I. Contexte socio-politique, données de surveillance de la santé et exposition des populations de Polynésie française aux retombées des essais nucléaires

2021


ANALYSE

2-

État de santé en Polynésie française

Ce chapitre propose un bilan, à partir de publications scientifiques et de littérature grise, de l’état de santé actuel de la population polynésienne et lorsque possible, de son évolution depuis les années 1960. Les évolutions démographiques, les principales causes de décès et la morbidité y sont décrites ainsi que les facteurs de risque majeurs. Les études sur les liens entre les pathologies et les retombées des essais nucléaires sont traités dans le chapitre 5 (« Données épidémiologiques sur la santé des populations exposées aux essais nucléaires : Polynésie française et autres populations du Pacifique »). Dans le présent chapitre, il est uniquement fait état de l’impact de l’installation du Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP).
Pour mesurer l’état de santé d’une population et son évolution, il est nécessaire d’avoir accès à des données de bonne qualité, et comparables au cours du temps. Concernant la Polynésie française, les données recensées sont assez rares, et leur exhaustivité est imparfaite, en particulier avant les années 1980.

Sources et qualité des données sanitaires en Polynésie française

Les données sanitaires disponibles sur la population de Polynésie française sont principalement issues des institutions ou des enquêtes listées ci-dessous :
• les données de l’Institut de statistique de Polynésie française (ISPF)1  : elles incluent des données de démographie et les causes de décès, et sont disponibles à partir de l’année 1984 et de façon plus complète à partir des années 1990 ;
• les données centralisées des Nations Unies2  : elles incluent des données démographiques plus anciennes (depuis les années 1950) et permettent des comparaisons internationales ; elles ne sont cependant pas toujours précises car basées sur des estimations ou imputations ;
• les données de la Caisse de prévoyance sociale3  : elles sont disponibles sur le site internet depuis 1995 et permettent de connaître les affections de longue durée ;
• les données du Registre des cancers de Polynésie française. Le recueil des cas a débuté en 1980, mais le registre a été créé en 1985. Les données n’étaient pas exhaustives au début, seulement 50 % des cas étaient enregistrés sur la période antérieure à 1990, alors qu’environ 90 % l’étaient après 1990 (Vigneron, 1989arenvoi vers ; Gleize et coll., 2000renvoi vers). Le registre a obtenu la qualification par le Comité national des registres4 pour la période 1998-2002 mais il a été déqualifié en 2003. Un audit a ensuite été effectué sur place et, bien qu’il reste actif, le registre n’est plus évalué depuis et il y a ponctuellement des problèmes d’accès aux sources de données. Le Plan cancer 2018-2022 de Polynésie française place la requalification de ce registre comme un axe prioritaire5  ;
• la base de données du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui rassemble les données des registres des cancers dans le monde6 . Les critères de validation du CIRC et d’acceptation des données sont moins stricts que ceux du Comité d’évaluation des registres français. Le Registre des cancers de Polynésie française a alimenté les rapports « Cancer Incidence in Five Continents (CI5) » du CIRC : le volume VII pour la période 1988-1992 et le volume IX pour la période 1998-2002. Les données de la période 2003-2007 avaient été envoyées mais n’ont pas été retenues pour alimenter le volume X en raison de leur qualité insuffisante. Aucune donnée n’a été transmise pour le volume XI pour la période 2008-2012. Le registre de Polynésie française procède actuellement à une mise à jour des données pour la période 2010-2014 ;
• les données sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles proviennent principalement de l’enquête santé en Polynésie française effectuée en 2010 (Bertrand et coll., 2012renvoi vers ; Bertrand et Berry, 2013renvoi vers). Il s’agit d’une enquête transversale descriptive réalisée selon le modèle STEPwise de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) auprès d’un échantillon représentatif de la population polynésienne de 3 469 personnes âgées de 18 à 64 ans, réparties sur l’ensemble des archipels. Les données de l’enquête Podium, effectuée en 2007-2008 dans quatre territoires d’Outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Polynésie française) sur environ 600 adultes et 300 enfants dans chaque territoire, ont estimé la prévalence du surpoids et de l’obésité avec prise en compte de mesures anthropométriques (Inamo, 2011renvoi vers ; Daigre et coll., 2012renvoi vers) ;
• le volet polynésien de l’enquête ISAAC (International Study of Asthma and Allergies in Childhood) a été réalisé en février 2000 sur une population de 4 300 adolescents de 13-14 ans de Polynésie française (Foliaki et coll., 2007renvoi vers) ;
• les données de plusieurs études sur les conduites addictives, telle que l’enquête ECAAP (Enquête sur les Conduites Addictives des Adolescents Polynésiens) (Beck et coll., 2012renvoi vers) ou l’enquête sur les substances psychoactives utilisées parmi les patients des centres d’addiction des DOM, de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie (étude OPPIDUM7 ) (Daveluy et coll., 2017renvoi vers) ;
• la plupart des données sur les pathologies infectieuses proviennent des systèmes de surveillance mis en place et/ou gérés par le Bureau de veille sanitaire de la Direction de la santé de Polynésie française8  ;
• l’impact de l’environnement est abordé dans le rapport de la Direction de l’environnement (2015)9 .

Éléments de démographie

Situation démographique actuelle et évolution depuis les années 1960

Au 31 décembre 2015, 272 800 personnes résidaient en Polynésie française10 , avec une densité de 80 habitants par km2, soit un peu au-dessus de la Nouvelle-Calédonie, mais nettement en dessous des Antilles et de La Réunion où elle est de l’ordre de 200 à 300. Cependant, cette densité moyenne est peu informative car la population est inégalement répartie entre les archipels et quelques-unes des îles sont situées à plus de 1 500 km de Papeete. Le tableau 2.Irenvoi vers montre que cette répartition a beaucoup changé depuis les années 1960. Les îles du Vent rassemblent maintenant 75 % des habitants et les communes de l’agglomération urbaine de Papeete concentrent plus de 40 % de la population totale de Polynésie française.

Tableau  2.I Répartition géographique de la population de Polynésie française entre 1962 et 2015 (Source : Institut de statistique de Polynésie française [ISPF] – recensement)

