recommandés par les
revues systématiques (par exemple, Foxcroft et coll.,
2011
) et par les registres
d’actions probantes (par exemple, seul « Model
plus » du registre Blueprints for Healthy
Youth Development pour la thématique
« Alcool »). Développé aux États-Unis dans les années
80, le LST est un programme de prévention universelle
délivré en classe par l’enseignant auprès de collégiens
de 12 à 14 ans. Il débute en 5e et dure selon
les versions de 1 an (par exemple, Botvin, et coll.,
1997
) à 3 ans (par exemple, Botvin
et coll., 1990a
,
1995a
). Son objectif est de
prévenir chez les élèves l’usage de tabac, d’alcool et
de cannabis grâce à un modèle générique de développement
des CPS. Il vise aussi à corriger les normes sociales
associées à la consommation de SPA et à réduire la
vulnérabilité des jeunes aux influences sociales.
,
1995a
). Son format et l’intensité
de sa mise en œuvre a pu varier au gré des études, mais
le format le plus représenté reprend seulement les 2
premières années du format d’origine (par exemple, Smith
et coll., 2004
).
,
1995a
) a révélé que le LST, sous
son format d’origine de 3 ans, réduisait la prévalence
des épisodes d’ivresse alcoolique (au moins un épisode
dans le mois passé) 3 ans après la fin de l’intervention
(c’est-à-dire 6 ans après le début de l’intervention, à
la fin de la scolarité au lycée) comparativement à un
groupe contrôle n’ayant reçu aucune intervention (LST :
34 % vs. Contrôle : 40 % ; Botvin et coll.,
1995a
). Lorsque les auteurs
examinaient le sous-échantillon des collégiens ayant
reçu 60 % ou plus du programme, le LST réduisait
également la prévalence de la consommation hebdomadaire
actuelle (LST : 24 % vs. Contrôle : 29 %) et la
prévalence de la consommation excessive actuelle (4
verres ou plus par occasion ; LST : 53 % vs.
Contrôle : 59 %). Une autre étude ciblant la même
population (Botvin et coll.,
1984
,
1990b
; N = 1 311) a examiné les
effets d’une version du LST comprenant des séances
délivrées en 5e (20 séances) soit par
l’enseignant, soit par un pair plus âgé (lycéens de
15-18 ans préalablement formés) avec ou sans sessions de
rappel la 2e année (10 sessions). La
consommation était mesurée avant l’intervention puis en
fin de 5e et en fin de 4e. À
l’issue de la 1re année du programme (Botvin
et coll., 1984
), les collégiens ayant reçu
les 20 séances animées par un pair plus âgé consommaient
moins de verres par occasion que les collégiens du
groupe contrôle. Un an plus tard (en fin de
4e ; Botvin,
1990b
), on retrouvait le même effet
pour la condition « LST pairs + boosters » et on
obtenait les résultats les moins bons pour la condition
« LST enseignants + boosters » en comparaison des
autres conditions (sans toutefois être significativement
différents de ceux de la condition contrôle) pour les
trois indicateurs de consommation d’alcool. Ces
résultats contre-intuitifs ont été attribués par les
auteurs à un défaut de mise en œuvre du programme par
les enseignants. Les auteurs remarquaient une faible
qualité globale de mise en œuvre (fidélité, dose) du
programme par les enseignants dans cette étude, sans
doute due au manque de soin apporté à leur recrutement
et à leur accompagnement. Lorsqu’ils considéraient les
élèves ayant reçu le LST mené par des enseignants ayant
fait preuve d’une fidélité de mise en œuvre suffisante,
l’intervention parvenait à réduire chez les participants
la prévalence de consommation dans la semaine passée et
la fréquence des épisodes d’ivresse.
,
1997
,
2001a
et
b
, Griffin et coll.,
2003
). Botvin et coll.
(1995b
; N = 757) ont par exemple
montré qu’une version en deux ans du programme réduisait
la quantité et la fréquence de consommation actuelle
ainsi que la fréquence actuelle des ivresses des
collégiens 3 ans après le début de l’intervention (en
classe de 3e).
et
b
, Griffin,
2003
; N = 5 222 collégiens de
5e dans 29 écoles de New York) a montré
que le programme (15 sessions + 10 « boosters »)
réduisait : a) la fréquence actuelle de consommation
d’alcool, b) la fréquence actuelle des épisodes
d’ivresse ainsi que c) la quantité d’alcool consommée
habituellement par occasion 2 ans après le début de
l’intervention, en fin de 4e (Botvin et
coll., 2001a
; échantillon d’analyse :
N = 3 621). Il réduisait également de 57 % la prévalence
des binge drinkers habituels (5 verres ou plus
par occasion) 3 ans après le début de l’intervention, en
fin de 3e (LST : 5,2 % vs. 2,2 % ;
OR = 0,40 ; Botvin et coll.,
2001b
; N = 3 041).
) ont examiné les effets du
programme sur un sous-échantillon de collégiens
présentant des facteurs de risque d’initiation à
l’alcool préalablement à la délivrance du programme
(faible résultats scolaires, pairs consommateurs ;
N = 758). Ils ont observé une diminution de la
consommation d’alcool à l’aide d’un score composite
(fréquence habituelle de consommation d’alcool et des
ivresses, quantité habituellement consommée par
occasion) 2 ans après le début de l’intervention, en fin
de 4e. Velasco et coll.
(2017
) ont également montré que le
programme réduisait la probabilité d’initier une
conduite d’ivresse hebdomadaire 2 ans après le début de
l’intervention auprès d’un échantillon de plus de 3 000
collégiens italiens.
; N = 1 090), mais seulement
lorsqu’on examine la consommation à l’échelle de
l’école. Une autre version a été développée pour les
lycéens (Botvin et coll.,
2015b
; N = 452). Constituée de 7
modules délivrés au cours de 10 sessions de 45 minutes,
elle a permis une réduction à 1 an de la consommation
quotidienne de SPA (tabac, alcool, ivresse, cannabis) et
de la proportion de consommateurs quotidiens de SPA,
sans que l’effet spécifique sur l’alcool ne soit mesuré.
Enfin, une étude ambitieuse (Spoth et coll.,
2014
) a suivi jusqu’à l’âge adulte
des collégiens ayant reçu le programme LST seul (15
sessions + 5 « boosters ») ou en plus un
programme de renforcement familial, le Strengthening
Families Program (SFP10-14 ans ; 7 sessions + 4
« boosters »). Les auteurs ont montré que le programme
LST délivré seul réduisait la fréquence moyenne des
ivresses à l’âge adulte (entre 19 et 22 ans) ainsi que
le nombre moyen de problèmes liés à l’alcool mais que
cet effet était indirect, c’est-à-dire médiatisé par le
report de l’initiation à l’alcool chez l’adolescent. Cet
effet indirect était plus marqué pour les collégiens
présentant des facteurs de risque de consommation. Les
résultats concernant l’effet cumulé des deux programmes
seront abordés dans la section concernant les programmes
à plusieurs composantes.Unplugged
,
2010
) et plusieurs revues
systématiques ont depuis recommandé Unplugged
pour une prévention de l’usage de SPA (Agabio et coll.,
2015
; Faggiano, Minozzi et coll.,
2014
; Foxcroft et Tsetsvadze,
2011
), notamment dans l’optique
d’une implantation en Europe.
; Caria et coll.,
2011b
) et des conséquences
négatives liées à l’alcool dans les 12 derniers mois
(par exemple, les bagarres, les conflits avec les
parents ; Caria et coll.,
2011b
). Ils n’ont pas pu montrer la
plus-value d’un volet parental, la participation des
parents aux séances dédiées ayant été très faible. Une
évaluation de l’adaptation française d’Unplugged
(étude quasi-expérimentale avec groupe contrôle sans
randomisation, N = 1 350 ; collégiens de 11 à 14 ans) a
montré une réduction à court terme (3 mois après la fin
de l’intervention) de l’initiation à l’ivresse (risque
diminué de 79 %) et de la prévalence des ivresses
récentes dans les 30 derniers jours (risque diminué de
73 % ; Lecrique, 2019
). Cette adaptation au
contexte culturel français prévoit une co-animation
entre l’enseignant et un intervenant de prévention
durant les 12 séances de la 1re année, avec
une autonomisation progressive de l’enseignant les
années suivantes, sauf sur les 3 séances concernant les
produits. Les études ont révélé une plus grande
efficacité dans les zones géographiques socialement
défavorisées (Caria et coll.,
2011b
) et les établissements les
moins performants en termes de réussite scolaire
(Lecrique, 2019
), ainsi que des effets plus
importants chez les collégiens présentant des facteurs
de risque : faible niveau scolaire (Lecrique,
2019
) et permissivité parentale à
l’égard de la consommation de SPA (Caria et coll.,
2011a
; Lecrique,
2019
). Enfin, une relation
dose-réponse a été mise à jour : plus on délivre de
séances, plus les effets du programme sur les
consommations sont importants (Lecrique,
2019
). Giannotta et coll.
(2014
) ont mis en évidence que les
effets du programme sur la consommation pouvaient être
expliqués par 3 mécanismes intermédiaires : une
diminution de l’attitude positive à l’égard des drogues
illicites, l’augmentation de la capacité à résister à la
pression des pairs et la réduction de l’estimation du
pourcentage de pairs consommateurs (norme descriptive
perçue)3
.Building Resiliency and Vocational Excellence (The BRAVE)
; N = 178 collégiens de
4e) ont révélé, lors d’un suivi à 12
mois, un effet bénéfique de l’intervention sur la
prévalence de consommation d’alcool des jeunes (7,6 %
vs. 37,2 % ; RR = 0,2)4
.Programmes de développement des compétences
des élèves adoptant
une approche de réduction des
conséquences négatives liés à la consommation
d’alcool
School Health and Alcohol Harm Reduction Project (SHAHRP)
,
2004
), le programme School
Health and Alcohol Harm Reduction Project
(SHAHRP) est mené en classe pendant 2 ans auprès de
collégiens de 13 à 15 ans. La première année (classe de
4e) est constituée de 17 activités
majoritairement interactives délivrées lors de 8 à 10
séances de 40 à 60 minutes (phase 1). La 2e
année du programme (classe de 3e) comprend 12
activités délivrées pendant 5 à 7 semaines (phase 2).
Les activités des deux phases, menées par un enseignant
préalablement formé, visent principalement le
renforcement des compétences psychosociales,
l’identification des conséquences négatives liées à
l’alcool et l’élaboration de stratégies de protection.
