Le bioterrorisme et l’utilisation d’armes biologiques forment respectivement les versants civil et militaire du risque biologique provoqué (RBP). On désigne sous ce terme la dissémination de virus, bactéries ou toxines pour agresser des populations civiles ou des troupes en opération. Des enveloppes contenant des spores du charbon ont contaminé des patients aux États-Unis en 2001 [ 1] et ont bruyamment rappelé la réalité de ce risque, mais plusieurs autres exemples, plus anciens [ 2] ou plus récents [ 3], en témoignent également. Ainsi, si l’utilisation des armes biologiques est interdite par le droit international, les formes non conventionnelles de la guerre sont trop imprévisibles pour ne pas chercher à prévenir ce risque. Le charbon, la peste, la variole, la mélioïdose1, et le botulisme sont maintenant quasiment éradiqués des pays développés par des mesures de santé publique et d’hygiène, mais sont les principaux candidats du RBP, de même que l’intoxication par la ricine2. Le nombre d’agents potentiellement impliqués (par exemple, certaines fièvres hémorragiques et encéphalites virales font partie du RBP) est toutefois plus grand. La surveillance des sources d’alimentation limite l’exposition des militaires mais plus difficilement celle des populations civiles, et tous sont exposés au risque de contamination par voie pulmonaire (inhalation). Les vaccins protègent souvent en induisant la synthèse d’anticorps (Ac) neutralisants, mais des programmes de vaccination protégeant contre d’aussi nombreux agents sont difficiles à mettre en Ĺ“uvre, même chez les militaires dont tous ne seront pas exposés au RBP au cours de leur vie professionnelle. La mise en place de tels programmes au profit des populations civiles est encore plus difficile à concevoir. Les Ac permettent la neutralisation d’un grand nombre d’agents du RBP et l’administration d’Ac préformés présente l’avantage d’apporter une prophylaxie immédiatement efficace, qui peut donc être mieux ciblée sur les personnels considérés comme effectivement exposés (par exemple, personnels de premiers secours ou personnes fréquentant des endroits symboliques du pays en crise). Le niveau de protection, corrélé à la concentration circulante d’Ac neutralisants, peut être supérieur à celui apporté par la vaccination et sa durée est déterminée par la demi-vie des anticorps qui est d’un mois environ. L’utilisation thérapeutique des Ac est aussi efficace, sous réserve d’une administration assez rapide (de l’ordre de plusieurs heures, le plus souvent) après exposition à l’agent considéré.