 
Répartition de la population par subdivision (%)
Archipel
1962
2015
Îles du Vent
59
75
Îles Sous-le-Vent
19
12
Îles Marquises
6
4
Îles Australes
5
3
Îles Tuamotu-Gambier
11
7
Polynésie française
100
100
Les figures 2.1ARenvoi vers à 2.1GRenvoi vers décrivent l’évolution démographique de la Polynésie française depuis les années 1960, et la compare aux situations et évolutions de métropole, Nouvelle-Calédonie, Guadeloupe, Réunion. Les évolutions démographiques des îles Tonga, royaume indépendant membre du Commonwealth, sont également ajoutées afin d’avoir une comparaison avec une autre nation du Pacifique. Ces données sont extraites du site internet des Nations Unies (United Nations, 201711 ). La figure 2.1ARenvoi vers montre que la population de la Polynésie française a plus que triplé depuis les années 1960, avec une tendance parallèle à celle de la Nouvelle-Calédonie, même si un léger décrochage est observé à partir des années 1980. La figure 2.1BRenvoi vers montre que la population a beaucoup vieilli entre 1960 et 2015 passant d’un âge médian de 18 à 31 ans. Cette population reste pourtant jeune par rapport à celle de la métropole et de la Guadeloupe, alors qu’elle est nettement plus âgée qu’à Tonga. Le taux de natalité a nettement baissé (figure 2.1CRenvoi vers), et le nombre d’enfants par femme est passé de 5,5 dans les années 1960 à 2 en 2015 (figure 2.1DRenvoi vers). L’espérance de vie à la naissance a fortement augmenté sur l’ensemble de la période, de presque 4 mois par an, pour atteindre 76 ans en 2015 (figure 2.1ERenvoi vers) mais reste en dessous de celle de la métropole, de la Réunion et de la Guadeloupe. La mortalité a beaucoup baissé jusque dans les années 1990, pour stagner ensuite (figure 2.1FRenvoi vers), en raison de l’augmentation de l’espérance de vie et du vieillissement de la population. Alors qu’elle était très élevée dans les années 1960, la mortalité infantile a fortement baissé, avec un décrochage notable entre les années 1975 et 1995, qui ne s’observe pas de façon aussi brusque pour les autres territoires d’Outre-mer (figure 2.1GRenvoi vers).
Figure 2.1A Évolution de la taille de la population depuis les années 1960 (données extraites du site internet des Nations Unies ; United Nations, 2017*)
Figure 2.1B Évolution de l’âge médian de la population depuis les années 1960 (données extraites du site internet des Nations Unies ; United Nations, 2017*)
La répartition ethnique des polynésiens a été collectée dans le recensement de 1988, mais cela n’a plus été autorisé par la CNIL dans les recensements suivants. En 1988, la répartition de la population était la suivante : 83 % de Polynésiens (origine Maori) ; 12 % d’Européens et 5 % d’Asiatiques (Merceron, 2005renvoi vers). Il convient de noter qu’un solde migratoire particulièrement déficitaire est apparu depuis la fin des années 1990, avec près de 1 500 départs nets chaque année entre 2007 et 201212 . Il faut également souligner que le chômage a récemment beaucoup augmenté. Le taux de chômage a presque doublé en cinq ans, passant, selon l’ISPF, de 11,7 % en 2007 à 21,8 % en 2012. Il est particulièrement élevé aux Australes (29,3 %) et aux Marquises (30,6 %). Il a aussi beaucoup augmenté aux îles Sous-le-Vent (25,2 % en 2012, contre 11,4 % en 2007). Le taux de chômage polynésien dépasse largement celui de la France métropolitaine mais se situe encore légèrement en dessous de celui des départements d’Outre-mer13 .
Figure 2.1C Évolution du nombre de naissances pour 1000 personnes depuis les années 1960 (données extraites du site internet des Nations Unies ; United Nations, 2017*)
Figure 2.1D Évolution du nombre d’enfants par femme depuis les années 1960 (données extraites du site internet des Nations Unies ; United Nations, 2017*)
Figure 2.1E Évolution de l’espérance de vie à la naissance depuis les années 1960 (données extraites du site internet des Nations Unies ; United Nations, 2017*)
Figure 2.1F Évolution du nombre de décès pour 1 000 personnes depuis les années 1960 (données extraites du site internet des Nations Unies ; United Nations, 2017*)
Figure 2.1G Évolution du nombre de décès infantiles pour 1 000 naissances vivantes depuis les années 1960 (données extraites du site internet des Nations Unies ; United Nations, 2017*)

Impact démographique et sanitaire de l’installation du Centre d’Expérimentation du Pacifique (1962-1995)

Même si la situation et les évolutions démographiques de la Polynésie française sont relativement parallèles à celles de la Nouvelle-Calédonie, plusieurs auteurs notent des changements brusques qui résultent de l’installation du Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP) en 1962, puis de son démantèlement en 1995 (Blanchet, 1995renvoi vers ; Regnault, 1997renvoi vers ; Merceron, 2005renvoi vers ; Barthe, 2017renvoi vers). Ces changements sont d’abord d’ordre économique, on parle d’un « boom économique » exceptionnel. Il y a eu la mise en place très rapide de lourds travaux et infrastructures utiles à la construction et au fonctionnement du CEP puis nécessaires pour renforcer les services publics d’éducation, de santé et de transports. Les transferts financiers massifs depuis la métropole et la politique d’importation qui les a accompagnés ont bouleversé la société en profondeur. Mais ce boom, s’il a augmenté le niveau de vie global, est souvent qualifié d’artificiel par les auteurs, et il a accru la dépendance économique vis-à-vis du monde extérieur, et principalement de la métropole (Vigneron, 1989brenvoi vers et 1993renvoi vers).
La répartition sectorielle de la population active a été bouleversée, avec une baisse massive du secteur primaire (de 56 % à 17 %) et une augmentation massive du secteur tertiaire (de 23 % à 64 %) entre les recensements de 1956 et 1977. En 1965, on estime que l’exode rural touche 85 % des travailleurs agricoles. Au milieu des années 1960, la main d’Ĺ“uvre employée par le CEP représente près du quart de la population active et les populations des archipels éloignés se sont aussi déplacées vers Tahiti qui a beaucoup bénéficié de ce « boom économique » et des créations d’emplois principalement dans les administrations et dans la bureaucratie. La proportion des européens résidant à Tahiti dans la population active passe de 7 % en 1962 à 22 % en 1970 (Blanchet, 1995renvoi vers). Pendant cette période, « La Polynésie française présente une répartition de ses actifs comparable à celle d’une société post-industrielle, sans que le territoire ait été véritablement industrialisé, parce qu’elle bénéficie d’une manne comparable à celle d’un État pétrolier » (Merceron, 2005renvoi vers). Mais une fois les infrastructures mises en place, le nombre de travailleurs locaux sur les sites se réduit tout aussi rapidement. En fait, les effectifs des employés par le CEP fluctuent en fonction de l’irrégularité des tirs et de la présence militaire constituée pour la circonstance (Blanchet, 1995renvoi vers). Puis ensuite, « l’abandon de Hao et de Mururoa par le CEP a plongé les Tuamotu du Centre dans une certaine léthargie économique » (Merceron, 2005renvoi vers). Mais les retombées des activités du CEP et les participations de l’État ont mis à la disposition des autorités territoriales et municipales des fonds considérables qui n’ont pas été investis dans des activités productives, et il n’y a pas vraiment eu d’activité de substitution mise en place suite à la fermeture du CEP (Regnault, 1997renvoi vers).
Dans ce contexte, les modes de vie ont été modifiés de façon brusque mais durable. La mise en place d’infrastructures sanitaires a contribué à réduire le risque de maladies infectieuses et parasitaires, et certainement aussi la mortalité infantile. De ce point de vue, le renforcement de l’influence du système de santé français a sans doute été bénéfique ; on observe globalement un meilleur état sanitaire de ce territoire lorsqu’on le compare à celui des autres îles du Pacifique. Mais les comportements et modes de vie propices à l’induction à long terme de maladies chroniques non transmissibles se sont développés, bouleversant en profondeur la société polynésienne. La consommation de tabac à la fin des années 1960 en Polynésie française est devenue une des plus élevées au monde, sans doute en lien avec la présence militaire importante (Vigneron, 1989arenvoi vers). La consommation d’alcool y a toujours été importante, mais elle semble avoir été particulièrement importante entre 1965 et 1975 (Vigneron, 1989arenvoi vers ; FAO, 200314 ). Par ailleurs, l’alimentation a également été complètement bouleversée, passant d’une autoproduction alimentaire à une monétisation des aliments, et à une importation massive de produits importés et transformés, consolidant la dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Les inégalités territoriales et sociales au sein de la Polynésie française ont été aggravées (Vigneron, 1993renvoi vers), avec l’exode rural massif, l’urbanisation accélérée et la création de bidonvilles dans l’agglomération tahitienne, ainsi que la généralisation du salariat. Le secteur tertiaire s’est développé au détriment du secteur primaire, précipitant l’abandon des structures traditionnelles mises en place au long du xixe siècle (Serra-Mallol, 2013renvoi vers). Un niveau exceptionnellement élevé de décès liés aux accidents de la route, tel qu’il est estimé dans les années 1980, est d’ailleurs l’illustration d’une urbanisation trop rapide et mal maîtrisée (Vigneron, 1993renvoi vers).

Causes de décès et principales pathologies associées

Comme évoqué précédemment, jusqu’à la fin des années 1950, les pathologies et la mortalité élevée étaient principalement dues à des maladies infectieuses ou parasitaires. Par la suite, la situation a évolué et les maladies non transmissibles, en particulier celles du système circulatoire et les cancers, sont devenues prépondérantes, comme c’est le cas dans les pays industrialisés (Vigneron, 1989arenvoi vers).
Le recueil et la validation des causes de décès sont en vigueur depuis 1984 mais le recueil n’était pas tout à fait exhaustif au départ car environ 25 % des causes étaient non déclarées ou inconnues sur la période antérieure à 1990 (Vigneron, 1993renvoi vers). Yen Kai Sun et coll. ont publié en 2016 une étude sur les causes de décès en Polynésie française de 1984 à 2010, dont les principaux résultats sont résumés dans le tableau 2.IIrenvoi vers (Yen Kai Sun et coll., 2016renvoi vers). Les causes principales de décès sur l’ensemble de la période étaient liées à des maladies circulatoires, avec une baisse importante entre 1984 et 2010 malgré la persistance des facteurs de risque. Viennent ensuite les décès par cancers, avec une légère augmentation sur la période d’étude. Ensuite, les décès étaient liés aux maladies du système respiratoire et aux causes externes, qui ont également baissé. Enfin, les décès liés aux maladies endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques ont augmenté sur cette même période. L’étude souligne une nette amélioration de la qualité du codage des données sur la période avec une baisse constante des codages inconnus ou mal définis. Ces évolutions sont donc à prendre avec prudence. En raison de la faible taille de la population dans certains archipels, aucune analyse précise des évolutions géographiques des causes de décès n’est effectuée (Yen Kai Sun et coll., 2016renvoi vers).