L’intervention doit permettre à l’élève d’apprendre à
reconnaître les situations à haut risque, de prendre
conscience des influences externes qui pèsent sur son
comportement et d’expérimenter les compétences de
contrôle de soi (capacité de contrôler ses réponses,
d’interrompre les tendances comportementales
indésirables et de s’abstenir d’agir selon ces
tendances) et de résistance à la pression des pairs
(i.e., afin d’améliorer son sentiment d’efficacité
personnelle à éviter les comportements à risque, sans
que cela n’ait des conséquences sociales négatives dans
la relation avec ses pairs). Durant la phase 2, une
vidéo présente des scénarios que les jeunes peuvent
rencontrer dans des situations de consommation d’alcool
afin d’engager une discussion sur la façon de minimiser
les dommages associés.
; N = 2 343) ont montré qu’à
la fin du programme les collégiens ayant reçu
l’intervention présentaient, comparativement au groupe
contrôle, une consommation réduite d’alcool dans les 12
derniers mois (en nombre de verres standards calculée à
partir de la quantité par occasion et la fréquence de
consommation). L’intervention réduisait également la
prévalence de consommation récente à risque (plus de
deux verres standards (filles)/plus de quatre verres
(garçons) par occasion, une fois par mois ou plus
souvent) en fin de phase 1 (réduction du risque de
26 %), en fin de phase 2 (réduction de 34 %), et 17 mois
après la fin du programme (réduction de 5 % toujours
significative). Lors de ce dernier suivi (32 mois après
le début de programme), le groupe d’intervention
comportait plus de non-consommateurs d’alcool que le
groupe contrôle, et les collégiens ayant reçu
l’intervention rapportaient en moyenne 23 % moins de
conséquences négatives liées à leur consommation
d’alcool que ceux du groupe contrôle.
) ont évalué l’efficacité
d’une adaptation de SHAHRP en Irlande du Nord
(N = 2 349 ; 13-15 ans ; âge moyen = 13,76 ans) selon le
contexte de leur consommation avant l’étude : pas de
consommation, consommation toujours supervisée par un
adulte, au moins un épisode de consommation non
supervisé. Il s’agissait d’une seconde analyse des
données de l’étude quasi-expérimentale de McKay et coll.
(2012
). Les effets du programme à
long terme (32 mois après le début de l’intervention)
sur la consommation d’alcool et ses conséquences
négatives ont été principalement observés dans le groupe
qui déclarait une consommation dans des contextes non
supervisés avant le début de l’intervention (réduction
du nombre de verres standards lors de la dernière
occasion, de la fréquence mensuelle de consommation, de
la fréquence des conséquences négatives liées à sa
consommation et à celle d’un tiers) avec des effets
moins nombreux et moins cohérents observés chez les 2
autres catégories (non consommateurs et consommateurs
supervisés). Ces résultats étaient consistants avec une
analyse secondaire des données de l’étude australienne
(McBride et coll., 2003
). Le programme Steps
Towards Alcohol Misuse Prevention Programme
(STAMPP ; Sumnall et coll.,
2017
), combinant une version
adaptée de SHAHRP et une intervention brève d’éducation
parentale, sera abordé dans la section relative aux
programmes à composantes multiples.Drug Education in Victorian Schools (DEVS)
) et GET WISE : Working on
Illicits in School Drug Education (Cahill et
coll., 2000
cité par Midford et coll.
2012
), adopte la même approche
générale de réduction des dommages liés à l’alcool
auprès des collégiens de 13 à 15 ans, mais intègre
également des activités ciblées sur l’ensemble des SPA
(alcool, tabac, cannabis et autres drogues). Constitué
de 18 séances sur 2 ans (10 en classe de 4e
et 8 en classe de 3e) dispensées par un
enseignant formé, il peut être accompagné d’exercices à
faire chez soi avec ses parents. Midford et coll.
(2014a
et
b
; N = 1 752) ont évalué
l’effet du programme DEVS à la fin de l’intervention (21
mois après la baseline). Ils ont montré que la
consommation (nombre de verres standards dans les 12
derniers mois) du groupe contrôle augmentait
significativement plus que celle du groupe ayant reçu
les séances du DEVS. On retrouvait le même résultat pour
le sous-échantillon des collégiens ayant une
consommation habituelle à risque (5 verres ou plus en
une occasion) avant l’intervention. De même, le nombre
de conséquences négatives vécues lors des 12 derniers
mois (par exemple, se sentir malade/avoir la gueule de
bois après avoir bu ; avoir des trous de mémoire ;
violences verbales, physiques ou contre des biens ;
rapports sexuels regrettés ; problèmes avec la police,
les parents, les amis ou l’école) augmentait plus dans
le groupe contrôle que dans le groupe d’intervention,
que l’on considère les collégiens ayant une consommation
à risque avant l’intervention ou bien l’ensemble des
participants.CLIMATE Schools
; Vogl et coll.,
2009
,
2012
) a pour objectif la
réduction des consommations à risque et la minimisation
des dommages liés à la consommation d’alcool chez les
collégiens (13-14 ans) grâce à la mise en place par
l’enseignant de 6 séances de 40 minutes sur une année
scolaire (classe de 4e). Chaque séance est
divisée en 2 séquences. La première (15-20 min) consiste
pour chaque élève à explorer un scénario interactif sur
ordinateur (CD-ROM ou sur internet) présentant sous
forme de bande dessinée des situations associées à
l’alcool que peuvent rencontrer les adolescents dans
leur vie quotidienne. La 2e séquence, animée
par l’enseignant, est constituée d’activités
interactives (comprenant des jeux de rôle, des
discussions en petits groupes) permettant la pratique de
diverses compétences psychosociales, comme la prise de
décision, la résolution de problèmes et la capacité à
résister aux influences sociales. À noter que
l’enseignant est guidé par un manuel mais ne reçoit
aucune formation particulière.
; N = 1 466) ont montré que
le programme CLIMATE Schools : Alcohol Module
était efficace, mais uniquement chez les filles, pour
réduire un an après la fin de l’intervention la
consommation hebdomadaire moyenne dans les 3 derniers
mois (en nombre de verres standards), la fréquence du
binge drinking dans les 3 derniers mois et le
nombre de conséquences négatives associées à l’alcool
dans les 12 derniers mois.
,
2010
; N = 764). Une autre
évaluation de la version CLIMATE Schools : Alcohol
and Cannabis a révélé qu’elle permettait de
réduire significativement la probabilité d’avoir
consommé de l’alcool (même une gorgée) dans les 6
derniers mois, immédiatement après la fin de
l’intervention (OR = 0,69 ; N = 1 103 ; Champion et
coll., 2016
).
) ont observé, 24 mois après
le début de l’intervention, un impact bénéfique de
CLIMATE Schools : Alcohol and Cannabis sur la
fréquence de consommation d’alcool et du binge
drinking au cours des 6 derniers mois. Notons
que l’adjonction au programme d’une intervention brève
destinée aux jeunes ayant une consommation à risque et
ciblant leur personnalité (Preventure ; Newton et
coll. 2016
; 2 sessions de 90 min en
groupe) ne permettait pas d’obtenir un gain substantiel
en termes de prévention.Programmes de prévention des comportements
problématiques des élèves
en
classe
pour une revue systématique).
Ils peuvent se décliner dans différentes versions adaptées à
l’âge des élèves, de la maternelle au lycée (programme
Second Step : Committee for Children,
1997a
et
b
; programme Olweus Bullying Prevention [OBP] :
Olweus, 2005
) ou cibler l’école élémentaire
(Good Behavior Game [GBG] : Barrish et coll.,
1969
), adresser un comportement
particulier, comme le harcèlement (OBP) et comporter, en
plus des séances en classe, des composantes à l’échelle de
l’école et de la communauté (OBP).Good Behavior Game (GBG)
). Les séances GBG sont
pluri-hebdomadaires (3 séances de 10 minutes à la
rentrée) et leur rythme et leur durée s’accroissent au
fil de l’année. Elles sont réalisées lors d’exercices du
programme scolaire et n’empiètent donc pas sur les temps
d’apprentissage. Elles sont présentées aux enfants comme
un jeu par équipes (dont la composition change
régulièrement), au cours duquel ils doivent respecter 4
règles de comportements clairement définies et
contextualisées à l’occasion du jeu (« Nous devons
travailler dans le calme », « Nous devons respecter les
autres », « Nous ne devons pas nous lever sans
permission », « Nous devons suivre les consignes ») ;
l’enseignant demeurant dans une posture d’observateur et
se limitant à un rôle d’arbitre. Les équipes sont
déclarées gagnantes (toutes les équipes peuvent gagner)
lorsqu’elles ont contrevenu moins de 5 fois aux règles.
Elles reçoivent alors en début d’année un renforcement
positif, matériel, individuel et immédiat qui devient au
fil du temps intangible, différé et accordé à toute la
classe. En fin de séance, les élèves peuvent partager
les stratégies qui leur ont permis de remporter le
jeu.
; pensées suicidaires et
tentatives de suicide, Wilcox et coll.,
2008
), seulement pour les garçons
(consommation à risque de drogues, tabagisme régulier,
troubles de la personnalité antisociale, Kellam et coll.
2008
) ou seulement pour les
garçons très agressifs et perturbateurs en début d’école
élémentaire (par exemple, les comparutions au tribunal
pour mineurs et/ou une incarcération pour comportement
violent et/ou délinquant, Petras et coll.,
2008
) et de manière persistante
jusqu’en classe de 5e (comportements sexuels
à risques, Kellam et coll.,
2014
).
) ont montré que GBG réduisait
la prévalence des consommations à risque au cours de la
vie 14 ans après la délivrance du programme (abus ou
dépendance selon les critères du DSM-IV, mesurés par
l’UM-CIDI ; groupe GBG : 29 % versus groupes
contrôles : 13 %). Van Lier et coll.
(2009
; N = 666), quant à eux, ont
montré que la délivrance du programme en CE1 et CE2
pouvait réduire le taux d’augmentation de la
consommation hebdomadaire entre l’âge de 10 et
13 ans.
).
) par une association locale
en PACA – le Groupe de Recherche sur la Vulnérabilité
Sociale (GRVS) – en collaboration avec l’American
Institutes for Research (AIR). Un déploiement
multirégional est expérimenté par l’Association
Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie
(ANPAA) en collaboration avec le GRVS depuis 2018. Une
étude d’efficacité par Santé publique France de cette
adaptation est en cours.Olweus Bullying Prevention (OBP)
; Olweus et coll.,
2007
). Les composantes du
programme appliquent ces principes à plusieurs niveaux
(individu, classe, école et parfois communauté).