Tableau  2.II Mortalité par causes principales en Polynésie française en 1984 et 2010 (d’après Yen Kai Sun et coll., 2016renvoi vers)

 
Taux standardisés de mortalité pour 100 000 habitants, hommes et femmes*
 
1984
2010
Maladies de l’appareil circulatoire
260,0
154,5
Cancers
125,4
132,0
Maladie de l’appareil respiratoire
70,1
38,7
Causes externes de blessure
60,8
40,1
Maladies infectieuses et parasitaires
26,1
27,9
Maladies endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques
16,2
24,0

* Standardisation sur la population mondiale.

L’étude détaille par ailleurs les résultats par sexe et par type de tumeurs pour la période 2005-2010 durant laquelle les données sont de meilleure qualité. Le taux standardisé de mortalité toutes causes confondues était 1,5 fois plus élevé chez les hommes par rapport aux femmes. Les taux de décès étaient plus élevés chez les hommes pour les maladies du système circulatoire, les tumeurs et les causes externes. La surmortalité masculine était particulièrement importante pour les causes externes violentes, pour les cirrhoses du foie, l’infarctus du myocarde et les cardiopathies ischémiques. Parmi les tumeurs, les décès par cancers liés à l’alcool et au tabac étaient également plus importants chez les hommes (Yen Kai Sun et coll., 2016renvoi vers). La mortalité prématurée a été estimée à partir des causes de mortalité les plus fréquentes avant 65 ans. Pour les hommes, il s’agissait des causes externes pour 23 %, des maladies de l’appareil circulatoire pour 22 % et des cancers pour 21 %. Pour les femmes, il s’agissait des cancers pour 31 %, des maladies de l’appareil circulatoire pour 21 % et des causes externes pour 12 %. Les cancers à l’origine des décès prématurés étaient principalement, chez les hommes les cancers broncho-pulmonaires, et chez les femmes le cancer du sein et cancers broncho-pulmonaires. Enfin, l’étude compare ces principales causes de décès à celles de la métropole et à celles des départements d’Outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion). Pour les hommes et pour les femmes, les taux de mortalité par maladies de l’appareil circulatoire sont nettement plus élevés qu’en métropole et que dans les DOM. Les taux de mortalité par cancer sont similaires à ceux de la métropole pour les hommes, et supérieurs aux DOM. Pour les femmes, ces taux sont plus élevés qu’en métropole et que dans les DOM (Yen Kai Sun et coll., 2016renvoi vers).
Le tableau 2.IIIrenvoi vers résume l’ensemble des études publiées portant sur des estimations de la mortalité par cancer, à partir des certificats de décès. La mortalité par cancer a légèrement augmenté entre 1984 et 2010, passant de 125,4 décès pour 100 000 habitants en 1984 à 132 en 2010 (Yen Kai Sun et coll., 2016renvoi vers). Sur l’ensemble de la période, ces taux étaient assez similaires à ceux de la métropole pour les hommes et bien supérieurs pour les femmes. La mortalité par cancer du poumon chez les femmes était nettement supérieure à celle de la métropole (Binder-Foucard et coll., 2013renvoi vers). La mortalité par cancer du sein est assez proche de celle de la métropole. Sur la période 1984-1992, la mortalité par cancer de la thyroïde, bien que faible, était plus élevée que celle des Maoris et Hawaïens, l’excès étant uniquement significatif pour les femmes polynésiennes comparées aux femmes hawaïennes (de Vathaire et Le Vu, 1996renvoi vers).

Pathologies non transmissibles

Les chiffres de la Caisse de prévoyance sociale (CPS) de Polynésie française, disponibles depuis 1995, permettent d’évaluer le fardeau des grandes pathologies notamment par la description des causes de longue maladie. En 1995, 72 % de la population étaient couverts et environ 1 habitant sur 6 était en longue maladie. En 2017, c’est 98 % de la population qui étaient couverts et environ 1 habitant sur 6 était en longue maladie (Caisse de prévoyance sociale, 201815 ). La figure 2.2Renvoi vers montre la répartition de la prévalence des longues maladies en fonction des pathologies et leur évolution entre 1995 et 2017. Ces chiffres ne doivent pas être interprétés en termes d’incidence de pathologies (nombre de nouveaux cas par année) et par ailleurs, des patients peuvent être affectés par une pathologie sans demander la longue durée. Néanmoins, ces chiffres permettent de voir de façon grossière l’augmentation de la part des patients affectés par des pathologies cardiovasculaires, principalement l’hypertension artérielle et les affections pulmonaires. On note également l’augmentation de la part du diabète et des affections pulmonaires, et la baisse importante de la part du rhumatisme articulaire aigu.

Tableau  2.III Publications produisant des estimations de la mortalité par cancer en Polynésie française

Référence
Objectif
Sources de données
Période de recueil
Taux standardisé (Monde) tous cancers, pour 100 000 habitants
Principaux résultats par localisation
Autres résultats
Commentaires
de Vathaire et Le Vu, 1996renvoi vers
Estimation de la mortalité par cancer en Polynésie française et comparaison avec celle de Maoris de Nouvelle-Zélande et Hawaïens
Institut territorial de la Statistique
1984-1992
Hommes : 167 (154-181)
Femmes : 131 (120-142)
- Mortalité par cancer du poumon : 59,1 (51,2-67,1) chez les hommes et 21,7 (17,1-26,4) chez les femmes, inférieure à celle des Maoris et Hawaïens
- Mortalité par cancer de la thyroïde plus élevée que chez les Maoris et Hawaïens, elle-même parmi les plus élevées
- 25 % de causes de décès mal ou indéterminées
- Étude de la mortalité par archipel non fiable
Yen Kai Sun et coll., 2016renvoi vers
Description des causes de décès (dont cancers) en Polynésie française et comparaison avec la métropole et les DOM
Institut de la Statistique de Polynésie française
2005-2010
Hommes : 156
Femmes : 111
Mortalité chez les hommes :
- Poumon : 47,8
- Prostate : 18,9
- Tissus lymphatiques et hématopoïétiques : 14,6
- Foie et voies biliaires : 10,6
Mortalité chez les femmes :
- Sein : 24,9
- Poumon : 22,1
- Utérus : 11,5
Chez les hommes :
- Mortalité tous cancers similaire à la métropole, et supérieure aux DOM
- Mortalité par cancer du poumon similaire à celle de métropole, mais nettement plus élevée que celle des DOM
- Mortalité par cancer du côlon nettement inférieure à celle de métropole
Chez les femmes :
- Mortalité tous cancers nettement plus élevée qu’en métropole et que dans les DOM
- Mortalité par cancer du poumon plus élevée qu’en métropole et que dans les DOM
- Mortalité par cancer du sein similaire à celle de métropole mais supérieure à celle des DOM
- Pourcentage de causes de décès manquantes faible
- Pas d’analyse géographique des décès par cancer
- Pas d’intervalle de confiance
Figure 2.2 Part des principales causes de longue maladie en 1995 et 2017 en Polynésie (Source : Caisse de prévoyance sociale)

Principaux facteurs de risque

Concernant les facteurs de risque des pathologies non transmissibles, une enquête santé a été réalisée en 1995 (Direction de la santé, 1998renvoi vers) et estimait la prévalence du surpoids, du tabagisme, de la consommation d’alcool, du diabète et de l’hypertension artérielle au sein de la population adulte. Des informations plus récentes proviennent d’une enquête santé réalisée en 2010 (Bertrand et coll., 2012renvoi vers ; Bertrand et Berry, 2013renvoi vers). Cette enquête ayant été réalisée suivant des guidelines de l’OMS, il est possible de comparer ses résultats à ceux d’autres territoires, notamment du Pacifique (Kessaram et coll., 2015arenvoi vers, brenvoi vers et crenvoi vers, 2016renvoi vers) et ceux de métropole issus des différentes enquêtes santé.