; N = 4 396 collégiens de la
5e à la 3e) ont montré que les
élèves n’ayant pas reçu l’OBP, comparativement à ceux
l’ayant reçu, étaient plus nombreux à rapporter au moins
6 ivresses ou plus dans l’année passée (OR = 1,50) ou 11
ivresses ou plus (OR = 1,71) dans l’année précédente
lorsqu’ils étaient en 2nde.Interventions brèves destinées aux lycéens et aux étudiants
; Carey et coll.,
2007
; Cronce et coll.,
2011
; Seigers et coll.,
2010
; Fachini et coll.,
2012
) et la consommation à risque
d’alcool (Carey et coll.,
2012
; Henson et coll.,
2015
; Lee et coll.,
2013
; Samson et coll.
2015
; Scott-Sheldon et coll.,
2012
; Huh et coll.,
2015
) des étudiants bénéficiaires. La
méta-analyse de Hennessy et coll. (2015) révèle que les
interventions brèves en milieu scolaire parviennent à
réduire la fréquence de consommation des adolescents
(réduction de 1,4 jour de consommation dans le mois passé ;
Interventions : 3,7 jours vs. Contrôle : 5,1 jours),
avec une efficacité plus constante pour le format
individuel.Feedback normatif personnalisé
; Lewis et Neighbors
2004
; Perkins et coll.
1999
). Le FNP peut être associé
ou non à un ou plusieurs entretiens motivationnels (par
exemple, Terlecki et coll.,
2015
) et être suivi : a) de
conseils concernant les stratégies de protection
comportementale dans des situations particulièrement à
risque, b) d’une proposition d’engagement dans un
objectif de changement comportemental et de sa
planification ou c) d’une liste de ressources pour
obtenir de l’aide.
; Cronce et Larimer,
2011
; Foxcroft et coll.,
2015
; Lewis et Neighbors,
2006
; Walters et Neighbors,
2005
). Les résultats de la
méta-analyse de Foxcroft et coll.
(2015
; N = 44 958 ; 63 études dans
la méta-analyse ; suivis de 4 mois ou plus) nous
révèlent que les interventions destinées aux étudiants
et basées sur les normes sociales, utilisant
majoritairement le FNP, ont un faible effet protecteur
sur la prévalence du binge drinking (réduction
d’environ 3 % ; N = 11 292 ; 11 études), la quantité
d’alcool consommée (réduction d’un verre par semaine ;
N = 21 169 ; 32 études) et la teneur maximale d’alcool
dans le sang (calculée à l’aide d’une formule basée sur
la consommation, le sexe et le poids du participant ;
N = 7 198 ; 11 études), sans que ces effets ne dépendent
de la modalité de délivrance (en face-à-face individuel
ou en groupe, par internet/ordinateur ou par
e-mail). Ce résultat est cohérent avec
d’autres revues ne montrant pas de différence
d’efficacité entre le format conventionnel en
face-à-face et les versions digitale du FNP (par
exemple, Afshin et coll.,
2015
; Kaner et coll.,
2017
; Oosterveen et coll.,
2017
). En revanche, concernant la
fréquence de consommation, Foxcroft et coll.
(2015
) montrent que seules les
modalités « face-à-face individuel » et « internet »
obtiennent un effet.
; LaBrie et coll.
2013
; Lewis et Neighbors,
2007
; Lewis et coll., 2014 ;
Martens et coll., 2013
; Neighbors et coll.
2004
,
2010a
et
b
).
) ont montré que le FNP
délivré seul et de manière digitale
(ordinateur/web/appli/sms/mail) réduisait de 3 verres
standards la quantité consommée par semaine chez des
étudiants consommateurs. Il semble que la version
digitale du FNP soit une des interventions les plus
économiques et qu’elle dispose d’un grand potentiel de
couverture pour la population étudiante (Boyle et coll.,
2017
).
; N = 402 jeunes adultes)
ont montré qu’un FNP sur internet permettait de réduire
les comportements sexuels à risque liés à la
consommation d’alcool un mois après l’intervention,
traduisant l’intérêt d’intégrer le rôle de la
consommation d’alcool dans la prévention des
comportements sexuels à risque.
; N = 164), le FNP en
face-à-face est une intervention adaptée à la population
de jeunes non étudiants rentrant dans l’âge adulte, et
il réduit la consommation d’alcool à court terme quel
que soit le genre du participant.
; Prosser et coll.,
2018
). Face à ce constat, les
raisons invoquées sont diverses : les normes de
consommation seraient jugées peu crédibles par les
participants (Berkowitz et coll.,
2005
; Perkins et coll., 2003 ;
Perkins et Berkowitz,
1986
), les participants
douteraient de la fiabilité des statistiques présentées
(Hummer et Davison,
2016
; Labrie et coll.,
2010
), le feedback
génèrerait des réactions défensives chez les gros
consommateurs (Granfield, 2005
; Steers et coll.,
2016
), les participants seraient
peu attentifs au feedback (Lewis et Neighbors,
2015
).
; Lewis et Neighbors,
2007
). L’étude expérimentale de
Hummer et coll. (2016
; N = 104) a montré que
l’efficacité d’un FNP (réduction de la consommation
hebdomadaire post-intervention) auprès d’étudiants
consommateurs d’alcool dépendait de la crédibilité de la
source de données ayant servi au feedback
normatif et de la proximité du groupe de référence (même
sexe/même année universitaire), un groupe de référence
plus distant pouvant être utilisé si une source très
crédible est proposée.
) ont montré que
CampusGANDR v2 permettait de réduire la
consommation d’alcool à 2 mois. Les résultats ont révélé
que la taille de l’effet était deux fois plus grande que
celle des interventions habituelles délivrant un FNP en
ligne.
; N = 2 059 étudiants de 18
à 26 ans), il semble que la version digitale du FNP
produise un biais de sélection, la participation des
étudiants ayant une consommation à risque étant plus
probable pour le format web, et que la probabilité de
participation à un FNP en face-à-face ne soit pas liée
au niveau de consommation initial des jeunes.
; Miller et coll.,
2016
; Neighbors et coll.,
2016
). Lewis et coll.
(2017
) ont testé d’autres
médiateurs potentiels de l’effet du FNP sur la
consommation issus du modèle du prototype
(Prototype/Willingness Model, PWM ; Gibbons
et coll., 2003
; Gerrard et coll.,
2008
) : l’attitude à l’égard du
prototype du non consommateur d’alcool (« Abstainer
prototype »), c’est-à-dire l’image du type de
personnes qui ne consomment pas d’alcool, et la
disponibilité/disposition favorable
(« Willingness ») à consommer de l’alcool
quand la situation est propice (par exemple, lors d’une
fête quand des amis boivent déjà de l’alcool). Le PWM
postule que le comportement à risque de l’adolescent ou
du jeune adulte est prédit par des cognitions
(willingness et prototype) qui relèvent plus
de la réaction sociale que celles de la planification
raisonnée de l’action (par exemple, l’intention). La
partie « Willingness » du modèle reflète une
disponibilité, une disposition à répondre à une
opportunité qui se présente dans une situation favorable
au comportement à risque (cf. chapitre « Mécanismes des
actions de prévention »). Elle est prédite par le
prototype (ici du non consommateur) et prédit le
comportement de consommation. Les participants (N = 662)
étaient des étudiants ayant rapporté ou moins un épisode
de consommation excessive dans le mois passé. L’étude a
montré que le FNP réduisait lors du suivi à trois mois
la quantité hebdomadaire de verres consommés (semaine
typique) et la fréquence de consommation (nombre de
jours dans le mois passé). L’analyse de médiation
séquentielle confirmait les hypothèses des auteurs et le
modèle PWM. Les effets de l’intervention étaient
médiatisés dans un 1er temps par l’attitude à
l’égard du prototype (augmentation de l’attitude
favorable à l’égard du prototype du non consommateur) et
par la diminution de la disposition favorable
(« willingness ») à consommer de
l’alcool.
) nous indique qu’elles
peuvent différer dans leur format tout comme dans leurs
effets. Deux très courtes interventions digitales –
Tertiary Health Research Intervention Via
Email (THRIVE), electronic Checkup To Go
(e-CHUG) – durant respectivement 5 et 20 minutes,
semblent obtenir des effets protecteurs à court terme
sur la quantité d’alcool consommée, THRIVE ayant les
meilleurs résultats auprès des étudiants n’étant pas
obligés d’effectuer l’intervention suite à une
infraction au règlement de l’université. Ces
interventions, très économiques, semblent donc plus
adaptées à une approche universelle. En revanche,
l’intervention Brief Alcohol Screening and
Intervention for College Students (BASICS)
obtient des effets bénéfiques sur l’ensemble des
indicateurs considérés et à plus long terme mais est
plus intensive.Brief Alcohol Screening and Intervention for College Students (BASICS)
), chez les étudiants ayant
une consommation à risque et qui s’étaient portés
volontaires (réduction à 2 ans de la fréquence de
consommation dans le mois passé, à 4 ans des
conséquences négatives liées à la consommation ; Marlatt
et coll., 1998
; Baer et coll.,
2001
) ou qui étaient « mandatés »
pour participer au programme par des instances
disciplinaires de l’université (réduction lors du suivi
à un an du nombre moyen de verres, du nombre maximal de
verres en une occasion et du nombre de conséquences
négatives dans le mois passé ; Terlecki et coll.,
2015
). Du fait de ces résultats
et de son intensité, BASICS semble plus adapté à une
approche ciblée (sélective ou indiquée) mais a pu
montrer son intérêt auprès des étudiants tout-venant
(approche universelle intégrant les étudiants non
consommateurs ou ayant une consommation à faible
risque), notamment lors de leur entrée à l’université
(par exemple, la réduction de l’initiation aux
consommations ponctuelles excessives à 22 mois ; Wood et
coll., 2010
)5
.Autres interventions en classe
Keep a Clear Head
; N = 4 163) ont montré un
effet du programme chez les lycéens de 2nde,
mais seulement chez ceux qui avaient déjà consommé de
l’alcool avant l’intervention (73 % de l’échantillon
initial). Six mois après le début de l’intervention, le
programme réduisait chez eux la prévalence du BD (au
moins une fois dans le mois passé) comparativement au
groupe contrôle (respectivement 44,2 % vs.
49,4 % ; RRR = 10,4 %) et diminuait également le nombre
typique de verres par occasion.Project Toward No Drug Abuse (TND)
; 2e étude). Il
est délivré en classe par l’enseignant lors de 9
(1re version ; TND-1) ou 12 séances
(TND-2) de 45 minutes. Sa stratégie d’intervention
repose, au travers de techniques pédagogiques
interactives, sur le développement de la motivation,
l’amélioration des connaissances sur les conséquences de
la consommation de SPA, la correction des mauvaises
perceptions et le développement des CPS.
; N = 2 468) rapportent les
résultats de 3 études testant les 2 versions de TND
auprès de lycées généraux (TND-1 ; 2e étude)
ou d’élèves « à risque » fréquentant des établissements
scolaires spécialisés (TND-1 et 2). Les auteurs ont
montré que, quelle que soit la version, le programme TND
réduisait 1 an après le début de l’intervention la
prévalence de consommation récente d’alcool (dans le
mois passé) auprès des élèves déjà consommateurs avant
l’intervention (réduction relative de la prévalence de 7
à 12 %). L’ajout d’activités extra-scolaires parrainées
par l’école (composante communautaire) n’augmentait pas
significativement les effets du programme. Une autre
étude (Sussman et coll. ;
2012
; N = 1 186) a révélé que la
version en 12 séances (TND-2) entraînait également une
diminution à 1 an de la prévalence de consommation
récente (30 derniers jours) d’alcool (TND : 43,8 %
vs. Contrôle : 53,3 % ; OR = 0,68), des
ivresses récentes (TND : 27,5 % vs. Contrôle :
36,1 % ; OR = 0,67) et du nombre d’occasions de
consommation dans le mois passé chez des lycéens « à
risque ». L’étude montrait aussi que l’adjonction aux
séances en classe d’entretiens motivationnels
individuels (3 x 20 minutes) n’apportait pas de
bénéfices supplémentaires au programme.MobileCoach Alcohol
; N = 1 041) ont montré que
MobileCoach Alcohol permettait, 6 mois après
la fin de l’intervention, de réduire la prévalence de
binge drinking (4 verres standards ou plus
pour les filles, 5 ou plus pour les garçons) dans les 30
derniers jours (OR = 0,62).Alcohol Alert, exemple de « serious game »
; N = 2 649) ont montré que
le programme Alcohol Alert permettait de réduire
à court terme (4 mois après la fin de l’intervention) la
prévalence de binge drinking (4 verres ou plus
pour les filles en une occasion/5 verres ou plus pour
les garçons) dans les 30 derniers jours (OR = 0,40). Les
effets étaient plus grands pour les lycéens les plus
jeunes (ceux âgés de 15 ans au plus).
), augmenter la perception
des dommages associés et les compétences de résistance à
la pression (Thinking Not Drinking : A SODAS City
Adventure, âge moyen : 11 ans ; Schinke et
coll., 2005
), voire réduire la fréquence
de consommation d’alcool (Head On, âge : 12 ans ;
Marsch et coll., 2007
, cité par Rodriguez et
coll., 2014
). À noter qu’un examen de
cette dernière référence montre un effet immédiatement
après l’intervention et aucun effet lors des suivis.Interventions scolaires délivrées hors de la classe
Start Taking Alcohol Risks Seriously (STARS)
) qui postule un continuum
d’étapes dans l’acquisition et le changement d’habitudes
liées à la consommation d’alcool. Lors des
consultations, l’infirmière suit un protocole incluant
notamment : une définition du stade de motivation, des
messages de prévention théoriquement fondés (par
exemple, Théorie sociale cognitive ; Bandura,
1986
) relatifs à deux facteurs de
risque/protection par séance, des exercices conçus pour
améliorer la compréhension du contenu des messages et
développer les compétences de résistance, des
recommandations et un contrat d’engagement pour éviter à
l’avenir de consommer de l’alcool. Ces éléments de
contenu sont adaptés au stade spécifique du jeune (et
aux facteurs de risque/protection identifiés).
; N = 138 collégiens de la
6e à la 4e majoritairement
afro-américains dans un quartier défavorisé) ont montré
que STARS permettait de réduire, 3 mois après
l’intervention, la fréquence des comportements de
binge drinking dans les 30 derniers
jours.Project SPORT
). Elle est constituée d’une
consultation de moins de 15 minutes menée par une
infirmière ou un spécialiste certifié en éducation de la
santé durant laquelle sont fournis de l’information et
des messages de prévention sur mesure. Ces messages
mettent en avant un mode de vie actif et pointent la
dissonance existant entre ce mode de vie désiré et la
consommation d’alcool.
; N = 604 élèves en classe
de 3e et de 1re) a montré que
l’intervention permettait de réduire significativement,
lors d’un suivi à 12 mois, les problèmes liés à la
consommation d’alcool.CHOICE
; N = 9 528) ont montré que
CHOICE, 6 mois après le début de l’intervention,
réduisait la prévalence de consommation d’alcool-vie
entière (22,2 % vs. 29,0 % ; OR = 0,70 ;
NNT6
= 14,8)
auprès de collégiens de la 6e à la
4e (11-13 ans).Athletes Training and Learning to Avoid Steroids (ATLAS)
; N = 3 207 élèves
appartenant à une équipe lycéenne de football ; 3
cohortes) a montré que, un an après la fin de
l’intervention, la prévalence des nouveaux cas d’alcool
au volant étaient plus faible dans le groupe des lycéens
ayant participé au programme ATLAS, comparativement au
groupe contrôle. La consommation d’alcool et d’autres
substances psychoactives a également été réduite
(cannabis, amphétamines, narcotiques), mais les auteurs
ne rapportent pas les résultats concernant l’effet du
programme sur la consommation d’alcool seule.InShape Prevention Plus Wellness
) qui postule que des images
saillantes des autres et de nous-mêmes peuvent être
utilisées pour diffuser des messages (avec un cadrage
sur les gains et les pertes en termes d’image de soi)
qui permettront dans une même intervention de motiver
des comportements favorables à la santé (par exemple,
l’activité physique, les comportements alimentaires
sains, le sommeil, la gestion du stress) et d’éviter des
comportements à risque (par exemple la consommation de
SPA). Ce contenu, qui souligne les avantages positifs à
adopter certains comportements pour l’image de soi (et
inversement les pertes en termes d’image de soi à
adopter des comportements à risque), active des
prototypes et des images de soi futures, à travers les
processus de comparaison sociale et d’auto-comparaison,
conduisant à des changements comportementaux. Les
principales composantes de l’intervention comprennent :
a) une évaluation auto-administrée sur les comportements
ciblés par le programme en lien avec l’image de soi et
des autres, b) une brève discussion sur la forme
physique et la santé, c) la délivrance de messages
personnalisés reposant sur le BIM et enfin d) une
planification d’objectifs pour améliorer les
comportements et l’image de soi future du participant.
Lors de cette dernière phase, les participants sont
invités à sélectionner au moins un objectif dans chacun
des quatre groupes de comportements à améliorer au cours
de la semaine suivante, notamment : 1) augmenter
l’activité et l’exercice physique, 2) diminuer la
consommation d’alcool, 3) diminuer la consommation de
cigarettes et 4) adopter d’autres comportements
favorables à la santé (par exemple, la nutrition, la
gestion du stress, le sommeil).
; N = 303 étudiants) ont
observé un impact bénéfique de l’intervention sur la
consommation récente (sur le mois passé) d’alcool lors
d’un suivi à 12 semaines : une réduction de la fréquence
de consommation d’alcool et de la fréquence du binge
drinking. InShape diminuait également la
fréquence de la conduite d’un véhicule après avoir bu de
l’alcool.Interventions auprès des parents ou des familles
) au passage à l’âge adulte (par exemple, Turrisi et coll.,
2013
), certains domaines de compétences nécessitant d’être
davantage mobilisés selon les stades de développement du jeune
concerné.Nurse-Family Partnership (NFP), une intervention parentale précoce
; 400 femmes enceintes ;
échantillon final : N = 315 adolescents) ont montré que,
lorsqu’il était mis en œuvre avec en moyenne 32 visites (9
pendant la grossesse et 23 après), la NFP réduisait le
niveau de consommation (le nombre de jours de consommation
dans les 6 derniers mois) des jeunes une fois adolescents,
c’est-à-dire 13 ans après la fin de l’intervention, mais
uniquement dans le sous-échantillon de mères défavorisées
socialement et non mariées lors de l’inclusion dans l’étude.
Une autre étude (Kitzman et coll.,
2010
; échantillon final : N = 613
jeunes) auprès de 743 mères afro-américaines attendant leur
1er enfant et présentant 2 facteurs de
vulnérabilité parmi 3 (non mariée, moins de 12 années dans
le système scolaire, sans emploi) a montré que le programme
NFP (en moyenne 7 visites pendant la grossesse et 26 après)
réduisait la consommation récente (dans les 30 derniers
jours) de SPA des jeunes 10 ans après la fin de
l’intervention (nombre de SPA consommées parmi le tabac,
l’alcool et le cannabis, IR = 0,22 ; nombre de jours de
consommation de SPA, IR = 0,15), sans que le détail
concernant l’alcool ne soit mentionné.Interventions d’éducation parentale
Örebro Prevention Programme (ÖPP)
; N = 900) ont montré, à
l’occasion d’une étude quasi-expérimentale, que ÖPP
influençait efficacement l’attitude des parents à
l’égard de la consommation des jeunes mais n’augmentait
pas la participation des jeunes à des activités
organisées. À la fin de l’intervention (au bout de 2 ans
et demi), les jeunes du programme ÖPP rapportaient moins
d’ivresse (nombre dans les 4 semaines passées),
comparativement à ceux de la condition contrôle
(d de Cohen = 0,35), y compris chez ceux qui
buvaient déjà de manière excessive au début du programme
(d = 0,52).
; N = 811 jeunes et 651
parents) ont montré que l’ÖPP réduisait le nombre
d’épisodes récents d’ivresse et reportait dans le temps
la 1re ivresse mensuelle lors du suivi à 30
mois. Ces effets étaient médiatisés par le changement
d’attitude des parents à l’égard de la consommation
d’alcool des jeunes.FITSTART
; N = 385) ont révélé que
les élèves dont les parents ont reçu l’intervention
FITSTART pendant l’été consommaient moins
d’alcool (nombre de verres hebdomadaires) et étaient
moins susceptibles de se livrer à une consommation
ponctuelle excessive d’alcool au cours du premier mois
universitaire, effets médiatisés par la perception d’une
plus faible approbation parentale. Les élèves qui
n’étaient pas des buveurs au lycée étaient moins
susceptibles de commencer à boire (OR = 0,45) et de
commencer à subir des conséquences négatives liés à la
consommation d’alcool (OR = 0,31) au cours du premier
mois universitaire.Parent Handbook (PH)
; N = 724) ont montré que le
PH réduisait la quantité d’alcool consommée des
étudiants de 1re année (nombre de verres
d’une semaine typique) lors d’un suivi à 8 mois. De
plus, il diminuait le risque de passer du statut de
non-consommateur à celui de consommateur. Enfin, il
réduisait l’augmentation du nombre de verres consommés
par semaine durant la 1re année
universitaire. Une analyse de modération montrait
cependant que ce dernier effet n’était observé que chez
les étudiantes. L’étude de Turrisi et coll.