Tabac et alcool

L’enquête santé réalisée en 1995 estimait la prévalence du tabagisme à 36 %. Dans l’enquête santé de 2010, parmi les personnes interrogées, 41 % déclaraient être fumeurs, et 34 % quotidiennement. Les femmes fumaient plus que les hommes (44 % versus 39 %), et les jeunes (18-24 ans) davantage que les plus âgés (Bertrand et Berry, 2013renvoi vers). La prévalence du tabagisme a augmenté depuis 1995, notamment chez les femmes, passant de 37 % en 1995 à 44 % en 2010, ce qui est un niveau particulièrement élevé (Direction de la santé, 1998renvoi vers). Il convient de noter qu’une autre étude plus ancienne avait observé que les jeunes fumaient de plus en plus tôt (Beck, 2010renvoi vers). La prévalence du tabagisme en Polynésie française est au-dessus de celle enregistrée en métropole qui était d’environ 30 % en 2010 (Pasquereau et coll., 2018renvoi vers). Comparée aux autres pays du Pacifique, la Polynésie française avait un taux de fumeurs plutôt parmi les plus bas pour les hommes, mais parmi les plus élevés pour les femmes (Kessaram, 2015arenvoi vers et brenvoi vers).
La consommation d’alcool en Polynésie française a longtemps été parmi les plus élevées au monde, tout comme en France métropolitaine (WHO, 2003renvoi vers), même si elle a nettement baissé depuis la période 1965-1975 où elle était plus particulièrement élevée16 (Vigneron, 1989arenvoi vers ; FAO, 200317 ). L’enquête santé réalisée en 1995 estimait la prévalence de la consommation excessive d’alcool à 30 %. Dans l’enquête santé de 2010, 67 % des personnes déclaraient avoir consommé de l’alcool au cours des 12 derniers mois dont un quart déclaraient être des consommateurs quotidiens ou réguliers. La prévalence était plus élevée chez les hommes que chez les femmes et diminuait avec l’âge (Bertrand et Berry, 2013renvoi vers). La quantité moyenne d’alcool consommée par occasion au cours des 30 derniers jours était de 10,8 verres standards, ce qui est évocateur d’une consommation de type « binge-drinking »18 . Par rapport aux autres territoires du Pacifique, les polynésiens ont une consommation d’alcool parmi les plus élevées, avec une consommation très importante chez les femmes, même si elle est inférieure à celle de la Nouvelle-Calédonie (Kessaram et coll., 2015arenvoi vers).
L’enquête ECAAP menée en milieu scolaire sur les conduites addictives chez des élèves de la 6e à la Terminale en 2009 a montré que, bien qu’ayant une bonne connaissance sur les risques, les adolescents polynésiens avaient un niveau de consommation globale de produits psychotropes important, en augmentation, et à un âge de plus en plus jeune. Les niveaux ne sont cependant pas plus élevés qu’en métropole. La consommation d’alcool et de tabac était importante chez les filles (65 % des 15-16 ans avaient expérimenté le tabac) et la consommation de cannabis était très fréquente car elle concernait environ un tiers des adolescents enquêtés (Beck et coll., 2009renvoi vers ; Brugiroux et coll., 2011renvoi vers ; Beck et coll., 2012renvoi vers). Par ailleurs, l’enquête OPPIDUM menée auprès des centres d’addiction en Outre-mer en 2012-2013 montrait que parmi les patients qui consultaient dans ces centres en Polynésie française, 87 % consommaient du cannabis, 52 % du tabac et 23 % de l’alcool. En métropole en 2013, ces chiffres étaient respectivement de 36 %, 92 % et 23 % (Daveluy et coll., 2017renvoi vers).

Alimentation, activité physique et surpoids

La culture polynésienne valorise les fortes corpulences, avec l’existence ancienne de rituels d’engraissement et de rites d’abondance (Poulain, 2006renvoi vers ; Serra-Mallol, 2008renvoi vers). Malgré une prise de conscience récente sur les conséquences sanitaires de ce mode de vie, beaucoup manger, de façon compulsive et irrégulière, reste une constante du comportement alimentaire, en particulier à Tahiti (Serra-Mallol, 2008renvoi vers).
La tradition alimentaire polynésienne était surtout basée sur les produits de l’océan. Mais la transition socioéconomique amplifiée par la construction de l’aéroport dans les années 1960 a créé une très rapide monétarisation de l’alimentation en même temps qu’une réduction considérable de l’autoproduction alimentaire, à Tahiti d’abord, puis jusque dans les îles reculées (Poulain, 2006renvoi vers ; Serra-Mallol, 2013renvoi vers). L’alimentation traditionnelle a donc été remplacée par une alimentation importée et transformée qui représentait 80 % de la nourriture disponible en 1995 et 90 % en 2009 (Gatti et coll., 2015renvoi vers). Cette dépendance à la nourriture importée est maintenant commune à presque toutes les îles du Pacifique (Curtis, 2009renvoi vers). Par ailleurs, comme dans l’ensemble des territoires d’Outre-mer, malgré des réglementations, les aliments et boissons sont plus sucrés qu’en métropole (Cour des comptes, 2014renvoi vers). La consommation en aliments gras et en protéines a également beaucoup augmenté, comme cela est rapporté dans les travaux de Ulijaszek (2005renvoi vers) entre 1960 et 2000 : par exemple, la consommation moyenne de viande par jour par habitant est passée de 74 g en 1961 à 270 g en 2000. Dans l’enquête santé de 2010, les personnes interrogées consommaient en moyenne 2,6 portions de fruits et légumes par jour, sans différence entre hommes et femmes, ce qui est loin des recommandations internationales de cinq fruits et légumes par jour. Le contexte géographique du territoire rend difficile l’accessibilité aux fruits et légumes et les conditions géologiques ne permettent pas de développer des productions maraîchères. Par ailleurs, ces denrées restent à un prix élevé (Bertrand et Berry, 2013renvoi vers).
D’après l’enquête santé de 2010, 59 % des polynésiens ont un niveau élevé d’activité physique. Le niveau d’activité « limité » est de 27 % chez les femmes et 18 % chez les hommes (Bertrand et Berry, 2013renvoi vers), proche du niveau en métropole, qui est de 25 % chez les femmes et 21 % chez les hommes dans l’Étude nationale nutrition santé (ENNS) de 2006 (Usen, 2007renvoi vers). Par ailleurs, parmi les autres territoires du Pacifique, la Polynésie française a un taux d’activité physique « limité » parmi les plus bas (Kessaram et coll., 2015arenvoi vers).
Le surpoids et l’obésité sont un problème actuel de santé publique majeur dans toutes les îles du Pacifique (Curtis, 2009renvoi vers). C’est le cas également en Polynésie française. L’enquête santé réalisée en 1995 estimait la prévalence du surpoids dans la population à 71 % environ et 37 % au stade d’obésité (Direction de la santé, 1998renvoi vers). D’après l’enquête santé de 2010, l’indice de masse corporelle (IMC) moyen de la population était de 29,3 kg/m2, sans différence entre les hommes et les femmes. La prévalence de l’excès de poids était de 70 % et celle de l’obésité de 40 % (Bertrand et Berry, 2013renvoi vers), ce qui montre une stabilité depuis 1995. La Polynésie française est bien au-dessus du niveau d’obésité en France métropolitaine qui est de l’ordre de 17 % (Verdot et coll., 2017renvoi vers ; Équipe de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle Esen, 2017renvoi vers), mais se situe en dessous de la moyenne régionale du Pacifique (Kessaram et coll., 2015arenvoi vers). Il faut noter que c’est dans l’ensemble de la Polynésie et Micronésie que la prévalence du surpoids et de l’obésité est la plus élevée au monde (NCD Risk Factor Collaboration, 2016arenvoi vers). L’enquête Podium avait pour objectif de comparer les prévalences de surpoids et d’obésité chez les adultes et les enfants de 4 territoires d’Outre-mer en 2007-2008 (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Polynésie française) (Daigre et coll., 2012renvoi vers). Chez les enfants comme chez les adultes, il n’y avait pas de différences majeures en fonction des territoires dans les prévalences de surpoids, mais un niveau nettement plus élevé d’obésité en Polynésie française, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Chez les 5-14 ans, le niveau d’obésité estimé dans cette étude était de 16 %. Par ailleurs, plusieurs enquêtes en milieu scolaire réalisées au cours de ces 10 dernières années ont révélé des taux alarmants de surpoids et d’obésité chez les enfants (Chant et coll., 2010renvoi vers ; Fonteneau, 2013renvoi vers ; Gauthier, 2014renvoi vers).