(2013
; N = 1 900) a montré que le
timing d’envoi du manuel était essentiel dans
la mise en place du programme PH. Si les parents le
recevaient au cours de l’été précédant la 1re
année universitaire, la probabilité que le
sous-échantillon des étudiants ayant une consommation à
risque avant la rentrée réduise sa consommation durant
les deux premières années universitaires augmentait.
Lorsque les parents recevaient le manuel après la
rentrée, ces mêmes étudiants ne changeaient pas leur
consommation et l’intervention n’empêchait pas non plus
les non-consommateurs de commencer à consommer durant la
1re année. Nous verrons dans une
prochaine section que le programme PH peut potentialiser
les effets de l’intervention motivationnelle brève
BASICS lorsqu’il lui est associé dans une approche
universelle (Turrisi et coll.,
2009
; Wood et coll.,
2010
).Programmes de renforcement des compétences familiales
Strengthening Families Programme (SFP)
,
2004
,
2009
,
2012
) ont suivi, au sein de
communautés rurales des États-Unis, des jeunes en classe
de 6e (11-12 ans) ayant participé à SFP10-14
avec leurs parents (N = 667 familles). Lorsqu’ils
atteignaient la classe de 2nde (15-16 ans),
le programme permettait de réduire, comparativement au
groupe contrôle, la prévalence de l’expérimentation de
l’alcool (respectivement, 50 % vs. 68 % ;
RRR = 26 %), de l’expérimentation de l’alcool sans
permission parentale (40 % vs. 59 % ; RRR = 32 %)
et enfin de l’expérimentation de l’ivresse (26 %
vs. 44 % ; RRR = 40 %) (Spoth et coll.,
2001
). À l’âge de 18 ans, Spoth
et coll. (2004
) constataient un effet de
SFP10-14 sur le moment de l’expérimentation de l’alcool,
notamment sans permission parentale, et sur celui de
l’expérimentation de l’ivresse, le programme reportant
d’environ 1 an ces initiations relativement au groupe
contrôle. Enfin, 9 ans après la fin de l’intervention,
c’est-à-dire à 21 ans, SFP10-14 avait toujours un effet
sur la fréquence actuelle des ivresses et sur les
conséquences négatives liées à l’alcool dans l’année
passée. Ces effets étaient indirects et expliqués par le
report de l’initiation à l’alcool généré par
l’intervention. La réduction relative du risque (RRR) a
été calculée pour l’ivresse et les conséquences
négatives considérées comme des variables dichotomiques
(c’est-à-dire plus d’une ivresse dans le mois passé =
OUI/NON, plus d’une conséquence dans l’année passée =
OUI/NON) afin d’estimer le pourcentage de cas qui
auraient pu être évités grâce à SFP ; ces réductions
sont significatives (celle des ivresses : 19 %, celle
sur les conséquences négatives : 23 %) et plus élevées
que pour une autre intervention à destination des
familles, Preparing for the Drug Free Years
(PDFY), également évaluée dans l’étude (Spoth et coll.,
2009
)7
.Preparing for the Drug Free Years (PDFY)
; N = 883 élèves de
5e) a constaté que les élèves ayant reçu
l’intervention déclaraient au lysée avoir moins
expérimenté de SPA et avoir vécu moins de conséquences
négatives liées à la consommation d’alcool que les
élèves n’ayant pas reçu d’intervention. À l’âge de
22 ans, on observait une plus faible prévalence de
consommation à risque chez les femmes (PDFY : 6 %
vs. contrôle : 16 %), mais pas d’effet chez
les hommes (Mason et coll.,
2009
).Interventions dans le milieu du travail
), absence de groupe contrôle (par
exemple, Gomez-Recasens et coll.,
2018
), schéma d’étude ne permettant pas d’attribuer les effets
observés à l’intervention (par exemple, Kingsland et coll.,
2013
; Rowland et coll. 2012a
, b
, c
et
d
),
absence de mesure de consommation d’alcool ou de problèmes liés
à la consommation (indicateurs comportementaux, même
auto-rapportés) mais seulement des mesures relatives à la
cognition (c’est-à-dire les attitudes, la motivation, les
connaissances, l’intention) (Roche et coll.,
2019
). Il arrive également que les effets ne soient pas obtenus
sur la consommation lorsqu’elle est recueillie (par exemple,
Haberecht et coll., 2017
; Hermansson et coll., 2010 ; Tinghög
et coll., 2016
). Les revues systématiques
soulignent toutes la faiblesse méthodologique des études (par
exemple, Webb et coll., 2009
). Webb et coll.
(2009
; N = 10 études) rapportent seulement 4 essais contrôlés
randomisés sur les 10 études incluses dans la revue.
; N = 1 291, 7 études) ont montré que les interventions
délivrées dans le milieu du travail permettaient de réduire la
quantité d’alcool consommé par semaine, mais uniquement chez les
individus qui boivent plus de 15 verres standards par semaine
avant l’intervention. Ces résultats sont à relativiser étant
donné le faible nombre d’études et de participants inclus dans
la revue.Interventions psychosociales
Team awareness (TA)
), à des ressources ou à des
facteurs de résilience individuelle ou sociale (par
exemple, la capacité à faire face positivement aux
problèmes, le soutien social, la cohésion de groupe,
l’empathie) permettant de réduire la consommation
d’alcool. Le programme TA comprend également un module
sur la gestion du stress.
; N = 587 employés municipaux
ayant un poste où la question de la sécurité est
importante) ont observé une réduction des problèmes liés
à la consommation d’alcool (score composite concernant
les conséquences négatives liées à la consommation et
les signes de consommation à risque) chez les employés
ayant participé au programme TA, comparativement au
groupe contrôle. Un climat de travail favorable à la
consommation d’alcool juste après l’intervention
prédisait le niveau de conséquences négatives à 6
mois.Team Awareness for Small Business (TASB)
; N = 1 510 employés dans 45
entreprises) ont constaté, 6 mois après l’intervention,
une réduction de la fréquence de consommations récentes
(dans les 30 derniers jours) chez les travailleurs ayant
participé à TASB, comparativement à ceux du
groupe contrôle.Team Resilience (TR)
; Broome et Bennett,
2011
; Petree et coll.,
2012
), Team Awareness a
été adapté pour être délivré à de jeunes employés de la
restauration, une profession à risque élevé pour la
consommation excessive d’alcool.
; N = 235 jeunes employés
d’une grande chaîne de restauration âgés de 16 à 35 ans,
âge moyen = 22,5 ans) ont constaté que, 12 mois après
l’intervention, TR réduisait la prévalence d’au moins un
épisode de binge drinking au cours des 30
derniers jours (TR : 47 % vs. Contrôle : 64 %) et
la prévalence d’au moins 5 épisodes de binge
drinking au cours des 30 derniers jours (TR :
20 % vs. Contrôle : 38 %). Les employés ayant
participé à TR expérimentaient moins de problèmes liés à
l’alcool au travail dans les 6 derniers mois (par
exemple, aller au travail avec la « gueule de bois »,
travailler sous l’influence de l’alcool) que ceux du
groupe contrôle.
; N = 947 jeunes employés de
la restauration), les participants de la condition TR
rapportaient moins de stress (exprimé en fréquence
d’exposition), que ce soit dans leur vie personnelle ou
professionnelle, comparativement au groupe contrôle.Yale Work and Family Stress Project
et
b
; N = 239 femmes secrétaires
sur 4 sites) ont montré que la participation au
programme réduisait, lors d’un suivi à 22 mois, la
quantité récente d’alcool consommée (nombre de verres
dans le mois passé).Ateliers de gestion du stress
, cité par Ames et coll.,
2011
) ont montré que des ateliers
de gestion du stress (3 séances de groupe de 45 minutes)
réduisaient la consommation d’alcool à 8 mois et que
l’ajout d’un volet éducatif sur la consommation de SPA
n’augmentait pas les effets de l’intervention.Interventions brèves
), d’autres mettent en avant le
fait que cette stratégie d’intervention est globalement
inefficace lorsqu’elle est implantée dans le milieu du
travail (Kolar et coll.,
2015
) et qu’elle n’est pas implantée
dans les organisations sportives professionnelles (Kolar et
coll., 2015
).
; N = 155 employés du secteur de
l’alimentation ; âge moyen = 41,7 ans) ont testé les effets
d’une intervention brève de prévention de la consommation
d’alcool proposant aux participants : a) un feedback
personnalisé, b) un volet éducatif (connaissances sur
l’usage d’alcool et ses conséquences) et c) le développement
de certaines compétences. Les résultats ont montré que
seules les femmes ayant une consommation à risque
rapportaient, au bout de 6 mois, moins de conséquences
négatives liées à la consommation, comparativement au groupe
contrôle.
) ont évalué une intervention
brève auprès d’employés d’une entreprise manufacturière
ayant une consommation d’alcool faible à modérée (6,9 verres
par semaine en baseline ; N = 46). Ils recevaient par
la poste un feedback normatif personnalisé (FNP)
envoyé soit immédiatement soit après un délai de 8 semaines.
La consommation d’alcool était mesurée avant l’intervention
puis 8 et 16 semaines après. Les résultats ont révélé que, 8
semaines après le FNP, l’intervention réduisait la
consommation d’alcool (nombre de verres d’une semaine
typique dans les 30 derniers jours) et que ces changements
étaient expliqués par une augmentation du risque perçu
associé à la consommation d’alcool.
) ont évalué l’effet de deux
interventions brèves auprès de chercheurs d’emploi ayant une
consommation à risque et non dépendants (N = 1 243 ;
18-64 ans) sur le retour à l’emploi. Aucune des deux
interventions (FNP basé sur le modèle transthéorique et
adapté au stade changement du participant versus FNP basé
sur la théorie du comportement planifié) n’a eu d’effet sur
le recrutement des participants 15 mois après le début de
l’intervention.Interventions digitales
; N = 434 adultes ; âge moyen =
47 ans) ont constaté que, chez des travailleurs hommes et
femmes consommant au moins 21 unités standard d’alcool pour
les hommes et 14 pour les femmes par semaine et ayant un
score d’AUDIT ≥ 8 (6), l’intervention CWT diminuait la
quantité d’alcool hebdomadaire consommée (nombre d’unités
standard d’alcool ; CWT : M = 17,9 vs. Contrôle :
M = 24,0) 6 mois après le début de l’intervention.