Cancers

Le tableau 2.IVrenvoi vers résume l’ensemble des études publiées portant sur des estimations de l’incidence des cancers à partir des données du Registre des cancers de Polynésie française et il en indique les principales limites. À ces publications s’ajoute la mise à disposition des données des registres de cancer du monde entier dans le cadre du projet « Cancer Incidence in Five Continents (CI5) » du CIRC19 . Le tableau 2.Vrenvoi vers résume les taux d’incidence standardisés (Monde) tous cancers et pour quelques localisations par période entre 1985 et 2011, issus de ces publications. L’incidence tous cancers semble être en légère augmentation chez les hommes, principalement en raison d’une augmentation de l’incidence du cancer de la prostate, et stable chez les femmes. L’incidence pour l’année 2011 est à prendre avec une grande prudence en raison d’une part des fluctuations annuelles probables dans une population de petite taille et parce qu’il est possible que des problèmes d’exhaustivité liés à l’accès aux sources de données existent à partir des années 2008 (P. Grosclaude, communication20 ). Sur les périodes étudiées, l’incidence du cancer en Polynésie française est nettement inférieure à celle de la métropole, en particulier chez les hommes. Elle est également inférieure, dans une moindre mesure, à celle des Maoris de Nouvelle-Zélande, population la plus proche de celle de Polynésie française, et à celle des Hawaïens de Hawaï (Gleize et coll., 2000renvoi vers ; Le Vu et coll., 2000renvoi vers ; Yen Kai Sun et coll., 2010renvoi vers).

Tableau  2.IV Publications produisant des estimations de l’incidence des cancers en Polynésie française

Référence
Objectif
Sources de données
Période
de recueil
Taux standardisé (Monde) tous cancers, pour 100 000 habitants
Principaux résultats par localisation
Autres résultats
Commentaires
Roda et coll., 1999renvoi vers
Estimation de l’incidence des hémopathies malignes en Polynésie française et comparaison avec celle de Maoris de Nouvelle-Zélande et Hawaïens
Registre des cancers de Polynésie française, complété par les évacuations sanitaires et les données des laboratoires d’histopathologie et biologie clinique
1990-1995
 
Incidences de la plupart des hémopathies malignes inférieures à celle des Maoris et des Hawaïens
L’étude porte sur 106 cas, ce qui donne des effectifs très faibles lorsqu’ils sont répartis par sexe et sous-catégorie d’hémopathies malignes.
Le Vu et coll., 2000renvoi vers
Estimation de l’incidence des cancers en Polynésie française et comparaison avec celle de Maoris de Nouvelle-Zélande et Hawaïens
Registre des cancers de Polynésie française, complété par les évacuations sanitaires, les données médico-administratives et les données des laboratoires
1985-1995
- Hommes : 244,1
- Femmes : 246,2
- Incidence du cancer de la thyroïde : 5,7 (hommes) et 16,8 (femmes). Deux à 3 fois plus élevée que chez les Maoris et Hawaïens
- Incidence des cancers digestifs, cancers du poumon, cancers du sein, cancers du corps de l’utérus et cancers de la prostate inférieure à celle des Maoris et des Hawaïens
- Incidence des cancers du pharynx, pharynx et de la plèvre supérieure
Incidence tous cancers plus faible que celle des Maoris et similaire à celle des Hawaïens
L’étude détaille les résultats de chaque localisation et chaque sexe par archipel mais l’analyse de ces chiffres est difficile en raison des faibles effectifs.
Gleize et coll., 2000renvoi vers
Estimation de l’incidence des cancers chez les natifs et les migrants, résidant en Polynésie française
Registre des cancers de Polynésie française, complété par les évacuations sanitaires, les données médico-administratives et les données des laboratoires
1990-1995
- Natifs
Hommes : 185,8
Femmes : 208,6
- Immigrés
Hommes : 240,5
Femmes : 190,9
Incidence chez les hommes :
- Thyroïde : 5,0 (natifs) ; 0,7 (immigrés)
- Colorectal : 10,0 (natifs) ; 28,3 (immigrés)
- Poumon : 54,3 (natifs) ; 41,4 (immigrés)
Incidence chez les femmes :
- Thyroïde : 17,9 (natifs) ; 6,5 (immigrés)
- Sein : 55,8 (natifs) ; 74,8 (immigrés)
- Poumon : 25,5 (natifs) et 11,1 (immigrés)
Chez les hommes, l’incidence tous cancers est nettement plus élevée dans la population des immigrés.
Les natifs sont constitués de 93 % de Polynésiens, et les immigrés de 78 % d’Européens, d’après le recensement de 1988. Les résultats de cette étude représentent les différences d’incidence de cancer entre Polynésiens et Européens vivant en Polynésie française.
Challeton-de Vathaire et coll., 2004renvoi vers
Estimation de l’incidence des cancers chez les enfants nés en Polynésie française et comparaison avec celle de Maoris de Nouvelle-Zélande et Hawaïens
Registre des cancers de Polynésie française, complété
1985-1995
Chez les 0-14 ans :
- Garçons : 12,3
- Filles : 12,6
Types les plus fréquents : leucémies, tumeurs du système nerveux central, neuroblastome et lymphome non hodgkinien
Incidence tous cancers chez l’enfant inférieure à celle des Maoris et des Hawaïens
Possibilité d’une légère sous-estimation des cas
Yen Kai Sun et coll., 2010renvoi vers
Estimation de l’incidence des cancers en Polynésie française et comparaison avec la métropole
Registre des cancers de Polynésie française
1997-2006
- Hommes : 272,4
- Femmes : 243,9
Incidence chez les hommes :
- Prostate : 75,1
- Poumon : 58,6
- Côlon : 9,1
- Thyroïde : 6,0
Incidence chez les femmes :
- Sein : 74,4
- Utérus : 30,9
- Thyroïde : 32,3
- Poumon : 21,1
Chez les hommes :
- Incidence tous cancers nettement inférieure à celle de métropole
Chez les femmes :
- Incidence du cancer de la thyroïde parmi les plus élevées au monde, mais comparable à celle de Nouvelle-Calédonie
- Incidence du cancer du sein inférieure à celle de la métropole, mais celle du cancer du poumon est deux fois plus élevée
Les années pour lesquelles le registre a eu sa qualification sont 1998-2002. Un manque d’exhaustivité du registre sur les autres périodes est possible.
Bouchardy et coll., 2011renvoi vers
Comparaison de l’incidence du cancer de la thyroïde et de la leucémie myéloïde avec celles des autres pays
Registre des cancers, Cancer Incidence in Five Continents, vol. IX
1998-2002
 
Incidence chez les hommes :
- Thyroïde : 5,4
- Leucémie myéloïde : 4,7
Incidence chez les femmes :
- Thyroïde : 37,4
- Leucémie myéloïde : 6,0
Chez les femmes et sur cette période, l’incidence de ces deux cancers est parmi les plus élevées au monde.
 