; N = 124), des employés de 18 à
24 ans travaillant dans un département de ressources
humaines : a) soit recevaient un feedback normatif
personnalisé délivré sur le web, b) soit recevaient le même
FNP plus un entretien motivationnel de 15 minutes, c) soit
ne recevaient aucune intervention (groupe contrôle). Les
résultats ont révélé que les deux interventions permettaient
de réduire, 30 jours plus tard, le nombre de verres
consommés lors d’un week-end typique, la fréquence des
épisodes d’ivresse dans les 30 derniers jours et le nombre
maximal de verres consommés en une occasion dans le mois
passé, comparativement au groupe contrôle. Pour les 2
premiers indicateurs de consommation, les effets étaient
plus grands pour les participants à haut risque,
c’est-à-dire ayant consommé au moins une fois 5 verres en
une seule occasion pour les hommes (4 verres ou + pour les
femmes) dans les 2 semaines précédant l’intervention. De
plus, on ne constatait aucune différence entre les deux
groupes d’intervention, ce qui indiquait que l’ajout d’une
séance d’entretien motivationnel de 15 minutes n’augmentait
pas l’efficacité du FNP en ligne.
; cité par Ames et coll.,
2011
).Interventions sur l’environnement
; Ames et Moore, 2016) remettent
en question la tendance générale à attribuer les causes des
problèmes d’alcool uniquement aux caractéristiques
individuelles. Ses travaux se concentrent sur les facteurs
sociaux et culturels dans le milieu du travail qui
contribuent à la consommation à risque d’alcool. Les
facteurs identifiés sont : le contrôle (politique, règles,
visibilité du travail et supervision efficace) ; la
disponibilité physique et sociale de l’alcool (l’alcool
peut-il être obtenu sur le lieu de travail et la
consommation d’alcool est-elle acceptée par les collègues) ;
qualité du travail (stress, travail physiquement exigeant,
exclusion de la prise de décision, attentes irréalistes et
insécurité de l’emploi).
), dans leur analyse des données
d’une enquête nationale australienne (N = 13 590), ont
évalué le lien entre les politiques de prévention des
addictions en entreprise et la consommation de SPA chez les
employés. La présence d’une politique, quelle qu’elle soit
(par exemple, tests de dépistage, éducation ou information
concernant l’alcool ou les SPA, accès à tout type d’aide
pour les problèmes d’alcool ou de drogue) est associée à une
probabilité réduite de consommation d’alcool à haut risque
(11 verres standards ou plus en une seule occasion ; au
moins 1 fois par semaine) chez les employés (OR = 0,64).
Lorsqu’elle porte sur l’usage et qu’elle offre en plus de
l’aide, elle est fortement associée à une diminution de
consommation à haut risque (OR = 0,43).
; Kolar et coll.,
2015
). Son principe consiste à
réduire l’accessibilité de l’alcool dans les clubs sportifs
professionnels (mais également amateurs), à promouvoir les
réunions de club sans alcool ou limitant la consommation
d’alcool et à ne pas avoir de sponsors liés à l’alcool. Les
clubs sportifs s’engagent donc à respecter certaines règles,
comme par exemple appliquer les exigences légales en matière
d’alcool, fournir des boissons alternatives (non alcoolisées
et moins chères que les boissons alcoolisées) et ne pas
accepter les jeux d’alcool lors des événements ou réunions
ayant lieu au club.
) ont suivi 88 clubs de football
américain (N = 1 411 membres de clubs, la plupart joueurs,
âge moyen = 30 ans). Ils ont mesuré la consommation d’alcool
des participants 6 mois avant, juste après et 2 ans et demi
après le début de l’intervention. Les résultats ont révélé
que, lors du plus long suivi, la GSP réduisait la prévalence
de binge drinking (GSP : 19 % vs. Contrôle :
24 % ; OR = 0,63) dans les 3 derniers mois et la prévalence
du mésusage d’alcool tel qu’il est évalué par le
questionnaire « Alcohol use disorders test » (AUDIT :
score ≥ 8 ; GSP : 38 % vs. Contrôle : 45 % ;
OR = 0,58).Interventions à composantes ou milieux multiples
Intervention en milieu scolaire et auprès des parents ou de la famille
) suggère que les stratégies de
prévention combinant des interventions en milieu scolaire
auprès de jeunes (élèves de 11 à 18 ans) et des
interventions auprès de leurs parents ou famille
permettaient de prévenir efficacement les consommations
d’alcool de ces jeunes. Sur 10 programmes sélectionnés, 8
ont signalé au moins un impact positif sur un indicateur de
consommation d’alcool (par exemple, initiation, binge
drinking), avec des effets favorables pouvant être
observés 6 ans après l’intervention.Linking the Interests of Families and Teachers (LIFT)
) ont montré que la délivrance
du programme LIFT auprès d’élèves en classe de CM2
(N = 361, comprenant des élèves de classes mixtes
CM1-CM2 et dans des écoles à fort taux de délinquance
adolescente) et de leurs parents permettait de réduire
la consommation d’alcool 3 ans après la fin de
l’intervention (ainsi que la probabilité d’avoir déjà
été arrêté par la police), comparativement aux élèves de
la condition contrôle. Dans un autre article, DeGarmo et
coll. (2009
) ont suivi ces mêmes élèves jusqu’en
terminale (N = 351 ; 17-18 ans) et ont montré que le
programme LIFT, lorsqu’on contrôlait la consommation des
parents et l’affiliation des élèves à des pairs ayant
des comportements déviants, était associé à une
réduction significative de 7 % du risque d’initiation à
la consommation d’alcool (10 % pour l’initiation au
tabac) 7 ans après la fin de l’intervention,
comparativement au groupe contrôle. Leurs analyses ont
également révélé un impact bénéfique à long terme de
LIFT sur la consommation moyenne d’alcool et identifié
la consommation parentale comme un facteur de risque.
Enfin, les auteurs ont constaté un effet indirect du
programme sur le taux d’accroissement de la consommation
d’alcool à l’adolescence, effet expliqué par
l’augmentation de la résolution des problèmes familiaux
permise par le programme.Fast Track
) a révélé que les jeunes qui
avaient bénéficié de Fast Track avaient une
probabilité réduite de présenter une consommation à
risque d’alcool à l’âge adulte, comparativement aux
jeunes du groupe contrôle (OR = 0,69 ; critères
DSM-IV).Seattle Social Development Project (SSDP)
; N = 810 élèves du CP au
CM2) révèlent un effet à très long terme (6 ans après la
fin de l’intervention, soit à l’âge de 18 ans) de SSDP
sur la prévalence de la consommation excessive d’alcool
dans l’année passée (SSDP : 15,4 % vs. Contrôle :
25,0 %). L’étude a également montré qu’une version moins
intensive de 2 ans (CM2-6e) ne parvenait pas
à obtenir cet effet.Raising Healthy Children (RHC)
; N = 959) nous indique que
les participants au programme RHC ayant reçu
l’intervention dès le CP ou le CE1 (âge 6-7 ans)
rapportent, entre 13 et 16 ans, une fréquence de
consommation d’alcool qui décline plus vite que celle
des participants du groupe contrôle.Start Taking Alcohol Risks Seriously for Families (STARS for Families)
; N = 211 collégiens de
6e en milieu défavorisé) a révélé que
STARS for Families réduisait, 1 mois après la
fin de l’intervention, la fréquence de consommation
d’alcool des jeunes, mais ne permettait pas d’obtenir de
bénéfices lors du suivi à 1 an. On retrouvait cette
absence d’effet à 1 an dans une étude ultérieure auprès
du même public (Werch et coll.,
2003
; N = 650).Steps Towards Alcohol Misuse Prevention Programme (STAMPP)
) visant à aider les parents
à établir des règles familiales relatives à la
consommation d’alcool (une présentation en soirée dans
les locaux de l’établissement suivi quelques semaines
plus tard de la remise d’un livret d’information
reprenant les éléments clés de la soirée). Dans une
étude de grande ampleur (N = 12 738) menée en Irlande du
Nord (McKay et coll., 2017,
2018
; Sumnaul et coll.,
2017
), les auteurs ont montré que
le STAMPP réduisait à long terme la prévalence du
binge drinking durant le mois passé
(garçons : ≥ 6 unités ; filles : ≥ 4,5 unités),
c’est-à-dire 33 mois après le début de l’intervention
(STAMPP : 17 % vs. Contrôle : 25,6 %). À noter
que le volet parental a été partiellement mis en œuvre
car il a été difficile de mobiliser les parents pour
participer à la soirée de présentation.Prevention of Alcohol Use in Students (PAS)
,
2011
,
2015
) est un programme universel
néerlandais à composantes multiples dont l’objectif est
de réduire les consommations ponctuelles excessives des
collégiens. Il dure 3 ans (de la 6e à la
4e) et combine deux interventions. L’une
est adaptée de l’intervention d’éducation parentale
suédoise Örebro Prevention Programme (Ozdemir et
coll., 2016
) ciblant les règles que
posent les parents quant à la consommation d’alcool de
leurs enfants. Elle comprend, lors d’une réunion en
début de chaque année scolaire a) la présentation d’un
expert sur les effets de l’alcool à l’adolescence et les
effets de la permissivité parentale, b) une réunion
parents-professeur dans chaque classe pour rechercher un
consensus sur les règles à adopter à l’égard des enfants
et enfin c) l’envoi aux parents d’un livret reprenant
les points important de la présentation et de la
réunion. L’autre composante est une intervention menée
par l’enseignant en classe grâce à un support digital
(e-learning) et ciblant les attitudes à
l’égard de la consommation d’alcool des élèves et leur
capacité à résister à la pression sociale à consommer (4
séances la 1re année et une leçon de rappel
sur papier la 2e année).
; N = 3 245 collégiens) ont
montré qu’à l’issue des 3 ans (à l’âge de 15 ans) les
collégiens du programme PAS avaient réduit leur quantité
habituelle d’alcool consommé par semaine,
comparativement au bras contrôle. Une analyse de
médiation séquentielle révélait que cet effet était dû
d’abord à une augmentation de l’application de règles
parentales strictes et ensuite à une amélioration du
contrôle de soi (par exemple, interrompre des tendances
comportementales indésirables) rapportées par les
collégiens.Life Skills Training (LST) + Iowa Strengthning Families Programme (SFP10-14)
), les auteurs ont suivi
jusqu’à l’âge adulte des collégiens en classe de
cinquième qui recevaient soit un programme de
développement des CPS seul (Life Skills
Training ; 20 sessions), soit une combinaison de LST
et du programme de renforcement familial SFP10-14 (11
sessions), soit aucun des deux programmes (groupe
contrôle ; seuls des documents écrits sur le
développement de l’adolescent étaient envoyés aux
parents). Le niveau moyen et le taux de changement des
mesures de fréquence actuelle des ivresses et du nombre
de problèmes liés à l’alcool (12 derniers mois) des
jeunes adultes entre 19 et 22 ans étaient modélisés
comme des variables pouvant être influencées par des
facteurs de croissance décrivant l’initiation à
l’ivresse pendant l’adolescence. Avant l’intervention,
les collégiens étaient qualifiés à « haut risque » s’ils
avaient déjà expérimenté 2 parmi 3 substances
considérées dans l’étude (alcool, cigarettes,
cannabis).
) ont effectué un suivi
ultérieur de ces collégiens jusqu’à l’âge de 27 ans. Les
résultats révèlent qu’à cet âge la réduction du risque
relatif (RRR) liée à la prévalence de l’ivresse (au
moins un épisode dans le mois passé) était supérieure
lorsque le collégien avait reçu les 2 programmes (LST +
SFP10-14) plutôt que le seul programme LST, que ce soit
pour l’ensemble de l’échantillon (13,8 % vs.
9,2 %) ou pour le sous-échantillon des collégiens à
« haut risque » (17,4 % vs. 12,2 %).Montreal Preventive Treatment Program
; N = 166). Les auteurs
observent encore un effet bénéfique du programme sur la
consommation d’alcool lorsqu’ils ont 17 ans.Stop, Options, Decide, Act, and Self-praise (SODAS)
; N = 513) ont montré que le
SODAS réduisait, 7 ans après le début de l’intervention,
la fréquence de consommation d’alcool et du binge
drinking dans le mois passé.BASICS + Parent Handbook
) ont affecté aléatoirement
1 275 sportifs entrant à l’université à l’une des 4
conditions suivantes : 1) l’intervention universelle
parentale Parent Handbook (HP), 2) l’intervention
motivationnelle brève de prévention ciblée BASICS, mais
adoptant ici une approche universelle et menée par des
pairs sportifs préalablement formés, 3) l’intervention
combinant PH + BASICS et 4) une condition contrôle sans
intervention. Les résultats de l’étude indiquaient que
combiner les deux interventions PH+BASICS était plus
efficace et permettait de réduire la consommation
d’alcool (nombre de verres standards lors d’une semaine
et d’un week-end typiques), la concentration maximale
estimée d’alcool dans le sang (occasion où ils ont bu le
plus de verres dans le mois passé) et les conséquences
négatives liées à la consommation d’alcool (3 derniers
mois) lors du suivi à 10 mois (après le début de
l’intervention). Ces effets étaient médiatisés par un
changement chez les participants des normes de
consommation perçues, qu’elles soient descriptives
(consommation d’un étudiant typique) ou injonctives
(jugement des amis proches et des parents).
) ont montré que le stade de
changement (mesuré à l’aide du modèle transthéorique de
Prochaska et DiClemente, 1983
) dans lequel se trouvait
le participant avant l’intervention modérait les effets
du programme. Ils ont notamment observé que ceux ayant
un score élevé de pré-contemplation (les moins motivés
et les moins prêts au changement) réduisaient plus leur
consommation hebdomadaire lors du suivi à 10 mois que
ceux ayant un score bas de pré-contemplation.
) ont produit sensiblement la
même étude que Turrisi et coll.
(2009
) auprès de 1 014 lycéens
entrant à l’université, avec 2 suivis (à 10 et 22 mois)
au lieu d’un seul. Lors du plus long suivi, les
participants ayant reçu BASICS (avec ou sans PH)
voyaient leur risque d’initier le binge drinking
diminuer, comparativement à ceux qui ne recevaient pas
BASICS. De plus, les participants de la condition
PH+BASICS (interaction significative) rapportaient moins
les premières conséquences négatives liées à leur
consommation. Enfin, seul le changement des normes
descriptives semblait rendre compte des effets de BASICS
(notamment la réduction de l’initiation au binge
drinking) parmi les potentielles variables
médiatrices recueillies (autorégulation de la
consommation, stratégies comportementales de protection,
normes descriptives, stades de préparation au
changement).Interventions comprenant une composante communautaire
Project Northland
) ont montré que le PN
réduisait la consommation récente d’alcool (dans le mois
passé ou la semaine passée). À l’issue de la phase 2
(6 ans et demi après le début de l’intervention), les
participants au programme PN rapportaient une plus
faible fréquence de binge drinking dans les 2
semaines précédentes.Positive action (PA)
) ; pour un développement
personnel optimal, les jeunes doivent avoir accès à des
environnements favorables, tels qu’une école sûre et
positive, ce qui favorisera en retour leur engagement
scolaire et leur motivation à acquérir des compétences
académiques et psychosociales.
) ont réalisé dans 3 îles
hawaïennes une étude randomisée par grappes
(c’est-à-dire au sein de paires d’établissements
comparables) auprès de 10 écoles élémentaires recevant
le programme Positive Action appariées à 10
écoles ne délivrant pas de programme équivalent. Ils ont
suivi des élèves de CP et CE1 jusqu’en classe de CM2 en
intégrant chaque année les nouveaux arrivants et en
écartant les sortants (échantillon final : N = 1 784).
Ils ont montré que le PA réduisait la prévalence de
l’expérimentation de l’alcool (PA : 10,1 % vs.
GC : 18,8 % ; OR = 0,48 ; ES = 0,44) et de l’ivresse
(PA : 1,6 % vs. GC : 5,3 % ; OR = 0,30 ;
ES = 0,75) au cours de la vie. En CM2, le nombre
d’expérimentations de SPA au cours de la vie (index
composite) était associé au nombre d’années de
participation au programme (effet dose-réponse ;
réduction au bout de 3-4 années de programme).
) ont répliqué cette étude
auprès d’élèves de CM2 (N = 510 élèves) scolarisés dans
des écoles publiques de Chicago (7 écoles avec le PA
appariées à 7 écoles contrôle comparables ;
environnement urbain à faible revenu) et suivis depuis
le CE2. Ils ont montré que les élèves des écoles PA
rapportaient moins d’expérimentations au cours de la vie
(tabac, alcool, ivresse, cannabis, autres drogues ;
IRR = 0,69) que les élèves des écoles contrôles.
) ont effectué auprès de ces
mêmes écoles un suivi des élèves en classe de
4e (N = 1 170). La prévalence de
consommation d’alcool et de l’ivresse au cours de la vie
était plus faible chez les collégiens des écoles PA,
comparativement aux écoles contrôle (alcool : 39,4 %
vs. 54,8 % ; ivresse : 17,0 vs.
28,7 %). L’effet du programme sur la consommation de SPA
était expliqué par une augmentation des compétences
psychosociales des élèves.
) ont montré que l’effet du
programme sur les expérimentations de SPA était
médiatisé par une augmentation de l’engagement et de la
motivation scolaire des élèves.
) ; on économise 29,32 USD
pour un USD dépensé.PROmoting School-community-university Partnerships to Enhance Resilience (PROSPER)
et
b
; N = 10 849 collégiens) ont
constaté que, dans le cadre de PROSPER et pour des
élèves ayant reçu des interventions en 6e
(axés sur la famille) et en 5e (en classe),
les ivresses déclarées augmentaient dans une moindre
proportion dans la condition PROSPER que dans la
condition contrôle durant les 6 années suivant l’action
(jusqu’en Terminale).Communities That Care (CTC)
; N = 4 407 élèves de CM2 ;
24 communautés dans 7 États) ont montré qu’en seconde,
les élèves du programme CTC étaient moins susceptibles
de consommer de l’alcool que les élèves n’ayant pas
participé à l’intervention (OR = 0,62). En terminale,
moins d’élèves du programme CTC avaient expérimenté
l’alcool (OR = 0,70 ; OR = 0,80 pour le tabac),
comparativement au groupe contrôle (Hawkins et coll.,
2014
).Local development with ambitions (LUMA)
; N = 249 villes dont 25
villes LUMA) ont observé une réduction de la quantité
d’alcool vendue (en nombre de litres d’alcool pur par
tête) dans les villes LUMA, comparativement aux villes
du groupe contrôle.Autres interventions ou stratégies efficaces
Intervention de prévention sélective des
grossesses non désirées
chez des femmes ayant des
consommations d’alcool à risque
) ont montré que les femmes ayant
participé à CHOICES, comparativement à celles du groupe
contrôle (information seule), avaient plus de chance d’avoir
un risque réduit de GEA 3 mois (OR = 2,32), 6 mois
(OR = 2,15) et 9 mois (OR = 2,11) après l’intervention.Interventions visant la prévention de la consommation d’alcool des personnes âgées
; Kelly et coll.,
2018
) ont examiné l’efficacité des
interventions destinées à prévenir la consommation d’alcool
chez les personnes âgées. Si elles mettent globalement en
évidence les effets positifs de ces interventions, les
auteurs soulignent néanmoins que les résultats doivent être
considérés avec prudence. La revue de Kelly et coll.
(2018
; N = 13 interventions visant
les 55 ans et plus) concernait les interventions visant à
prévenir ou à réduire une consommation excessive. Une
méta-analyse montrait que les interventions visant à la
réduction de la consommation excessive chez des personnes
âgées ayant une consommation à risque (N = 10 études)
étaient globalement efficaces à court, moyen et long terme,
mais que les études considérées avaient un risque de biais
élevé (concernant par exemple les techniques de
randomisation et d’assignation secrète) et que la taille des
effets variait beaucoup selon les interventions.
L’efficacité était plus grande lorsque les interventions
étaient plus intensives (en particulier les interventions
intégrant un feedback personnalisé, un conseil du
médecin, du matériel éducatif et un suivi). Les
interventions visant à prévenir une consommation excessive
chez les personnes ayant une consommation à faible risque
semblaient moins probantes. La revue d’Armstrong-Moore et
coll. (2018
; N = 7 interventions visant les
55 ans et plus) portait sur l’impact des interventions
visant à réduire les conséquences négatives de la
consommation d’alcool chez les personnes âgées. Les auteurs
observaient une réduction significative de la consommation
d’alcool dans 5 études sur 7 (par exemple, une réduction de
la fréquence d’épisodes de consommation excessive d’alcool
ou de la consommation d’alcool dans la semaine passée).