Rio et coll., 2012renvoi vers
Comparaison de l’incidence des leucémies parmi les natifs de Polynésie française à celle des Maoris de Nouvelle-Zélande et Hawaïens
Données des laboratoires de biologie publics et privés de Polynésie française
1986-2001
 
Incidence toutes leucémies :
- Hommes : 6,9
- Femmes : 5,6
- Incidence toutes leucémies similaire à celle de Hawaï
- Incidence de leucémies aiguës myéloïdes plus élevée dans les îles Marquises
Pas d’analyse temporelle possible en raison du faible effectif (n = 106 cas sur l’ensemble de la période)

Tableau 2.V Taux d’incidence standardisés (Monde) estimés par période, tous cancers et pour quelques localisations, à partir des données du Registre des cancers de Polynésie française

 
Sources, Période
Localisation
Sexe
Le Vu et coll., 2000renvoi vers
1985-1995
CI5, vol. VII
1988-1992
CI5, vol. VII
1998-2002
Yen Kai Sun et coll., 2010renvoi vers
1997-2006
CI5, Vol. XI
Année 2011 #
Tous cancers
Hommes
244,1
248,9
284,3
272,4
234,2
 
Femmes
246,2
252,6
260,4
243,9
211,8
Poumon
Hommes
68,1
73,7
62,3
58,6
32,6
 
Femmes
27,2
28,1
23,6
21,1
12,6
Prostate
Hommes
28,9
23,2
67,9
75,1
99,3
Sein
Femmes
62,8
65,7
75,1
74,4
93,3
Côlon
Hommes
12,9*
9,5
9,6
9,1
4,5
 
Femmes
9,9*
4,8
5,8
5,5
6,9
Thyroïde
Hommes
5,7
2,9
5,4
6,0
2,4
 
Femmes
16,8
15,9
37,4
32,3
18,9

# Données à prendre avec prudence car basées sur une seule année, dont l’exhaustivité n’est pas évaluée.
* Inclus rectum et canal anal.

Les localisations principales de cancer en Polynésie française pour les hommes sont le cancer du poumon, de la prostate, du côlon et du foie. Pour les femmes, il s’agit du cancer du sein, de la thyroïde, du poumon et de l’utérus, en particulier le cancer du col de l’utérus en début de période et celui du corps de l’utérus en fin de période. Le tableau 2.IVrenvoi vers présente les évolutions temporelles des taux d’incidence standardisés (Monde) de quelques-unes de ces localisations. Le cancer du poumon est en nette baisse chez les hommes et en baisse plus modérée chez les femmes. Il était plus élevé qu’en métropole, et était particulièrement élevé chez les femmes dans les années 1980, mais inférieur aux Maoris de Nouvelle-Zélande. Ce taux élevé de cancer du poumon chez les femmes est lié au tabagisme important chez les femmes en Polynésie française. Le cancer de la prostate chez les hommes, bien qu’inférieur au taux de métropole, est en constante augmentation, de 28,9 pour 100 000 en 1985-1995 à 75,1 en 1997-2006 (Le Vu et coll., 2000renvoi vers ; Yen Kai Sun et coll., 2010renvoi vers). Le vieillissement de la population et, comme en métropole, des pratiques de diagnostic précoce peuvent en partie expliquer cette augmentation rapide. Avec un niveau qui reste plus faible qu’en métropole, le cancer du sein chez la femme augmente également mais de façon plus progressive. Un programme de dépistage du cancer du sein a été mis en place en 2003 en Polynésie française. Le cancer du côlon, qui était plutôt élevé chez les hommes, reste stable sur la période et nettement inférieur à la métropole. Il convient de noter également que les publications relèvent un taux de cancer de l’utérus, qu’il s’agisse du col ou du corps, assez élevé. Il a été observé une incidence élevée de leucémies myéloïdes pour les femmes sur la période 1998-2002, incidence parmi la plus élevée au monde (Bouchardy et coll., 2011renvoi vers). Une incidence plus particulièrement élevée a été observée pour les leucémies myéloïdes aiguës chez les natifs des Marquises (Rio et coll., 2012renvoi vers).
Le cancer de la thyroïde, en particulier chez les femmes, est, sur l’ensemble de la période, beaucoup plus fréquent en Polynésie française qu’en métropole ou dans les autres territoires du Pacifique, à l’exception de la Nouvelle-Calédonie qui présente des taux aussi importants (Moore et coll., 2010renvoi vers). Sur la période 1998-2002, il est même le plus élevé au monde, avec celui de la Nouvelle-Calédonie (Bouchardy et coll., 2011renvoi vers ; Yen Kai Sun et coll., 2016renvoi vers). Une étude cas-témoins a été mise en place sur cette période afin de comprendre le rôle des nombreux facteurs de risque connus de ce cancer dans la population polynésienne. Le détail et les résultats de ces études sont présentés dans le chapitre 5 « Données épidémiologiques sur la santé des populations exposées aux essais nucléaires : Polynésie française et autres populations du Pacifique ». La tendance temporelle de l’incidence de ce cancer en Polynésie française est cependant difficile à étudier à partir des données disponibles car leur exhaustivité est variable au cours du temps. Il semble que pour les femmes, une incidence particulièrement élevée a été observée entre 1999 et 2002, et qui semble baisser ensuite (Yen Kai Sun et coll., 2016renvoi vers). Chez les hommes, les effectifs sont trop faibles pour dégager une tendance. Des données issues du Registre des cancers de Polynésie française, plus récentes et validées, sont indispensables pour analyser ces tendances temporelles. En France et dans de nombreux pays du monde, les pratiques de diagnostic précoce semblent avoir une influence majeure dans les tendances de l’incidence de ce cancer (Vaccarella et coll., 2015renvoi vers ; Lortet-Tieulent et coll., 2019renvoi vers).
Une étude a détaillé l’estimation de l’incidence des cancers de l’enfant pour la période 1985-1995 à partir des données du Registre des cancers de Polynésie française (Challeton-de Vathaire et coll., 2004renvoi vers). Elle a conclu à une incidence légèrement inférieure à celle des Maoris de Nouvelle-Zélande et des Hawaïens, mais a émis des limites liées à une possible sous-estimation des cas.
Enfin, il faut noter que des « projections » d’incidence et de la mortalité par cancer pour la Polynésie française sont régulièrement produites par le CIRC dans le cadre du projet Globocan21 et permettent des comparaisons internationales. Des publications ont présenté des comparaisons de l’incidence et de la mortalité dans la zone Pacifique à partir de ces « projections » (Shin et coll., 2012renvoi vers ; Tervonen et coll., 2017renvoi vers). Dans le cadre d’un bilan sur l’état de santé de la population polynésienne, nous ne recommandons pas d’utiliser ces projections entachées de beaucoup d’incertitudes pour les années récentes, car elles proviennent de données trop anciennes. Par exemple, les données d’incidence utilisées dans Globocan 2012 pour la Polynésie française sont celles issues du registre pour la période 1988-2002, projetées sur la période 2008-2012 et appliquées à la population de 2012. Les données de mortalité sont celles de la période 2002-2005 appliquées à la population de 2012 (Ferlay et coll., 2013renvoi vers ; Tervonen et coll., 2017renvoi vers). La version la plus récente de ces projections, Globocan 2018, utilise les données d’incidence de 2003-2007 et de mortalité de 2003-2005 (Ferlay, communication personnelle). Par ailleurs, la comparaison qui est faite avec les autres pays de la région du Pacifique pose également des problèmes, car bon nombre de ces territoires ont soit des problèmes d’enregistrement des cas et d’exhaustivité soit des données également anciennes.