Néanmoins, les informations fournies sur les
caractéristiques des groupes contrôles étaient limitées et
certaines études proposaient des effectifs très réduits (par
exemple, Gordon et coll.,
2003
). Enfin, les interventions
demeuraient très hétérogènes (en contenu et en intensité) et
mal décrites, ce qui ne permettait pas d’identifier les
éléments réellement efficaces des actions à plusieurs
composantes.Intervention minimale versus des soins gradués
; N = 529 adultes âgés de 55
à 85 ans ; âge moyen = 63 ans), les participants, dont
la consommation était à risque (score AUDIT ≥ 8),
étaient affectés à l’une des deux interventions de
prévention sélective suivantes : a) une intervention
minimale de 5 minutes menée par une infirmière
(évaluation de la consommation + feedback,
information personnalisée sur les risques associés au
niveau de consommation, conseil de réduction de
consommation, livret sur les conséquences d’une
consommation excessive, liste des lieux où trouver une
aide) et b) une intervention de soins gradués
(« stepped care ») en trois étapes, le
passage à l’étape suivante dépendant de l’évaluation de
la consommation lors de l’étape précédente (1 séance de
20 minutes de conseils en changement comportemental
adoptant une approche motivationnelle par l’infirmière,
3 séances de thérapie motivationnelle de 40 minutes par
un thérapeute expérimenté, une orientation vers un
service de soins spécialisé). Les résultats ont révélé
que la consommation d’alcool avait diminué dans les deux
groupes au cours de la période de suivi de 12 mois et
que 51 % des participants déclaraient avoir consommé
moins d’alcool depuis le début de l’intervention. Aucune
différence significative n’était observée entre les
groupes à 12 mois en termes de consommation d’alcool, de
problèmes liés à l’alcool ou de qualité de vie,
suggérant qu’une intervention intensive n’était pas plus
efficace qu’une intervention minimale.Project Senior Health and Alcohol Risk Education (Project SHARE)
; N = 1 186 patients âgés de
60 ans et plus) ont montré que l’intervention,
comparativement aux soins habituels (contrôle),
réduisait la prévalence de consommation à risque (PS :
56 % vs. Contrôle : 67 %) et la consommation
d’alcool (-2,19 verres par semaine).Computerized Alcohol-Related Problem Survey (CARPS)
) a évalué l’efficacité de
l’utilisation de CARPS auprès de 665 patients âgés de
65 ans et plus (suivis par 23 médecins) ayant bu au
moins un verre d’alcool dans les 3 mois précédents
(prévention universelle). Lors de la 1re
évaluation et 12 mois après, CARPS permettait de classer
le patient comme ayant une consommation d’alcool à
faible risque, à risque ou nocive. Une consommation à
faible risque ne présentait aucun risque connu, une
consommation à risque présentait des risques de
problèmes de santé et une consommation nocive entraînait
la présence de problèmes de santé. Les patients étaient
affectés à l’une des 3 conditions suivantes : a)
« rapport patient/médecin » : le patient et le médecin
recevaient tous les deux le rapport indiquant la
classification de la consommation et le patient le
matériel éducatif, b) « rapport patient » : le patient
recevait la classification et le matériel éducatif, le
médecin ne recevant pas la classification et c) « soins
habituels » (bras contrôle). Lors de la première
évaluation, 21 % des patients avaient une consommation
nocive et 26 % une consommation à risque. Lors du suivi
à 12 mois, chacune des 2 conditions d’intervention était
associée à une plus grande probabilité de consommation
d’alcool à faible risque, comparativement au groupe
contrôle (« rapport patient » : OR = 1,59 et « rapport
« patient/médecin » : OR = 1,23). L’intervention de la
condition « rapport patient » a permis de réduire de
manière significative la consommation nocive d’alcool à
12 mois (« rapport patient » : 16 % vs. « soins
habituels » : 21 %) et d’augmenter la consommation à
faible risque à 12 mois (« rapport patient » : 58 %
vs. « soins habituels » : 52 %).
Comparativement au groupe contrôle, les patients de la
condition « rapport patient/médecin » ont déclaré une
diminution moyenne de 1,14 verre par semaine.Interventions de marketing social
), le marketing social consiste
« en l’application de technologies de marketing élaborées
dans le secteur commercial pour résoudre des problèmes
sociaux, où le résultat est la modification du
comportement » (Raffin,
2013
). Plusieurs auteurs ont depuis
proposé des principes ou des critères de référence
permettant d’optimiser la qualité de ces interventions ainsi
que leur efficacité (par exemple, Andreasen,
2002
).
) ont examiné l’efficacité de 23
interventions de marketing social dont l’objectif était de
minimiser les dommages liés à la consommation d’alcool.
Parmi elles, 14 interventions visaient à changer les
comportements. Les comportements les plus couramment ciblés
comprenaient la réduction de la consommation d’alcool, la
réduction de l’alcool au volant et l’augmentation de
l’utilisation de conducteurs « sobres » désignés. Les
auteurs ont montré que 12 interventions sur 14 (86 %)
étaient associées un changement positif sur un des
indicateurs comportementaux mesurés, sans toutefois
rapporter la taille des effets ni leur significativité. Ils
soulignaient également le fait qu’aucune des 23
interventions ne remplissaient l’ensemble des critères de
référence proposés par Andreasen
(2002
), avec une moyenne de 2,7 critères
sur 6 recommandés (par exemple, avoir un objectif
comportemental, segmenter et cibler la population visée,
tenir compte de la balance entre l’effort que l’on demande à
la cible et le bénéfice qu’il retire de l’intervention). Ce
constat est d’autant plus critique que les interventions de
marketing social semblent plus à même de provoquer un
changement de comportement lorsque davantage de critères de
référence sont utilisés (Carins et Rundle-Thiele,
2014
).
; N = 6 études) portait sur
l’évaluation d’interventions de prévention de la
consommation d’alcool utilisant les principes du marketing
social. Les auteurs concluaient que les études, du fait de
leurs limites méthodologiques ou de leurs résultats ambigus,
ne permettaient pas d’attribuer les changements favorables
observés aux interventions : études strictement
transversales (Incerto et coll.,
2011
; Caverson et coll.,
1990
), études longitudinales sans
groupe contrôle (Glassman et coll.,
2010
; Gomberg et coll.,
2001
), études longitudinales avec
groupe contrôle montrant des effets contradictoires (Slater
et coll., 2006
; Rothschild et coll.,
2006
), faibles taux de réponse
(Glassman et coll., 2010
).
; édition 2015 : de Visser et
coll., 2017
) qui sont détaillées dans le
chapitre « Actions de prévention : messages et
comportements ».Interventions liées à l’application des lois et réglementations concernant l’alcool
) ont examiné 52 revues
systématiques portant sur les interventions se situant à un
niveau populationnel. Parmi ces revues, 22 concernaient
l’impact de l’application de lois ou réglementations visant
à réduire la consommation d’alcool et/ou les dommages liés à
cette consommation. Les auteurs ont montré qu’il existait
des preuves solides de l’efficacité de 3 stratégies :
réduire l’accessibilité de l’alcool, augmenter les prix et
les taxes associés à l’alcool et mettre en œuvre des
interventions de contrôle ou de prévention de l’alcool au
volant. Concernant l’accessibilité de l’alcool, la revue de
Wagenaar et Toomey (2002
; N = 84 études) a montré qu’une
augmentation de l’âge minimum légal pour consommer et/ou
acheter de l’alcool pouvait entraîner des effets bénéfiques
significatifs sur la consommation d’alcool et le taux
d’accidents de la route liés à l’alcool. Dans leur revue,
Middleton et coll. (2010
; N = 13 études) ont constaté
que l’application de restrictions du nombre de jours de
vente d’alcool permettait de prévenir la consommation
excessive d’alcool et les dommages associés (problèmes
médicaux, alcool au volant, accidents, blessures, crimes
violents). La revue de Wagenaar et coll.
(2010
; N = 50 études) a montré que
les prix de l’alcool et les taxes étaient significativement
et inversement liés à toutes les catégories d’indicateurs
examinés : morbidité et mortalité liées à l’alcool,
violence, suicide, accidents de la route, MST et
comportements sexuels à risque, consommation d’autres
substances psychoactives, criminalité. Les auteurs ont
constaté une grande taille d’effet pour la morbidité et la
mortalité liées à l’alcool (d de Cohen de 0,70), une
taille moyenne pour les accidents de la route
(d = 0,22) et une petite taille pour les taux de
criminalité, de violence et de MST. Elder et coll.
(2002
; N = 23 études) ont constaté que
l’instauration de contrôles routiers aléatoires ou ciblés
pour tester l’alcool au volant réduisait efficacement les
accidents de la route liés à l’alcool ainsi que les
blessures mortelles et non mortelles, avec un effet se
maintenant dans le temps. Elder et coll.
(2004
; N = 8 études) ont apporté des
preuves solides que les campagnes médiatiques étaient
efficaces pour réduire la conduite en état alcoolique et les
accidents routiers, à condition qu’elles atteignent un
niveau suffisant d’exposition du public et soient mises en
œuvre conjointement avec d’autres activités de prévention.
Enfin, Shults et coll.
(2009
; N = 6 études) ont montré que
les interventions communautaires à composantes multiples
visant à réduire l’alcool au volant permettaient de prévenir
les accidents de la route liés à l’alcool. Les composantes
comprenaient pour la plupart des contrôles routiers, des
formations pour une vente de boissons responsable, des
efforts pour limiter l’accès à l’alcool, en particulier chez
les jeunes, des campagnes d’éducation du public et un
plaidoyer médiatique pour obtenir le soutien des décideurs
et du public.Discussion
Synthèse des interventions ou stratégies de prévention efficaces
Transférabilité des résultats de la recherche
internationale
dans le contexte
français
) et que les résultats positifs de ces
interventions sont le plus souvent transférables, sans doute
parce que ces dernières mettent en œuvre des mécanismes d’action
et de changement reposant sur des théories bio-psycho-sociales
universelles. À ce titre l’adaptation, l’évaluation et la
dissémination en France de programmes internationaux tels que
SFP (publication sous presse) ou Unplugged ont montré que
les modalités d’intervention issues de la recherche
internationale ainsi que leur efficacité étaient transférables
au contexte français. D’autres programmes tels que GBG ont
également été adaptés et sont en cours d’évaluation.
; Werch et coll., 2002
).Conclusion
Références
→ Aller vers SYNTHESE