Autres pathologies non transmissibles

En conséquence des niveaux élevés de facteurs de risque, parfois combinés, la prévalence et l’incidence de certaines maladies chroniques sont également élevées. Dans l’enquête santé de 2010, 45 % de la population avaient un risque majoré de maladie non transmissible en raison d’une combinaison d’au moins trois facteurs de risque majeurs (59 % chez les 45-64 ans et 40 % chez les 18-44 ans) et seulement 2 % de la population ne présentaient aucun facteur de risque parmi ceux étudiés (Bertrand et Berry, 2013renvoi vers).
Globalement, le poids des maladies du système circulatoire dans les décès et dans les arrêts de travail pour longue maladie est massif. Dans l’enquête santé de 2010, la prévalence de l’hypertension artérielle chez les 18-74 ans était de 27 %. L’hypertension concernait davantage les hommes que les femmes et augmentait avec l’âge. Ce niveau élevé était en augmentation, car il était estimé à 18 % en 199522 . Par ailleurs, 74 % des personnes hypertendues n’étaient pas traitées (Bertrand et Berry, 2013renvoi vers). Cette prévalence de l’hypertension artérielle était parmi les plus élevées des territoires du Pacifique (Kessaram et coll., 2015arenvoi vers). Dans l’étude Podium, la prévalence de l’hypertension a également été estimée, autour de 25 %, avec un taux de patients traités extrêmement bas lié en partie à un défaut de connaissance de sa propre maladie (Inamo et coll., 2011renvoi vers). Cette étude avait estimé que la part de l’hypertension attribuable à l’obésité en Polynésie française était de l’ordre de 36 % (Inamo et coll., 2011renvoi vers).
Dans l’enquête santé de 1995, la prévalence du diabète était estimée à 18 % (Direction de la santé, 1998renvoi vers) alors qu’elle était de 4 % en métropole (Fagot-Campagna et Fontbonne, 2007renvoi vers). La prévalence augmentait avec l’âge pour atteindre près de la moitié des femmes et un tiers des hommes. Seule la moitié des personnes atteintes de diabète en avait connaissance et parmi elles, la moitié avait un traitement (Direction de la santé, 1998renvoi vers ; Fagot-Campagna et Fontbonne, 2007renvoi vers). Dans l’enquête santé de 2010, les données biologiques concernant le diabète n’ont pas pu être exploitées (Bertrand et Berry, 2013renvoi vers). Les données déclaratives indiquaient que 10 % des personnes interrogées déclaraient être diabétiques, et parmi elles 68 % déclaraient prendre un traitement (Bertrand et Berry, 2013renvoi vers). La figure 2.2Renvoi vers montre le poids, en augmentation entre 1995 et 2017, du diabète de type 2 traité et reconnu au titre de la longue maladie. Par ailleurs, c’est dans l’ensemble de la Polynésie que la prévalence du diabète est la plus élevée au monde (NCD Risk Factor Collaboration, 2016brenvoi vers).
Enfin, la figure 2.2Renvoi vers montre la part importante des longues maladies pour affections pulmonaires, qui est en augmentation entre 1995 et 2017. Par ailleurs, une augmentation régulière de la prévalence de l’asthme chez les adolescents est observée en Polynésie française : 11,5 % en 1979, 14,3 % en 1984 et 20,3 % en 2000 (Liard et coll., 1988renvoi vers ; Parrat, 2000renvoi vers). Le volet polynésien d’une étude internationale sur l’asthme chez les enfants a estimé que la Polynésie française se situait dans la fourchette des territoires du Pacifique (Foliaki et coll., 2007renvoi vers).

Pathologies transmissibles

Alors que c’était la cause principale des décès et d’une espérance de vie réduite dans les années 1950, le risque infectieux et parasitaire a beaucoup diminué depuis les années 1960 (Vigneron, 1989arenvoi vers). Toutefois, de nombreuses maladies transmissibles persistent en Polynésie française, en raison d’un climat tropical favorable (Musso, 2019renvoi vers). Par ailleurs, ces dernières décennies, l’inconstance et le manque de maintien des mesures de prévention ont pu rendre le territoire fragile à certaines épidémies.
La figure 2.2Renvoi vers montre qu’en 1995, près de 20 % des longues maladies étaient pour rhumatisme articulaire aigu. Il s’agit d’une complication inflammatoire d’une infection à streptocoque des voies aériennes supérieures qui touche essentiellement les enfants, les adolescents et les adultes jeunes. La gravité de la maladie est liée au degré d’atteinte de l’appareil cardiovasculaire, les atteintes articulaires évoluant favorablement et sans séquelles sous traitement. Le rhumatisme articulaire aigu a été déclaré « endémie de gravité majeure à caractère prioritaire en Polynésie française » en 1988 et des mesures ont été mises en place. L’incidence de la maladie a diminué progressivement ces dernières décennies, de plus de 100 à 40 cas pour 100 000 habitants par an et en 2017, la part des longues maladies était descendue à 6 %.
Les principales maladies infectieuses en Polynésie française sont liées à des arbovirus (Musso, 2019renvoi vers). La dengue, transmise par le moustique, est présente dans pratiquement toutes les régions tropicales. Elle circule en Polynésie française de manière permanente tout au long de l’année et constitue une préoccupation majeure de santé publique (Daudens et coll., 2009renvoi vers). Elle est à l’origine de milliers de cas à chaque épidémie, entraînant une forte morbidité et pouvant occasionner des complications sévères voire des décès (Diren, 2015renvoi vers). Par ailleurs, la Polynésie française est très sensible aux épidémies nouvelles, avec un système d’alerte sanitaire encore fragile et en cours d’élaboration (Jones et coll., 2011renvoi vers). Une épidémie liée à l’infection par le virus Chikungunya a eu lieu en 2014-2015 (Aubry et coll., 2018renvoi vers), ce qui a conduit 64 personnes en soins intensifs dont 18 sont décédées (Koeltz et coll., 2018renvoi vers). La Polynésie française a également connu en 2013 l’émergence d’un arbovirus rare, celui du Zika, transmis comme celui de la dengue. Le virus a probablement touché la moitié de la population (Aubry et coll., 2017renvoi vers). Cette épidémie, concomitante à celle de la dengue, a provoqué la survenue de formes neurologiques compliquées, dont 42 cas de syndrome de Guillain-Barré ayant nécessité de nombreuses semaines d’hospitalisation et de rééducation et certaines microcéphalies liées à l’infection de femmes enceintes (Diren, 2015renvoi vers ; Mallet et coll., 2016renvoi vers ; Baud et coll., 2017renvoi vers).
Parmi les pathologies transmissibles qui perdurent en Polynésie française, la filariose lymphatique est due à un parasite mais est également transmise par des moustiques. En 1950, de 30 à 50 % de la population étaient infectés par le parasite avec une incidence de 10 % de l’éléphantiasis. Depuis les années 1960, grâce à une prévention massive, la prévalence parasitaire a régulièrement régressé. Mais elle est remontée avec l’arrêt des campagnes de prévention dans les années 1990. Cette maladie a alors été déclarée priorité de santé publique en 1999 et la Polynésie française a adhéré à un programme coordonné par l’OMS sur son élimination dans la zone Pacifique (Diren, 2015renvoi vers). En 2008, une enquête montrait que la maladie était encore très présente en Polynésie française23 (Mou et coll., 2009renvoi vers) mais une autre étude menée de 2014 à 2016 a ensuite montré qu’elle avait à nouveau beaucoup baissé dans la plupart des îles de Polynésie française (Diren, 2015renvoi vers).
La leptospirose est une zoonose largement répandue dans le monde, due à une bactérie véhiculée soit par contact avec des animaux infectés, soit par la baignade dans des eaux souillées par ces animaux, comme les rats ou les porcs. L’incidence annuelle de la leptospirose reste très élevée, entre 30 et 55 cas confirmés pour 100 000 habitants par an selon les îles, et probablement beaucoup de cas non déclarés. Elle entraîne entre 50 et 80 hospitalisations et 1 à 4 décès par an (Daudens et coll., 2011renvoi vers ; Mallet, 2014renvoi vers ; Diren, 2015renvoi vers).
La tuberculose, qui peut conduire aussi au décès si elle n’est pas traitée par un traitement antibiotique efficace, est une maladie contagieuse favorisée par la promiscuité et les habitats mal aérés. Avec environ 55 nouveaux cas déclarés principalement sur l’île de Tahiti, l’incidence de la tuberculose en Polynésie française était de l’ordre de 19,2 pour 100 000 habitants en 2016, soit environ 53 nouveaux cas par an (Giard et Pescheux, 2018renvoi vers). Ce niveau reste élevé (2,7 fois plus élevé qu’en Métropole) mais similaire à celui de l’Île-de-France.
La ciguatera est également toujours très présente en Polynésie française. Il s’agit d’une intoxication alimentaire grave due à la consommation de poissons ayant accumulé une micro-algue toxique, provoquant des troubles digestifs, cardiovasculaires et neurologiques. L’incidence annuelle est en baisse depuis les années 1970 ; elle était de l’ordre de 150 cas pour 100 000 habitants en 2008, avec une incidence plus élevée aux Tuamotu et Gambier (Château-Degat et coll., 2009renvoi vers). Mais cette incidence est sûrement sous-estimée car une partie de la population ne déclare pas la maladie ou ne consulte en cas d’intoxication peu sévère.

Expositions environnementales et impact sur la santé

Un chapitre du rapport sur l’état de l’environnement en Polynésie française (2015) fait état des principales expositions environnementales et leurs conséquences sanitaires potentielles (Diren, 2015renvoi vers).
Les pathologies liées à la qualité de l’eau de consommation sont encore nombreuses. La transmission de germes environnementaux ou communautaires (streptocoques en particulier) est favorisée par l’habitat confiné et la promiscuité. La distribution d’eau est quasiment inexistante dans la majorité des atolls des Tuamotu et l’eau n’est pas toujours potable car 80 % des habitations sont dotées de citernes individuelles alimentées par de l’eau de pluie avec des conditions de collecte et de stockage peu satisfaisantes. Dans les îles hautes, l’accès à l’eau courante est plus fréquent mais au total, seulement 55 % de la population de Polynésie française peuvent disposer d’eau potable. Cependant, grâce à l’offre de soin, la lutte contre l’insalubrité des habitats, et les obligations réglementaires liées au contrôle des eaux de boisson, l’incidence et la gravité de ces maladies ont régressé durant ces dernières décennies.
L’impact sanitaire de la qualité de l’air à Papeete n’est pas connu (Diren, 2015renvoi vers), malgré une prévalence élevée de l’asthme. Selon les mesures effectuées, l’exposition aux pesticides est faible, mais elle est en augmentation et l’utilisation des pesticides est estimée à 2,5 fois celle de la métropole. L’application de pesticides interdits en métropole est justifiée par la lutte contre la dengue. L’utilisation d’amiante a été seulement interdite en 2008, avec des modalités de protection mises en place à partir de 2011. Il n’y a pas de mesures de radon en Polynésie française mais une cartographie du « potentiel radon » à partir des cartes géologiques a classé quelques îles de Polynésie française avec un potentiel moyen ou élevé24 .
Une consommation importante de poissons « pélagiques » peut conduire à une exposition au mercure conséquente. Chez les polynésiens, un niveau de concentration en mercure très élevé a été rapporté lors d’une étude réalisée entre 2001 et 2004. La concentration était comparable à celle des Inuits et les bébés naissent avec un niveau d’exposition prénatal élevé. Il faut noter cependant que les niveaux observés de sélénium et d’omega-3 sont également élevés, ce qui peut, dans une certaine mesure, contrebalancer la toxicité du mercure (Dewailly et coll., 2008arenvoi vers et brenvoi vers).
Une étude transversale visant à comparer l’imprégnation aux polluants industriels de la population de l’atoll de Hao à celle de l’atoll de Makemo a été réalisée en 2016. L’atoll de Hao, situé dans l’archipel des Tuamotu en Polynésie française, a accueilli la base avancée du CEP et a servi de pont aérien et maritime pour le personnel et le matériel à destination des atolls de Moruroa pendant la période des essais nucléaires (Suhas et coll., 2017renvoi vers). L’atoll de Makemo était utilisé comme site témoin, car très comparable mais n’ayant jamais connu d’activité industrielle. Des concentrations sanguines de plusieurs polluants ont été mesurées : mercure, plomb, cadmium, composés organochlorés dont polychlorobiphényles (PCB), polychlorodibenzodioxines (PCDD), polychlorodibenzofuranes (PCDF) et hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Les résultats suggèrent que le seul polluant présent de façon significativement plus importante dans la population de Hao est représenté par les PCB. L’étude a mis également en exergue une imprégnation au plomb et au mercure au niveau des deux populations, légèrement plus importante pour le plomb à Hao, et identique pour le mercure. Concernant le plomb, les auteurs estiment que l’activité industrielle antérieure de Hao ne permet pas d’expliquer ces observations. Concernant l’imprégnation au mercure, les auteurs suggèrent que son origine provient de la consommation importante de poissons pélagiques (Suhas et coll., 2017renvoi vers).

Rayonnements ionisants

L’exposition de la population polynésienne aux rayonnements ionisants est, d’une part, d’origine naturelle (exposition externe aux rayonnements tellurique et cosmique, exposition interne au radon et autres radioéléments [40K, 14C, etc.]), médicale (examens par imagerie radiologique ou nucléaire à visée diagnostique, radiothérapie externe ou interne) et, d’autre part, d’origine artificielle (retombées des essais nucléaires, désintégration d’un satellite en 1964 et accidents nucléaires [137Cs, 90Sr]). L’exposition due aux retombées des essais nucléaires réalisés par la France en Polynésie française est traitée dans le chapitre 3 « Reconstructions dosimétriques dans les études sur les essais nucléaires menés en Polynésie française ».
L’exposition externe due au rayonnement cosmique au niveau du sol est de l’ordre de 0,3 mSv25 auquel s’ajoutent les doses reçues lors de trajets en avion de l’ordre de quelques dizaines de nSv à une centaine de mSv par vol selon la destination. L’exposition externe annuelle du fait de la radioactivité présente naturellement dans les sols (rayonnement tellurique) est estimée à quelques centaines de mSv. Les niveaux sont très variables et dépendent de la nature des sols et du type d’habitation26 . L’exposition interne naturelle est due à l’inhalation ou ingestion de radioéléments issus des sols (radon pour l’inhalation et 40K aux descendants des chaînes U-Th pour l’ingestion) ou produits dans l’atmosphère par le rayonnement cosmique (14C, 7Be et 22Na par exemple pour l’ingestion). Les doses annuelles moyennes liées à l’ingestion des descendants des chaînes U-Th, du 40K et du 14C par l’alimentation sont respectivement de l’ordre de 0,3 mSv, 0,2 mSv et de 0,01 mSv27 . La dose due au 40K est dépendante du régime alimentaire (consommation de produits marins). L’eau de boisson peut contribuer jusqu’à 0,3 mSv par an (principalement par le 40K) et le tabac jusqu’à 0,3 mSv par an pour un gros fumeur. Pour le radon, l’exposition est très variable. L’IRSN a publié une cartographie du potentiel radon à partir des formations géologiques de la Polynésie française28 . Le potentiel radon est faible pour les atolls, faible à moyen pour les îles hautes avec quelques zones très limitées en catégorie plus élevée sur Tahiti, Moorea et Nuku Hiva (l’île de Makatea reste un cas particulier avec des gisements de phosphate riches en uranium et en thorium). Cependant, ces zones classées à potentiel radon ne présagent en rien des concentrations présentes dans les bâtiments, en raison du contexte climatique et du type d’habitat. En effet, compte tenu du mode de vie des habitants, principalement à l’extérieur des habitations, et avec des maisons largement ouvertes, donc bien aérées, favorable à une faible accumulation de radon, l’exposition à ce gaz radioactif est limitée en Polynésie française.
L’exposition médicale est très variable (diagnostique ou thérapie). Pour le diagnostic, les doses efficaces estimées sont de l’ordre d’une cinquantaine de mSv pour un cliché du thorax à une quinzaine de mSv pour un scanner abdomino-pelvien.
D’après l’IRSN, les doses totales annuelles liés à la radioactivité artificielle29 , sommes des doses d’exposition externe, d’inhalation et d’ingestion, durant les vingt dernières années pour l’ensemble des cinq archipels sont comparables. On peut retenir une moyenne globale sur cette période de 3,5 mSv.an-1 pour les enfants et de 4,1 mSv.an-1 pour les adultes.

Conclusion

Les indicateurs les plus récents montrent que l’état de santé de la population de Polynésie française est bon lorsqu’on le compare aux autres États de Polynésie et de Mélanésie, mais moins bon qu’en métropole et aux Antilles. Les pathologies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires, qui sont principalement liées à des consommations importantes de tabac, d’alcool, ainsi qu’à une alimentation riche et sucrée, sont à des niveaux préoccupants par rapport à la métropole. La mortalité tous cancers chez les femmes est supérieure à celle de la métropole alors qu’elle est comparable chez les hommes, avec une incidence inférieure. Certaines localisations de cancer présentent des niveaux élevés, en particulier chez les femmes, comme c’est le cas pour la thyroïde, l’utérus et certaines formes de leucémies. Il est très difficile d’étudier précisément l’évolution de l’état de santé de la population polynésienne depuis les années 1960, en raison du manque de données fiables avant les années 1980. Par ailleurs, plusieurs études et tentatives d’enregistrements exhaustifs ont été mises en place, mais leur qualité reste inégale et inconstante au cours du temps. La qualité insuffisante du registre des cancers est l’exemple le plus marquant.

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